Projet de loi de finances 2018 : tour d’horizon des principales mesures
Le projet de loi de finances pour 2018 a été présenté au conseil des ministres mercredi 27 septembre dernier avec un objectif ambitieux : réduire le déficit public à 2,6% du PIB à fin 2018 (contre 2,9% cette année) tout en prévoyant 7 milliards de baisses d’impôts. Si ce projet est susceptible de faire l‘objet d’amendements à l’occasion du vote au Parlement, les grandes orientations fiscales se dessinent. Voici un tour d’horizon des principales mesures qui auront un impact sur votre situation patrimoniale.
Instauration d’une « flat tax » à 30 % sur tous les revenus du capital
A compter du 1er janvier 2018, un prélèvement forfaitaire unique (PFU) de 30 %[1] s’appliquera à tous les revenus du capital : intérêts, dividendes et plus-values mobilières. Il s’appliquera même aux intérêts des PEL et CEL (épargne logement) ouverts à compter du 1er janvier 2018. Cette « flat tax » est composée d’une imposition forfaitaire de 12,8 % et des prélèvements sociaux au taux global de 17,2% (à la suite de la hausse de la CSG de 1,7 point). Il sera toujours possible, pour les contribuables qui y ont intérêt, notamment ceux qui sont peu ou pas imposables, d’éviter le PFU en optant pour l’imposition de tous leurs revenus mobiliers au barème progressif de l’impôt sur le revenu.
Cette nouvelle taxation a des conséquences importantes sur l’imposition :
- des produits des contrats d’assurance-vie, perçus lors de rachats effectués à compter du 1er janvier 2018.
- des dividendes,
- et des plus-values de cession de valeurs mobilières.
Tout d’abord, les produits des contrats d’assurance-vie relatifs aux versements antérieurs au 26 septembre 2017 continueront d’être imposés selon les règles fiscales actuellement en vigueur (option entre barème de l’impôt sur le revenu ou prélèvement forfaitaire libératoire dégressif en fonction de l’ancienneté du contrat, auquel il faut ajouter les prélèvements sociaux).
S’agissant des primes versées à compter du 27 septembre 2017 sur un contrat d’assurance-vie, deux situations sont à distinguer :
- Si votre cumul de primes nettes en assurance-vie est inférieur à 150 000€ (300 000€ pour un couple soumis à imposition commune), vous ne serez pas assujettis par cette réforme fiscale. Tant que vous restez en dessous de ce seuil, vous demeurerez imposés sur les produits réalisés lors de vos rachats selon les règles fiscales actuelles, et ce même si vous versez des primes après le 27 septembre 2017.
- En revanche, si vous avez d’ores et déjà un cumul de primes nettes d’assurance-vie supérieur à 150 000 € (300 000 € pour un couple) ou si vous ne l’avez pas encore mais que vous versez une prime ayant pour conséquence de porter le cumul de vos primes nettes d’assurance-vie au-delà de 150 000 €, vous serez concernés par la flat tax à 30%, qui impactera tous les intérêts générés par vos primes versées à compter du 27 septembre 2017.
Ce seuil de 150 000€ s’apprécie par contribuable, sur l’ensemble de ses contrats d’assurance-vie et de capitalisation. Il correspond à l’encours net, c’est-à-dire à la somme de toutes les primes versées (sans prendre en compte les produits générés), diminuée de tous les retraits en capital. Si votre contrat a plus de 8 ans, les abattements annuels de 4 600€ et 9 200€ resteront applicables aux intérêts soumis au PFU. Quant à l’imposition des dividendes, le projet de loi de finances prévoit la suppression de l’abattement de 40% sur les dividendes, sauf si le contribuable opte pour l’imposition au barème progressif de l’impôt sur le revenu. Enfin, s’agissant de l’imposition des plus-values mobilières, il est prévu la suppression des abattements pour durée de détention (de droit commun ou renforcé). Corrélativement, un nouvel abattement de 500 000€ (non cumulable avec les autres abattements) est instauré pour les plus-values réalisées par les dirigeants de PME partant à la retraite. Les PEA et PEA-PME se démarquent désormais des autres outils d’épargne puisqu’il est prévu le maintien de leurs règles fiscales spécifiques favorables.
Suppression de l’ISF et création de l’IFI
Dès le 1er janvier 2018, l’ISF serait transformé en Impôt sur la fortune immobilière (IFI)[2], qui taxerait uniquement les contribuables dont le patrimoine immobilier net est supérieur à 1,3 million d’euros. Le seuil d’assujettissement, les taux et les barèmes de la version actuelle de l’ISF devraient rester inchangés, de même que l’abattement de 30% sur la résidence principale, ainsi que l’exonération des biens immobiliers professionnels. La règle du plafonnement, selon laquelle la somme de l’IFI et de l’impôt sur le revenu ne pourra pas excéder 75% des revenus, devrait aussi être maintenue. Les actifs financiers ayant pour sous-jacent l’immobilier, tels que les parts de SCI, SCPI et OPC, seraient également taxables, et ce qu’ils soient détenus en direct ou via un contrat d’assurance-vie. Les dettes contractées par le contribuable et afférentes aux biens imposables seront toujours déductibles mais des dispositifs anti-abus sont mis en place.
La réduction d’impôt de 75% pour les dons à des associations caritatives ou des fondations est maintenue. En revanche, la réduction ISF-PME, qui permettait de bénéficier d’une réduction d’impôt de 50% en cas d’investissement au capital des PME, serait supprimée. Pour connaitre les implications de cette réforme de l’ISF sur votre patrimoine, retrouvez notre article « Réforme de l’ISF : quels arbitrages réaliser sur votre patrimoine ? ».
Prolongation de certains dispositifs (CITE, Pinel, PTZ)
Le dispositif actuel du CITE (crédit d’impôt pour la transition énergétique)[3] est prorogé d’un an, soit jusqu’au 31 décembre 2018, mais l’éligibilité des dépenses d’acquisition de matériaux d’isolation thermique est progressivement supprimée. Le dispositif Pinel[4] est quant à lui prolongé pour quatre années supplémentaires, soit jusqu’au 31 décembre 2021, mais il sera réservé aux acquisitions de logements situés dans les zones tendues (zones A, A bis et B1). Le dispositif du PTZ (prêt à taux zéro)[5] est lui aussi prorogé pour quatre années supplémentaires, soit jusqu’au 31 décembre 2021, mais il est supprimé, pour les constructions neuves, dans les zones où les besoins en logement sont les plus importants (exclusion de la zone C en 2018 et de la zone B2 en 2019).
Dispense de taxe d’habitation pour 80% des foyers fiscaux d’ici 2020
Il est instauré un dégrèvement progressif de la taxe d’habitation sur 3 ans, avec une diminution de l’impôt de 30 % en 2018 puis de 65 % en 2019, et enfin de 100% en 2020[6]. Seront concernés les contribuables dont le revenu fiscal de référence n’excède pas 27 000 € pour une personne seule, et 43 000 € pour un couple, puis 6 000 € par demi-part supplémentaires.
Baisse du taux normal de l’impôt sur les sociétés (IS)
Le taux normal de l’IS sera progressivement diminué pour être ramené à 25% d’ici 2022[7]. Cet abaissement s’effectuera en plusieurs étapes et dépendra du montant du bénéfice imposable réalisé par la société ainsi que du montant de son chiffre d’affaires. S’agissant de l’année 2018, le taux normal de l’IS est abaissé à 28 % pour la fraction du résultat allant jusqu’à 500 000 €. La fraction supérieure continuerait d’être imposée à 33,3%. Les dispositions relatives au taux réduit de 15% seraient maintenues. En 2019, le taux normal sera abaissé à 31%. En 2020, le taux à 28% sera généralisé puis sera ramené à 26,5% en 2021 et 25% en 2022.
Augmentation du seuil des régimes d’imposition des microentreprises
Les seuils de chiffre d’affaires ouvrant droit aux régimes des microentreprises sont relevés à 170 000 € pour les activités de vente et à 70 000 € pour les activités de prestation de services et les activités non-commerciales[8]. Ces nouvelles règles devraient être applicables dès l’imposition des revenus 2017.
Suppression des cotisations salariales chômage et maladie
Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2018 prévoit la suppression des cotisations salariales chômage et maladie, qui représentent 3,15% du salaire (2,40% pour l’assurance-chômage et 0,75% pour l’assurance-maladie), en contrepartie de l’augmentation de 1,7 point du taux normal de la CSG (contribution sociale généralisée). Les salariés du secteur privé devraient donc constater une augmentation de leur salaire net.
[1] Article 11 du Projet de loi de finances pour 2018.
[2] Article 12 du Projet de loi de finances pour 2018.
[3] Article 8 du Projet de loi de finances pour 2018.
[4] Article 39 du Projet de loi de finances pour 2018.
[5] Article 40 du Projet de loi de finances pour 2018.
[6] Article 3 du Projet de loi de finances pour 2018.
[7] Article 41 du Projet de loi de finances pour 2018.
[8] Article 10 du Projet de loi de finances pour 2018.
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