Le rendez-vous des marchés financiers – Juin 2023

Marchés financiers & économie : les points clés

  • Les marchés actions poursuivent leur ascension ;
  • Républicains et démocrates ont trouvé un accord pour suspendre le plafond de la dette américaine ;
  • La FED marque une pause dans sa politique de hausse des taux d’intérêt ;
  • Aux États-Unis comme en Europe, l’inflation ralentit ;
  • En Chine, le chemin vers une croissance forte est parsemé d’embuches.

Marchés financiers : quelles performances ?

Les risques géopolitiques toujours présents

Le 24 février 2022, la Russie envahissait l’Ukraine. 18 mois plus tard, la situation s’enlise, sans qu’une issue pacifique ne puisse être trouvée. Le sud de l’Ukraine est aujourd’hui le théâtre des opérations militaires les plus violentes. Fin Juin, un événement aurait d’ailleurs pu donner à cette guerre un tout autre visage. Le groupe paramilitaire russe Wagner qui travaillait alors pour l’armée de Vladimir Poutine a accusé les généraux russes d’avoir réalisé des frappes ayant fait de nombreuses victimes au sein de leur groupe. Les combattants de Wagner ont alors fait volte face et même parcouru plusieurs centaines de kilomètres en direction de Moscou. Si cette mutinerie a pris fin avec un accord prévoyant le départ en Biélorussie du leader du groupe Evguéni Prigojine, cet épisode en dit long sur les difficultés actuellement rencontrées par la Russie.

Les investisseurs délaissent les marchés chinois

Marchés financiers : faut-il voir le verre à moitié plein ou à moitié vide ? Pour l’instant, la vision la plus optimiste semble l’emporter, les investisseurs préférant se concentrer sur la baisse de l’inflation et la suspension du plafond de la dette américaine, plutôt que sur le ralentissement économique mondial.

Preuve en est, les principaux indices boursiers atteignent, pour la plupart, de nouveaux points hauts de l’année. Le S&P 500 s’adjuge près de 15 % depuis le 1er janvier, tandis que le Nasdaq, l’Euro Stoxx 50 et le CAC 40 grimpent respectivement de 32 %, 11 % et 9 %. La bourse japonaise retrouve elle aussi des couleurs. Le Nikkei 225 monte ainsi de 27 % sur la même période.

En fait, la déception (en relative) vient de la Chine. Malgré la réouverte de son économie, le pays est « boursièrement » à la traine. L’indice Shanghai Stock Exchange ne gagne que 4,3 %.

Les performances des marchés financiers
Performances des indices boursiers depuis le 1er janvier

Marchés actions : les dividendes en hausse

Autre bonne nouvelle pour les investisseurs, le montant des dividendes versés dans le monde au premier trimestre a progressé de 12 % sur un an pour atteindre un nouveau record.  Selon le rapport du gestionnaire d’actifs Janus Henderson, les versements aux actionnaires se sont ainsi élevés à 326,7 milliards de dollars entre janvier et mars. Des résultats très élevés qui s’inscrivent dans la continuité de 2022 (1 560 milliards de dollars de dividendes sur un an).

Au cours des trois premiers mois de l’année, le groupe automobile allemand Volkswagen s’est montré particulièrement généreux avec ses actionnaires en versant « un dividende extraordinaire de 6,3 milliards de dollars grâce au produit de l’introduction en Bourse de Porsche ». Encore plus fort, le groupe danois du transport maritime Moller Maersk a distribué 11,7 milliards de dollars. En France, ce sont les groupes de luxe Hermès et Kering qui trustent les premières places, avec près de 2,8 Md€ distribués à eux deux.

Sur le marché des taux, les interrogations subsistent, notamment concernant les politiques monétaires des banques centrales. L’emprunt à 10 ans américain remonte ainsi à 3,80 %. En France, l’OAT 10 ans se stabilise autour de 3 %.

États-Unis : un atterrissage économique en douceur

Dette américaine : pour quelques milliards de dollars de plus

Comme chaque année, le serpent de mer de la dette américaine a refait surface ! Le pays de l’Oncle Sam est, en effet, l’une des rares contrées du monde à avoir instauré un plafond sur sa dette. Un système qui a ses vertus, mais qui oblige, en pratique, les politiques américains à relever régulièrement la limite applicable, à défaut d’appliquer des coupes sombres dans les dépenses budgétaires.

Depuis 1960, le Congrès a dû ainsi augmenter son plafond 78 fois pour éviter le risque de défaut. Ces relèvements donnent d’ailleurs souvent lieu à de jolies passes d’armes politiques. Cette année les échanges ont – de nouveau – été âpres. Joe Biden, le président démocrate, et Kevin McCarthy, le président républicain de la Chambre des représentants ne parvenant qu’in extremis à un accord pour suspendre le plafond de la dette américaine jusqu’en janvier 2025.

Un ralentissement de l’économie US

Les vagues de hausse des taux d’intérêt de la FED portent leurs fruits : l’économie américaine ralentit.

L’activité manufacturière s’est contractée en mai pour le septième mois d’affilée. L’indice mensuel de l’Institute for Supply Management (ISM) sur les nouvelles commandes, est ressorti en baisse à 46,9 contre 47,1 le mois précédent. Les statistiques portant sur les ventes de détail sont aussi touchées. En avril, ils n’ont progressé que de 0,4 %, contre 0,8 % attendus.

Si le marché du travail continue, quant à lui, de très bien se comporter, les analystes ont surtout le regard tourné vers le marché immobilier, notamment commercial, et les entreprises. Cette inquiétude vient notamment du fait que les banques durcissent copieusement les conditions d’accès au crédit. Point positif, le recul des prix immobiliers a permis à de nombreux ménages américains d’acquérir leur maison. En avril, 683 000 maisons neuves ont été vendues, en rythme annualisé. Cela représente une hausse de 4,1% par rapport au mois de mars.

Dans cet environnement mouvant, le Fonds monétaire international (FMI) se projette désormais sur une croissance de 1,7 % pour les États-Unis, contre 1,6 % anticipés en avril. L’institution internationale soulignant que « l’économie américaine s’était jusqu’ici montrée résiliente malgré les resserrements significatifs des politiques monétaires et budgétaires réalisés en 2022 ».

FED : une pause bienvenue

Les dernières données concernant l’inflation américaine sont plutôt positives.

D’après le Département du Travail, l’indice des prix à la consommation américains a augmenté de 4 % en mai par rapport au même mois de 2022, contre 4,9 % en avril. L’inflation a donc augmenté de seulement 0,1% en mai en glissement mensuel, contre 0,4% en avril.

Une tendance qui a amené La Réserve Fédérale américaine à mettre sa politique monétaire restrictive en pause. L’institution dirigée par Jerome Powell ayant maintenu son principal taux directeur à 5,25 % lors de la réunion de juin, après dix hausses consécutives depuis mars 2022. Il est cependant encore trop tôt pour affirmer que sa politique de resserrement monétaire s’arrêtera là. Les analystes anticipent même une nouvelle hausse des taux avant la fin de l’été.

Les pays européens flirtent dangereusement avec la récession

L’Allemagne entre en récession

L’économie de la zone euro a baissé de 0,1% au premier trimestre par rapport aux trois mois précédents, selon Eurostat. L’exécutif européen mise désormais sur une augmentation du produit intérieur brut de 1 % cette année et de 1,6% en 2024.

Mais à regarder de plus près, on s’aperçoit que les pays réagissent différemment au « choc inflationniste ». L’Allemagne, moteur de l’économie européenne, est techniquement entrée en récession, le PIB se contractant pour le deuxième trimestre consécutif (-1,3% après -2,1%).

L’économie française résiste, quant à elle, un peu mieux. Au premier trimestre, la croissance atteint  0,2 % selon les chiffres de l’Insee. En 2023, notre pays devrait d’ailleurs éviter la récession. L’institution statistique anticipant une croissance de 0,6 %.

Au cours des trois premiers mois de l’année, l’Italie et l’Espagne montrent également une certaine résilience. Leur PIB augmentant tous deux de 0,5 %, par rapport au trimestre précédent.

Bruxelles se montre d’ailleurs confiant pour les mois à venir : « la baisse des prix de l’énergie, l’atténuation des contraintes d’approvisionnement et la vigueur du marché du travail pourraient favoriser une croissance modérée en zone euro ». Autre bonne nouvelle, la production industrielle qui avait diminué de 3,8 % en avril dans la zone euro en mars 2023 s’est bien reprise. Corrigée des variations saisonnières, elle a augmenté de 1,0 % en avril !

Pourtant, certains nuages s’amoncellent au-dessus de la zone euro.

L’indice Zew de confiance des investisseurs allemands sur les perspectives économiques est ressorti à – 8,5 en juin, alors qu’il était encore positif en mai (6,4). Les ventes au détail ont, quant à elles, baissé de 2,6 % en avril, en glissement annuel. Enfin, la production dans la construction abandonne 0,4 %.

L’inflation en chute libre

Toujours au chapitre macro-économique, la zone euro a enregistré un ralentissement plus fort qu’anticipé de la hausse des prix. Le taux d’inflation annuel s’est établi à 6,1 % en mai 2023, contre 7,0 % en avril. Un an auparavant, il était de 8,1 %. Les taux annuels les plus faibles ont été observés au Luxembourg (2,0%), en Belgique (2,7%), au Danemark et en Espagne (2,9% chacun).

En France, l’inflation a augmenté de 5,1 % sur un an, après 5,9 % en avril. En Allemagne, le taux d’inflation annuel est ressorti à 6,3 % en mai, après 7,6 % le mois précédent.

Malgré cette accalmie, la Banque centrale européenne (BCE) continue de faire preuve de fermeté sur le sujet. L’institution menée par Christine Lagarde ayant décidé de relever pour la huitième fois consécutive ses taux d’intérêt. Le principal taux directeur de la BCE passant ainsi de 3,25 % à 3,5 %. En moins d’un an, le taux de dépôt de référence est passé de -0,5% à 3,5 %, soit une hausse de 400 points de base.

Et de l’aveu d’Isabel Schnabel, une responsable de l’institution, la BCE va continuer à relever ses taux, « tant qu’il manquera des preuves convaincantes que l’inflation est en bonne voie pour revenir à l’objectif à moyen terme de 2% ». Sacré programme !

L’économie chinoise fait grise mine

La reprise a fait long feu

En 2023, la Chine devait être le fer de lance de l’économie mondiale. Toutes les planètes étaient alignées : le gouvernement avait desserré l’étau de sa politique sanitaire « zéro covid » tandis que la consommation des ménages allait battre des records.

Pourtant, le rebond de l’économie chinoise a fait pschitt.

Premier caillou dans les chaussures des dirigeants chinois : les exportations du pays ont reculé en mai de 7,5 %, alors les analystes prévoyaient une baisse de 0,4 % par rapport à l’année précédente.

L’économie doit aussi composer avec la faiblesse de la demande intérieure et un yuan chinois au plus bas. L’inflation dans le pays est d’ailleurs quasiment inexistante !

Son indice PMI manufacturier est également en baisse à 48,8 contre 49,2 le mois précédent. Il en est de même pour le PMI du secteur de la construction, qui dévisse de 65,6 à 63,9. Autre très mauvaise nouvelle, le taux de chômage des jeunes demeure édifiant : 20,4 % en avril.

Les difficultés du secteur de l’immobilier sont également à prendre en compte. Les ventes de logements neufs et les investissements dans l’immobilier résidentiel continuent de baisser.

Pour relancer l’économie du pays, la Banque populaire de Chine a baissé de 10 points de base ses taux de préférentiels de prêts à 1 et 5 ans, respectivement à 3,55 % et 4,2 %. Lors de la réunion d’avril du Bureau politique du Comité central du Parti communiste chinois, les dirigeants ont cependant reconnu que de nouvelles mesures de soutien à la demande étaient nécessaires. Affaire à suivre.

Chine Vs USA : une trêve bienvenue

Pour se donner le temps de relancer leur machine économique, les dirigeants chinois ont bien compris qu’il était nécessaire de calmer le jeu avec les États-Unis.

Xi Jinping a donc reçu le Secrétaire d’État américain Antony Blinken. « Les deux parties ont fait des progrès et sont parvenues à des terrains d’entente sur certains points spécifiques » s’est d’ailleurs félicité le président chinois. Ajoutant qu’il espérait « que par le biais de cette visite, le secrétaire d’État Blinken apportera un résultat positif à la stabilisation des relations entre la Chine et les États-Unis ».

Un « cessez-le feu » qui tombe d’ailleurs à pic pour les Américains. L’économie US étant encore très dépendante de Taiwan, et notamment de ses semiconducteurs. Cette trêve devrait ainsi leur donner du temps pour poursuivre leurs gigantesques investissements et ainsi relocaliser la production industrielle de composants électroniques.

Les convictions de Scala patrimoine sur les marchés financiers

Le processus de désinflation est en marche aux États-Unis. L’inflation est tombée à 4% aux mois de mai contre 9.1% en juillet 2022. Les politiques monétaires commencent à porter leurs fruits. Cependant, le Marché de l’emploi reste le principal facteur de risque. Les chiffres de l’emploi aux États-Unis ont encore surpris à la hausse le mois dernier. Le taux de chômage est au plus bas, même en Europe. Les économistes prévoient donc une hausse durable des salaires réels jusqu’en 2025, source inflationniste.  

Quel impact pour la politique monétaire à venir ?

– Soft lending : l’économie continue de ralentir progressivement concomitamment à l’inflation, les salaires réels permettent de soutenir la consommation, la récession dure est évitée, les banques centrales achèvent leur cycle de hausse de taux.

– Hard lending : les pressions inflationnistes perdurent et maintiennent l’inflation à des niveaux bien supérieurs à ceux anticipés, les banques centrales réagissent et continuent de monter les taux, l’activité est fortement impactée et la récession dure ne peut être évitée

Marchés actions : un appel à la prudence

La performance des indices actions sur ce premier semestre illustre un optimisme qui diverge avec les prévisions des économistes. L’ascension fulgurante de certaines valeurs tech ces dernières semaines, alimentée par les espoirs fondés autour du développement de l’Intelligence artificielle, à l’instar de Nvidia, peut suggérer une certaine complaisance. Les valeurs technologiques étant, par nature, négativement corrélées aux taux d’intérêt.

Nous recommandons donc aux investisseurs de se montrer très prudents sur les actions. Le second semestre sera sans doute plus compliqué que ne fut le premier. Les titres dont les valorisations sont raisonnables et présentant de solides perspectives de croissance des profits pourraient tirer leur épingle du jeu. 

Produits structurés : une option complémentaire aux marchés actions

Les instruments sur lesquels est adossée une garantie en capital, tels que les produits structurés à capital garanti, sont une alternative de choix aux marchés financiers, pour les investisseurs averses au risque. Ils offrent aujourd’hui des taux de rendement supérieurs aux fonds en euros, sur des échéances de court terme (- 5ans).

Marchés obligataires : l’Investment grade plutôt que le High Yield

Les marchés obligataires n’ont pas très bien performé depuis le début d’année, mais restent des outils de protection contre la récession. Nous conservons une préférence pour les obligations souveraines et d’entreprises investment grade. Les obligations High Yield, bien qu’offrant des rendements plus attrayants, sont davantage sous pression au regard d’une potentielle augmentation du taux de défaut. La maitrise de la duration des portefeuilles reste toujours de mise. Dès lors que nous aurons confirmation d’un ralentissement durable de l‘inflation sous-jacente et d’une dynamique claire de baisse des taux longs, il pourra être judicieux d’augmenter la duration des portefeuilles. 

Le secteur immobilier interroge

La crise dans laquelle l’immobilier de bureau pourrait être plongé entraînerait des répercussions sur l’ensemble du secteur. L’augmentation des taux est un risque majeur pour les prêts hypothécaires commerciaux qui devront être renégociés à court terme. Aux États-Unis, le contexte est d’autant plus à risque, que les principaux pourvoyeurs de fonds du marché immobilier commercial sont les banques régionales qui font face à des risques accrus de liquidités.  

Le private equity : l’investissement de long terme par excellence

L’investissement non coté reste un excellent outil de diversification et de décorrélation des marchés cotés. Historiquement, ces placements se sont montrés très résilients en période de crise. Deux segments sont particulièrement attrayants cette année. Le marché secondaire, qui offre des décotes entre 20 et 30%, et les fonds de dette, galvanisés par la hausse des taux d’intérêt. 

Si vous souhaitez échanger avec nos équipes sur la gestion de vos portefeuilles, n’hésitez pas à nous contacter. Le cabinet est à votre disposition pour répondre à l’ensemble de vos questions.