La licorne Voodoo tente le pari « BeReal »
Éditeur d’applications et de jeux mobiles, Voodoo acquiert le réseau social français BeReal pour un montant pouvant atteindre 500 M€, sous conditions de performance.
BeReal, un réseau social à la française
Crée en 2013, Voodoo s’est notamment fait connaitre en produisant des jeux sur mobile simples et addictifs tels que Helix Jump, Mob Control ou Block Jam 3D. Elle compte aujourd’hui plus de 150 millions d’utilisateurs actifs mensuels. Un succès qui lui a permis d’entrer dans le club des licornes françaises, avec une valorisation dépassant le milliard d’euros.
Pour diversifier ses activités, Voodoo a acquis BeReal, un réseau social prônant « l’authenticité ».
Son mode de fonctionnement est simple : les utilisateurs reçoivent une notification les invitant à publier une photo de leur activité en cours dans un délai de 2 minutes. Ces photos, sans filtre et non retouchées, disparaissent après 24 heures et ne peuvent pas être commentées, réduisant ainsi les risques d’anxiété sociale.
Fondée en 2019 par deux français, Alexis Barreyat et Kévin Perreau, la plateforme revendique plus de 40 millions d’utilisateurs actifs. Celle-ci s’est particulièrement bien développée aux Etats-Unis, au Japon et en France. Mais après deux premières années de forte expansion, BeReal a vu son nombre d’utilisateurs stagner.
Depuis plusieurs mois, les actionnaires de la start-up étaient donc à la recherche d’un second souffle via une nouvelle levée de fonds, après celles de 2021 et 2022 pour un total de 85 M€, ou via un rachat. En se vendant à Voodoo, c’est donc cette deuxième option qui a été privilégiée par les fondateurs.
Un deal à 500 M€, sous conditions
L’acquisition de BeReal par Voodoo se concrétise pour une somme pouvant atteindre 500 M€.
Selon le Journal Les Echos, ce montant est surtout « gonflé » par des bonus hypothétiques. Environ un tiers de cette sommes étant composé de cash et d’échange de titres. Les deux tiers restants sont liés à l’atteinte d’objectifs de rentabilité et de développement.
La majeure partie des sommes en numéraires devraient profiter aux premiers investisseurs : Kima Ventures, Accel, Andreesen Horowitz, Banana Capital ou encore Yuri Milner.
Et qu’adviendra-t-il des deux fondateurs ? Alexandre Yazdi, le CEO et cofondateur de Voodoo, a précisé dans l’émission Good Morning Business de BFM que « les cofondateurs feront une pause, mais assureront une transition à court terme avec le nouveau management ». Aymeric Roffé, actuel dirigeant de Wizz, une autre application de Voodoo, prendra la direction de BeReal.
Alexandre Yazdi espère cependant convaincre les anciens dirigeants « de contribuer au développement de BeReal à l’avenir ».
Un modèle économique encore à trouver
La licorne française a du pain sur la planche. Malgré son succès en termes d’audience, BeReal n’a pas encore trouvé de modèle économique viable. À ce jour, la plateforme ne génère aucun revenu, n’ayant ni publicité ni abonnement.
« Nous savons très bien réaliser cette étape du passage à l’échelle. Nous voulons amener BeReal plus loin en termes de monétisation et de produit » tient toutefois à tempérer le CEO de Voodoo dans le journal Les Echos.
Pour réussir ce pari, le dirigeant mise sur les synergies potentielles entre les deux entreprises. Ce rapprochement devrait renforcer la position mondiale de Voodoo et permettre à BeReal d’accélérer sa croissance grâce à l’expertise et aux technologies de l’éditeur de jeux. L’objectif est d’« améliorer le produit, encourager une utilisation quotidienne et ajouter de nouveaux formats, comme les vidéos ».
Heureusement, Voodoo n’en est pas à son coup essai. La licorne a déjà réussi des intégrations complexes, comme l’illustre l’acquisition et le développement de BeachBum en 2021, un autre studio de jeu. Cependant, ce pari semble cette fois-ci plus audacieux.
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