Le rendez-vous des marchés financiers – avril 2022
L’actualité des marchés financiers est notamment marquée par l’enlisement du conflit armé opposant les Russes et les Ukrainiens.
Les points clés sur les marchés financiers :
- Malgré la puissance de son armée, la Russie n’est pas encore parvenue à prendre les grandes villes ukrainiennes. Les troupes de Vladimir Poutine ont même perdu du terrain aux abords de Kiev.
- L’Europe veut bâtir son chemin vers l’indépendance énergétique. Des investissements colossaux vont être réalisés pour atteindre cet objectif, devenu vital.
- Les banques centrales sont prises entre le marteau et l’enclume. Doivent-elles continuer à lutter contre l’inflation ou soutenir coûte que coûte la croissance, dans un contexte de fortes tensions géopolitiques ? Pour l’instant, elles semblent en priorité vouloir limiter les tensions inflationnistes.
La guerre en Ukraine grippe les marchés financiers
Ukraine : Vladimir Poutine s’entête
La guerre entre la Russie et l’Ukraine continue de faire rage. Malgré les efforts diplomatiques de nombreux dirigeants politiques, Vladimir Poutine ne semble – malheureusement – pas prêt à changer ses plans. Jusqu’où le président russe peut-il aller ? Son armée est-elle préparée pour un conflit de longue durée ? Comment va-t-il réagir à la résistance homérique du peuple ukrainien ? Les interrogations sont aujourd’hui très nombreuses et les analystes peinent à dessiner un scénario de sortie de crise.
Quoi qu’il en soit cet évènement géopolitique majeur a déjà commencé à peser sur les évolutions macroéconomiques. La Russie est, il est vrai, un important producteur d’énergie. Sans surprises, l’escalade des tensions a des répercussions importantes sur les marchés des matières premières. Les cours du pétrole et du gaz font ainsi preuve d’une volatilité très élevée. Durant le premier trimestre 2022, ils sont en hausse respectivement de 33 % et 55 %.
Et les bourses mondiales dans tout cela ? Les marchés actions ont effacé une partie de leurs pertes pour terminer le mois de mars en hausse de 3 %. Les grands indices boursiers des pays développés sont cependant toujours en baisse de 5 % depuis le début de l’année. Les marchés émergents poursuivent, quant à eux, leur chute, avec une nouvelle baisse de 2 % le mois dernier. Ils reculent ainsi de près de 7 % sur le premier trimestre 2022.
Rebond des rendements obligataires
Comme elles l’avaient annoncé, les banques centrales ont mis en application leur nouvelle ligne politique : accélérer le rythme des hausses de taux d’intérêt pour lutter contre la hausse de l’inflation.
Les marchés obligataires n’ont d’ailleurs pas tardé à réagir. De nombreux rendements obligataires de la zone euro ont fortement bondi ces dernières semaines. Le taux allemand à 10 ans, la référence en zone euro, est passé de -0,18 % fin décembre à environ 0,57 %, soit un rebond de 75 points en l’espace de trois mois. En France, sur la même période, le taux OAT à 10 ans est passé de 0,20 % à 0,98 %.
La Banque centrale européenne a confirmé que la réduction progressive du programme d’achat d’urgence en cas de pandémie se terminera en juin et que le programme d’achat d’actifs prendra fin progressivement au cours du troisième trimestre 2022, si les conditions restent favorables. La présidente Christine Lagarde a ainsi laissé la porte ouverte à une première hausse des taux cette année.
Aux États-Unis, la Fed a relevé le taux cible de 0,25 %, comme prévu, indiquant clairement que de nouvelles hausses seront appropriées. Le consensus s’attend maintenant à sept hausses cette année et à quatre l’année prochaine.
Du côté de la Perfide Albion, après une première hausse en décembre, la Banque d’Angleterre a relevé son taux directeur de 0,25 % à deux reprises au premier trimestre, pour atteindre 0,75 %.
La tendance à la normalisation des politiques a également été poursuivie par certaines banques centrales des marchés émergents, le Brésil, Taïwan, la Corée et Hong Kong ayant tous annoncé des hausses de taux. La Banque du Japon joue, quant à elle, la carte du statu quo, maintenant sa position actuelle d’assouplissement.
Politique monétaire : limiter l’inflation ou soutenir la croissance ?
L’actualité géopolitique pourrait venir tout bousculer. La guerre opposant la Russie à l’Ukraine et le choc de l’offre de matières premières posent un dilemme aux banques centrales. Tenter de maîtriser l’inflation ou soutenir la croissance ? Leurs cœurs balancent. Tout en reconnaissant les incertitudes liées à la situation géopolitique et ses implications économiques, les banques centrales ont jusqu’à présent laissé entendre qu’elles considéraient l’inflation comme le problème le plus urgent à résoudre, à moins que les perspectives de croissance ne se détériorent nettement.
Dans sa dernière projection économique, la Banque de France demeure encore relativement confiante sur le rythme de croissance de l’hexagone. Elle souligne ainsi que « grâce au redressement qui s’est déjà opéré tout au long de l’année 2021, l’acquis de croissance pour 2022 est estimé à 2,9 % à la fin du premier trimestre ». Avant d’ajouter : « malgré le ralentissement attendu sur les trimestres à venir, la croissance du PIB en moyenne annuelle atteindrait 3,4 % en 2022 dans le scénario normal et 2,8 %, dans le scénario dégradé ».
En parallèle, l’inflation de la zone euro a été révisée à la hausse à 5,9 % en février dernier. Même constat au Royaume-Uni où elle s’est accélérée à 6,2 %. Aux États-Unis, l’inflation a même atteint un sommet en 40 ans à 7,9 %.
L’Europe veut réduire sa dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie
L’Europe est un énorme importateur de pétrole et de gaz naturel en provenance de Russie, ce qui rend la région très vulnérable au conflit. Les craintes d’un ralentissement économique sont désormais bien réelles. Une inquiétude qui peut cependant être atténuée par l’épargne excédentaire élevée accumulée pendant les périodes de confinement, mais aussi par la bonne dynamique du marché du travail. Les mesures de relance budgétaire organisées par les États constituent une autre soupape de sécurité. Entretemps un nouveau caillou s’est cependant glissé dans la chaussure de l’Union européenne : la confiance des consommateurs a fortement baissé en mars.
Pour autant, les institutions européennes ne restent pas sans rien faire. La Commission européenne a, en effet, présenté des plans ambitieux visant à réduire les importations de gaz russe de deux tiers avant la fin de l’année. Pour réussir ce tour de force, elle compte renforcer le mix énergétique et accélérer ses investissements dans les centrales éoliennes et solaires. Les dirigeants européens discutent actuellement du lancement d’un fonds pour l’énergie et la défense. Des projets qui pourraient être financés par une nouvelle émission obligataire. Certains pays, comme l’Allemagne, la France et l’Italie, approuvent également des mesures visant à absorber une partie des factures énergétiques plus élevées des ménages.
Malgré tout, les Européens vont devoir se confronter à la réalité. À court terme il sera très difficile de se passer de la Russie. Les échanges qui se sont tenus lors du dernier sommet européen en sont la parfaite illustration. À Versailles, les dirigeants européens ont reconnu qu’il existait, à ce jour, peu d’alternatives au gaz russe et que la réduction de la dépendance européenne demandera du temps.
Une faible dépendance du Royaume-Uni à la Russie
Le Royaume-Uni est, quant à lui, moins dépendant vis-à-vis de la Russie, mais demeure un important consommateur de gaz et de pétrole. Le pays est donc exposé aux risques liés à la hausse persistante des prix de l’énergie. Une aide budgétaire d’environ 0,4 % du PIB a été annoncée, pour la période 2022/2023, qui apportera un certain soutien aux revenus des ménages.
États-Unis : le risque d’une crise budgétaire s’éloigne
Aux États-Unis, la confiance des consommateurs s’est également détériorée au cours du dernier trimestre. Le marché du travail américain a heureusement prouvé sa robustesse. Le rapport sur l’emploi de février est bien meilleur que prévu. Le Congrès a adopté un projet de loi de dépenses pour financer le gouvernement fédéral jusqu’en septembre. Cette annonce, combinée à l’augmentation du plafond de la dette de 2,5 billions de dollars en décembre dernier, élimine le risque imminent d’une crise budgétaire.
La Chine toujours touchée par le covid
Lancée dans une politique visant à réduire les inégalités répondant au nom de « prospérité commune », la Chine doit faire face à une baisse du rythme de sa croissance. L’Empire du Milieu vient même d’annoncer un objectif de seulement 5,5 %, le plus faible depuis 30 ans. Pour enrayer cette mauvaise dynamique, les autorités du pays ont cependant officialisé la mise en œuvre de mesures de relance économique, lors de l’Assemblée populaire nationale.
Sur les marchés actions chinois, le premier trimestre 2022 a été particulièrement difficile. Surtout que le pays dirigé par Xi Jinping continue d’appliquer une politique « Zéro Covid ». De nombreux quartiers de grandes villes comme Shenzhen et Shanghai ont ainsi été bouclés. Les fermetures d’usines de fabrication alimentent également les contraintes d’approvisionnement mondiales dans certains secteurs.
De l’autre côté de la Mer de Chine, au Japon, le gouvernement de Fumio Kishida a introduit des subventions ciblées qui devraient aider à soutenir la consommation des ménages face au choc des prix de l’énergie. Hélas, comme en Chine, le secteur manufacturier continue de faire face à des contraintes d’approvisionnement en raison des fermetures d’usines provoquées par des pénuries persistantes de semi-conducteurs, en particulier dans certains domaines comme l’automobile.
La Russie paye le comportement de Vladimir Poutine
Des sanctions économiques et financières sévères ont été imposées à la Russie par les pays développés, notamment le retrait de certaines banques russes de SWIFT et l’imposition de restrictions sur les réserves internationales de la Banque centrale de Russie. En réponse, celle-ci a adopté des mesures extraordinaires, portant le taux directeur à 20 % et imposant des contrôles de capitaux pour limiter les sorties. Malgré cela, le rouble s’est effondré et la bourse a été fermée pendant deux semaines.
Ces mesures sévères infligeront des dommages importants à l’économie russe, qui devrait entrer dans une profonde récession. Les exportations de pétrole et de gaz naturel vont toutefois se poursuivre. En raison de sa forte dépendance au gaz russe, l’Europe a évité de mettre en place des sanctions susceptibles de mettre en péril les importations d’énergie et les paiements associés. Cependant, l’administration Biden, en raison de la faible dépendance des États-Unis vis-à-vis de l’approvisionnement russe, a pu interdire les importations de pétrole en provenance de Russie.
Conclusion
L’issue de la guerre en Ukraine reste très incertaine. Une escalade des tensions pourrait continuer à exercer une pression à la hausse sur les prix de l’énergie et des matières premières, exacerbant l’inflation et les contraintes de la chaîne d’approvisionnement qui sont déjà apparues après la pandémie.
La crise énergétique provoquée par cette guerre poussera de nombreux gouvernements à accélérer leurs plans pour réduire leur dépendance aux matières premières russes, créant une croissance significative chez les acteurs de la transition énergétique.
Les convictions de Scala Patrimoine
Une stratégie toujours très prudente
Les crises géopolitiques ont souvent eu un impact brutal, mais relativement court sur les marchés et il est important d’éviter de vendre ses positions sous l’effet de la panique. Une approche constructive consiste à rester diversifié et à identifier des thèmes d’investissement crédibles à long terme, en évitant les comportements dictés par la peur. La croissance asiatique et les thèmes d’investissement ESG sont selon nous toujours intacts. Ils pourraient, en effet, offrir de plus grandes opportunités après la récente baisse des marchés.
Nous privilégions donc les thématiques de longs termes, les fonds de performance absolue et les fonds flexibles dans notre allocation.
La volatilité que nous anticipions depuis le début de l’année s’est encore accentuée. À cause de la crainte de l’inflation et de la hausse des taux, nous pensons que les produits de taux protégeront moins les portefeuilles. La guerre en Ukraine est venue encore renforcer ces inquiétudes, et les marchés ont encore fortement dévissé malgré une reprise ces derniers jours.
Dans ce contexte, nous conservons une stratégie d’investissement très prudente sur les marchés actions. Notre priorité étant de protéger votre capital. C’est pourquoi l’allocation de notre fonds Monacia reste, en partie, protégée. Nous avons repris de l’exposition aux marchés actions en début de mois afin de prendre position sur un point bas de marchés. Notre portefeuille est actuellement exposé aux marchés actions à hauteur de 30%.
Prêt à saisir les opportunités
Enfin, nous conservons une allocation aux investissements alternatifs pour 30% du portefeuille. Des positions qui nous ont permis de générer un peu de performance dans ce contexte incertain. Pour accroitre la résilience de nos portefeuilles, nous nous sommes aussi positionnés sur des fonds Long/Short neutres aux marchés. D’autres investissements ont été réalisés sur des fonds de stratégies décorrélées des marchés et sur l’inflation.
Nous pensons continuer à prendre des expositions sur les marchés afin de profiter des points d’entrée. Après la forte baisse, il sera nécessaire de sélectionner avec soins les régions et secteurs en capacité de rebondir. Nous avions anticipé un premier trimestre difficile, mais nous croyons toujours en un rattrapage au second. Afin de limiter les risques, nous augmenterons au fur et à mesure les expositions. Nous restons également attentifs aux opportunités d’investissement qui se présenteront.
Notre exposition sur notre fonds patrimonial sera ajustée au cours des prochains mois afin de maintenir notre approche de gestion du risque.
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