Aurélien Florin

L'Europe pourrait interdire les rétrocessions.

Management package, actionnariat salarié et BSPCE

Dans le domaine foisonnant de l’entreprenariat, deux décisions récentes du Conseil d'État ont placé sous les projecteurs un outil incontournable pour les start-ups : les Bons de Souscription de Parts de Créateurs d’Entreprise (BSPCE). Une étude méticuleuse de ces arrêts nous parait essentielle, car ils pourraient entraîner des répercussions sur l’ensemble du paysage entrepreneurial français.

Surtout qu’avec ces deux décisions, rendues en l’espace de quelques semaines, la plus haute juridiction administrative vient de censurer la Doctrine BOFIP-Impôts

- La première, du 8 décembre 2023, vise un commentaire de l’administration fiscale qui revenait à interdire le placement des titres résultant de l’exercice des BPCE dans un Plan d’Epargne en Action (PEA).

- La seconde, du 5 février 2024, concerne une doctrine administrative qui interdisait le bénéfice du sursis d’imposition de l’article 150-O B du CGI en cas d’apports de titres issus de l’exercice de BSPCE à une holding non contrôlée par l’apporteur.

L’enjeu est avant tout fiscal. Les entrepreneurs et dirigeants d’entreprises ont besoin d’évoluer dans un cadre réglementaire sécurisée. Or, un environnement mouvant pourrait fragiliser le dispositif des BSPCE sur lequel le gouvernement a pourtant beaucoup misé.

L’essence même des BSPCE étant de constituer une incitation à la fois financière et fiscale visant à encourager les salariés et les dirigeants à participer au développement de leur entreprise.

I. Comment fonctionne les BSPCE ?

Revenons dans un premier temps sur le cadre de l’émission et de l’attribution des BSPCE ainsi que sur leur fonctionnement global.

  • Un dispositif dédié aux jeunes sociétés

Les BSPCE sont des titres attribués par une société par actions (SA, SCA, SAS) au profit d’un bénéficiaire désigné lui permettant de souscrire, dans un cadre fiscal favorable (sous réserve de respecter certaines conditions, notamment liées à l’âge et à la taille de la société) des actions de la société de manière différée dans le temps et à un prix fixé à l’avance.

L’esprit est un peu le même que pour les stocks option sauf que les BSPCE sont réservés aux sociétés jeunes et de plus petite taille : sociétés non cotées (ou de capitalisation boursière inférieure à 150 millions d'euros) et immatriculées au RCS depuis moins de 15 ans.

Le fonctionnement s’établit en 3 phases :

  1. L’attribution des bons aux collaborateurs
  2. L’exercice des bons par les collaborateurs
  3. La vente des actions acquises par les collaborateurs

Il est possible d’établir un calendrier d’exercice ou « vesting » : les BSPCE sont attribués de manière progressive, en fonction du temps passé au sein de l’entreprise.

  • Un complément de rémunération

Il est par ailleurs impossible de vendre des BSPCE.  Pour vendre, il convient obligatoirement d’avoir au préalable converti les bons en actions car les bons ne sont pas cessibles en eux-mêmes.

La revente de l’action permet, quant à elle, au bénéficiaire de réaliser une plus-value qui est d'autant plus avantageuse que l'entreprise a prospéré de manière significative entre temps.

C’est ainsi que les BSPCE sont utilisés comme une formule de complément de rémunération pour les salariés ou les mandataires sociaux de la société.

Notons, enfin, que la vente des actions acquises via des BSPCE est souvent soumise à des conditions strictes afin de protéger le capital de la société.

II. Quelle est la fiscalité applicable aux BSPCE ?

Les BSPCE ont une fiscalité particulière. Le taux d’imposition de la plus-value réalisée est différent suivant l’ancienneté du bénéficiaire dans l’entreprise (plus ou moins de 3 ans).

Fiscalité des BSPCE
Fiscalité des BSPCE

Dans tous les cas, 17,2 % de prélèvements sociaux doivent être ajoutés.

Cette fiscalité est susceptible d’être modifiée en cas d’inclusion des titres issues des BSPCE dans un PEA. En effet, les plus-values réalisées dans le cadre d’un PEA ouvert depuis au moins 5 ans sont exonérées d’impôt sur le revenu (les prélèvements sociaux restent dus).

III. Les titres issus des BSPCE sont-ils éligibles au PEA ?

Tout l’enjeu porte sur l’éligibilité ou non des titres au PEA.

Or c’est justement cette question qu’est venu trancher le Conseil d’Etat dans son arrêt du 08/12/2023 relatif aux titres issus de BSPCE.

La doctrine administrative considérait que les dispositions de l’article 13 de la loi 2013-1279 du 29 décembre 2013 avaient eu pour effet non seulement d’interdire l’inscription des bons dans le PEA, mais également d’y interdire l’inclusion les actions que ces bons permettent d’acquérir ou de souscrire.

Il en résultait que les titres souscrits en exercice des BSPCE n’étaient pas éligibles au PEA selon l’administration fiscale.

  • Une interprétation stricte de la Loi

Le Conseil d’État, saisi de la question, tient ainsi une interprétation stricte des dispositions du Code monétaire et financier.

Or aucune disposition de l’article L 221-31 du CMF n’interdit d’acquérir dans un PEA, au moyen des sommes qui y sont versées, les titres acquis en exercice de BSPCE dès lors que ces titres relèvent des catégories mentionnées au a) du I de cet article et qu’ils ne figurent pas au II du même article, qui énumère, de façon limitative, les titres ne pouvant pas être inscrits dans un PEA.

Ainsi, en dissociant le sort des BSPCE de celui des titres acquis en les exerçant, le Conseil d’Etat est venu affirmer l’éligibilité au PEA des titres issus des BSPCE.

Pour que les titres soient éligibles et puissent entrer dans le plan, le PEA doit avoir des liquidités disponibles (dans le compte « espèce » du plan) afin de payer le prix d’exercice des BSPCE et d’acquérir ainsi les titres dans le plan.

Il reste en revanche impossible de loger directement les BSPCE dans le PEA.

  • Une incertitude fiscale ?

Malgré l’arrêt favorable du Conseil d’Etat, soulignons qu’une grande incertitude demeure quant à la fiscalité issue du gain d’exercice.

En effet, le gain issu de la différence entre le prix constaté lors de l’attribution et le prix d’exercice (passage de l’étape 1 à l’étape 2) pourrait faire l’objet d’un traitement fiscal différent de la stricte plus-value de cession (passage de l’étape 2 à l’étape 3) dès lors que ce gain n’a pas été acquis dans le cadre du PEA mais avant que les titres n’y soient logés.

Par suite, la véritable portée de l’inclusion des actions dans le PEA n’a donc pas totalement été clarifiée ni à travers l’arrêt du CE, ni à travers les conclusions de la rapporteuse publique.

Dès lors, bien que la plus-value et le gain ne fassent en principe qu’un et soient taxables au même moment, c’est-à-dire au moment de la cession des titres, il pourrait être nécessaire de distinguer deux traitements fiscaux différents : l’un à hauteur du gain d’exercice qui pourrait concrètement ne pas être éligible à l’exonération d’IR même au bout de 5 ans, et l’autre à raison de la stricte plus-value de cession qui elle est éligible à l’exonération d’IR aux termes des 5 ans en application du régime fiscal du PEA.

IV. Les détenteurs de BSPCE peuvent ils bénéficier du régime du sursis d’imposition ?

Qu’apporte le second arrêt du CE, celui du 5 février 2024 ?

  • Le Conseil d’État annule les commentaires administratifs publiés au Bofip

Ce second arrêt traite d’opérations ayant trait aux apports de titres issus de l’exercice des BSPCE.

Il se trouve que la doctrine administrative refusait aux titres issus de l’exercice de Bons de Souscription de Parts de Créateur d’Entreprise la possibilité, en cas d’apport à une société non contrôlée par l’apporteur, de faire bénéficier la plus-value d’apport du régime du sursis visé à l’article 150-0B du CGI.

Saisi d’un recours pour excès de pouvoir contre le BOFIP, le Conseil d’Etat a purement et simplement annulé les commentaires administratifs publiés le 25 mai 2023 au BOFIP puisque ceux-ci avaient ajoutés à la loi.

  • Le Conseil d'État tranche en faveur des détenteurs de BSPCE

Le Conseil d’Etat considère que l’opération d’apport avait un caractère purement intercalaire et ne devait par conséquent pas être imposée.

Or il se trouve que les arguments déployés par le rapporteur public dans cette affaire pourraient aussi logiquement être étendus aux situations dans lesquels les titres sont apportés à une société contrôlée par l’apporteur. Cette situation, plus fréquente en pratique, se présente lorsque les titres sont mis à l’actif d’une holding familiale, dans des schémas de réorganisation patrimoniale.

C’est alors au titre de l’article 150 O B ter que le différé d’imposition pourrait jouer.

Au fond, ces deux arrêts permettent de sécuriser, dans une certaine mesure, le cadre fiscal relatif aux BSPCE. N’oublions pas que le législateur a voulu faire du régime fiscal des BSPCE un régime de faveur.

L’œil de Scala Patrimoine

Au-delà de ces arrêts, favoriser l’actionnariat, soutenir l’entreprenariat et soutenir le financement des petites entreprises innovantes restent une préoccupation majeure dans le contexte économique actuel.

Preuve est en par la loi de finances pour 2024 qui a notamment intégré la possibilité de bénéficier d’une réduction d’impôt sur le revenu pour la souscription au capital de jeunes entreprises innovantes (JEI) ou de jeunes entreprises de croissance (JEIC) qui investissent notamment dans la recherche et développement.

Outre la réduction d’impôt dont peut bénéficier l’investisseur, la qualification de JEI ou de JEIC peut permettre à l’entreprise de bénéficier d’avantages tels que des exonérations d’impôts locaux ou de cotisations sociales.

On voit bien que l’actualité juridique et fiscale offre des réflexions et des opportunités. Il est bon d’anticiper et d’accompagner ces réflexions à tous les niveaux. Nos spécialistes sont, à ce titre, à votre disposition pour vous accompagner dans vos réflexions et la mise en œuvre de stratégies patrimoniales parfaitement adaptées à votre situation.


L'apport cession permet à l'entrepreneur de redéployer son capital.

Investir dans une jeune entreprise innovante : la nouvelle donne fiscale

Au fil des années, la France s’est imposée comme une start-up nation florissante, devenant même le premier écosystème des entreprises innovantes en Europe continentale. Avec un million de start-ups actives dans l’hexagone, générant 1,5 million d'emplois, le pays affiche une vitalité entrepreneuriale indéniable. Pas moins de 30 d'entre elles ont même atteint le statut envié de Licornes, ces entreprises valorisées à plus d'un milliard d'euros, telles que Doctolib, Blablacar ou Lydia.

Cependant, cette dynamique semble aujourd'hui connaître un ralentissement significatif, affectée par la décélération de la croissance mondiale et la politique de hausse des taux initiée par les banques centrales. Surtout, la France souffre encore d’un retard conséquent sur le Royaume-Uni, le grand pays de la tech en Europe.

Le marché du capital innovation en France et au Royaume-Uni
Comparaison entre la France et le Royaume-Uni

Pour redonner un nouveau souffle aux levées de fonds, en baisse significative depuis 18 mois, le gouvernement a annoncé un plan de soutien aux jeunes entreprises innovantes (JEI), inspiré justement du dispositif anglais, le Seed Enterprise Investment Scheme (SEIS). Des mesures intégrées à la dernière Loi de Finances par Paul Midy, Député (Renaissance) et Rapporteur général du projet de loi Numérique.

Relancer les levées de fonds des entreprises innovantes

Le dispositif Midy a pour ambition d’aider les entreprises innovantes à lever 500 millions d’euros de fonds supplémentaires par an, avec à la clé la création de 50 000 emplois au cours des cinq prochaines années.

Pour y parvenir, le législateur vient de renforcer le statut de « Jeune entreprise innovante ». Deux nouveaux dispositifs ont ainsi vu le jour : la jeune entreprise innovante de croissance (JEIC) et la jeune entreprise innovante de recherche (JEIR), pour la période allant du 1er janvier 2024 au 31 décembre 2028.

Ce statut présente des avantages particulièrement attrayants pour les entreprises ! En effet, celles-ci peuvent notamment bénéficier d'une exonération des cotisations sociales et patronales pour les salariés impliqués dans des travaux de recherche. Elles ont, en outre, accès de manière simplifiée aux marchés publics d'une valeur inférieure à 200 000 €. Et, cerise sur le gâteau, ces entreprises sont éligibles au Crédit d'Impôt Recherche (CIR).

Les critères à respecter pour être une jeune entreprise innovante

Pour bénéficier du statut de jeune entreprise innovante (JEI), l'entreprise doit remplir un certain nombre de conditions, parmi lesquelles :

- Être une PME au sens européenne. C’est-à-dire employer moins de 250 personnes et réaliser un chiffre d’affaires inférieur à 50 M€ ou doit avoir un bilan total inférieur à 43 M€ ;

- Avoir été créée depuis moins de 11 ans. Ce délai passe à 8 ans pour les entreprises créées à partir du 1er janvier 2023 ;

- Réaliser des dépenses de recherches et développement (R&D) représentant de 5 % à 30 % des charges.

Le statut de jeunes entreprises innovantes présente l’avantage d’être évolutif. Selon son niveau d’investissement en R&D et son positionnement, une entreprise peut ainsi disposer du statut de jeune entreprise innovante de croissance (JEIC) ou de jeune entreprise innovante de recherche (JEIR). Ce dernier statut s’adressant aux entreprises investissant plus de 30 % de leurs dépenses dans la R&D.

Flécher l’épargne des Français vers le secteur de l’innovation

La réforme du statut de jeune entreprise innovante s’accompagne de nouvelles incitations fiscales destinées aux particuliers. L’ambition est d’embarquer un maximum d’investisseurs privés dans l’aventure. Les épargnants bénéficient ainsi d’une réduction d’impôt sur le revenu à hauteur de 30 % des sommes versées au capital des JEIC. Cet avantage fiscal grimpe même à 50 % pour les investissements dirigés vers les JEIR.

Ces investissements doivent cependant se concrétiser dans la limite de 75 000 € pour une personne seule et de 150 000€ pour un couple marié ou pacsé. Des plafonds abaissés respectivement à 50 000 € et 100 000 € pour les JEIR.

Important : Un deuxième plafond s’applique à l’investissement dans des JEI, JEIC et JEIR. Le montant des avantages fiscaux ne peut, en effet, pas dépasser 50 000 € sur la période allant du 1er janvier 2024 au 31 décembre 2028. Autrement dit, un contribuable bénéficiant - par exemple - d’un avantage fiscal d’un montant de 20 000 € en 2024 et de 30 000 € en 2025, ne pourra plus bénéficier d’une réduction d’impôt dans le cadre d’un investissement dans une jeune entreprise innovante au cours des 3 autres années du dispositif.

Le législateur exclut cependant ces avantages du dispositif de plafonnement global des niches fiscales.

Jeune entreprise innovante : le tableau récapitulatif de la fiscalité
Jeune entreprise innovante : le tableau récapitulatif de la fiscalité

Les marchés financiers prouvent une nouvelle fois leur dépendance aux décisions des banques centrales. L'économie résiste, quant à elle, trés bien.

Le rendez-vous des marchés financiers - Avril 2024

Marchés financiers & économie : les points clés

  • L’économie américaine ne faiblit pas. Le scénario d’un « No Landing » prenant même de plus en plus d’épaisseur. Revers de la médaille, l'inflation "core" a progressé plus qu’attendu, à 3.8%.
  • La BCE abaisse une nouvelle fois ses prévisions de croissance pour la Zone Euro en 2024 à 0,6 %, contre 0,8 % précédemment.
  • La confiance est de mise sur les marchés financiers. Les indices boursiers battent de nouveaux records.

Quelles performances sur les marchés financiers ?

L’intelligence artificielle, la gourmandise des investisseurs

La bonne dynamique des marchés financiers se poursuit. Tirées par l’appétit des investisseurs pour l’intelligence artificielle, les « Magnificent Seven » franchissent de nouveaux sommets. La capitalisation boursière de la coqueluche des marchés financiers, Nvidia, s’approche désormais des 2 200 milliards de dollars, tandis que Microsoft dépasse les 3 160 milliards de dollars.

Depuis le début de l’année, le S&P 500 s’adjuge près de 9,5 %. Le CAC 40 gagne 7,8 %. L’Euro Stoxx 50 avance de 11,8 %. En Inde, le Nifty 50 progresse de 4,25 %, tandis que la bourse chinoise, le Shanghai Composite, grimpe de 3 %.

Sur les marchés obligataires, les taux souverains à 10 ans sont en hausse de 54 points de base aux États-Unis et de 43 points de base en Zone Euro, depuis le 1er janvier.

Enfin, sur les marchés des matières premières, les cours du pétrole (+ 17 %) et de l’or (+ 13 %) remontent. Le précieux métal jaune a même battu un nouveau record historique : l'once dépassant désormais les 2 300 dollars.

Les performances des marchés financiers depuis le 1er janvier 2024
Les performances des marchés financiers depuis le 1er janvier 2024

Les marchés financiers sont-ils surévalués ?

Comme l’or, plusieurs indices boursiers ont battu leurs records historiques ces dernières semaines. Cette situation laisse naturellement planer le doute sur le niveau des valorisations, et une éventuelle déconnection vis-à-vis de l’économie réelle.

Sur plan mondial, le ratio cours/bénéfices à terme (P/E) est proche de 18,5x. Un chiffre supérieur à la moyenne historique, qui laisserait effectivement penser que les bourses sont un peu surévaluées.

Si l’on se penche sur les marchés américains, on s’aperçoit que l'indice S&P 500 se négocie à un ratio cours/bénéfice de 24,77. Celui-ci est bien supérieur à sa moyenne à long terme d'environ 19, mais proche de sa moyenne à cinq ans de 24,46.

Jan Viebig, Chief Investment Officer (CIO) de ODDO BH, reconnait que les actions américaines sont fortement valorisées. Il souligne toutefois le décrochage du marché vis-à-vis des « Magnificent Seven ». « Si l'on prend le S&P 500 équipondéré, dans lequel les 500 actions sont prises en compte dans une même proportion, indépendamment de la capitalisation boursière des entreprises, le PER est nettement plus bas, à 19,8. La raison de cette différence de valorisation : le cours des actions de quelques grandes entreprises a récemment fortement augmenté. Le PER des "Sept Glorieuses" - Amazon, Meta, Alphabet, Tesla, Nvidia, Microsoft et Apple - est actuellement de 35,8 sur la base des bénéfices attendus pour les 12 prochains mois. »

Autrement dit, la valorisation du marché américain dans son ensemble n'est pas aussi tendue que ce que les premiers chiffres semblaient indiquer. Ce constat est encore plus vrai pour l’Europe. Le ratio cours/bénéfices se limite à 14x.

Quel sentiment prédomine sur les marchés financiers ?

L’indice Fear and Greed (peur et cupidité) mesure le sentiment des acteurs du marché. Il est calculé en fonction de sept indicateurs clés, comme la dynamique du marché, la demande en bons du trésor ou encore la volatilité.

Sur une échelle de 0 (peur extrême) à 100 (avidité extrême), il se situe actuellement à 64, ce qui témoigne d’une « avidité soutenue » des investisseurs. Cette situation est souvent associée à la FOMO (« fear of missing out »), ou la peur de passer à côté des phases de hausse des marchés boursiers. Les suiveurs analysent cette tendance comme un avertissement que le marché est peut-être surévalué. Et ce d’autant plus que le VIX, l’autre indice de volatilité, a enregistré son plus haut niveau depuis six mois (16,1), et les attaques du Hamas (21,7).

Des éléments qui viendraient ainsi corroborer la thèse selon laquelle les investisseurs doivent évoluer sur les marchés financiers avec prudence et discernement.

Quelles sont les perspectives économiques dans le monde ?

La banque mondiale vient de réviser ses perspectives pour 2024 et 2025. L’institution anticipe une troisième année consécutive de ralentissement pour l’économie mondiale, avec un taux de croissance projeté à 2,4 %. Elle table ensuite sur un léger rebond pour 2025, à 2,7 %.

Pour expliquer ces chiffres décevants, les économistes de la banque mondiales mettent en lumière « des politiques monétaires et des conditions de crédit restrictives, un commerce mondial en berne et une faible dynamique d’investissement ». Ces anticipations cachent toutefois de fortes disparités entre les différentes zones géographiques. L’économie américaine affiche, par exemple, une forme insolente, tandis que la zone euro se contente d’une croissance atone.

Les États-Unis : vers un « No Landing » ?

Le scénario d’un soft landing de l’économie américaine était encore largement plébiscité il y a quelques semaines par les analystes. Mais, au regard de la santé éclatante des États-Unis, certains avancent désormais la thèse d’un « No Landing ». Dans ce scénario sans atterrissage, la croissance économique américaine se maintiendrait, dans la durée, à un niveau élevé.

  • L'économie US toujours solide

Loin du ralentissement annoncé, l’économie américaine avance à un bon rythme. Selon les dernières estimations effectuées par la recherche d’une grande banque française, la croissance du PIB devrait être de +2,8 % en moyenne annuelle en 2024. Le FMI anticipe, quant à lui, une « performance » un peu plus modeste, autour de 2,1 %.

Signe de la bonne tenue de l’économie US, pour la première fois depuis 2022, l’indice PMI du secteur manufacturier a même augmenté, passant de 47.8 à 50,3. Cette belle résistance se confirme également sur le marché du travail. L’économie américaine a créé plus d’emplois que prévu en mars, 303 000 contre 214 000 attendus. Le taux de chômage recule donc à 3,8 % contre 3,9 % en février. Mieux, il y a encore dans le pays 1,5 offre d’emploi pour chaque chômeur.

Seule ombre au tableau : la baisse du nombre d’emplois à temps plein. Entre juin 2023 et février 2024, ce ne sont pas moins de 1,8 millions de contrat de ce type qui ont disparu. Wilfried Galand, directeur stratégiste de Montpensier Finance regrette donc que « les impressionnantes créations de postes depuis plusieurs trimestres sont liées exclusivement à la multiplication des temps partiels, ce qui ne peut être le signal d’une forte confiance dans l’avenir. Cela explique sans doute le décalage entre une économie vue comme très robuste et riche en emplois par les analystes, et des indices de confiance tels que ceux publiés tous les mois par l’Université du Michigan, en net retrait par rapport à leur moyenne historique. »

  • Quelle politique pour la FED ?

Le scénario de 6 baisses de taux envisagé en 2024 par les plus optimistes est à ranger dans les cartons. Certes, la Fed garde toutes les options ouvertes concernant la mise en œuvre du calendrier de changement de sa politique monétaire. Mais la bonne santé de l’économie américaine l’amène naturellement à temporiser. Surtout que les tensions sur le marché du travail ne semblent pas provoquer une hausse exacerbée des salaires, qui serait alors synonyme de rebond de l’inflation.

Cette prudence des dirigeants de l’institution américaine s’explique également par les derniers chiffres de l’inflation, plus élevés que prévue. La hausse des prix à la consommation a été de 3,5 % sur un an, contre 3,2 % en février, selon l'indice CPI publié par le département du Travail. Le chiffre le plus scruté par la FED, l'indice PCE, avait déjà progressé également de 2,5 % en février, contre 2,4 % le mois précédent.

La plupart des analystes anticipent donc 2 baisses des taux en 2024, dont la première interviendrait, au plus tôt, au début de l’été.

Une croissance modeste pour l'économie de la zone euro

Le décrochage entre les États-Unis et l’Europe est désormais très net. Sur le vieux continent, l’activité manufacturière a continué de se contracter, tombant à 46,1 en mars contre 46,5 le mois précédent.

  • La BCE abaisse encore ses perspectives pour la croissance européenne

Les conditions de financement restrictives et la faiblesse de la confiance des principaux acteurs économiques ne devrait pas aider au redressement de la zone euro, à court terme. La croissance économique restera donc atone dans les mois à venir. Dans ces nouvelles projections macroéconomiques, la Banque centrale européenne (BCE) a abaissé sa prévision de croissance du PIB pour la zone euro en 2024 à 0,6 %, contre 0,8 % précédemment.

Malgré tout, le marché de l’emploi demeure solide et le taux de chômage historiquement bas (6,4 %). Autre bonne nouvelle, l’indice PMI global a progressé pour la première fois depuis 1 an, passant de 49,2 en février à 50,3 en mars.

Pour les années à venir, l’institution européenne anticipe un léger sursaut de la croissance à 1,5 % en 2025 et à 1,6 % en 2026.

  • L’inflation ralentit

C’est la bonne nouvelle de ce début d’année pour la Zone Euro. L'inflation ralentit pour le quatrième mois consécutif et se situe à 2,4 % en mars, après 2,6 % en février. La cible de 2 % fixée par la Banque Centrale Européenne est désormais à portée de tir.

L’institution dirigée par Christine Lagarde a également baissé sa prévision d'inflation annuelle pour 2024 en zone euro, à 2,3% et à 2% en 2025, puis à 1,9 % en 2026. « Nous progressons bien vers notre objectif d'inflation, mais nous ne sommes pas suffisamment confiants pour abaisser les taux tout de suite. Nous en saurons beaucoup plus en juin » estime toutefois la présidente de la BCE.

De nombreux économistes tablent malgré tout sur une baisse rapide des taux directeurs par la BCE, anticipant le changement de cycle de la Réserve fédérale américaine. Un scénario largement envisagé par les économistes de la banque d’affaires japonaise Nomura dans une note adressée aux analytes. « Nous pensons que la BCE peut réduire ses taux indépendamment de la Fed en raison du découplage du cycle macroéconomique en Europe par rapport à celui des Etats-Unis ».

La France et l’Allemagne avancent vent de face

La France et l’Allemagne figurent parmi les mauvais élèves de la zone euro, avec des PMI composites et manufacturiers inférieurs à 50. Une fois n’est pas coutume ce sont les pays de l’Europe du Sud (en Italie et en Espagne) et l’Irlande qui performent.

  • La France déchante

Le doute semble s’installer dans l’esprit des principaux acteurs économiques français. Le pays va, en effet, devoir se contenter d’une faible atone au cours des prochaines années. Son PIB progresserait de 0,8 % en 2024, avant de connaitre une légère accélération en 2025 et 2026 à respectivement 1,5 % et 1,7 %.

Ces perspectives décevantes ne surprennent malheureusement pas les économistes. Le taux de chômage demeure, en effet, supérieur à celui de la zone euro et augmenterait légèrement pour atteindre un niveau proche de 7,8 % d’ici la fin d’année. Autre mauvaise nouvelle, la consommation des ménages a ralenti, ces derniers préférant épargner, pour anticiper au mieux toute nouvelle détérioration du paysage économique.

Et que dire du déficit public français, qui bat tous les records : 9 % en 2020, 6,5% en 2021, 4,8 % en 2022 et 5,6 % l’année dernière. Le stock de dette publique est aujourd’hui de 110,6 % du PIB ! En 2023, l’Agence France Trésor évaluait la charge de la dette à 55,5 milliards d'euros.

Heureusement, l’inflation diminue. Elle atteint désormais les 2,3 % sur un an en mars.

  • L’Allemagne dans le creux de la vague

L’ambiance n’est pas non plus au beau fixe de l’autre côté du Rhin. Les analystes anticipent une croissance de seulement 0,1 % pour le pays dirigé par Olaf Scholz. Les institutions prévoyaient encore 1,3 %, il y a quelques mois.

Une reprise est cependant espérée. Les analystes tablent, en effet, sur une croissance de 1,4 % en 2025 pour la première économie européenne. Ce retour à meilleure fortune passera nécessairement par un rebond du secteur industriel et des exportations. Ce secteur traverse, en effet, une crise sans précédente, provoquée notamment par la hausse des prix de l'énergie et par la baisse de la demande mondiale.

Heureusement, les finances de l’économie allemande demeurent très bien gérées. Le gouvernement a donc les capacités de mettre en œuvre des plans de relance d’envergure pour relancer la machine économique.

L’économie chinoise va-t-elle redémarrer ? 

Après la pluie vient le beau temps ? C’est ce que doivent espérer les dirigeants chinois lorsque l’on évoque l’activité économique du pays. Plusieurs éléments plaideraient d’ailleurs pour un rebond.

D’une part, la confiance des directeurs d’achats se redresse de 49,1 à 50,8 en mars dans le secteur manufacturier et de 51.4 à 53 dans les services, au-dessus des attentes du consensus. D’autre part, les exportations semblent aussi repartir à la hausse. L’indice Caixin General Manufacturing PMI est ainsi passé à 51,1 en mars, soit la croissance la plus rapide depuis plus d’un an.

La production industrielle chinoise a également bondi de 7 % en janvier et février. Enfin, certaines publications font état d’un redressement des investissements étrangers directs effectués en Chine.

Michael Blümke d’Ethenea Independent Investors préfère, quant à lui, rester mesuré pour l’économie chinoise. Il faut dire que l’inflation globale est toujours négative (-0,8 %) et que les prix à la production sont profondément ancrés en territoire déflationniste (-2, 5%). Et l'agence de notation Fitch vient d'abaisser ses perspectives sur la notation de la dette de la Chine. « La croissance économique de la Chine est malmenée par les pressions déflationnistes et les difficultés du secteur immobilier ». Heureusement les décideurs politiques ont, enfin, décider de « soutenir plus activement l’économie par le biais des politiques fiscale, monétaire et budgétaire. Après avoir diminué le ratio de réserves obligatoires imposé aux petites banques, la PBoC a également abaissé les taux directeurs de 25 points de base, dans l’intention manifeste de soutenir le marché immobilier ».

Les convictions de Scala Patrimoine sur les marchés financiers

Au mois de mars, la macroéconomie a continué d’alimenter l’optimisme des marchés et a été un facteur de soutien pour les actions. En effet, le scenario du « soft landing » commence a laissé place à l’hypothèse d’un « no landing ». Les publications de données économiques ont été globalement meilleures qu’attendues et ce, des deux côtés de l’Atlantique. Le rebond de l’inflation aux Etats-Unis ne semble pas inquiéter les marchés et pour cause la Fed poursuit son tournant dovish et une hausse des taux n’est absolument pas envisagée.

Les titres "value" ont surperformés les valeurs dites de croissance au mois de mars, portées par le secteur de l'Energie. Les bancaires ont également bénéficié de la persistance des taux élevés. Cette rotation a particulièrement profité aux valeurs européennes. Les marchés obligataires ont pâti de la volatilité des taux observée depuis le début d’année. Les grands indices obligataires n’ont globalement pas performé le mois dernier, seul le segment à haut rendement a réussi à tirer son épingle du jeu grâce notamment à une plus faible sensibilité aux taux.

Marchés actions : des investisseurs trop complaisants ?

En ligne avec la vision que nous portons depuis plusieurs mois, nous conservons un positionnement neutre sur les valeurs actions. En effet, nous continuons de penser que l’environnement reste de bon augure pour les actifs risqués mais maintenons une certaine réserve sur la réalisation d’un scenario qui pourrait être jugé trop complaisant. La hausse récente des marchés financiers peut être une opportunité pour une prise de bénéfice partielle.

  • Un retour de la volatilité ?

Le soutien des marchés financiers a été principalement porté par la résilience de l'environnement macroéconomique. A la veille de la publication des résultats du premier trimestre de l’année, la capacité des entreprises à maintenir leur marge bénéficiaire sera déterminant. Les dernières publications ont montré que la réaction des marchés financiers peut être vive, à la hausse comme à la baisse. La visibilité que les entreprises pourront offrir sur la solidité de leur croissance bénéficiaire reste un élément clé.

  • Un engouement pour les marchés financiers américains

Nous favorisons toujours les valeurs américaines. Celles-ci surperforment historiquement les marchés financiers en cas de fort ralentissement. Aussi, nous restons favorables aux grandes valeurs de la tech américaines avec un fort biais de sélection au profit de celles qui conservent des projections soutenues sur la croissance de leurs bénéfices. La cherté de ce segment est, en effet, à rebalancer avec la soutenabilité de sa croissance bénéficiaire. En Europe, les niveaux de valorisations peuvent constituer de belles opportunités, et représenter de meilleurs points d’entrée que leurs homologues américaines. Cependant les scénarios macro ainsi que micro restent bien moins favorable. L’activité atone de la Chine est également un facteur qui pèse négativement sur la croissance européenne.

Nous préconisons le positionnement sur les grandes capitalisations. Le rebond des petites capitalisations observé en fin d’année n’a été que temporaire.

Marchés obligataires : une préférence pour l’investment grade

La hausse de l’inflation aux Etats Unis et l’évolution des anticipations en faveur d’une baisse moins importante des taux directeurs n’ont pas été favorables à l’ensemble de la classe d’actif.  Nous restons neutres sur les obligations, conscients que la volatilité puisse peser sur les performances à court terme. Il convient, à ce titre, de privilégier les émissions de qualité. Bien que nous n’observions pas de hausse des taux de défaut significative malgré la hausse du cout de financement, les entreprises au bilan fragile sont particulièrement à risque. Nous continuons de favoriser le segment investment grade malgré la compression des spreads car les niveaux de rendement restent attractifs ce qui justifie aujourd’hui l’attrait des stratégies de portage.

Le segment High Yield reste une source de performance à manier avec prudence. Il convient de privilégier les émissions courtes pour limiter le risque de défaut et préférer les émissions BB. Le marché américain, plus profond, peut être une source de diversification.

Du coté des obligations souveraines, préférez des durations faibles à court terme afin de limiter la sensibilité aux variations des taux. Les souveraines européennes peuvent être privilégiées aux souveraines américaines dans l’hypothèse que la BCE baisserait ses taux directeurs avant la Fed.

Dans ce contexte de volatilité sur le marché des taux, une gestion dynamique de la duration est recommandée.

Marchés financiers alternatifs : des performances en dents de scie

Avec une performance moyenne de 2,4% depuis le début de l’année pour l’indice HFRU, les stratégies alternatives ont constitué une alternative plus payante que la classe obligataire tous segments confondus. Néanmoins le niveau des taux devrait rester soutenu encore quelques mois, favorisant le monétaire compte tenu d’un couple rendement risque plus favorable. Nous restons convaincus que le segment obligataire bénéficiera dans un deuxième temps de la baisse des taux directeurs attendue pour le second semestre. Compte tenu de ces éléments, nous maintenons donc une position négative à l’égard des stratégies alternatives.

Produits structurés : une maitrise de son exposition aux risques

Nous aimons cet instrument pour sa capacité à s’adapter aux objectifs de rendement d’un investisseur tout en maitrisant l’exposition au risque désirée.

Ce produit reste particulièrement intéressant pour les investisseurs désireux de placement sur un temps long. En effet, les rendements sont attrayants sur des maturités longues, généralement 7 et +. Nous privilégions les structures adossées à des sous-jacents de taux compte tenu du niveaux actuels des indices actions. Cependant, des opportunités peuvent être saisies sur une sélection de titres et indices.

Private assets : une classe d’actifs de long terme

L'attrait grandissant des investisseurs institutionnels pour les actifs non cotés reflète un virage notable, anticipant un élargissement des fonds destinés au marché de détail en 2024. Tout en adoptant une approche mesurée à court terme, notre vision reste favorable concernant le futur du capital-investissement. Nous favorisons non seulement les stratégies secondaires, mais aussi les stratégies de co-investissement et de dette privée. En outre, nous intégrons activement les stratégies de growth buyout, qui ciblent les entreprises en phase d'expansion désireuses d'accélérer leur croissance, ainsi que les mécanismes de dette mezzanine, qui fournissent une solution de financement flexible à mi-chemin entre le capital propre et la dette senior, pour enrichir notre portefeuille et saisir des opportunités complémentaires dans un paysage économique en mutation.

Nos équipes sont à votre disposition pour échanger sur vos projets d’investissement et évaluer, avec vous, leur intérêt, au regard de l’environnement économique et financier, de la structuration de votre patrimoine et de vos objectifs de vie.

Les convictions d'investissement de Scala Patrimoine
Les convictions d'investissement de Scala Patrimoine

Private equity : est-ce le moment d’investir ?

Le private equity est une classe d'actifs très prisée par les entrepreneurs et les grandes familles. Selon un rapport publié en 2023 par Campden Wealth et Titanbay, 84 % des investisseurs privés accompagnés par un multi-family office sont engagés dans des entreprises non cotées à fort potentiel de croissance. Leur portefeuille moyen se compose de treize investissements directs et de sept fonds. Cependant, ces derniers mois, le capital-investissement a dû faire face à des défis importants. Les hausses successives des taux d'intérêt par les banques centrales et le ralentissement économique ont sérieusement affecté le moral des acteurs du secteur. Face à ces difficultés, faut-il que les investisseurs s’en détournent ? Nous ne le pensons pas, bien que la prudence soit de mise.

I. Le marché du capital-investissement marque le pas

Le marché du private equity souffre. Dans un contexte économique aussi incertain, fragilisé par la hausse drastique des taux d'intérêt, le secteur fait notamment face à une baisse significative du nombre de transactions.

a. Un contexte économique et géopolitique incertain

Le rebond de l'économie mondiale après l'épidémie de COVID-19 s'essouffle déjà. En l'espace de deux ans, la croissance est passée de + 6,2 % (2021) à +3 % (2023).

Si les États-Unis continuent de jouer un rôle moteur, avec une hausse de 2,5 % de son PIB l'année dernière, la zone euro et la Chine déçoivent. La croissance annuelle en Europe se limite à un tout petit + 0,5 %, tandis que la Chine affiche une hausse artificielle de 5,2 %, loin des chiffres annoncés avant l'épidémie.

Et pour 2024 ? La Chine vit toujours dans le déni, en visant une croissance proche de 5 %. En Zone Euro, la Banque centrale européenne (BCE) vient d'abaisser sa prévision de croissance à 0,6 %. Aux États-Unis, celle-ci devrait tourner autour de 2,1 %, selon la Fed.

Ce ralentissement économique généralisé s'accompagne naturellement d'un risque de défaillances d'entreprises accru. Selon l'assureur Allianz, après deux rebonds progressifs en 2022 (+1 %) et 2023 (+7 %), les défaillances mondiales devraient encore s'accélérer en 2024 (+9 %).

b. Une hausse des taux difficile à gérer

L’ère de l’argent gratuit a pris fin. Les acteurs économiques ont subi l'une des plus fortes hausses des taux de l'histoire. En moins de 18 mois, la Réserve fédérale américaine (Fed) a augmenté de 525 points de base ses taux. Dès lors, l'obtention de financements par les entreprises est devenue plus ardue. Et lorsque cela se concrétise, les coûts associés sont excessivement élevés. Pour certaines entreprises, l’amortissement de leur dette consomme la totalité de leurs cash flows, annihilant toute velléité de croissance.

Toute la filière du private equity est touchée. Shanu Sherwani d'AM Investment Management et Antwort Capital souligne dans le journal PaperJam : « Que les investissements sont confrontés à des difficultés, notamment pour le financement de transactions importantes, en raison de l'augmentation du coût des prêts et des normes strictes imposées par les prêteurs, en particulier les banques. »

Une croissance économique qui ralentit, des financements plus difficiles à obtenir, le marché du private equity pâtit d’un contexte délicat. Résultat : le nombre de transactions est en baisse significative, tout comme les valorisations.

c. Un marché en partie gelé

Loin des records de 2021, la valeur des transactions et leur nombre ont respectivement chuté de 60 % et 35 %, selon Bain & Company. Les acheteurs ne peuvent pas - ou ne veulent pas - payer les prix attendus par les vendeurs. Vendeurs et acquéreurs se tournent donc le dos. Les premiers nommés s'attendant encore à des prix comparables avec ce qu'ils ont connu dans les années où les taux d'intérêt étaient extrêmement faibles.

Rob Seminara, directeur Europe d'Apollo Global Management, reconnaît l'écart entre les attentes des vendeurs et des acheteurs sur le marché dans le Journal Les Echos. « Nous nous attendons à ce que ce différentiel continue de se réduire dans un environnement de taux élevés à long terme. Dans certains cas, ce sont les contraintes de trésorerie ou les échéances de dette imminentes des entreprises qui pourront débloquer des opportunités ».

Actuellement, plus de 28 000 entreprises appartenant à des fonds d'investissement sont disponibles à la vente à travers le monde, totalisant ainsi une somme impressionnante de 3 200 milliards de dollars. Et cette tendance est particulièrement manifeste dans les transactions de grande envergure, dépassant le seuil du milliard d'euros.

d. Le marché français résiste mieux

Le marché français n’échappe d’ailleurs pas à ce ralentissement. Doris Galan, responsable de la pratique Private Equity chez Bain & Company à Paris le confirme : « La France a souffert en 2023 comme les autres géographies avec des investissements en berne, le secteur reste confronté à des défis majeurs et sans précédent, amplifiés par l'augmentation considérable de sa taille et de sa complexité depuis la crise de 2008. » Avant toutefois d'atténuer le bilan : « Contrairement à la dynamique mondiale, les sorties d'actifs français se sont maintenues grâce à des ventes à des acteurs stratégiques ». Autre bonne nouvelle, les levées des fonds de LBO basés en France ont été bonnes, tirées notamment par la performance des plus grands noms de la place.

e. La baisse de la valeur des transactions

Le blocage du marché du private equity a-t-il déjà des conséquences sur les valorisations des entreprises ? Aux États-Unis, les multiples moyens du prix d'achat sont restés élevés, environ 12,5 fois l'Ebitda.

En revanche, en Europe, les multiples ont eu tendance à baisser, comme le montre l'indice Argos de la moyenne des entreprises européennes. Après le recul du 3e trimestre 2023, l'Argos Index s'est stabilisé à 9,0x l'Ebitda au 4e trimestre, un niveau proche de sa moyenne sur 20 ans.

Private Equity : évolution des valorisations
Private Equity : évolution des valorisations

II. Quelles perspectives pour 2024 ?

Le marché du private equity peut-il retrouver un second souffle cette année ? Les perspectives de baisses des taux d'intérêt et la réduction des écarts de valorisation pourraient redynamiser en partie le marché. Une confiance partagée par Bertrand Rambaud, président de France Invest : « L'activité s'est ralentie en 2023 mais ne s'est pas arrêtée : la situation est très différente de 2008, où le marché s'est arrêté soudainement et violemment. Pour 2024, il faut être confiant ».

a. La poudre sèche*

Même si les taux d'intérêt devaient être amenés à baisser, le coût de financement sera encore élevé pour les entreprises. « La question cruciale est de savoir quand les transactions reprendront et quelle est la cause de ce retard. Un défi important pour la reprise du secteur est d'injecter davantage de capitaux dans les poches des commanditaires », reconnaît Shanu Sherwani.

Certes, les transactions sont gelées, mais l'espoir est de mise. Les fonds disposent d'une force de frappe exceptionnelle pour relancer la machine. Selon l'étude publiée par Bain & Company, le dry powder* (la poudre sèche), c'est-à-dire la capacité d'investissement des fonds, est évalué à près de 3 700 milliards de dollars. Un chiffre absolument colossal !

Private Equity : Dry Powder
Private Equity : Dry Powder

De nombreux dirigeants de fonds anticipent davantage de transactions pour cette année. C'est notamment le cas de Rob Seminara : « De nombreuses structures de financement d'entreprises datant de la période des taux d'intérêt bas arrivent maintenant à échéance et doivent être refinancées dans les deux prochaines années. Les refinancements seront plus difficiles, nous verrons donc quelques transactions. Certains gérants ont, par ailleurs, conservé des actifs pendant de longues périodes maintenant, et bien qu'ils aient cherché à optimiser ces entreprises et à créer le meilleur environnement de vente possible, la pression de l'exit va s'intensifier d'une manière ou d'une autre. »

b. Les secteurs clés

Les opérations en capital pourraient se concentrer sur certains secteurs clés. Selon une étude publiée par Ernst & Young, le secteur technologique - alimenté par l'innovation dans l'intelligence artificielle – aimantent une grande partie des investissements. En 2023, près d'un tiers des investissements en private equity était dirigé vers les entreprises de la tech.

Parmi les autres secteurs scrutés de près par les investisseurs figurent la consommation (l'alimentation et l'agriculture durable) les services financiers et la santé. Dans ce dernier domaine, l'espace d'imagerie d'entreprise, les diagnostics vocaux et d'autres plates-formes de technologie médicale proposant des produits et des offres de services innovants ont bénéficié d'une attention croissante de la part des fonds, selon EY.

Les entreprises œuvrant dans la transition énergétique, et plus généralement aux thèmes liés à l’ESG (environnement, social et gouvernance), attisent aussi les convoitises.

c. "Flight to quality"

Les périodes économiques les plus incertaines, où la visibilité est moins bonne, sont souvent les plus propices à réaliser les meilleurs retours sur investissement. Une tendance confirmée par les données de Cambridge Associates soulignant que les fonds de private equity lancés pendant des années difficiles ont historiquement obtenu de bons résultats.

Mais pour performer, encore faut-il investir sur les fonds les plus qualifiés. Selon McKinsey, la différence entre les gérants les plus performants et les moins performants pour la période allant de 2009 à 2019 était de 18 %, soulignant ainsi la forte dispersion des résultats.

Les tendances de collecte de fonds en Europe l'année dernière vont dans cette direction. Selon PitchBook, en 2023, près de 120 milliards d'euros de capitaux ont été levés, par 117 fonds. Parmi eux, on remarque la présence de grandes figures du private equity telles que CVC, KKR, EQT, PAI Partners et Keensight Capital. Cependant, jamais depuis dix ans nous n’avions observé une aussi faible création de nouveaux fonds. Sans surprise, ce sont les 20 plus grands gestionnaires de fonds qui se sont arrogés la plus grande part du gâteau. À eux seul, ils ont concrétisé plus de la moitié (51 %) des levées de capitaux en 2023.

Plus que jamais, les investisseurs privilégient donc les sociétés de gestion ayant accumulé une solide expérience et démontré leur capacité à naviguer à travers toutes les conditions économiques.

d. Les opportunités sur le marché du private equity

Le rapport de force entre les vendeurs et les acquéreurs semble s'inverser. Le marché étant de plus en plus favorable aux acquéreurs. La baisse des multiples de valorisation va, à ce titre, créer assurément des opportunités.

Les gestionnaires vont, par ailleurs, devoir céder, à un moment ou un autre, leurs participations pour faire remonter des liquidités à leurs LP's. Malgré une prudence à court terme, nous sommes donc optimistes quant aux perspectives à long terme du Private Equity. Nous ciblons les stratégies growth buyout, les stratégies secondaires, de co-investissement ainsi que les infrastructures. Nous sommes aussi attentif au marché de la dette privée, dans un environnement où le financement bancaire reste restreint.

Enfin, il est crucial de diversifier ses investissements en private equity sur plusieurs fonds pour atténuer les risques. En répartissant les capitaux entre différentes opportunités, vous réduirez l'impact d'éventuelles pertes. Cela vous permettra d'accéder à un éventail plus large de stratégies, maximisant ainsi les chances de rendements positifs.

Face à l'évolution rapide et complexe du marché du private equity, s'entourer d'experts avisés devient indispensable pour naviguer avec succès et maximiser les retours sur investissement. Nos spécialistes sont à la pointe des dernières tendances, technologies émergentes et dynamiques géopolitiques. Ils sont prêts à vous fournir des stratégies sur mesure qui intègrent durabilité, diversité et les meilleures pratiques d'investissement

*Il s'agit de l'argent que les fonds ont levé, mais n'ont pas encore utilisé pour acquérir des entreprises. Cette réserve de capital est prête à être déployée pour de nouvelles opportunités d'investissement dès qu'elles se présentent. Le "dry powder" est un indicateur de la capacité potentielle d'investissement d'un fonds à un moment donné. Sa gestion est cruciale pour les investisseurs et les gestionnaires de fonds. Elle affecte, en effet, la capacité du fonds à saisir des opportunités et à générer des rendements. Une quantité importante de "dry powder" peut indiquer un marché compétitif avec peu d'opportunités attrayantes. Mais également une préparation à investir dans des opportunités futures.

Greenly, la climate tech qui vient de lever 50 millions d'euros

Greenly : 49 M€ pour démocratiser le bilan carbone

Les green tech françaises connaissent un essor fulgurant. D’après les données publiées par le cabinet Ernst & Young, les startups proposant des solutions innovantes pour contrer le réchauffement climatique ont levé 2,7 milliards d’euros en 2023, soit une progression de 30 % par rapport à 2022.

Une dynamique exceptionnelle qui semble d’ailleurs se poursuivre en 2024. Après NetZero, Agriloops, Inocel ou encore Electra, c’est au tour de Greenly, la start-up spécialisée dans la comptabilité carbone, d’annoncer une nouvelle levée de fonds de près de 50 millions d’euros.

Les chiffres clés de la start-up Greenly

Le spécialiste de la comptabilité carbone

Lancée en 2019 par Alexis Normand, Matthieu Vegreville et Arnaud Delubac, Greenly développe des solutions de mesure des émissions carbone et de pilotage des plans d’action des entreprises, pour planifier leur décarbonation et réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.

En 5 ans d’existence, cette plateforme Saas a déjà conquis une large clientèle. Actuellement utilisée par 2 000 entreprises, principalement en France, aux États-Unis et au Royaume-Uni, elle gère plus de 50 millions de tonnes de CO2. Mais Greenly ne compte pas s'arrêter là. Pour accélérer son développement, la start-up s'est lancée dans un nouveau tour de table.

Deux ans après avoir levé 23 millions d'euros lors de sa série A, Greenly vient, en effet, de boucler avec succès une série B de 49 millions d'euros. Cette opération a vu l'entrée de Fidelity International Strategic Ventures au capital, aux côtés de Benhamou Global Ventures, Move Capital, Hewlett Packard Enterprise et HSBC. Les investisseurs initiaux, XAnge et Energy Impact Partners, ayant réitéré leur soutien à Greenly.

Parmi les prestigieux business angels figurent Geoffroy Roux de Bezieux (Ex président du Medef), Jean-Baptiste Rudelle (ex Critéo), Bertrand Jelensperger (TheFork) et Matthieu Courtecuisse (Sia Partners).

Une réglementation « ultra favorable » pour Greenly

Le succès de la levée de fonds de Greenly ne doit rien au hasard. Outre la qualité de leurs équipes et de la pertinence de ses outils, la start-up bénéficie d’un contexte réglementaire très favorable. En Europe, la Directive sur le reporting de durabilité des entreprises (CSRD) va contraindre les entreprises à établir tous les ans un rapport ESG. Tandis qu’aux États-Unis, les sociétés cotées devront reporter leurs émissions de gaz à effet de serre chaque année.

Dans un tel environnement, les solutions proposées par des acteurs comme Greenly deviennent indispensables pour les entreprises. Alexis Normand, l'un des cofondateurs, souligne à juste titre dans le média Maddyness que « le suivi des émissions de CO2 deviendra bientôt aussi courant pour les entreprises que la gestion financière. »

Cette tendance se reflète déjà dans les résultats financiers de la start-up. En 2023, Greenly a ainsi généré une dizaine de millions de revenus récurrents par an, contre quatre millions d’euros l’année précédente.

Passer la vitesse supérieure

Avec cette nouvelle levée de fonds, Greenly entend accélérer son développement, notamment à l'international, en priorité dans les pays anglo-saxons. « Notre plan d'affaires prévoit de passer de 180 à 250 employés d'ici fin 2024, » a réagit Alexis Normand. En plus de leur expansion géographique, les dirigeants veulent « renforcer leurs outils propriétaires, en améliorant l'optimisation, la fluidité des parcours, l'instruction des utilisateurs et le design. Nous prévoyons également de collecter et d'analyser des données plus précises. »

Enfin, la start-up ambitionne de sensibiliser un large public à la transition énergétique en lançant une « Climate Academy », mettant ainsi des formations sur les enjeux climatiques à disposition de ses utilisateurs.

D'ici 2030, Greenly vise à réduire d'1 milliard de tonnes les émissions de CO2, soit autant que les émissions annuelles du Japon !


La campagne de déclaration de l'impôt sur le revenu 2022

Impôts 2024 : les dates limites pour compléter votre déclaration de revenus

Plongé dans votre quotidien, vous pourriez malencontreusement oublier de remplir vos obligations fiscales, dans les délais impartis par l’administration. Pourtant, ne pas les respecter vous expose à des sanctions financières importantes. C'est pourquoi il est crucial de bien garder à l'esprit les dates limites de déclaration des revenus.

Les dates pour remplir sa déclaration d'impôts

La Direction générale des finances publiques (DGFiP) vient d’annoncer le lancement de la campagne de déclaration des revenus de 2023 pour le jeudi 11 avril 2024. À partir de cette date, les contribuables disposeront de plusieurs semaines pour remplir leur déclaration d'impôts.

Ceux qui préfèrent la version papier (formulaire 2042) auront ainsi jusqu'au mardi 21 mai pour la retourner à leur centre des finances publiques, le cachet de la Poste faisant foi.

Toutefois, l'administration fiscale accorde un délai supplémentaire à ceux qui optent pour la déclaration en ligne (via le site internet "Impots.gouv.fr" ou l'application dédiée), en fonction de leur lieu de résidence.

Les ménages qui résident dans les départements numérotés de 1 à 19 devront remplir leur devoir fiscal au plus tard le 23 mai à minuit, de même que les contribuables non-résidents.

Pour les résidents de Corse et des départements numérotés jusqu'au 54 inclus, la date limite est fixée une semaine plus tard, au 30 mai.

Enfin, les contribuables des autres départements, y compris les départements d'Outre-mer, auront jusqu'au 6 juin inclus pour effectuer leur déclaration en ligne.

Les dates limites de la déclaration d'impôt sur le revenu 2024
Les dates limites de la déclaration d'impôt sur le revenu 2024

Des sanctions financières importantes

Il est impératif de respecter ces échéances, sous peine d'une majoration de 10% de l'impôt sur le revenu pour déclaration tardive. Celle-ci pouvant monter à 20 % dans les 30 jours suivant la mise en demeure, et à 40 % au-delà de ce délai. Ces sanctions s'accompagnent bien entendu d'intérêts de retard s'élevant à 0,2% de l'impôt dû par mois supplémentaire.

Précision : les propriétaires immobiliers à usage d'habitation doivent déclarer chacun de leur bien dans la rubrique « gérer mes biens immobiliers » de leur espace personnel, sur le site des impôts. Une obligation qui concerne également les biens détenus en pleine propriété mais aussi en indivision, en usufruit ou via une société civile immobilière (SCI). Les contribuables devront ainsi indiquer certaines informations portant sur leurs résidences principales ou secondaires, louées vides ou meublées, à long terme ou saisonnières. Avec cette nouvelle obligation, l’administration fiscale souhaite, en pratique, déterminer plus facilement ceux qui sont redevables de la taxe sur les logements vacants et de la taxe d'habitation sur les résidences secondaires.

Si votre situation n’a pas changé par rapport à l’année dernière, vous ne devrez pas faire de nouvelle déclaration en 2024. En revanche, si vous avez acquis un nouveau bien ou accueilli de nouveaux locataires, vous devrez obligatoirement l'indiquer.


Les marchés financiers prouvent une nouvelle fois leur dépendance aux décisions des banques centrales. L'économie résiste, quant à elle, trés bien.

Le rendez-vous des marchés financiers - Mars 2024

Marchés financiers & économie : les points clés

  • Les marchés boursiers battent des records, sous l'impulsion des valeurs de l'Intelligence artificielle.
  • Devant la résistance de l'économie américaine, certains analystes évoquent désormais un "no landing". Autrement dit, la croissance US se maintiendrait à un niveau élevé, et pourrait même réaccélérer.
  • Selon le Wall Street Journal, le gouvernement chinois aurait surévalué significativement la croissance du pays en 2023. Celle-ci serait en réalité située entre 1,5 % et 3 %. Loin du chiffre de 5,2 % qui a été annoncé.

Quelles performances sur les marchés financiers ?

Une pluie de records sur les marchés financiers

Comme le dit le dicton : « les records sont faits pour être battus ». Et, en ce début d’année, de nombreux records boursiers sont effectivement tombés !

Le premier concerne l’indice des valeurs technologiques américaines, le Nasdaq. Il progresse de plus de 9 % depuis le 1er janvier et vient d’atteindre les 16 091,92, battant son record du 19 novembre 2021. Une euphorie qui s’explique en partie par l'attrait des investisseurs pour l'intelligence artificielle (IA), et notamment pour Nvidia (+ 84 % en 2024).

Au 4e trimestre, la société américaine a annoncé un chiffre d'affaires de 22,10 milliards de dollars et un bénéfice net de 12,285 Md$, soit une augmentation de 769 % par rapport à l'année précédente ! La valeur de la firme de composants électroniques dépasse désormais celle d’Amazon ou encore d’Alphabet. Nvidia est tout simplement devenu la quatrième société la plus valorisée au monde, après Apple, Microsoft et Saudi Aramco, en franchissant le seuil des 2 000 milliards de dollars en Bourse.

Le Japon performe, la Chine déçoit encore

Dans le sillage du géant des semi-conducteurs, le S&P 500 atteint, lui aussi, de nouveaux sommets à 5 100 points. Même les marchés européens profitent de l’euphorie ambiante. Le 7 mars, le CAC 40 a réalisé un nouveau record en clôture à 8 016 points. Plus globalement, tous les grands indices boursiers sont extrêmement bien orientés. Le DAX 30 (Allemagne) s’adjuge près de 6 % depuis le début de l’année. Au Japon, c’est même un véritable feu d’artifice. Le Nikkei 225 grimpe, en effet, de 19 % en janvier et février. Tokyo atteint ainsi un niveau record, au-delà du seuil symbolique des 40 000 points.

Au fond de la classe, l’Inde (Nifty 50) et la Chine (Shangaï Composite), se contentent de quelques miettes, avec un gain respectif de 3 % et 2 %.

L’or et le bitcoin s’envolent

L'exacerbation des tensions géopolitiques et les perspectives de baisse des taux d’intérêt par la FED alimentent les cours du précieux métal jaune. L’once d’or grimpe ainsi de 4 % depuis le début d’année, et dépasse son record absolu à plus de 2 163 dollars.

Du coté des cryptomonnaies, le début d’année fut également exceptionnel. Le bitcoin bondit de 54 % depuis le 1er janvier. Le roi des cryptos s’échange désormais autour des 61 580 € ! Une performance qui s’explique notamment par l'autorisation de création d’un ETF Bitcoin mais aussi par une certaine défiance des investisseurs vis-à-vis du système bancaire et monétaire mondial.

Performances des marchés financiers en 2024
Performances des marchés financiers en 2024

Une banque américaine encore en difficulté ?

Un an après la chute de la Silicon Valley Bank, une autre banque américaine rencontre d’importantes difficultés financières : la New York Community Bank (NYCB). Cette banque spécialisée dans les prêts immobiliers vient, en effet, de révéler des « défaillances importantes » dans ses contrôles internes des risques. Celle-ci ayant ainsi dû passer une dépréciation de 2,4 milliards de dollars sur plusieurs de ses filiales. Juste après cette annonce, l'action de la banque a dévissé de 80% en quelques séances. Dans la foulée, son PDG, Thomas Cangemi, a démissionné et a été remplacé par Alessandro DiNello.

Ces nouvelles difficultés tombent mal, et pourraient raviver les inquiétudes des marchés sur la solidité de l'industrie bancaire américaine.

La secrétaire d'État au Trésor, Janet Yellen, a elle-même reconnu être « préoccupée par les tensions qui pèsent sur les banques et les propriétaires dans le secteur de l'immobilier commercial », en soulignant toutefois « que la situation pouvait être gérée avec l'aide des autorités de régulation bancaire ».

Les marchés financiers toujours insensibles aux risques géopolitiques

Les relations internationales se tendent. En Europe, le discours martial d’Emmanuel Macron vis-à-vis de la Russie a surpris de nombreux membres de l’OTAN. Tandis qu’aux Etats-Unis, les élections présidentielles, qui se tiendront en fin d’année, devraient offrir un remake du 3 novembre 2020, entre Donald Trump et Joe Biden.

Cacophonie en Europe

Interrogé sur la guerre se déroulant sur le sol ukrainien et le rôle de l’Union Européenne, le Président de la République française a ouvert la voie à une confrontation directe avec la Russie. « Il n'y a pas de consensus aujourd'hui pour envoyer de manière officielle, assumée et endossée des troupes au sol. Mais en dynamique, rien ne doit être exclu ». Des propos largement minimisés par les grands dirigeants européens et le président américain. Ces derniers ayant massivement rejeté l’idée d’une implication plus importante dans ce conflit, qui marquerait alors le début d’une troisième guerre mondiale.

Les marchés financiers n’ont, de leur côté, pas jugé les propos d’Emmanuel Macron crédibles. L’indice Vix, mesurant la peur sur les bourses mondiales, oscille aujourd’hui entre 13 et 14 points, loin des 65 points atteints lors de la crise du covid-19 et celles des subprimes.

Présidentielle américaine : vers un nouveau duel entre Joe Biden et Donald Trump ?

Les primaires américaines sont un moment très important de la vie politique américaine. Ce long processus de vote doit, en effet, permettre aux deux grands partis du pays, les Démocrates et les Républicains, de désigner leur candidat à l’élection présidentielle. Et, en règle générale, c’est au cours du « Super Tuesday » que la décision se fait. Lors de cette journée si spéciale, 15 États sont appelés à choisir leur candidat préféré. Et sans surprise, Joe Biden et Donald Trump ont, cette année, été plébiscités pour représenter leur parti respectif.

Pour Arthur Jurus, Head of Investment Office chez Oddo BHF : « Cette situation laisse peu de place aux imprévus et place les deux candidats en position de force pour les investitures finales ». Malgré tout, deux risques subsistent avant les conventions nationales qui désigneront officiellement les candidats en juillet et en août. « Le premier risque concerne les problèmes de santé pour les candidats âgés. En effet, Joe Biden et Donald Trump, respectivement âgés de 81 et 77 ans, sont confrontés à un risque accru dans ce domaine » relève Arthur Jurus. « Le second risque concerne les affaires judiciaires qui entourent Donald Trump, telles que celle liée à une supposée interférence dans les élections de 2020. »  Cette année encore, l’élection américaine pourrait donc nous réserver son lot de surprise.

Quelles sont les perspectives économiques dans le monde ?

Les principales économies mondiales avancent en ordre (très) dispersé. En tête de course, on retrouve encore et toujours les États-Unis. La plupart des pays de la zone euro se situent dans le peloton des poursuivants. La Grande Bretagne et l’Allemagne sont, quant à eux, à la traine. Leurs économiques se sont contractées de 0,3 % au quatrième trimestre 2023. Le Japon a lui aussi décroché avec un Produit Intérieur Brut (PIB) en recul de 0,1 %. Des replis qui soulignent malheureusement la fragilité de la reprise économique mondiale, après la pandémie de COVID-19.

Make America great again !

  • La résilience américaine

Les arbres américains monteraient ils jusqu’au ciel ? C’est une question à se poser, au regard de la résilience de l’économie US. Les superlatifs viennent même à manquer. Pour Wilfrid Galand, directeur stratégiste chez Montpensier Financier « une grande part de cette surprenante résistance vient de la force du marché du travail aux Etats-Unis qui, à son tour, soutient la consommation ». Il faut dire que le pays a de sérieux atouts à faire valoir « avec plus de 350 000 emplois créés en janvier, un taux de chômage à 3,7% - inférieur à 4% pour le vingt-cinquième mois consécutif, un record depuis plus de cinquante ans - et un salaire horaire en progression de 4,5% sur un an » explique le stratégiste dans une note envoyée aux investisseurs.

La force du marché du travail donne ainsi confiance aux ménages américains qui ont donc abondamment puisé dans leur épargne accumulée depuis la pandémie. Mais ces « réserves » ne sont pas inépuisables. L'excédent d'épargne est tombé à environ 500 milliards de dollars en fin d’année dernière, alors qu'il était de 2 100 milliards de dollars en août 2021. Selon la Réserve fédérale de San Francisco, ces « réserves » auront quasiment disparu à la fin du premier semestre 2024.

L’économie américaine pourra-t-elle s’appuyer sur d’autres moteurs de performance ? Wilfrid Galand répond par l’affirmative ! Il table notamment sur « l’investissement manufacturier, qui s’est envolé sur un rythme de 200 milliards de dollars par trimestre – plus du double de sa progression sur longue période. Et la productivité du travail, passant d’une baisse de -2,4% au dernier trimestre 2022 à une hausse de 2,7% un an plus tard. »

  • La question de la dette

Si le scénario d’un atterrissage en douceur de l’économie américaine est privilégié par l’ensemble des analystes, certains indicateurs mettent tout de même en avant un (léger) ralentissement de l’économie américaine. L’activité manufacturière aux États-Unis a diminué en février, atteignant un 47,8 contre 49,1 en janvier. Il en est de meme pour la confiance des ménages qui passe de 110,9 à 106,7 en février, bien en-deçà des attentes de 115. Les ventes au détail aux Etats-Unis ont, quant à eux, diminué de 0,8 % en glissement annuel, en janvier.

Mais la principale inquiétude vient de l’explosion de la dette américaine. Fin 2023, cette dette a dépassé les 34 000 milliards de dollars. D’après les chiffres publiés par Bank of America, les États-Unis ajoutent près de 3 600 milliards de dollars de dette par an. Le trésor public débourse 1 000 milliards de charge d’intérêt annuellement, soit 20% de ses dépenses totales. Une hausse très importante qui s’explique notamment par l’explosion des dépenses militaires et qui sera, à n’en pas douter, un enjeu majeur des prochaines élections présidentielles américaines.

  • Vers un changement de politique monétaire ?

L’inflation baisse inexorablement aux États-Unis. Alors que la hausse des prix était encore de 2,6 % en décembre, celle-ci n’est plus que de 2,4 % en janvier. Suffisant pour voir la FED changer son fusil d’épaule ? La banque centrale américaine, pourrait commencer à abaisser ses taux au cours de l'été. Une position confirmée par le président de la Fed d'Atlanta Raphael Bostic, lors de sa dernière conférence : « si les choses se passent comme prévu, je m'attends à ce que nous commencions à réduire les taux cet été ». Les principaux taux directeurs sont aujourd’hui compris dans une fourchette de 5,25 % - 5,50 %.

La publication de l’indice PCE aux Etats Unis pour le mois de janvier a cependant indiqué un ralentissement sur un an et atteint le niveau le plus faible en près de trois ans. Mais sur un mois, les prix ont augmenté de 0,3% contre 0,1% en décembre et 0,4% pour l’inflation sous-jacente. Le rythme mensuel est particulièrement scruté par la Fed. En effet, une augmentation mensuelle capée à 0,2% permettrait à terme de rejoindre la cible d’inflation fixée à 2%. Un chiffre qui pourrait conforter l’attentisme de la Fed dont les nouvelles projections sur la croissance et les taux d’intérêt sont attendues au prochain FOMC qui se tiendra les 19 et 20 mars.

La morosité gagne l’économie européenne

Les perspectives de croissance en zone euro sont sans cesse réviser à la baisse. La Commission européenne anticipe désormais une croissance de 0,8% pour la zone euro, contre 1,2 % il y a encore quelques semaines.

  • Le moteur allemand peine à redémarrer

L’économie européenne est malheureusement confrontée à un déficit de confiance des ménages et des entreprises mais aussi à la faiblesse des gains de productivité, dans un environnement économique marqué par des taux d’intérêts toujours très élevés.

Même l’Allemagne, moteur traditionnel de l’économie de la zone euro, est contrainte de revoir sa copie. Sa croissance pour 2024 sera de seulement 0,2 %, en baisse par rapport à la projection de 1,3 % initialement annoncée. Le pays dirigé par Olaf Scholz subissant de plein fouet la hausse des prix de l’énergie et le déclin de ses exportations.

Faut-il pour autant jeter le bébé avec l’eau du bain ? Nous n’irons pas jusque-là. Une éclaircie semble visible à l’horizon. Pour le septième mois de suite, l'indice ZEW du climat économique pour l'Allemagne remonte. Il gagne encore 4,7 points en février pour s'établir à +19,9, et retrouve ainsi son niveau le plus élevé depuis un an.

L'indice IFO du climat des affaires est, quant à lui, ressorti à 85,5 en février, en ligne avec les attentes, après 85,2 en janvier. L’institut de recherche économique de l'université de Munich a cependant tenu à relativiser cette embellie : « Cette amélioration s’explique par des attentes un peu moins pessimistes ».

  • Une baisse des taux salutaire ?

Comme aux États-Unis, le taux d'inflation annuel de la zone euro baisse significativement. Selon Eurostat, l'office statistique de l'Union européenne, celui-ci est désormais estimé à 2,6 % en février 2024, contre 2,8 % en janvier. Un processus de normalisation qui se vérifie également en France. En février, l’indice des prix à la consommation (IPC) baisse à + 2,9 % après + 3,1 % selon l’Insee.

L'inflation devrait continuer à reculer en 2024 à 2,7 % dans la zone euro, puis revenir à 2,2 % en 2025, se rapprochant ainsi de l'objectif de la Banque centrale européenne.

Et selon les différents indicateurs publiés récemment, il n'y aurait pas de spirale inflation-salaires en Europe. Pour la première fois depuis 18 mois la hausse des salaires dans la zone euro a même ralenti. 4,5 % au 4e trimestre 2023 contre 4,7 % le trimestre précédent.

Cette situation peut-elle amener la Banque Centrale Européenne a anticipé l’inclinaison de sa politique monétaire ? Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, l’appelle de ses vœux. Celui-ci ayant publiquement annoncé « qu’il ne fallait pas trop attendre pour baisser les taux »

Chine : moins belle la vie ?

La Chine est loin, très loin, des performances spectaculaires de l’économie indienne (7,6% de croissance pour 2023). Le pays dirigé par Xi Jinping voit sa croissance ralentir fortement depuis plusieurs années, sans etre en mesure de pouvoir stopper l’hémorragie. Le Fonds monétaire international (FMI) anticipe d’ailleurs un nouveau ralentissement de l’économie chinoise à 4,6 % en 2024, puis une baisse continue pour tomber à environ 3,5 % en 2028.

  • Une croissance surévaluée ?

En 2023, l'économie chinoise a enregistré une croissance de 5,2 %, soit l'une des plus faibles de ces dernières décennies. Mais celle-ci, comme tous les chiffres communiqués par l’exécutif chinois, est très probablement surestimée.

Peut-on envisager un retour à meilleure fortune de l’économie chinoise au cours des prochaines années ? Wilfrid Galand de Montpensier Finance est partagé : « La dynamique de crédit est plus favorable et les baisses successives des taux d’emprunt de référence – à 3,95% pour le taux 5 ans désormais – commencent à faire effet. Reste le plus difficile : relancer la demande intérieure et la confiance des acteurs privés. Avec un taux d’épargne stratosphérique – plus de 38% pour les seuls ménages urbains – la machine à consommer tarde à repartir. »

Surtout que la Chine demeure très endettée, aussi bien au niveau de l'État que dans les régions.

Les dirigeants du parti communiste chinois optent donc pour la méthode Coué. « Les conditions favorables au développement économique de la Chine l'emportent sur les facteurs défavorables » plaide ainsi Zheng Shanjie, le planificateur en chef de l'économie nationale. Etonnant au regard des derniers indicateurs économiques clés : la production industrielle ne cesse de décevoir (cinquième mois consécutif de baisse en janvier), le secteur immobilier traverse une crise très importante et le chômage des jeunes demeure supérieur à 15 %.

  • Un plan de relance qui fait pschitt ?

Lors de la réunion annuelle du Parlement chinois, l'Assemblée nationale populaire (ANP), le Premier ministre Li Qiang a fixé le cap pour 2024 : environ 5 % de croissance du PIB chinois.

Les dépenses publiques vont croître de 141 milliards d’euro, par rapport à 2023. La Chine compte également émettre pour 128 milliards d’euros d’obligations d’Etat pour renforcer les secteurs clés de son économie. Mais les différentes réunions parlementaires qui se sont tenues dans le cadre de cet événement n’ont toutefois pas aboutis à de réelles mesures de relance économique.

En parallèle, les dirigeants ont l’ambition de refaire de la Chine une destination privilégiée pour les investissements étrangers. L’an dernier, ces derniers avaient chuté de 82 %. On leur souhaite donc bien du courage !

Les convictions de Scala Patrimoine sur les marchés financiers

Le sentiment des investisseurs à l’égard des marchés actions reste « bullish ». Nous maintenons, de notre côté, un positionnement neutre, avec l’idée de bénéficier de la progression des valeurs observée depuis le début d’année, entretenue notamment par une saison des bénéfices satisfaisante. Cette prudence nous semble d’autant plus importante que le marché porte un regard extrêmement optimiste sur l’évolution de l’économie américaine, allant meme jusqu’à anticiper un « no landing ».

Marchés actions : les grandes capitalisations privilégiées

  • Une surpondération sur les entreprises américaines

Nous favorisons toujours les valeurs de croissance et de qualité qui ont historiquement surperformé les valeurs cycliques et « value » en phase de ralentissement et qui devraient bénéficier de la baisse des taux anticipée. Nous aimons également certains secteurs défensifs, tels que la santé qui bénéficie de valorisations attractives. Il convient, à ce titre, de privilégier les entreprises qui concentrent l’innovation. C’est notamment le cas des entreprises américaines, en raison de la résilience de leurs bénéfices. Cependant, les valorisations des entreprises américaines restent actuellement chères. Nous recommandons de conserver une surpondération sur ces valeurs mais d’attendre de meilleurs points d’entrée pour renforcer ses positions.

  • Une préférence pour le secteur de la tech

Les grandes capitalisations restent favorisées, malgré les faibles valorisations des petites et moyennes capitalisations. Le secteur technologique, notamment les entreprises de l'IA, est favorisé en raison de ses perspectives de croissance élevées et de leur « pricing power ». Les stratégies d'investissement axées sur l'impact ont pris du retard ces deux dernières années, fortement affaiblies par les taux élevés. Sur le long terme, une baisse de taux devrait cependant leur être favorable.

Marchés obligataires : entre deux eaux

  • Un environnement qui favorise la volatilité

En février, les taux longs ont évolué dans une fourchette de 30 points de base. Le recul des anticipations de baisse de taux, aujourd’hui prévues pour le mois de juin, a alimenté la volatilité observée sur les taux et a pesé sur les performances obligataires. Seul le segment high yield, historiquement moins sensible aux taux, a terminé le mois en territoire positif. Nous restons toujours neutres sur les obligations, convaincus que les taux oscillent aujourd’hui à des points hauts et offrent de belles opportunités notamment via les stratégies de portage. Cependant à court terme, les mouvements importants observés sur les taux induits par l’évolution des anticipations de changement de politique monétaire pourraient pénaliser la classe d’actif.

  • L’intérêt des stratégies de portage

Les taux d’intérêt élevés et la fin du cycle de hausses des taux sont des facteurs de soutien à cette classe d’actif. Historiquement, les marchés obligataires enregistrent leurs meilleures performances après un pivot des banques centrales.

Dans ce cadre, nous privilégions les investissements de qualité dits « Investment grade ». Le taux de défaut reste historiquement bas (proche de 1%). Il faut pour cela privilégier des maturités court et moyen terme (<5ans). Du coté des obligations souveraines, nous conservons une petite allocation en portefeuille avec une duration limitée. Celle-ci a vocation à protéger la poche obligataire en cas dérapage du scénario principal bien qu’à court terme, les perspectives de baisse des taux long restent faibles. Les marchés des obligations à haut rendement (High Yield) proposent des rendements plus attractifs mais le poids de ce segment en portefeuille doit rester limité. La sélection des valeurs demeure, à ce titre, capitale.

Une gestion dynamique de la duration est recommandée pour s'adapter à la volatilité des taux.

Les stratégies de portage sont, à notre sens, pertinentes. Elles offrent une protection contre la sensibilité aux taux en portant les émissions jusqu'à échéance ce qui est particulièrement apprécié en période de volatilité.

Les stratégies alternatives : une période peu propice à cette classe d’actifs

Nous maintenons une position négative à l’égard des stratégies alternatives. Une allocation diversifiée autour de ces stratégies permettrait de décorréler des marchés actions. Actuellement, nous préférons jouer la carte de la décorrélation avec des actifs totalement diversifiants. L’environnement ne nous parait toujours pas en faveur de ces stratégies compte tenu de la rémunération observée sur les actifs à faible risque (monétaire, obligations de qualité, produits structurés à capital garanti).

Produits structurés : une fenêtre d’opportunité

Ces instruments financiers permettent de personnaliser le niveau des rendements attendus selon le risque auquel il souhaite s’exposer. Nous ciblons les structures liées à la baisse des taux, tout en privilégiant les échéances longues pour maximiser le rendement. Les produits offrant une protection partielle du capital gagnent en attractivité face à la baisse des rendements des produits garantis. Une sélection prudente des indices et des protections est recommandée, en raison des niveaux élevés des marchés actions.

Private equity : un investissement de long terme

Malgré une prudence à court terme, nous sommes optimistes quant aux perspectives à long terme du marché du Private Equity. Nous ciblons les stratégies secondaires, de co-investissement et de dette privée, dans un environnement où le financement bancaire reste restreint.

Nos équipes sont à votre disposition pour échanger sur vos projets d’investissement et évaluer, avec vous, leur intérêt, au regard de l’environnement économique et financier, de la structuration de votre patrimoine et de vos objectifs de vie.

Les convictions d'investissement de Scala Patrimoine sur les marchés financiers
Les convictions d'investissement de Scala Patrimoine sur les marchés financiers

Aqemia

Aqemia : 30 M€ levés pour révolutionner la recherche médicale

Deux ans après avoir levé près de 30 M€, Aqemia, la start-up spécialisée dans la recherche de nouvelles molécules pour combattre les maladies, vient de conclure une nouvelle levée de fonds 30 M€. Wendel Growth fut à la manœuvre pour financer ce tour de table, avec la participation renouvelée de Bpifrance, Eurazeo, et Elaia.

Les Chiffres clés d'Aqemia
Les Chiffres clés d'Aqemia

Un spin-off du CNRS

Trouver un nouveau médicament demande, en moyenne, une dizaine d’années de travail et plusieurs milliards d’euros d’investissement, avec hélas des espoirs de réussites très faibles. Pour optimiser leur chance de succès, les professionnels de la recherche sont donc de plus en plus nombreux à faire appel à l’intelligence artificielle. L’un des acteurs les plus avancés sur le sujet est d’ailleurs français : Aqemia. Une start-up qui a été fondée en 2019 par Maximilien Levesque. Titulaire d’un PHD en physique quantique théorique et ancien chercheur en physique fondamentale à CEA, Oxbridge, l’École normale supérieure et au CNRS, celui-ci travaillé une dizaine d’années sur le développement de systèmes d'apprentissage automatique pour trouver des candidats médicaments prometteurs parmi les millions de molécules existantes.

Mais au lieu de vendre sa technologie à un industriel ou un fonds d’investissement comme beaucoup l’auraient fait, il a fait le choix de lever près de 2M€ auprès d’investisseurs en capital et de créer sa propre société pour poursuivre son projet, devenu entrepreneurial.

Appelé « design du médicament », ce travail se concrétise dès les premières phases d’identification des molécules à fort potentiel thérapeutique. Il permet de concevoir rapidement des candidats médicaments innovants grâce à des algorithmes uniques de mécanique quantique et statistique, mêlés à une intelligence artificielle générative. Une recherche en pratique 10 000 fois plus rapide que la technologie du leader mondial.

« La différence d’Aqemia réside dans son approche basée sur de la physique fondamentale. Cela nous permet de ne pas avoir besoin de résultats expérimentaux du passé sur lesquels entrainer l’IA. On peut donc trouver des médicaments pour des maladies ou cibles thérapeutiques nouvelles ou très peu étudiées » explique ainsi Maximilien Levesque sur le site La jaune et la rouge.

Un accord stratégique avec Sanofi

Son modèle économique est double. Aqemia utilise aussi bien sa technologie en collaboration avec les laboratoires pharmaceutiques, mais aussi pour son propre compte. La start-up française collabore ainsi régulièrement avec le laboratoire français, Servier, ou encore Janssen, la filiale du géant pharmaceutique américain Johnson & Johnson.

Mais c’est l’année dernière, Aqemia a franchi une étape clé dans son développement, en se rapprochant du géant pharmaceutique français, Sanofi. Les deux structures ont, en effet, signé un partenariat stratégique pouvant aller jusqu’à 140 millions de dollars, dans le but de découvrir des candidats médicaments à petites molécules dans plusieurs domaines thérapeutiques.

« Une levée de fonds est un exercice de démonstration au sens marketing. Une collaboration avec un grand groupe est la preuve qu'une technologie fonctionne » confie Maximilien Levesque, avant de poursuivre « cette nouvelle collaboration s'appuie sur notre collaboration de recherche existante avec Sanofi depuis deux ans. Cette toute nouvelle étape consiste à étendre notre expertise respective à de multiples projets et à aider Sanofi à découvrir de nouvelles matières chimiques à grande échelle ».

Une levée de fonds pour accélérer son développement

Aqemia ne compte toutefois pas s’arrêter en si bon chemin. La biotech française a démarré 2024 tambour battant, en bouclant une nouvelle levée de fonds de 30 M€. Une opération qui porte ainsi le montant total de sa Série A à 60 M€. Ce tour a été mené par Wendel Growth, avec la participation renouvelée de Bpifrance, Eurazeo, et Elaia.

Ces moyens supplémentaires devront permettre à la société dirigée par Maximilien Levesque de déployer son savoir-faire à plus grande échelle. Le chemin est même déjà tout tracé. « Cette nouvelle levée de fonds nourrira notre ambition de développement d’un portefeuille propriétaire de programmes thérapeutiques à la fois plus nombreux et aux portes de la clinique, et nous aider à structurer une organisation d’échelle internationale » explique ainsi le fondateur d’Aqemia. La prochaine étape sera sans doute l’ouverture de bureaux à Boston. Une bonne façon de vivre pleinement son rêve américain !


Benjamin Kayser

Benjamin Kayser (Teampact) : « Créer une passerelle entre les sportifs de haut niveau et l’innovation positive »

S’il existe des liens forts et naturels entre le monde du sport et les entrepreneurs - le gout de l’effort, un mental hors du commun et une bonne maitrise de leurs émotions – ces deux environnements échangent assez peu. C’est le constat dressé par l’ancien rugbyman de haut niveau, Benjamin Kayser, cofondateur de Teampact Ventures, dans l’émission présentée par Guillaume Lucchini, Objectif 2050, et diffusée sur Décideurs TV.

Guillaume Lucchini. Vous avez une grande carrière de rugbyman derrière vous. Comment passe-t-on du sport de haut niveau à l’investissement en Venture capital ?

Benjamin Kayser. Étonnamment, ce sont les mêmes terrains, les mêmes acteurs. Les entrepreneurs sont des athlètes de la vraie vie, du monde économique. Lorsque ma carrière s’est arrêtée en 2019, j’ai suivi un Executive MBA à Oxford. C’est à ce moment-là que je découvre le monde du private equity, et en particulier celui du Venture Capital. Une statistique m’a, à l’époque, profondément marqué : 60 % des difficultés rencontrées par les start-ups lors de leurs phrases de croissance étaient liées à des problèmes « people ». Or, dans le sport de haut niveau, les athlètes d'exception se démarquent par leur force mentale. Ils détiennent quelques-unes des « best practices » pour constituer des équipes qui vont performer dans la durée. Je vois donc une force absolue qui n'est - pour l’instant - pas exploitée à sa juste valeur, deux mondes qui malheureusement se parlent extrêmement peu.

Guillaume Lucchini. Comment a démarré l’aventure Teampact ?

Benjamin Kayser.  Nous avons lancé notre activité il y a deux ans. Dans un premier temps, nous nous sommes concentrés sur la réalisation de clubs deal, sous la forme de SPV (special-purpose vehicle). Plus récemment, nous avons levé notre premier véhicule traditionnel. Un fonds ayant pour vocation d’investir en Seed et Serie A, sur la thématique du climat (économie circulaire, reforestation …) et de la santé. 75 % de nos investissements seront concentrés sur l’Europe continentale et 25 % dans le reste du monde, majoritairement au Royaume-Uni. Notre volonté est de créer une passerelle entre l'excellence sportive et l'innovation positive.

« Le modèle de reforestation proposé par Morfo est 50 fois plus rapide que celui des ONG »

Guillaume Lucchini. Revenons également sur les entreprises sur lesquelles vous vous êtes positionnés. Votre premier investissement était dirigé vers la société « Le Fourgon ». Quel est son positionnement ?

Benjamin Kayser. Notre ambition est d’allier impact et performance économique. Pour y parvenir, nous devons changer nos habitudes de consommation. Nous pensons à ce titre que l’économie circulaire sera un vecteur très important de la transition énergétique. Le positionnement du Fourgon le symbolise parfaitement. Cette entreprise du Nord de la France veut remettre au goût du jour le métier du laitier traditionnel, en livrant aux particuliers, aux administrations publiques et aux entreprises des bouteilles de verre consignées.

Une activité qui concerne l’ensemble des produits liquides, tels que le lait, les jus de fruits, les sodas, les spiritueux, mais aussi les produits vaisselle, les biscuits apéritifs ou encore les savons. Ceux-ci étant bien sûr livrés par des conducteurs disposant de fourgons électriques. L’entreprise dispose également d’une très belle plateforme de commande digitale. Nous sommes vraiment fiers de toutes leurs équipes, qui participent activement à construire le monde de demain et à réduire nos déchets.

Guillaume Lucchini. Il y a également l’entreprise Morfo, qui œuvre à la reforestation à grande échelle. Pouvez-vous nous en parler en quelques mots ?

Benjamin Kayser. Absolument. Cette société déploie un business model fantastique. Pour régénérer de grandes surfaces de forêts, elle utilise des drones et des semences variées et encapsulées. Leurs équipes peuvent ainsi accéder à des zones très enclavées ou difficiles à atteindre, de manière extrêmement efficace. La reforestation est en moyenne 50 fois plus rapide, que celle pouvant être initiée par des ONG.

Au-delà de la noblesse de la cause défendue, Morfo propose un modèle économique pérenne. Ils bénéficient déjà d’une récurrence de leurs revenus, d’une marge nette proche de 50 % et la taille de leur marché adressable est extrêmement significative. Mon associé, Nikola Karabatic, l’un des meilleurs joueurs du monde de handball, y est investi. Il apporte, aux équipes de Morfo, la force mentale du sportif d'exception. Pour ma part, je réalise des sessions régulières avec les cadres de l’entreprise pour leur distiller les « best practices » sur le plan managérial, et ainsi constituer des équipes performantes dans la durée.

« Non seulement l’impact et la performance sont alignés, mais j’irais plus loin en soulignant que l’un ne va pas sans l'autre. »

Guillaume Lucchini. Quels sont les profils de ces entrepreneurs ?

Benjamin Kayser. Le plus souvent des profils de grandes écoles, d’ingénieurs ou de commerce. Ce sont des personnalités assez jeunes et dynamiques, qui ont cette fibre de dépassement de soi. C'est pour cela que l'appel et l'inspiration du sport leur parlent beaucoup.

Guillaume Lucchini. L’impact et la performance sont-ils compatibles ?

Benjamin Kayser. Impact et performance sont non seulement compatibles, mais aussi absolument nécessaires, dans un souci de pérenniser l’impact, et de le démultiplier. Nous pensons qu’il convient aussi d’imprégner le monde économique de la notion d'ultra performance propre au sport de haut niveau. Hélas, ce sont ces deux modèles qui ont été opposés pendant très longtemps. Aujourd’hui, ils doivent absolument être mis sur la même longueur d'onde. Une nouvelle génération de collaborateurs demande également à intégrer des entreprises extrêmement ambitieuses, courageuses, qui se montrent performantes tout en ayant un impact absolument significatif sur le monde. C’est aussi le sens de l’histoire sur le plan politique. Non seulement l’impact et la performance sont donc alignés, mais j’irais plus loin en soulignant que l’un ne va pas sans l'autre.

« Les sportifs de haut niveau sont créateurs de mouvement, de dynamique »

Guillaume Lucchini. Quels sont les points communs entre le monde du sport et celui de l’entrepreneuriat ?

Benjamin Kayser. Les deux mondent souffrent - à tort - du « syndrome de l'imposteur ». Les entrepreneurs aiment les sportifs, mais pensent qu'ils n'ont rien à leur proposer d’intéressant. Les sportifs estiment, quant à eux, qu'ils n'ont rien à apporter à une entreprise. Or, dans le monde de la tech, il n'y a pas que des codeurs ou des développeurs. Il y a aussi des dirigeants d'entreprise qui ont besoin de former des équipes, de trouver la bonne alchimie. Cette réussite demande de la confiance, de la résilience, de la fierté d'appartenance.

Tout cela demande des idées, des méthodes et des ingrédients que le sport de haut niveau maîtrise extrêmement bien. Je souhaiterais qu’on utilise davantage le savoir-faire des sportifs dans ce domaine. Ils sont créateurs de mouvement, de dynamique. Aujourd’hui, nous voyons pourtant deux mondes qui se parlent extrêmement peu, mais qui ont absolument tout à s'apporter. Chacun détenant les deux ingrédients indispensables à la réussite : le plaisir et la performance.

Guillaume Lucchini. Les sportifs européens ont-ils la même fibre « business » que leur homologue américain ?

Benjamin Kayser. Même les plus grands sportifs investissant dans la tech ont à un moment ou un autre dû se lancer. Peut-être que les athlètes américains ressentent moins cette « peur du vide ». Ils bénéficient probablement d’un écosystème économique et culturel plus propice, où l’on valorise davantage leur savoir-faire. Les sportifs de haut niveau européens sous valorisent leur propre compétence. Je le regrette fortement. Ils disposent pourtant d’atouts extraordinaires, transposables dans d’autres environnements. Ils n’en ont pas encore pleinement conscience. Mais tout monde apprend. Et les sportifs ont une capacité d’apprentissage bien supérieure à la moyenne.

Guillaume Lucchini. Quel message souhaiteriez-vous adresser aux sportifs qui hésitent à se lancer dans l’aventure ?

Benjamin Kayser. C'est absolument fascinant de voir les projets innovants émerger. Je me sens privilégié de pouvoir côtoyer les fondateurs de ces nouveaux modèles. C'est un plaisir de se dire que nous pouvons contribuer positivement à changer le monde. Les sportifs qui participeront à tous ces changements vont se « régaler ». Ils vont assurément y prendre beaucoup de plaisir. C’est un écosystème fabuleux, similaire à celui qu'ils ont connu durant leur carrière sportive.

https://www.youtube.com/watch?v=LnBhqj_WsVU


Jérôme Commerçon, avocat spécialisé sur la négociation et la constitution de management package

Jérôme Commerçon (Scotto Partners) : « Le management package doit créer un alignement entre les parties prenantes »

Le management package est un outil de motivation et de partage de la création de valeur incontournable dans le monde du private equity et du M&A. Lorsque le « man pack » est bien structuré, il permet ainsi d’aligner les intérêts de toutes les parties prenantes aux opérations de capital : des actionnaires aux dirigeants, en passant par les collaborateurs. Mais les hommes et femmes clés d’une entreprise ne sont malheureusement pas rompus à ce type de négociation, contrairement aux fonds d’investissement. Avocat Associé au sein du cabinet Scotto Partners, Jérôme Commerçon accompagne de nombreux dirigeants et entrepreneurs dans le cadre de l'entrée de fonds d'investissement à leur capital. Il nous explique comment les dirigeants d’une entreprise doivent appréhender la négociation de ces « packages » avec les fonds d’investissement.

Scala Patrimoine. Qu’est-ce qu’un management package ?

Jérôme Commerçon. Le management package peut recouvrir de nombreux éléments, très différents. L'idée générale est de permettre un alignement des intérêts des actionnaires de l'entreprise avec les équipes opérationnelles. Concernant sa mise en œuvre, tout dépend, à la fois de la nature des instruments et des objectifs poursuivis, par l'actionnariat et par l'entreprise. L’analyse sera différente lorsqu’il s’agit d’une entreprise familiale, d’une start-up, d’une jeune entreprise en phase de développement ou d’une société déjà mature accueillant bientôt un fonds à son capital. De même, dans ce type de situation, le management package peut s'appuyer sur des instruments très différents.

« Le développement des BSPCE est soutenu par les pouvoirs publics »

Scala Patrimoine. Quels sont les instruments qui rencontrent le plus de succès actuellement ?

Actuellement, on peut distinguer les instruments réglementés et non réglementés. Historiquement, les BSPCE (les bons de souscription de parts de créateurs d'entreprise) étaient très appréciés des sociétés en forte croissance et des start-ups. Les BSA (les bons de souscription d'actions) étaient, quant à elles, davantage plébiscités par les sociétés sous LBO.
Aujourd'hui, les instruments ont évolué. Parmi les instruments de type « réglementés », on retrouve des BSPCE, dont les pouvoirs publics soutiennent leur developpement. Nous pouvons également citer les plans d'actions gratuites qui retrouvent, depuis 2015, un certain attrait fiscal et social. Et sur les instruments non réglementés, les actions de préférence tiennent une place essentielle. Ceux-ci ayant l’avantage d’être extrêmement flexibles sur le plan juridique.

« Plus le management package est mis en place tôt, plus il produira des effets bénéfiques »

Scala Patrimoine. Quels conseils pourriez-vous donner aux managers pour réussir la négociation de leur management package ?

Trois conseils doivent être mis en avant. Le premier, c'est le moment de l'intervention, le moment de la négociation. Il faut démarrer cette négociation le plus tôt possible, à la fois pour l'actionnaire, mais aussi pour les équipes opérationnelles. L’anticipation est, en effet, la clé. La philosophie du management package étant de créer un alignement entre les associés, entre les actionnaires et les équipes opérationnelles qui vont monter au capital. Plus cet alignement est mis en place tôt, plus il produira des effets bénéfiques.

Le deuxième élément qu'il faut absolument avoir en tête concerne la technicité de l'intervention.
Lorsque vous êtes dans la négociation du management package, vous aurez peu de temps pour vous préoccuper de vos intérêts. Il faut donc le faire rapidement en rentrant très vite dans la technicité, à la fois sur des questions juridiques et fiscales et, bien entendu, aussi sur des questions de négociation purement commerciale (montant, effet financier …).

Et enfin, le dernier point essentiel concerne la nécessité de se faire accompagner par des professionnels reconnus. La mise en place de management package est un métier extrêmement technique, spécifique. Il vous faut nécessairement un très bon conseil dédié au package, mais aussi à la gestion de patrimoine.

https://www.youtube.com/watch?v=zXWQJHRozSY