Le rendez-vous des marchés financiers – Mars 2025

Marchés financiers & économie : les points clés

  • Les marchés financiers européens mènent la danse, sous l’impulsion du secteur de la défense.
  • Une récession pourrait prochainement toucher les États-Unis, notamment en raison d’une hausse significative des droits de douane sur les importations américaines.
  • La BCE abaisse une nouvelle fois ses taux directeurs de 25 points de base. Cette décision attendue ramène le taux de dépôt à 2,50 %.
  • L’Allemagne relance son économie en mettant en œuvre un fonds d’infrastructures de 500 milliards d’euros sur dix ans.

Quelles performances sur les marchés financiers ?

  • Guerre entre l’Ukraine et la Russie : Donald Trump impose sa loi

Donald Trump affiche sa volonté de mettre un terme à la guerre opposant l’Ukraine à la Russie. Pour ce faire, il a suspendu le soutien financier et matériel jusqu’ici accordé à l’armée ukrainienne.

Fin février, une rencontre tendue s’est tenue dans le Bureau ovale de la Maison-Blanche entre le président américain, son vice-président et Volodymyr Zelensky. Devant les caméras du monde entier, l’échange a rapidement tourné à l’affrontement.

Alors que le président ukrainien tentait de sensibiliser Donald Trump en déclarant : « Tout le monde a des problèmes, même vous, mais vous avez un bel océan. Vous ne le ressentez pas encore, mais vous le sentirez à l’avenir », le président républicain s’est aussitôt lancé dans une diatribe cinglante, fidèle à son style habituel. S’adressant sans ménagement à son interlocuteur, il répliqua : « Vous n’êtes pas en position de dicter ce que nous allons ressentir. Nous allons nous sentir très bien et très forts. Vous, en revanche, vous êtes laissé enfermer dans une situation désastreuse. Vous n’avez pas les cartes en main. »

Quelques jours plus tard, Donald Trump affirmait, sans ambages, qu’un accord sur l’exploitation des minerais constituait la seule garantie sécuritaire dont l’Ukraine avait besoin face à la Russie. La position américaine demeure donc inchangée : aucune discussion sur une force de maintien de la paix ne sera engagée avant la signature d’un accord entre Moscou et Kiev.

  • Bitcoin : la fin des Trump Trades ?

Les investisseurs se détourneraient-ils déjà des valeurs prisées par le président américain ? Parmi elles, les cryptoactifs semblent particulièrement affectés.

Le Bitcoin, souvent qualifié de reine des cryptomonnaies, a ainsi chuté de plus de 25 % depuis son record post-électoral. Ce plongeon s’explique notamment par le piratage massif de la plateforme d’échange Bybit, victime d’un vol de 1,46 milliard de dollars orchestré par le groupe de hackers nord-coréen Lazarus, ainsi que par des inquiétudes économiques grandissantes. Face à ces incertitudes, les investisseurs prennent leurs distances avec les cryptoactifs. Le Bitcoin évolue désormais autour de 74 000 €, bien loin de son sommet de 101 976 €. Témoignant de cette fébrilité, l’indice Crypto Fear and Greed s’effondre à 10/100 (signalant une peur extrême), contre 55/100 une semaine auparavant.

C’est dans ce climat d’instabilité que Donald Trump, lui-même investisseur en cryptomonnaies, a choisi d’annoncer la création d’une Réserve Stratégique Crypto, incluant Bitcoin, Ethereum, Solana, XRP et Cardano. Une initiative inscrite dans une logique résolument “America First”, qui précède un sommet sur les cryptomonnaies à la Maison-Blanche, destiné à renforcer les liens entre le gouvernement et le secteur privé.

Aussitôt après cette déclaration, l’écosystème crypto a connu un sursaut spectaculaire, gagnant 300 milliards de dollars en capitalisation !

  • Marchés financiers actions : l’Europe retrouve des couleurs

Les valeurs de la tech américaine, et notamment les « Sept Magnifiques », traversent une période plus difficile. Sur les trente derniers jours, le Nasdaq 100 accuse un repli de plus de 6 %. Dans le même temps, Nvidia, la coqueluche des marchés financiers, abandonne près de 15 %.

Selon les calculs de Bloomberg, les « Sept Magnifiques » affichent néanmoins un ratio cours/bénéfice toujours élevé de 32,9, soit environ 40 % de plus que la moyenne des autres actions à grande capitalisation.

À l’inverse, les places boursières européennes se montrent particulièrement dynamiques.

Le DAX 30 s’adjuge ainsi une progression de 6 % sur un mois glissant. Le CAC 40, quant à lui, gagne 2 % sur la même période et atteint un nouveau record historique à 8 216 points, porté par l’essor des entreprises du secteur de la défense.

Cette envolée intervient alors que la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a dévoilé un plan d’investissement de 800 milliards d’euros destiné à renforcer la défense européenne et à soutenir l’Ukraine, tandis que l’administration Trump a brutalement suspendu l’aide militaire américaine à Kiev. Dans ce contexte, les valeurs de l’armement s’envolent : l’action Thales bondit de 53 % en un mois, suivie de Dassault Aviation (+ 36 %) et de Rheinmetall (+ 61 %).

Comme le souligne avec son mordant habituel le spécialiste des marchés financiers, Thomas Veillet, : « L’armement européen vit sa meilleure vie ! »

En Asie, la tendance est contrastée : l’indice Shanghai Composite progresse de 2 %, tandis qu’au Japon, le Nikkei 225 recule de 5 %.

Les performances sur les marchés financiers
Les performances sur les marchés financiers

Les États-Unis : une prophétie autoréalisatrice ?

En économie, les prophéties peuvent, elles aussi, se révéler autoréalisatrices. Lors de la campagne présidentielle, Donald Trump n’a eu de cesse d’affirmer que l’économie américaine était en péril, bien que nul indicateur macroéconomique majeur — qu’il s’agisse de l’emploi, de la consommation ou de l’investissement — ne vînt étayer cette thèse. Or, par ses mesures drastiques en matière de politique commerciale et son recours accru aux barrières douanières, « The Donald » pourrait bien fragiliser l’économie de la première puissance mondiale.

  • Le spectre d’une « Trumpcession » ?

Le spectre d’une récession aux États-Unis, conséquence des politiques économiques de Donald Trump, semble se préciser. Le modèle GDPNow de la Fed d’Atlanta, réputé pour sa fiabilité, vient d’être fortement révisé à la baisse. La prévision de croissance pour le premier trimestre s’effondre, passant de +4,0 % à -2,8 %. Une dégringolade vertigineuse, que les analystes attribuent à un déficit commercial record et à une industrie manufacturière en déclin.

– Des signes avant-coureurs

Ces inquiétudes trouvent un écho chez Wilfrid Galand, directeur stratégiste de Montpensier Finance : « Plusieurs signaux d’alerte se sont allumés ces dernières semaines. Les publications des différentes Fed régionales témoignent d’une détérioration du climat des affaires. Ainsi, l’indice manufacturier de la Fed de Dallas, publié le 24 février, chute brutalement à – 8,3, contre + 14,1 en janvier. Celui de la Fed de Philadelphie, bien que toujours positif à +18,1, a perdu plus de 26 points en un mois. »

Puis, tel un inventaire à la Prévert, il énumère les nuages noirs s’amoncelant au-dessus de l’économie américaine : « Les premiers signes de ralentissement de l’activité, la montée des inquiétudes des ménages et des entreprises dans les derniers indicateurs, les craintes liées à l’augmentation généralisée des coûts sous l’effet des hausses de taxes douanières initiées par la nouvelle administration américaine, ainsi que les ripostes commerciales des partenaires des États-Unis, sont autant de facteurs rendant l’avenir particulièrement incertain. »

La récente baisse de la confiance des consommateurs constitue d’ailleurs un signal d’alarme à ne pas négliger. L’indice de confiance du Conference Board s’établit à 98,3 en février, contre 105,3 en janvier (révisé de 104,1), alors qu’il était attendu à 102,7. Il s’agit de la plus forte contraction mensuelle depuis août 2021. Les ménages, anticipant une nette dégradation du marché de l’emploi, réduisent d’ores et déjà leurs dépenses, en recul de -0,5 % en volume en janvier.

Autre mauvaise nouvelle, les derniers chiffres de créations d’emploi sont en deçà des attentes. 141 000 nouveaux emplois étaient anticipés. Le chiffre est sorti à seulement 77 000.

– La peur de l’inflation

Les PME ne sont guère plus optimistes : l’indice NFIB chutant de 105,1 à 102,8. Une lueur d’espoir demeure néanmoins : la production industrielle a surpris à la hausse, progressant de +0,5 % sur un mois, tandis que la croissance s’accélère dans le secteur des services. L’indice ISM est, en effet, ressorti à 53,5 le mois dernier contre 52,8 en janvier, alors que les économistes l’attendaient autour de 53.

Mais pour Eric Vanraes, de la Banque Eric Sturdza, c’est ailleurs que réside la véritable menace : « Ce qui est le plus préoccupant, ce n’est pas tant l’état actuel du marché de l’emploi que la raison profonde qui pousse les consommateurs à restreindre leurs achats et à envisager de les réduire davantage. Ce n’est pas une simple prudence, mais la peur palpable d’un retour de l’inflation, alimentée par les Trumponomics, dont l’emblème demeure la politique protectionniste des droits de douane. »

  • Droits de douane : l’arme fatale

L’une des principales promesses de campagne de Donald Trump était sans équivoque : l’instauration de droits de douane réciproques. Autrement dit, le président souhaitait imposer aux produits étrangers entrant sur le sol américain les mêmes taxes que celles appliquées aux exportations américaines vers ces pays.

– Art of the deal

Dès le début de son mandat, Donald Trump a mis ses menaces à exécution. Le nouvel occupant de la Maison-Blanche a relevé les droits de douane sur les importations en provenance des partenaires économiques des États-Unis.

La première mesure emblématique fut l’augmentation des taxes à 25 % sur l’acier et l’aluminium importés aux États-Unis, sans distinction d’origine. Même des pays naguère exemptés, comme le Canada et le Mexique, ont été concernés par cette décision.

Dans les coulisses de négociations intenses, Donald Trump a néanmoins suspendu l’essentiel des droits de douane qu’il avait annoncés à l’encontre du Mexique et du Canada, au moins jusqu’au 2 avril.

Pierre-Alexis Dumont, directeur des investissements chez Sycomore AM, souligne d’ailleurs : « L’objectif de l’administration Trump n’est pas tant d’imposer des taxes massives et généralisées que de négocier, au cas par cas, avec ses partenaires commerciaux sur des dossiers variés : les questions migratoires avec le Mexique, ou encore la technologie et la défense avec la Chine. Les annonces de barrières douanières servent ainsi de levier pour obtenir des accords avantageux pour les intérêts américains. »

– L’Europe et la Chine dans le viseur

Les négociations avec Pékin pourraient également s’intensifier dans les semaines à venir, la Chine représentant le plus important déficit commercial des États-Unis. Début mars, le président américain avait signé décret portant à 20 % les droits de douane supplémentaires sur l’ensemble des produits chinois entrant aux Etats-Unis.

Autre cible privilégiée : l’Union européenne, qui pèse pour 18,6 % des importations américaines. Donald Trump avait ainsi annoncé une hausse de 25 % des droits de douane sur les importations européennes, sans toutefois les avoir encore mis en œuvre.

La Commission européenne n’a pas tardé à réagir, affirmant qu’elle répondrait « fermement et immédiatement » à toute nouvelle hausse des droits de douane. Il faut dire que Donald Trump n’a jamais caché son hostilité envers Bruxelles, qu’il accuse d’avoir été « conçue pour emmerder les États-Unis ». Un message au moins aussi tranchant que sa politique commerciale.

Les déficits commerciaux des États-Unis
Les déficits commerciaux des États-Unis

  • La prudence de la FED

L’inflation américaine marque un ralentissement. Selon le ministère du Commerce des États-Unis, elle s’est établie à 2,5 % sur un an en janvier, contre 2,6 % le mois précédent, après plusieurs accélérations consécutives. L’indice Core PCE, particulièrement scruté par la Réserve fédérale, a été publié en parfaite conformité avec les attentes, reculant de 2,9 % à 2,6 %.

Cela suffira-t-il à convaincre la banque centrale américaine de poursuivre la baisse de ses taux d’intérêt ? Rien n’est moins sûr.

La menace croissante de nouveaux droits de douane, brandie par l’administration Trump, pourrait raviver les tensions inflationnistes. Une récente enquête de la Fed révèle en effet que de nombreuses entreprises prévoient d’augmenter leurs prix en réaction à ces mesures protectionnistes. « Les acteurs du secteur industriel, qu’il s’agisse de la pétrochimie ou des fournitures de bureau, ont exprimé leurs inquiétudes face aux bouleversements à venir en matière de politique commerciale », souligne la banque centrale.

Donald Trump, de son côté, a reconnu qu’il pourrait y avoir « quelques perturbations, mais nous sommes prêts à les accepter. Ce ne sera pas grand-chose ».

Raphael Bostic, président de la Réserve fédérale d’Atlanta, a donc annoncé que la Fed pourrait devoir maintenir sa politique actuelle encore quelque temps : « il faudra peut-être patienter jusqu’à l’été avant d’envisager une nouvelle baisse des taux. »

Zone euro : une économie de guerre ?

Le spectre de la stagflation, redouté par les dirigeants européens, pourrait bien se matérialiser. Cette année, la Zone Euro risque ainsi de conjuguer une inflation élevée et une croissance anémique. La société de gestion Schroders anticipe pour 2025 une croissance limitée à 1,1 % et une inflation globale de 2,4 %.

  • Des indicateurs économiques en berne

Les indicateurs économiques de la Zone Euro n’affichent pas de signes encourageants. Certes, la confiance des investisseurs mesurée par l’indice Sentix a rebondi davantage qu’attendu en février, passant de -17,7 à -12,7. Toutefois, ce regain demeure fragile. Même constat pour l’indice de confiance des consommateurs, qui s’est établi à -13,6 en février, conformément aux prévisions.

Par ailleurs, la production industrielle a reculé plus qu’escompté en décembre, enregistrant une baisse de 1,1 % en rythme mensuel.

La Banque centrale européenne est encore plus pessimiste que les équipes Schroders pour la croissance de la zone euro, en anticipant un tout petit de + 0,9 %.

Au cours des prochaines semaines, une attention particulière devra également être portée aux négociations commerciales entre les pays européens et les États-Unis. Donald Trump a laissé entendre que les droits de douane pourraient être relevés de 25 %. Heureusement, l’histoire récente avec le Mexique et le Canada l’a montré : le pire n’est jamais certain.

Selon des estimations du cabinet Oxford Economics, de telles augmentations tarifaires pénaliseraient particulièrement le Danemark et l’Irlande, très exposés au secteur pharmaceutique, ainsi que l’Allemagne et la Slovaquie, fortement dépendantes de l’industrie automobile

  • La BCE à la manœuvre

En zone euro, l’inflation devrait ressortir à 2,2% en février sous l’effet de la baisse des prix de l’électricité en France.

La Banque centrale européenne (BCE) a donc profité de l’occasion pour annoncer une nouvelle réduction de 25 points de base de ses taux directeurs, une décision attendue qui ramène le taux de dépôt à 2,50 %. Il s’agit du sixième assouplissement depuis juin 2024, un rythme inédit depuis les années 2010.

Aux yeux de Christine Lagarde, cette mesure vise à stimuler une économie européenne moribonde et à stabiliser l’inflation autour de 2 % à moyen terme.

Dans son communiqué, la BCE se félicite du fait que « le processus de désinflation est en bonne voie ». Toutefois, l’institution reconnaît que les prix de l’énergie continuent de peser lourdement sur l’indice des prix. Plus encore, elle se trouve contrainte de composer avec une situation économique et géopolitique qui évolue de manière radicale d’un jour à l’autre. Christine Lagarde, la présidente de la BCE, n’a d’ailleurs pas dissimulé que les membres de l’institution naviguaient actuellement à vue lorsqu’il s’agissait de dessiner la politique monétaire du continent.

  • Des investissements massifs dans le secteur de l’armement

En l’espace de quelques jours, les dirigeants européens ont radicalement modifié leur discours. La volonté des États-Unis de se retirer du bourbier ukrainien, tout en conservant le contrôle sur les minerais stratégiques, pousse l’Europe à renforcer considérablement ses investissements dans le secteur de la défense.

– Le plan de relance allemand

Le discours d’Emmanuel Macron illustre cette atmosphère générale : « Notre génération ne touchera plus les dividendes de la paix. Il ne tient qu’à nous que nos enfants récoltent demain les fruits de nos engagements. »

Dans ce contexte morose, c’est l’Allemagne qui a marqué les esprits. Forte de ses finances publiques gérées d’une main de maitre, les conservateurs allemands (CDU), arrivés en tête aux dernières élections, se sont alliés avec les sociaux-démocrates (SPD) pour créer un fonds d’infrastructures de 500 milliards d’euros sur dix ans et réformer le frein à l’endettement, afin de permettre une hausse significative des dépenses militaires. L’accord stipule ainsi que les États fédéraux pourront enregistrer des déficits allant jusqu’à 0,35 % du PIB, une possibilité qui était impensable jusque-là. Les dépenses militaires pourraient ainsi atteindre, selon les prévisions, au moins 100 milliards d’euros par an, soit le double de leur niveau actuel.

– Un impact sur les taux 

À cela s’ajoute la proposition de la Commission européenne de suspendre les règles de stabilité budgétaire, afin d’allouer 150 milliards d’euros au secteur de la défense. Vous comprendrez alors que les vannes sont désormais grand ouvertes.

Wilfried Galand voit en ses annonces un véritable game changer pour l’économie européenne : « Plombée par l’Allemagne et la France, l’économie européenne peine à décoller et stagne à des niveaux proches de la récession, malgré le dynamisme de l’Espagne. C’est bien la déflation qui menaçait, avec des prix à la production en Allemagne en baisse continue, mais l’annonce de vastes programmes européens de souveraineté change profondément la donne. »

Ces annonces ont toutefois entraîné une forte remontée des taux longs en Europe : le rendement des obligations à 10 ans de l’Allemagne a grimpé de 35 points de base, atteignant 2,83 %, son équivalent français a grimpé dans les mêmes proportions pour atteint 3,54 %.

Le casse-tête économique chinois

Xi Jinping s’apprête à intensifier la politique de relance économique du pays, révélant en filigrane des difficultés plus profondes que ne le suggèrent les chiffres officiels du Parti communiste chinois.

  • Les exportations : un moteur économique menacé

C’est une bien mauvaise nouvelle pour le gouvernement chinois : les exportations connaissent un net ralentissement. Selon les données publiées ce vendredi par les douanes chinoises, elles n’ont progressé que de 2,3 % en janvier et février par rapport à la même période l’an passé. Un chiffre bien en deçà des attentes, qui tablaient sur une hausse de 5,9 %, et très loin de la progression de 10,7 % enregistrée en décembre.

Ce ralentissement s’inscrit dans un contexte de tensions croissantes avec Washington. Donald Trump s’est lancé dans une véritable “guerre commerciale” contre Pékin, imposant une augmentation de 20 % des droits de douane sur les produits chinois importés aux États-Unis. En représailles, les autorités chinoises prévoient d’appliquer des taxes allant jusqu’à 15 % sur une série de produits agricoles américains, notamment le soja, le porc et le blé.

Ces turbulences pourraient porter un coup sévère aux exportations chinoises, qui ont longtemps été l’un des moteurs de la croissance du pays, alors que la consommation des ménages peine à se redresser et que le secteur immobilier traverse une crise profonde.

  • Le gouvernement desserre la bride

Le Parti communiste chinois tient actuellement à Pékin sa plus grande réunion politique annuelle, connue sous le nom des “Deux Sessions”. À cette occasion, le gouvernement a affiché des ambitions économiques qui paraissent, pour certains observateurs, relever davantage du vœu pieux que d’une réelle projection. L’objectif officiel d’une croissance du PIB “d’environ 5 %” pour cette année semble difficilement atteignable, les analystes internationaux anticipant plutôt un taux proche de 4 % en 2025.

Pourtant, Xi Jinping s’est donné les moyens de croire en cet objectif. Il a ainsi validé une augmentation des dépenses publiques en portant l’objectif de déficit public de 3 % à 4 %. Ce sont ainsi 155 milliards d’euros de dépenses supplémentaires qui seront engagées, financées par un recours accru aux emprunts d’État, qui atteindront 233 milliards d’euros au total.

Ces mesures visent à soutenir la consommation et à « stimuler autant que possible la demande intérieure ».

Mel Siew, gérant de portefeuille chez Muzinich & Co, souligne l’importance de ce changement de cap de l’exécutif chinois : « Pour la première fois en 14 ans, l’orientation de la politique monétaire de la Chine est devenue ‘modérément souple’, en rupture avec l’approche ‘prudente’ de 2017-2018. C’est un signal fort indiquant que les autorités privilégient désormais la croissance, ce qui devrait logiquement renforcer la capacité du pays à atténuer l’impact négatif des droits de douane. »

Reste à voir si ces efforts suffiront à inverser la tendance.

Les convictions de Scala Patrimoine sur les marchés financiers

Février 2025 marque un tournant décisif dans l’évaluation de la politique économique américaine, mettant un terme à une période de complaisance envers les effets supposément bénéfiques de la stratégie menée sous Trump. Aux États-Unis, les indicateurs avancés traduisent un net affaiblissement des perspectives économiques : la confiance des ménages et des entreprises s’érode, les intentions d’investissement fléchissent, et l’activité dans les services ralentit, révélant une inquiétude grandissante quant à la trajectoire économique du pays.

  • Les marchés financiers actions américains reculent

Dans ce contexte incertain, la Fed se voit contrainte d’adopter une posture prudente face aux risques inflationnistes, en partie exacerbés par une politique tarifaire agressive. Toutefois, des doutes subsistent quant à la mise en œuvre effective de ces mesures. S’agit-il d’un véritable levier de régulation ou simplement d’un outil de négociation dont l’impact sur la croissance resterait limité ? En effet, si le ralentissement économique se confirmait, il pourrait, dans une certaine mesure, atténuer la hausse des prix engendrée par l’augmentation des droits de douane sur les importations.

Sur le plan microéconomique, les petites et moyennes entreprises, qui avaient bénéficié du “Trump trade” en fin d’année, sont particulièrement affectées par l’incertitude qui pèse sur l’économie mondiale. La rotation sectorielle s’intensifie, les investisseurs délaissant les segments les plus risqués au profit de valeurs plus défensives. Quant au secteur technologique, il continue d’ajuster ses valorisations, fragilisé par des résultats mitigés et des interrogations croissantes sur la politique monétaire future, accentuées par une concurrence féroce en provenance de Chine. Ces incertitudes, conjuguées aux effets directs des droits de douane sur les marges, se traduisent par une baisse marquée des actions américaines en ce début d’année. La Fed d’Atlanta anticipe déjà un premier trimestre de croissance négative aux États-Unis, notamment en raison de la détérioration de la balance commerciale, alors même que la plupart des hausses de tarifs annoncées n’ont pas encore été appliquées.

– Un rebond des marchés financiers européens

À l’opposé, les marchés européens affichent une résilience inattendue, enregistrant une progression de plus de 3 % en dépit de fondamentaux encore fragiles. L’optimisme des investisseurs est porté par l’espoir d’un cessez-le-feu en Ukraine et par des discussions croissantes autour d’un plan budgétaire renforcé pour la défense, illustrant un réajustement stratégique en Europe face au désengagement de Trump dans ce domaine. Ce regain de confiance profite notamment au secteur bancaire et aux valeurs de la défense européenne, malgré des divergences persistantes entre les dynamiques économiques de part et d’autre de l’Atlantique.

Dans le même temps, la Chine poursuit sur une trajectoire positive, portée par son secteur technologique et par des perspectives de réformes réglementaires favorisant un climat d’affaires plus souple. Toutefois, cette dynamique reste concentrée sur les entreprises tournées vers l’exportation. De son côté, le Japon peine à retrouver son souffle, affecté par l’appréciation du yen qui pèse sur ses marchés sensibles aux variations de change.

Face à ces évolutions, nous avons rééquilibré notre exposition entre actifs européens et américains. Si les fondamentaux aux États-Unis demeurent solides, les incertitudes qui pèsent sur l’économie ne permettent pas d’assurer la poursuite de cette robustesse observée ces dernières années. La consommation et l’investissement pourraient subir des pressions significatives, sans que l’ampleur de cette dégradation ne soit encore pleinement mesurable.

– Une forte demande sur le secteur de la défense

En Europe, les investisseurs espèrent une amélioration des perspectives économiques, bien que les écarts de valorisation entre les marchés européens et américains se soient quelque peu réduits en ce début d’année. La valorisation moyenne des entreprises européennes a ainsi légèrement dépassé sa moyenne historique des dix dernières années, atteignant 14,4 fois les bénéfices, bien que la décote reste marquée, notamment dans le secteur financier. Les banques européennes, en particulier, offrent des perspectives rassurantes, affichant une décote de plus de 40 % par rapport à leurs homologues américaines.

Par ailleurs, si le secteur de la défense présente un point d’entrée moins attractif après des performances record de plus de 9 % en février, il demeure un investissement stratégique de long terme. L’annonce surprise du “bazooka allemand” et le soutien massif de l’Europe, avec plus de 800 milliards d’euros consacrés à la relance des investissements, devraient favoriser un réagencement profond des priorités économiques sur le continent.

– Des opportunités sur les marchés financiers chinois et indiens ?

Les récentes annonces du gouvernement chinois témoignent d’une volonté affirmée de stimuler la consommation domestique, avec pour objectif d’atteindre une croissance de 5 % en 2025. Dans un contexte de prudence persistante de la part des investisseurs étrangers, cette relance apparaît comme un facteur clé de l’évolution économique chinoise, bien que son ampleur demeure incertaine.

Malgré de solides performances en fin d’année, les valorisations du marché chinois restent parmi les plus attractives au sein des grandes économies, offrant ainsi des opportunités intéressantes en cas de concrétisation de la relance.

Sur un autre front, le marché indien affiche également un potentiel de redressement. La correction d’environ 20 % de l’indice au cours des cinq derniers mois a créé un contexte d’investissement plus favorable, soutenu par une reprise de l’investissement public et des perspectives macroéconomiques rassurantes.

  • Les marchés financiers obligataires

En février, les principaux segments du marché obligataire ont affiché des performances positives. La baisse des rendements américains s’est propagée à l’ensemble des classes d’actifs, les bons du Trésor américain se distinguant avec un rendement de 2,2 %.

– Des marchés bien orientés

La faiblesse du dollar a soutenu la dette des marchés émergents, qui a généré un rendement de 1,6 %. Ces gains ont confirmé le rôle des obligations mondiales comme instrument de diversification face aux pertes subies par les actions américaines, dans un climat d’incertitude quant aux perspectives économiques des États-Unis.

Par ailleurs, la robustesse des fondamentaux des entreprises a permis aux spreads sur le crédit investment grade de demeurer contenus, contribuant ainsi à une progression de 1,6 % des marchés mondiaux du crédit sur le mois. En revanche, le segment du haut rendement américain a légèrement souffert d’un élargissement des spreads, limitant sa performance à 0,6 %. En Europe, l’optimisme suscité par les espoirs de cessez-le-feu en Ukraine a tempéré la baisse des rendements souverains. Ainsi, les obligations d’État ont enregistré un rendement de 0,7 %, tandis que les spreads sont restés relativement stables.

Le début du mois de mars a toutefois marqué un tournant avec une nette remontée des taux européens, qui ont grimpé d’environ 40 points de base, sans pour autant provoquer un élargissement des spreads français. Cette volatilité a été alimentée par l’annonce d’un plan d’investissement européen d’une ampleur inattendue, impliquant une augmentation significative du financement par endettement. Dans ce contexte, la réaction de la Banque centrale européenne sera déterminante : les coûts de financement actuels en Europe paraissent difficilement soutenables à long terme.

Après deux baisses de taux en début d’année, la BCE semble marquer une pause, maintenant son taux de dépôt autour de 2,50 %. La hausse marquée des taux en mars, bien qu’elle pèse sur la valorisation des obligations, pourrait offrir un point d’entrée intéressant pour les investisseurs orientés vers le crédit, notamment dans un environnement où le soutien institutionnel pourrait favoriser une normalisation progressive des conditions de financement.

– Une position prudente des investisseurs

Suite à la flambée des taux des obligations souveraines européennes, la prudence est de mise sur ce segment. Des clarifications sur le financement des vastes projets d’investissement européens seront nécessaires pour appréhender pleinement les enjeux à venir. Aux États-Unis, l’incertitude entourant la croissance et l’inflation devrait continuer à nourrir une volatilité persistante des taux souverains. De plus, l’impact des politiques économiques sur la résilience des entreprises américaines nous incite à la prudence. Le retournement de l’eurodollar observé lors de la première semaine de mars souligne, par ailleurs, l’importance d’intégrer le risque de change dans les stratégies d’investissement en obligations américaines non couvertes, une exposition qui pourrait s’avérer coûteuse.

Nous maintenons notre préférence pour le portage sur le crédit européen, dont les rendements réels se sont nettement améliorés avec la hausse des taux d’intérêt. Le crédit investment grade (IG) prévaut sur les obligations souveraines, offrant un rendement plus attractif, avec des spreads, bien que resserrés, supérieurs à leur moyenne historique.

– Le segment de qualité privilégié 

Face à la faiblesse de l’activité économique en Europe, nous privilégions l’IG plutôt que le high yield (HY), même si ce dernier peut jouer un rôle de diversification et optimiser le rendement attendu. Nous mettons l’accent sur les entreprises aux bilans solides, capables d’inspirer confiance aux investisseurs. Cette approche nous conduit à favoriser des maturités courtes (inférieures à deux ans) et les émetteurs les mieux notés. L’absence de perspective de récession en 2025 soutient ce segment, bien que sa sensibilité à une éventuelle détérioration économique en Europe reste élevée.

Par ailleurs, les obligations financières ont continué de se distinguer, comme en 2024, en offrant des rendements supérieurs à l’ensemble du segment IG. La dette subordonnée des grandes banques investment grade apparaît particulièrement attrayante : bien qu’une prime de risque subsiste en raison de la hiérarchie des remboursements, le risque est bien maîtrisé grâce à la solidité des émetteurs, renforcée par le durcissement progressif des réglementations bancaires.

  • Les marchés financiers Alternatifs

Dans le cadre de notre approche de gestion prudente, nous continuons de privilégier les stratégies alternatives long/short actions, particulièrement adaptées aux marchés financiers volatils et incertains, où la dispersion est marquée. Les rotations sectorielles s’opèrent à un rythme effréné, tandis que les indices réagissent avec acuité aux annonces des instances politiques, économiques et monétaires.

Dans un tel contexte, ces stratégies se révèlent précieuses, offrant à la fois une protection contre les replis des marchés financiers et un potentiel de surperformance dans des conditions complexes. En exploitant les inefficiences des marchés financiers, elles permettent aux gérants d’adopter des positions longues sur les actions sous-évaluées et des positions courtes sur celles jugées excessivement valorisées. Cette souplesse s’avère essentielle en période de forte volatilité, assurant une précieuse décorrélation vis-à-vis des indices traditionnels.

  • Les Produits structurés

Nous demeurons confiants quant au potentiel des produits structurés, qui offrent une opportunité d’exposition à divers marchés financiers tout en permettant d’ajuster finement le niveau de risque et le rendement cible. La brusque envolée des taux d’intérêt au cours de la première semaine de mars a renforcé l’attrait de certains produits, en particulier ceux adossés aux taux européens. Par ailleurs, la correction observée dans certains secteurs de l’économie américaine pourrait représenter un point d’entrée intéressant pour des structures liées à ces valeurs.

Une fois encore, les produits structurés s’imposent comme une alternative pertinente pour les investisseurs désireux d’accéder au marché actions tout en atténuant la volatilité inhérente à cette classe d’actifs. Leur souplesse en fait une solution stratégique, à la fois pour diversifier et optimiser un portefeuille dans le contexte actuel.

  • Les Actifs non cotés (Private Assets)

L’intérêt des investisseurs institutionnels pour les actifs non cotés ne cesse de croître, malgré un contexte économique marqué par de nombreuses incertitudes. Cette dynamique, portée par la baisse progressive des taux d’intérêt en 2024, favorise également un afflux de capitaux vers des fonds plus accessibles au grand public. Bien que le marché témoigne d’une certaine prudence, notamment face aux incertitudes politiques et économiques, nous demeurons confiants quant au potentiel du private equity.

Les stratégies secondaires se révèlent particulièrement attractives, offrant d’intéressantes perspectives de valorisation. Parallèlement, les fonds de co-investissement occupent une place centrale dans nos priorités, conjuguant optimisation des rendements et contrôle des coûts.

Les stratégies de dette privée, à l’image de la dette mezzanine et du growth buyout, suscitent un intérêt croissant en accompagnant les entreprises en phase de développement. Par ailleurs, le capital-risque connaît un nouvel essor, notamment dans les secteurs technologiques et ceux liés à la transition énergétique, ouvrant ainsi des horizons prometteurs pour les startups les plus innovantes.

– Allocation conseillée

Pour exploiter pleinement le potentiel des investissements non cotés tout en limitant les risques, nous préconisons une stratégie diversifiée et résolument orientée sur le long terme.

Cette approche se décline ainsi :

– Des stratégies secondaires, choisies pour leur stabilité et la robustesse de leurs rendements.

– Une exposition au capital-risque, dans le but de saisir des opportunités à haut rendement au sein de secteurs innovants.

– Des investissements dans le LBO (Leveraged Buyout), afin de tirer parti de l’effet de levier.

– Le growth equity, qui offre l’opportunité de participer à la croissance d’entreprises matures et prometteuses.

– La dette mezzanine, un instrument clé de diversification, grâce à ses rendements attractifs.

Face aux mutations constantes de l’environnement économique, cette allocation vise à allier performance et gestion proactive des risques. Nous demeurons particulièrement vigilants à l’évolution du marché, tout en saisissant les opportunités qu’il présente, notamment dans des secteurs stratégiques tels que la santé et la transition énergétique.

Nos équipes sont à votre disposition pour échanger sur vos projets d’investissement et évaluer, avec vous, leur intérêt, au regard de l’environnement économique et financier, de la structuration de votre patrimoine et de vos objectifs de vie.

 

Les convictions de Scala Patrimoine sur les marchés financiers
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