Le rendez-vous des marchés financiers – Février 2022

Les points clés sur les marchés financiers :

  • L’inflation est désormais durablement installée dans toutes les grandes économies.
  • Les Banques centrales sont à la manœuvre pour juguler le phénomène inflationniste. La FED devrait réagir en appliquant cinq hausses des taux en 2022.
  • Les tensions entre la Russie et l’Ukraine sont encore montées d’un cran au cours des dernières semaines. Au-delà des conséquences politiques et humaines, un envahissement du territoire Ukrainien par les armées Russes entrainerait une hausse très importante du prix de l’énergie (pétrole, gaz).

Début d’année difficile sur les marchés financiers

Les nuages s’amoncellent au-dessus des marchés financiers. Le début d’année est, en effet, marqué par des épisodes de forte volatilité. L’inflation, le resserrement des politiques des banques centrales et les tensions en Europe de l’Est semblent ébranler, en partie, la confiance des investisseurs. Les principaux indices des marchés développés se sont affaissés de plus de 5%. Les marchés émergents font à peine mieux, avec une baisse de 2%. Dans ce marasme, la lumière est – une fois n’est pas coutume – venue des entreprises du secteur de l’énergie et des financières dont les titres se sont très bien comportés. Ces derniers étant respectivement portés par la hausse des prix du pétrole et du gaz et des rendements du Trésor américain.

La rotation sectorielle se concrétise

Nous assistons à une véritable rotation sectorielle sur les marchés financiers. Les valeurs de croissance (tech, Luxe), qui avaient – jusqu’ici – bénéficié de l’évolution des habitudes de consommation pendant la pandémie, ont chuté. À l’inverse, les titres dits « values » se redressent, soutenus par la conviction croissante que les banques centrales vont sensiblement augmenter les taux d’intérêt.

Cet environnement ne profite pas pour autant aux marchés obligataires. Si ces derniers résistent mieux que les marchés actions, ils ont toutefois chuté de 2 % le mois dernier. En période de risques inflationnistes accrus, les obligations offrent, en effet, moins de protection aux portefeuilles qu’en période de risque de récession.

Ce sont en réalité les matières premières qui « profitent » de ce contexte inflationniste. Le Brent a atteint 90 dollars le baril pour la première fois depuis octobre 2014. La baisse des stocks de pétrole aux États-Unis et de la montée des tensions politiques avec la Russie n’y sont bien évidemment pas étrangères. Les marchés financiers plus dépendants du cours des matières premières comme le Royaume-Uni, l’Amérique latine et le Moyen-Orient surperforment ainsi nettement.

Les cryptomonnaies jouent aux montagnes russes

Sur le marché des cryptomonnaies, la chute des prix de nombreuses devises majeures domine l’actualité. Deux mois seulement après avoir atteint son sommet historique (70 000 dollars), le Bitcoin vient de retomber à 37 000 dollars. Le prix de l’Ethereum s’est également effondré. Les principales cryptomonnaies ont perdu jusqu’à 30 % de leur valeur. Ce grand crash du début d’année aura ainsi anéanti 1,5 billion de dollars dans l’industrie.

États-Unis : une dynamique toujours positive ?

Aux États-Unis, les indices directeurs d’achat (PMI) de janvier sont toujours bien orientés. Certes, les ventes au détail ainsi que les dépenses de voyage et d’hébergement des compagnies aériennes ont fortement diminué. Mais la demande des consommateurs devrait reprendre à mesure que l’épidémie recule. Cependant, après une croissance annualisée du PIB de 7% durant le dernier trimestre 2021, nous prévoyons un taux de croissance nettement plus faible au cours du trimestre en cours, avant de réaccélérer à partir du mois d’avril.

Le rapport sur le marché du travail a montré que l’économie américaine est proche du plein emploi. Depuis 2020, il connait même la reprise la plus rapide de son histoire. Jerome Powell, le Président de la Fed, souligne d’ailleurs l’économie américaine est beaucoup plus forte aujourd’hui qu’en 2015. Revers de la médaille, cette belle dynamique ne sera pas sans conséquence sur le rythme de normalisation des politiques monétaires.

Chine : la forme n’est pas olympique

Au quatrième trimestre 2021, l’économie chinoise a encore ralenti, avec une croissance du PIB de 4 %, sur un an glissant. Les blocages décidés en raison de la résurgence de l’épidémie de Covid-19 dans certaines régions ainsi que les problèmes d’approvisionnement dans l’industrie automobile ont mis à rude épreuve la consommation intérieure. En revanche, les exportations de la Chine sont restées dynamiques, à des niveaux dépassant même le consensus.

Pour autant, il ne faut pas se le cacher : les investisseurs s’inquiètent des perspectives économiques à court terme de la Chine. L’accélération des politiques de relance est désormais très attendue. Les décideurs politiques viennent, à ce titre, d’annoncer la mise en œuvre de politiques encore plus accommodantes lors de leur dernière conférence. La Banque populaire de Chine (PBoC) a, de son côté, intensifié ses efforts d’assouplissement monétaire, annonçant notamment des baisses de plusieurs taux de prêt de référence.

Les marchés boursiers chinois pâtissent toutefois de cette situation. Au cours des 12 derniers mois, la Chine se retrouve même au fond du classement des performances boursières pour l’ensemble des pays émergents. Une situation qui pourrait représenter une opportunité d’investisseur pour les épargnants positionnés sur le moyen et le long terme.

La Zone Euro résiste à la cinquième vague épidémique

L’activité économique en Europe a été étonnamment résistante dans le contexte de l’augmentation des infections au Covid-19. Les contraintes d’approvisionnement s’atténuent, bien que très progressivement.

L’impact de la dernière vague Omicron sur le secteur des services a été moindre que prévu. Les restrictions sont, en effet, restées limitées. Les faibles taux d’hospitalisation ont encouragé des pays comme le Danemark, l’Espagne et le Royaume-Uni à libérer les économies. L’inquiétude vient donc surtout de la hausse des prix de l’énergie et l’approvisionnement en gaz.

L’inflation au centre des préoccupations

Dans la Zone Euro, l’inflation globale de décembre a atteint 5 %, principalement sous l’effet de la hausse des prix des produits alimentaires et des biens. Au Pays de l’Oncle Sam, la pression inflationniste est généralisée à l’ensemble des biens et des services.

Conséquence directe, la Réserve fédérale (Fed) est sur le point de mettre fin à son programme d’achat d’obligations. De plus, elle cherche maintenant activement à réduire son bilan. Sans achats d’obligations par la banque centrale et avec la perspective que les liquidités offriront bientôt un certain rendement, les investisseurs pourraient être moins disposés à acheter de la dette publique à long terme, ce qui pourrait encore faire grimper les rendements du Trésor américain.

Les marchés financiers ont désormais intégré deux hausses de taux supplémentaires de la part de la Fed pour un total de cinq hausses en 2022. Dans cet environnement de rendements en hausse, la surperformance des titres « value » pourrait encore durer.

Et en Europe, comment réagit la Banque centrale européenne ? L’institution a récemment signalé qu’il est peu probable que les taux augmentent en 2022, mais demeure flexible dans sa politique future. La bonne dynamique économique du continent pourrait cependant pousser la BCE à augmenter ses taux d’intérêt. Ces décisions seraient alors favorables à l’euro.

En Angleterre, les pressions inflationnistes persistantes et un nouveau resserrement du marché du travail amènent les analystes à anticiper cinq hausses de taux de la part de la Banque d’Angleterre, d’ici la fin de l’année.

Ukraine/Russie : comme des airs de guerre froide

L’évolution du conflit opposant la Russie et l’Ukraine concentre toutes les attentions. En règle générale, les tensions sur le plan diplomatique et militaire amènent les investisseurs à se précipiter vers les obligations, qui représentent les actifs les plus sûrs de la planète. Une invasion de la Russie en Ukraine serait également un facteur propice à une forte augmentation du prix du pétrole – et donc l’inflation.

Un éventuel arrêt des flux de céréales hors de la région de la mer Noire est également susceptible d’avoir un impact majeur sur les prix alimentaires. De même, les marchés de l’énergie risquent d’être touchés si un conflit se concrétise. 35 % du gaz naturel européen vient, en effet, de la Russie.

Conclusion

Le mois de janvier nous a rappelé trois choses importantes.

– Premièrement, l’idée d’une inflation transitoire à court terme qui a accompagné la majeure partie de 2021 s’effondre.

– Deuxièmement, la vitesse à laquelle les banques centrales ont décidé de changer leur politique monétaire a entraîné une nouvelle pression à la hausse sur les rendements obligataires.

– Troisièmement, les effets de la vague Omicron sur la croissance devraient s’avérer temporaires. L’épidémie a de moins en moins d’impact sur l’économie, sauf pour les états qui appliquent une politique « zéro Covid ».

Les perspectives d’une forte croissance en 2022 devraient avoir un impact positif sur la croissance des bénéfices des entreprises, malgré la hausse des coûts. Pour cette raison, il nous semble toujours pertinent d’être investi sur les marchés actions. En période de forte volatilité, les investisseurs devront veiller à diversifier leur portefeuille. Les périodes agitées sont propices aux investissements, notamment lorsque les baisses sont marquées. En parallèle, nous recommandons à nos clients de repartir leur épargne sur différentes classes d’actifs et de ne pas écarter certaines valeurs refuges.

Les convictions de Scala Patrimoine

Qui va piano va sano

Nous adoptons une stratégie prudente sur les marchés actions, en privilégiant les thématiques de longs termes, les fonds de performance absolue et les fonds flexibles.

Nous anticipons plus de volatilité dans les mois à venir, non seulement pour les marchés actions, mais aussi pour les marchés obligataires. À cause de la crainte de l’inflation et de la hausse des taux, nous pensons que les produits de taux protégeront moins les portefeuilles.  Nous conservons donc une sous-exposition aux obligations par rapport aux actions. Nous maintenons notre position sur l’inflation qui semble être de plus en plus un enjeu de moyen terme.

Enfin, nous pensons qu’une allocation aux alternatives pourrait contribuer à accroître la résilience du portefeuille. Nous nous sommes, à cet effet, positionnés sur des fonds Long/Short neutres aux marchés et des fonds sur des stratégies décorrélées des marchés.

Diversifiez vos investissements ! 

Nous allons prendre des expositions sur les points de marché bas afin de profiter des points d’entrée. La Chine nous semble une bonne opportunité après le retard accumulé l’année dernière. Nous anticipons trois premiers mois difficiles pour les marchés financiers en 2022 et une reprise pour le second trimestre. Afin de limiter les risques, nous augmenterons au fur et à mesure les expositions tout le long du trimestre.

Notre exposition sur notre fonds patrimonial sera ajustée au cours des prochains mois afin de maintenir notre approche de gestion du risque.

Par ailleurs, dans un souci de diversification, nous proposons des investissements alternatifs (dette privée, private equity, produits structurés) pour sécuriser vos portefeuilles et réduire les risques en cas de secousses sur les marchés.

N’hésitez pas à nous contacter si vous souhaitez plus d’informations sur ces placements.