BrainEver lève 33 M€ pour combattre la maladie de Charcot

La biotech française BrainEver vient de franchir une étape décisive dans sa croissance en réalisant une levée de fonds en série B de 33 millions d’euros. Une opération qui doit lui permettre de lancer ses premiers essais cliniques chez l’homme dès fin 2025. Objectif : trouver enfin un traitement contre la terrible maladie de Charcot.

BrainEver
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Une lueur d’espoir face à une maladie sans issue

La sclérose latérale amyotrophique (SLA), plus connue sous le nom de maladie de Charcot, touche environ 250 000 patients dans le monde. Implacable, elle entraîne la dégénérescence progressive des neurones moteurs, privant peu à peu les malades de la marche, de la parole, de la déglutition… jusqu’à la respiration. Aujourd’hui, aucune thérapie curative n’existe.

Et pourtant, une start-up française fait renaître l’espoir. Fondée en 2015 par Bernard Gilly, aujourd’hui CEO, et le professeur Alain Prochiantz (Collège de France), BrainEver s’est donné pour mission de s’attaquer aux maladies neurodégénératives liées à l’âge : SLA, Parkinson, glaucome. Son approche repose sur des années de recherches menées au Collège de France et au CNRS.

Des résultats précliniques prometteurs

Au cœur de ses travaux, un projet baptisé BREN02 : le développement d’une homéoprotéine recombinante humaine, l’Engrailed-1 (hEN1). Les premiers tests sur modèles animaux – souris et primates – se sont ainsi révélés spectaculairement encourageants.

« La maladie de Charcot est liée à un vieillissement anormal de certains neurones impliqués dans le fonctionnement musculaire », explique Bernard Gilly au Figaro. « L’idée est d’injecter aux patients cette protéine, capable de rajeunir les neurones et de leur rendre un fonctionnement normal. »

Une seule injection suffirait à rajeunir les motoneurones de trois mois chez la souris – un effet considérable, quand on sait que leur espérance de vie moyenne est de 36 mois. Mieux encore : l’opération peut être répétée.

Une levée de fonds stratégique

Dans un climat économique peu favorable aux start-up françaises de la deeptech, BrainEver réussit un tour de force. Elle concrétise une levée de fonds supérieure à 30 M€. Une opération menée par Critical Path Ventures et le Conseil européen de l’innovation (EIC). Elle attire aussi les investisseurs historiques Ibionext et Relyens. C’est une deuxième levée importante après celle de 2015. Cette année-là, BrainEver avait obtenu près de 20 millions d’euros grâce à Bpifrance Life Sciences Venture.

« Ce financement est essentiel », explique Bernard Gilly. « Il nous aide à préparer l’essai clinique et accélère la validation de notre approche thérapeutique sur la SLA. Il redonne aussi de l’espoir aux patients », ajoute-t-il. « Dans un marché contraint, il confirme la solidité scientifique de notre projet.  Il valide également la pertinence de notre stratégie. »

Vers de nouvelles applications

Outre la SLA, BrainEver veut étendre ses recherches à d’autres maladies neurodégénératives. Cela inclut la maladie de Parkinson et certaines dégénérescences rétiniennes. Ces travaux sont menés dans un laboratoire commun avec le Collège de France, le CNRS et l’INSERM.

Un premier essai clinique de phase I/II doit débuter avant la fin de l’année. Il sera conduit à l’université d’Utrecht, centre européen de référence pour la lutte contre la SLA.

Là où tout semblait perdu, la science ouvre, une nouvelle fois, une brèche vers les espoirs les plus insensés.