Qu’est-ce que la taxonomie verte européenne ?

L’Union européenne s’est lancée à corps perdu dans la bataille de la transition climatique. L’Europe veut, en effet, être le premier continent à atteindre la neutralité carbone, en 2050.

Et pour y parvenir, la Commission européenne compte s’appuyer sur la croissance de la Finance Verte et ainsi orienter les investissements vers les activités « durables » et les entreprises engagées en faveur d’une économie décarbonée.

Il était, à ce titre, essentiel que tous les acteurs européens puissent travailler à partir d’un référentiel commun. C’est désormais chose faite. La Taxonomie Verte européenne est venue classifier les activités économiques ayant un impact favorable sur l’environnement.

La taxonomie européenne : un langage commun dans l’UE

Techniquement, la taxonomie crée un système de classification unifié. La Commission européenne vient ainsi harmoniser, à l’échelle européenne, la définition d’un « investissement vert ». Chacun a désormais la possibilité d’identifier avec précision les activités considérées comme respectueuses de l’environnement.

L’idée est ici de baliser le chemin des investisseurs et leur permettre d’aller vers plus de durabilité.

Comment fut créée la taxonomie ?

Pour créer la taxonomie, la Commission européenne a fait appel à 35 experts triés sur le volet. Ce groupe a réalisé un véritable travail de fourmi. Ils ont dû examiner avec une grande précision de multiples caractéristiques techniques d’un très grand nombre de secteurs d’activité, et définir pour chacun d’entre eux un seuil d’émissions de CO2 en deçà duquel l’activité est considérée comme « verte ».

Quels sont les secteurs d’activités concernées ?

La taxonomie couvre 70 secteurs d’activité, représentant 93 % des gaz à effet de serre émis sur le territoire européen. Parmi eux, on retrouve notamment la construction et le bâtiment, la technologie de l’information, le transport, l’industrie, l’énergie ou encore la sylviculture.

Cette classification se fait selon trois niveaux différents. Les activités :

– déjà « durables » ;
– « habilitantes », c’est-à-dire celles qui ne sont pas durables, mais qui permettent tout de même à d’autres activités de contribuer à la décarbonisation de l’économie ;
– « de transition », autrement dit celles pour lesquelles il n’existe pas encore d’alternatives, mais dont les émissions de gaz à effet de serre correspondent aux meilleures performances possibles.

Qu’est-ce qu’une « activité durable » ?

Une activité durable doit apporter une « contribution substantielle » à au moins l’un des six objectifs suivants :

– L’atténuation du changement climatique ;
– l’adaptation au réchauffement ;
– l’eau et les ressources marines ;
– l’économie circulaire ;
– la prévention de la pollution ;
– la biodiversité & protection des écosystèmes.

Autre condition : l’activité ne doit pas « causer de préjudice significatif » à un autre de ces objectifs et respecter des garanties sociales minimales.

Pourquoi la taxonomie verte européenne fait-elle débat ?

Après plusieurs mois de négociation, la Commission européenne a finalement proposé d’intégrer le gaz et le nucléaire dans la catégorie des activités dites « de transition ». Elle considère, en effet, que ces deux énergies « ont un rôle à jouer pour faciliter le passage aux énergies renouvelables » et notamment s’éloigner du charbon et d’autres énergies émettrices de carbone.

L’Europe impose cependant aux pays utilisant des centrales nucléaires de mettre en place des moyens sûrs et respectueux de l’environnement pour éliminer les déchets radioactifs.

Quels sont les enjeux pour les entreprises ?

Avec la mise en place de la Taxonomie Verte européenne, les entreprises devront fournir un maximum d’informations aux investisseurs, concernant leur impact en matière environnementale. Elles seront notamment amenées à préciser la part de leur chiffre d’affaires, de leurs investissements et de leurs dépenses correspondant à des activités « durables ».

Il est également à noter que ce texte se montre très exigeant envers les sociétés de gestion. En l’état actuel des choses, peu de fonds pourront donc se prévaloir d’un « taux d’alignement élevé » à la taxonomie européenne.

Quelles sont les prochaines étapes ?

Cette année, la taxonomie verte européenne entrera partiellement en vigueur. Son application totale est attendue pour 2023. Les règles sont donc encore amenées à évoluer. D’autres éléments techniques vont notamment être publiés dans les mois à venir.

En résumé :

– La taxonomie verte apporte une définition commune à une activité dite « durable », et ce pour l’ensemble des pays européens.
– Elle oblige les acteurs économiques à faire preuve de plus de transparence.
– Cette classification permet de lutter contre le « Greenwashing ».
– C’est un outil efficace pour permettre aux investisseurs de verdir leurs portefeuilles.
– La taxonomie verte pourra servir de base de travail à la création d’un futur Écolabel européen.