Aurélien Florin
Guillaume Lucchini sur BFM Business : « L’assurance-vie luxembourgeoise séduit les Français en quête de stabilité »
Invité de l’émission Good Morning Business sur BFM Business, présentée par Laure Closier, Guillaume Lucchini, associé fondateur du multi family office Scala Patrimoine, est revenu sur l’essor spectaculaire de l’assurance-vie luxembourgeoise, dont les souscriptions ont bondi de 54 % depuis la dissolution de 2024.
Laure Closier. Pourquoi les Français montrent-ils un tel engouement pour l’assurance-vie luxembourgeoise depuis la dissolution de 2024 ?
Guillaume Lucchini. La principale raison tient à l’instabilité politique et fiscale qui règne en France. Depuis juin 2024, beaucoup de Français doutent de la direction que prendra la politique nationale dans les prochaines années. La dette publique, déjà à un niveau préoccupant, continue de croître, tandis que les pouvoirs publics peinent à endiguer le déficit budgétaire.
Certains propos tenus récemment par des responsables politiques ont également inquiété les épargnants, notamment l’idée, évoquée par quelques députés, de mobiliser l’épargne privée pour résoudre une équation financière jugée “intenable”. Cette perspective, bien que marginale, a marqué les esprits.
L’instabilité fiscale, elle, reste omniprésente : les débats houleux autour du budget 2026 en sont une illustration. De plus en plus de familles et d’entrepreneurs envisagent aujourd’hui de transférer une partie de leur patrimoine vers des juridictions plus stables, comme le Luxembourg ou la Suisse, reconnues pour leur sécurité politique et financière.
« Oui, il existe une forme d’exode financier »
Laure Closier. Peut-on parler d’un exode financier ?
Guillaume Lucchini. Oui, je le crois. Les flux de capitaux transférés à l’étranger sont significatifs. Les épargnants ont peur de mesures de rétorsion sur leur épargne, comme cela avait été envisagé lors du vote de la loi Sapin II.
La dette publique constitue une autre source majeure d’inquiétude, tout comme l’éventualité d’un changement de majorité politique susceptible de bouleverser le cadre fiscal.
Chez Scala Patrimoine, nous le constatons clairement : avec nos bureaux à Paris et Genève, nous voyons de plus en plus d’entrepreneurs s’interroger sur la protection de leur patrimoine.
Jusqu’à récemment, ce sujet demeurait tabou. Aujourd’hui, il s’exprime ouvertement, signe d’un “ras-le-bol fiscal” grandissant. Les discussions récentes sur une hausse des droits de succession ou un réaménagement du pacte Dutreil, pourtant essentiel à la préservation des entreprises familiales, nourrissent un sentiment d’injustice.
Beaucoup s’interrogent : la France veut-elle encore valoriser ses entrepreneurs ou cherche-t-elle à les faire payer pour combler les déséquilibres budgétaires ?
« L’assurance-vie luxembourgeoise reste soumise à la fiscalité française »
Laure Closier. Les détenteurs d’une assurance-vie luxembourgeoise bénéficient-ils d’un régime fiscal différent ?
Guillaume Lucchini. Non, bien sûr. Une assurance-vie luxembourgeoise reste soumise au droit fiscal français. Autrement dit, la fiscalité applicable est identique à celle d’un contrat détenu en France. La différence réside ailleurs : les capitaux sont déposés dans un État mieux noté sur le plan de la solvabilité, comme le Luxembourg, et bénéficient d’un environnement réglementaire plus protecteur. Cela permet aux épargnants de sécuriser leurs avoirs tout en conservant une transparence totale vis-à-vis de l’administration fiscale française.
Il ne s’agit donc pas d’une pratique “offshore”. Tout résident français peut ouvrir une assurance-vie au Luxembourg, à condition de la déclarer correctement. Ce type de placement ne concerne d’ailleurs pas uniquement les très grands patrimoines, contrairement à l’idée reçue. Même les investisseurs disposant d’un capital plus modeste y voient aujourd’hui une solution de stabilité et de diversification.
Le rendez-vous des marchés financiers - Novembre 2025
Marchés financiers & économie : les points clés
- Malgré les doutes sur les valorisations des entreprises de l'IA, les marchés actions continuent de grimper.
- Les États-Unis et la Chine sont parvenus à un accord de désescalade commerciale ;
- Le FMI a relevé ses prévisions économiques et table désormais sur une croissance mondiale de 3,2 % en 2025, soit une révision à la hausse de 0,4 point ;
- La FED a baissé une nouvelle fois ses taux directeurs de 0,25 points de base ;
- L’agence de notation Standard & Poor’s a abaissé la note souveraine de la France de AA- à A+.
Les grandes actualités géopolitiques et les performances sur les marchés financiers
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Les marchés financiers mondiaux poursuivent leur ascension
Sur le mois écoulé, du 5 octobre au 5 novembre, les marchés financiers mondiaux affichent une performance globalement positive.
Aux États-Unis, les principaux indices continuent de progresser : le Dow Jones gagne 1,06 %, le S&P 500 s’adjuge 0,74 %, et le Nasdaq enregistre une hausse notable de 2,18 %, malgré certaines inquiétudes sur une éventuelle bulle spéculative autour des valeurs liées à l’intelligence artificielle.
En Europe, cette dynamique se fait également ressentir. Le CAC 40 progresse de 1,28 %, tandis que le FTSE MIB, principal indice italien, enregistre un léger gain de 0,17 %. Le DAX 30, référence allemande, cède toutefois du terrain, perdant 1,6 % sur la période.
Du côté de l’Asie, la tendance reste positive : le Shanghai Composite avance de 0,9 %, et le Nifty 50, indice phare de la Bourse indienne, s’apprécie de 2 %

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Saison des résultats : Wall Street surperforme les attentes
La première salve de publications trimestrielles vient de tomber, et les signaux sont au vert — surtout du côté américain. Cette saison des résultats s’annonce particulièrement robuste : 85 % des entreprises du S&P 500 ont publié des bénéfices supérieurs aux attentes, portées par la vigueur persistante du secteur technologique et le soutien massif de l’intelligence artificielle.
D’après les données de FactSet, le bénéfice par action moyen des sociétés de l’indice a progressé de 10,7 % entre le troisième trimestre 2024 et le troisième trimestre 2025. Un chiffre calculé sur la base des résultats déjà publiés par plus de 60 % des entreprises du S&P 500, dont la plupart des plus grandes capitalisations boursières.
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Nvidia pulvérise un nouveau record de valorisation
Rien ne semble pouvoir arrêter Nvidia. Le géant californien des semi-conducteurs vient d’inscrire un nouveau record à son palmarès, avec une capitalisation boursière de 5 100 milliards de dollars — soit davantage que Tesla, Meta (Facebook) et Netflix réunis.
Depuis le début de l’année, le cours de l’action du concepteur de processeurs, cartes graphiques et logiciels d’intelligence artificielle s’est envolé de près de 60 %, porté par une demande toujours plus forte dans le secteur de l’IA générative et des infrastructures cloud.
Avec une telle valorisation, Nvidia dépasse désormais le PIB de la France ou de l’Allemagne, un symbole fort de la domination croissante de la technologie dans l’économie mondiale. L’entreprise représente à elle seule 8 % de l’indice S&P 500, une concentration inédite pour une seule société depuis plus de quarante ans, selon les données de S&P.
Microsoft et Apple, qui complètent le podium des plus grandes capitalisations mondiales, affichent chacune une valeur de marché avoisinant 4 000 milliards de dollars. Une performance qui souligne l’ascension irrésistible de Nvidia au cœur de la révolution de l’intelligence artificielle.
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La note de la dette souveraine française encore sous pression
- S&P sévit
Nouvelle alerte sur la dette française. L’agence de notation Standard & Poor’s a abaissé la note souveraine de la France de AA- à A+, assortie d’une perspective stable. Une décision qu’elle justifie par la montée des tensions politiques et « une série de votes de confiance négatifs » rendant plus difficile la consolidation budgétaire engagée par le gouvernement.
Selon S&P, la France, dont la dette publique atteint désormais près de 118 % du PIB, ne parviendrait pas à mettre en œuvre les réformes nécessaires pour réduire durablement son déficit. L’agence anticipe même une hausse du ratio dette/PIB à 121 % d’ici 2028. Elle estime que l’instabilité politique pèsera sur l’investissement, la croissance et la capacité de l’État à tenir ses engagements budgétaires.
Cette dégradation fait de S&P la deuxième agence, après Fitch, à retirer à la France sa note « double A ».
Du côté des marchés, la réaction reste mesurée, mais les tensions s’accroissent. La société de gestion Altitude IS observe que « l’écart entre les taux à dix ans OAT et Bund, à 86 points de base, flirte désormais avec des niveaux inédits depuis la crise des dettes souveraines ». Et d’ajouter : « S’il n’y a pas lieu de s’alarmer outre mesure — la Banque centrale européenne disposant d’outils puissants et un secteur bancaire bien plus solide qu’en 2011-2012 —, cette situation renforce malgré tout l’incertitude des investisseurs. Comme souvent, les banques et les sociétés les plus exposées au marché domestique français en subissent les premiers les effets. »
- Moody’s patiente
L'agence de notation américaine, Moody’s, pour sa part, s’est montrée plus clémente. Elle a maintenu la note française à Aa3, équivalente à AA- chez S&P. L'agence n’en demeure pas moins prudente, pointant un « risque accru que la fragmentation du paysage politique français continue de nuire au fonctionnement des institutions législatives ».
Cette instabilité, souligne Moody’s, pourrait freiner la capacité du gouvernement à répondre efficacement aux défis budgétaires : déficit élevé, dette en progression et coût de l’emprunt en hausse. L’agence redoute également un ralentissement des réformes structurelles, notamment celle des retraites, suspendue jusqu’en 2028.
Malgré ces incertitudes, Moody’s rappelle les atouts fondamentaux de la France : une économie diversifiée, des ménages et entreprises aux bilans solides, un secteur bancaire robuste et des institutions publiques expérimentées. Autant d’éléments qui continuent, pour l’heure, de soutenir la crédibilité financière du pays.
Analyse du FMI : une économie mondiale plus résiliente qu’attendu
Contre toute attente, l’économie mondiale résiste mieux que prévu à la nouvelle guerre commerciale initiée par Donald Trump. Dans ses dernières Perspectives économiques mondiales, le Fonds monétaire international (FMI) a même relevé ses prévisions : il table désormais sur une croissance mondiale de 3,2 % en 2025 et 3,1 % en 2026, soit une révision à la hausse de 0,4 point par rapport à son estimation d’avril dernier.
Les hausses de tarifs douaniers américaines, finalement plafonnées entre 10 % et 20 % pour la plupart des partenaires commerciaux, se sont révélées moins déstabilisantes qu’escompté. Selon le FMI, ces droits de douane n’auraient « pas exercé un effet aussi négatif qu’anticipé » sur la dynamique économique mondiale.
La première puissance économique du globe, les États-Unis, devraient enregistrer une croissance de 2 % en 2025 et 2,1 % en 2026, tandis que la zone euro progresserait de 1,2 % puis 1,1 % sur la même période. De son côté, la Chine maintient un rythme solide, avec 4,8 % de croissance en 2025 et 4,2 % en 2026.
Cependant, l’institution de Washington appelle à la prudence. Elle souligne plusieurs facteurs de fragilité : la fin des importations de produits dits de « pré-alimentation », l’aggravation de l’endettement public mondial et la flambée spéculative autour de l’intelligence artificielle, que le FMI compare à la bulle Internet des années 1990. Autant de menaces susceptibles d’ébranler une stabilité économique encore fragile.
États-Unis : l’économie US défie les pronostics
La croissance américaine continue de déjouer les prévisions. La progression du PIB au deuxième trimestre 2025, dans sa lecture finale, a été revue à la hausse à +3,8 %, alors que le consensus tablait sur 3,3 %. Et la dynamique semble loin de s’essouffler : selon la Fed d’Atlanta, l’activité pourrait encore croître de 3,9 % au troisième trimestre.
D’après une étude de S&P Global, la probabilité d’une récession dans les douze prochains mois ne dépasserait plus 30 %, et ce malgré la hausse des droits de douane et l’enlisement du shutdown budgétaire.
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Un « shutdown » qui interroge
Le blocage budgétaire au Congrès, centré sur le financement fédéral et la prolongation des subventions santé, paralyse une partie de l’administration américaine depuis le 1er octobre. On entre ainsi dans la sixième semaine du conflit.
Selon les économistes, l’impact sur la croissance reste modéré — 0,1 % du PIB par semaine de blocage —, les dépenses gelées ne représentant qu’une faible part du budget fédéral (6,4 % du PIB).
Mais la situation inquiète : survenant à l’approche des fêtes de fin d’année, ce shutdown pourrait fragiliser la consommation, moteur traditionnel de l’économie américaine.
« Les entreprises s’inquiètent : United Airlines prévient d’un impact sur les réservations, Delta évoque des risques opérationnels et la National Retail Federation appelle à une réouverture rapide pour éviter un coup dur à la saison des fêtes », souligne Pierre-Alexis Dumont, directeur des investissements chez Sycomore AM.
Autre difficulté : l’économie avance désormais à vue, les publications de statistiques officielles étant suspendues durant la fermeture fédérale.
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Le temps des incertitudes
Les barrières commerciales imposées par Donald Trump ne semblent pas encore peser lourdement sur l’activité, mais les risques s’accumulent : dépendance américaine aux terres rares venues de Chine, tensions commerciales persistantes avec le Canada, et volatilité accrue des échanges.
En octobre, l’indice PMI manufacturier s’est légèrement redressé, passant de 52,2 à 52,5 points, au-dessus des attentes. « Les performances de l’économie manufacturière américaine se sont encore améliorées, soutenues par la production et les nouvelles commandes. Cependant, la croissance reste tirée par la demande intérieure, les exportations ayant reculé sous l’effet des droits de douane », note S&P Global.
En parallèle, l'indice des directeurs d'achat pour le secteur non-manufacturier de l'Institute for Supply Management a, lui, dépassé les attentes. Il est ressorti à 52,4 contre 50,7 en septembre et un consensus de 50, signalant ainsi une nette accélération de la croissance.
Si la hausse des prix sur certains biens importés est perceptible, elle demeure contenue. L’inflation sous-jacente a même ralenti à 3 %, un niveau inférieur aux anticipations et désormais engagé sur une trajectoire plus favorable, bien que toujours au-dessus de la cible de la Réserve fédérale.
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Un marché de l’emploi en perte de vitesse
Côté emploi, le ralentissement se confirme. En août, seules 22 000 créations nettes ont été enregistrées — un plancher depuis 2021. Mais selon le dernier rapport ADP, le secteur privé américain a créé 42 000 emplois le mois dernier, après en avoir détruit 32 000 en septembre.
Selon le Bureau of Labor Statistics, le nombre de postes disponibles est tombé à 9,5 millions en juin, soit 1,6 emploi par demandeur, en baisse pour le deuxième mois consécutif.
Le taux de chômage, estimé par la Fed de Chicago à partir de données privées (les chiffres officiels n’étant plus publiés depuis le début du shutdown), reste stable à 4,3 %.
Si les entreprises licencient peu, le taux d’embauche demeure à l’un des niveaux les plus faibles des vingt-cinq dernières années.
Cette prudence se reflète dans la confiance des ménages. Selon le Conference Board, l’indice de confiance des consommateurs américains a reculé à 94,6 en octobre, après 95,6 en septembre — un repli modéré mais révélateur du climat d’incertitude.
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Nouvelle baisse des taux de la Fed
La Réserve fédérale américaine (Fed) a annoncé une nouvelle baisse de ses taux directeurs d’un quart de point, la deuxième en un peu plus d’un mois. Cette décision ramène la fourchette des taux entre 3,75 % et 4 %, marquant un tournant notable dans la stratégie monétaire de la banque centrale.
La Fed justifie cet assouplissement par la dégradation progressive du marché de l’emploi. Les créations de postes ralentissent, fragilisées par les politiques commerciales et migratoires plus restrictives, qui pèsent à la fois sur la disponibilité de la main-d’œuvre et sur la consommation intérieure.
Pourtant, la pression inflationniste ne faiblit pas. En septembre, les prix à la consommation ont progressé de 3 % sur un an, contre 2,9 % le mois précédent, selon l’indice CPI publié par le département du Travail. Sur un mois, la hausse s’est toutefois légèrement modérée (+0,3 %, après +0,4 % en août), malgré le renchérissement des prix de l’énergie.
Face à ces signaux contrastés, la Fed cherche à prévenir un ralentissement trop marqué de l’économie tout en maintenant la stabilité financière. Lors de la conférence de presse suivant la réunion du comité de politique monétaire, Jerome Powell a souligné les divisions persistantes au sein du conseil : « Une réduction supplémentaire des taux lors de la réunion de décembre n’est pas acquise, loin de là. »
Dans le même mouvement, le président de la Fed a annoncé la fin du resserrement quantitatif à compter du 1er décembre. La banque centrale reprendra ses achats d’actifs financiers, injectant ainsi de nouvelles liquidités dans le système. Cette mesure vise à soutenir le marché obligataire et à atténuer l’impact du ralentissement temporaire lié au shutdown fédéral.
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Rencontre Chine–États-Unis : une trêve fragile mais stratégique
Après des mois de tensions commerciales et diplomatiques, Donald Trump et Xi Jinping ont décidé de mettre en pause l’escalade qui opposait Washington et Pékin. Les deux dirigeants se sont retrouvés en Corée du Sud pour un entretien de 90 minutes, au terme duquel ils ont conclu un accord de désescalade commerciale, marquant une tentative de stabilisation des relations économiques entre les deux premières puissances mondiales.
Ce compromis vise à prévenir toute nouvelle vague de tarifs punitifs et à rouvrir les canaux de communication rompus depuis plusieurs mois. Les États-Unis menaçaient d’imposer 100 % de droits de douane sur les importations chinoises à compter du 1er novembre, tandis que Pékin préparait des mesures de rétorsion ciblant notamment les exportations de terres rares, essentielles à l’industrie technologique américaine.
- Les principaux points de l’accord
Le texte dévoilé à l’issue de la rencontre prévoit :
- la réduction temporaire des droits de douane les plus élevés ;
- la suspension, par la Chine, de certaines restrictions sur les exportations stratégiques ;
- la création d’un canal permanent de concertation économique destiné à prévenir de nouvelles escalades.
- Les deux gouvernements insistent : il ne s’agit ni d’un accord global, ni d’un traité commercial, mais d’un cadre provisoire de coopération. Son objectif premier est de restaurer la confiance et d’éviter un choc récessif mondial à un moment où la croissance ralentit des deux côtés du Pacifique.
Preuve de la bonne volonté des différentes parties prenantes, la Chine a annoncé prolonger d'un an la suspension d'une partie des droits de douanes imposés aux produits américains, pour les maintenir à 10 %. Elle le fait peu après la signature par le président américain d'un décret abaissant de 20 à 10% une surtaxe douanière infligée à de nombreux produits chinois.
- Une trêve tactique plus qu’une paix durable
Si cette détente a été saluée par les marchés, les économistes demeurent prudents. Les questions de fond — subventions industrielles, transferts de technologies, propriété intellectuelle — n’ont pas été abordées.
L’accord ressemble donc davantage à une trêve tactique, dictée par l’urgence économique et politique, qu’à une véritable normalisation des relations commerciales.
Pour Washington, cette pause constitue avant tout un sursis stratégique : elle offre du temps pour réorganiser les chaînes d’approvisionnement et réduire la dépendance américaine vis-à-vis de la Chine, sans aggraver la pression inflationniste intérieure.
Zone euro : un léger rebond économique mais des incertitudes subsistent
L’économie de la zone euro montre des signes de redressement. Selon Eurostat, le produit intérieur brut (PIB) de la zone euro a progressé de 0,2 % au troisième trimestre 2025 par rapport au trimestre précédent, dépassant légèrement les prévisions (+0,1 %). Ce rebond reflète un regain de confiance des acteurs économiques et la bonne tenue des économies italienne et espagnole.
Pour autant, cette croissance reste « loin d’être impressionnante », tempère Jack Allen-Reynolds, analyste chez Capital Economics.
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Des indicateurs économiques encourageants
La fin de l’année s’annonce positive sur le plan économique. Les indices de confiance européens ont progressé plus fortement qu’attendu en octobre : l’indice économique global passe de 95,6 à 96,8, l’indice industriel de -10,1 à -8,2, et celui des services de 3,7 à 4.
Cette confiance se traduit par une consommation plus soutenue des ménages. Au deuxième trimestre 2025, la consommation réelle par habitant a augmenté de 0,3 %, après un recul de 0,1 % au trimestre précédent. Dans le même temps, le revenu réel par habitant a progressé de 0,5 %, contre +0,1 % au premier trimestre.
Le marché de l’emploi demeure stable : le taux de chômage s’est maintenu à 6,3 % en septembre.
Autre signe positif, l’indice composite des directeurs d’achat (PMI) de S&P Global a grimpé de 51,2 en septembre à 52,5 en octobre, marquant le dixième mois consécutif de croissance et atteignant son niveau le plus élevé depuis 29 mois.
L’enquête souligne que « l’activité économique de la zone euro a progressé en octobre à son rythme le plus rapide depuis mai 2023, s’éloignant de la cadence modérée observée en début d’année, grâce à l’accélération de l’activité dans le secteur des services et à des conditions de demande favorables ».
Pour Cyrus de la Rubia, chef économiste à la Hamburg Commercial Bank : « Enfin, il y a de nouveau quelque chose de positif à signaler pour l’économie de la zone euro. Le secteur des services a connu une solide progression en octobre. En ce qui concerne les nouvelles affaires, il faut remonter à mai 2024 pour observer une augmentation aussi forte. »
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Des incertitudes persistent
Cette dynamique pourrait toutefois être fragilisée par les hausses de droits de douane américains. Pour l’instant, il est difficile d’en mesurer l’impact. On note néanmoins que la zone euro a enregistré un excédent de 1,0 milliard d’euros dans ses échanges de biens avec le reste du monde en août 2025, contre 3,0 milliards un an plus tôt.
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BCE : la lutte contre l’inflation touche à sa fin
La Banque centrale européenne (BCE) semble approcher de son objectif : l’inflation revient au niveau jugé compatible avec sa politique monétaire. En octobre, le taux d’inflation annuel de la zone euro est estimé à 2,1 %, contre 2,2 % en septembre, se rapprochant ainsi de la cible de 2 % à moyen terme.
Comme anticipé par les marchés, la BCE a choisi de laisser ses taux d’intérêt inchangés, confirmant une pause prolongée dans sa politique monétaire. Le taux de rémunération des dépôts reste à 2 %, le taux de refinancement à 2,15 % et la facilité de prêt marginal à 2,40 %.
Dans son communiqué, l’institution de Francfort souligne que l’inflation est désormais stabilisée autour de sa cible et que les perspectives économiques restent globalement solides, malgré un environnement international tendu et des tensions commerciales persistantes avec les États-Unis.
Christophe Boucher, directeur des investissements chez ABN Amro Investment Solutions commente : « Les pressions inflationnistes restent orientées à la baisse, mais il faudrait un écart significatif par rapport à l’objectif pour que la BCE reprenne ses réductions. Sa position actuelle offre néanmoins une visibilité appréciable aux acteurs économiques, tout en laissant la porte ouverte à une politique plus accommodante si la reprise devait faiblir. »
Chine : le piège déflationniste
L’objectif de 5 % de croissance annuelle fixé par Pékin semble désormais s’éloigner. La deuxième économie mondiale a enregistré un PIB en hausse de seulement 4,8 % au troisième trimestre 2025, marquant le rythme le plus faible depuis la fin 2024. Après des croissances de 5,4 % au premier trimestre et 5,2 % au deuxième, les chiffres récents soulignent un ralentissement notable.
Les tensions commerciales, la méfiance des ménages et la crise immobilière pèsent lourdement sur la dynamique économique chinoise.
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La consommation, symbole des difficultés
La confiance des ménages reste fragile, entraînant une réduction des dépenses et des investissements. Cette prudence se traduit par une baisse des prix à la consommation pour le huitième mois consécutif en septembre. L’indice CPI s’affiche à -0,3 % sur un an, selon le Bureau national des statistiques (BNS), une baisse plus modérée qu’en août (-0,4 %), mais supérieure aux attentes des économistes (-0,2 %). Une spirale déflationniste qui tombe bien mal pour la Chine.
Car le secteur immobilier, pilier de l’économie et principal réceptacle de l’épargne des ménages, ne montre aucun signe de reprise. En septembre, le prix de l’immobilier neuf a reculé de 0,4 % sur un mois et de 2,2 % sur un an. Or, sans un marché immobilier solide, il est difficile d’espérer un regain d’activité économique et de confiance des ménages.
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Une activité économique qui déçoit
L’activité reste poussive. Le PMI manufacturier officiel a reculé en octobre de 49,8 à 49, tandis que le PMI manufacturier de S&P Global est tombé à 50,6 contre 51,2 en septembre. Le PMI des services reste stable à 50,1, confirmant un ralentissement généralisé.
Malgré ce contexte, la Chine affiche une amélioration notable de son commerce extérieur. En septembre 2025, les exportations ont progressé de 8,3 % sur un an, tandis que les importations ont augmenté de 7,4 %, dépassant largement les prévisions des économistes de Bloomberg (+6,6 % pour les exportations, +1,9 % pour les importations).
Les convictions de Scala Patrimoine sur les marchés financiers
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Un mois d’octobre porteur pour les marchés actions
Le mois d’octobre s’est révélé particulièrement favorable pour les marchés actions. Les places boursières des pays développés ont progressé en moyenne de 2,5 %, soutenues une fois encore par la vigueur du secteur technologique, à l’image du Nasdaq, en hausse de 4,8 % (en USD). Dans le même temps, le dollar s’est raffermi de 1,8 %, confirmant son rôle de valeur refuge.
Les marchés émergents ont également poursuivi leur ascension, enregistrant une performance de +6 % en euros, malgré la correction observée en Chine — conséquence de données macroéconomiques décevantes, d’un ralentissement de l’activité manufacturière et de doutes persistants sur la trajectoire des investissements.
Le rebond des actions indiennes, soutenu par d’excellents résultats au troisième trimestre, ainsi que la forte progression des bourses sud-coréennes et taïwanaises, ont contribué à cette dynamique.
Le Japon s’est distingué comme le marché le plus performant (en devise locale), porté par l’arrivée au pouvoir de Sanae Takaichi, partisane de politiques budgétaires et monétaires expansionnistes.
- Des facteurs de soutien solides aux actifs risqués
Plusieurs éléments expliquent la bonne orientation des marchés financiers :
- Un accord temporaire entre Washington et Pékin, prévoyant une réduction de 10 % des tarifs américains et la suspension des mesures non tarifaires chinoises à l’encontre des États-Unis (notamment la levée des restrictions sur les terres rares et la reprise des importations de soja).
- Une inflation maîtrisée aux États-Unis, qui a conforté la Réserve fédérale dans sa décision d’abaisser une nouvelle fois ses taux, désormais compris entre 3,75 % et 4,00 %.
- Une excellente saison de résultats d’entreprises : les bénéfices du S&P 500 affichent une croissance annuelle de 10,7 %, dépassant largement les attentes de 7,9 %. Les perspectives pour 2025 et 2026 ont, elles aussi, été relevées à +11,2 % et +14,0 % respectivement.
Cependant, quelques nuages s’amoncellent à l’horizon :
- Le shutdown américain, désormais le plus long de l’histoire (35 jours), engendre un manque de visibilité sur la conjoncture, faute de publications macroéconomiques officielles.
- Un regain d’inquiétudes chez certains grands acteurs de Wall Street concernant les valorisations des méga-cap technologiques, malgré leurs excellents résultats — à l’image de Palantir.
- Une position neutre mais constructive sur les marchés actions
En cette fin d’année, nous maintenons une approche constructive sur les marchés actions — une période historiquement favorable, portée par la détente géopolitique et la solidité des résultats d’entreprises.
Nous restons toutefois neutres sur les marchés développés, en raison de plusieurs incertitudes persistantes :
le manque de visibilité sur l’inflation, le marché du travail et la consommation américaine, malgré des indicateurs de croissance robustes, ainsi que les fragilités budgétaires en Europe et la lente reprise de l’activité allemande, malgré les dizaines de milliards d’euros de dépenses annoncées en début d’année.
Des éléments de soutien demeurent néanmoins. Aux États-Unis, la consommation résiste malgré un marché de l’emploi moins dynamique, tandis que les publications de résultats continuent de surprendre positivement. Et en Europe, la BCE a ajusté sa politique monétaire avec justesse, créant un environnement plus favorable à la reprise.
Nous conservons par ailleurs un biais positif envers les marchés émergents, portés par le repli du dollar et la vigueur des valeurs asiatiques. La région reste toutefois hétérogène : la correction chinoise et le rebond indien du mois dernier rappellent la nécessité d’une allocation équilibrée et sélective. Des pays comme la Corée du Sud, Taïwan ou le Vietnam offrent de réelles opportunités, stimulées par la montée en puissance de l’intelligence artificielle et le développement des échanges intra-asiatiques.
- Une allocation diversifiée et sélective
La diversification sectorielle demeure essentielle dans la construction de portefeuille.
Aux États-Unis, le secteur technologique reste le principal moteur des performances boursières : depuis l’essor de l’intelligence artificielle générative, il concentre près de 80 % des gains du marché. À moyen terme, ce segment demeure incontournable, les entreprises liées à l’IA continuant de tirer la croissance mondiale.
Néanmoins, la forte concentration des marchés et des valorisations élevées appellent à la prudence : toute déception, qu’elle soit d’ordre monétaire ou microéconomique, pourrait engendrer des ajustements significatifs.
Dans ce contexte, nous préconisons un rééquilibrage des portefeuilles, en intégrant des marchés et secteurs à fort potentiel tels que la santé, l’industrie, la défense ou encore les valeurs financières européennes, qui profitent toujours de la pentification de la courbe des taux.
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Les marchés obligataires : entre détente mesurée et vigilance accrue
- Une accalmie bienvenue sur les marchés européens
Le mois d’octobre a offert un répit au marché obligataire européen. La légère détente observée sur les taux allemands, tant sur les maturités courtes que longues, a soutenu la performance des dettes souveraines de la zone euro. Ce mouvement a été accompagné d’un resserrement des spreads sur les dettes périphériques, notamment en Espagne et en Italie.
Les anticipations d’inflation, désormais mieux ancrées en Europe, ont également contribué à cette baisse des taux longs. Le phénomène a été particulièrement marqué au Royaume-Uni, où les Gilts ont enregistré leur plus forte détente depuis la fin de 2023.
Au Japon, les taux souverains ont suivi une trajectoire similaire, profitant de l’apaisement des craintes entourant le programme budgétaire de la nouvelle Première ministre.
- La dette émergente en pleine lumière
La dette émergente poursuit sa dynamique positive. Elle bénéficie à la fois de la faiblesse du dollar, de rendements réels attractifs et d’une inflation globalement maîtrisée. Ces facteurs lui confèrent un avantage compétitif face aux obligations des marchés développés.
Toutefois, certaines pressions haussières sur les taux souverains devraient persister.
Aux États-Unis, la Réserve fédérale s’est montrée plus prudente en fin de mois quant à une éventuelle troisième baisse de taux en décembre, après avoir déjà abaissé son taux directeur pour la seconde fois en octobre. Cette position plus réservée a provoqué une remontée des taux en fin de période.
En Europe, les tensions politiques en France, la réforme du système de retraites néerlandais et les dépenses publiques accrues en Allemagne devraient également maintenir une certaine tension sur les rendements.
- Des signaux contrastés sur le marché du crédit
Sur le marché du crédit privé américain, les faillites de First Brands et Tricolor, ainsi que les pertes essuyées par plusieurs banques régionales exposées à ces dossiers, ont ravivé la volatilité et les craintes d’un effet de contagion.
Néanmoins, les bilans d’entreprises solides, le taux de défaut en repli et la résilience des établissements systémiques rassurent sur la stabilité du marché.
Selon une étude récente de la BIS (Banque des règlements internationaux), les ratios de service de la dette des entreprises en Europe et aux États-Unis demeurent largement inférieurs à ceux observés lors de la crise financière de 2008.
Les perspectives restent donc positives pour le crédit, notamment en Europe, où les fondamentaux des sociétés cotées demeurent robustes. Le marché primaire a d’ailleurs retrouvé de la vigueur, dissipant les doutes sur la capacité des entreprises à se refinancer.
- Investment Grade : un segment toujours porteur
Nous restons globalement positifs sur le marché obligataire, avec une préférence affirmée pour le crédit Investment Grade européen.
Les rendements demeurent attractifs et la demande reste soutenue, portée par des investisseurs à la recherche de portage stable dans un environnement de taux en transition.
Sur le segment des taux, une approche prudente s’impose. Les besoins de financement massifs des États européens et américains devraient continuer à exercer une pression haussière sur les taux longs.
Dans ce contexte, nous recommandons une duration courte, afin de limiter l’exposition au risque de correction sur la partie longue de la courbe.
À l’inverse, les taux longs français et américains ne reflètent pas encore pleinement les préoccupations budgétaires ni le risque d’un rebond des anticipations d’inflation, susceptibles de peser sur les valorisations.
Pour un investisseur en euro, l’exposition aux obligations américaines en dollar apparaît peu attrayante : la trajectoire de la Fed, engagée dans un cycle de baisse des taux, pèse sur le billet vert, tandis que le coût de couverture de change neutralise le différentiel de rendement offert par le marché américain.
- Des opportunités sélectives sur le marché du crédit européen
Notre biais positif se concentre sur le crédit Investment Grade européen, combinaison équilibrée de rendement attractif, stabilité des émetteurs et faible taux de défaut (inférieur à 1 %).
Nous privilégions les stratégies de portage (buy and hold), qui continuent d’offrir un rapport rendement/risque particulièrement compétitif.
Les spreads de crédit, bien que proches de leurs plus bas historiques, demeurent compatibles avec une baisse progressive des taux courts et moyens termes, ce qui renforce notre vision constructive.
Le niveau actuel constitue, selon nous, une opportunité d’entrée intéressante pour les investisseurs obligataires.
- L’effet stabilisateur de la désinflation
La désinflation en Europe soutient le marché obligataire en maintenant des rendements réels positifs, même dans un contexte de compression des spreads.
Nous continuons d’apprécier les obligations financières subordonnées, qui permettent d’améliorer le rendement moyen d’un portefeuille sans altérer significativement sa qualité de crédit.
Malgré un resserrement des écarts de spreads avec les obligations corporate classiques, ce segment bénéficie de fondamentaux solides et d’un cadre réglementaire renforcé, plus strict qu’outre-Atlantique, ce qui conforte sa résilience.
Sur le High Yield, nous restons extrêmement sélectifs : seule une exposition limitée aux meilleures signatures et maturités courtes nous semble justifiée, à condition que le rendement additionnel compense clairement le risque accru.
- Une certaine prudence sur les taux étatiques
Nous restons vigilants sur le segment des taux souverains. Les besoins de financement élevés, tant en Europe qu’aux États-Unis, pourraient continuer de tirer les rendements longs vers le haut. Nous privilégions donc les obligations souveraines européennes de court terme, qui constituent une alternative pertinente aux instruments monétaires, compte tenu d’une meilleure visibilité sur la politique de la BCE. Le risque de duration reste bien réel. Les taux longs français et américains ne reflètent pas encore la situation budgétaire respective de ces deux économies.
Par ailleurs, le risque de remontée des anticipations d’inflation demeure un facteur de tension pour la partie longue de la courbe.
Enfin, pour les investisseurs en zone euro, l’exposition au marché obligataire américain ne semble pas opportune : les facteurs macroéconomiques (cycle de baisse de taux de la Fed) et les coûts de couverture élevés réduisent significativement l’intérêt de ce positionnement.
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Stratégies Alternatives : une préférence affirmée pour les approches Long/Short actions
Nous maintenons une allocation globalement prudente à l’égard des investissements alternatifs dans leur ensemble. Cependant, au sein de cet univers hétérogène, une préférence claire se dégage pour les stratégies actions Long/Short, qui nous paraissent particulièrement pertinentes dans le contexte de marché actuel.
Dans un environnement marqué par une forte dispersion des performances sectorielles et géographiques, ces stratégies offrent une approche équilibrée : elles exploitent à la fois les opportunités de sous-évaluation (positions longues) et les excès de valorisation (positions courtes) sur les titres cotés.
Leur atout majeur réside dans leur capacité à réduire l’exposition directionnelle aux marchés actions, tout en préservant un potentiel de performance même lors des phases de correction ou d’incertitude accrue.
Grâce à leur flexibilité, les gérants Long/Short peuvent ajuster rapidement leurs expositions en fonction des conditions de marché, cherchant à générer de la valeur quelles que soient les configurations économiques.
Ces stratégies constituent ainsi un instrument efficace de diversification, offrant une décorrélation bienvenue face aux indices boursiers traditionnels et contribuant à stabiliser la performance globale d’un portefeuille dans un environnement de volatilité persistante.
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L’or : une demande toujours soutenue
Le bond de l’or en septembre, avec l’once flirtant avec les 3 900 dollars, confirme la résilience persistante du métal jaune. Malgré des performances déjà exceptionnelles cette année, nous restons positifs sur l’or, soutenus par plusieurs facteurs structurels.
La baisse des taux réels, conséquence de l’assouplissement des taux directeurs, ainsi que l’affaiblissement du dollar américain, continuent de renforcer l’attrait du métal précieux. À cela s’ajoute l’escalade des tensions géopolitiques, qui alimente la recherche de valeur refuge, et une perte de confiance croissante parmi certains acteurs économiques.
Notons également que la demande institutionnelle et privée, portée par les banques centrales et les ménages, demeure solide, particulièrement dans les économies asiatiques et émergentes, confirmant le rôle stratégique de l’or comme actif de préservation de richesse et de diversification.
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Produits structurés : un placement sur mesure
Nous conservons une conviction forte en faveur des produits structurés. Bien plus qu’un simple instrument d’exposition, ils offrent une solution sophistiquée de personnalisation, permettant d’ajuster avec précision l’accès aux marchés ainsi que le couple rendement-risque selon les objectifs de l’investisseur.
Ces instruments se révèlent particulièrement pertinents pour ceux qui souhaitent tirer parti de marchés ou de secteurs à fort potentiel de croissance à moyen terme, tout en intégrant des mécanismes de protection face aux risques de correction. Cette approche est d’autant plus stratégique dans des périodes où les valorisations des marchés sont élevées.
La diversification reste un principe central, tant sur le plan des sous-jacents que des structures utilisées. Grâce à leur flexibilité, les produits structurés permettent d’optimiser la performance d’un portefeuille dans l’environnement actuel, tout en s’adaptant aux besoins spécifiques de distribution. Ils constituent ainsi un pilier pertinent dans toute stratégie de rente personnalisée, combinant rendement, protection et adaptabilité.
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Private Equity : opportunités dans les actifs non cotés
L’intérêt des investisseurs institutionnels pour les marchés non cotés continue de croître, malgré un contexte économique marqué par l’incertitude. Cette dynamique, renforcée par la baisse progressive des taux d’intérêt prévue en 2025, oriente également les flux vers des fonds plus accessibles au grand public.
Bien que le marché manifeste des signes d’attentisme, notamment en raison des incertitudes politiques et économiques, nous restons confiants dans le potentiel du private equity.
Certaines stratégies se distinguent particulièrement :
- Les stratégies secondaires, offrant des opportunités de valorisation attractives et une stabilité relative.
- Les fonds de co-investissement, qui combinent optimisation des rendements et maîtrise des coûts.
- Les stratégies de dette privée, telles que la dette mezzanine ou le growth buyout, qui soutiennent le développement des entreprises en phase de croissance.
- Le capital-risque, notamment dans les secteurs technologiques et liés à la transition énergétique, qui suscite un regain d’intérêt et propose des perspectives captivantes pour les startups innovantes.
- Allocation conseillée
Pour exploiter pleinement le potentiel des investissements non cotés tout en maîtrisant les risques, nous préconisons une approche diversifiée et long terme, articulée autour de :
- Marchés secondaires : stabilité et rendements robustes.
- Capital-risque : exposition ciblée à des opportunités à haut rendement dans les secteurs innovants.
- LBO (Leveraged Buyout) : bénéficier de l’effet de levier pour optimiser les performances.
- Growth equity : tirer parti de la croissance d’entreprises matures et prometteuses.
- Dette mezzanine : diversification et rendement attractif.
Cette allocation vise à conjuguer performance et gestion proactive des risques, tout en restant réactive aux évolutions du marché. Elle privilégie également les secteurs stratégiques, tels que la santé et la transition énergétique, offrant un potentiel de croissance durable et structuré.
Loi de finances pour 2026 : tour d’horizon des principaux amendements adoptés
Article mis à jour des amendements adoptés au 3 novembre 2025
Le chemin législatif s’annonce long et semé d’embûches. Les travaux de la commission des finances, visant à modifier le projet initial de loi de finances, ont été rejetés. La version originale du projet est donc celle actuellement débattue à l’Assemblée nationale.
Pour autant, de nombreuses propositions de la commission pourraient revenir sous la forme d’amendements. Près de 2 500 amendements ont été déposés et seront examinés par les parlementaires dans les semaines à venir.
Voici un état des lieux des principaux amendements adoptés à ce stade. Il convient de rappeler que le vote final de la loi de finances n’interviendra qu’à la fin décembre. Cela laisse donc la porte ouverte à de nombreuses évolutions.
La fiscalité patrimoniale
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Les mesures concernant l’Impôt sur le revenu
Les parlementaires ont rejeté le gel du barème de l’impôt sur le revenu. Une mesure qui aurait pourtant rapporté environ 2 milliards d’euros à l’État. Les tranches du barème seront donc revalorisées de 1,1 %.
Le plafond des dépenses éligibles au crédit d’impôt pour les services à la personne est également abaissé, passant de 12 000 à 10 000 euros par an (et de 15 000 à 13 000 euros pour la première année d’utilisation). Les majorations par enfant à charge ou membre du foyer de plus de 65 ans restent inchangées. Cependant, le plafond global avec ces majorations sera désormais limité à 13 000 euros (16 000 euros la première année).
Par ailleurs, la réduction d’impôt sur les dépenses d’accueil en établissement spécialisé, notamment en Ehpad, sera convertie en crédit d’impôt. Cette possibilité se concrétisera toutefois dans la limite de 10 000 euros par personne. Enfin, un amendement rétablit la défiscalisation totale des heures supplémentaires et complémentaires.
Enfin, les députés ont adopté l’amendement qui supprime la mesure visant à revenir sur la réduction d’impôt relative aux indemnités journalières perçues par les patients souffrant d’affections de longue durée.
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La hausse de la Contribution sociale généralisée (CSG)
La hausse de la CSG semble désormais actée. Jusqu’ici fixée à 9,2 % pour les revenus du capital, la CSG augmentera de 1,4 point, portant le total des prélèvements sociaux sur ces revenus à 18,6 %.
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Un abattement sur les successions revu à la hausse pour les enfants du conjoint ou du partenaires de Pacs
Un amendement du budget 2026 propose un abattement spécifique au moment de la succession pour les enfants de conjoints ou partenaires de PACS n’ayant aucun lien de parenté avec le défunt. Il sera de 15 932 euros, au lieu de 1 594 euros actuellement
La fiscalité de l’épargne
Deux amendements concernent les placements préférés des Français. Pour le Plan d’épargne retraite (PER), la période pour utiliser le plafond de déduction fiscale des versements volontaires pourrait être prolongée de trois à cinq ans. Pour l’assurance-vie, il sera possible de transmettre par anticipation aux bénéficiaires les primes versées avant le 1er octobre 2025, dans la limite de 152 000 euros.
La fiscalité des grandes fortunes
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La Contribution différentielle sur les hauts revenus (CDHR) retouchée
Les députés ont décidé de prolonger la CDHR jusqu’à ce que le déficit public repasse sous les 3 % du PIB. L’assujettissement se fera sur le même seuil que celui de la CEHR (revenu net imposable). Certaines réductions et crédits d’impôt ne seront pas pris en compte. Par ailleurs, le mécanisme de décote sera ajusté pour les contribuables ayant un revenu fiscal inférieur à 330 000 € (célibataires) ou 660 000 € (couples).
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Le retour de l’Exit tax
Une « exit tax 2.0 » sera mise en place pour les Français quittant le pays. Parmi les amendements adoptés, il est prévu que les plus-values latentes seront imposées au départ et remboursées si elles sont conservées pendant plus de quinze ans.
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L’Impôt sur la fortune immobilière (IFI) recentré
L’IFI se transforme en impôt sur la fortune improductive. L’assiette s’élargit aux biens immobiliers, bijoux, œuvres d’art, cryptomonnaies, véhicules de collection, yachts ou certains contrats d’assurance-vie investis dans des supports non productifs. Le seuil d’imposition est fixé à 2 millions d’euros. Un abattement d’1M€ pour un bien au choix et une réduction de 30 % pour la résidence principale pourrait s'appliquer. Le barème progressif laisse place à un taux unique de 1 % sur la part du patrimoine taxable dépassant le seuil.
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La Taxe sur les holdings patrimoniales vidée de sa substance ?
Cette taxe ciblera uniquement les actifs détenus à des fins purement fiscales, excluant la trésorerie nécessaire à la stratégie des PME et ETI familiales. Les biens somptuaires concernés incluent désormais les aéronefs non commerciaux, vins et alcools, et chevaux de course. Le seuil de détention pour être redevable passe à 50 % (contre 33,33 % initialement).
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La réforme du Pacte Dutreil
Les députés ont adopté une série d’amendements qui proposent d’écarter les biens non professionnels des exonérations accordées par le pacte Dutreil sur la transmission des entreprises. Les députés ont aussi allongé la durée de détention minimale des actions par ceux à qui une entreprise est ainsi transmise. De six ans, celle-ci est portée à huit ans. Dernier changement, au moins l’un de ceux à qui l’entreprise est transmise devra être âgé de 18 à 60 ans.
La fiscalité immobilière
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Un nouveau soutien à l’investissement immobilier
Le soutien aux investisseurs immobiliers se traduira par un nouveau dispositif d’incitation, plutôt qu’un statut spécifique de bailleur privé. À partir du 1er janvier 2026 et jusqu’au 31 décembre 2028, les particuliers acquérant un bien neuf ou en VEFA pour le louer en nu à une personne extérieure à leur foyer fiscal pourront amortir 2 % du prix d’acquisition (dans la limite de 5 000 euros par an et par foyer fiscal). Les biens doivent être loués sous deux ans, pour au moins neuf ans, avec possibilité de prolongation de l’amortissement.
Un mécanisme de soutien à la rénovation énergétique des logements anciens est également prévu. Le doublement du déficit foncier sur le revenu global sera prorogé jusqu’à fin 2027. Le plafond sera porté à 21 400 euros, reportable sur huit ans au lieu de six.
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Une exonération des dons familiaux aux primo accédants
Un abattement temporaire au titre des dons de sommes d’argent consentis dans un cadre familial a été voté. Cela concerne ainsi les arrière-grands-parents et arrière-petits-enfants, grands-parents et petits-enfants et parents et enfants. Ces donations peuvent aller jusqu’à 100 000 € par donateur, affectés à l’acquisition ou à la construction de la résidence principale. Les montants sont cependant limités à 300 000 € par enfant donataire.
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Un allégement de la fiscalité sur les plus-values
Enfin, la durée de détention nécessaire pour bénéficier de l’exonération d’impôt sur la plus-value de cession d’une résidence secondaire passera de 22 à 17 ans.
Présent d’usage ou don manuel : le cadeau d’Ousmane Dembélé à sa mère relance le débat fiscal
Le débat entre présent d’usage et don manuel ne passionne pas seulement les fiscalistes. Il touche en réalité tous les contribuables susceptibles d’offrir — ou de recevoir — un cadeau important. Le dernier exemple en date vient du monde du football. Celui d’Ousmane Dembélé, lauréat du Ballon d’Or 2025, et d’un virement réalisé à sa mère il y a quelques années.
Un « cadeau d’anniversaire » à 200 000 euros
En 2017, alors qu’il évoluait au Borussia Dortmund, l’international français avait offert à sa mère, Fatimata Dembélé, une somme de 200 000 euros à l’occasion de son quarantième anniversaire. Selon le joueur, il s’agissait d’un simple « cadeau d’anniversaire », un geste filial qu’il estimait exonéré d’impôts.
Mais l’administration fiscale n’a pas la même lecture. Pour le fisc, ce transfert s’apparente à un revenu imposable plutôt qu’à un présent d’usage. Une divergence d’interprétation qui a conduit Mme Dembélé à contester la taxation devant le tribunal administratif de Rennes.
Une affaire aux contours flous
Le rapporteur public a estimé que la taxation était justifiée. Fatimata Dembélé était alors employée par une société gérant l’image de son fils. Par ailleurs, le virement avait été effectué six mois après l’anniversaire, sur un compte espagnol non déclaré.
La mère du joueur a cependant demandé la décharge de la cotisation supplémentaire d’impôt sur le revenu, aux prélèvements sociaux et aux pénalités infligées.
Présent d’usage ou don manuel : où est la frontière ?
La question n’est pas anodine. En droit français, la distinction entre présent d’usage et don manuel est essentielle. Car c'est elle qui détermine si un transfert d’argent doit être déclaré et taxé.
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L’occasion du cadeau
Un présent d’usage est un cadeau offert à l’occasion d’un événement particulier : anniversaire, mariage, réussite à un examen, Noël, naissance, etc. La Première chambre civile de la Cour de cassation l’a rappelé. Il s’agit d’un don fait conformément à un usage social et n’excédant pas une certaine valeur. Un transfert sans lien avec un événement précis ne peut donc pas être considéré comme un présent d’usage. Le juge l'a souligné dans un arrêt du 25 septembre 2013.
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La proportionnalité du don
La valeur du cadeau doit rester proportionnée à la fortune, aux revenus et au train de vie du donateur. L’article 852 du Code civil précise que le caractère de présent d’usage « s’apprécie à la date où il est consenti et compte tenu de la fortune du disposant ».
Aucune limite chiffrée n’est fixée par la loi, mais la pratique recommande de ne pas dépasser : 2 % du patrimoine, ou 2,5 % des revenus annuels. En clair : plus le donateur est fortuné, plus ses cadeaux peuvent être généreux — à condition qu’ils ne « l’appauvrissent » pas.
Un concept souple, mais risqué
Le présent d’usage peut prendre diverses formes : argent, bijoux, mobilier, véhicule, œuvres d’art, titres financiers… Il bénéficie d’un régime fiscal avantageux. Celui-ci n'est, en effet, ni imposable au titre des droits de donation, ni rapportable à la succession.
Mais l’absence de critères stricts rend la frontière avec le don manuel particulièrement floue.
Les juges apprécient au cas par cas la nature du cadeau.
Quelques exemples illustrent cette variabilité
Pour la Cour d’appel de Paris, un chèque offert par une mère à ses enfants à l’occasion de Noël, pour un montant total de 200 000 francs (soit environ 30 500 €) au regard d’un patrimoine familial de 8,2 millions de francs (1,25 M€), a été reconnu comme un présent d’usage.
À l’inverse, la Cour de cassation a refusé cette qualification lorsqu’un époux avait remis un chèque bancaire à son épouse. Le montant, complété par cette dernière, s’élevait à 60 754,30 francs (9 250 €), sans que l’occasion du cadeau soit précisée.
De même, un chèque de 200 000 € remis par un dirigeant à un ancien collaborateur pour son départ à la retraite n’a pas été considéré comme un présent d’usage. La Cour a relevé que deux ans s’étaient écoulés entre le départ effectif à la retraite et la remise du chèque, ce qui rendait le lien avec l’événement trop éloigné (Cour d’Appel de Paris, 2024).
Ce que l’on peut relever dans le cas d’espèce
Dans l’affaire de Madame Dembélé, plusieurs éléments posent question :
- Le versement n’a pas été effectué au moment précis de l’anniversaire annoncé, mais six mois après. L’occasion particulière paraît moins clairement mise en avant.
- Le montant (200 000 €) est relativement élevé, surtout si on le rapporte au contexte (bien que la fortune de l’auteur du don soit déjà probablement élevée à ce moment-là,). La proportionnalité peut donc être discutée.
- Le fait que la bénéficiaire soit employée par une société liée à l’auteur du don pourrait faire basculer la qualification vers un revenu déguisé plutôt qu’un simple présent affectif.
- Le virement a transité par un compte étranger non déclaré, ce qui peut complexifier la situation sous l’angle fiscal ou de dissimulation.
Les conseils de Scala Patrimoine
En l’absence de cadre précis, la prudence reste de mise. Les experts recommandent de conserver toutes les preuves du caractère de présent d’usage : relevé bancaire à la date de l’événement, copie de l’ordre de virement, facture ou courrier explicatif.
Car en cas de requalification en don manuel, les conséquences sont lourdes : droits de donation exigibles, rappel fiscal au décès, et possible remise en cause du partage successoral.
L’affaire Dembélé illustre à quel point la ligne entre générosité familiale et don fiscalement taxable peut être ténue. Entre affection et imposition, le juge devra trancher : s’agissait-il d’un simple cadeau d’anniversaire, ou d’un don dissimulé ? La décision attendue des juges administratifs pourrait bien rappeler à chacun que le fisc ne plaisante pas avec les cadeaux.
Guillaume Lucchini alerte dans le Financial Times sur l’exode des capitaux français
Interrogé par les journalistes du Financial Times, Sarah White et Mercedes Ruehl, Guillaume Lucchini, associé fondateur du multi-family office indépendant Scala Patrimoine, a livré son analyse sur la profonde inquiétude des grandes fortunes françaises face aux turbulences politiques et fiscales que traverse l’Hexagone.
Une instabilité politique persistante
Depuis l’annonce surprise, en juin 2024, de la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron, la vie politique française a pris des allures d’imbroglio. Les élections législatives qui ont suivi ont accouché d’une chambre fragmentée, éclatée entre blocs antagonistes, où les alliances se font et se défont au gré des intérêts immédiats. Cette configuration rend l’adoption d’une ligne politique claire presque impossible. Le feuilleton du budget 2025 en a donné une illustration éclatante : incapable de rassembler une majorité, le gouvernement a dû recourir à une loi de finances exceptionnelle en début d’année 2025, signe de paralysie institutionnelle.
À cette incertitude s’ajoute la perspective d’un tour de vis fiscal. Le projet de budget 2026, déjà marqué par un déficit public annoncé à 4,6 % du PIB, prévoit de solliciter plus fortement encore les hauts revenus et les détenteurs de patrimoine. Sous l’impulsion de Sébastien Lecornu, fidèle allié du président, l’exécutif envisage à la fois de prolonger la contribution exceptionnelle sur les hauts revenus (CEHR) et d’instaurer une nouvelle taxe sur le patrimoine financier logé dans les holdings familiales. De quoi nourrir la méfiance des entrepreneurs et des grandes familles qui craignent d’être, une fois de plus, en première ligne pour renflouer les caisses de l’État.
Le Luxembourg et la Suisse, valeurs refuges
C’est dans ce climat d’instabilité politique et fiscale que les grandes fortunes françaises se tournent vers des solutions d’investissement hors de l’Hexagone. Selon Guillaume Lucchini pour le Financial Times, la tendance est nette : « La majorité des actifs que nous gérons ne sont plus en France. En matière de contrats d’assurance-vie au Luxembourg, le mouvement s’accélère réellement. »
Le Luxembourg séduit en effet par son régime d’assurance-vie particulièrement avantageux. Ces contrats offrent une grande souplesse dans la gestion des actifs, une protection renforcée des capitaux grâce au fameux « triangle de sécurité » – qui garantit la séparation stricte entre les avoirs des souscripteurs, la compagnie d’assurance et la banque dépositaire – ainsi qu’un large choix d’investissements accessibles à l’échelle européenne et internationale. Pour les familles fortunées, c’est l’assurance d’une diversification optimale et d’une protection accrue, tout en bénéficiant d’une fiscalité compétitive.
Mais le Grand-Duché n’est pas le seul à attirer ces flux financiers. La Suisse demeure une destination privilégiée. Comme le souligne Lucchini, « une somme folle de capital » y est actuellement transférée. La place helvétique, réputée pour la solidité de son système bancaire et la confidentialité de ses relations clients, conserve un pouvoir d’attraction intact. Au-delà de la stabilité politique et monétaire du pays, la Suisse propose une expertise de gestion de patrimoine parmi les plus sophistiquées au monde, ainsi qu’une palette d’outils de structuration internationale recherchés par les entrepreneurs et les investisseurs.
Projet de Loi de Finances pour 2026 : les mesures qui concernent votre patrimoine
Enfin ! Le gouvernement Lecornu II a levé le voile sur son projet de loi de finances pour 2026. Ce budget, très attendu, reprend dans ses grandes lignes le texte élaboré par François Bayrou avant sa chute politique.
Selon le Haut Conseil des finances publiques, les nouvelles mesures fiscales devraient générer 13,7 milliards d’euros de recettes supplémentaires, réparties entre entreprises et ménages.
L’objectif affiché est clair : réduire le déficit public. L'idée étant de le ramener de 5,4 % en 2025 à 4,7 % en 2026.
Les plus fortunés mis à contribution
L’essentiel de l’effort reposera sur les ménages les plus aisés. Le projet prévoit en effet la création d’une taxe sur le patrimoine financier, visant notamment les holdings, doublée d’un impôt complémentaire sur les très hauts revenus. Montant attendu : 2,5 milliards d’euros.
À ces mesures s’ajoutera la poursuite de la rationalisation des niches fiscales et sociales. Celle-ci devrait rapporter près de 5 milliards d’euros.
Certaines propositions alternatives, comme la mise en place d’une « taxe Zucman » sur les plus grandes fortunes, n’ont finalement pas été retenues. Le statut du bailleur privé ne verras pas non plus le jour. Les députés lui préférant un nouveau dispositif de soutien à l'investissement locatif.
Reste que la route s’annonce périlleuse. Dans un climat d’instabilité chronique, le gouvernement devra faire preuve d’une grande habileté pour maintenir sa trajectoire budgétaire. Les débats parlementaires promettent d’être houleux, et nul doute que le texte subira de nombreux amendements avant son adoption définitive, prévue au 31 décembre 2025.
Gel du barème de l’imposition sur le revenu ?
Le barème de l’IR est - habituellement - indexé chaque année sur l’inflation, afin de tenir compte des effets de la hausse des prix.
Pour assurer une contribution de chacun, les barèmes de l’impôt sur le revenu et de la CSG devaient etre maintenus en 2026 à leur niveau actuel. Cela aurait eu pour conséquences d’augmenter mécaniquement les impôts de certains ménages, et de rendre imposable de nouveaux ménages qui ne l’étaient pas. Le législateur attendait de 2,2 Md€ de cette disposition. Mais les députés ont décidé de revenir sur cette disposition. Le barème serait ainsi bien indexé sur l'inflation.
Suppression de l’abattement forfaitaire de 10 % pour les retraités ?
Le projet de loi de finances pour 2026 initial prévoyait de supprimer l’actuel abattement proportionnel de 10 % sur les pensions de retraite. Celui-ci sera toutefois remplacer par un abattement forfaitaire de 2 000 € pour un célibataire et 4 000 € pour un couple. Cette réforme devait en principe protéger les contribuables touchant les pensions les plus faibles. Mais par amendement, les députés ont choisi de ne pas appliquer cette disposition.
Création d’une taxe sur le patrimoine financier des holdings patrimoniales
Le gouvernement entend frapper au cœur des stratégies d’optimisation fiscale avec la mise en place d’une nouvelle taxe sur le patrimoine financier des holdings patrimoniales. Inspiré de dispositifs existant déjà aux États-Unis ou en Irlande, ce mécanisme vise à contrer la pratique des « cash box » : ces sociétés servant de réceptacle à des revenus non distribués, échappant ainsi à l’impôt.
Concrètement, la taxe s’appliquerait aux holdings dont l’activité est majoritairement patrimoniale, caractérisée par une prépondérance de revenus passifs, et dans lesquelles une personne physique – ou son cercle familial – détient au moins un tiers des droits.
Le budget préliminaire fixe le taux à 2 % de la valeur vénale des actifs non professionnels détenus dans ces holdings, à condition que leur bilan excède 5 millions d’euros. Seules les structures percevant plus de 50 % de revenus passifs seraient concernées, les actifs qualifiés d’« outils professionnels » restant exclus du dispositif.
Par souci d’équité, la taxe ne se limiterait pas aux holdings françaises : les résidents fiscaux de l’Hexagone détenant de telles structures à l’étranger seraient également redevables.
Selon les estimations de Bercy, près de 4 000 ménages vont etre concernés par cette mesure. Mais la complexité technique du dispositif, les risques de contentieux et les difficultés d’application suscitent déjà de vifs débats. Les discussions parlementaires s’annoncent donc déterminantes pour préciser les contours et la portée réelle de cette nouvelle fiscalité patrimoniale.
Prorogation de la contribution exceptionnelle sur les hauts revenus (CEHR)
Le gouvernement Lecornu II a confirmé, dans son projet de loi de finances pour 2026, la prorogation d’un an de la contribution différentielle sur les hauts revenus.
Instauré par la loi de finances pour 2025, ce dispositif vise à garantir un taux d’imposition effectif minimal de 20 % pour les contribuables les plus aisés. Il s’applique aux ménages dont le revenu annuel atteint au moins 250 000 euros pour une personne seule et 500 000 euros pour un couple.
Initialement conçue comme une mesure temporaire, limitée à l’année 2025, cette contribution exceptionnelle sera finalement maintenue en jusqu'à ce que le déficit public tombe en dessous de 3 % du PIB.
Réforme du statut des jeunes entreprises innovantes (JEI)
Le projet de loi de financement de la sécurité sociale introduit un resserrement des conditions d’accès au statut de jeune entreprise innovante (JEI). Désormais, la part des dépenses de recherche et développement (R&D) exigée dans la masse salariale pour bénéficier de ce régime passerait de 20 % à 25 %.
Cette modification, en apparence technique, aura des conséquences concrètes : elle devrait réduire le nombre de start-up éligibles à ce dispositif particulièrement prisé. Actuellement, près de 4 500 entreprises en bénéficient en France.
Elargissement du Dispositif « Coluche » en faveur des associations
Le gouvernement prévoit de doubler le plafond des dons éligibles au dispositif « Coluche », qui offre une réduction d’impôt de 75 %. Le plafond passerait ainsi de 1 000 à 2 000 euros par donateur.
Cette mesure vise à soutenir les associations d’intérêt général sans but lucratif œuvrant en faveur des plus démunis. Elle concernerait notamment les organismes qui accompagnent les personnes en difficulté, fournissent repas et soins médicaux, ou facilitent le relogement des victimes de violences domestiques.
Suppression de niches fiscales jugées inefficaces
Le projet de loi de finances pour 2026 prévoit la suppression de 23 niches fiscales, jugées « obsolètes ou inefficaces », parmi les 474 existantes. Certains dispositifs concernent un grand nombre de foyers.
• Réduction d’impôt pour frais de scolarité dans le secondaire et le supérieur
Aujourd’hui, les parents d’enfants au collège, au lycée ou dans l’enseignement supérieur bénéficient d’une réduction d’impôt de 61 €, 153 € ou 183 € selon le niveau d’études. Si cette réduction reste modeste pour chaque foyer, elle touche 4,5 millions de contribuables et coûte plus de 240 millions d’euros aux finances publiques. Le projet de loi de finances pour 2026 proposait donc de la supprimer. Mais l'Assemblée nationale est revenue sur ce projet. En l'état actuel des choses, cette réduction d'impôt est donc maintenue.
• Défiscalisation des indemnités journalières pour affection longue durée (ALD)
Les malades reconnus en ALD bénéficient d’une prise en charge intégrale par l’Assurance Maladie. Actuellement, en cas d’arrêt maladie, ils peuvent déduire de leur impôt sur le revenu l’intégralité des indemnités journalières versées par la Sécurité sociale, un avantage fiscal représentant 700 millions d’euros pour l’État. Le projet de loi prévoyait la suppression de cette exonération. Par amendement, les députés ont finalement maintenu la défiscalisation de ces indemnités journalières.
• Crédits d’impôts pour la formation des chefs d’entreprise et pour le rachat d’une entreprise par ses salariés
• Déductions des dépenses engagées par les sportifs professionnels pour leur reconversion
Ces mesures s’inscrivent dans une logique de rationalisation fiscale et de maîtrise des dépenses publiques. Mais elles devraient susciter aussi de vifs débats, tant elles touchent des catégories de contribuables très diverses.
Suspension de la réforme des retraites
Le gouvernement Lecornu a annoncé la suspension de la réforme des retraites jusqu’en janvier 2028. Concrètement, cela signifie aucun relèvement de l’âge légal de départ ni allongement de la durée d’assurance pendant cette période.
Cette pause, si elle répond à des préoccupations sociales fortes, aura cependant un coût estimé à 1,8 milliard d’euros d’ici 2027.
Le statut du bailleur privé ne verra pas le jour
Écarté lors de la présentation du projet de loi de finances pour 2026, le statut du bailleur privé ne verra finalement pas le jour. Les députés lui préférant un nouveau dispositif d’incitation. À partir du 1er janvier 2026 et jusqu’au 31 décembre 2028, les particuliers acquérant un bien neuf ou en VEFA pour le louer en nu à une personne extérieure à leur foyer fiscal pourront amortir 2 % du prix d’acquisition (dans la limite de 5 000 euros par an et par foyer fiscal). Les biens doivent être loués sous deux ans, pour au moins neuf ans, avec possibilité de prolongation de l’amortissement.
Contribution additionnelle sur certains avantages sociaux
Le projet de loi de finances 2026 prévoit également de taxer certains avantages accordés par les employeurs. Sont concernées les sommes versées sous forme de titres-restaurant, de chèques vacances, de chèques cadeaux ou d’autres avantages sociaux et culturels.
Le législateur appliquerait ainsi une contribution patronale additionnelle de 8 % à ces dispositifs.
Projet de Loi de Finances pour 2026
Le rendez-vous des marchés financiers - Octobre 2025
Marchés financiers & économie : les points clés
- Les marchés actions américains poursuivent leur ascension, portés par une saison des résultats exceptionnelle au deuxième trimestre, notamment chez les géants de la tech.
- Les Etats-Unis basculent dans le "shutdown", le pays est - en partie - paralysé pour la quinzième fois depuis 1981 ;
- L’agence de notation Fitch Ratings a abaissé la note de la dette souveraine française, qui passe de AA- à A+, suscitant de nouvelles interrogations sur la solidité financière du pays.
- Alimenté par la gourmandise des banques centrales et les incertitudes géopolitiques, l’or a atteint un sommet historique, franchissant pour la première fois la barre des 3 820 dollars l’once.
- La Réserve fédérale américaine (Fed) a abaissé ses taux directeurs de 0,25 point de pourcentage.
Les grandes actualités géopolitiques et les performances sur les marchés financiers
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Les tensions internationales
Le monde est secoué par de profondes turbulences géopolitiques. Depuis 2022, le conflit opposant la Russie et l’Ukraine s’enlise, tandis que les États-Unis et, plus particulièrement, les puissances européennes apportent un soutien discret mais constant à Kiev, sous la présidence de Volodymyr Zelensky. Cette tension permanente électrise les pays environnants. Dernier épisode en date : plusieurs drones russes ont violé l’espace aérien polonais avant d’être abattus. Il convient de rappeler que la Pologne est membre de l’OTAN, ce qui ajoute une dimension internationale et inquiétante à l’incident.
Au Moyen-Orient, la situation demeure particulièrement préoccupante. Depuis le 7 octobre 2023, un conflit meurtrier oppose Israël au mouvement islamiste palestinien Hamas. Une guerre implacable se déroule dans la bande de Gaza, dont les répercussions se font sentir bien au-delà de la région.
Récemment, Israël a franchi un nouveau cap en éliminant des dirigeants du Hamas en plein cœur de Doha, au Qatar, un acte qui marque une escalade significative dans ce conflit déjà sanglant. Dans ce contexte, Donald Trump a lancé une initiative diplomatique majeure visant à mettre un terme aux hostilités. Il a présenté un plan de paix en vingt points, prévoyant la libération immédiate et totale des otages, l’arrêt des combats et le désarmement du Hamas. Ce plan a été approuvé par Israël, tandis que la réponse du Hamas reste désormais attendue, dans un climat d’incertitude qui plane sur la région.
Ces événements majeurs ont des conséquences directes sur les marchés mondiaux, stimulant la demande d’or et provoquant un léger rebond des cours du pétrole, reflet tangible de l’incertitude qui traverse la planète.
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La note de la France abaissée
L’annonce n’aura surpris personne, mais elle n’en demeure pas moins symbolique. L’agence de notation Fitch Ratings a dégradé la note de la dette souveraine française, qui passe de AA- à A+, avec perspective stable. Une décision qui intervient dans un climat politique incertain, marqué par le remplacement de François Bayrou par Sébastien Lecornu à Matignon.
Selon Fitch, la France souffre d’une dette trop élevée et d’une trajectoire budgétaire qui peine à convaincre. Avec un déficit public estimé à 5,8 % du PIB, l’agence doute fortement de la capacité du pays à ramener la barre sous les 3 % d’ici 2029.
Le contexte électoral n’arrange rien : à l’approche de la présidentielle de 2027, Fitch estime que les marges de manœuvre pour une consolidation budgétaire sont encore plus limitées. Le risque d’un blocage politique durable plane au-dessus des perspectives financières du pays.
Pour le Financial Times, le constat est sévère : la France est désormais reléguée du cercle des pays dits "core" vers celui des "periphery". Un symbole fort : l’État français emprunte aujourd’hui à des taux plus élevés que certaines de ses propres champions nationaux comme L'Oréal, Airbus ou AXA.
Sur les marchés, la réaction reste mesurée. Les investisseurs avaient largement anticipé ce déclassement. Le taux à 10 ans (OAT) est même redescendu à 3,42 % après avoir frôlé les 3,53 %, et l’écart avec l’Allemagne demeure contenu, autour de 75-80 points de base.
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Les performances des marchés financiers
Dans le sillage de l’annonce d’un partenariat stratégique entre OpenAI et Nvidia, prévoyant un investissement progressif pouvant atteindre 100 milliards de dollars dans les infrastructures d’OpenAI, les marchés américains ont connu une période flamboyante, marquée par un nouveau grand chelem des indices phares. En septembre, les trois principaux indices américains – le Dow Jones (+2,5 %), le S&P 500 (+4,2 %) et le Nasdaq (+6,5 %) – ont tous inscrit de nouveaux records historiques.
La saison des résultats du deuxième trimestre a confirmé l’extraordinaire dynamique bénéficiaire des géants technologiques. Les « 7 magnifiques » (Nvidia, Microsoft, Apple, Amazon, Alphabet, Tesla et Meta) ont affiché une croissance de leur bénéfice par action (BPA) de 28 % sur un an au deuxième trimestre, contre seulement 7 % pour le reste des sociétés composant le S&P 500.
Le S&P 500 se négocie désormais à 23 fois les bénéfices futurs, avec un ratio cours/ventes de 3x, témoignant d’une valorisation soutenue mais robuste.
L’élan des marchés américains a entraîné dans son sillage les principaux indices boursiers mondiaux. En Europe, le CAC 40 progresse de 3,2 %, tandis que le FTSE MIB, indice italien, gagne 1,3 %. Le DAX 30, référence de la Bourse allemande réalise, quant à lui, un modeste + 0,3 %.
En Asie, la progression est plus modeste : le Shanghai Composite avance de 0,2 %, et le Nifty 50, indice phare de la Bourse indienne, s’apprécie de 0,9%.

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L’or va de record en record
L’or attise plus que jamais les convoitises. Depuis le début de l’année, le précieux métal jaune a enregistré une progression spectaculaire de plus de 45 %, stimulée par la perspective de baisses de taux aux États-Unis, les tensions géopolitiques persistantes et le regain d’inquiétude quant à la stabilité des devises.
Symbole de sécurité et de valeur refuge, l’or est aussi l’actif de prédilection des banques centrales. Elles en détiennent aujourd’hui davantage que les Bons du Trésor américains. Depuis l’embargo sur les réserves en devises imposé à la Russie, de nombreux pays émergents - Chine, Inde, Turquie - s’efforcent de garantir leur stabilité et leur indépendance financière vis-à-vis du dollar américain en accumulant de l’or. Entre 2022 et 2025, les acquisitions des banques centrales ont plus que triplé, dépassant désormais le seuil symbolique des 1 000 tonnes annuelles.
Dans ce contexte, l’once d’or a atteint un nouveau sommet historique, franchissant la barre des 3 820 dollars.
L’argent, fidèle compagnon du métal jaune, suit le mouvement. Pour la première fois depuis 2011, son cours dépasse les 40 dollars l’once.
Etats-Unis : inquiétudes sur le front de l’emploi
Mauvaise nouvelle pour l’économie mondiale : l’OCDE prévoit un net ralentissement de la croissance dans les mois à venir, pointant du doigt, entre autres facteurs, la hausse spectaculaire des droits de douane instaurée par l’administration Trump. Selon ses projections, le PIB mondial progresserait de 2,9 % en 2026, contre 3,2 % en 2025.
Aux États-Unis, la croissance devrait également marquer le pas, passant de 1,8 % cette année à 1,5 % l’an prochain. La France, quant à elle, pourrait voir son rythme de croissance accélérer légèrement, de 0,6 % en 2025 à 0,9 % en 2026, alors que l’OCDE anticipait jusqu’ici un taux de 1,2 %.
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Les taxes douanières freinent-elles l’emploi aux États-Unis ?
Aux États-Unis, le PIB du deuxième trimestre a été révisé à la hausse, atteignant 3,8 % — nettement au-dessus des 3,3 % anticipés par les analystes. Cette révision confirme la solidité de l’économie américaine, après un recul de 0,5 % enregistré au cours des trois premiers mois de l’année.
Parallèlement, les inscriptions hebdomadaires au chômage ont chuté de 14 000 unités par rapport à la semaine précédente, pour s’établir à 218 000 lors de la troisième semaine de septembre.
Pourtant, le secteur privé américain montre des signes de ralentissement. En août, l’ADP n’a enregistré que 54 000 créations d’emplois, loin des 75 000 attendues, tandis que les chiffres des NFP ont déçu, avec un taux de chômage en hausse à 4,3 %.
Selon les gérants de la société de gestion Altitude IS, « le marché du travail manifeste des signes flagrants d’essoufflement. En août, seules 22 000 créations de postes ont été enregistrées, contre une moyenne mensuelle de 200 000 lorsque l’économie fonctionne à plein régime. Tout indique que les entreprises américaines ont freiné leurs embauches sous l’effet des taxes douanières, des incertitudes politiques, du déploiement de l’intelligence artificielle, des pénuries de main-d’œuvre et du coût élevé du crédit. Les postes à pourvoir ont continué de se réduire, retrouvant leur niveau de 2018. »
Le rapport Challenger Gray souligne, quant à lui, une hausse des licenciements en août, avec 85 979 départs contre 62 075 en juillet. Comme si cela ne suffisait pas, le Bureau of Labor Statistics a révisé à la baisse les créations d’emplois précédemment publiées. Entre avril 2024 et mars 2025, l’économie américaine a finalement créé 911 000 emplois de moins que prévu, soit l’équivalent de 76 000 postes manquants chaque mois.
Autrement dit, l’emploi américain commence à tousser à l’orée de l’hiver.
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Des indicateurs économiques décevants
Les difficultés du marché de l’emploi ne constituent pas le seul nuage assombrissant l’horizon économique des États-Unis. La confiance des consommateurs semble, elle aussi, s’étioler. En septembre, l’indice de confiance des consommateurs établi par l’Université du Michigan a chuté plus fortement que prévu. Alors qu’une baisse de 58,2 à 55,4 points était anticipée, l’indicateur s’est finalement effondré à 55,1 points, traduisant une inquiétude palpable parmi les Américains.
- Une perte de confiance
Cette érosion de la confiance se répercute directement sur l’activité économique. Le secteur manufacturier, par exemple, continue de montrer des signes de contraction, pour le sixième mois consécutif en août. L’indice ISM manufacturier a certes progressé légèrement, passant de 48,0 en juillet à 48,7, mais demeure en deçà du seuil critique de 50 points, frontière entre expansion et repli. Les économistes tablaient, eux, sur 49,0 points.
De son côté, l’indice PMI manufacturier a reculé davantage que prévu, s’établissant à 52 points alors qu’une baisse à 52,2 points était attendue. Le secteur des services n’est pas épargné : son indice PMI a également enregistré une contraction plus marquée que prévu, tombant de 54,5 à 53,9 points, contre 54 points anticipés par les analystes.
Enfin, l’indice PMI composite de S&P Global, qui synthétise les performances des secteurs manufacturier et des services, a suivi cette tendance déclinante. Attendu stable à 54,6 points, il a finalement glissé à 53,6 points en septembre, confirmant un ralentissement généralisé de l’économie américaine.
- Un nouveau Shutdown
Et, pour parachever ce tableau, le pays s’enfonce dans un nouveau « shutdown ». Autrement dit, une paralysie partielle de l’administration fédérale américaine, conséquence directe de l’impasse budgétaire qui paralyse le Congrès. Faute d’accord sur les allocations, le président et les parlementaires n’ont pas su dégager de compromis ; l’État fédéral se retrouve ainsi privé des ressources nécessaires pour rémunérer une large partie de ses fonctionnaires.Ce scénario n’a malheureusement plus rien d’exceptionnel : on dénombre pas moins de quinze « shutdowns » depuis 1981. Reste à savoir si les tractations en cours permettront, cette fois, de dessiner rapidement un terrain d’entente rapidement..
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L’inflation américaine progresse légèrement mais reste sous contrôle
Donald Trump a porté les tarifs douaniers moyens sur les produits étrangers à 17,3 %, atteignant ainsi un niveau inédit depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Pourtant, malgré cette politique protectionniste, le déficit commercial des États-Unis a continué de croître, atteignant 78,3 milliards de dollars en juillet … une situation qui risque de faire froncer les sourcils de la Maison-Blanche.
Pour l’instant, cette flambée des droits de douane n’a pas encore eu d’impact significatif sur les prix à la consommation. Les entreprises américaines ont en grande partie absorbé ces coûts, tandis que les stocks accumulés grâce à des achats anticipés ont tempéré la hausse. Mais cette situation pourrait évoluer rapidement, à l’image du rebond de l’indice des prix à la production en juillet, qui atteint 3,7 % sur un an, son niveau le plus élevé depuis mars.
Malgré ces signaux, l’inflation est aujourd’hui contenue. Elle ressort à 2,7 % sur un an pour le mois d’août, contre 2,6 % en juillet. Une progression modeste, conforme aux attentes des économistes.
Hors éléments volatils, l’indice PCE « cœur » reste stable à 2,9%. Sur un mois, l’indice PCE progresse de 0,3 %, tandis que l’indice cœur avance de 0,2 %. Ces niveaux confortent l’idée d’un atterrissage en douceur de l’inflation américaine.
Au-delà de la seule dynamique des prix, les données du Bureau of Economic Analysis (BEA) montrent une hausse du revenu personnel de 0,4 % et une progression des dépenses de consommation de 0,6 % sur le mois. Pour les analystes, cette combinaison de croissance maîtrisée et de consommation soutenue pourrait inciter la Réserve fédérale à poursuivre ses baisses de taux d’ici la fin de l’année.
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FED : entre prudence et pressions politiques
La parole de la Réserve fédérale américaine demeure scrutée avec une attention quasi obsessionnelle par les marchés. Après de longs mois d’attente, la Fed a timidement amorcé la deuxième phase de son cycle d’assouplissement monétaire. Elle a ainsi réduit ses taux directeurs d’un quart de point, tout en laissant la porte ouverte à deux nouvelles baisses d’ici la fin de l’année, prévues en octobre et en décembre. Mais l’institution doit avancer sur un terrain délicat, entre le spectre de la stagflation et les pressions politiques croissantes. Les fameux « dot plots » confirment une trajectoire menant à un taux dit « neutre » d’environ 3 % d’ici 2026.
Lors de la conférence de presse qui a suivi la décision, le président Jerome Powell a insisté sur le risque baissier « significatif » pesant sur l’emploi. La réduction des taux devrait donc s’effectuer avec prudence et lenteur, probablement jusqu’en mai prochain, date à laquelle Powell quittera son poste.
Pendant ce temps, Donald Trump avance ses pions pour exercer un contrôle indirect sur la politique monétaire de la Fed. À mesure que le mandat de Powell approche de son terme, des hommes de confiance sont progressivement installés à des postes stratégiques au sein de la banque centrale.
C’est le cas de Stephen Miran, récemment nommé à la Fed. Ancien économiste à la Maison-Blanche, Miran défend une ligne économique clairement inspirée de la vision trumpiste. Lors de la dernière réunion, il s’est distingué en étant le seul à plaider pour une baisse des taux de 0,5 %, alors que l’ensemble de ses collègues s’accordait sur une réduction plus mesurée de 0,25 %. En mai 2026, Donald Trump aura la possibilité de nommer un nouveau président à la tête de la Fed, consolidant ainsi son emprise sur l’institution.
Zone Euro : la timidité de la BCE
À quoi faut-il s’attendre pour la croissance européenne ? Selon sa dernière étude, la Banque centrale européenne (BCE) esquisse un scénario plus optimiste qu’annoncé auparavant. L’institution de Francfort table désormais sur une progression du PIB de la zone euro de 1,2 % en 2025, soit 0,3 point de plus que dans ses prévisions de juin. Cette embellie, toutefois, ne devrait pas s’inscrire dans la durée : la BCE anticipe un léger ralentissement à 1 % en 2026, avant un regain de dynamisme en 2027, avec une croissance portée à 1,3 %.
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L’emploi résiste …
L’économie de la zone euro a enregistré une progression timide de 0,1 % au deuxième trimestre 2025, marquant sa performance la plus faible depuis la fin de l’année 2023. À titre de comparaison, le premier trimestre avait offert un rebond plus vigoureux, avec une hausse du PIB de 0,6 %.
Dans ce contexte, l’indice composite Flash PMI HCOB, ajusté des variations saisonnières, confirme la résilience de l’activité privée. En septembre, il s’est maintenu au-dessus du seuil symbolique de 50,0 pour le neuvième mois consécutif, indiquant une nouvelle phase d’expansion. Avec un score de 51,2, légèrement supérieur à celui d’août (51,0), l’indicateur pointe vers une croissance certes modérée, mais qui n’en demeure pas moins la plus soutenue depuis mai 2024. Les analystes, qui tablaient sur 51,1, voient ainsi leurs anticipations légèrement dépassées.
La locomotive allemande a largement contribué à cette dynamique. Outre-Rhin, l’activité globale a bondi en septembre, affichant sa plus forte expansion depuis mai 2023, un record égalé seulement en mai 2024. En revanche, le contraste demeure saisissant avec la France, où l’activité s’est contractée pour un treizième mois consécutif, illustrant la persistance des difficultés hexagonales.
Un autre rayon de lumière nous vient du marché du travail. Au deuxième trimestre, l’emploi a poursuivi sa progression, avec une hausse de 0,1 % tant dans la zone euro que dans l’Union européenne par rapport au trimestre précédent. Une preuve supplémentaire de la robustesse de l’emploi, qui continue de jouer un rôle d’amortisseur face aux vents contraires de l’économie.
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…. Le secteur manufacturier souffre
Le sentiment économique dans la zone euro a connu, en septembre, une légère embellie. L’indice mensuel mesurant la confiance dans les vingt pays partageant l’euro s’est établi à 95,5, dépassant ainsi les prévisions des économistes, qui tablaient sur 95,2. Pour rappel, il s’était fixé à 95,3 en août.
Dans l’industrie, le climat économique demeure morose, passant de -10,2 en août (révisé de -10,3) à -10,3 ce mois-ci, une performance néanmoins supérieure aux attentes du consensus, qui anticipait -10,9. Le secteur des services, quant à lui, enregistre un indice de sentiment de 3,6 en septembre, en léger recul par rapport à 3,8 en août (révisé de 3,6), et se situant tout juste en dessous de la moyenne des prévisions à 3,7. Du côté des consommateurs, la confiance reste stable à -14,9, conforme aux anticipations des analystes et inchangée par rapport au mois précédent.
La production industrielle, corrigée des variations saisonnières, a poursuivi sa progression en juillet 2025, enregistrant une hausse de 0,3 % sur un mois. Sur un an, la croissance atteint 1,8 %, reflétant un dynamisme modéré mais continu dans l’ensemble de la zone euro.
Malgré le renchérissement des droits de douane, les exportations de biens vers le reste du monde ont résisté, culminant à 251,5 milliards d’euros en juillet 2025, en légère hausse de 0,4 % par rapport à la même période l’an dernier (250,4 milliards d’euros).
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La politique monétaire mise sur pause
Lors d’une conférence de presse très attendue, Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne, a annoncé la fin de la période de « désinflation » qui traversait l’Europe. Selon l’institution monétaire, le taux d’inflation actuel se rapproche désormais de l’objectif fixé à 2 %. En août 2025, l’inflation annuelle de la zone euro est estimée à 2,1 %, contre 2,0 % en juillet, selon une estimation préliminaire d’Eurostat, l’office statistique de l’Union européenne.
Face à cette stabilité des prix, la BCE a choisi de maintenir ses taux d’intérêt inchangés, son taux de dépôt demeurant à 2 %. Christine Lagarde a précisé que l’inflation se situe « là où nous voulons qu’elle soit », tout en rappelant que la politique monétaire resterait souple et ajustée « réunion après réunion », sans trajectoire préétablie. Celle-ci ajoutant que « l'économie de la zone euro résiste mieux que prévu aux droits de douane américains, ce qui laisse les risques d'inflation tout à fait contenus ».
Cet immobilisme inquiète certains observateurs, à l’image de Wilfrid Galand, directeur stratégiste chez Montpensier-Arbevel : « Alors que la croissance reste atone et que le moral des entreprises stagne en dessous du seuil d’expansion, la BCE ne peut se contenter d’appeler les autorités de l’Union à poursuivre les réformes. Elle doit au contraire prendre des risques et assouplir significativement les conditions financières en Europe, notamment en ralentissant le rythme de réduction de son bilan pour détendre les taux longs et créer les conditions d’un rebond de l’optimisme. »
Une prise de position qui reflète l’inquiétude partagée par une large partie des analystes économiques, soucieux de voir la BCE soutenir la dynamique de croissance plutôt que de s’en tenir à la prudence.
La croissance chinoise à la peine
Selon la dernière étude de l’OCDE, la deuxième puissance économique mondiale devrait voir sa croissance ralentir sensiblement dans les prochaines années : +4,7 % en 2025, puis +4,3 % en 2026. Une décélération notable, nourrie par une consommation bridée par une épargne de précaution tenace — héritage des séquelles de la pandémie et de l’effondrement du marché immobilier — et par le poids grandissant des barrières commerciales américaines. Pékin entend toutefois maintenir le cap de son programme de relance en 2025 afin de contenir ces turbulences.
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Un essoufflement manifeste
Si le PIB chinois a affiché une progression stable de 5,4 % au premier trimestre 2025, les signaux d’alerte se multiplient. La production industrielle, censée croître de 5,7 % en août, n’a progressé que de 5,2 %, soit son plus faible rythme depuis un an.
Le secteur manufacturier reste englué dans la contraction : l’indice PMI officiel a certes légèrement progressé à 49,8 en septembre, contre 49,4 en août, mais demeure sous la barre des 50 points, seuil symbolique entre expansion et repli.
Côté consommation, les ventes au détail n’ont augmenté que de 3,4 % en août, loin des 3,9 % attendus, atteignant leur plus bas niveau depuis novembre 2024. Le marché de l’emploi, lui aussi, s’assombrit : le chômage s’est établi à 5,3 %, son plus haut niveau en six mois.
« L’environnement externe reste marqué par de fortes instabilités et incertitudes, et les performances économiques de la Chine continuent de faire face à de nombreux risques et défis », a reconnu Fu Linghui, économiste en chef du Bureau national des statistiques (BNS).
La déflation, enfin, s’installe insidieusement : l’indice des prix à la consommation s’est contracté de 0,4 % sur un an en août, confirmant la difficulté de Pékin à enrayer cette spirale déflationniste.
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Une guerre commerciale loin d’être éteinte
À cela s’ajoute une confrontation commerciale toujours vive avec Washington. Les exportations chinoises vers les États-Unis ont chuté de 11,8 % en août par rapport au mois précédent, signe que les nouvelles taxes pèsent lourdement.
Une trêve temporaire a bien été conclue entre les deux puissances, valable jusqu’au 9 novembre : elle fixe à 30 % les droits de douane américains sur les produits chinois et à 10 % ceux appliqués par Pékin sur les marchandises venues d’outre-Atlantique. Une pause stratégique, plus qu’une véritable détente.
Dans ce contexte, la Chine tente de diversifier ses débouchés. L’Afrique apparaît comme l’un des terrains privilégiés de cette réorientation. En 2025, les exportations chinoises vers le continent ont bondi de 25 %, pour atteindre 122 milliards de dollars, une croissance bien supérieure à celle enregistrée avec d’autres régions.
L’Afrique représente désormais 6 % des exportations totales de la Chine, soit la moitié de ce que pèsent encore les États-Unis. Une proportion appelée à croître rapidement, au rythme du repli des échanges sino-américains.
Les convictions de Scala Patrimoine sur les marchés financiers
Le mois de septembre s’est distingué par une grande effervescence sur les marchés financiers, galvanisés par la première baisse de taux décidée par la FED. Ce pivot monétaire, longuement anticipé, a insufflé un nouvel élan aux places financières mondiales.
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Les marchés actions : la diversification comme impératif
L’impact s’est révélé particulièrement manifeste sur les marchés émergents, dopés par la progression des actions chinoises. Le secteur technologique, en plein essor, a été le principal moteur de cette dynamique. Il convient toutefois de préciser que cette vigueur repose avant tout sur le retour des investisseurs domestiques : l’allocation de l’épargne des ménages chinois vers les actions demeure faible — environ 5 % —, mais connaît une tendance haussière. À l’inverse, les investisseurs étrangers se montrent toujours réservés face aux incertitudes structurelles de l’économie chinoise.
Ce sursaut boursier contraste avec la torpeur persistante des indicateurs macroéconomiques. Les mesures de relance engagées par Pékin n’ont, pour l’heure, produit qu’un impact limité sur la demande intérieure, qui tarde à se redresser.
- La FED accélère, la BCE joue la prudence
Aux États-Unis, la Réserve fédérale a choisi d’abaisser ses taux directeurs à la fourchette de 4,00 %−4,25 %, sous la pression d’un marché de l’emploi en ralentissement. Cette décision intervient dans un contexte économique contrasté : les nouvelles prévisions de la Fed révèlent une croissance et une inflation révisées à la hausse pour 2026, tandis que le taux de chômage devrait reculer par rapport à 2025, rendant l’interprétation des signaux économiques particulièrement délicate.
L’économie américaine se trouve ainsi à la croisée des chemins entre mesures de soutien et tensions inflationnistes potentielles, amplifiées par la politique anti-immigration et l’introduction de nouveaux tarifs douaniers, dont l’impact sur les prix reste partiellement indéterminé. Un risque immédiat s’est matérialisé avec le « shutdown » de l’administration fédérale le 1er octobre, suite à l’absence d’accord budgétaire. Ce blocage, dont le coût est estimé à 0,2 % de croissance du PIB par semaine, n’a jusqu’à présent pas provoqué de réaction sur les marchés, la dernière paralysie similaire, fin 2018, ayant duré 35 jours.
En Europe, la Banque centrale européenne semble avoir atteint son objectif : l’inflation se stabilise autour de sa cible. Les défis se déplacent désormais sur le terrain budgétaire, avec un endettement public qui reste préoccupant, la France cristallisant une part des inquiétudes. Malgré ce contexte politique tendu, les marchés financiers français ont suivi la tendance haussière mondiale en septembre (+2,62 %), soutenus notamment par la performance remarquable du secteur bancaire.
- Un positionnement neutre les actions des principaux marchés financiers développées
Nous conservons une position neutre sur les actions des marchés développés, en raison des incertitudes structurelles persistantes. L’ampleur du ralentissement économique aux États-Unis demeure difficile à anticiper, tandis que le risque inflationniste lié aux tarifs douaniers et les tensions budgétaires en Europe et outre-Atlantique pèsent sur l’appétit pour le risque.
Malgré ces contraintes, certains fondamentaux continuent d’apporter un soutien. Aux États-Unis, les indicateurs de consommation se montrent résilients, même dans un contexte de détérioration du marché de l’emploi, et les résultats des entreprises dépassent régulièrement les attentes.
En Europe, l’ajustement monétaire opéré par la BCE est survenu au moment opportun, offrant un appui tangible aux économies de la zone.
Notre préférence se porte sur les actions des marchés émergents, stimulées notamment par les valeurs chinoises et un dollar en dépréciation. Dans cette région, nous recommandons une allocation diversifiée, afin de tirer parti de la dynamique tout en maîtrisant les risques.
- Une certaine prudence sur les marchés financiers chinois
Il est encore prématuré de miser fortement sur la Chine, en l’absence de reprise tangible de la demande intérieure, ou sur l’Inde, confrontée à des tensions persistantes avec son principal partenaire économique, les États-Unis. D’autres marchés asiatiques, tels que la Corée du Sud, Taïwan ou le Vietnam, apparaissent en revanche prometteurs. Ces pays profitent à la fois de l’essor de l’intelligence artificielle et de l’accélération des échanges intra-asiatiques, offrant des perspectives de croissance particulièrement attractives.
Sur le plan sectoriel, la diversification demeure essentielle. Nous continuons à privilégier le secteur technologique américain, malgré des valorisations élevées. Depuis l’émergence de ChatGPT, ce segment a généré près de 80 % des revenus de la zone, imposant sa prédominance et orientant les stratégies d’investissement aux États-Unis. Par ailleurs, une normalisation de la politique monétaire constitue un soutien direct pour ces entreprises à forte capacité de croissance.
Nous maintenons notre prudence sur les secteurs exposés aux tensions commerciales et aux tarifs douaniers, dont les impacts restent partiellement intégrés. Enfin, le secteur bancaire européen conserve un potentiel intéressant, bénéficiant de la pentification de la courbe des taux, qui pourrait encore se renforcer, et présentant des valorisations structurellement plus attractives que celles de ses homologues américains.
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Les marchés obligataires : des signaux contrastés
Le mois de septembre a été marqué par une activité exceptionnelle sur le marché obligataire européen. Plus de 200 milliards d’euros de dette ont été émis sur le marché primaire, un niveau inédit depuis 2021. La demande des investisseurs est restée soutenue, illustrée par un ratio de couverture massif de 4,66x, témoignant d’un appétit intact pour le crédit.
- Les marchés souverains : un rebond des taux longs
L’augmentation des taux souverains en Europe a entraîné une hausse mécanique des rendements du crédit, particulièrement sur le segment Investment Grade (IG), où l’effet taux explique près des trois quarts du rendement. Parallèlement, les spreads de crédit ont continué de se resserrer, tant sur l’IG que sur le High Yield (HY), tandis que l’écart entre les obligations corporate et financières atteignait un niveau historiquement étroit. Cette combinaison de rendements en hausse et de spreads serrés a permis au marché obligataire de terminer le mois sur une note positive.
Le marché souverain, en revanche, a montré des signes de tension. Les taux longs, notamment les emprunts à 30 ans, ont fortement bondi début septembre aux États-Unis, au Royaume-Uni, en France et au Japon. Cette flambée traduit la méfiance croissante des investisseurs face aux réalités budgétaires et aux défis d’endettement des États.
En France, l’incertitude politique a accentué cette tension, planant sur les décisions budgétaires à venir. Le 12 septembre, l’agence Fitch a ainsi abaissé la note souveraine du pays. Si le taux français à 10 ans s’est stabilisé au-dessus de 3,50%, le spread avec l’Allemagne (OAT/Bund) est demeuré étonnamment stable. Toutefois, cette situation ne reflète pas pleinement le risque budgétaire accru auquel la France est confrontée. La volatilité sur les taux français pourrait donc perdurer, tandis que d’autres agences de notation doivent encore se prononcer. À titre de comparaison, des voisins comme l’Espagne et l’Italie ont récemment vu leur note relever, plaçant la France en position de « mauvais élève » au sein de l’Europe.
- Une incertitude persistante sur les politiques monétaires
Du côté des banques centrales, la BCE semble avoir opéré un pivot au moment opportun, parvenant à stabiliser l’inflation autour de sa cible. La Fed, en revanche, a cédé à diverses pressions — qu’elles soient liées au marché du travail ou aux injonctions de l’exécutif — en réduisant ses taux directeurs de 25 points de base. Une mesure qui n’offre qu’une visibilité limitée. L’incertitude demeure quant à l’ampleur réelle et au rythme du cycle de baisses attendu en 2026, dans un contexte où l’inflation pourrait, contre toute attente, repartir à la hausse.
- Un attrait confirmé pour l’Investment Grade européen
Nous restons globalement optimistes sur le marché obligataire, avec une conviction particulièrement marquée en faveur du crédit Investment Grade européen. Les rendements proposés demeurent attractifs et la demande robuste, malgré les émissions massives des entreprises et des États.
Sur le segment des taux, la prudence reste de mise. Les besoins de financement considérables en Europe et aux États-Unis risquent de peser sur les rendements des maturités longues. Dans ce contexte, nous privilégions une duration courte, afin de limiter l’exposition aux risques de correction sur la partie longue de la courbe. Les obligations souveraines européennes à court terme apparaissent ainsi comme une alternative pertinente aux instruments monétaires, offrant une visibilité renforcée grâce à la politique monétaire solidement ancrée de la BCE.
Les taux longs français et américains ne semblent pas refléter pleinement l’ampleur des préoccupations budgétaires actuelles. Par ailleurs, le risque d’une hausse des anticipations d’inflation pèse sur la partie longue. Pour un investisseur en euros, l’exposition aux obligations américaines libellées en dollars apparaît peu opportune : la tendance macroéconomique, notamment la baisse des taux de la Fed, pèse sur le dollar, et le coût de couverture annule largement le supplément de rendement offert par le marché américain.
Notre conviction la plus forte demeure le crédit Investment Grade européen. Nous privilégions les stratégies de portage (buy and hold) dans ce segment, en raison des rendements attractifs et de la stabilité attendue, le taux de défaut restant inférieur à 1 %.
- Les opportunités dans les obligations financières subordonnées
Nous maintenons notre intérêt pour les obligations financières subordonnées. Malgré un resserrement des spreads par rapport aux obligations corporate, ce segment bénéficie de fondamentaux solides, soutenus par une réglementation renforcée, et permet d’augmenter le rendement moyen du portefeuille tout en restant exposé à des émetteurs de qualité investment grade.
Sur le segment du High Yield, notre approche reste sélective. Nous privilégions uniquement les maturités courtes et les émetteurs les plus solides, à condition que le surcroît de rendement compense de manière adéquate le risque accru.
Sur le segment obligataire classique, nous faisons preuve de prudence. Les besoins de financement massifs en Europe et aux États-Unis pourraient exercer une pression haussière sur les rendements des maturités longues. En conséquence, nous favorisons les obligations souveraines européennes à court terme, que nous considérons comme une alternative pertinente aux instruments monétaires, grâce à une meilleure visibilité sur la politique de taux de la BCE.
- Les risques liés à une exposition au dollar
Le risque de duration demeure tangible, incitant à privilégier les maturités courtes. Les taux longs français, quant à eux, semblent déconnectés de la réalité budgétaire actuelle. La situation américaine n’est guère plus rassurante : le déficit et la trajectoire de la dette ne se reflètent pas pleinement dans les taux longs, laissant planer un risque latent sur cette partie de la courbe. À cela s’ajoute la hausse des anticipations d’inflation, facteur supplémentaire de tension pour les obligations à long terme.
S’agissant des obligations libellées en dollars américains, l’exposition au risque de change apparaît peu judicieuse pour un investisseur européen. Les fondamentaux du couple euro/dollar continuent de pénaliser le billet vert, et le coût de couverture vient largement neutraliser le supplément de rendement offert par le marché américain.
Les marchés financiers alternatifs : une préférence pour les stratégies actions Long/Short
Nous maintenons une position globalement défavorable vis-à-vis des investissements alternatifs. Néanmoins, une préférence marquée se dessine pour les stratégies actions Long/Short, susceptibles de jouer un rôle stratégique dans la couverture partielle d’une allocation actions classique. Dans un contexte caractérisé par de fortes dispersions de valorisation, ces stratégies exploitent simultanément la sous-évaluation des titres (positions longues) et la surévaluation (positions courtes).
Le Long/Short se distingue ainsi par sa capacité à limiter le risque directionnel tout en offrant un potentiel de surperformance en période d’incertitude. Sa flexibilité permet de saisir des opportunités quel que soit le contexte économique, assurant une décorrélation précieuse par rapport aux indices boursiers traditionnels.
L’or : le métal jaune qui défie les incertitudes
Le bond de l’or en septembre, qui a vu l’once frôler les 3 900 dollars, confirme la résilience de ce métal précieux. Malgré une performance déjà exceptionnelle cette année, notre opinion reste favorable à l’égard de l’or.
Plusieurs facteurs structurels continuent de soutenir sa valeur : la baisse des taux réels liée à l’assouplissement des politiques monétaires, l’affaiblissement du dollar américain, l’escalade des tensions géopolitiques et une perte de confiance croissante parmi les acteurs économiques. À cela s’ajoute une demande robuste, tant institutionnelle que privée, portée par les banques centrales et les ménages, en particulier dans les économies asiatiques et émergentes.
Les produits structurés : une réponse sur mesure aux problématiques soulevées par les marchés financiers
Nous continuons à accorder une confiance affirmée aux produits structurés. Bien plus qu’un simple vecteur d’exposition, ils représentent une solution sophistiquée de personnalisation, permettant d’ajuster avec précision l’accès aux marchés et d’optimiser le couple rendement-risque selon les objectifs de l’investisseur.
Ces instruments se révèlent particulièrement pertinents pour ceux qui souhaitent s’engager sur des marchés ou des secteurs à fort potentiel de croissance à moyen terme, tout en bénéficiant de mécanismes de protection efficaces contre les risques de correction. Cette approche prend une importance accrue dans un contexte de valorisations élevées. La diversification reste essentielle, tant au niveau des sous-jacents que des structures employées, pour maximiser l’efficacité et limiter les risques.
Grâce à leur grande flexibilité, les produits structurés offrent aux investisseurs une opportunité d’optimisation de portefeuille adaptée aux conditions actuelles du marché. Ils s’intègrent aisément aux besoins de distribution et constituent ainsi un pilier stratégique dans toute démarche de rente personnalisée.
Les actifs non cotés : private equity et private debt au cœur des stratégies d’investissement
L’intérêt des investisseurs institutionnels pour les actifs non cotés ne cesse de croître, malgré un contexte économique marqué par l’incertitude. Cette dynamique, soutenue par la baisse progressive des taux d’intérêt en 2025, attire également des flux vers des fonds plus accessibles au grand public, élargissant ainsi le spectre de l’investissement alternatif.
- Des stratégies secondaires qui se démarquent
Le marché, bien que prudent face aux incertitudes politiques et économiques, laisse entrevoir un potentiel solide pour le private equity. Parmi les options les plus attractives, les stratégies secondaires se distinguent par leur capacité à offrir des valorisations prometteuses tout en limitant les risques.
Les fonds de co-investissement continuent, eux aussi, de figurer au centre des priorités des investisseurs, alliant optimisation des rendements et maîtrise des coûts.
Parallèlement, les stratégies de dette privée, telles que la dette mezzanine ou le growth buyout, connaissent un intérêt croissant pour soutenir les entreprises en phase de croissance. Le capital-risque, particulièrement dans les secteurs technologiques et liés à la transition énergétique, enregistre un regain de popularité, offrant des perspectives captivantes pour les startups innovantes.
- Vers une allocation diversifiée et équilibrée
Pour exploiter pleinement le potentiel des actifs non cotés tout en limitant les risques, l’adoption d’une stratégie diversifiée et de long terme apparaît indispensable. Cette approche inclut :
- Les stratégies secondaires, prisées pour leur stabilité et leurs rendements robustes.
- Une exposition au capital-risque, ciblant les opportunités à haut rendement dans les secteurs innovants.
- Les investissements en LBO (Leveraged Buyout), permettant de tirer parti de l’effet de levier.
- Le growth equity, offrant une participation dans la croissance d’entreprises matures et prometteuses.
- La dette mezzanine, avec ses taux attractifs, comme outil clé de diversification.
Dans un environnement économique en perpétuelle évolution, cette allocation vise à concilier performance et gestion proactive des risques. La vigilance sur les tendances du marché reste essentielle, tout en capitalisant sur les opportunités offertes par des secteurs stratégiques tels que la santé et la transition énergétique.

Sofica : réduire ses impôts tout en soutenant le cinéma français
Le cinéma français traverse une période de turbulences. L’essor des plateformes de streaming telles que Netflix, Amazon Prime ou Disney+ modifie profondément les habitudes des spectateurs, de plus en plus exigeants quant à l’expérience proposée dans les salles obscures. Résultat : les petites productions d’auteur voient leur public se raréfier, tandis que les superproductions, souvent américaines, continuent d’attirer les foules. La fréquentation des cinémas a ainsi chuté de 15 % au cours des huit premiers mois de l’année.
Pourtant, derrière cette apparente fragilité, l’écosystème audiovisuel français reste riche et dynamique. Les dispositifs de financement continuent de soutenir l’ensemble du secteur, permettant à certaines œuvres de connaître un succès éclatant. Parmi ces acteurs, les Sociétés de financement du cinéma et de l’audiovisuel, plus connues sous le nom de SOFICA, occupent une place centrale. Leur rôle : préserver la diversité et l’indépendance de la création cinématographique et audiovisuelle française.
Les Sofica : une participation essentielle au financement du cinéma
Chaque année, une SOFICA contribue à la production de près d’un film sur deux d’origine française. En 2024, plusieurs films financés par ces sociétés ont brillé sur la scène internationale. Dahomey de Mati Diop a remporté l’Ours d’or à la Berlinale, tandis que Flow de Gints Zilbalodis a été salué par le jury et le public au festival d’Annecy avant de décrocher, début 2025, le Golden Globe du meilleur film d’animation. Le film En fanfare d’Emmanuel Courcol a également séduit le public français, totalisant plus de 2,5 millions d’entrées.
Les SOFICA participent aussi à la production de séries télévisées à succès, telles que la première saison de Cat’s Eyes, la deuxième saison de Lycée Toulouse-Lautrec ou la troisième saison de la série animée Oscar et Malika, toujours en retard.
Une enveloppe de 73 M€
L’avenir des SOFICA semble toujours prometteur. Treize sociétés ont récemment été agréées pour la collecte 2025, représentant une enveloppe totale de 73 millions d’euros. Ces fonds permettront de financer films, séries, documentaires et dessins animés diffusés en 2026 et d’accompagner leur rayonnement à l’international.
Un avantage fiscal séduisant
Investir dans une SOFICA offre un double intérêt : soutenir la création audiovisuelle française tout en bénéficiant d’une réduction d’impôt significative. Celle-ci s’élève à 30 %, portée à 36 % pour un investissement rapide et jusqu’à 48 % si une partie des fonds est dédiée aux séries de fiction, à l’animation ou aux documentaires.
Cependant, certaines conditions encadrent cette défiscalisation :
- La réduction est plafonnée au moindre des deux montants suivants : 25 % du revenu net global ou 18 000 €, soit une réduction maximale de 8 640 € ;
- Elle s’inscrit dans le plafond global des niches fiscales spécifiques, fixé à 18 000 €, commun avec le dispositif Girardin outre-mer.
L’investissement minimal est de 5 000 €, avec un blocage des fonds sur une période de cinq ans minimum, pouvant s’étendre jusqu’à huit ou dix ans, sous peine de devoir rembourser l’avantage fiscal obtenu.
Il est à noter que tout excédent de réduction non utilisé n’est ni reportable ni récupérable. Pour ces raisons, les SOFICA s’adressent principalement aux contribuables fortement imposés désireux de diversifier leur patrimoine.
Des performances financières contrastées
Si le cinéma fait rêver, l’investissement dans ce secteur reste risqué. Hors avantage fiscal, seules quelques SOFICA ont été véritablement rentables. La majorité subit une dépréciation de 20 à 40 % de son capital. Depuis leur création, le taux de rendement interne moyen ne dépasse pas 2 % par an, avantages fiscaux inclus. Les gains potentiels restent donc incertains et dépendent largement du succès des œuvres financées.
En conséquence, la rentabilité des SOFICA repose essentiellement sur les avantages fiscaux et la défiscalisation. Par ailleurs, la fenêtre de souscription étant limitée, les investisseurs doivent se montrer réactifs.
Rétrocommissions : l’AMF sonne la fin d’une époque
La récente sanction infligée à la société de gestion Altaroc Partners par l’Autorité des marchés financiers (AMF) pourrait bien constituer un tournant décisif pour l’ensemble de la profession. Derrière ce que l’on nomme déjà « l’affaire Altaroc » se joue en réalité l’avenir des rétrocommissions, ces rémunérations versées à une grande partie des conseillers en investissements financiers (CIF) par les sociétés dont ils distribuent les produits.
Un rappel à l’ordre sans ambiguïté
La commission des sanctions de l’AMF a condamné Altaroc Partners et deux de ses dirigeants à une amende de 1,3 million d’euros. En cause : la diffusion d’informations jugées inexactes, trompeuses ou insuffisamment claires dans près de 87 % de ses supports de communication.
Mais au-delà de ce grief, l’Autorité s’attaque à un modèle économique solidement ancré : celui des rétrocessions non justifiées. Le rappel est net : ces commissions ne sont légitimes que si elles correspondent à un service réel et tangible rendu au client.
Le système des rétrocommissions fragilisé
Aujourd’hui, près de 95 % des conseillers en gestion de patrimoine (CGP) et CIF reposent leur rémunération sur ce mécanisme. Les clients ne paient donc pas directement leurs conseils : ce sont les sociétés de gestion qui, via les rétrocommissions, assurent la rémunération. Seuls 5 % des cabinets ont fait le choix de l’indépendance, en alignant pleinement leurs intérêts sur ceux de leurs clients grâce à un modèle de facturation entièrement basé sur les honoraires.
Or, dans le cas du private equity — où les capitaux sont immobilisés sur de longues périodes sans possibilité d’arbitrage — la tentation existe pour certains conseillers de se faire plus discrets… tout en continuant de percevoir leurs commissions.
Un signal fort au marché en faveur de l’indépendance
En choisissant de frapper Altaroc, l’AMF vise un acteur majeur : le plus important distributeur de commissions à destination des CGP, qui avait fait des rétrocessions un levier d’acquisition clients. L’« effet martingale » du private equity trouve ici ses limites.
Le message du régulateur est sans ambiguïté : il ne s’agit pas de bannir les rétrocommissions, mais de les conditionner strictement à une valeur ajoutée démontrable.
Deux exigences ressortent de cette décision :
- Les rétrocessions doivent être justifiées et ne pas aller à l’encontre de l’intérêt du client.
- Les sociétés de gestion doivent garantir un suivi rigoureux et un conseil de qualité, tout au long de la durée de vie du fonds.
Un bouleversement qui dépasse le simple cadre d'Altaroc
Les conséquences pourraient être profondes. Les cabinets de petite taille, notamment unipersonnels, risquent de peiner face à ces nouvelles obligations. La concentration du marché devrait donc s’accélérer, tant du côté des CGP que des sociétés de gestion.
Pour séduire les distributeurs, ces dernières devront désormais développer des outils de suivi plus sophistiqués et fournir des solutions « clé en main », au risque d’alourdir encore la complexité du système.
Vers un modèle plus transparent et indépendant ?
Guillaume Lucchini, associé fondateur du multi family office Scala Patrimoine, salue cette évolution avec enthousiasme : « Chez Scala Patrimoine, nous défendons depuis toujours un modèle limpide : un conseil 100 % transparent, indépendant, et exclusivement rémunéré par des honoraires. La décision de l’AMF va clairement dans le bon sens, puisqu’elle replace l’intérêt du client au cœur du dispositif. Nous avons toujours considéré que le système des rétrocessions ouvrait la porte à de nombreux conflits d’intérêts. Voir l’Autorité exiger désormais que ces rétrocessions soient adossées à une véritable prestation constitue, selon nous, une avancée majeure. C’est le premier pas vers un écosystème plus vertueux. Certaines sociétés de gestion ont déjà pris les devants en amorçant ce virage, mais l’obstacle reste de taille. La véritable question est désormais de savoir si l’ensemble de la profession saura s’adapter à ce nouveau paradigme. »
Comment repenser un patrimoine immobilier concentré ?
Contexte familial & patrimoine immobilier
Une dame âgée de plus de 90 ans au patrimoine conséquent, quasi exclusivement investi en immobilier, a souhaité rencontrer les équipes de Scala Patrimoine, accompagnée de son fils unique, lui-même père de quatre enfants.
Titulaire de l’usufruit d’un ensemble immobilier évalué à 12 millions d’euros, Madame détient notamment une résidence principale estimée à 1,7 million d’euros, ainsi que deux locaux commerciaux situés à Paris, d’une valeur totale de 8 millions d’euros. Ces actifs lui assurent 531 000 € de revenus locatifs hors taxes et charges, soit un revenu foncier global de 581 000 € par an.
Le patrimoine est détenu en démembrement de propriété : Madame conserve l’usufruit, tandis que son fils en détient la nue-propriété.
Objectifs patrimoniaux des clients
Soucieuse de préparer sa succession et d’assurer l’avenir de ses petits-enfants, Madame souhaite, avec son fils, engager une stratégie de transmission transgénérationnelle. L’objectif : anticiper la transmission du patrimoine en transférant progressivement la propriété aux quatre petits-enfants, tout en optimisant la fiscalité et en sécurisant les flux financiers de chaque génération.
Par ailleurs, si madame dispose d’un patrimoine conséquent, celui-ci présente une forte concentration sur une seule classe d’actifs. La détention quasi exclusive de biens immobiliers, d’une valeur estimée à 12 millions d’euros, assure des revenus réguliers mais pose un véritable problème d’illiquidité, mais aussi de simplicité et de tranquillité dans la gestion au quotidien. En effet, l’immobilier est par nature un actif difficile à céder rapidement sans subir une décote, ce qui limite la flexibilité financière en cas de besoin de liquidités.
Enfin, cette exposition massive au secteur immobilier entraîne un manque de diversification patrimoniale, accroissant les risques liés aux fluctuations du marché et réduisant les marges de manœuvre pour optimiser la transmission et sécuriser durablement le capital au profit des générations futures.
Situation fiscale de la cliente
Au-delà des problématiques purement patrimoniales, la cliente fait face à une fiscalité particulièrement lourde. En effet, ses revenus se décomposent comme suit
- Pension de retraite : environ 45 000 €
- Revenus fonciers : 531 000 €
- Revenu imposable (après déduction de la CSG) : 537 000 €
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Impôt sur le revenu
Ce niveau de revenu la place dans les tranches les plus élevées de l’impôt sur le revenu, avec les conséquences suivantes :
- Impôt sur le revenu (barème progressif) : environ 219 000 €
- Contribution exceptionnelle sur les hauts revenus (CEHR) : 9 000 €
- Impôt total avant crédits d’impôt : 228 000 €
À cela s’ajoutent :
- Prélèvements sociaux (revenus du patrimoine) : 91 000 €
Au total, la cliente supporte une pression fiscale globale de près de 60 % sur ses revenus, soit environ 319 000 € d'impôts et prélèvements.
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Impôt sur la Fortune Immobilière (IFI)
Par ailleurs, le contribuable subissait une fiscalité importante au titre de l’impôt sur la fortune immobilière (IFI). Il est redevable d’un impôt proche de 120 000 €. Une économie d’impôt estimée à 60 000 € par an pourrait être réalisée grâce à une stratégie d’optimisation adaptée (réduction de la base taxable, structuration du patrimoine immobilier, etc.).

Stratégie patrimoniale mise en œuvre : la redéfinition du patrimoine financier et immobilier
Pour l’accompagner dans cette stratégie patrimoniale, les équipes de Scala Patrimoine lui ont proposé de créer une SAS à l’impôt sur les sociétés (IS), réunissant dans un premier temps son fils et elle-même, de façon très minoritaire. Dans un second temps, son fils se chargeant de transmettre en démembrement les parts de cette société à ses quatre enfants.
Cette société a pour vocation d’acquérir les actifs immobiliers aujourd’hui détenus par la famille, dans le cadre d’une opération d’OBO (Owner Buy Out).
L’achat des biens, valorisés à 8,09 millions d’euros, étant financé via un emprunt bancaire de 6,5 millions d’euros, complété par un compte courant d’associé des vendeurs à hauteur de 2 millions d’euros. Les annuités du prêt (450 000 €) restent inférieures aux loyers générés par les locaux commerciaux (527 000 €), ce qui permet à la SAS de dégager une trésorerie annuelle de 79 000 €, utilisable notamment pour rembourser le compte courant d’associé de Madame et de son fils.

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Une structuration fiscale et financière optimisée
À la suite de la cession des biens à la SAS, le prix de vente (8,09 M€) a été réparti selon les droits de chacun :
- 884 000 € pour Madame (usufruit - 10 %)
- 7 956 000 € pour son fils (nue-propriété - 90 %)
Madame a choisi de réinvestir le produit de la vente dans un contrat de capitalisation démembré, conservant l’usufruit, avec nantissement à son bénéfice. Cela lui permet de percevoir des revenus complémentaires d’environ 100 000 € par an, tout en simplifiant la gestion quotidienne de son patrimoine.
Son fils, quant à lui, a mobilisé 3,2 M€ pour l’apport personnel et les frais de notaire. Le reliquat d’environ 4,5 M€ a été investi dans un contrat de capitalisation qui sera au bénéfice des petits-enfants, assurant ainsi une transmission optimisée et pérenne du capital familial.
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Maintien du train de vie et réduction de la pression fiscale sur le patrimoine immobilier
Grâce à cette stratégie, Madame bénéficie de revenus annuels de 267 595 €, se composant de :
- Revenus fonciers et pension : 97 595 €
- Produits de placement : 100 000 €
- Remboursement de compte courant : 70 000 €
Plus de 60 % de ces revenus sont faiblement fiscalisés, permettant de préserver son niveau de vie tout en réduisant significativement son impôt sur le revenu et son IFI (économie estimée à 60 000 €).
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Une réponse sur mesure
La stratégie patrimoniale mise en place a permis à Madame de transformer une partie de son patrimoine immobilier, jusque-là concentré et peu liquide, en capitaux disponibles et diversifiés. Grâce à l’opération de cession à la SAS et au réinvestissement dans un contrat de capitalisation démembré, elle bénéficie désormais de revenus complémentaires réguliers et faiblement fiscalisés, tout en conservant la sécurité nécessaire pour financer son train de vie.
Le choix du contrat de capitalisation était à ce titre très bien réfléchi, eu égard à ses nombreux atouts patrimoniaux. Il offre, en effet, une gestion souple de l’épargne, avec un cadre fiscal similaire à celui de l’assurance-vie, tout en permettant des arbitrages financiers adaptés aux objectifs de l’investisseur. Atout majeur : il n’est pas dénoué au décès du souscripteur, ce qui facilite la transmission et permet de le donner de son vivant, avec conservation de l’antériorité fiscale. Il constitue ainsi un outil efficace de diversification et d’optimisation successorale.
Parallèlement, cette structuration assure une préparation efficace de la transmission en intégrant dès aujourd’hui ses petits-enfants dans le dispositif, garantissant une gestion harmonieuse et transgénérationnelle du patrimoine familial.

L’expertise de Scala Patrimoine
La réussite de cette opération repose sur une coordination rigoureuse et une expertise transversale, rendue possible par l’intervention des équipes de Scala Patrimoine.
Jouant le rôle de Chef d’Orchestre, notre family office a ainsi réunit les principaux experts ayant permis de structurer l’opération dans les meilleures conditions :
- Notaire
- Avocat fiscaliste
- Expert en immobilier
- Banque partenaire en charge du refinancement
Grâce à une analyse fine du patrimoine, à une structuration juridique et fiscale sur-mesure, et à une approche centrée sur les objectifs familiaux à long terme, Scala Patrimoine a su proposer une solution innovante, sécurisée et fiscalement efficiente, tout en préservant les intérêts de chaque génération.
Conclusion
Au-delà des problématiques patrimoniales, la cliente subissait une fiscalité très importante. Elle était donc redevable de près de 219 000 € au titre de l’impôt sur le revenu.
C’est une somme colossale, surtout qu’elle est aussi redevable de la contribution sur les hauts revenus. D'où un impôt total de 228 K€ (avant crédits d'impôts). Et enfin les prélèvements sociaux pour un montant de 91 K€. Cela l’amenait à une imposition de près de 60 % de taux d'imposition.
En conclusion, ces opérations présentent de nombreux avantage :
- Libérer de nombreuses liquidités utilisables à titre personnel par la famille,
- Limiter la fiscalité inhérente aux revenus locatifs grâce au passage à une société à l’IS, et ce d’autant plus que la dette souscrite par la SAS pour acquérir les biens immobiliers créer une charge déductible fiscalement du résultat.
Cette opération illustre parfaitement le savoir-faire de Scala Patrimoine dans la gestion de dossiers complexes à fort enjeu familial et patrimonial. Grâce à une approche globale, à la maîtrise des mécanismes de démembrement et de structuration sociétaire, et à une écoute attentive des besoins de ses clients, Scala Patrimoine transforme une problématique successorale en opportunité patrimoniale transgénérationnelle.










