Le rendez-vous des marchés financiers – Novembre 2024
Marchés financiers & économie : les points clés
- Aux États-Unis, les marchés financiers ont salué avec enthousiasme la victoire de Donald Trump lors des élections présidentielles américaines.
- La Réserve fédérale (Fed) et la Banque centrale européenne (BCE) ont annoncé une nouvelle réduction de 0,25 point de leurs taux directeurs.
- La Chine a confirmé l’élaboration d’un nouveau plan de relance budgétaire, destiné à restaurer la confiance de sa population.
Quelles performances sur les marchés financiers ?
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Les marchés financiers dominés par l’actualité américaine
Les marchés financiers américains à la fête
Les records continuent de s’accumuler sur les marchés financiers. Les quatre principaux indices boursiers américains — le Dow Jones, le Nasdaq 100, le Nasdaq Composite et le S&P 500 — ont tous atteint des sommets inédits. Le S&P 500, en particulier, a signé son 47ᵉ record de l’année, tandis que le Dow Jones, franchissant pour la première fois la barre symbolique des 43 000 points, inscrit lui aussi une nouvelle page dans l’histoire boursière.
Ces performances spectaculaires sont, en partie, dues à la victoire de Donald Trump. Dès le lendemain de son annonce, les marchés ont enregistré une hausse sans précédent pour une journée suivant une élection présidentielle américaine. En effet, les investisseurs ont accueilli favorablement un programme résolument orienté vers la relance de l’activité économique. Parmi les principaux bénéficiaires de cette dynamique, les valeurs financières, pétrolières et technologiques se distinguent, encouragées par les promesses de déréglementation prônées par le nouveau président. Tesla, dirigé par Elon Musk, l’un des partisans les plus influents de Trump, a ainsi bouclé la séance avec une progression spectaculaire de 15 %. À l’inverse, les entreprises du secteur des énergies renouvelables ont été pénalisées par ces nouvelles orientations politiques, subissant des corrections notables.
Par ailleurs, Nvidia a récemment franchi un cap historique, atteignant une capitalisation boursière de 3 430 milliards de dollars. Ce faisant, elle devient la société la plus valorisée au monde, détrônant Apple et surpassant même la capitalisation totale de la Bourse de Paris (3 100 milliards de dollars), ainsi que la somme des Bourses de Francfort et de Milan réunies. Le géant des semi-conducteurs, fer de lance des avancées en intelligence artificielle, impose ainsi sa suprématie dans l’univers des technologies de pointe.
L’Europe en retrait
Loin de l’effervescence qui anime les marchés américains, les places européennes avancent prudemment, presque à tâtons. Les analystes ont revu à la hausse leurs prévisions de bénéfices pour l’indice EuroStoxx sur les douze mois à venir, les portant à 7,3 %. Ce chiffre reste cependant inférieur aux 14 % espérés pour l’indice S&P 500.
Depuis le 15 octobre, le CAC 40 perd du terrain (-3,5 %), suivi de près par l’EuroStoxx 50 (-3 %). Le DAX (- 1,6 %), demeure lui aussi négatif. Des performances qui demeurent très inférieures comparées à celles du S&P 500, qui affiche une progression de 2,3 % sur les trente derniers jours.
Cette dichotomie s’explique principalement par les inquiétudes suscitées par le retour en force du milliardaire républicain et son projet d’augmenter de manière significative les droits de douane sur une grande partie des produits importés d’Europe.
Outre-Manche, le FTSE recule de 1,5 % sur le mois. En Asie, l’Inde et la Chine ne sont pas épargnées par la morosité des marchés : le Nifty 50 et le Shanghai Composite accusent des baisses de 6 % et 1,5 % respectivement.
Pourtant, les actions chinoises demeurent attractives, avec des valorisations relativement faibles. Le MSCI China se négocie à un ratio cours/bénéfices de 10,2x, tandis que le CSI300 affiche un ratio de 12,7x.
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Les taux étatiques s’envolent
Le programme économique présenté par Donald Trump, qui prévoit de nombreuses baisses d’impôts, risque de coûter cher aux contribuables américains. Anticipant cette situation, les investisseurs prévoient une hausse substantielle du déficit budgétaire des États-Unis et, par conséquent, une explosion de la dette publique.
Logiquement, les taux d’intérêt à long terme américains connaissent une progression marquée. Le taux de référence, celui de l’emprunt d’État à 10 ans, s’élève désormais à 4,4 %. Parallèlement, le dollar enregistre une hausse de plus de 1,5 % face aux devises de ses principaux partenaires commerciaux. L’euro, en baisse de près de 2 %, a franchi la barre des 1,075 dollar.
En France, le taux de l’Obligation Assimilable du Trésor (OAT) à 10 ans a également connu une hausse de 10 points de base en moins d’un mois, atteignant actuellement 3,08 %. De son côté, le taux allemand grimpe dans les mêmes proportions, se fixant à 2,34 %.
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Une baisse à venir pour l’or ?
Le 30 octobre dernier, l’or atteignait un nouveau sommet, frôlant les 2 789 dollars l’once. Il s’agit là du quarantième record battu depuis le début de l’année. La demande pour ce métal précieux reste, il faut l’admettre, particulièrement soutenue. D’après le rapport trimestriel du World Gold Council, pour la première fois de son histoire, la demande mondiale en or a franchi la barre des 100 milliards de dollars. En l’espace d’une année, cette demande a augmenté de 5%, atteignant ainsi 1 313 tonnes.
Cependant, les achats d’or par les banques centrales ont ralenti au cours du troisième trimestre, se limitant à 186 tonnes. Depuis lors, le cours de l’once a connu un léger recul, redescendant à 2 566 dollars. Avec le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, les investisseurs nourrissent, à tort ou à raison, l’espoir d’une réduction des tensions géopolitiques, notamment la fin des conflits en Ukraine et au Moyen-Orient.
Simultanément, les crypto-actifs semblent également tirer parti de l’ascension de Trump. Porté par l’espoir d’une réglementation plus favorable, le bitcoin a franchi pour la première fois la barre des 70 000 euros, établissant un nouveau record historique à 85 661 euros.
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Le pétrole victime de l’électrification de l’économie mondiale ?
Le prix du Brent se négocie actuellement autour de 71 $ le baril. À moyen et long terme, et sauf en cas de bouleversement géopolitique majeur, il semble peu probable que le cours de l’or noir dépasse à nouveau les 100 $. Plusieurs éléments militent, en effet, en faveur de ce scénario.
Tout d’abord, l’exploitation des hydrocarbures de schiste a permis aux États-Unis d’atteindre une quasi-autonomie énergétique. En conséquence, la dépendance mondiale vis-à-vis du pétrole a diminué, ce qui exerce une pression à la baisse sur les prix. Par ailleurs, l’électrification progressive des économies mondiales n’encourage guère la consommation de pétrole. Cette tendance est confirmée par le directeur de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) : « Nous avons connu l’ère du charbon, l’ère du pétrole, et nous entrons désormais à grande vitesse dans l’ère de l’électricité. »
En outre, l’AIE prévoit que la demande mondiale de toutes les énergies fossiles (pétrole, gaz et charbon) atteindra au plus tard son pic « d’ici la fin de la décennie ». Parallèlement, les sources d’énergie à faible émission, telles que le nucléaire, le solaire et l’éolien, devraient produire plus de la moitié de l’électricité mondiale avant 2030. Cela souligne l’importance croissante des énergies renouvelables dans le mix énergétique global.
Enfin, même si l’Arabie Saoudite, l’un des plus grands producteurs de pétrole au monde, reste un acteur majeur sur le marché, elle doit maintenir une production élevée pour financer des projets ambitieux, tels que la ville futuriste de NEOM. Toutefois, cette stratégie pourrait se heurter à un contexte économique moins favorable, notamment en raison des prévisions de demande de pétrole révisées à la baisse. En effet, la croissance économique mondiale demeure modeste, notamment en Chine, un facteur qui pourrait limiter la demande de pétrole à l’échelle mondiale.
Économie américaine : un effet Trump ?
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Le « Red Sweep »
Les élections présidentielles américaines ont rendu leur verdict : Donald Trump a été élu 47e président des États-Unis. Kamala Harris, vice-présidente et candidate démocrate, héritière du mandat de Joe Biden, s’incline. Comme le souligne Brad Brezinski, directeur des relations avec les investisseurs internationaux chez Robeco : « Le candidat républicain a remporté la quasi-totalité des États clés et a fait des gains considérables dans des bastions traditionnels des démocrates, tels que le New Jersey et New York. »
« The Donald » devient ainsi le deuxième président américain à servir deux mandats non consécutifs, après le démocrate Grover Cleveland, à la fin du XIXe siècle. La domination des républicains est d’ailleurs totale. En effet, ceux-ci contrôleront désormais le Sénat, la Chambre des représentants et la présidence, accomplissant ainsi un véritable « Red Sweep ».
À court et moyen terme, Brad Brezinski estime que « la victoire de Trump devrait stimuler les bénéfices des entreprises, privilégier la production nationale grâce aux droits de douane promis, et favoriser des secteurs tels que l’énergie (partisan des émissions de carbone), la finance (dérégulation) et les matériaux. »
À plus long terme, l’impact des droits de douane et des prolongations envisagées des réductions fiscales de Trump pourrait engendrer une augmentation significative du déficit américain, ainsi que des répercussions sur l’inflation. Mais, comme le précise le gérant de Robeco, « Le marché attendra de voir ce qui n’était jusque-là que des promesses de campagne se transformer en actions concrètes, qui seront au cœur des préoccupations dès le début du mandat de Trump, en janvier 2025. »
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L’emploi déçoit
Les statistiques macroéconomiques publiées aux États-Unis présentent un tableau contrasté.
Commençons par les nouvelles positives. La confiance des consommateurs, tout d’abord, s’améliore sensiblement. Selon les données du Conference Board, l’indice de confiance des consommateurs a bondi à 108,7 en octobre, enregistrant une forte hausse par rapport aux 99,2 de septembre. Ce regain de confiance est le plus important depuis mars 2021. Les analystes prévoyaient une hausse plus modeste à 99,3.
Le PMI manufacturier, quant à lui, se redresse, même si de manière plus mesurée que prévu (de 47,3 à 47,8 contre 47,5 anticipé). Il reste néanmoins en territoire de contraction en octobre. À l’inverse, le PMI des services affiche une progression plus modeste, passant de 55,2 à 55,3, mais demeure toujours en zone d’expansion.
Bien que les ventes de maisons existantes aient déçu en septembre (-1 % en rythme mensuel), les ventes de maisons neuves surprennent positivement, enregistrant une hausse de 4,1 % en rythme mensuel.
Cependant, la plus grande source d’inquiétude réside désormais dans le marché de l’emploi. Selon l’enquête mensuelle du Bureau of Labor Statistics (BLS), le nombre d’offres d’emploi a chuté de manière significative, passant de 8 millions à moins de 7,5 millions.
Les créations d’emplois (NFP) se montrent également décevantes, s’élevant à seulement 12 000, un chiffre bien en-deçà des attentes, qui tablaient sur 106 000 nouveaux postes. Et comme souvent dans ces périodes d’incertitude, les mauvaises nouvelles volent en escadrille. Le département du Travail a en effet révisé à la baisse les chiffres précédemment publiés. Les 254 000 emplois créés en septembre ont été corrigés, et le chiffre pour le mois d’août, initialement de 159 000, a été abaissé à 78 000.
Le taux de chômage, toutefois, reste stable à 4,1 %.
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La Fed abaisse une nouvelle fois ses taux
Une nouvelle baisse de 25 points de base
La croissance du PIB en rythme annualisé atteint 2,8 % au troisième trimestre, contre 3 % au deuxième trimestre. Alors que l’inflation core-PCE – l’indice de prix des dépenses de consommation personnelle, excluant les prix de l’alimentation et de l’énergie – est de 2,7 % en rythme annualisé en septembre.
Sans surprise, la Réserve fédérale américaine (Fed) a donc, pour la deuxième fois consécutive, abaissé ses taux directeurs. Cette réduction de 25 points de base, moins agressive que celle de septembre (qui atteignait 50 points de base), place désormais les taux dans une fourchette de 4,50 à 4,75 %.
Pour justifier cette décision, le Comité fédéral de l’open market (FOMC), chargé de définir la politique monétaire, a précisé que « les risques pesant sur la réalisation de ses objectifs en matière d’emploi et d’inflation sont à peu près équilibrés ». Le comité a également dressé un rapide bilan du marché du travail : « les conditions se sont globalement améliorées, le taux de chômage a augmenté mais demeure faible, tandis que l’économie continue de croître à un rythme soutenu. »
Malgré cette bonne performance de l’économie américaine, le comité n’exclut pas une nouvelle baisse de 25 points de base en décembre, laissant ainsi la porte grande ouverte à un éventuel ajustement.
De l’eau dans le gaz entre Trump et Powell ?
Et pour 2025 ? La trajectoire paraît plus incertaine, d’autant que, sur le plan économique, l’arrivée au pouvoir de Donald Trump pourrait rebattre les cartes. Le nouveau président prévoit en effet une série de baisses d’impôts dans le but de stimuler la croissance.
Jerome Powell a toutefois tenu à rappeler que « les élections, à court terme, n’auront aucun effet sur nos décisions ». Il a précisé : « nous ignorons le calendrier et la nature exacte des réformes à venir, et donc les impacts potentiels sur l’économie. Nous ne devinons pas, nous ne spéculons pas, nous ne faisons pas de suppositions. »
Le président de la Fed a par ailleurs exclu de démissionner malgré la victoire de Donald Trump, qui lui avait adressé, il y a quelques mois, une salve de critiques, l’accusant notamment de mener une politique trop prudente. Selon la Fed, Donald Trump n’a légalement pas le pouvoir de le démettre de ses fonctions, ni de destituer aucun des membres du conseil des gouverneurs de la banque centrale.
Zone Euro : à la croisée des chemins
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Une confiance à restaurer
La zone euro a enregistré un rebond inattendu de sa croissance. Au cours du troisième trimestre, le produit intérieur brut (PIB) a augmenté de 0,4 % par rapport au trimestre précédent, contre une prévision de +0,2 %. Une performance encourageante, attribuée, selon Eurostat, « à la résilience de l’Allemagne, qui a échappé à la récession », comme l’a annoncé l’agence européenne.
Cependant, les services du Fonds monétaire international (FMI) ont révisé à la baisse leurs projections économiques pour la zone euro dans les années à venir. Selon leurs estimations, l’économie devrait croître de 0,8 % en 2024, avant d’atteindre 1,3 % en 2025 et 1,5 % en 2026.
Les économistes imputent ce ralentissement à la morosité persistante des acteurs économiques. En octobre, les indices de confiance ont de nouveau reculé, passant de 96,3 à 95,6. Cependant, la confiance des ménages s’améliore légèrement, en ligne avec les attentes, passant de -12,9 à -12,5.
Le PMI manufacturier d’octobre a quant à lui réservé une surprise agréable, s’établissant à 45,9 contre 45 précédemment. En revanche, celui des services n’a pas répondu aux attentes, enregistrant une légère baisse, de 51,4 à 51,2.
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Les pressions inflationnistes s’estompent
La bataille contre l’inflation est-elle en passe d’être remportée ? En septembre, les pressions inflationnistes se sont atténuées davantage que prévu, atteignant 1,7 % sur un an. Pour la première fois depuis plus de trois ans, l’inflation tombe ainsi sous le seuil symbolique des 2 %.
Lors de sa dernière intervention, Christine Lagarde s’est d’ailleurs montrée plus prolixe que d’ordinaire. Elle a notamment souligné que la BCE « était en train de tordre le cou à l’inflation », ajoutant que « le plan se déroulait comme prévu ». Avant de conclure : « Je souhaite que cet objectif de 2 % soit atteint de manière durable. En l’absence de choc majeur, cela devrait se réaliser au cours de l’année 2025. » Plus encore, la présidente de la BCE a exclu toute perspective de récession en Europe.
Fidèle à son pragmatisme, la Banque centrale européenne a donc saisi l’occasion pour abaisser une nouvelle fois ses taux directeurs de 0,25 point, les portant à 3,25 %. Il s’agit de la troisième baisse de l’année, une décision attendue au regard de la révision à la baisse des prévisions inflationnistes pour septembre et des récentes données économiques faibles.
Si la BCE se veut réaliste et annonce qu’elle prendra ses décisions en fonction des chiffres économiques à venir, il est possible de lire entre les lignes qu’une quatrième baisse de taux en décembre prochain est déjà presque actée.
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Rapport Draghi : un nouveau programme d’investissement sur la table ?
L’ancien président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, vient de publier le rapport commandé par la Commission européenne sur l’avenir de la compétitivité du continent. Ce document dresse un tableau sombre de la situation économique actuelle de l’Union européenne.
Draghi souligne l’écart grandissant entre les économies européenne et américaine, particulièrement en ce qui concerne le produit intérieur brut (PIB). Il rappelle que depuis l’an 2000, le revenu disponible réel par habitant a augmenté deux fois plus vite aux États-Unis qu’en Europe. Ainsi, la différence de PIB entre l’Union européenne et les États-Unis, qui était de 15 % en 2002, atteint désormais 30 % en 2023.
Les points clés de ce rapport mettent en lumière les défis colossaux auxquels l’Europe est confrontée :
- L’Union européenne a manqué le tournant de l’innovation numérique, se privant des gains de productivité qu’elle aurait pu en retirer.
- Une stratégie industrielle commune est désormais impérative pour combler ce retard, avec un accent particulier sur l’innovation.
- La politique commerciale allemande, trop dépendante des exportations, expose l’Europe aux risques des fluctuations extérieures sans réelle intégration économique à l’échelle européenne.
Pour y remédier, M. Draghi propose d’augmenter les investissements de l’Union à hauteur de 750 à 800 milliards d’euros par an afin de financer des réformes cruciales. Ce montant, représentant entre 4,4 % et 4,7 % du PIB européen, atteindrait un niveau d’investissement inédit depuis plus d’un demi-siècle.
Parmi les recommandations, Draghi plaide pour des investissements dans des infrastructures énergétiques communes, la coordination des dépenses en matière de défense, la sécurisation de l’approvisionnement en matières premières stratégiques, et la création de conditions propices à l’émergence d’une nouvelle génération de champions européens dans les technologies de pointe et les innovations écologiques.
La dette française sous surveillance
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La France dans l’œil du cyclone
Il y a quelques semaines, l’agence de notation Fitch a choisi de maintenir la note de la France à « AA- », tout en plaçant le pays sous perspective négative. En d’autres termes, si le nouveau gouvernement ne parvient pas à réduire significativement le déficit public dans les mois à venir, la note de la France risque fort d’être abaissée. La tâche s’annonce colossale : le déficit public devrait atteindre 6,1 % du PIB.
Les analystes de Fitch n’hésitent d’ailleurs pas à tirer la sonnette d’alarme. « Le dérapage budgétaire attendu cette année place la France dans une position défavorable, et nous anticipons désormais des déficits budgétaires plus conséquents, ce qui entraînera une augmentation marquée de la dette publique, jusqu’à 118,5 % du PIB d’ici 2028 », avertissent-ils.
L’agence se montre peu disposée à accorder un blanc-seing au nouveau gouvernement. « Nous ne nous attendons pas à ce que le gouvernement atteigne ses objectifs révisés de déficit à moyen terme, qui visent à ramener le déficit sous la barre des 3 % du PIB d’ici 2029 », a-t-elle précisé dans une note destinée aux investisseurs.
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Une dette qui explose
Plus récemment encore, Moody’s a émis des conclusions similaires. Bien que l’agence maintienne la note de la France à « Aa2 », elle a assombri sa perspective, la faisant passer de « stable » à « négative ». Selon Moody’s, cette décision reflète « le risque croissant que le gouvernement français ne parvienne pas à mettre en œuvre les mesures nécessaires pour contenir des déficits budgétaires potentiellement plus importants que prévu ».
Le résultat de ces sombres prévisions se traduit déjà par un alourdissement du coût de la dette. La charge de la dette, c’est-à-dire les seuls intérêts que la France doit verser, dépasse désormais les 50 milliards d’euros, devenant ainsi le deuxième poste de dépense de l’État, juste après l’Éducation nationale. Plus inquiétant encore, le service de la dette pourrait bientôt absorber l’intégralité des recettes de l’impôt sur le revenu. Chaque Français porte aujourd’hui, à titre individuel, une part de dette d’environ 47 000 euros.
Et à en juger par le budget 2025 présenté par le gouvernement, la situation ne semble pas près de s’améliorer.
La Chine joue son va-tout
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Le secteur immobilier sort de sa torpeur
Les récentes mesures du Politburo pour stimuler la consommation et encourager l’investissement commenceraient-elles à porter leurs fruits ? Les indices PMI officiels montrent une légère reprise : celui de l’industrie manufacturière s’établit à 50,1 (+0,3) et celui des services à 50,2 (+0,2). Par ailleurs, le secteur immobilier, longtemps embourbé, semble enfin reprendre son souffle. Les taux d’emprunt à un an et à cinq ans baissent de 25 points de base, atteignant respectivement 3,1 % et 3,6 %, au-delà des espérances.
Mieux encore, les ventes de logements neufs des 100 principaux promoteurs immobiliers chinois ont bondi de 73 % en octobre par rapport à septembre.
Au troisième trimestre, l’économie chinoise enregistre ainsi une croissance de 4,6 % en rythme annuel.
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Des défis structurels majeurs
Malgré cette accalmie relative, la Chine, sous la direction de Xi Jinping, doit faire face à de nombreux obstacles susceptibles de fragiliser son volontarisme économique. Outre l’autoritarisme du Parti communiste, le pays est confronté à des défis structurels majeurs, notamment le vieillissement de sa population et un endettement massif des entreprises comme des collectivités locales. La dette des gouvernements locaux, colossale, est estimée entre 7 000 et 11 000 milliards de dollars, soit environ deux fois celle du gouvernement central.
Les tensions commerciales avec les États-Unis et l’Europe ajoutent à cette pression. Un exemple frappant en est la décision récente de la Chine d’imposer des surtaxes sur les importations de cognac, en réponse à l’augmentation des taxes européennes sur les véhicules électriques chinois. Ce bras de fer commercial illustre bien l’escalade des tensions internationales.
Sans filet de protection sociale et face à un taux de chômage élevé parmi les jeunes, les ménages chinois demeurent prudents. La menace de la déflation se fait d’ailleurs de plus en plus sentir. Les chiffres de septembre confirment cette tendance, avec un indice des prix à la consommation (CPI) à seulement 0,4 % et un indice des prix à la production (PPI) en recul de 2,8 %.
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Un nouveau plan de relance ?
Les dirigeants chinois sont pleinement conscients que les mesures annoncées à la rentrée s’avèrent insuffisantes pour atteindre l’objectif ambitieux de 5 % de croissance en 2025. C’est pourquoi le Parti communiste a dévoilé un plan de relance supplémentaire.
Ce « bazooka » budgétaire devrait osciller entre 6 000 milliards de yuans (778 milliards d’euros) et 10 000 milliards de yuans (1 300 milliards d’euros).
Les mesures envisagées, qui entreront en vigueur dans les mois à venir, auront pour vocation de soutenir non seulement les gouvernements locaux, mais également les grandes banques d’État, le marché immobilier et les groupes clés de la population. On évoque, par exemple, la possibilité pour l’État de permettre aux gouvernements locaux d’acheter les stocks de logements invendus, rééquilibrant ainsi l’offre et la demande, tout en récupérant les terrains laissés à l’abandon par les promoteurs. Ce dispositif permettrait notamment aux familles chinoises ayant acheté des appartements sur plan de recevoir enfin leurs clés.
À travers ce paquet de mesures, Xi Jinping aspire à restaurer la confiance des citoyens et à stimuler à nouveau la consommation des ménages chinois.
Les convictions de Scala Patrimoine
Les marchés financiers avancent à tâtons. Les marchés actions américains performent, tandis que les marchés européens subissent le contre coup de l’élection de Donald Trump et de son programme très protectionniste.
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Les marchés actions
En octobre, les marchés actions ont connu des performances contrastées. Les actions des marchés développés ont enregistré une baisse de 2 %, principalement en raison des préoccupations liées à la croissance économique et aux incertitudes politiques aux États-Unis.
Des performances contrastées
Malgré un ton plus restrictif de la Banque du Japon, les actions japonaises ont affiché une performance positive, soutenues par une consommation intérieure robuste et des bénéfices d’entreprises supérieurs aux attentes. Du coté des marchés émergents, les actions ont reculé de 4,3 %, influencées par la vigueur du dollar américain, des prises de bénéfices en Inde et des inquiétudes concernant l’efficacité des mesures de soutien en Chine. Les actions chinoises ont particulièrement souffert, les investisseurs restant sceptiques quant à la capacité des autorités à stimuler durablement l’économie.
En Europe, les marchés actions ont également été affectés par des données économiques décevantes et des tensions géopolitiques, notamment en Italie, où des coupes budgétaires et des taxes ciblées ont été annoncées pour réduire la dette publique. Aux États-Unis, malgré une croissance économique plus lente, la Bourse américaine a poursuivi son ascension, avec une augmentation de 22 % du S&P 500 au 31 octobre depuis le début de l’année 2024, alimentée par l’appétit pour les technologies et les politiques accommodantes de la Banque centrale américaine.
Trump Trade
Depuis l’élection de Donald Trump à la présidence américaine, nous avons observé un fort enthousiasme spéculatif sur les marchés, notamment pour les petites valeurs américaines comme celles du Russell 2000 (+7,7%) et les cryptomonnaies telles que le bitcoin (+28%). Cette dynamique, qualifiée de “Trump Trade”, se traduit par un regain d’intérêt pour les actifs à risque, alimenté par les anticipations de baisses d’impôts et de déréglementation favorables aux entreprises, malgré les risques d’une éventuelle surchauffe des actifs et de tensions géopolitiques accrues, notamment en Asie.
Une certaine prudence
Nous adoptons une position de neutralité vis-à-vis des marchés actions. Le scénario privilégié reste celui d’un atterrissage en douceur, accompagné des baisses de taux prévues, ce qui soutient les actifs risqués.
Néanmoins, nous conservons une approche prudente, car l’environnement demeure fortement volatil et vulnérable aux incertitudes internationales, notamment sur les retombées de la réélection de D. Trump à la présidence américaine, tant sur l’économie nationale que sur les politiques commerciales ou encore la situation géopolitique. Cette prudence a été renforcée à la suite du fort rebond des marchés actions américains au lendemain de l’élection de D. Trump.
Nous continuons de privilégier les marchés actions américains par rapport aux actions européennes. Cette préférence s’explique par la vigueur de l’élan économique aux États-Unis, la divergence des politiques budgétaires avec l’Europe et les solides perspectives de croissance des bénéfices.
La politique budgétaire expansionniste attendue pour le nouveau mandat de D. Trump renforce cette perspective. La diversification sectorielle reste primordiale, surtout dans un contexte de déconcentration des performances. Récemment, une rotation sectorielle a profité aux secteurs offrant des valorisations plus attractives. Les prévisions de croissance bénéficiaire pour les valeurs du S&P 493 (excluant les sept grandes valeurs technologiques) sont en hausse, réduisant l’écart avec les estimations pour les grandes entreprises technologiques américaines, qui conservent des perspectives de croissance solides. Nous restons donc positifs sur ces valeurs, considérant les corrections de marché comme des opportunités d’achat.
L’Asie pour diversifier son portefeuille
Bien qu’un contexte de baisse des taux soit favorable aux petites capitalisations, nous déconseillons une surpondération sur celles-ci, en dépit de valorisations intéressantes, car elles peinent à établir une performance durable face aux grandes entreprises qui concentrent la liquidité. Enfin, une exposition au Japon ou aux marchés émergents, avec couverture du risque de change, peut offrir une diversification bénéfique. Cependant, nous recommandons de limiter l’exposition à la Chine et d’attendre des mesures plus conséquentes pour un impact durable sur la demande. Notre opinion reste favorable à l’égard de l’Inde, d’autant plus après la correction du mois dernier.
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Les marchés obligataires
Le mois dernier, la résilience de l’économie américaine et les incertitudes politiques ont freiné la baisse attendue des taux directeurs de la Fed, entraînant une baisse de 3,4 % de l’indice global des obligations. Les obligations souveraines européennes ont aussi reculé, malgré un nouvel assouplissement de la BCE.
Préférence pour le crédit de qualité
Nous maintenons une perspective favorable sur les obligations, malgré la volatilité récente, dans un contexte où la tendance baissière des taux directeurs semble devoir perdurer au cours des mois à venir. Cette volatilité a été en partie alimentée par l’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis, un événement accueilli positivement par les marchés mais qui pourrait également entraîner une poussée inflationniste, ralentissant ainsi la baisse des taux de la Fed.
Nous adoptons une position positive sur les obligations en nous orientant vers des crédits de qualité « investment grade » à maturité moyenne, permettant de bénéficier de rendements attractifs par rapport à la dernière décennie. En termes de valorisation, ces obligations apparaissent globalement toujours plus intéressantes que celles à haut rendement, grâce à une compression marquée des spreads, améliorant ainsi la qualité de crédit du portefeuille.
Intérêt pour les subordonnées financières
Les obligations subordonnées financières émises par les grandes banques systémiques européennes offrent également une diversification intéressante dans le segment obligataire. La subordination de cette dette, bien qu’elle implique un risque plus élevé que la dette senior, est compensée par des rendements supérieurs, soutenus par le renforcement des bilans bancaires au cours des dix dernières années et par des régulations plus strictes. Il reste toutefois prudent de privilégier les titres ayant une position moins risquée dans la hiérarchie de subordination.
Le segment des obligations à haut rendement (« High Yield ») reste un outil pertinent pour diversifier une allocation obligataire. Le taux de défaut y est historiquement bas, et le marché américain, plus large et diversifié que le marché européen, propose une prime de risque significative. Cependant, le coût de la couverture du risque de change doit être pris en compte. Nous conseillons de se concentrer sur des obligations notées BB et B, à des échéances courtes voire très courtes, afin de minimiser le risque de refinancement (qui reste faible) et de réduire la sensibilité aux variations de taux.
Les obligations des marchés émergents en devise forte représentent également une option intéressante pour renforcer le rendement du portefeuille, ce type d’actif ayant historiquement bien performé lors des cycles de baisse des taux par la Fed.
Enfin, la repentification de la courbe des taux, après plusieurs années d’inversion, redonne de l’attrait aux positions en duration (partie longue de la courbe). Nous privilégions toutefois les obligations d’entreprises de qualité, qui offrent des rendements plus élevés sur des maturités courtes, permettant ainsi de limiter l’exposition à la volatilité des taux.
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Les marchés financiers alternatifs
Initialement, nous avons adopté une approche prudente envers les stratégies alternatives cette année, préférant être exposés aux actions et aux obligations. Toutefois, face aux valorisations élevées de certains marchés actions qui ne cessent de progresser et aux disparités au sein de cette classe d’actifs, nous maintenons une vision positive sur des stratégies long/short en actions comme pertinentes. Ces stratégies permettent non seulement de se protéger contre des baisses potentielles, mais aussi de viser une performance supérieure dans des environnements de marché plus complexes.
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Les produits structurés
Les produits structurés demeurent une composante clé de notre stratégie, offrant une réponse flexible aux objectifs de rendement des investisseurs tout en permettant une gestion contrôlée du risque. Malgré la baisse des taux, les rendements de ces produits restent compétitifs. Dans ce cadre, nous mettons l’accent sur une sélection minutieuse et une diversification appropriée des structures et actifs sous-jacents. Ces produits présentent de nombreuses opportunités, mais il est essentiel de comprendre en profondeur leurs mécanismes pour éviter toute déconvenue.
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Les actifs non cotés (capital-investissement
Des perspectives intéressantes sur le private equity ?
L’attrait des investisseurs institutionnels pour les actifs non cotés continue de croître, renforcé par la tendance de baisse progressive des taux en 2024, ce qui oriente également des flux significatifs vers les fonds accessibles au grand public. En adoptant une approche prudente à court terme, nous maintenons une perspective positive sur le private equity, en privilégiant les stratégies secondaires pour leurs opportunités de valorisation. Par ailleurs, nous conservons une attention particulière aux fonds de co-investissement, afin de maximiser les rendements tout en maîtrisant les frais.
Les stratégies de dette privée prennent également de l’ampleur dans ce contexte, offrant des solutions de financement attrayantes. Nous restons engagés dans les stratégies de growth buyout, qui accompagnent les entreprises en phase de croissance, et dans la dette mezzanine, qui propose un financement flexible et bien adapté à un contexte de financement favorable. Ces approches enrichissent notre portefeuille en capturant des opportunités dans un marché en évolution. Enfin, le capital-risque connaît un regain d’intérêt, offrant des perspectives attractives pour financer des startups innovantes, en particulier dans la technologie et la transition énergétique.
L’allocation conseillée
Nous privilégions une stratégie diversifiée pour les investissements non cotés, inscrite dans une perspective de long terme et évitant les ajustements brusques. Pour optimiser un portefeuille dans ce contexte, nous recommandons une approche équilibrée, avec une allocation vers les stratégies secondaires pour la stabilité, une exposition au capital-risque pour les opportunités de rendement élevé, et des investissements dans le LBO pour tirer parti de l’effet de levier. Le growth equity permet de capturer la croissance d’entreprises établies, tandis que la dette mezzanine, grâce à ses taux attractifs, enrichit la diversification et maximise le potentiel de rendement.
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