Aurélien Florin
Capital investissement : une nouvelle dynamique ?
L’association France Invest a récemment dévoilé son baromètre annuel sur l’activité du capital investissement en France, en collaboration avec le cabinet d’audit Grant Thornton. Malgré un climat économique et politique incertain, le secteur du capital investissement amorce un redressement. La concrétisation des ventes par les fonds d’investissement se fait cependant attendre, laissant présager un marché encore partiellement figé.
Une hausse des levées de fonds
Les derniers mois ont été éprouvants pour les investisseurs. En France, la dissolution de l'Assemblée nationale a jeté un froid sur la confiance des acteurs économiques. Parallèlement, les nombreuses tensions géopolitiques et les menaces pesant sur le commerce international — notamment en raison de la politique de Donald Trump et de la hausse drastique des droits de douane — fragilisent l'activité économique mondiale.
Dans ce contexte incertain, le rebond des fonds de capital investissement en France constitue une nouvelle encourageante.
Si l'on exclut les fonds d'infrastructures, l'ensemble des sociétés de gestion opérant en France ont levé près de 25,2 milliards d'euros de capitaux en 2024, enregistrant une hausse de près de 1,5 milliard d'euros par rapport à l'année précédente (23,8 milliards d'euros en 2023).

Un second semestre 2024 plus favorable
Bertrand Rambaud, Président de France Invest, estime que ce rebond est un signal positif pour l’économie française : « On a une des incertitudes en France et à l’international, mais malgré cela notre industrie continue d’attirer les capitaux et investisseurs en priorité dans l’économie française. Et nous le savons bien c’est important pour le financement des grandes transitions économiques et stratégiques notamment pour la souveraineté du pays, et notamment le secteur de la défense »
Cette dynamique s'explique en grande partie par la progression significative des levées de fonds de taille intermédiaire, comprises entre 100 millions et 1 milliard d'euros. Ces dernières affichent une croissance de 36 % en volume et de 40 % en nombre sur un an.
Comme les années précédentes (exception faite de 2022), le second semestre 2024 s'est avéré plus dynamique que le premier, avec 15 milliards d'euros levés contre 10,2 milliards d'euros au premier semestre.
Enfin, les deals primaires - qui témoignent de la santé du secteur du capital investissement - représentent 34 % des investissements, tandis que les opérations secondaires demeurent largement majoritaires, avec une part de 66 %.
Un soutien à la transition énergétique
Les montants investis poursuivent leur progression en 2024, atteignant 26 milliards d'euros contre 22,4 milliards en 2023. Parallèlement, le nombre d'entreprises accompagnées suit cette tendance haussière, passant de 2 581 en 2023 à 2 692 en 2024.
Toutefois, plutôt que de se tourner vers de nouvelles opportunités, les gérants de fonds ont privilégié le soutien aux entreprises déjà présentes dans leur portefeuille. Ainsi, avec deux tiers des investissements consacrés au réinvestissement, l'année 2024 se distingue par un renforcement de l'accompagnement des entreprises dans leur croissance, notamment externe, et par une augmentation des opérations secondaires.

Parmi les différents secteurs d'activité, l'industrie demeure le premier domaine d'investissement, représentant 26 % des montants alloués et 24 % des opérations réalisées. Le secteur du numérique s'impose en seconde position avec 21 % des investissements, suivi par les biens et services de consommation (18 %) et le secteur médical et pharmaceutique (16 %).
En parallèle, les investissements des fonds d’infrastructures connaissent une légère progression, totalisant 10,9 milliards d'euros investis dans 189 projets. Les énergies renouvelables confirment leur prédominance, avec 4,3 milliards d'euros injectés dans 120 projets, illustrant la place grandissante des investissements verts dans les portefeuilles des investisseurs.
Une dynamique qui ne surprend pas Adrien Tourbet, responsable des investissements non cotés chez Scala Patrimoine : « cette évolution traduit une véritable lame de fond. Elle illustre la volonté des investisseurs d’orienter leurs capitaux vers des projets plus durables et de contribuer activement à la transition énergétique, un enjeu désormais majeur tant pour les États que pour les entreprises privées. »
Capital innovation : un rebond durable ?
Les différents segments du private equity présentent des dynamiques bien différentes.
Le « growth » est soutenu par quelques levées de fonds atypiques, mais ne parvient pas à dissimuler un ralentissement général de l'activité.
Le capital transmission affiche, de son côté, une progression significative, avec une hausse de 20 % en montants et de 17 % en nombre d'opérations. En revanche, le capital développement subit, lui aussi, un ralentissement, principalement en raison de la diminution des transactions primaires.
Enfin, les levées de fonds de capital innovation rebondissent par rapport à 2023, et ce, malgré une contraction du nombre de fonds actifs. Ainsi, 2,847 milliards d'euros ont été levés , contre moins de 2,5 milliards en 2023.
Toutefois, le climat demeure incertain pour les start-ups françaises. Jean-David Chamboredon, cofondateur et président d'ISAI, s'est exprimé à ce sujet pour Bpifrance, reconnaissant les difficultés actuelles du secteur. « Les levées de fonds sont devenues particulièrement ardues pour le capital-risque. Les souscripteurs cherchent d'abord à récupérer des liquidités avant d'envisager de nouveaux investissements. Depuis 2022, le nombre d'exits est resté limité, restreignant ainsi les flux de retour vers les souscripteurs et, par conséquent, la capacité des fonds à lever de nouveaux capitaux. »
Dans un environnement économique moins porteur, les investisseurs adoptent donc une posture plus sélective. Ils préfèrent engager leurs capitaux sur des montants plus réduits et concentrer leurs efforts sur des secteurs jugés stratégiques. Il faudra encore patienter avant d'assister à un retour du marché à son rythme de croisière.
Un marché toujours gelé ?
Selon le dernier communiqué de l'association France Invest, « le marché reste en deçà des attentes au regard de la croissance des investissements observée ces dernières années ».
L'élargissement des durées de détention des entreprises dans les portefeuilles des gérants d'actifs a entraîné une réduction du volume des cessions. En 2024, on recense ainsi 1 281 cessions, contre 1 276 en 2023 et 1 416 en 2022.
Nicolas Tixier, Partner et Head of Deal Advisory chez Grant Thornton, reconnait d'ailleurs que « le ralentissement de la vitesse d'exécution des sorties constitue un enjeu majeur en termes de retour aux LPs et de fluidité du cycle d'investissement ».
Toutefois, en intégrant le segment des infrastructures, les cessions ont généré près de 12,8 milliards d'euros pour les fonds en 2024, soit une hausse de 42 % par rapport à 2023. Cette augmentation en valeur, largement soutenue par de grandes opérations, est un signal encourageant. Cependant, la stabilité du nombre d'entreprises cédées traduit une stratégie où les investisseurs préfèrent accompagner la croissance des entreprises en portefeuille plutôt que de céder sous la pression des liquidités.
Après la pluie vient le beau temps ?
Un autre facteur d'incertitude pèse sur le marché : l'allongement des durées de levées de fonds.
Le temps écoulé entre le premier et le dernier closing est aujourd'hui nettement supérieur à celui observé en 2021-2022. En 2024, il fallait en moyenne 20,9 mois pour finaliser une levée de fonds, contre 14,9 mois en 2022. Néanmoins, l'analyse du rythme semestriel laisse entrevoir une légère amélioration, avec une baisse du temps nécessaire : 23,7 mois au second semestre 2023, contre 20,5 mois au second semestre 2024.
Une embellie qui a semble t-il été favorisée par une amélioration des conditions de financement pour les entreprises.
Bertrand Rambaud exprime ainsi l'espoir d'un retour à la normale dans les mois à venir : « L'enjeu pour l'industrie du capital investissement est désormais de maintenir sa dynamique et de confirmer la reprise des opérations de cession amorcée au second semestre. Ce levier est essentiel pour assurer le bon renouvellement du cycle d'investissement et garantir un retour de liquidités plus important pour nos investisseurs ».
Une attractivité renforcée à l’international
Le capital investissement français, incluant les fonds d’infrastructure, confirme son rayonnement sur la scène mondiale. En 2024, cette attractivité ne cesse de croître, comme en témoigne la part significative des capitaux levés à l’étranger, qui représente 56 % du total.
La répartition des fonds levés illustre cette tendance :
- 20 %, soit 7 892 M€, ont été investis par des acteurs internationaux hors d’Europe.
- 36 %, soit 13 850 M€, proviennent d’investisseurs européens.
- 44 %, soit 17 146 M€, ont été apportés par des souscripteurs français.
La place centrale des family offices
Les fonds de fonds demeurent les principaux investisseurs de cette classe d’actifs. En 2024, leur contribution s’élève à 7 milliards d’euros, soutenant ainsi de manière significative les activités des gestionnaires d’actifs.
Juste derrière eux, les entrepreneurs et les grandes fortunes, à travers leurs family offices, confirment leur rôle de second pilier du capital-investissement (hors infrastructure). Avec un engagement total de 4,4 milliards d’euros, ils représentent 17 % des souscriptions, devançant ainsi les compagnies d’assurance et les mutuelles, dont les investissements atteignent 3,31 milliards d’euros.

L’avis de Scala Patrimoine
Les nuages qui planent au-dessus du marché du capital investissement restent nombreux. Pour espérer un redémarrage durable, il faudra patienter jusqu’à une nette accélération des cessions. Toutefois, plusieurs signaux encourageants laissent entrevoir une reprise tant attendue : une dynamique de levée de fonds plus soutenue, le retour des investisseurs corporate et, bien sûr, la baisse des taux d’intérêt…
Ces incertitudes n’atteignent pas nos convictions. Nous demeurons confiants quant au potentiel du private equity sur le long terme, à condition d’adopter une approche diversifiée et de sélectionner les meilleurs fonds.
Dans l’univers du non coté, le choix des gérants s’impose comme un facteur déterminant. Les écarts de performance entre les fonds situés dans le premier et le dernier quartile sont considérables, rendant la sélection d’autant plus cruciale pour optimiser les rendements.
Alice & Bob : 100 millions d'euros pour conquérir l'informatique quantique
Dans l'arène de l'informatique quantique, où s'affrontent les titans tels que Google, Amazon et IBM, une jeune pousse francilienne, Alice & Bob, veut se tailler la part du lion. Son ambition ? Concevoir un ordinateur quantique universel ! Un Graal technologique, dont le marché, en pleine effervescence, pourrait atteindre 65 milliards de dollars d'ici 2030, selon la BPI.

L'essor de la French Tech quantique
L'écosystème français de l'informatique quantique regorge de pépites. En tête de file, Pasqal, qui a levé 100 millions d’euros en 2023 avec le soutien du fonds singapourien Temasek. À ses côtés, d’autres acteurs émergents, tels que Quobly, Quandela, C12 Quantum Electronics et, désormais, Alice & Bob.
Fondée en 2020 par Théau Peronnin et Raphaël Lescanne, docteurs en physique quantique, Alice & Bob s'attaque à un défi colossal : concevoir un ordinateur quantique capable de résoudre en un éclair des problèmes qui exigeraient des millénaires, voire des milliards d'années, aux ordinateurs classiques. Leur vision ? Un ordinateur quantique dix fois moins coûteux à produire et prêt à conquérir le marché avec trois ans d'avance.
S'inspirant de la célèbre expérience de pensée d'Erwin Schrödinger, le « chat de Schrödinger », ils ont conçu une technologie révolutionnaire, basée sur l'utilisation de « qubits de chat », des bits quantiques conçus nativement pour corriger leurs propres erreurs. « Notre objectif est de créer une machine exponentiellement plus puissante », explique Théau Peronnin sur BFM Business. « À chaque qubit quantique ajouté, la puissance de calcul double. Les applications sont infinies, de la conception de nouveaux médicaments à la finance, en passant par l'ingénierie. »
Financement : briser (enfin) le plafond de verre
L'obstacle majeur de l'informatique quantique réside dans l'instabilité des qubits, qui génère des erreurs de calcul. Le défi scientifique est de dompter ces erreurs pour libérer la puissance promise par cette technologie.
« L'informatique quantique consomme bien moins que les supercalculateurs qu'elle ambitionne de remplacer », souligne Théau Peronnin. « Mais ces derniers conservent pour l'instant une légère avance. Toutefois, le jour où le quantique surpassera les technologies actuelles approche à grands pas. »
La France, avec son élite scientifique et mathématique, est idéalement positionnée dans cette course. « Il ne manque que le financement », déplore Théau Peronnin. « Les pouvoirs publics sont mobilisés, mais les investisseurs privés doivent aussi prendre part à l'aventure. La France excelle dans le financement de l'amorçage et la formation des talents, mais nous faisons face à un plafond de verre. Les financements supérieurs à 100 millions d'euros, nécessaires à la croissance, sont encore trop rares. »
Une levée de fonds à neuf chiffres
Après une série A prometteuse de 27 millions d'euros en 2022, Alice & Bob franchit un cap décisif avec une série B de 100 millions d'euros. Ses actionnaires historiques, Elaia Partners, Breega, Supernova Invest et Bpifrance, rempilent, rejoints par de nouveaux acteurs de poids : Future French Champions, la coentreprise entre Bpifrance et le fonds souverain qatari (Qatar Investment Authority), Axa Venture Partners et Bpifrance via son fonds DeepTech 2030.
L'EIC (Conseil européen de l'innovation) et la Région Île-de-France apportent également leur soutien.
« Après avoir établi des records de performance avec nos qubits de chat, nous entrons dans une nouvelle phase : construire un ordinateur quantique capable de produire des résultats concrets », déclare Théau Peronnin. « Nos qubits de chat sont uniques. Ils permettent d'envisager des ordinateurs quantiques évolutifs avec seulement quelques milliers de qubits, là où les approches classiques en nécessiteraient des millions. »
Un ordinateur quantique d'ici 2030 ?
L'objectif est clair : développer un ordinateur quantique universel sans erreur d'ici 2030 et créer une puce révolutionnaire.
« Nous voulons donner aux ingénieurs les outils pour résoudre les grands défis de notre société », affirme Théau Peronnin.
Cette levée de fonds permettra à Alice & Bob de financer un laboratoire de 3 000 m² en région parisienne. Celui-ci sera équipé pour travailler la matière à l'échelle micro et nanométrique. Autre projet, celui de construire un parc de prototypes pour des tests en temps réel.
L'entreprise, basée à Paris et Boston, prévoit de doubler ses effectifs, composés pour moitié de docteurs, pour atteindre 200 personnes d'ici la fin de l'année.
L'espoir est grand : faire de la France un champion de la technologie quantique.
Marc Batty (FEVE) : « 50 % des agriculteurs partiront à la retraite d’ici 10 ans »
Le modèle agricole français est-il en péril ?
43 % des exploitants agricoles ont plus de 55 ans. La moitié des fermes feront l'objet d'une cession dans les dix prochaines années. Pourtant, aujourd’hui, une ferme sur deux seulement trouve preneur.
Pour insuffler un nouvel élan à l’agriculture hexagonale, certains acteurs, tels que FEVE, se mobilisent activement. Leur objectif : soutenir l'installation des agriculteurs en créant des fermes agroécologiques. À ce jour, cette organisation a facilité l'acquisition de 29 fermes à travers la France, permettant à 48 agriculteurs et agricultrices de s’établir. Ce sont ainsi 1 830 hectares qui ont été convertis à l'agroécologie.
Nous revenons sur les projets menés par FEVE, en compagnie de l’un de ses fondateurs, Marc Batty, ingénieur agronome de formation, diplômé de l’École AgroParisTech.
Scala Patrimoine. Pouvez-vous nous présenter Fève en quelques mots ?
Marc Batty. FEVE est une entreprise fondée il y a quatre ans, dans le but d’accompagner la nouvelle génération d’agriculteurs et d’agricultrices désireuse de s’installer en agriculture biologique. Pour soutenir cette noble démarche, nous levons des fonds auprès des citoyens ainsi que des investisseurs institutionnels. À ce jour, 35 millions d'euros ont été collectés, ce qui nous a permis d’acquérir des fermes à vendre et de les transmettre à travers le territoire français, facilitant ainsi l’installation de jeunes agriculteurs en agriculture biologique.
Notre ambition est de contribuer au renouvellement du modèle agricole en encourageant l’installation de jeunes porteurs de projets qui adoptent des pratiques agronomiques et environnementales parmi les plus vertueuses.
Scala Patrimoine. Pourquoi les jeunes générations rencontrent-elles tant de difficultés pour s’installer comme agriculteurs ?
Marc Batty. Le contexte est particulièrement inédit, puisque 50 % des agriculteurs, soit environ 200 000 personnes, sont en train de partir à la retraite, ou le feront dans les dix prochaines années.
Cependant, les jeunes ne s’inscrivent plus dans le schéma traditionnel où ils reprennent la ferme familiale. Aujourd’hui, près de deux tiers d’entre eux s’installent sans être issus du monde agricole. Ce phénomène crée un parcours d’installation semé d’embûches, qui peut durer plusieurs années, entre la formation et la recherche d’un lieu pour s’établir. De plus, ces jeunes sont fréquemment confrontés à des difficultés de financement, notamment pour l’acquisition de la ferme.
C’est face à ce défi que FEVE a décidé d’agir. En effet, imaginez-vous à la place d’un jeune qui se rend dans une banque pour demander un prêt de 400 000, 500 000 ou même 1 million d’euros afin de s’installer sur une ferme. La plupart du temps, cette demande est vouée à l’échec. C’est pourquoi nous avons choisi de financer l’installation de cette nouvelle génération grâce à un mécanisme de location avec option d’achat.
« Nous mettons les fermes en location avec option d'achat, exclusivement à des porteurs de projets engagés »
Scala Patrimoine. Quels sont les critères de sélection des projets portés par les agriculteurs que vous accompagnez ?
Marc Batty. Notre foncière acquiert des fermes dans leur totalité, c’est-à-dire les terres agricoles, qui sont au cœur de notre activité, mais aussi les maisons d'habitation et les bâtiments d’exploitation nécessaires aux cultures ou à l’élevage.
Les fermes que nous achetons, avec l’argent collecté auprès des citoyens et des investisseurs institutionnels, sont de taille intermédiaire, c’est-à-dire entre 30 et 150 ou 200 hectares, loin des petites exploitations de quelques hectares ou des grandes exploitations industrielles.
Nous mettons ces fermes en location avec option d'achat, exclusivement à des porteurs de projets engagés, qui œuvrent pour un modèle agricole plus respectueux du vivant, et notamment pour la transition vers l’agriculture biologique. Ces projets doivent également être porteurs d’une vision forte en matière de pratiques agronomiques et environnementales respectueuses du vivant.
Scala Patrimoine. Comment soutenez-vous la transition agroécologique des fermes ?
Marc Batty. En finançant l’acquisition de fermes et en les mettant à disposition des jeunes porteurs de projets, nous participons activement à la transition agricole.
D’une part, nous empêchons la concentration des terres agricoles. Lorsqu’une ferme n’est pas transmise, elle risque, en effet, de disparaître ou, plus probablement, d’être rachetée par un voisin qui agrandira son exploitation, consolidant ainsi le modèle agro-industriel qui prévaut depuis des décennies.
D’autre part, en soutenant la jeune génération avec une charte agro-écologique ambitieuse, nous orientons les fonds des citoyens et des investisseurs institutionnels vers ceux qui souhaitent bousculer le modèle agricole pour le réorienter vers des pratiques plus respectueuses de l’environnement.
Scala Patrimoine. Quels sont vos objectifs pour les prochaines années ?
Marc Batty. Depuis sa création, FEVE a collecté 35 millions d’euros et installé 50 agriculteurs et agricultrices sur des fermes agroécologiques. L’objectif pour 2025 est de lever 30 millions d'euros supplémentaires, portant ainsi le montant total à 65 millions d'euros, et de soutenir 30 à 40 nouveaux projets de fermes.
Pour 2027, notre ambition est encore plus grande. Nous visons une collecte de 100 millions d’euros, ce qui nous permettrait de participer à la conversion en agriculture biologique de près de 10 000 hectares. Un chiffre qui n’est autre que l’équivalent de la surface d’une ville comme Paris.
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Le rendez-vous des marchés financiers - Mars 2025
Marchés financiers & économie : les points clés
- Les marchés financiers européens mènent la danse, sous l'impulsion du secteur de la défense.
- Une récession pourrait prochainement toucher les États-Unis, notamment en raison d’une hausse significative des droits de douane sur les importations américaines.
- La BCE abaisse une nouvelle fois ses taux directeurs de 25 points de base. Cette décision attendue ramène le taux de dépôt à 2,50 %.
- L’Allemagne relance son économie en mettant en œuvre un fonds d’infrastructures de 500 milliards d’euros sur dix ans.
Quelles performances sur les marchés financiers ?
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Guerre entre l’Ukraine et la Russie : Donald Trump impose sa loi
Donald Trump affiche sa volonté de mettre un terme à la guerre opposant l’Ukraine à la Russie. Pour ce faire, il a suspendu le soutien financier et matériel jusqu’ici accordé à l’armée ukrainienne.
Fin février, une rencontre tendue s’est tenue dans le Bureau ovale de la Maison-Blanche entre le président américain, son vice-président et Volodymyr Zelensky. Devant les caméras du monde entier, l’échange a rapidement tourné à l’affrontement.
Alors que le président ukrainien tentait de sensibiliser Donald Trump en déclarant : « Tout le monde a des problèmes, même vous, mais vous avez un bel océan. Vous ne le ressentez pas encore, mais vous le sentirez à l’avenir », le président républicain s’est aussitôt lancé dans une diatribe cinglante, fidèle à son style habituel. S’adressant sans ménagement à son interlocuteur, il répliqua : « Vous n’êtes pas en position de dicter ce que nous allons ressentir. Nous allons nous sentir très bien et très forts. Vous, en revanche, vous êtes laissé enfermer dans une situation désastreuse. Vous n’avez pas les cartes en main. »
Quelques jours plus tard, Donald Trump affirmait, sans ambages, qu’un accord sur l’exploitation des minerais constituait la seule garantie sécuritaire dont l’Ukraine avait besoin face à la Russie. La position américaine demeure donc inchangée : aucune discussion sur une force de maintien de la paix ne sera engagée avant la signature d’un accord entre Moscou et Kiev.
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Bitcoin : la fin des Trump Trades ?
Les investisseurs se détourneraient-ils déjà des valeurs prisées par le président américain ? Parmi elles, les cryptoactifs semblent particulièrement affectés.
Le Bitcoin, souvent qualifié de reine des cryptomonnaies, a ainsi chuté de plus de 25 % depuis son record post-électoral. Ce plongeon s’explique notamment par le piratage massif de la plateforme d’échange Bybit, victime d’un vol de 1,46 milliard de dollars orchestré par le groupe de hackers nord-coréen Lazarus, ainsi que par des inquiétudes économiques grandissantes. Face à ces incertitudes, les investisseurs prennent leurs distances avec les cryptoactifs. Le Bitcoin évolue désormais autour de 74 000 €, bien loin de son sommet de 101 976 €. Témoignant de cette fébrilité, l’indice Crypto Fear and Greed s’effondre à 10/100 (signalant une peur extrême), contre 55/100 une semaine auparavant.
C’est dans ce climat d’instabilité que Donald Trump, lui-même investisseur en cryptomonnaies, a choisi d’annoncer la création d’une Réserve Stratégique Crypto, incluant Bitcoin, Ethereum, Solana, XRP et Cardano. Une initiative inscrite dans une logique résolument "America First", qui précède un sommet sur les cryptomonnaies à la Maison-Blanche, destiné à renforcer les liens entre le gouvernement et le secteur privé.
Aussitôt après cette déclaration, l’écosystème crypto a connu un sursaut spectaculaire, gagnant 300 milliards de dollars en capitalisation !
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Marchés financiers actions : l’Europe retrouve des couleurs
Les valeurs de la tech américaine, et notamment les « Sept Magnifiques », traversent une période plus difficile. Sur les trente derniers jours, le Nasdaq 100 accuse un repli de plus de 6 %. Dans le même temps, Nvidia, la coqueluche des marchés financiers, abandonne près de 15 %.
Selon les calculs de Bloomberg, les « Sept Magnifiques » affichent néanmoins un ratio cours/bénéfice toujours élevé de 32,9, soit environ 40 % de plus que la moyenne des autres actions à grande capitalisation.
À l’inverse, les places boursières européennes se montrent particulièrement dynamiques.
Le DAX 30 s’adjuge ainsi une progression de 6 % sur un mois glissant. Le CAC 40, quant à lui, gagne 2 % sur la même période et atteint un nouveau record historique à 8 216 points, porté par l’essor des entreprises du secteur de la défense.
Cette envolée intervient alors que la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a dévoilé un plan d’investissement de 800 milliards d'euros destiné à renforcer la défense européenne et à soutenir l'Ukraine, tandis que l’administration Trump a brutalement suspendu l’aide militaire américaine à Kiev. Dans ce contexte, les valeurs de l’armement s’envolent : l’action Thales bondit de 53 % en un mois, suivie de Dassault Aviation (+ 36 %) et de Rheinmetall (+ 61 %).
Comme le souligne avec son mordant habituel le spécialiste des marchés financiers, Thomas Veillet, : « L’armement européen vit sa meilleure vie ! »
En Asie, la tendance est contrastée : l’indice Shanghai Composite progresse de 2 %, tandis qu’au Japon, le Nikkei 225 recule de 5 %.

Les États-Unis : une prophétie autoréalisatrice ?
En économie, les prophéties peuvent, elles aussi, se révéler autoréalisatrices. Lors de la campagne présidentielle, Donald Trump n’a eu de cesse d’affirmer que l’économie américaine était en péril, bien que nul indicateur macroéconomique majeur — qu’il s’agisse de l’emploi, de la consommation ou de l’investissement — ne vînt étayer cette thèse. Or, par ses mesures drastiques en matière de politique commerciale et son recours accru aux barrières douanières, « The Donald » pourrait bien fragiliser l’économie de la première puissance mondiale.
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Le spectre d’une « Trumpcession » ?
Le spectre d’une récession aux États-Unis, conséquence des politiques économiques de Donald Trump, semble se préciser. Le modèle GDPNow de la Fed d’Atlanta, réputé pour sa fiabilité, vient d’être fortement révisé à la baisse. La prévision de croissance pour le premier trimestre s’effondre, passant de +4,0 % à -2,8 %. Une dégringolade vertigineuse, que les analystes attribuent à un déficit commercial record et à une industrie manufacturière en déclin.
- Des signes avant-coureurs
Ces inquiétudes trouvent un écho chez Wilfrid Galand, directeur stratégiste de Montpensier Finance : « Plusieurs signaux d’alerte se sont allumés ces dernières semaines. Les publications des différentes Fed régionales témoignent d’une détérioration du climat des affaires. Ainsi, l’indice manufacturier de la Fed de Dallas, publié le 24 février, chute brutalement à - 8,3, contre + 14,1 en janvier. Celui de la Fed de Philadelphie, bien que toujours positif à +18,1, a perdu plus de 26 points en un mois. »
Puis, tel un inventaire à la Prévert, il énumère les nuages noirs s’amoncelant au-dessus de l’économie américaine : « Les premiers signes de ralentissement de l’activité, la montée des inquiétudes des ménages et des entreprises dans les derniers indicateurs, les craintes liées à l’augmentation généralisée des coûts sous l’effet des hausses de taxes douanières initiées par la nouvelle administration américaine, ainsi que les ripostes commerciales des partenaires des États-Unis, sont autant de facteurs rendant l’avenir particulièrement incertain. »
La récente baisse de la confiance des consommateurs constitue d’ailleurs un signal d’alarme à ne pas négliger. L’indice de confiance du Conference Board s’établit à 98,3 en février, contre 105,3 en janvier (révisé de 104,1), alors qu’il était attendu à 102,7. Il s’agit de la plus forte contraction mensuelle depuis août 2021. Les ménages, anticipant une nette dégradation du marché de l’emploi, réduisent d’ores et déjà leurs dépenses, en recul de -0,5 % en volume en janvier.
Autre mauvaise nouvelle, les derniers chiffres de créations d’emploi sont en deçà des attentes. 141 000 nouveaux emplois étaient anticipés. Le chiffre est sorti à seulement 77 000.
- La peur de l'inflation
Les PME ne sont guère plus optimistes : l’indice NFIB chutant de 105,1 à 102,8. Une lueur d’espoir demeure néanmoins : la production industrielle a surpris à la hausse, progressant de +0,5 % sur un mois, tandis que la croissance s’accélère dans le secteur des services. L'indice ISM est, en effet, ressorti à 53,5 le mois dernier contre 52,8 en janvier, alors que les économistes l'attendaient autour de 53.
Mais pour Eric Vanraes, de la Banque Eric Sturdza, c’est ailleurs que réside la véritable menace : « Ce qui est le plus préoccupant, ce n’est pas tant l’état actuel du marché de l’emploi que la raison profonde qui pousse les consommateurs à restreindre leurs achats et à envisager de les réduire davantage. Ce n’est pas une simple prudence, mais la peur palpable d’un retour de l’inflation, alimentée par les Trumponomics, dont l’emblème demeure la politique protectionniste des droits de douane. »
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Droits de douane : l’arme fatale
L'une des principales promesses de campagne de Donald Trump était sans équivoque : l’instauration de droits de douane réciproques. Autrement dit, le président souhaitait imposer aux produits étrangers entrant sur le sol américain les mêmes taxes que celles appliquées aux exportations américaines vers ces pays.
- Art of the deal
Dès le début de son mandat, Donald Trump a mis ses menaces à exécution. Le nouvel occupant de la Maison-Blanche a relevé les droits de douane sur les importations en provenance des partenaires économiques des États-Unis.
La première mesure emblématique fut l’augmentation des taxes à 25 % sur l’acier et l’aluminium importés aux États-Unis, sans distinction d’origine. Même des pays naguère exemptés, comme le Canada et le Mexique, ont été concernés par cette décision.
Dans les coulisses de négociations intenses, Donald Trump a néanmoins suspendu l’essentiel des droits de douane qu’il avait annoncés à l’encontre du Mexique et du Canada, au moins jusqu’au 2 avril.
Pierre-Alexis Dumont, directeur des investissements chez Sycomore AM, souligne d’ailleurs : « L’objectif de l’administration Trump n’est pas tant d’imposer des taxes massives et généralisées que de négocier, au cas par cas, avec ses partenaires commerciaux sur des dossiers variés : les questions migratoires avec le Mexique, ou encore la technologie et la défense avec la Chine. Les annonces de barrières douanières servent ainsi de levier pour obtenir des accords avantageux pour les intérêts américains. »
- L’Europe et la Chine dans le viseur
Les négociations avec Pékin pourraient également s’intensifier dans les semaines à venir, la Chine représentant le plus important déficit commercial des États-Unis. Début mars, le président américain avait signé décret portant à 20 % les droits de douane supplémentaires sur l'ensemble des produits chinois entrant aux Etats-Unis.
Autre cible privilégiée : l’Union européenne, qui pèse pour 18,6 % des importations américaines. Donald Trump avait ainsi annoncé une hausse de 25 % des droits de douane sur les importations européennes, sans toutefois les avoir encore mis en œuvre.
La Commission européenne n’a pas tardé à réagir, affirmant qu’elle répondrait « fermement et immédiatement » à toute nouvelle hausse des droits de douane. Il faut dire que Donald Trump n’a jamais caché son hostilité envers Bruxelles, qu’il accuse d’avoir été « conçue pour emmerder les États-Unis ». Un message au moins aussi tranchant que sa politique commerciale.

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La prudence de la FED
L’inflation américaine marque un ralentissement. Selon le ministère du Commerce des États-Unis, elle s’est établie à 2,5 % sur un an en janvier, contre 2,6 % le mois précédent, après plusieurs accélérations consécutives. L’indice Core PCE, particulièrement scruté par la Réserve fédérale, a été publié en parfaite conformité avec les attentes, reculant de 2,9 % à 2,6 %.
Cela suffira-t-il à convaincre la banque centrale américaine de poursuivre la baisse de ses taux d’intérêt ? Rien n’est moins sûr.
La menace croissante de nouveaux droits de douane, brandie par l’administration Trump, pourrait raviver les tensions inflationnistes. Une récente enquête de la Fed révèle en effet que de nombreuses entreprises prévoient d’augmenter leurs prix en réaction à ces mesures protectionnistes. « Les acteurs du secteur industriel, qu’il s’agisse de la pétrochimie ou des fournitures de bureau, ont exprimé leurs inquiétudes face aux bouleversements à venir en matière de politique commerciale », souligne la banque centrale.
Donald Trump, de son côté, a reconnu qu’il pourrait y avoir « quelques perturbations, mais nous sommes prêts à les accepter. Ce ne sera pas grand-chose ».
Raphael Bostic, président de la Réserve fédérale d'Atlanta, a donc annoncé que la Fed pourrait devoir maintenir sa politique actuelle encore quelque temps : « il faudra peut-être patienter jusqu’à l’été avant d’envisager une nouvelle baisse des taux. »
Zone euro : une économie de guerre ?
Le spectre de la stagflation, redouté par les dirigeants européens, pourrait bien se matérialiser. Cette année, la Zone Euro risque ainsi de conjuguer une inflation élevée et une croissance anémique. La société de gestion Schroders anticipe pour 2025 une croissance limitée à 1,1 % et une inflation globale de 2,4 %.
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Des indicateurs économiques en berne
Les indicateurs économiques de la Zone Euro n'affichent pas de signes encourageants. Certes, la confiance des investisseurs mesurée par l'indice Sentix a rebondi davantage qu'attendu en février, passant de -17,7 à -12,7. Toutefois, ce regain demeure fragile. Même constat pour l'indice de confiance des consommateurs, qui s'est établi à -13,6 en février, conformément aux prévisions.
Par ailleurs, la production industrielle a reculé plus qu'escompté en décembre, enregistrant une baisse de 1,1 % en rythme mensuel.
La Banque centrale européenne est encore plus pessimiste que les équipes Schroders pour la croissance de la zone euro, en anticipant un tout petit de + 0,9 %.
Au cours des prochaines semaines, une attention particulière devra également être portée aux négociations commerciales entre les pays européens et les États-Unis. Donald Trump a laissé entendre que les droits de douane pourraient être relevés de 25 %. Heureusement, l'histoire récente avec le Mexique et le Canada l'a montré : le pire n'est jamais certain.
Selon des estimations du cabinet Oxford Economics, de telles augmentations tarifaires pénaliseraient particulièrement le Danemark et l'Irlande, très exposés au secteur pharmaceutique, ainsi que l'Allemagne et la Slovaquie, fortement dépendantes de l'industrie automobile
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La BCE à la manœuvre
En zone euro, l’inflation devrait ressortir à 2,2% en février sous l’effet de la baisse des prix de l’électricité en France.
La Banque centrale européenne (BCE) a donc profité de l’occasion pour annoncer une nouvelle réduction de 25 points de base de ses taux directeurs, une décision attendue qui ramène le taux de dépôt à 2,50 %. Il s’agit du sixième assouplissement depuis juin 2024, un rythme inédit depuis les années 2010.
Aux yeux de Christine Lagarde, cette mesure vise à stimuler une économie européenne moribonde et à stabiliser l’inflation autour de 2 % à moyen terme.
Dans son communiqué, la BCE se félicite du fait que « le processus de désinflation est en bonne voie ». Toutefois, l’institution reconnaît que les prix de l’énergie continuent de peser lourdement sur l’indice des prix. Plus encore, elle se trouve contrainte de composer avec une situation économique et géopolitique qui évolue de manière radicale d’un jour à l’autre. Christine Lagarde, la présidente de la BCE, n’a d’ailleurs pas dissimulé que les membres de l’institution naviguaient actuellement à vue lorsqu’il s’agissait de dessiner la politique monétaire du continent.
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Des investissements massifs dans le secteur de l’armement
En l’espace de quelques jours, les dirigeants européens ont radicalement modifié leur discours. La volonté des États-Unis de se retirer du bourbier ukrainien, tout en conservant le contrôle sur les minerais stratégiques, pousse l’Europe à renforcer considérablement ses investissements dans le secteur de la défense.
- Le plan de relance allemand
Le discours d’Emmanuel Macron illustre cette atmosphère générale : « Notre génération ne touchera plus les dividendes de la paix. Il ne tient qu’à nous que nos enfants récoltent demain les fruits de nos engagements. »
Dans ce contexte morose, c’est l’Allemagne qui a marqué les esprits. Forte de ses finances publiques gérées d’une main de maitre, les conservateurs allemands (CDU), arrivés en tête aux dernières élections, se sont alliés avec les sociaux-démocrates (SPD) pour créer un fonds d’infrastructures de 500 milliards d’euros sur dix ans et réformer le frein à l’endettement, afin de permettre une hausse significative des dépenses militaires. L’accord stipule ainsi que les États fédéraux pourront enregistrer des déficits allant jusqu’à 0,35 % du PIB, une possibilité qui était impensable jusque-là. Les dépenses militaires pourraient ainsi atteindre, selon les prévisions, au moins 100 milliards d’euros par an, soit le double de leur niveau actuel.
- Un impact sur les taux
À cela s’ajoute la proposition de la Commission européenne de suspendre les règles de stabilité budgétaire, afin d’allouer 150 milliards d’euros au secteur de la défense. Vous comprendrez alors que les vannes sont désormais grand ouvertes.
Wilfried Galand voit en ses annonces un véritable game changer pour l’économie européenne : « Plombée par l’Allemagne et la France, l’économie européenne peine à décoller et stagne à des niveaux proches de la récession, malgré le dynamisme de l’Espagne. C’est bien la déflation qui menaçait, avec des prix à la production en Allemagne en baisse continue, mais l’annonce de vastes programmes européens de souveraineté change profondément la donne. »
Ces annonces ont toutefois entraîné une forte remontée des taux longs en Europe : le rendement des obligations à 10 ans de l’Allemagne a grimpé de 35 points de base, atteignant 2,83 %, son équivalent français a grimpé dans les mêmes proportions pour atteint 3,54 %.
Le casse-tête économique chinois
Xi Jinping s’apprête à intensifier la politique de relance économique du pays, révélant en filigrane des difficultés plus profondes que ne le suggèrent les chiffres officiels du Parti communiste chinois.
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Les exportations : un moteur économique menacé
C'est une bien mauvaise nouvelle pour le gouvernement chinois : les exportations connaissent un net ralentissement. Selon les données publiées ce vendredi par les douanes chinoises, elles n'ont progressé que de 2,3 % en janvier et février par rapport à la même période l'an passé. Un chiffre bien en deçà des attentes, qui tablaient sur une hausse de 5,9 %, et très loin de la progression de 10,7 % enregistrée en décembre.
Ce ralentissement s'inscrit dans un contexte de tensions croissantes avec Washington. Donald Trump s'est lancé dans une véritable "guerre commerciale" contre Pékin, imposant une augmentation de 20 % des droits de douane sur les produits chinois importés aux États-Unis. En représailles, les autorités chinoises prévoient d'appliquer des taxes allant jusqu'à 15 % sur une série de produits agricoles américains, notamment le soja, le porc et le blé.
Ces turbulences pourraient porter un coup sévère aux exportations chinoises, qui ont longtemps été l'un des moteurs de la croissance du pays, alors que la consommation des ménages peine à se redresser et que le secteur immobilier traverse une crise profonde.
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Le gouvernement desserre la bride
Le Parti communiste chinois tient actuellement à Pékin sa plus grande réunion politique annuelle, connue sous le nom des "Deux Sessions". À cette occasion, le gouvernement a affiché des ambitions économiques qui paraissent, pour certains observateurs, relever davantage du vœu pieux que d'une réelle projection. L'objectif officiel d'une croissance du PIB "d'environ 5 %" pour cette année semble difficilement atteignable, les analystes internationaux anticipant plutôt un taux proche de 4 % en 2025.
Pourtant, Xi Jinping s'est donné les moyens de croire en cet objectif. Il a ainsi validé une augmentation des dépenses publiques en portant l'objectif de déficit public de 3 % à 4 %. Ce sont ainsi 155 milliards d'euros de dépenses supplémentaires qui seront engagées, financées par un recours accru aux emprunts d'État, qui atteindront 233 milliards d'euros au total.
Ces mesures visent à soutenir la consommation et à « stimuler autant que possible la demande intérieure ».
Mel Siew, gérant de portefeuille chez Muzinich & Co, souligne l'importance de ce changement de cap de l'exécutif chinois : « Pour la première fois en 14 ans, l'orientation de la politique monétaire de la Chine est devenue 'modérément souple', en rupture avec l'approche 'prudente' de 2017-2018. C'est un signal fort indiquant que les autorités privilégient désormais la croissance, ce qui devrait logiquement renforcer la capacité du pays à atténuer l'impact négatif des droits de douane. »
Reste à voir si ces efforts suffiront à inverser la tendance.
Les convictions de Scala Patrimoine sur les marchés financiers
Février 2025 marque un tournant décisif dans l'évaluation de la politique économique américaine, mettant un terme à une période de complaisance envers les effets supposément bénéfiques de la stratégie menée sous Trump. Aux États-Unis, les indicateurs avancés traduisent un net affaiblissement des perspectives économiques : la confiance des ménages et des entreprises s'érode, les intentions d'investissement fléchissent, et l'activité dans les services ralentit, révélant une inquiétude grandissante quant à la trajectoire économique du pays.
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Les marchés financiers actions américains reculent
Dans ce contexte incertain, la Fed se voit contrainte d'adopter une posture prudente face aux risques inflationnistes, en partie exacerbés par une politique tarifaire agressive. Toutefois, des doutes subsistent quant à la mise en œuvre effective de ces mesures. S'agit-il d'un véritable levier de régulation ou simplement d'un outil de négociation dont l'impact sur la croissance resterait limité ? En effet, si le ralentissement économique se confirmait, il pourrait, dans une certaine mesure, atténuer la hausse des prix engendrée par l'augmentation des droits de douane sur les importations.
Sur le plan microéconomique, les petites et moyennes entreprises, qui avaient bénéficié du "Trump trade" en fin d'année, sont particulièrement affectées par l'incertitude qui pèse sur l'économie mondiale. La rotation sectorielle s'intensifie, les investisseurs délaissant les segments les plus risqués au profit de valeurs plus défensives. Quant au secteur technologique, il continue d'ajuster ses valorisations, fragilisé par des résultats mitigés et des interrogations croissantes sur la politique monétaire future, accentuées par une concurrence féroce en provenance de Chine. Ces incertitudes, conjuguées aux effets directs des droits de douane sur les marges, se traduisent par une baisse marquée des actions américaines en ce début d'année. La Fed d'Atlanta anticipe déjà un premier trimestre de croissance négative aux États-Unis, notamment en raison de la détérioration de la balance commerciale, alors même que la plupart des hausses de tarifs annoncées n'ont pas encore été appliquées.
- Un rebond des marchés financiers européens
À l'opposé, les marchés européens affichent une résilience inattendue, enregistrant une progression de plus de 3 % en dépit de fondamentaux encore fragiles. L'optimisme des investisseurs est porté par l'espoir d'un cessez-le-feu en Ukraine et par des discussions croissantes autour d'un plan budgétaire renforcé pour la défense, illustrant un réajustement stratégique en Europe face au désengagement de Trump dans ce domaine. Ce regain de confiance profite notamment au secteur bancaire et aux valeurs de la défense européenne, malgré des divergences persistantes entre les dynamiques économiques de part et d'autre de l'Atlantique.
Dans le même temps, la Chine poursuit sur une trajectoire positive, portée par son secteur technologique et par des perspectives de réformes réglementaires favorisant un climat d'affaires plus souple. Toutefois, cette dynamique reste concentrée sur les entreprises tournées vers l'exportation. De son côté, le Japon peine à retrouver son souffle, affecté par l'appréciation du yen qui pèse sur ses marchés sensibles aux variations de change.
Face à ces évolutions, nous avons rééquilibré notre exposition entre actifs européens et américains. Si les fondamentaux aux États-Unis demeurent solides, les incertitudes qui pèsent sur l'économie ne permettent pas d'assurer la poursuite de cette robustesse observée ces dernières années. La consommation et l'investissement pourraient subir des pressions significatives, sans que l'ampleur de cette dégradation ne soit encore pleinement mesurable.
- Une forte demande sur le secteur de la défense
En Europe, les investisseurs espèrent une amélioration des perspectives économiques, bien que les écarts de valorisation entre les marchés européens et américains se soient quelque peu réduits en ce début d'année. La valorisation moyenne des entreprises européennes a ainsi légèrement dépassé sa moyenne historique des dix dernières années, atteignant 14,4 fois les bénéfices, bien que la décote reste marquée, notamment dans le secteur financier. Les banques européennes, en particulier, offrent des perspectives rassurantes, affichant une décote de plus de 40 % par rapport à leurs homologues américaines.
Par ailleurs, si le secteur de la défense présente un point d'entrée moins attractif après des performances record de plus de 9 % en février, il demeure un investissement stratégique de long terme. L'annonce surprise du "bazooka allemand" et le soutien massif de l'Europe, avec plus de 800 milliards d'euros consacrés à la relance des investissements, devraient favoriser un réagencement profond des priorités économiques sur le continent.
- Des opportunités sur les marchés financiers chinois et indiens ?
Les récentes annonces du gouvernement chinois témoignent d'une volonté affirmée de stimuler la consommation domestique, avec pour objectif d'atteindre une croissance de 5 % en 2025. Dans un contexte de prudence persistante de la part des investisseurs étrangers, cette relance apparaît comme un facteur clé de l'évolution économique chinoise, bien que son ampleur demeure incertaine.
Malgré de solides performances en fin d'année, les valorisations du marché chinois restent parmi les plus attractives au sein des grandes économies, offrant ainsi des opportunités intéressantes en cas de concrétisation de la relance.
Sur un autre front, le marché indien affiche également un potentiel de redressement. La correction d'environ 20 % de l'indice au cours des cinq derniers mois a créé un contexte d'investissement plus favorable, soutenu par une reprise de l'investissement public et des perspectives macroéconomiques rassurantes.
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Les marchés financiers obligataires
En février, les principaux segments du marché obligataire ont affiché des performances positives. La baisse des rendements américains s'est propagée à l'ensemble des classes d'actifs, les bons du Trésor américain se distinguant avec un rendement de 2,2 %.
- Des marchés bien orientés
La faiblesse du dollar a soutenu la dette des marchés émergents, qui a généré un rendement de 1,6 %. Ces gains ont confirmé le rôle des obligations mondiales comme instrument de diversification face aux pertes subies par les actions américaines, dans un climat d'incertitude quant aux perspectives économiques des États-Unis.
Par ailleurs, la robustesse des fondamentaux des entreprises a permis aux spreads sur le crédit investment grade de demeurer contenus, contribuant ainsi à une progression de 1,6 % des marchés mondiaux du crédit sur le mois. En revanche, le segment du haut rendement américain a légèrement souffert d'un élargissement des spreads, limitant sa performance à 0,6 %. En Europe, l'optimisme suscité par les espoirs de cessez-le-feu en Ukraine a tempéré la baisse des rendements souverains. Ainsi, les obligations d'État ont enregistré un rendement de 0,7 %, tandis que les spreads sont restés relativement stables.
Le début du mois de mars a toutefois marqué un tournant avec une nette remontée des taux européens, qui ont grimpé d'environ 40 points de base, sans pour autant provoquer un élargissement des spreads français. Cette volatilité a été alimentée par l'annonce d'un plan d'investissement européen d'une ampleur inattendue, impliquant une augmentation significative du financement par endettement. Dans ce contexte, la réaction de la Banque centrale européenne sera déterminante : les coûts de financement actuels en Europe paraissent difficilement soutenables à long terme.
Après deux baisses de taux en début d'année, la BCE semble marquer une pause, maintenant son taux de dépôt autour de 2,50 %. La hausse marquée des taux en mars, bien qu'elle pèse sur la valorisation des obligations, pourrait offrir un point d'entrée intéressant pour les investisseurs orientés vers le crédit, notamment dans un environnement où le soutien institutionnel pourrait favoriser une normalisation progressive des conditions de financement.
- Une position prudente des investisseurs
Suite à la flambée des taux des obligations souveraines européennes, la prudence est de mise sur ce segment. Des clarifications sur le financement des vastes projets d'investissement européens seront nécessaires pour appréhender pleinement les enjeux à venir. Aux États-Unis, l'incertitude entourant la croissance et l'inflation devrait continuer à nourrir une volatilité persistante des taux souverains. De plus, l'impact des politiques économiques sur la résilience des entreprises américaines nous incite à la prudence. Le retournement de l'eurodollar observé lors de la première semaine de mars souligne, par ailleurs, l'importance d'intégrer le risque de change dans les stratégies d'investissement en obligations américaines non couvertes, une exposition qui pourrait s'avérer coûteuse.
Nous maintenons notre préférence pour le portage sur le crédit européen, dont les rendements réels se sont nettement améliorés avec la hausse des taux d'intérêt. Le crédit investment grade (IG) prévaut sur les obligations souveraines, offrant un rendement plus attractif, avec des spreads, bien que resserrés, supérieurs à leur moyenne historique.
- Le segment de qualité privilégié
Face à la faiblesse de l'activité économique en Europe, nous privilégions l'IG plutôt que le high yield (HY), même si ce dernier peut jouer un rôle de diversification et optimiser le rendement attendu. Nous mettons l'accent sur les entreprises aux bilans solides, capables d'inspirer confiance aux investisseurs. Cette approche nous conduit à favoriser des maturités courtes (inférieures à deux ans) et les émetteurs les mieux notés. L'absence de perspective de récession en 2025 soutient ce segment, bien que sa sensibilité à une éventuelle détérioration économique en Europe reste élevée.
Par ailleurs, les obligations financières ont continué de se distinguer, comme en 2024, en offrant des rendements supérieurs à l'ensemble du segment IG. La dette subordonnée des grandes banques investment grade apparaît particulièrement attrayante : bien qu'une prime de risque subsiste en raison de la hiérarchie des remboursements, le risque est bien maîtrisé grâce à la solidité des émetteurs, renforcée par le durcissement progressif des réglementations bancaires.
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Les marchés financiers Alternatifs
Dans le cadre de notre approche de gestion prudente, nous continuons de privilégier les stratégies alternatives long/short actions, particulièrement adaptées aux marchés financiers volatils et incertains, où la dispersion est marquée. Les rotations sectorielles s’opèrent à un rythme effréné, tandis que les indices réagissent avec acuité aux annonces des instances politiques, économiques et monétaires.
Dans un tel contexte, ces stratégies se révèlent précieuses, offrant à la fois une protection contre les replis des marchés financiers et un potentiel de surperformance dans des conditions complexes. En exploitant les inefficiences des marchés financiers, elles permettent aux gérants d’adopter des positions longues sur les actions sous-évaluées et des positions courtes sur celles jugées excessivement valorisées. Cette souplesse s'avère essentielle en période de forte volatilité, assurant une précieuse décorrélation vis-à-vis des indices traditionnels.
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Les Produits structurés
Nous demeurons confiants quant au potentiel des produits structurés, qui offrent une opportunité d’exposition à divers marchés financiers tout en permettant d’ajuster finement le niveau de risque et le rendement cible. La brusque envolée des taux d’intérêt au cours de la première semaine de mars a renforcé l’attrait de certains produits, en particulier ceux adossés aux taux européens. Par ailleurs, la correction observée dans certains secteurs de l’économie américaine pourrait représenter un point d’entrée intéressant pour des structures liées à ces valeurs.
Une fois encore, les produits structurés s’imposent comme une alternative pertinente pour les investisseurs désireux d’accéder au marché actions tout en atténuant la volatilité inhérente à cette classe d’actifs. Leur souplesse en fait une solution stratégique, à la fois pour diversifier et optimiser un portefeuille dans le contexte actuel.
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Les Actifs non cotés (Private Assets)
L’intérêt des investisseurs institutionnels pour les actifs non cotés ne cesse de croître, malgré un contexte économique marqué par de nombreuses incertitudes. Cette dynamique, portée par la baisse progressive des taux d’intérêt en 2024, favorise également un afflux de capitaux vers des fonds plus accessibles au grand public. Bien que le marché témoigne d’une certaine prudence, notamment face aux incertitudes politiques et économiques, nous demeurons confiants quant au potentiel du private equity.
Les stratégies secondaires se révèlent particulièrement attractives, offrant d’intéressantes perspectives de valorisation. Parallèlement, les fonds de co-investissement occupent une place centrale dans nos priorités, conjuguant optimisation des rendements et contrôle des coûts.
Les stratégies de dette privée, à l’image de la dette mezzanine et du growth buyout, suscitent un intérêt croissant en accompagnant les entreprises en phase de développement. Par ailleurs, le capital-risque connaît un nouvel essor, notamment dans les secteurs technologiques et ceux liés à la transition énergétique, ouvrant ainsi des horizons prometteurs pour les startups les plus innovantes.
- Allocation conseillée
Pour exploiter pleinement le potentiel des investissements non cotés tout en limitant les risques, nous préconisons une stratégie diversifiée et résolument orientée sur le long terme.
Cette approche se décline ainsi :
- Des stratégies secondaires, choisies pour leur stabilité et la robustesse de leurs rendements.
- Une exposition au capital-risque, dans le but de saisir des opportunités à haut rendement au sein de secteurs innovants.
- Des investissements dans le LBO (Leveraged Buyout), afin de tirer parti de l'effet de levier.
- Le growth equity, qui offre l’opportunité de participer à la croissance d’entreprises matures et prometteuses.
- La dette mezzanine, un instrument clé de diversification, grâce à ses rendements attractifs.
Face aux mutations constantes de l’environnement économique, cette allocation vise à allier performance et gestion proactive des risques. Nous demeurons particulièrement vigilants à l’évolution du marché, tout en saisissant les opportunités qu’il présente, notamment dans des secteurs stratégiques tels que la santé et la transition énergétique.

Faut-il investir sur la dette privée en 2025 ?
Depuis la crise financière de 2007, la dette privée est devenue une classe d’actifs incontournable. Profitant de la réticence des banques traditionnelles à octroyer des crédits aux entreprises, notamment sur le segment du mid-market, en raison des contraintes réglementaires strictes imposées par Bâle III, elle s'est affirmée comme une alternative robuste et séduisante.
L'ascension fulgurante de ce marché est incontestable. En l'espace d'une décennie, les encours de la dette privée ont été multipliés par trois, avec un marché aujourd'hui évalué à 1 500 milliards de dollars. Selon les prévisions, l'année 2024 marquera la cinquième année consécutive où les engagements des investisseurs institutionnels dépasseront les 200 milliards de dollars pour la dette privée, consolidant ainsi sa position prééminente dans le paysage financier mondial.
En outre, les projections de Preqin laissent entrevoir un cap symbolique : celui des 2 600 milliards de dollars d'ici 2029.
Mais pourquoi cet engouement croissant pour la dette privée ? Quelles sont les opportunités qu'elle offre et les risques qu'elle comporte ? Si la promesse de rendements supérieurs aux actifs traditionnels attire, la complexité de ce marché et les risques inhérents, tels que le manque de liquidité et la concentration sectorielle, ne doivent pas être sous-estimés.
Plongez dans les coulisses de cette classe d’actifs.
La définition de la dette privée
La dette privée constitue un levier de financement privilégié pour les entreprises en quête de capitaux. Plutôt que de solliciter un prêt bancaire ou d’émettre des obligations sur les marchés financiers, certaines sociétés optent pour un emprunt direct auprès d’investisseurs institutionnels – tels que les compagnies d’assurance ou les fonds de pension – ainsi qu’auprès d’investisseurs privés.
Par extension, la dette privée s’impose également comme une classe d’actifs particulièrement pertinente. Elle offre aux investisseurs une diversification appréciable, tout en leur permettant de bénéficier de rendements attractifs, souvent supérieurs à ceux des instruments financiers traditionnels.
Les différents segments de la dette privée
L’essor de la dette privée a favorisé l’émergence de diverses typologies de financement, chacune se distinguant par des caractéristiques spécifiques. Celles-ci varient en fonction du niveau de risque, des garanties associées et de la durée du financement, offrant ainsi un large éventail d’options adaptées aux besoins des emprunteurs et des investisseurs.
De manière générale, la dette privée englobe plusieurs catégories, allant de la dette senior, qui bénéficie du plus haut degré de protection grâce à des garanties solides, jusqu’aux dettes subordonnées. Ces dernières, bien que plus risquées en raison de leur rang inférieur en cas de défaut, offrent en contrepartie une rémunération plus attractive aux investisseurs.
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La dette senior
La dette senior s'apparente aux emprunts bancaires classiques. Elle bénéficie de garanties spécifiques qui la placent au premier rang des créances à rembourser en cas de difficulté financière de l’emprunteur. Sa priorité de remboursement en fait une dette relativement sécurisée, ce qui se traduit par un coût d’emprunt plus modéré.
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L’unitranche
Forme hybride de financement, la dette unitranche est spécifiquement conçue pour les opérations de Leverage Buy-Out (LBO). Elle se substitue à la fois à la dette senior et à la dette subordonnée, simplifiant ainsi la structure du financement. Remboursable in fine, elle est généralement souscrite par des fonds d’investissement spécialisés et affiche un coût intermédiaire entre celui de la dette senior et celui de la dette mezzanine. Son attractivité réside dans la flexibilité qu’elle offre aux emprunteurs, tout en présentant un rendement plus élevé pour les prêteurs.
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La dette mezannine
La dette mezzanine constitue une forme de dette subordonnée, son remboursement intervenant après celui de la dette senior. Son positionnement intermédiaire entre la dette classique et les fonds propres en fait un instrument de financement prisé dans le cadre de montages financiers sophistiqués. En raison du risque accru qu’elle comporte, elle offre un rendement supérieur et peut, dans certains cas, inclure une rémunération complémentaire sous forme d’intéressement au capital de l’entreprise financée (sous forme de bons de souscription d’actions, par exemple).
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Les autres dettes subordonnées
Les dettes subordonnées regroupent l’ensemble des créances dont le remboursement est conditionné au règlement préalable de la dette senior. Hormis la dette mezzanine, elles comprennent divers instruments financiers assortis de sûretés de second rang. Leur niveau de risque plus élevé, dû à leur rang de remboursement inférieur, se traduit par une rémunération plus attractive pour les prêteurs. Les fonds les utilisent pour compléter les financements existants ou pour accroître l’effet de levier d’une opération.
Les motivations des entreprises et des investisseurs
La dette privée offre de multiples avantages, tant pour les entreprises que pour les investisseurs. En effet, elle constitue une source de financement alternative, permettant aux entreprises de diversifier leurs sources de capitaux et de se prémunir contre la volatilité des marchés financiers publics. Pour les investisseurs, elle représente une opportunité d'obtenir des rendements attractifs, souvent supérieurs à ceux des obligations cotées.
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Pour les entreprises
Bien que nettement plus onéreuse que la dette bancaire traditionnelle, la dette privée continue de susciter l’adhésion des entreprises, en particulier celles évoluant dans l’univers du private equity. Ce mode de financement, prisé des acteurs les plus avertis, présente des avantages indéniables qui expliquent son succès croissant.
En effet, il se distingue avant tout par sa rapidité de mise en place et sa capacité à être entièrement personnalisée, que ce soit en termes de conditions, de montants ou de durées. Cette flexibilité permet aux entreprises de répondre avec agilité à leurs besoins spécifiques, qu’il s’agisse de financer une croissance organique, de réaliser une acquisition stratégique, de mener à bien une opération de transmission ou encore de refinancer une dette existante dans des conditions plus favorables.
Les investisseurs privés, ou fonds d'investissement, misent notamment sur leur capacité à proposer des structures financières souples et sur mesure. Ces dernières permettent une adaptation fine aux exigences des entreprises, là où les institutions bancaires, soumises à des régulations prudentielles strictes, peinent à offrir une telle flexibilité.
Et comme le souligne un acteur familier de cette classe d’actifs : « les atouts de la dette privée sont d’autant plus marquée en période de turbulences économiques, où les entreprises ont besoin de solutions rapides et adaptées pour naviguer dans un environnement incertain ».
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Pour les particuliers
Dans un contexte de baisse des taux et de spreads moins attrayants, les grands investisseurs cherchent à apporter de leur diversification à leur patrimoine, et notamment leur poche obligataire. La dette privée propose, en effet, une très faible corrélation avec les marchés cotés traditionnels, en raison de la nature personnalisée des transactions.
- Un soutien à l’économie réelle
Les fonds de dette privée offrent un accès privilégié à l’économie réelle, permettant ainsi aux investisseurs de participer activement au financement des petites et moyennes entreprises (PME) ainsi que des entreprises de taille intermédiaire (ETI). Par leur engagement financier, ces investisseurs ne se contentent pas seulement de chercher un rendement, mais contribuent également à dynamiser la croissance économique et à soutenir la création d’emplois.
« Les entreprises qui bénéficient de ce type de financement sont souvent issues de secteurs jugés résilients et peu sensibles aux fluctuations économiques, comme les logiciels, la santé, l’éducation ou encore les services financiers. » précise d’ailleurs Franck Sabbah, responsable du développement des activités de gestion d’actifs en Europe continentale au sein de la banque Berenberg, sur B smart TV.
Ces domaines, souvent porteurs d’innovation, sont au cœur des transformations sociétales. En investissant dans ces secteurs, les fonds de dette privée soutiennent ainsi des acteurs essentiels à la modernisation de l’économie.

- Une « prime d’illiquidité »
Le plus souvent, la somme prêtée est remboursée in fine, c’est-à-dire à l’échéance du terme défini, généralement compris entre cinq et dix ans. Selon Franck Sabbah, la dette privée se distingue par une liquidité moindre : « ces fonds présentent des périodes d’investissement et de "lock-up" qui s’étendent de sept à dix ans, obligeant ainsi les investisseurs à adopter une vision à long terme. En contrepartie, ces derniers bénéficient d’une prime d’illiquidité, comparativement aux obligations d’entreprises cotées, ce qui se traduit par des rendements plus élevés. En Europe, les rendements sont généralement évalués au taux de l’Euribor, auquel s’ajoutent entre trois et six points pour la portion la plus défensive du portefeuille, et jusqu’à douze points pour la partie la plus offensive. »
Les fonds de dette privée, par nature, sont des fonds distributifs. Cela signifie que les intérêts générés sont régulièrement distribués aux investisseurs, sur une base mensuelle, trimestrielle ou annuelle, selon les modalités définies au préalable. Le montant des intérêts dépend directement des risques associés à l’entreprise emprunteuse et de la qualité de la garantie fournie. Cette régularité dans les paiements génère ainsi un rendement stable, un facteur particulièrement apprécié des investisseurs à la recherche de sécurité et de rentabilité.

- Une protection contre l’inflation
Une autre caractéristique non négligeable de ces investissements est leur capacité à offrir une protection contre l’inflation. Comme le souligne Emilie Buttiaux, directrice générale d’Archinvest, « les prêts en dette privée sont souvent à taux variable, ce qui constitue un avantage indéniable face à l’inflation et aux hausses des taux d’intérêt, contrairement aux obligations à taux fixe. » Cette flexibilité des taux permet aux investisseurs de se prémunir contre l'érosion du pouvoir d'achat, offrant ainsi une couverture supplémentaire dans un environnement économique incertain.
Ainsi, bien que la dette privée présente un certain degré de complexité et d’engagement à long terme, elle offre des avantages indiscutables, tant en termes de rendement que de sécurité contre les fluctuations économiques.
Une dynamique positive pour la dette privée
Dans un environnement économique et géopolitique en constante évolution, marqué par des bouleversements multiples, l’activité des fonds de dette privée a connu un ralentissement logique en 2023, après deux années exceptionnelles en 2021 et 2022.
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L’heure du rebond
Une étude récemment publiée par PitchBook montre un marché de la dette privée en voie de normalisation. « Depuis le pic de 2021 à 86 milliards d'euros, les levées de fonds de crédit en Europe sont revenues à leur niveau pré-Covid : environ 50 milliards d'euros ont été mobilisés l’an dernier, un montant stable par rapport à 2023, et comparable à celui des années 2019-2020. »
Le durcissement des conditions de financement, combiné à une incertitude économique persistante, a logiquement conduit à un allongement des délais de réalisation des opérations et à une diminution du nombre de transactions concrétisées, notamment dans le secteur large cap, plus sensible aux fluctuations du marché.
Cependant, les observateurs notent une reprise de l’activité au second semestre 2023. Les levées de fonds et les investissements demeurent ainsi historiquement élevés, un signe d’une résilience certaine du secteur. La dette privée, en particulier, a tiré profit des récentes dislocations des marchés actions et obligataires, consolidant sa position en tant que source privilégiée de financement dans un contexte d’incertitude.
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Une classe d’actifs résiliente, mais pas sans risque
Franck Sabbah met en lumière les vertus de la dette privée face aux turbulences des marchés financiers, soulignant l’exceptionnelle résilience de cette classe d’actifs. « L’année 2022 a été marquée par un véritable krach des marchés obligataires cotés. En revanche, la dette privée, en tant que classe d’actifs illiquide et valorisée à une fréquence différente, a su offrir une stabilité relative aux investisseurs, écartant les phénomènes de panique généralement observés sur les marchés plus liquides. »
- La dette privée, plébiscitée en période d'incertitude
Grâce à ses caractéristiques intrinsèques, la dette privée a démontré sa capacité à maintenir l’équilibre dans des périodes d’instabilité économique marquées par des crises financières mondiales, des hausses de taux d’intérêt et des tensions géopolitiques croissantes.
Un point de vue partagé par Hamza Filali, Managing Director, Dette Privée Européenne chez MSIM Morgan Stanley, qui précise : « La dette privée répond particulièrement bien aux défis du contexte économique et géopolitique actuel, notamment face au conflit commercial entre la Chine et les États-Unis. Grâce à des taux d’intérêt variables, elle peut mieux amortir les chocs de volatilité et affiche une variation plus stable à travers les cycles économiques. »
- Une inquiétude sur les entreprises européennes ?
Cependant, de nombreux gestionnaires de fonds mettent en garde contre les risques inhérents à la dette privée. Bien que, jusqu’à présent, ces risques aient été relativement maîtrisés, l’augmentation des taux de défaut pourrait se précipiter dans un contexte économique de plus en plus morose, en particulier dans la zone euro. En outre, les agences de notation pourraient être amenées à ajuster leurs prévisions. Une telle évolution pourrait surprendre les investisseurs, qui se verraient alors confrontés à des ajustements brusques dans leurs portefeuilles.
Emilie Buttiaux, directrice générale d'Archinvest, note tout de meme que les investisseurs bénéficient d'une meilleure protection que l'equity. « En effet, en tant que créanciers, ils occupent une position prioritaire dans la structure de capital d'une entreprise. Cela leur garantit un remboursement prioritaire par rapport aux actionnaires en cas de défaut ou de liquidation. »
Un potentiel intact pour 2025 ?
Sur l'ensemble des marchés du Private Market, les niveaux de Dry Powder (la "poudre sèche"), qui désignent l'ensemble des fonds engagés mais non encore appelés par les sociétés de gestion, n'ont jamais atteint de tels sommets.
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Des capitaux à investir
Les GPs (General Partners) se trouvent aujourd'hui à la tête d'un véritable trésor de guerre non investi, qu'ils devront, à un moment ou à un autre, déployer.
« Si les taux d'intérêt diminuent et si les banques centrales parviennent à orchestrer un atterrissage en douceur de l'économie, avec une inflation qui se stabilise, conjuguée à l'absence de tout autre choc macroéconomique, alors la situation sur le segment du Private Market devrait se normaliser », anticipe un analyste.
Kevin Egan, gérant de portefeuille principal et co-responsable du crédit chez Invesco, présente ses perspectives sur cette classe d'actifs et se montre confiant pour les entreprises : « Pour 2025, nous prévoyons une nouvelle année où les rendements des prêts dépasseront la moyenne, grâce à un environnement de risque favorable, alimenté par une inflation et des taux d'intérêt plus faibles. La baisse des taux a pour effet de renforcer les fondamentaux des émetteurs de prêts, à mesure que les charges d'intérêt diminuent, ce qui atténue le risque de défaut et de perte de crédit. »
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Des vents favorables ?
Un optimisme que partage Ron Kantowitz, directeur de la gestion dette privée chez Invesco, qui apporte un éclairage complémentaire : « Nous demeurons optimistes quant à l'avenir des prêts directs en 2025, en raison des vents favorables attendus, tant sur le plan macroéconomique que du déploiement des capitaux. »
« La récente baisse des taux rend certes le marché plus compétitif face aux acteurs bancaires, mais cela ne modifie en rien les équilibres fondamentaux, ni la montée en puissance du financement privé », ajoute Mike Dennis, Partner et Co-Head of European Credit chez Ares Management Corporation, dans les colonnes du journal Les Echos : « Plus que l'évolution des taux, ce qui soutient la croissance de notre marché, c'est la régulation croissante des banques, notamment les règles de Bâle. Et ces contraintes, loin de disparaître, vont perdurer. »
Dans cette perspective, le dirigeant d'Ares Management anticipe une reprise mondiale de la demande pour ce type de financement. L'environnement des fusions et acquisitions (M&A) dans le segment des entreprises de taille intermédiaire (mid-market) semble particulièrement propice et devrait confirmer le rebond amorcé à la fin de l'année dernière.
Les levées de fonds moteurs
L'attrait croissant des investisseurs pour la dette privée s'est concrétisé par des levées de fonds d'une ampleur sans précédent.
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La plus grande levée de fonds de l'histoire en Europe
Le gestionnaire d'actifs Ares Management a ainsi réalisé la plus importante levée de fonds de l'histoire du crédit privé en Europe, collectant la somme colossale de 17 milliards d'euros pour financer des entreprises sur le Vieux Continent.
Cette levée de fonds arrive seulement quatre mois après celle orchestrée par la société britannique ICG, qui avait, de son côté, réuni 15,2 milliards d'euros pour son véhicule dédié à la dette privée. Ces deux événements témoignent de l'essor rapide du marché de la dette privée, qui devient un pilier incontournable des stratégies d'investissement à l'échelle mondiale.
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La France, 1er marché européen
En France, les sociétés de gestion n'ont pas tardé à emboîter le pas. Selon les données du Private Debt Deal Tracker de Deloitte, le marché français demeure particulièrement dynamique, permettant à la France de s'imposer, en 2023 (voir schéma ci-dessous), comme le premier pays européen en nombre d'opérations, devançant ainsi le Royaume-Uni. Ainsi, 170 opérations ont été comptabilisées en France, contre 158 outre-Manche, soulignant l'engouement pour les solutions de financement privées dans l’hexagone.
Au cours des 12 derniers mois, plusieurs acteurs majeurs ont contribué à cette dynamique. La Caisse d'Épargne, par exemple, a lancé un fonds de dette privée de 535 millions d'euros, dédié au financement du développement des entreprises de taille intermédiaire (ETI) en région. De son côté, CAPZA a annoncé avec succès la levée de son fonds CAPZA 6 Private Debt, doté d'une capacité d'investissement de 2,5 milliards d'euros, ciblant principalement des entreprises en croissance ou en transformation.
En outre, des acteurs comme Andera Partners ou Alcentra continuent d'afficher une dynamique solide, renforçant l'attractivité de la dette privée en France. Ces sociétés, grâce à leur expertise et à leurs fonds bien structurés, participent activement à l’expansion de ce marché, qui ne cesse de se diversifier et de se sophistiquer.
Comment bien sélectionner les gérants de dette privée ?
Dans l’univers du non coté, et plus particulièrement en matière de dette privée, le choix des gérants revêt une importance capitale. En effet, les écarts de performance entre les fonds classés dans le premier et le dernier quartile sont considérables, rendant la sélection d’autant plus déterminante.
Nous vous recommandons ainsi d’opter pour une société de gestion ayant fait preuve de solidité à travers les cycles économiques et bénéficiant du soutien d’investisseurs institutionnels de renom sur plusieurs millésimes. Il est également essentiel d’évaluer la capacité des gérants à générer de la performance aussi bien en période de forte croissance qu’en temps de récession.
Le principal risque lié à la dette privée est celui du défaut de paiement, autrement dit, la possibilité que l’emprunteur ne soit pas en mesure d’honorer ses engagements. Il convient donc de privilégier des équipes de gestion stables, affichant des performances régulières et capables de limiter le taux de défaut des entreprises en portefeuille. Une approche rigoureuse, incluant la prise de garanties adaptées, permettra par ailleurs d’optimiser le recouvrement des investissements dans les meilleures conditions.
Prenez le temps d’analyser en détail leur historique de performance. Et n’hésitez pas à challenger leur méthodologie de sélection des entreprises.
Enfin, portez une attention particulière au système de rémunération et à l’alignement des intérêts entre la société de gestion et ses investisseurs. Une répartition équilibrée du carried interest entre les équipes est également un gage d’engagement et de motivation à long terme.
Podcast « Passion Patrimoine » : les confidences de Guillaume Lucchini
Dans le cadre de son podcast « Passion Patrimoine », la journaliste Carine Dany part à la rencontre des grandes figures de la gestion de patrimoine et de la gestion d'actifs. Elle explore avec eux non seulement leur parcours professionnel, mais aussi des aspects plus intimes : leurs motivations, leurs ambitions et la passion qui les anime.
Cette semaine, c'est Guillaume Lucchini, associé fondateur de Scala Patrimoine, qui s'est prêté au jeu de l'interview.
Family officer : un métier de passion
Dans la première partie de l'entretien, Carine Dany s'attache à comprendre les ressorts de la motivation de Guillaume Lucchini. Celui-ci met en lumière la richesse infinie de son métier et l'effervescence intellectuelle qui nourrit son quotidien. « En tant que chef d'entreprise, mes journées sont souvent comparables à des montagnes russes. Mais c'est précisément ce qui rend cette aventure exaltante : bâtir une activité, tisser des relations durables, donner du sens au temps qui passe. Ce qui m'anime avant tout, c'est la capacité à fédérer des talents autour d'un projet, à construire ensemble, à nous challenger mutuellement. Aujourd'hui, je n'ai pas l'impression de travailler : c'est la passion qui me guide. » explique-t-il.
Issu du monde juridique, Guillaume Lucchini souligne également qu'il fut parmi les premiers à aborder son métier sous un prisme juridique et fiscal. « À mes débuts, dans les grands groupes de gestion de patrimoine, la majorité des professionnels que je croisais venaient du domaine de la finance. »
Dans cet épisode, le fondateur du multi-family office revient également sur les transformations du secteur et sa manière d'aborder ses missions. « Pour moi, le produit n'est que la conséquence d'une stratégie patrimoniale bien pensée. Or, un besoin s'est fait sentir face à la déception de certains clients quant à leur relation avec leur banque, où l'accompagnement des familles dans leurs projets patrimoniaux s'est peu à peu effrité. » En cause : un modèle financier préférant la commercialisation des produits maison à une approche en architecture ouverte. « Cette vision centrée sur le produit restreignait les perspectives et limitait la personnalisation des solutions proposées. » souffle-t-il.
L'indépendance du conseil en gestion de patrimoine au cœur de sa démarche
En fondant Scala Patrimoine, Guillaume Lucchini a souhaité insuffler une nouvelle dynamique au conseil en gestion de patrimoine, avec une ambition forte : garantir une indépendance totale, tant sur le plan réglementaire et financier que capitalistique. « Cette volonté d'apporter une réelle valeur ajoutée à nos clients a guidé chaque étape de notre développement. Depuis la création, chaque euro gagné fait l'objet d'un réinvestissement dans le cabinet. Je ne prétends pas détenir une vérité absolue, mais je suis convaincu que pour accompagner efficacement nos clients, il est primordial de leur offrir une expertise solide et diversifiée, directement intégrée à notre structure. » explique-t-il. Avant d'ajouter : « Nous avons aussi bâti notre modèle autour d'une transparence absolue, en refusant le système des rétrocessions qui prévaut encore sur le marché. »
Au micro de Carine Dany, il rappelle qu'intervenir en amont dans la gestion patrimoniale permet une réflexion sereine et approfondie sur des enjeux complexes, qu'ils soient juridiques, fiscaux ou liés à la transmission. Ce métier exige une expertise pointue dans de nombreux domaines : ingénierie patrimoniale, financement, immobilier, gestion financière... Une approche qu'il résume ainsi : « Il est essentiel de définir des objectifs clairs. Gérer un patrimoine ne consiste pas seulement à rechercher un rendement, mais aussi à préserver une valeur refuge. Tout ne doit pas être exposé aux risques : notre rôle est d'assurer une diversification prudente tout en répondant aux besoins patrimoniaux et familiaux. »
En guise de conclusion, il insiste sur l'importance d'entretenir une relation d'honnêteté absolue avec ses clients. « Lorsqu'il s'agit de dire les choses, même les plus difficiles, nous n'hésitons jamais. Une relation de confiance ne peut exister qu'à travers le respect et la transparence réciproques. »
Cliquez ici pour écouter le podcast
Reev : l’exosquelette français qui révolutionne la mobilité
Les entreprises de technologies médicales, plus communément appelées Medtechs, connaissent un essor remarquable. En France, le secteur regroupe 1 400 entreprises, générant un chiffre d’affaires de 32,5 milliards d’euros. Symbole de cette dynamique, la start-up Reev vient de lever près de 9 millions d’euros pour financer le développement de son orthèse du genou.
Un exosquelette au service de la mobilité
Parmi les success stories françaises de la Medtech, Reev se distingue. Son fondateur, Amaury Ciurana, encore étudiant à l’ISAE-Supaéro de Toulouse en 2019, initie un projet ambitieux : concevoir un exosquelette destiné aux enfants atteints de paralysie cérébrale. Pour concrétiser son idée, il s’associe ainsi à Robin Temporelli, ingénieur en mécanismes spatiaux chez Airbus et docteur en mécatronique. De cette collaboration naît Reev, officiellement lancée en 2021.
« Notre mission est d’aider des millions de personnes souffrant de troubles de la marche, qu’ils soient consécutifs à un AVC, à une sclérose en plaques ou à une paraplégie, en leur offrant une autonomie et une liberté accrues », explique Amaury Ciurana.
Afin d’accélérer son déploiement, Reev s’est d’ailleurs associé au leader européen de l’orthopédie, Thuasne.

L'utilisation de l'intelligente artificielle
L’innovation de Reev repose sur une orthèse motorisée, plus légère que celles proposées par Wandercraft. « Contrairement aux genouillères classiques qui se contentent de stabiliser la jambe, notre orthèse est active. Elle amplifie les capacités motrices de son utilisateur grâce aux données recueillies par un capteur d’analyse des mouvements », précise le cofondateur.
Pesant seulement trois kilos, elle peut soutenir jusqu'à 130 kilos et offre une autonomie d’une journée complète. Son atout majeur ? L’intelligence artificielle, qui anticipe les mouvements du genou et apporte une assistance précise lorsque le patient en a besoin. Une simple extension du genou suffit alors à soulever l’utilisateur, réduisant de 30 % l’effort nécessaire pour se déplacer.
Deux leviers de croissance
La stratégie de Reev repose sur deux innovations complémentaires :
- DREEVEN, une orthèse robotisée intelligente,
- REEV SENSE, un système de capteurs connectés fixés à la chaussure ou à la jambe du patient.
« Chaque personne possède une signature de marche unique. Nos capteurs analysent la vitesse de déplacement, la longueur des foulées et intègrent ces données dans la commande de la genouillère afin de la rendre prédictive. C’est une véritable technologie de direction assistée appliquée à la médecine », explique Amaury Ciurana.
Ces avancées permettent aux professionnels de santé de suivre avec précision l’évolution de leurs patients en phase de rééducation. À terme, ces capteurs seront ainsi directement intégrés aux genouillères robotisées pour un dispositif entièrement adapté à chaque individu.
Invité sur BFM TV, Amaury Ciurana souligne une réalité frappante : « Près de 50 millions de personnes dans le monde vivent avec des séquelles d’AVC affectant leur capacité à marcher. Les solutions actuelles se limitent aux cannes, déambulateurs ou orthèses passives. En développant la première genouillère motorisée, légère, sur mesure et intelligente, nous leur offrons la possibilité de se lever, s’asseoir et monter les escaliers plus aisément. »
Une levée de fonds de 8,8 millions d’euros
Reev poursuit son ascension. Déjà implantée à Toulouse et à Boston, la société avait levé 3 millions d’euros en 2023, attirant Polytechnique Ventures, IRDI Capital Investissement, Newfund et plusieurs business angels.
En ce début d’année, la jeune pousse franchit une nouvelle étape avec une levée de fonds de 8,8 millions d’euros. Ce tour de table, mené par les mêmes investisseurs, bénéficie également du soutien de Techstars, d’un groupe de business angels et d’experts du secteur médical. Parmi eux, le footballeur Raphaël Varane et le Dr Hervé Silbert, chirurgien orthopédique spécialisé dans la chirurgie du genou, réunis par Scala Patrimoine.
Cet apport financier permettra d’affiner la miniaturisation et l’industrialisation de l’orthèse. L'entreprise pourra aussi mener des essais cliniques essentiels à l’obtention des autorisations de mise sur le marché aux États-Unis et en Europe.
Les tests en cours préfigurent une commercialisation en 2025, avec une priorité donnée au marché américain. « Les États-Unis, stratégiques pour Reev et ses 30 collaborateurs, offrent des remboursements par les assurances pouvant atteindre 30 000 dollars pour ce type d’équipements. » abonde en ce sens Amaury Ciurana.
La révolution de la mobilité est en marche !
Romane Azzopardi (Scala Patrimoine) : « L’Europe doit transformer ses ambitions en actions »
Le début de l’année s’est révélé particulièrement prolifique sur les marchés financiers, notamment en Europe. Les indices européens, à l’instar du CAC 40, ont enregistré une ascension notable, progressant de près de 10 %, tandis qu’aux États-Unis, le S&P 500 a engrangé un gain d’environ 3 %. Toutefois, la menace de nouveaux droits de douane, brandie par le président américain Donald Trump, demeure un facteur d’incertitude. Cette menace s’est concrétisée par l’imposition de taxes visant spécifiquement la Chine. Romane Azzopardi, responsable de la gestion financière chez Scala Patrimoine, analyse ces grandes tendances économiques mondiales avant d’examiner les principaux risques pesant sur les marchés boursiers.
Scala Patrimoine. Le retour de Donald Trump au pouvoir va-t-il se traduire par une relance économique ou marquer-t-il le début d’une guerre commerciale ?
Romane Azzopardi. Depuis son retour à la tête des États-Unis, Donald Trump enchaîne les annonces économiques, dont l’effet sur les marchés ne s’est pas fait attendre. Depuis sa victoire aux élections présidentielles, la réaction des investisseurs est largement positive, les valeurs américaines étant soutenues par l’anticipation d’une politique favorable à l’activité économique.
Son programme, baptisé "Maganomics", repose sur trois axes majeurs : une relance industrielle accompagnée de baisses d’impôts pour les entreprises américaines, un durcissement des politiques migratoires et une politique commerciale agressive visant l’ensemble des partenaires des États-Unis. Les premières mesures ne se sont pas fait attendre : Trump a récemment signé un décret instaurant des droits de douane de 25 % sur toutes les importations d’acier et d’aluminium, affectant sans distinction des partenaires clés comme le Canada, le Mexique et l’Union européenne.
La Chine est également visée, avec une hausse immédiate de 10 % des droits de douane sur l’ensemble des biens chinois importés aux États-Unis.
Si ces mesures visent à protéger l’industrie américaine, elles pourraient aussi engendrer des tensions commerciales. En réponse, les pays touchés pourraient adopter des mesures de rétorsion, ce qui risquerait d’alourdir les échanges internationaux et, à terme, de freiner la croissance économique des États-Unis.
Scala Patrimoine. Entre une croissance qui ralentit à l’échelle mondiale et les pressions inflationnistes persistantes, l’équilibre économique semble fragile.
Romane Azzopardi. À court terme, les mesures prises par l’administration Trump devraient stimuler la croissance, en soutenant l’emploi et l’investissement domestique. C’est d’ailleurs cette dynamique qui alimente l’optimisme des marchés en ce début d’année.
Cependant, cette dynamique pourrait rapidement se heurter à des tensions inflationnistes. La Réserve fédérale (Fed), consciente des risques, a déjà marqué une pause dans la baisse de ses taux, laissant planer un doute sur ses décisions futures. Si l’inflation repart à la hausse et que le déficit public – déjà proche des 7 % du PIB – continue de se creuser, la banque centrale pourrait se voir contrainte d’adopter une posture plus restrictive qu’anticipé.
Dans ce contexte, les marchés surveilleront de près l’évolution des prix et la résilience du marché de l’emploi.
Les perspectives de croissance pour 2025 demeurent solides, et les attentes concernant la progression des bénéfices constituent un soutien majeur pour Wall Street. Mais les incertitudes sont nombreuses : quelle sera l’ampleur et l’efficacité des mesures mises en place ? Quelle sera la réaction de la Fed ? Et surtout, comment le reste du monde réagira-t-il face à ces nouvelles politiques ?
Si certaines puissances économiques optent pour des mesures de rétorsion, notamment commerciales, l’impact sur la consommation américaine pourrait être significatif et, à terme, ralentir la dynamique de croissance des États-Unis.
« En Europe, l’investissement reste le véritable défi »
Scala Patrimoine. Faut-il s’inquiéter pour l’économie européenne ?
Romane Azzopardi. Les marchés européens affichent aujourd’hui une décote historique par rapport aux valeurs américaines. Ce déséquilibre ne traduit pas seulement une différence de perception des investisseurs, mais aussi un écart économique qui ne cesse de se creuser.
L’Europe peine à retrouver une dynamique de croissance, freinée par la faiblesse de ses deux principales économies. L’Allemagne, en récession pour la deuxième année consécutive, subit la pression d’un secteur industriel en difficulté et d’une demande chinoise en déclin. Quant à la France, elle fait face à une instabilité politique persistante dans un contexte budgétaire tendu, ce qui érode la confiance des investisseurs. Cela dit, certains facteurs pourraient contribuer à stabiliser la situation dans les mois à venir : la Banque centrale européenne (BCE) a amorcé un cycle de baisses de taux, avec trois nouvelles réductions prévues en 2025, tandis que l’inflation sous-jacente s’est stabilisée depuis quelques mois, allégeant ainsi le coût du financement pour les entreprises et stimulant potentiellement l’investissement. L’Allemagne pourrait, quant à elle, engager un tournant budgétaire après les élections législatives, offrant ainsi davantage de flexibilité pour relancer certains secteurs industriels stratégiques.
Scala Patrimoine. Quel sera le principal défi de l'Europe ?
Romane Azzopardi. L’investissement reste le véritable défi. L’administration Trump prévoit 500 milliards de dollars pour développer l’intelligence artificielle, et l’Europe affiche également sa volonté d’accélérer le développement de l’innovation. L’enjeu pour l’Europe sera de transformer ses ambitions en actions concrètes pour espérer combler son retard technologique et productif face aux États-Unis.
À cela s’ajoute un environnement commercial de plus en plus incertain. Si les politiques protectionnistes de Trump se durcissent, l’Europe risque d’en payer le prix, notamment dans ses secteurs industriels et automobiles déjà fragilisés.
Cependant, cette menace peut être relativisée. Les entreprises d'Europe exportatrices profitent d’un euro affaibli, ce qui renforce leur compétitivité. De plus, nombre d’entre elles ont déjà ajusté leur stratégie en renforçant leur présence aux États-Unis et en localisant une partie de leur production sur place.
« La marge de manœuvre de la Fed dépendra des effets réels des politiques de Trump sur l’économie »
Scala Patrimoine : La Chine peut-elle résoudre les équations économiques et sociétales qui lui sont posées ?
Romane Azzopardi. L’économie chinoise a connu une année 2024 mouvementée, oscillant entre des signaux positifs sur les marchés financiers et des défis persistants sur le plan macroéconomique.
D’un côté, les mesures de relance mises en place par Pékin – baisse des taux, assouplissement monétaire et soutien aux gouvernements locaux – ont permis un rebond des marchés actions chinois, qui ont surperformé l’Inde pour la première fois en trois ans.
D’un autre côté, les faiblesses structurelles demeurent : le secteur immobilier reste en crise, avec une demande faible et un stock d’invendus toujours trop élevé. La consommation intérieure peine à redémarrer, freinée par la prudence des ménages et le chômage des jeunes. Les tensions avec les États-Unis pourraient aussi s’intensifier si Trump applique de nouveaux droits de douane sur les importations chinoises.
Dans ce contexte, la Chine pourrait chercher à diversifier davantage ses exportations en renforçant ses liens avec l’Asie du Sud-Est, accentuant ainsi sa dépendance à la demande externe.
Scala Patrimoine. Quels sont les principaux risques qui pourraient impacter les marchés à court terme ?
Romane Azzopardi. Parmi les principaux risques pesant sur les marchés financiers, cinq méritent d’être évoqués.
En premier lieu, le risque d’escalade de guerre commerciale. Un climat protectionniste sous haute tension pèse sur le monde. L’intensification des mesures tarifaires de Trump pourrait entraîner des représailles de la Chine et de l’Europe, pesant sur les échanges mondiaux et accroissant l’incertitude pour les entreprises exportatrices.
En second lieu, les taux d’intérêt et la politique monétaire américaine. La Fed devra jongler entre soutien à la croissance et risque inflationniste. Sa marge de manœuvre dépendra des effets réels des politiques de Trump sur l’économie.
Le troisième facteur de risque porte sur les résultats des entreprises. Les attentes sont élevées et placent les entreprises sous pression. Les prévisions de bénéfices restent ambitieuses, mais le risque de déception demeure, notamment aux États-Unis.
Le quatrième risque repose sur la politique budgétaire européenne. Le potentiel de relance étant limité par des contraintes fiscales en France et en Allemagne, les marges de manœuvre budgétaires sont réduites, limitant ainsi la capacité des gouvernements à stimuler l’économie face aux défis de croissance et d’investissement.
Enfin, la Chine et sa trajectoire économique posent question. Une stabilisation pourrait créer des opportunités, mais les tensions avec les États-Unis restent un facteur d’incertitude majeur.
Le rendez-vous des marchés financiers - Février 2025
Marchés financiers & économie : les points clés
- L’arrivée de l’application chinoise DeepSeek, propulsée en tête des téléchargements sur l’Apple Store, a provoqué un véritable séisme sur les marchés financiers. Ce succès fulgurant pourrait remettre en cause la suprématie des géants américains sur le marché de l’intelligence artificielle.
- Surnommé le « tariff man », Donald Trump a engagé un bras de fer avec ses partenaires commerciaux, amorçant une hausse des droits de douane sur les produits importés.
- L’économie européenne montre des signes alarmants de ralentissement. Au quatrième trimestre 2024, le PIB n’a progressé que de 0,1 % par rapport au trimestre précédent.
Quelles performances sur les marchés financiers ?
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DeepSeek : un défi pour l’hégémonie américaine dans l’IA ?
L’arrivée de DeepSeek en tête des applications les plus téléchargées sur l’Apple Store a fait l’effet d’une bombe sur les marchés financiers. Cette entreprise chinoise spécialisée dans l’intelligence artificielle vient de dévoiler son modèle R1, un robot conversationnel gratuit et open source, qui semble déjà rivaliser avec ChatGPT, développé par OpenAI.
Ce qui frappe les observateurs, c’est l’efficacité avec laquelle DeepSeek AI a atteint ce niveau de performance. Selon des officiels chinois, l’entreprise aurait réussi cet exploit avec un budget de seulement 5,58 millions de dollars, un montant dérisoire comparé aux milliards dépensés par les géants américains.
De plus, les semi-conducteurs utilisés pour développer DeepSeek sont des solutions bien moins coûteuses que celles proposées par NVIDIA, dominant actuellement le marché.
Face à cette avancée, les entreprises américaines risquent de rencontrer des difficultés pour justifier leurs lourdes projections budgétaires. Elles pourraient être contraintes de revoir leurs stratégies, ce qui aurait des répercussions sur toute la chaîne de valeur. Cette disruption exerce déjà une pression significative sur les acteurs les plus exposés à l’intelligence artificielle et aux semi-conducteurs.
Les conséquences ne se sont pas fait attendre : 1.000 milliards de dollars de capitalisation boursière ont été effacé en quelques heures dans la tech. Les actions de NVIDIA et ASML ont respectivement chuté de 17 % et 7 %, illustrant la panique qui a gagné les marchés pendant quelques heures, avant de se reprendre en partie.
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Les marchés européens démarrent 2025 sur les chapeaux de roues
Une fois n’est pas coutume, c’est l’Europe qui est à la fête en ce début d’année. En Allemagne, le DAX 30 s’envole de plus de 10 % depuis le 1ᵉʳ janvier. De son côté, le CAC 40 progresse de plus de 8 % et franchit le seuil symbolique des 8 000 points.
En Chine, l’indice Shanghai Composite affiche une hausse de 2,5 %, tandis que le Hang Seng Tech Index, qui regroupe les 30 plus grandes sociétés technologiques cotées à Hong Kong, bondit de plus de 25 % depuis le 13 janvier, porté par l’enthousiasme suscité par les solutions de « DeepSeek ».
De l’autre côté de la mer de Chine orientale, au Japon, le Nikkei 225 marque le pas : l’indice recule de 1 % depuis le début de l’année 2025. En Inde, le Nifty 50 enregistre également une baisse de 3 %.
Malgré les soubresauts provoqués par l’essor de DeepSeek sur le marché de l’intelligence artificielle, les indices boursiers américains poursuivent leur ascension. Le S&P 500 s’adjuge plus de 3 % depuis janvier, à l’instar du Nasdaq 100.
Avec un ratio cours/bénéfices de 23,6 sur le S&P 500, le marché affiche un niveau élevé, mais encore éloigné de ses sommets historiques. En 2021, ce même ratio atteignait 37,26 !
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Une hausse des cours de l’Or et du pétrole
Les craintes d’une nouvelle guerre commerciale initiée par les États-Unis propulsent l’or vers de nouveaux sommets historiques. L’once d’or s’échange désormais à 2 878 dollars, en hausse de 9,85 % depuis le 1ᵉʳ janvier.
Porté par la montée des tensions entre le Hamas et Israël, ainsi que par les effets des sanctions américaines contre l’Iran et la Russie, le pétrole s’inscrit également en hausse. Le baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en février, a gagné 2 %, atteignant 76 dollars.
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L’appétit pour le Bitcoin se confirme
L’engouement pour le bitcoin ne faiblit pas. Après les déclarations élogieuses de Donald Trump, c’est au tour du gouverneur de la banque centrale de la République tchèque, Aleš Michl, d’afficher son intérêt pour la cryptomonnaie. Ce dernier envisage purement et simplement d’ajouter le bitcoin aux réserves de devises étrangères du pays, une première en Europe !
Ce projet pourrait concerner jusqu’à 5 % de l’allocation, soit environ 7 milliards d’euros. Pour autant, le prix du bitcoin reste en deçà du seuil symbolique des 100 000 €, s’établissant actuellement à 92 230 €.

États-Unis : Donald Trump lance les hostilités
Affichant une confiance certaine dans l’économie américaine, le Fonds monétaire international (FMI) a relevé sa projection de croissance pour 2025 de 0,5 point de pourcentage, la portant à 2,7 %.
L’institution justifie cette révision par une hausse de la productivité, particulièrement dynamique aux États-Unis, notamment dans le secteur technologique, ainsi que par un climat des affaires plus favorable et des marchés des capitaux plus développés.
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Le plein emploi
Les statistiques publiées aux États-Unis confirment la bonne santé de l’économie américaine. L’ISM des services a progressé plus que prévu en décembre, passant de 52,1 à 54,1. Parallèlement, les dépenses des ménages ont enregistré leur plus forte hausse en près de deux ans, avec une augmentation de 0,7 % sur un mois.
L’indice NFIB, qui mesure la confiance des PME, a également rebondi au-delà des attentes en décembre, passant de 101,7 à 105,1, tout comme la confiance des promoteurs immobiliers en janvier, qui s’est améliorée de 46 à 47.
La production industrielle suit la même tendance haussière : en décembre, elle a progressé de 0,9 % en rythme mensuel, dépassant largement les prévisions de +0,3 %.
Autre signal positif, le marché du travail reste dynamique. En moyenne, 166 000 emplois ont été créés chaque mois aux États-Unis en 2024, un chiffre inférieur aux 186 000 attendus, mais qui témoigne d’une solide résilience. Le taux de chômage, quant à lui, s’est établi à 4 % en janvier, contre 4,1 % en décembre.
Toutefois, la croissance du PIB au quatrième trimestre 2024 a déçu les analystes : elle s’est limitée à 2,3 %, contre 2,7 % attendus, un ralentissement principalement attribué à une baisse des investissements.
Autre point d’attention : la hausse des dépôts de bilan. Ceux-ci ont bondi de 33,5 %, atteignant 22 762 sur les 12 mois se terminant au 30 septembre 2024.
Enfin, la balance commerciale américaine continue de se détériorer. En novembre, le déficit s’est creusé à -78 milliards de dollars, après -74 milliards en octobre, prolongeant la tendance baissière amorcée à la mi-2023. Une évolution qui pourrait avoir des répercussions sur la politique internationale de Donald Trump.
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Une guerre commerciale à venir ?
Voici le chiffre qui fait frémir les équipes de Donald Trump : le déficit commercial américain a explosé en 2024, atteignant 918 milliards de dollars, soit une hausse de 133 milliards par rapport à l’année précédente. Cela représente 3,1 % du PIB.
Fidèle à sa réputation, « The Donald » n’entend pas laisser la situation se détériorer. Il endosse son costume de « tariff man », conformément à sa promesse d’augmenter drastiquement les droits de douane.
Première cible : la Chine
Un droit de douane supplémentaire de 10 % est désormais appliqué sur toutes les importations chinoises, portant le taux moyen à 23,4 %.
La Chine réplique aussitôt, imposant des taxes de 10 % à 15 % sur 20 milliards de dollars d’exportations américaines. Ces mesures ciblent principalement : les minéraux et combustibles stratégiques, les machines agricoles et certains modèles automobiles.
En parallèle, le président américain a signé deux décrets instituant des droits de douane de 25 % sur l’acier et l’aluminium, applicables à compter du 12 mars, tous pays confondus, « sans exception ni exemption ».
Le Mexique et le Canada sous pression
Le Mexique et le Canada sont également dans le viseur. Ils disposent d’un délai jusqu’au 4 mars pour parvenir à un accord avec l’administration Trump sur la sécurité frontalière, faute de quoi des tarifs de 25 % seront imposés sur tous leurs produits exportés vers les États-Unis. Les produits pétroliers sont exemptés, Donald Trump souhaitant préserver les intérêts des consommateurs américains.
L’Europe n’est pas épargnée : Donald Trump brandit la menace de nouveaux droits de douane, bien que ceux-ci ne soient pas encore mis à exécution. Dans une surenchère provocatrice, il évoque même la possibilité... d’annexer le Groenland, territoire sous souveraineté danoise.
La réaction ne se fait pas attendre : Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, promet une riposte « particulièrement ferme », tout en maintenant la porte des négociations ouverte : « Il est également important de maintenir le bon équilibre, afin d’éviter une guerre commerciale, qui n’est dans l’intérêt de personne. »
Isabel Schnabel, membre du directoire de la BCE, se montre plus alarmiste, déclarant qu'une guerre commerciale avec les États-Unis est désormais « très probable ».
Les tensions tarifaires alimentent les craintes d’inflation généralisée, aux États-Unis comme dans le reste du monde. Face à cette perspective, la FED décide de mettre en pause sa politique de baisse des taux, refroidissant ainsi les espoirs d’un assouplissement monétaire rapide.
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La FED adopte une position attentiste
Les pressions inflationnistes restent vives. Les derniers chiffres de l’indice des prix à la consommation (CPI) montrent une nouvelle hausse. En janvier, l’inflation s’est établie à 3 % sur un an, contre 2,9 % le mois précédent. Pour mémoire, le CPI était déjà passé de 2,7 % à 2,9 % en décembre.
Jerome Powell sur la défensive
Cette tendance est confirmée par le Département du Travail, dont l’indice CORE CPI — qui exclut les éléments volatils tels que l’alimentation et l’énergie — s’élève à 3,2 %, légèrement en dessous des 3,3 % anticipés par les analystes.
Ces données amènent Jerome Powell, président de la Réserve fédérale américaine (Fed), à freiner sa politique d’assouplissement monétaire. Lors de sa dernière intervention publique, il a réaffirmé la résilience de l’économie américaine : « L’économie américaine est, dans l’ensemble, forte. »
Il a souligné que la politique monétaire actuelle reste adaptée aux incertitudes économiques : « La politique monétaire actuelle est bien calibrée pour faire face aux risques et incertitudes auxquels l'économie est confrontée. De nouvelles baisses de taux ne pourront intervenir qu’en cas de recul plus marqué de l’inflation et d’une dégradation de la santé du marché de l’emploi. »
Un œil attentif sur la politique de Donald Trump
Jerome Powell a également indiqué qu’il suivrait de près l’évolution des projets politiques de Donald Trump : « Nous attendons de voir quelles politiques seront effectivement mises en place. Nous ne sommes pas pressés. »
Rappelant que l’inflation globale s’élevait encore à 2,9 % en décembre, au-dessus de l’objectif de 2 % fixé par la Fed, il a toutefois précisé que l’inflation « cœur », indicateur privilégié de la banque centrale, se rapprochait davantage de cette cible.
À ce jour, les marchés n’anticipent qu’une réduction modeste d’un quart de point du taux directeur, prévue pour le mois de juin. Pour rappel, entre septembre et décembre, la Fed avait déjà abaissé son taux directeur, le faisant passer de 5,5 % à 4,5 %.
Le spectre d’une récession en Europe ?
La BCE table sur une croissance de 1,1 % pour la zone euro cette année, avec une progression à 1,4 % en 2026. Plus réservée, le FMI projette une hausse limitée à 1 %, soulignant des écarts marqués entre les principales économies : Allemagne : 0,3 %, France : 0,8 % et Espagne : 2,3 %. Ces prévisions reflètent une reprise inégale au sein de la zone euro, avec une Espagne en tête et une Allemagne à la traîne.
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Ralentissement de l’économie européenne
L’économie européenne ralentit dangereusement, en raison des difficultés rencontrées par l’Allemagne et la France, ses deux principaux moteurs, pénalisées par l’instabilité politique et des défis structurels.
Selon les données transmises par Eurostat, au cours du quatrième trimestre 2024, le PIB a augmenté de seulement 0,1 % dans l'UE, par rapport au trimestre précédent. Au cours du troisième trimestre 2024, le PIB avait progressé de 0,4 %. Les déceptions les plus marquantes sont venues d’Irlande (-1,3 %), d’Allemagne (-0,2 %) et de France (-0,1 %).
Faut-il craindre une récession pour l’Union européenne au cours des prochains mois ? Les dernières statistiques économiques sèment le doute.
En décembre 2024, la production industrielle a diminué de 0,8 % dans l'UE, par rapport à novembre 2024. De même, le volume des ventes du commerce de détail a reculé de 0,3 %.
Les chiffres de l’emploi sont également mal orientés. En décembre 2024, le taux de chômage s’établissait à 6,3 %, en hausse par rapport aux 6,2 % enregistrés en novembre.
Heureusement, l’indice PMI Flash composite HCOB de l’activité globale dans la zone euro se redresse en janvier à 50,2 (contre 49,6 en décembre), atteignant son plus haut niveau depuis cinq mois.
Notons aussi, et c’est une bonne nouvelle, que la France a enfin validé son budget 2025, après plusieurs semaines d’atermoiements
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De nouvelles baisses de taux à venir
Malgré une tendance nettement déflationniste, les prix ont légèrement augmenté en ce début d'année. Le taux d'inflation annuel de la zone euro est estimé à 2,5 % en janvier 2025, contre 2,4 % en décembre 2024.
Pour Philip Lane, gouverneur de la Banque centrale d'Irlande, l’objectif de 2 % reste à portée de main, mais uniquement si l’inflation dans le secteur des services, actuellement à 4 %, poursuit sa décrue.
Ces soubresauts n'ont toutefois pas entravé la Banque centrale européenne dans sa politique de réduction des taux. En janvier, l'institution dirigée par Christine Lagarde a de nouveau abaissé ses taux de 0,25 point de base, marquant ainsi la cinquième réduction depuis juin. Son principal taux, qui était encore de 4 % en juin dernier, s'élève aujourd'hui à 2,75 %.
Cette politique monétaire résolument proactive devrait se poursuivre au cours des prochains mois. Les fragilités des économies européennes contraignent les banquiers centraux à assouplir leur politique monétaire, d’autant plus qu’une guerre commerciale avec les États-Unis semble se profiler.
La présidente de la BCE, Christine Lagarde, a d’ailleurs laissé la porte grande ouverte à de nouvelles baisses dans l'année à venir : « Le processus de désinflation est en bonne voie, avec une hausse des prix maîtrisée qui devrait converger vers 2 % dans le courant de l’année. »
Les anticipations prévoient ainsi deux ou trois nouvelles baisses d’ici à la fin de l’année.
Chine : une croissance inférieure à 5 %
La trajectoire de la croissance chinoise est sur une pente descendante. Bien que le produit intérieur brut (PIB) chinois ait enregistré une augmentation de 4,9 % en 2024, un chiffre proche de l'objectif gouvernemental de 5 % de croissance annuelle, cette performance est en grande partie attribuable aux mesures de relance mises en place par le gouvernement pour atténuer les difficultés héritées de la crise du Covid-19.
L’économie chinoise a également bénéficié de la vigueur de ses exportations, qui ont encore atteint des sommets l’année dernière. Selon des médias officiels, le montant des exportations a franchi, pour la première fois, la barre des 3 300 milliards d’euros, marquant une augmentation de 7,1 % par rapport à l’année précédente.
D'après les économistes internationaux, un nouveau ralentissement de l’économie chinoise est cependant prévu pour 2025, avec une croissance anticipée de seulement 4,4 %. Ce déclin serait la conséquence directe du contrecoup de la guerre commerciale menée par les États-Unis.
Fort heureusement, les premiers indices d’une reprise du marché immobilier chinois se font sentir. Les prix des nouveaux logements dans les grandes villes, telles que Pékin et Shanghai, ont enregistré en janvier une hausse annuelle de respectivement 1,2 % et 10,7 %, pour la première fois depuis dix-huit mois. Le volume des transactions a également progressé de 56 % par rapport à l’année précédente. Enfin, les acquisitions de terrains par les promoteurs immobiliers chinois ont connu une hausse de plus de 40 % en glissement annuel au mois de janvier.
Les convictions de Scala Patrimoine sur les marchés financiers
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Les marchés actions : Perspectives et défis
Les perspectives de croissance pour 2025 demeurent robustes aux États-Unis, où les attentes de progression des bénéfices soutiennent fermement Wall Street. Depuis l’annonce de la victoire de Donald Trump, la réaction du marché est globalement positive pour les valeurs américaines, propulsées par l’anticipation d’une politique résolument pro-business.
Les défis à venir
À court terme, les mesures proposées par l’administration Trump devraient stimuler la croissance, notamment par le soutien à l’emploi et à l’investissement domestique. C’est cette dynamique qui nourrit actuellement l’optimisme des marchés en ce début d’année. Cependant, cet élan pourrait rapidement se heurter à des tensions inflationnistes. Consciente du risque, la Réserve fédérale a déjà suspendu sa politique de baisse des taux. Si l’inflation venait à redémarrer, la banque centrale pourrait se voir contrainte d’adopter une posture plus restrictive que prévu initialement.
De son côté, l’Europe peine à retrouver un élan de croissance, en raison de la faiblesse persistante de ses deux principales économies. Toutefois, plusieurs facteurs pourraient contribuer à stabiliser la situation dans les mois à venir. La Banque centrale européenne a entamé un cycle de réduction des taux, avec trois nouvelles baisses prévues pour 2025, tandis que l’inflation sous-jacente semble se stabiliser. Par ailleurs, l’Allemagne pourrait opérer un tournant budgétaire après les élections législatives, offrant ainsi davantage de flexibilité pour soutenir certains secteurs industriels stratégiques.
Le défi majeur demeure cependant celui de l’intelligence artificielle. L’administration Trump a prévu un investissement de 500 milliards de dollars pour le développement de cette technologie, en réponse, entre autres, à la percée spectaculaire de DeepSeek, qui a ravivé l’optimisme des investisseurs quant à la compétitivité des entreprises chinoises dans le domaine. De son côté, l’Europe manifeste également sa volonté d’accélérer le développement de l’innovation. Le véritable enjeu pour l’Europe résidera dans sa capacité à traduire ces ambitions en actions concrètes, afin de combler son retard technologique et productif face aux États-Unis.
Les actions européennes retrouvent des couleurs
En janvier, les actions européennes ont surperformé leurs homologues américaines (7,02 % contre 2,76 %, respectivement). La décote historique des actions européennes par rapport aux valeurs américaines, qui dépasse les 40 %, a incité les investisseurs à revenir massivement sur les valeurs européennes en ce début d’année.
Cependant, ce déséquilibre reflète également un écart économique qui ne cesse de se creuser. Les perspectives économiques divergentes et la solidité des résultats des entreprises américaines nous conduisent à privilégier cette zone, malgré des valorisations élevées dans certains secteurs. Bien que nous considérions la récente sous-performance du secteur technologique comme un point d’entrée potentiellement intéressant, les mesures pro-business et favorables à la croissance pourraient avantager d’autres segments, en particulier les petites et moyennes capitalisations, davantage exposées au marché domestique.
En revanche, l’Europe continue de se voir freinée par des enjeux politiques locaux et géopolitiques, ce qui incite à une certaine prudence sur la zone euro, malgré l’assouplissement monétaire attendu et des valorisations attractives.
Enfin, la nouvelle coalition en Allemagne est particulièrement attendue pour son potentiel à relancer les investissements dans le pays. Les entreprises européennes exportatrices bénéficient d’un euro affaibli, ce qui renforce leur compétitivité. De plus, nombre d’entre elles ont déjà adapté leur stratégie en augmentant leur présence aux États-Unis et en localisant une partie de leur production sur place.
Certaines opportunités sont présentes dans des segments spécifiques, nécessitant une sélection rigoureuse des titres. Sur les marchés émergents, nous privilégions l’Asie du Sud-Est, qui devrait continuer d’attirer les flux d’investissements et profiter d’un éventuel renforcement des échanges avec la Chine.
Une prudence vis-à-vis des marchés financiers chinois
En revanche, nous demeurons prudents vis-à-vis de la Chine. Bien que les indices actions chinois aient surperformé l’indice des marchés émergents depuis le début de l’année, cette performance a été largement alimentée par l’essor spectaculaire du secteur technologique, en particulier après l’annonce de DeepSeek, un modèle d’intelligence artificielle avancé.
Toutefois, les bonnes nouvelles sur le plan macroéconomique se font attendre, et la crise immobilière persiste. Par ailleurs, les tensions commerciales, notamment celles liées à l’administration Trump, représentent un risque supplémentaire. La Chine pourrait d’ailleurs chercher à diversifier encore davantage ses exportations, en renforçant ses liens avec ses partenaires asiatiques.
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Les marchés financiers obligataires : des perspectives toujours favorables
La hausse des taux observée en début d’année s’est atténuée : les rendements des obligations d’État (zone euro et États-Unis) ont reculé de 20 à 30 points de base au cours des trois dernières semaines, permettant à cette classe d’actifs de générer des performances légèrement positives. Le spread français a diminué d’environ 14 points de base, marquant un début d’allègement de la pression sur les actifs hexagonaux.
Marchés obligataires : avantage au crédit corporate
Nous maintenons notre optimisme pour cette classe d’actifs, convaincus que l’année 2025 lui sera propice, portée par la baisse attendue des taux en Europe, qui allégerait le coût de financement des entreprises. Notre préférence se porte sur le crédit corporate, offrant des rendements supérieurs au souverain, soutenus par la solidité persistante des bilans d’entreprises, notamment en Europe.
Les obligations américaines affichent un rendement réel plus élevé qu’en Europe. La repentification de la courbe a été plus marquée aux États-Unis, renforçant l’attrait des maturités longues. Toutefois, la Fed ayant marqué une pause dans la baisse de ses taux directeurs, l’orientation de la politique monétaire demeure incertaine, exposant les obligations américaines à une volatilité accrue.
Les placements monétaires conservent un attrait supérieur à la dette souveraine européenne. Bien que cette solution soit perçue comme un support d’attente face à la baisse annoncée des taux directeurs de la BCE. La faiblesse des rendements des obligations souveraines européennes, y compris sur les maturités longues, renforce l’intérêt pour les placements monétaires.
Les taux de défaut : un marqueur à suivre de près
Les taux de défaut devraient demeurer inférieurs à leur moyenne historique, portés par des fondamentaux solides et la résilience des bilans d’entreprise. La robustesse des bénéfices et l’évolution du contexte économique en Europe restent déterminantes. Bien que les rendements du crédit aient reculé en 2024 (de 70 à 150 points de base selon la notation), le portage devrait conserver son attrait en 2025, avec des rendements réels toujours positifs.
En Europe, nous privilégions le crédit investment grade (IG) aux obligations souveraines, celles-ci offrant un rendement plus attrayant et des spreads qui, bien que resserrés, surpassent encore leur moyenne historique. Aux États-Unis, à l’inverse, les spreads IG s’approchent de leurs plus bas niveaux historiques. Face aux menaces pesant sur l’économie européenne, nous favorisons également l’IG au détriment du haut rendement.
Le high Yield (HY) conserve néanmoins une valeur de diversification et d’optimisation du rendement attendu. L’accent est mis sur les entreprises aux bilans solides, gages de confiance pour les investisseurs. Dans cette optique, nous privilégions les maturités courtes (moins de deux ans) et les émetteurs mieux notés. Bien que l’absence de perspective de récession en 2025 soutienne ce segment, sa sensibilité à une éventuelle détérioration économique en Europe reste élevée.
Les obligations financières se sont imposées parmi les segments les plus performants en 2024, continuant d’offrir des rendements supérieurs au reste de l’IG. En particulier, la dette subordonnée des grandes banques investment grade apparaît séduisante. Si une prime de risque persiste, liée à la hiérarchie des remboursements, celle-ci demeure maîtrisée grâce à la solidité des émetteurs, renforcée par l’endurcissement continu des réglementations bancaires.
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Les marchés financiers alternatifs
Dans le cadre de nos approches de gestion prudente, nous continuons à privilégier les stratégies alternatives long/short actions, en particulier sur des marchés volatils, incertains et marqués par une forte dispersion. Les rotations sectorielles s'opèrent à un rythme soutenu, et les marchés réagissent vivement aux annonces émanant des instances politiques, économiques et monétaires, ainsi qu'aux publications des résultats d'entreprises. Ces stratégies se révèlent particulièrement judicieuses pour tirer parti de ces environnements, offrant à la fois une protection contre les baisses et un potentiel de surperformance dans des conditions de marché complexes.
Les stratégies long/short actions permettent aux gérants de saisir les inefficiences du marché en prenant des positions longues sur des actions sous-évaluées et des positions courtes sur des actions surévaluées. Cette flexibilité s'avère essentielle dans des contextes volatils, car elle procure une décorrélation vis-à-vis des indices traditionnels.
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Les produits structurés
Nous demeurons confiants quant aux produits structurés, qui offrent la possibilité d'accéder à divers marchés tout en ajustant le niveau de risque et le rendement cible selon les attentes de l'investisseur. Après avoir atteint un sommet, la hausse des taux d'intérêt a marqué une pause, les rendements des obligations d'État, tant en zone euro qu'aux États-Unis, ayant reculé de 20 à 30 points de base.
Cependant, les niveaux absolus demeurent attractifs, en particulier pour les produits adossés à des sous-jacents obligataires, qui permettent de saisir des opportunités de rendement souvent plus séduisantes que celles offertes par une exposition directe aux marchés obligataires. De surcroît, ces produits structurés ouvrent de nouvelles perspectives sur les marchés actions, grâce à des structures parfois plus sophistiquées.
Ils représentent ainsi une alternative précieuse pour les investisseurs désireux de s'exposer aux actions tout en réduisant la volatilité propre à cette classe d'actifs. Cette flexibilité fait d'eux une solution stratégique pour diversifier et optimiser un portefeuille dans le contexte économique actuel.
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Le capital investissement et la dette privée
L’intérêt croissant des investisseurs institutionnels pour les actifs non cotés persiste, malgré un contexte économique incertain. Cette dynamique, renforcée par la diminution progressive des taux d’intérêt en 2024, oriente également les flux de capitaux vers des fonds de plus en plus accessibles au grand public. Bien que le marché affiche des signes d’attentisme, en raison des incertitudes politiques et économiques qui l’assaillent, nous demeurons convaincus du potentiel du private equity.
Les stratégies secondaires continuent de captiver l'attention, offrant des perspectives de valorisation particulièrement prometteuses. Par ailleurs, les fonds de co-investissement restent au cœur de nos priorités, en alliant optimisation des rendements et maîtrise des coûts.
De surcroît, le capital-risque, notamment dans les secteurs technologiques et liés à la transition énergétique, connaît un renouveau significatif, ouvrant des horizons fascinants pour les startups innovantes.
Enfin, les stratégies de dette privée, telles que la dette mezzanine et le growth buyout, gagnent en popularité, soutenant les entreprises en pleine phase de croissance.
Allocation conseillée
Pour exploiter pleinement le potentiel des investissements non cotés tout en maîtrisant les risques, nous préconisons une stratégie à la fois diversifiée et axée sur le long terme. Cette approche englobe plusieurs piliers essentiels :
- Des stratégies secondaires, réputées pour leur stabilité et leurs rendements constants, offrant ainsi une assise solide.
- Une exposition au capital-risque, afin de saisir des opportunités à haut rendement dans des secteurs novateurs et porteurs.
- Des investissements en LBO (Leveraged Buyout), permettant de tirer parti de l'effet de levier et d'accroître la rentabilité.
- Le growth equity, qui offre l'opportunité de participer à la croissance d'entreprises matures, tout en bénéficiant de leur potentiel d'expansion.
- La dette mezzanine, avec ses taux attractifs, s'imposant comme un instrument clé de diversification dans cette allocation.
Dans un environnement économique en constante évolution, cette répartition vise à conjuguer performance et gestion proactive des risques. Nous restons vigilants face aux fluctuations du marché, tout en saisissant les opportunités qu'il offre, en particulier dans des secteurs stratégiques tels que la santé et la transition énergétique.

Guillaume Lucchini intègre le classement Choiseul Finance de Demain 2025
Guillaume Lucchini, associé fondateur de Scala Patrimoine, figure parmi les 200 jeunes leaders qui façonnent l’avenir de la finance. Une liste qui a été publiée lors de seconde édition du classement Choiseul Finance de Demain 2025.
Un classement qui met en avant les talents de la finance
En collaboration avec CFNEWS et Haussmann Executive Search, l'Institut Choiseul publie la deuxième édition du classement Finance de Demain. Une publication qui met en lumière les talents de moins de 40 ans incarnant une finance innovante et engagée.
Le palmarès distingue les leaders de six grandes catégories : Private Equity, Financement, Advisory, Asset Management, Wealth Management et Fintech.
Dans chacune de ces disciplines, cinq profils particulièrement prometteurs ont ainsi été sélectionnés. Nous sommes très heureux de vous annoncer que Guillaume Lucchini, associé fondateur du multi-family office Scala Patrimoine, figure parmi ces personnalités, remarquées dans la catégorie Wealth Management.
Les nouveaux visages d’une finance engagée et en pleine transformation
Cette nouvelle édition du classement Choiseul Finance de Demain 2025 met en avant les acteurs d’une finance plus transparente, responsable et tournée vers les grands enjeux de demain.
Guillaume Lucchini réagit à cette distinction. "Au-delà de cette reconnaissance, je mesure chaque jour la chance d’exercer un métier exigeant et stimulant, aux côtés de familles, d’entrepreneurs et de sportifs de haut niveau. Cette distinction reflète également le combat que nous menons chez Scala Patrimoine. Apporter toujours plus de transparence à la gestion de patrimoine et redéfinir le rôle de la finance pour concilier performance et impact sociétal.
Elle illustre aussi la vision stratégique qui nous anime depuis plus de 10 ans. Celle de défendre une approche indépendante et engagée du conseil en gestion de patrimoine. Une finance responsable, c’est avant tout celle de nos clients, qui voient l’argent non comme une fin en soi, mais comme un levier de transformation. Je tiens également à remercier chaleureusement nos partenaires – experts en finance, comptabilité et droit – avec qui nous partageons la conviction qu’un conseil interprofessionnel et horizontal est un véritable catalyseur de succès pour nos clients."
Nous félicitons l’ensemble des lauréats ainsi que tous ceux qui œuvrent pour bâtir une finance plus éthique.