Adcytherix : 105 M€ pour révolutionner la lutte contre le cancer
Alors que le marché de la biotech traverse une période de financement morose, certaines jeunes pousses parviennent encore à se distinguer. C’est le cas d’Adcytherix, société marseillaise fondée il y a à peine dix-huit mois, qui vient de réaliser un véritable tour de force : lever plus de 105 millions d’euros pour accélérer le développement de traitements anticancéreux de nouvelle génération.

Une start-up d’à peine 18 mois
Créée en mars 2024 par Jack Elands, docteur en neuropharmacologie, aux côtés de Xavier Prévile et Carsten Dehning, Adcytherix s’est donnée pour mission de concevoir des thérapies ciblées capables d’éradiquer les cellules tumorales sans affecter les tissus sains.
Jack Elands n’en est d’ailleurs pas à son premier succès dans le domaine : il fut le cofondateur et directeur général d’Emergence Therapeutics, société hambourgeoise rachetée depuis par le géant américain Eli Lilly.
Avec Adcytherix, il entend franchir une nouvelle étape en misant sur les anticorps conjugués — ou ADC (Antibody-Drug Conjugates) —, une technologie à la croisée de l’immunologie et de la chimie thérapeutique.
Aujourd’hui, une équipe d’une vingtaine de chercheurs œuvre au développement de ces nouveaux anticorps propriétaires.
Des traitements de rupture
Les médicaments mis au point par Adcytherix s’illustrent par leur capacité à cibler les cellules tumorales sans détruire les cellules saines, réduisant ainsi drastiquement les effets secondaires souvent observés lors des chimiothérapies classiques.
« Adcytherix se distingue par une expertise approfondie des ADC, un premier programme différencié et une stratégie centrée sur de nouvelles classes de payloads susceptibles d’élargir le champ d’action des ADC à des tumeurs jusqu’ici peu réactives, tout en contournant les mécanismes de résistance connus », souligne Sofia Ioannidou, PhD, associée au sein d’Andera Partners.
Grâce à un premier tour de table de 30 millions d’euros réalisé en 2024, la start-up a déjà mené à bien les tests précliniques de son candidat-médicament phare, ADCX-020. Ce financement initial, structuré en deux volets, fut mené par Pontifax Venture Capital (Israël), Wuxi Biologics via le fonds suisse Pureos Bioventures, ainsi que les fonds américains KKR et RA Capital Management.
Une levée de fonds record en série A
Un an plus tard, la jeune biotech a frappé encore plus fort. Elle vient de boucler une série A record de 105 millions d’euros, la plus importante en Europe dans le domaine des ADC en 2025.
Bpifrance, aux côtés de Kurma Partners, Andera Partners et Angelini Ventures, a mené l’opération, avec la participation d’un consortium international d’investisseurs comprenant Surveyor Capital (groupe Citadel, États-Unis) et le fonds israélien aMoon. Fait notable : tous les fondateurs et investisseurs historiques ont également remis la main au portefeuille.
« Clôturer la plus importante série A européenne dans les ADC valide notre science, notre vision et le travail exceptionnel accompli par notre équipe depuis seulement dix-huit mois », se félicite Jack Elands. « Nous sommes fiers d’avoir réuni un consortium d’investisseurs de classe mondiale partageant notre ambition : développer des ADC de rupture pour les patients réfractaires aux traitements actuels. »
Accélérer pour rester dans la course
Grâce à cette levée, Adcytherix prévoit de lancer ses premiers essais cliniques sur l’humain dès le premier trimestre 2026, avec les demandes d’autorisation réglementaires (IND, CTA) attendues aux États-Unis, en Europe, au Royaume-Uni et au Canada.
« Cet argent est indispensable pour aller vite. La compétition est féroce et, si nous ne mettons pas la vitesse maximale, nous serons dépassés », explique le dirigeant.
Au-delà des espoirs médicaux, le potentiel économique du secteur est colossal. Selon Les Échos, près de 200 candidats-médicaments sont déjà en phase clinique, et un millier d’autres en développement. D’après le cabinet Spherical Insights & Consulting, le marché mondial des ADC pourrait dépasser les 30 milliards de dollars d’ici 2032.
Souhaitons à cette jeune équipe marseillaise de transformer l’essai et de redonner espoir aux millions de patients en attente de traitements plus ciblés et plus humains.
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