Guillaume Lucchini sur BFM Business : « L’assurance-vie luxembourgeoise séduit les Français en quête de stabilité »
Invité de l’émission Good Morning Business sur BFM Business, présentée par Laure Closier, Guillaume Lucchini, associé fondateur du multi family office Scala Patrimoine, est revenu sur l’essor spectaculaire de l’assurance-vie luxembourgeoise, dont les souscriptions ont bondi de 54 % depuis la dissolution de 2024.
Laure Closier. Pourquoi les Français montrent-ils un tel engouement pour l’assurance-vie luxembourgeoise depuis la dissolution de 2024 ?
Guillaume Lucchini. La principale raison tient à l’instabilité politique et fiscale qui règne en France. Depuis juin 2024, beaucoup de Français doutent de la direction que prendra la politique nationale dans les prochaines années. La dette publique, déjà à un niveau préoccupant, continue de croître, tandis que les pouvoirs publics peinent à endiguer le déficit budgétaire.
Certains propos tenus récemment par des responsables politiques ont également inquiété les épargnants, notamment l’idée, évoquée par quelques députés, de mobiliser l’épargne privée pour résoudre une équation financière jugée “intenable”. Cette perspective, bien que marginale, a marqué les esprits.
L’instabilité fiscale, elle, reste omniprésente : les débats houleux autour du budget 2026 en sont une illustration. De plus en plus de familles et d’entrepreneurs envisagent aujourd’hui de transférer une partie de leur patrimoine vers des juridictions plus stables, comme le Luxembourg ou la Suisse, reconnues pour leur sécurité politique et financière.
« Oui, il existe une forme d’exode financier »
Laure Closier. Peut-on parler d’un exode financier ?
Guillaume Lucchini. Oui, je le crois. Les flux de capitaux transférés à l’étranger sont significatifs. Les épargnants ont peur de mesures de rétorsion sur leur épargne, comme cela avait été envisagé lors du vote de la loi Sapin II.
La dette publique constitue une autre source majeure d’inquiétude, tout comme l’éventualité d’un changement de majorité politique susceptible de bouleverser le cadre fiscal.
Chez Scala Patrimoine, nous le constatons clairement : avec nos bureaux à Paris et Genève, nous voyons de plus en plus d’entrepreneurs s’interroger sur la protection de leur patrimoine.
Jusqu’à récemment, ce sujet demeurait tabou. Aujourd’hui, il s’exprime ouvertement, signe d’un “ras-le-bol fiscal” grandissant. Les discussions récentes sur une hausse des droits de succession ou un réaménagement du pacte Dutreil, pourtant essentiel à la préservation des entreprises familiales, nourrissent un sentiment d’injustice.
Beaucoup s’interrogent : la France veut-elle encore valoriser ses entrepreneurs ou cherche-t-elle à les faire payer pour combler les déséquilibres budgétaires ?
« L’assurance-vie luxembourgeoise reste soumise à la fiscalité française »
Laure Closier. Les détenteurs d’une assurance-vie luxembourgeoise bénéficient-ils d’un régime fiscal différent ?
Guillaume Lucchini. Non, bien sûr. Une assurance-vie luxembourgeoise reste soumise au droit fiscal français. Autrement dit, la fiscalité applicable est identique à celle d’un contrat détenu en France. La différence réside ailleurs : les capitaux sont déposés dans un État mieux noté sur le plan de la solvabilité, comme le Luxembourg, et bénéficient d’un environnement réglementaire plus protecteur. Cela permet aux épargnants de sécuriser leurs avoirs tout en conservant une transparence totale vis-à-vis de l’administration fiscale française.
Il ne s’agit donc pas d’une pratique “offshore”. Tout résident français peut ouvrir une assurance-vie au Luxembourg, à condition de la déclarer correctement. Ce type de placement ne concerne d’ailleurs pas uniquement les très grands patrimoines, contrairement à l’idée reçue. Même les investisseurs disposant d’un capital plus modeste y voient aujourd’hui une solution de stabilité et de diversification.
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