Aurélien Florin

Quels sont les placements privilégiés par les grandes fortunes ?

L’Association Française du Family Office (AFFO), en partenariat avec le cabinet EY, a dévoilé la 10e édition de son baromètre annuel. Cette publication, devenue incontournable, éclaire les sensibilités et les orientations d’investissement des grandes fortunes et des family offices. Cette année, près de 65 répondants – membres et partenaires de l’AFFO – représentant ensemble pas moins de 585 familles, ont partagé leur vision à travers un questionnaire détaillé.

Le règne du capital-investissement

Le capital-investissement s’impose, plus que jamais, comme l’axe central des allocations patrimoniales, représentant 37,5 % des investissements réalisés. Près de la moitié des sondés envisagent même d’accroître encore leur exposition à cette classe d’actifs dans les mois à venir, selon les auteurs du baromètre.

Pour Guillaume Lucchini, associé fondateur du multi-family office Scala Patrimoine, ce constat ne saurait surprendre : « Le capital-investissement constitue une opportunité stratégique pour les grandes fortunes en quête de diversification au-delà des classes d’actifs traditionnelles. Investir dans des entreprises non cotées, souvent à fort potentiel de croissance, permet non seulement de viser une performance attractive – avec un rendement moyen annuel de 13 % sur les dix dernières années selon France Invest – mais aussi de traverser les cycles économiques grâce à une gestion active et à un horizon d’investissement de long terme. » Par ailleurs : « Ce type d’investissement revêt également une dimension émotionnelle : pour les familles, les entrepreneurs ou les sportifs de haut niveau, il s’agit souvent d’un engagement porteur de sens, leur permettant de prendre part à des aventures entrepreneuriales en y apportant bien plus que des capitaux. »

Baromètre de l'Affo : les classes d'actifs choisies par les grandes fortunes

Des allocations diversifiées mais raisonnées

Si le capital-investissement domine, les autres grandes classes d’actifs conservent leur place dans les portefeuilles. Les actions cotées représentent 17,3 % des investissements, suivies par l’immobilier d’investissement (12,8 %), la dette (cotée ou privée) à 10,8 %, et les liquidités à hauteur de 9 %.

Guillaume Lucchini souligne : « L’immobilier reste une valeur refuge dans l’imaginaire patrimonial français. Il conjugue revenu régulier et valorisation à long terme. Malgré les tensions actuelles du marché, il demeure essentiel de rester exposé à la pierre, un placement tangible et rassurant. »

Il insiste particulièrement sur le marché parisien : « À Paris, la demande locative reste structurellement forte, soutenue par une attractivité internationale, un bassin d’emploi dense, et une offre limitée. Ces fondamentaux assurent au marché une résilience notable, même dans un contexte incertain. »

Au-delà, les infrastructures (2,9 %), les hedge funds et produits structurés (5,3 %), les forêts, vignobles et fonciers agricoles (2,1 %), ainsi que les investissements dits « passion » – art, voitures de collection – (0,9 %), complètent les portefeuilles. Les matières premières, les métaux précieux et les cryptomonnaies, bien que médiatisés, ne représentent qu’une fraction marginale des allocations (respectivement 0,5 %, 0,5 %, et 0,4 %).

Des secteurs porteurs, entre innovation et résilience

En 2024, les investissements se tournent prioritairement vers des secteurs alliant solidité structurelle et fort potentiel d’innovation. En tête : la technologie (63 %), la santé (49 %), l’immobilier (41 %), l’industrie (33 %) et l’énergie (31 %).

Guillaume Lucchini y voit une parfaite résonance avec les attentes des clients de Scala Patrimoine : « La technologie et la santé concentrent l’intérêt des investisseurs en raison de leur capacité d’innovation, mais aussi parce qu’elles répondent à des enjeux sociétaux majeurs. Tandis que la transformation numérique façonne notre quotidien, la santé bénéficie d’une dynamique portée par le vieillissement démographique, les avancées médicales et l’émergence de soins personnalisés. »

Les préoccupations des grandes fortunes

Les priorités des familles et grandes fortunes restent claires. La protection des leurs (100 %) et la transmission intergénérationnelle de leur patrimoine – matériel comme culturel – (98 %) s’affirment comme des préoccupations majeures.

Les évolutions fiscales (89 %), la transformation numérique (83 %), la gouvernance (82 %), ainsi que la sécurité, continuent d’occuper une place centrale dans leurs réflexions. Parallèlement, de nouveaux risques émergent : l’intelligence artificielle (74 %) et la cybersécurité (78 %) suscitent un intérêt croissant.

Les familles demeurent aussi attentives à la philanthropie (71 %), à la transition énergétique et à la neutralité carbone (56 %), autant de sujets inscrits dans une vision patrimoniale de long terme.

Guillaume Lucchini souligne le poids des enjeux fiscaux et géopolitiques dans les stratégies d’allocation : « La dissolution de l’Assemblée nationale en 2024 a provoqué une onde d’inquiétude chez de nombreux investisseurs, entrepreneurs et sportifs de haut niveau. Le spectre d’une remise en cause du dispositif Dutreil ou d’un retour de l’Impôt de solidarité sur la fortune plane à nouveau. »

Avant d’ajouter : « À cela s’ajoutent les tensions géopolitiques internationales. Qu’il s’agisse du projet de hausse des droits de douane impulsé par Donald Trump ou du récent conflit entre l’Iran et Israël, ces événements réactivent la prudence des familles, qui cherchent à sécuriser leur patrimoine dans un environnement de plus en plus incertain. »


Medtech : Nabla lève 70 M€

Nabla, la success story de la medtech française lève 70 M$

L’intelligence artificielle redessine les contours de la médecine moderne, et la France, loin d’être en retrait, y joue un rôle de premier plan. Illustration éclatante de cette dynamique : Nabla.

Les chiffres clés de Nabla
Les chiffres clés de Nabla

Nabla, l’assistant médical tricolore qui s’impose à l’international

Fondée en 2018 par Martin Raison, Delphine Groll, Alexandre Lebrun et plusieurs anciens ingénieurs de Meta AI Research, Nabla s’est donné pour mission de libérer les professionnels de santé du poids des tâches administratives. Leur création : un assistant numérique capable de générer automatiquement des comptes rendus médicaux à l’issue de chaque consultation, qu’elle soit physique ou en téléconsultation.

Cette technologie, disponible sur mobile, en version web ou via une extension, permettrait, en effet, de réduire de moitié le temps consacré à la rédaction. En combinant IA générative, reconnaissance du codage médical et intégration fluide avec les plateformes de dossier de santé électronique (DSE), Nabla entend ainsi transformer en profondeur le quotidien des soignants.

Composée à 60 % d’ingénieurs, la société française revendique déjà une belle implantation : son outil s’intègre à des logiciels comme Epic, Cerner, Greenway ou encore Weda, et équipe plus de 130 établissements de santé, couvrant 55 spécialités médicales. À ce jour, 85 000 professionnels l’utilisent régulièrement.

La société tricolore partie à la conquête du monde

À la fin de l’année 2024, Nabla atteignait un chiffre d’affaires récurrent de 15 millions d’euros, consolidant son modèle économique. Après avoir conquis les États-Unis — avec notamment l’ouverture d’un bureau à New York — la startup française tourne désormais son regard vers l’Europe, où tout reste à construire : à peine 5 % de son activité est aujourd’hui réalisée sur le sol national.

Pour accompagner cette nouvelle étape, Nabla vient de lever 70 millions de dollars en série C, un tour de table mené par HV Capital, avec la participation de Highland Europe, Cathay Innovation, DST Global et Tony Fadell, père de l’iPod. Cette opération porte le total des fonds levés depuis la création à 120 millions de dollars. Lors de la précédente levée en janvier 2024 (24 millions), des figures de l’écosystème tech français comme Xavier Niel, Kima Ventures, Station F, Rodolphe Saadé (CMA CGM) ou encore Rachel Delacour (Sweep) avaient soutenu le projet.

Une feuille de route ambitieuse

Pour Alexandre Lebrun, cofondateur de Nabla, ancien chercheur chez Meta et créateur de Wit.ai, cette levée marque une étape clé : « Ce financement va nous permettre de répondre à une attente forte : offrir une IA véritablement au service du soignant, qui ne se contente pas de documenter, mais fluidifie et améliore l’ensemble du parcours de soins. »

La feuille de route est ambitieuse : Nabla prévoit de se positionner à la pointe de l’agentique, avec le développement d’une plateforme multi-agents.

L’objectif ? Construire une solution intelligente et adaptative capable non seulement de coder les actes médicaux, mais aussi de proposer des actions cliniques ou administratives, contextualisées et personnalisées en fonction des spécialités. Parmi les agents annoncés : un assistant proactif dédié au codage, un agent contextuel pour enrichir les dossiers médicaux, ainsi qu’un agent infirmier pensé pour les environnements de soins spécifiques.


Les marchés financiers prouvent une nouvelle fois leur dépendance aux décisions des banques centrales. L'économie résiste, quant à elle, trés bien.

Le rendez-vous des marchés financiers - Juin 2025

Marchés financiers & économie : les points clés

  • Les marchés financiers résistent, malgré les incertitudes économiques, en Europe, en Chine et aux États-Unis.
  • L'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) acte le ralentissement de l’économie mondiale, en ramenant ses prévisions de croissance à 2,9 %.
  • Le Tribunal de commerce international des États-Unis vient de suspendre les droits de douane réciproques instaurés par son administration. Donald Trump a fait appel de cette décision.
  • La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé une nouvelle baisse de ses taux directeurs de 25 points de base. Le taux de rémunération des dépôts passe ainsi de 2,25 % à 2 %.

Quelles performances sur les marchés financiers ?

  • La dette américaine sous pression

La réforme fiscale impulsée par Donald Trump attise les craintes d’un emballement de la dette publique, dont le montant — 36 000 milliards de dollars — atteint déjà des sommets vertigineux.

Face à ce relâchement budgétaire et à l’incapacité chronique du Congrès à s’accorder sur une trajectoire fiscale crédible, Moody’s a choisi de sévir. L’agence de notation a ainsi retiré aux États-Unis leur dernier « triple A », dégradant d’un cran la note souveraine, dans le sillage de Standard & Poor’s en 2011 et de Fitch en 2023.

Cette annonce a ébranlé les marchés obligataires, précisément au moment où le Trésor américain lançait une émission de 16 milliards de dollars d’obligations à vingt ans. Pour séduire des investisseurs devenus plus frileux, il a fallu consentir un rendement de 5,047 % — soit près d’un point de plus qu’en septembre dernier.

À ce jour, le taux des obligations à vingt ans oscille autour de 4,915 %, tandis que celui des titres à dix ans franchit les 4,38 %.

  • Les grands marchés boursiers dans le vert

Les grands indices boursiers ont poursuivi leur progression, malgré les incertitudes entourant les négociations commerciales entre les États-Unis et les principales économies mondiales.

Sur l’ensemble de l’année 2025 : le S&P 500 progresse de +2,3 % ; en Europe, le CAC 40 affiche une hausse de +5,2 % ; en Allemagne, le DAX 30 s’envole de près de +20 %.

Même le Shanghai Composite évolue en territoire positif : depuis le 1er janvier, l’indice phare de la bourse chinoise enregistre un gain de +3,75 %.

Au Japon en revanche, le Nikkei 225 cède -2,8 %. Du côté de l'Inde, le Nifty 50 s’adjuge une solide hausse de +6 %.

Porté par un climat politique favorable aux États-Unis et par l’engouement pour les ETF spot, le bitcoin s’échange autour de 95 730 €, en nette progression par rapport à avril, où il évoluait autour de 70 000 €.

Enfin, dans un contexte de tensions géopolitiques et commerciales croissantes, l’once d’or poursuit également sa spectaculaire ascension, atteignant 3 329 dollars.

Performance des marchés financiers - Juin 2025
Performance des marchés financiers - Juin 2025
  • L’OCDE anticipe un ralentissement de l’économie mondiale

L'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a revu à la baisse ses prévisions de croissance pour l'économie mondiale cette année, les ramenant à 2,9 %. L'institution pointe du doigt l'impact néfaste des droits de douane instaurés par l'administration du président américain Donald Trump.

Elle anticipe désormais une croissance de 1,6 % pour les États-Unis, de 1 % pour la zone euro, et d’un modeste 0,6 % pour la France. Quant à la Chine, elle ne devrait pas atteindre l'objectif des 5 % fixé par le gouvernement de Xi Jinping ; la deuxième économie mondiale devra, selon l'OCDE, se contenter d'une progression de 4,7 %.

Les économistes de l'organisation estiment par ailleurs que les pays les plus durement frappés par ces barrières commerciales pourraient voir leur croissance amputée, en moyenne, de 0,5 à 1 point de pourcentage.

États-Unis : ce très cher « Big Beautiful Bill »

Sans surprise, l’économie américaine s’est contractée de 0,3 % au premier trimestre 2025. Pour l’ensemble de l’année, Bloomberg se montre plus pessimiste encore que l’OCDE : la croissance des États-Unis n’est attendue qu’à 1,4 %. Cela impliquerait un rebond d’environ 2 % au cours des trimestres à venir pour compenser le recul du premier trimestre — une hypothèse qui paraît aujourd’hui pour le moins optimiste.

  • L’économie vacille

Les statistiques publiées aux États-Unis traduisent un net ralentissement de l’économie, tandis que l’inflation amorce un léger rebond.

Les ventes de détail (hors secteur automobile) n’ont progressé que de 0,1 % en rythme mensuel au mois d’avril, et la production industrielle est restée atone.

Le moral des petites et moyennes entreprises s’est dégradé, l’indice de confiance reculant de 97,4 à 95,8. Celui des ménages suit la même tendance, passant de 52,2 à 50,8.

Autre signal préoccupant : les défauts de paiement repartent à la hausse, atteignant 8 % au premier trimestre. Les retards de plus de 90 jours sur les cartes de crédit (12 %) et sur les prêts automobiles (5 %) atteignent des niveaux inédits depuis 2011.

Quelques signaux plus encourageants émergent toutefois. La confiance des directeurs d’achat s’est raffermie en mai, tant dans le secteur manufacturier — où l’indice est passé de 50,2 à 52,3 (contre 49,9 attendu) — que dans les services, où il a grimpé de 50,8 à 52,3 (contre 51 anticipé).

  • L’emploi semble résister

Belle surprise également du côté des consommateurs : leur confiance s’est nettement redressée en mai, passant d’un plus bas de cinq ans à un plus haut de trois mois, l’indice progressant de 85,7 à 98.

Le marché du travail, quant à lui, continue de témoigner d’un remarquable dynamisme. Les ouvertures de postes ont augmenté en avril, tout comme les embauches. Selon le dernier rapport JOLTS du Département du Travail — très surveillé par la Réserve fédérale — le nombre d’offres d’emploi s’est établi à 7,39 millions, contre 7,20 millions en mars. Le nombre d’embauches a également progressé, atteignant 5,57 millions, contre 5,40 millions le mois précédent. Autre nouvelle positive, 139 000 emplois ont été créés en mai, contre 125 000 attendus. Par contre l’enquête auprès des ménages est plus inquiétant. 696 000 personnes auraient perdu leur travail en mai, soit la deuxième pire chute depuis 2020. Le taux de chômage reste contenu, à 4,2 %.

Sur le front de l’inflation, l’indice des prix à la consommation (CPI) a légèrement ralenti en avril, progressant de 2,3 % sur un an, contre 2,4 % en mars. L’indice sous-jacent, qui exclut les prix volatils de l’énergie et de l’alimentation, est resté stable, à +2,8 % sur un an.

Selon les analystes de Deutsche Bank, la Réserve fédérale devrait maintenir ses taux d’intérêt inchangés jusqu’à la fin de l’année. Cette posture prudente s’explique par des estimations plus élevées du taux de chômage naturel et par des inquiétudes persistantes concernant le niveau de l’inflation. Les anticipations actuelles tablent sur une remontée notable des prix à court terme — le fixing d’inflation est attendu au-dessus de 3,5 % en fin d’année — sans toutefois générer de poussée inflationniste durable.

  • Un conflit larvé entre Trump et Musk

La lune de miel entre Donald Trump et Elon Musk n’aura pas duré bien longtemps. Le conflit est désormais latent. En cause : le « Big Beautiful Bill Act ». Ce projet de loi, porté par le président américain, prévoit d’alourdir la dette publique de 3 300 milliards de dollars, en combinant baisses d’impôts et budget sans réduction des dépenses. Pour le patron de Tesla, la coupe est pleine.

Elon Musk a donc pris ses distances, laissant un gouvernement médusé. Sur son réseau social, l’entrepreneur a dénoncé le projet avec véhémence : « Ce projet de loi énorme, indécent et débordant de dépenses clientélistes est une abomination répugnante. Honte à ceux qui ont voté en sa faveur : vous savez que vous avez eu tort. » Un dérapage verbal qui s’est conclu par un explosif : « Donald Trump est dans les fichiers Epstein ». Ambiance…

La situation est d’autant plus délicate pour Donald Trump que le Tribunal de commerce international des États-Unis vient de suspendre les droits de douane réciproques instaurés par son administration. Les juges estiment que le président a outrepassé ses pouvoirs en invoquant à tort une loi d’urgence économique de 1977. Selon leur décision, seul le Congrès est habilité à réguler les barrières douanières.

Sans surprise, le gouvernement a vivement réagi et a fait appel, dénonçant une décision rendue par des « juges non élus ». Cet appel étant suspensif, les droits de douane restent pour l’instant en vigueur. Toutefois, selon certaines sources, l’équipe Trump préparerait déjà un plan B pour maintenir ses surtaxes.

  • Trump reporte l’application des droits de douane

Les discussions avec les principaux partenaires commerciaux des États-Unis se poursuivent, poussant Donald Trump à annoncer un report des droits de douane au 9 juillet. Si les échanges avec Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, paraissent encourageants, les tensions commerciales restent vives.

La situation est similaire avec la Chine. Symbole de ce climat tendu : Donald Trump a décidé de suspendre l’octroi de visas pour les étudiants étrangers admis à Harvard. Près de 1 300 étudiants chinois sont actuellement inscrits dans cette prestigieuse université, selon les chiffres officiels.

Toutefois, les échanges sont maintenus pour tenter d’éviter une escalade aux conséquences potentiellement graves. Un échange téléphonique a récemment eu lieu entre Xi Jinping et Donald Trump. Ce dernier a d’ailleurs annoncé, via un message sur son réseau Truth Social, que les équipes des deux présidents se réuniraient « bientôt » pour discuter des droits de douane, sans qu’un lieu de rencontre n’ait encore été précisé.

Scott Bessent, secrétaire américain au Trésor, a - pour sa part - souligné : « Nous sommes d’accord sur le fait qu’aucune des deux parties ne souhaite un découplage. »

Dans l’immédiat, une trêve temporaire est en place. Les taxes américaines sur les produits chinois sont abaissées de 145 % à 30 %. Dans le meme temps, les droits de douane chinois sur les importations américaines passent de 125 % à 10 %.

  • Une accalmie fragile

Pour François Rimeu, stratégiste senior chez Crédit Mutuel AM : « La trêve annoncée n’est pourtant qu’une étape dans ce qui s’annonce comme le feuilleton de l’année 2025. Le marché semble aujourd’hui anticiper que les droits de douane américains se stabiliseront à un niveau relativement faible ; ce qui serait négatif pour la croissance américaine, sans pour autant provoquer de récession. »

De son côté, Xavier Chapard, de LBPAM, tempère : « De grandes incertitudes demeurent quant à l’avenir du commerce international sous l’impulsion des États-Unis. Le fait que le pire ait sans doute été évité ne signifie pas pour autant que nous revenons au monde d’hier. »

Selon un économiste américain Michael Spence : « Les droits de douane chers à Donald Trump ne conduiront pas nécessairement à une catastrophe immédiate pour les États-Unis. L’économie américaine est relativement peu dépendante du commerce extérieur : services inclus, les importations représentent environ 14 % du PIB, et les exportations un peu plus de 11 %. »

Le Fonds monétaire international (FMI) confirme cette analyse. Selon ses prévisions, les nouveaux droits de douane devraient peser en premier lieu sur la croissance américaine (-0,9 %), suivie par le Canada et la Chine (-0,6 % chacun), et le Japon (-0,5 %).

Zone Euro : éclaircie économique malgré un contexte géopolitique tendu

La croissance économique de la zone euro au premier trimestre a été nettement révisée à la hausse, atteignant +0,6 %, contre +0,3 % initialement annoncé en mai, a indiqué Eurostat, l'office statistique de l'Union européenne. Toutefois, les tensions géopolitiques persistantes, notamment en Ukraine et dans les relations avec les États-Unis, continuent de peser sur l'activité en Europe.

  • Une nouvelle dynamique ?

Les dernières statistiques signalent un léger rebond de l’activité en zone euro. Les indices de confiance de la Commission européenne ont progressé davantage qu’anticipé en mai, passant de 93,8 à 94,8. La confiance des ménages s’est également améliorée (de -16,6 à -15,2), tout comme celle des directeurs d’achat du secteur manufacturier (de 49,0 à 49,4).

La production industrielle affiche un solide rebond de +2,6 % en rythme annuel en mars.

Autre signe encourageant, le continent européen a enregistré un excédent commercial de 36,8 milliards d’euros en mars 2025 dans ses échanges de biens avec le reste du monde, contre 22,8 milliards d’euros un an plus tôt.

En avril 2025, le taux de chômage, corrigé des variations saisonnières, s’établissait à 6,2 % dans la zone euro, en baisse par rapport au 6,3 % de mars. Le chômage des jeunes reste cependant élevé, à 14,4 %.

Le moteur allemand montre des signes de redémarrage, avec une croissance de +0,4 % au premier trimestre. En revanche, la situation est plus contrastée en France : la Banque de France anticipe une activité quasi-stable au deuxième trimestre, après une progression modeste de +0,1 % en début d’année. Les incertitudes liées à la guerre commerciale mondiale continuent de peser sur l’investissement et les embauches.

  • La BCE accompagne le ralentissement de l’inflation

Dans ce contexte, la Banque centrale européenne (BCE) a annoncé une nouvelle baisse de ses taux directeurs de 25 points de base, la huitième depuis juin 2024. Le taux de rémunération des dépôts passe ainsi de 2,25 % à 2 %, contre 4 % un an plus tôt.

Cette décision s’inscrit dans un climat de ralentissement marqué de l’inflation en zone euro. En mai, l’inflation globale est tombée à 1,9 %, repassant sous l’objectif de 2 % que s’est fixé la BCE. L’inflation sous-jacente recule elle aussi, à 2,3 %.

L’institution prévoit désormais une inflation de 2 % en 2025, 1,6 % en 2026 et 2 % en 2027.

La Chine muscle son jeu

Le gouvernement chinois a sorti les muscles pour stimuler l'économie nationale. Pékin a notamment réduit ses taux d’intérêt et adopté plusieurs mesures destinées à relancer la consommation. Les premiers résultats sont encourageants : la croissance du PIB réel s’est ainsi maintenue à +5,4 % en glissement annuel au cours du 1er trimestre 2025.

  • De vives tensions aux l’administration Trump

Les tensions restent vives entre l’administration Trump et le gouvernement chinois. Le président américain a récemment accusé Pékin d’avoir violé les accords de Genève. Les autorités chinoises ont naturellement rejeté ces accusations, rappelant que la Chine avait, au contraire, suspendu plusieurs taxes et barrières douanières en avril, en stricte conformité avec l’accord en vigueur.

En réponse, Washington a imposé de nouvelles restrictions, notamment sur l’accès aux logiciels de conception de semi-conducteurs et la vente de certains produits chimiques essentiels à l’industrie chinoise.

De son côté, Pékin a renforcé ses propres mesures de rétorsion, en restreignant davantage les exportations de terres rares — des matériaux stratégiques indispensables à l’industrie technologique mondiale.

  • La reprise du dialogue ?

Heureusement, un récent échange téléphonique entre Donald Trump et Xi Jinping a permis d’aplanir quelque peu les tensions. Les enjeux commerciaux restent cruciaux : les relations bilatérales entre la Chine et les États-Unis constituent le plus important partenariat commercial au monde, avec des échanges totalisant 689 milliards de dollars en 2024.

Les derniers chiffres publiés indiquent que les exportations chinoises vers les États-Unis ont chuté de 34 % en mai, un recul inédit depuis février 2020. Cette dynamique négative s’explique principalement par la mise en œuvre de taxes douanières élevées, actuellement fixées à 30 % sur de nombreux produits chinois.

Néanmoins, la Chine s’efforce depuis plusieurs années de réduire sa dépendance commerciale vis-à-vis des États-Unis. Il y a dix ans, les exportations chinoises vers les États-Unis représentaient plus de 20 % du total ; aujourd’hui, cette part est tombée à environ 15 %.

  • Une relance monétaire, mais des fragilités persistantes

L’allègement monétaire opéré par le gouvernement chinois se poursuit. La banque centrale a de nouveau réduit ses taux d’intérêt afin de stimuler une économie en ralentissement. Pour la première fois depuis octobre, elle a abaissé son taux préférentiel de prêt (LPR) :

- le LPR à un an est réduit de 10 points de base, à 3 %,

- le LPR à cinq ans passe à 3,5 %, influençant notamment le marché des hypothèques.

Parallèlement, les cinq grandes banques publiques chinoises ont abaissé leurs taux de dépôt de 5 à 25 points de base, un mouvement qui pourrait inciter les petites institutions à suivre cette tendance.

Ces mesures visent à stimuler la consommation, favoriser la croissance des prêts et préserver les marges bénéficiaires des banques commerciales, actuellement mises sous pression.

Des signes de reprise... contrastés. Certains indicateurs montrent une amélioration de l’activité :

- la production industrielle progresse de +6,1 %,

- le marché immobilier reste faible, mais les signes d’une stabilisation émergent : depuis le début de l’année, les ventes de biens immobiliers résidentiels n’ont reculé que de -0,4 % en glissement annuel en mars, contre -30,7 % sur la même période en 2024.

  • La géopolitique pèse sur l'économie

Cependant, les tensions géopolitiques, en particulier avec les États-Unis, commencent à peser lourdement sur l’activité économique chinoise.

L’investissement direct étranger ne montre pas encore de signe de redressement : il affiche un recul de -10,9 % sur la période janvier-avril, par rapport à 2024.

L'indice Caixin du secteur manufacturier est, quant à lui, tombé à 48,3, son plus bas niveau depuis septembre 2022, signalant une contraction. Les commandes à l’export plongent, pénalisées par les tarifs douaniers américains.

Côté consommation, les résultats sont également décevants : en avril, la consommation intérieure a progressé de +5,1 %, un chiffre inférieur aux attentes (5,8 %).

Les convictions de Scala Patrimoine sur les marchés financiers

Le mois de mai 2025 a été marqué par une forte volatilité macroéconomique, exacerbée par les revirements soudains de l’administration Trump.

  • Des performances solides des marchés actions

Les 90 jours de négociations commerciales — dont l’échéance est attendue pour début juillet — n’ont guère permis d’avancées notables, hormis pour quelques pays isolés. Pourtant, dans ce climat incertain, les marchés développés ont enregistré de solides performances en mai, poursuivant l’élan haussier amorcé le 9 avril. Les États-Unis ont mené la danse, avec une progression d’environ 6 %, suivis par l’Europe (+5 %), le Japon (+4 %) et les marchés émergents (+4 % en devises locales).

- Les négociations commerciales avancent

Ce rebond a été soutenu par les avancées enregistrées dans les discussions commerciales entre les États-Unis et l’Union européenne, ainsi que par le report temporaire des hausses de droits de douane supplémentaires sur les importations chinoises. Ces éléments ont contribué à apaiser les craintes d’une récession mondiale et à raviver l’appétit pour les actifs risqués.

Les résultats des entreprises au premier trimestre ont globalement surpassé les attentes. Aux États-Unis, 78 % des sociétés ont affiché des performances supérieures aux prévisions — un chiffre supérieur à la moyenne des dix dernières années —, avec en tête les secteurs de la santé et de la technologie, incarnés notamment par les résultats remarquables de Nvidia. En Europe, 60 % des entreprises ont également dépassé les attentes, avec les banques comme principal moteur de cette dynamique.

Cependant, ces performances reflètent encore la conjoncture favorable du début d’année, avant l’émergence des récentes incertitudes commerciales et politiques. Les perspectives pour les trimestres à venir demeurent plus floues : de nombreuses entreprises ont revu leurs prévisions à la baisse. Seules 16 % des sociétés du S&P 500 ont osé publier des perspectives pour l’ensemble de l’année, bien en deçà de la moyenne historique de 40 %.

- Stratégie Recommandée :​ la diversification des portefeuilles

Face à la persistance des incertitudes, qu’elles soient commerciales ou budgétaires aux États-Unis, et à une visibilité encore limitée quant à l’issue des négociations internationales et à l’ampleur de la dégradation de l’environnement macroéconomique, le potentiel de poursuite du rallye boursier semble désormais contraint. D’autant plus que les marchés européens et émergents évoluent de nouveau à des niveaux historiques. Nous maintenons donc une approche neutre sur les actions.

Dans ce contexte, nous recommandons de renforcer la diversification des portefeuilles, en particulier pour atténuer les concentrations géographiques, tant que les négociations commerciales n’auront pas abouti de manière plus tangible.

- Des facteurs de soutien aux marchés financiers européens

Les marchés financiers européens bénéficient actuellement de plusieurs facteurs de soutien. À court terme, la croissance économique est stimulée par les baisses de taux décidées par la Banque centrale européenne, le taux de dépôt s’établissant désormais à 2 %. Toutefois, l’efficacité ultime de cet assouplissement monétaire dépendra de l'impact que pourra avoir la politique commerciale américaine sur l’économie mondiale.

Un soutien supplémentaire est également attendu du côté des politiques d’investissement, qui devraient insuffler une nouvelle dynamique à certains secteurs spécifiques, au premier rang desquels l’industrie de la défense.

Les secteurs particulièrement sensibles à l’évolution des taux, tels que les services aux collectivités, les sociétés foncières cotées (REITs) et les infrastructures, pourraient tirer parti de cet environnement monétaire favorable. En dépit de la faiblesse des taux directeurs, les banques européennes affichent une situation conjoncturelle solide. Elles profitent en outre de la pentification de la courbe des taux et continuent de se négocier à des niveaux de valorisation inférieurs à ceux de leurs homologues américaines.

- L’incertitude pèse sur les marchés américains

Outre-Atlantique, la croissance des dépenses d’investissement des entreprises du S&P 500 au premier trimestre, bien que robuste dans l’absolu (+19 %), s’est révélée très concentrée autour des "Sept Magnifiques" et du secteur technologique, laissant le reste du marché en quasi-stagnation.

Si les perspectives de bénéfices aux États-Unis demeurent solides pour 2025 (autour de +14 %), l’incertitude entourant l’ampleur d’un éventuel ralentissement macroéconomique pourrait justifier les niveaux de valorisation actuellement élevés des actions américaines (environ 23 fois les bénéfices pour le S&P 500). Dans ce contexte, la capacité des entreprises à maintenir une croissance soutenue de leurs profits sera déterminante. C’est pourquoi nous estimons que les sociétés technologiques américaines, en particulier celles fortement investies dans l’intelligence artificielle, continueront de jouer un rôle moteur dans la progression des marchés actions.

Le secteur de la santé, en revanche, a subi un fort repli. Celui-ci s’explique par l’attitude offensive de l’administration américaine à l’égard de l’industrie pharmaceutique et des médicaments, affectant tant les entreprises nationales qu’étrangères. À cela s’est ajouté un scandale retentissant : UnitedHealth Group, la plus grande mutuelle privée des États-Unis, a été accusée de fraude dans le cadre du programme Medicare, accentuant la défiance envers l’ensemble du secteur. Les perspectives à court terme demeurent incertaines, mais nous pensons que l’essentiel des mauvaises nouvelles est déjà intégré dans les valorisations actuelles, et que la correction récente pourrait offrir des opportunités d’investissement intéressantes.

- ​Les marchés émergents : une situation d’attente

Dans l’univers des marchés émergents, la faiblesse persistante du dollar continue de constituer un facteur de soutien.

Les actions indiennes, qui ont sous-performé depuis le début de l’année et n’ont pas encore retrouvé leur pic de septembre dernier, suscitent un intérêt particulier, malgré des valorisations relativement élevées comparées à celles des autres marchés émergents. Ce positionnement se justifie par la vigueur de la croissance économique, les perspectives favorables liées à l’émergence d’une vaste classe moyenne (soutenue notamment par la bancarisation), et une moindre sensibilité aux fluctuations des tarifs douaniers, grâce à un modèle économique résolument tourné vers le marché domestique.

En Chine, la situation demeure plus complexe. Malgré la levée récente de certains droits de douane additionnels et une position de négociation renforcée du gouvernement, l’économie chinoise reste fortement dépendante de la demande extérieure. Or, la consommation intérieure n’affiche toujours aucun signe tangible de reprise. Nous attendons donc des autorités chinoises un engagement plus déterminé en faveur d’une relance de la demande domestique.

  • Les marchés obligataires ​: inquiétude sur la dette américaine

Les marchés obligataires mondiaux ont connu un mois de mai difficile, affichant des rendements négatifs. Les Treasuries américains restent sous pression : le taux des obligations à 10 ans évolue autour de 4,5 %, tandis que celui des titres à 3 ans a momentanément franchi le seuil des 5 % en fin de mois. Cette tension s’explique par une demande en net repli face à des volumes d’émissions de dette à long terme particulièrement élevés, alimentés par les besoins croissants de financement de l’administration américaine.

- L’inflation baisse

Ce déséquilibre est aggravé par le recentrage des investisseurs japonais sur leur dette nationale, au détriment des titres du Trésor américain. Or, le Japon figure parmi les principaux détenteurs de dette américaine. La remontée des CDS (Credit Default Swaps) américains traduit bien l’inquiétude des investisseurs quant à la soutenabilité de l’endettement public américain, d’autant que le projet budgétaire surnommé Big Beautiful Bill suscite de vives interrogations sur la trajectoire future du déficit fédéral.

Toutefois, certains indicateurs macroéconomiques ont contribué à atténuer cette pression sur les Treasuries. L’inflation, mesurée par l’indice PCE, s’est repliée à 2,1 % en avril — son plus bas niveau depuis février 2021 —, tandis que les créations d’emplois ont dépassé les attentes. Par ailleurs, l’apaisement des tensions commerciales a également favorisé un regain de stabilité sur le marché obligataire américain.

En Europe, l’inflation est désormais bien maîtrisée. La Banque centrale européenne a procédé à sa huitième baisse de taux en l’espace d’un an, ramenant le taux de dépôt à 2 %, un niveau désormais proche de celui du taux neutre. Les décisions monétaires à venir dépendront largement de l’issue des négociations commerciales internationales. La visibilité sur les obligations européennes s’est améliorée grâce à l’ancrage des anticipations d’inflation, à la vigueur relative de l’euro et à une trajectoire monétaire plus lisible. Toutefois, le marché obligataire européen doit également composer avec le plan de relance historique engagé par l’Allemagne, ainsi qu’avec les pressions exercées par les agences de notation.

- La stratégie Recommandée : ​une préférence pour les segments les plus défensifs

Dans ce contexte, nous maintenons une approche résolument positive vis-à-vis des obligations, avec une préférence affirmée pour les segments les plus défensifs.

La trajectoire monétaire de la BCE, désormais plus prévisible à la suite de sa dernière baisse de taux, nous incite à privilégier les obligations européennes. Malgré les défis budgétaires auxquels l’Europe reste confrontée, les perspectives économiques à moyen terme paraissent plus robustes qu’ailleurs.

Aux États-Unis, les niveaux de rendement sont indéniablement attractifs, mais l’économie américaine pourrait être la première à ressentir les effets délétères des politiques tarifaires en vigueur, rendant plus crédible un scénario de stagflation. Si la Réserve fédérale dispose encore de marges de manœuvre supérieures à celles de la BCE, elle demeure aujourd’hui freinée par le manque de visibilité sur les perspectives macroéconomiques. Par ailleurs, malgré la faiblesse actuelle du dollar, les perspectives à moyen terme restent défavorables pour le billet vert, en dépit d’un différentiel de taux souverains avec l’Allemagne qui lui est pour l’instant favorable.

- L’attrait du crédit Investment Grade européen

Sur le segment des taux, nous privilégions les obligations souveraines européennes de court terme, que nous considérons comme une alternative pertinente aux instruments monétaires, grâce à la meilleure visibilité qu’offre actuellement la politique de taux de la BCE. En revanche, nous faisons preuve de prudence vis-à-vis des maturités souveraines de long terme et maintenons une position négative sur les taux longs américains. La défiance des investisseurs à l’égard de l’endettement américain s’est accentuée depuis l’adoption par la Chambre des Représentants du Big Beautiful Bill, ambitieux projet budgétaire de l’administration Trump. Si ce texte devrait être largement amendé par le Sénat, il constitue dans sa version actuelle un risque significatif pour les finances publiques américaines, laissant présager une volatilité persistante sur le segment des taux longs.

Sur le marché du crédit, nous affichons une préférence marquée pour le crédit Investment Grade européen, dont nous saluons la solidité et la résilience. À court terme, les spreads européens nous paraissent plus stables que ceux de leurs homologues américains. Par ailleurs, les obligations financières subordonnées continuent d’offrir un couple rendement/risque particulièrement attractif. Le secteur bancaire européen bénéficie de fondamentaux solides, renforcés par une régulation accrue, ce qui conforte notre position sur cette classe d’actifs. Ce segment permet d’améliorer le rendement moyen d’un portefeuille obligataire, tout en demeurant sur des émetteurs de qualité Investment Grade.

Nous restons en revanche sélectifs sur le segment High Yield, que nous limitons aux maturités courtes et aux signatures les mieux notées, à condition que le rendement additionnel proposé compense de manière satisfaisante le risque accru.

  • ​Les marchés financiers alternatifs

Nous conservons une position neutre sur les investissements alternatifs, mais réitérons notre préférence pour les stratégies long/short actions. Ces dernières sont particulièrement pertinentes dans les marchés volatils, incertains et caractérisés par une forte dispersion. La rapidité des rotations sectorielles et la forte réactivité des marchés aux annonces politiques, économiques et monétaires confèrent à ces stratégies une bonne capacité à tirer profit des inefficiences. Elles offrent à la fois une protection contre les baisses et un potentiel de surperformance dans des conditions de marché complexes comme celles que nous observons actuellement, grâce à leur flexibilité qui permet de prendre des positions longues sur les actions sous-évaluées et courtes sur les actions surévaluées, assurant ainsi une décorrélation par rapport aux indices traditionnels. ​

  • ​Les produits structurés​

Nous restons toujours positifs sur les produits structurés, qui offrent la possibilité de s'exposer à différents marchés tout en personnalisant le niveau de risque et le rendement cible souhaités. Ils offrent des solutions attractives pour s’exposer à des marchés ou secteurs ayant des perspectives de hausse à moyen terme tout en ayant une protection à la baisse.

La correction de certains secteurs, notamment la santé, peut constituer un point d'entrée sur des structures adossées à ces valeurs. La hausse des taux longs rend les produits sur taux particulièrement attractifs en termes de rendement et de risque, mais une attention particulière doit être portée au calibrage de la protection. Il est primordial de diversifier les sous-jacents et le type de structures au sein de son portefeuille. À nouveau, les produits structurés constituent une alternative pertinente pour les investisseurs souhaitant s'exposer au marché. Cette flexibilité en fait une solution stratégique pour diversifier et optimiser un portefeuille dans l'environnement actuel.

  • Les Actifs non cotés (Private Assets)​

L’intérêt des investisseurs institutionnels pour les actifs non cotés continue de croître, malgré un contexte économique marqué par des incertitudes.

- L’intérêt pour les stratégies secondaires

Cette dynamique, soutenue par la baisse progressive des taux d’intérêt en 2025, oriente également les flux vers des fonds plus accessibles au grand public. Bien que le marché montre des signes d’attentisme, notamment en raison des incertitudes politiques et économiques, nous restons confiants quant au potentiel du private equity.​

Les stratégies secondaires demeurent particulièrement attrayantes en raison de leurs opportunités de valorisation prometteuses. Par ailleurs, les fonds de co-investissement restent au cœur de nos priorités, combinant optimisation des rendements et maîtrise des coûts.​

Les stratégies de dette privée, telles que la dette mezzanine et le growth buyout, gagnent en popularité pour accompagner les entreprises en phase de croissance. De plus, le capital-risque, en particulier dans les secteurs technologiques et liés à la transition énergétique, connaît un regain d’intérêt, offrant des perspectives captivantes pour les startups innovantes.​

- L’Allocation conseillée​

Pour exploiter pleinement le potentiel des investissements non cotés tout en limitant les risques, nous recommandons une stratégie diversifiée et de long terme. Cette approche inclut :​

- Des stratégies sur les marchés secondaires pour leur stabilité et leurs rendements robustes.​

- Une exposition au capital-risque, visant des opportunités à haut rendement dans des secteurs innovants.​

- Des investissements dans le LBO (Leveraged Buyout) pour tirer parti de l’effet de levier.​

- Le growth equity, qui permet de bénéficier de la croissance d’entreprises matures et prometteuses.​

- La dette mezzanine, grâce à ses taux attractifs, comme un outil clé de diversification.​

Face aux évolutions constantes de l’environnement économique, cette allocation vise à combiner performance et gestion proactive des risques. Nous restons attentifs à l’évolution du marché, tout en capitalisant sur les opportunités qu’il offre, en particulier dans les secteurs stratégiques comme la santé et la transition énergétique.

Nos équipes sont à votre disposition pour échanger sur vos projets d’investissement et évaluer, avec vous, leur intérêt, au regard de l’environnement économique et financier, de la structuration de votre patrimoine et de vos objectifs de vie.

Les convictions d'investissement de Scala Patrimoine sur les marchés financiers en Juin 2026
Les convictions d'investissement de Scala Patrimoine sur les marchés financiers en Juin 2026

cession d'actions gratuites

Cession d’actions gratuites : comment optimiser une opération dépassant le million d’euros ?

Quand un cadre dirigeant d’un grand groupe du CAC 40 a poussé la porte de notre multi family office il y a quelques semaines, il cherchait bien plus qu’un simple conseil fiscal. Marié, ce père de trois enfants souhaitait une vision globale, structurée, pour piloter sereinement son patrimoine. Disposant d’un actif patrimonial conséquent, évalué à plusieurs millions d’euros, il était confronté à une problématique aussi technique que stratégique : que faire de ses actions gratuites ? Et surtout, comment en optimiser la cession sans subir une fiscalité dissuasive et répondre à ses objectifs patrimoniaux ?

Cession d’actions gratuites : une opération sensible

Son interrogation principale portait sur un projet de cession d’actions gratuites reçues via des plans d’attribution successifs. Le produit potentiel de cette opération s’élevait à plus d’un million d’euros. Une somme significative, soumise à un traitement fiscal complexe, surtout dans un contexte où les régimes d’imposition ont fortement évolué selon les dates d’attribution.

Notre client, déjà soumis à la tranche marginale de l’impôt sur le revenu à 45 %, craignait également de dépasser le deuxième seuil de déclenchement de la Contribution Exceptionnelle sur les Hauts Revenus (CEHR). Cette contribution, qui s’ajoute à l’impôt sur le revenu, s’applique à partir de 500 000 € de revenu fiscal de référence pour une personne en couple. La deuxième tranche de la CEHR, quant à elle, concerne les revenus compris entre 500 001 € et 1 000 000 €, auxquels s’applique un taux majoré de 3 %.

La question n’était donc pas seulement de vendre, mais quand et comment vendre.

Lissage fiscal et stratégie de cession étalée

Face à cette complexité, notre premier rôle a été pédagogique : expliquer les différences d’imposition selon les dates d’attribution des actions, la fiscalité applicable en cas de cession, les prélèvements sociaux et les subtilités du mécanisme du quotient. Ce dernier, bien connu pour étaler dans le temps des revenus exceptionnels, s’applique différemment selon qu’on parle de l’impôt sur le revenu ou de la CEHR — une nuance essentielle à comprendre.

Nous avons ainsi proposé une stratégie de cession segmentée, répartie sur plusieurs années. Ce fractionnement permettait non seulement d’éviter le franchissement des seuils critiques, mais aussi de bénéficier de tranches d’imposition plus douces, en lissant les gains dans le temps. Cette méthode offrait à notre client une gestion fine de son revenu fiscal de référence, tout en sécurisant les liquidités souhaitées.

Préparer demain : la transmission en ligne de mire

Mais notre accompagnement ne s’est pas arrêté là. Le client souhaitait également sécuriser le financement des études de deux de ses enfants, estimé à 30 000 € par an pendant cinq ans. Plutôt que de mobiliser directement des liquidités et financer sur ces fonds propres les études de ses enfants, nous avons suggéré une approche plus efficiente : la donation d’une partie des actions gratuites aux enfants.

Cette stratégie, mise en œuvre dans les plafonds d’abattement en vigueur (100 000 € par parent et par enfant), permettait non seulement de financer les études sans alourdir la fiscalité familiale, mais aussi de purger la plus-value latente sur les titres donnés. Les enfants, devenus détenteurs des actions, pouvaient ensuite les céder sans impact fiscal, dans le cadre de leur propre imposition, bien plus légère. Ils disposaient alors du capital nécessaire pour autofinancer leurs études supérieures, tout en s’initiant, à leur tour, à une gestion patrimoniale raisonnée.

Un accompagnement dans la durée, jusqu’aux déclarations fiscales

Enfin, notre accompagnement ne s’est pas limité à la seule stratégie. Entre les premières consultations et la mise en œuvre des différentes décisions, nous avons également épaulé notre client sur l’ensemble des déclarations fiscales : intégration des opérations de cession, prise en compte des donations. Autant d’étapes essentielles pour sécuriser les montages et éviter toute erreur.

Un exemple concret d’une gestion patrimoniale globale, où chaque décision — vente, donation, investissement — s’inscrit dans une stratégie cohérente, au service d’un objectif : protéger, faire fructifier et transmettre.

Vous vous interrogez sur la cession de vos actions gratuites ou sur la meilleure stratégie à adopter ? N'hésitez pas à nous contacter : nos experts sont à votre écoute pour vous accompagner avec des solutions personnalisées, adaptées à vos objectifs patrimoniaux.


Califrais

Califrais lève 10 millions d’euros pour réinventer la logistique du frais

Acteur incontournable du marché de Rungis, Califrais annonce une levée de fonds de 10 millions d’euros pour accélérer son expansion.

Un pionnier technologique au cœur du plus grand marché de produits frais au monde

Fondée en 2014, la start-up basée à Chevilly-Larue (Val-de-Marne) s’est imposée comme un acteur de premier plan dans la logistique B2B. Grâce à des outils basés sur l’intelligence artificielle, Califrais optimise les flux alimentaires des commerçants du marché international de Rungis.

Objectif déclaré : décarboner massivement la chaîne d'approvisionnement alimentaire. Comment ? En réduisant par sept les émissions de CO₂ et en divisant par deux le gaspillage alimentaire. Rien que ça.

La plateforme rungismarket.com, développée par Califrais, permet aux restaurateurs, traiteurs ou hôteliers de commander auprès de 130 grossistes. Le tout avec une promesse claire : précision, rapidité, et empreinte carbone allégée.

Les chiffres clés de Califrais
Les chiffres clés de Califrais

L’algorithme au service de la fraîcheur

Simon Bussy, fondateur de Califrais, résume la mission : « Nous prédisons la demande des consommateurs et optimisons la gestion des stocks pour éviter la rupture comme le gaspillage. Grâce à l’IA, les camions sont mieux remplis, les trajets mieux planifiés. Résultat : une offre de 5 à 10 % moins chère, et un impact environnemental réduit. »

Un défi d’autant plus ambitieux qu’il s’applique à des produits périssables, aux contraintes logistiques complexes. Mais là encore, les algorithmes de Califrais répondent présents, anticipant la demande pour limiter le surstockage et prolonger la vie des aliments.

Dix ans de recherche

Fruit de dix années de recherche en collaboration avec le CNRS et Sorbonne Université, Califrais a développé une infrastructure algorithmique inédite. Elle intègre la prévision des flux, la logistique prédictive et l’optimisation des stocks.

Ces avancées ont permis à Califrais de devenir, en 2021, l’opérateur numérique et logistique officiel du Marché International de Rungis. Sa plateforme traite désormais plus d’un million de produits livrés en 2024.

Et les résultats sont éloquents : possibilité de commander jusqu’à minuit pour être livré dès 6 h du matin, avec un taux d’erreur inférieur à 1 %, des créneaux de livraison de deux heures.

Avec 20 millions d’euros de revenus annualisés, le modèle est déjà rentable.

Un passage à l’échelle orchestré grâce à un tour de table stratégique

Pour accélérer son développement, Califrais vient de boucler un tour de table de 10 millions d’euros, réunissant une combinaison pertinente d’acteurs : logisticiens du frais, grossistes alimentaires, business angels de la tech, et Bpifrance.

On retrouve parmi eux l’investisseur historique STEF, leader européen de la logistique sous température contrôlée, qui renouvelle sa confiance après un premier investissement de 1,5 million d’euros en 2021. S’y ajoute Gilles Babinet, figure reconnue du numérique et coprésident du Conseil national du numérique.

« Nos algorithmes ont séduit des profils comme Gilles Babinet, et nous poursuivons notre collaboration fructueuse avec STEF », souligne Simon Bussy.

Conquête internationale et diversification sectorielle en ligne de mire

Califrais entend désormais étendre son modèle au-delà des frontières. Des discussions sont en cours avec des acteurs en Chine et à Abou Dabi. L’entreprise s’intéresse aussi à d’autres segments de la filière agroalimentaire, notamment les logisticiens de la grande distribution, dont les flux présentent des similitudes.

Pour soutenir cette ambition, Califrais prévoit de renforcer ses équipes, notamment en R&D, en s’appuyant sur cette nouvelle levée de fonds.

Entre température contrôlée et croissance accélérée, Califrais souffle le chaud et le froid pour le plus grand plaisir de ses clients… et de ses actionnaires.


Romane Azzopardi, responsable de la gestion financière chez Scala Patrimoine

Romane Azzopardi : « Le "Big Beautiful Bill" creuserait le déficit américain de 4000 Md$ sur 10 ans »

Sans surprise, Moody’s a abaissé la note souveraine des États-Unis, retirant ainsi le dernier triple A encore en vigueur, après Standard & Poor’s en 2011 et Fitch en 2023. Désormais, l’ensemble des agences de notation s’accorde pour tirer la sonnette d’alarme sur la trajectoire inquiétante de la dette américaine, qui a franchi le seuil des 36 000 milliards de dollars. Dans le même temps, l’administration Trump poursuit tambour battant l’adoption de son ambitieux projet de loi budgétaire, surnommé le "Big Beautiful Bill". Adopté par la Chambre des représentants le 22 mai, le texte devrait être soumis au vote du Sénat d’ici l’été, non sans subir une série d’amendements substantiels.

Romane Azzopardi, responsable de la gestion financière chez Scala Patrimoine, nous éclaire sur les grands enjeux entourant l’élaboration du futur budget de la première puissance économique mondiale.

Quelles sont les grandes orientations du budget américain pour 2026 ?

Romane Azzopardi. La feuille de route de Donald Trump est sans équivoque : il entend proroger les baisses d’impôts initiées en 2017, tout en lançant une nouvelle vague de réductions fiscales, le "Big Beautiful Bill". En parallèle, le projet prévoit 350 milliards de dollars de dépenses supplémentaires, destinées notamment au financement d’un vaste programme d’expulsions migratoires ainsi qu’au renforcement du budget alloué au Pentagone. Du côté républicain, des coupes budgétaires significatives sont envisagées. Elles pourraient frapper en priorité le programme de santé Medicaid, qui assure actuellement une couverture à quelque 70 millions d’Américains, ainsi que les subventions accordées aux énergies renouvelables dans le cadre de l’Inflation Reduction Act, fer de lance de la politique climatique de Joe Biden.

En matière de recettes, la Maison-Blanche tablait initialement sur des revenus dépassant les 6 000 milliards de dollars sur dix ans, issus de la hausse des droits de douane à l’importation. Un chiffre aujourd’hui revu à la baisse, à la lumière des discussions commerciales en cours avec les principaux partenaires des États-Unis.

« Cette situation pourrait, à terme, inciter la Réserve fédérale à assouplir plus rapidement sa politique monétaire »

Risque-t-on un dérapage incontrôlé du déficit ?

Romane Azzopardi. Selon les projections du Congressional Budget Office, ce projet de loi pourrait creuser le déficit de près de 4 000 milliards de dollars sur la prochaine décennie. Ce montant fait l’objet de vives dissensions au sein du camp républicain et alimente les craintes des marchés financiers, déjà préoccupés par la soutenabilité de la dette fédérale. Les taux souverains à 20 ans ont renoué avec leurs sommets, dépassant le seuil des 5 %, alors que le Trésor américain devra refinancer près de 7 000 milliards de dollars de dette à des conditions bien plus onéreuses — un fardeau qui alourdira mécaniquement le coût du service de la dette.

L’administration Trump mise sur un rebond de la croissance pour résorber le déficit. Mais les perspectives actuelles de l’économie américaine restent en deçà du niveau des taux d’intérêt, ce qui accentue encore la pression sur les finances publiques. Cette situation pourrait, à terme, inciter la Réserve fédérale à assouplir plus rapidement sa politique monétaire, alors même que l’inflation semble pour l’instant contenue et que le marché du travail amorce une normalisation progressive.

https://www.youtube.com/watch?v=OiwVKtf9jcY


B Smart TV Patrimoine

Guillaume Lucchini sur B Smart TV pour évoquer la déclaration de revenus

Virginie Roitman (Présidente de l’Ordre des experts-comptables d’Île-de-France) et Guillaume Lucchini (associé fondateur de Scala Patrimoine) étaient les invités de Nicolas Pagniez dans l’émission Smart Patrimoine, diffusée sur B Smart TV. Ce numéro était consacré à un sujet aussi technique que crucial : la déclaration de revenus.

Déclaration préremplie : une fausse sécurité pour les contribuables

Chaque année, l’administration fiscale propose une déclaration de revenus préremplie, reprenant les informations dont elle dispose. Mais attention : ce document, aussi pratique soit-il, est loin d’être infaillible. Il revient à chaque contribuable de vérifier attentivement, de compléter et, si besoin, de corriger les données indiquées.

Guillaume Lucchini alerte les Français qui considèreraient ce formulaire comme une simple formalité administrative. « Il ne s’agit pas d’un document que l’on signe les yeux fermés, explique-t-il au micro de Nicolas Pagniez. Il y a des choix à faire et un réel intérêt à se faire accompagner par un professionnel expérimenté, tel qu’un expert-comptable ou un conseiller patrimonial. »

Parmi les principaux points de vigilance : les sommes versées sur un plan d’épargne retraite (PER). Ces cotisations, déductibles de l’impôt sur le revenu, sont pourtant souvent oubliées. « J’ai eu un client dont les 40 000 euros de versements n’avaient pas été reportés sur sa déclaration. Cela arrive plus souvent qu’on ne le pense », confie-t-il.

D’autant que les contribuables peuvent, dans certains cas, récupérer les plafonds de déduction des années précédentes, ainsi que ceux de leur conjoint ou conjointe.

Concernant les dons philanthropiques ouvrant droit à des réductions d’impôt, le fondateur du Multi family office recommande de prendre contact, en amont, avec les organismes bénéficiaires pour s’assurer d’obtenir la documentation nécessaire à leur déductibilité. « Il faut pouvoir prouver que le don remplit bien les conditions fiscales. »

Flat tax ou tranche marginale : un choix stratégique

Avant d’aborder l’impôt sur la fortune immobilière (IFI), l’expert rappelle un autre sujet de réflexion essentiel pour les contribuables fortement imposés : le mode d’imposition des revenus du capital. Le choix entre la flat tax (prélèvement forfaitaire unique) et l’imposition au barème progressif peut avoir un impact significatif. Cela mérite donc une étude approfondie, selon les profils et les objectifs patrimoniaux.

IFI : les entrepreneurs retraités appelés à la vigilance

Les contribuables sont soumis à l’IFI lorsque la valeur nette de leur patrimoine immobilier excède 1,3 million d’euros. Sont concernés l’ensemble des biens et droits immobiliers détenus, directement ou indirectement, au 1er janvier. L’impôt est calculé sur la valeur nette. C’est-à-dire après déduction des dettes existantes à cette date, sous réserve de pouvoir les justifier.

Dans cet entretien, Guillaume Lucchini attire également l’attention sur la règle applicable aux biens démembrés. « En principe, la valeur totale du bien entre dans le patrimoine de l’usufruitier. Le nu-propriétaire, quant à lui, n’a rien à déclarer. »

Mais c’est surtout sur le cas particulier des chefs d’entreprise partant à la retraite que l’expert souhaite insister. « Lorsqu’un entrepreneur cesse son activité, les murs, entrepôts ou fonds de commerce dont il est propriétaire cessent d’être considérés comme des actifs professionnels. S’il conserve ces biens dans le but de générer des revenus complémentaires, il devra désormais les réintégrer dans son assiette IFI. Et la note peut, dans certains cas, s’avérer particulièrement salée. »

L'émission Smart Patrimoine sur B Smart TV, Mercredi 21 mai 2025

Le média Citywire a interrogé Guillaume Lucchini sur la fin des rétrocessions

Guillaume Lucchini (Scala Patrimoine) : « Nous avons voulu réinventer le métier de conseil patrimonial »

Fondateur de Scala Patrimoine, Guillaume Lucchini revient pour Citywire sur les onze années d’évolution du multi-family office Scala Patrimoine. Entre expansion internationale, transformation du modèle économique du conseil patrimonial et émergence d’une nouvelle génération d’entrepreneurs, il partage sa vision d’un métier en pleine mutation.

Citywire. Pouvez-vous nous présenter Scala Patrimoine en quelques mots ?

Guillaume Lucchini. J’ai fondé Scala Patrimoine en 2014. C’est donc à l’occasion des Jeux olympiques de Paris 2024 que notre multi-family office a soufflé sa dixième bougie. Aujourd’hui, notre maison est implantée à Paris, avec un bureau idéalement situé rue Royale, à deux pas de la place de la Madeleine. Nous sommes également présents à Marseille, où nous avons élu domicile face au Vieux-Port, et depuis l’été dernier, à Genève, au cœur du quartier des banques. Cette ouverture suisse incarne l’internationalisation de notre activité — un choix stratégique que les récents soubresauts géopolitiques ont pleinement légitimé.

Citywire. Quel est le profil de vos clients ?

Guillaume Lucchini. En tant que multi-family office, notre mission est de défendre les intérêts exclusifs de nos clients, en les accompagnant selon la nature et la complexité de leur patrimoine. Il ne s’agit donc pas d’une question d’âge, mais de besoin.

Dans les faits, notre expertise s’adresse plus naturellement à des entrepreneurs, à des familles confrontées à des enjeux de transmission intergénérationnelle, ainsi qu’aux sportifs de haut niveau. Pour ces derniers, nous avons développé une compétence spécifique adaptée à la brièveté des carrières : structuration, territorialité, droits à l’image, stratégie d’investissement... L’enjeu majeur est d’anticiper l’après-carrière pour assurer une sécurité financière durable à leur famille.

Plus globalement, nos clients recherchent un accompagnement global, à 360°. En ce sens, les banques ne sont en aucun cas nos concurrentes. Bien au contraire, elles sont des partenaires précieux avec lesquels nous coopérons étroitement.

Citywire. Quels sont les enjeux clés liés à votre métier de conseil ?

Guillaume Lucchini. Lorsque j’ai lancé Scala Patrimoine, mon ambition était de transposer en France un modèle de conseil inspiré des pratiques anglo-saxonnes, fondé à 100 % sur des honoraires. Un modèle déjà courant dans le monde des cabinets d’avocats, mais encore marginal dans celui du conseil en gestion de patrimoine.

Nous avons ainsi adopté une approche stratégique axée sur la compétence et la création de valeur. Or, le modèle traditionnel français repose encore largement sur les rétrocommissions versées par les compagnies d’assurance ou les sociétés de gestion. Ce mécanisme, vous en conviendrez, engendre de facto des conflits d’intérêts.

J’ai donc voulu bâtir un modèle transparent, indépendant, libéré de toute pression commerciale, où le conseil prévaut sur le produit. À nos débuts, nous faisions figure d’ovni dans un secteur dominé par l’opacité. Ce n’est plus le cas aujourd’hui.

Même si une partie du marché résiste encore à cette mutation, une nouvelle génération de professionnels émerge, désireuse de conseiller loyalement leurs clients. Ce mouvement pousse progressivement l’ancien modèle vers la sortie.

Chez Scala Patrimoine, chaque euro gagné a été réinvesti dans le développement des compétences de nos équipes. Bien sûr, il n’est jamais aisé de faire comprendre que le conseil a une valeur — et donc un coût. Il nous revient de démontrer notre valeur ajoutée, d’expliquer, de convaincre, mais aussi d’accepter d’être challengés, comme peuvent l’être les avocats ou les experts-comptables.

Citywire. Et justement, cette nouvelle génération d’entrepreneurs ?

Guillaume Lucchini. Les prochaines grandes fortunes émergeront de plus en plus tôt. Nous l’observons déjà avec une clientèle de plus en plus jeune. Les modèles économiques d’hier — souvent familiaux, hérités de génération en génération — cèdent la place à de jeunes diplômés, sortis d’écoles de commerce ou d’ingénieurs, qui réalisent un exit avant même leur trentième anniversaire, et souhaitent réinvestir intelligemment.

Notre rôle ? Les accompagner dans leur structuration patrimoniale, les aider à réfléchir, à anticiper. Être leur directeur financier externalisé, en somme. Un partenaire de confiance pour les guider dans leurs décisions stratégiques.

Lien vers l'interview, Citywire, Mai 2025

Union Européenne : L'Union pour l'épargne et l'investissement (UEI)

L'Union pour l'épargne et l'investissement (UEI) : cap sur une Europe financièrement souveraine

Le 19 mars dernier, la Commission européenne a levé le voile sur sa nouvelle stratégie pour l'Union pour l'épargne et l'investissement (UEI). Cette initiative ambitieuse vise à élargir l’accès des citoyens de l’Union aux marchés de capitaux, tout en facilitant le financement des entreprises.

Dans les semaines à venir, des propositions législatives concrètes seront soumises au Parlement européen et au Conseil. Après leur adoption, elles devront être transposées dans les législations nationales, ouvrant ainsi la voie à une adaptation des réglementations en vigueur.

Voici les grandes lignes de cette réforme d’ampleur.

Encourager les épargnants à investir dans les entreprises européennes

L’un des piliers de cette stratégie consiste à orienter plus efficacement l’épargne vers les marchés financiers.

  • Une prudence structurelle des épargnants

L’Europe se distingue par un taux d’épargne historiquement élevé, atteignant en moyenne 14 % du revenu brut disponible — un chiffre nettement supérieur à celui des États-Unis, qui oscille autour de 8 %.

Mais cette abondance d’épargne reste peu mobilisée. Les Européens demeurent frileux lorsqu’il s’agit d’investir dans l’économie réelle, perçue comme plus risquée, même si elle est potentiellement plus rémunératrice. Seuls 17 % des actifs détenus par les ménages européens sont investis en instruments financiers. Contre près de 43 % pour leurs homologues américains.

Or, les enjeux sont colossaux. L’Union européenne doit relever des défis majeurs : assurer son autonomie stratégique, réussir les transitions écologique et numérique, renforcer sa souveraineté financière, améliorer sa compétitivité et, désormais, financer sa défense.

Selon le rapport de Mario Draghi, les besoins supplémentaires de financement s’élèvent à 800 milliards d’euros par an pour accompagner les transitions énergétique et numérique. Si l’on y ajoute les impératifs de défense, ce montant grimpe à 1 000 milliards d’euros par an.

  • Mobiliser plus efficacement l’épargne des ménages

Pour répondre à ces besoins, la Commission européenne ambitionne de faciliter le parcours de l’investisseur. Elle prévoit notamment d'améliorer la culture financière des citoyens tout en garantissant l’accès à des conseils professionnels de qualité.

Une stratégie européenne d’éducation financière devrait ainsi être présentée à l’été 2025. Aujourd’hui, le niveau de littératie financière est jugé insuffisant dans de nombreux États membres. L’objectif est double : inciter les épargnants à investir et stimuler le développement de produits financiers attractifs.

La Commission envisage de créer un modèle européen d’épargne pour les petits investisseurs. Elle souhaite s’inspirer des meilleures pratiques nationales déjà existantes.

Dès octobre, elle réexaminera les règles encadrant les Institutions de prévoyance professionnelle (IORPs). Elle étudiera aussi le produit paneuropéen d’épargne-retraite individuelle (PEPP).

Bruno Le Maire a confié une mission à Christian Noyer sur l’union des marchés de capitaux. Selon lui, une autre voie est préférable au PEPP. « Plutôt qu’un produit unifié comme le PEPP, pénalisé par les disparités fiscales et tarifaires entre les États membres, il conviendrait de privilégier un label commun. Celui-ci pourrait être décliné par les pays, soit via la création de nouveaux produits d’épargne, soit en adaptant certains dispositifs existants. »

La Commission souligne aussi l’importance des incitations fiscales. Elles sont essentielles pour orienter l’épargne vers des produits à long terme. Les dispositifs de retraite sont notamment concernés.

Réduire les obstacles réglementaires

Autre axe central de l'Union pour l'épargne et l'investissement (UEI) : faciliter l’émergence d’une véritable offre d’épargne transfrontalière. Pour ce faire, la Commission souhaite lever les freins réglementaires, notamment dans le secteur de la gestion d’actifs.

Marie-Anne Barbat-Layani, présidente de l’Autorité des marchés financiers, rappelait récemment devant l’Académie des sciences morales et politiques que : « Les marchés restent encore très liés à des lieux, notamment en raison de la réglementation. L’activité financière est l’une des plus encadrées, et la régulation, mission régalienne par essence, demeure largement nationale. »

Pourtant, l’enjeu est stratégique. « Il est devenu crucial de sécuriser nos circuits de financement pour garantir notre indépendance et renforcer notre autonomie stratégique », conclut-elle.

Bâtir une Europe de l’investissement

Au niveau européen, l’enjeu majeur est le développement d’un véritable marché unique des capitaux.

Cela passe par la mobilisation du secteur bancaire, bien entendu, mais surtout des marchés de capitaux, pour mieux transformer le gisement trop sous-exploité de l’épargne européenne et l’orienter vers des investissements de plus long terme.

Cette stratégie marque une étape décisive dans la construction d’un espace financier européen intégré. La commission ambitionne de changer des règles de l'UE en matière de titrisation « en mettant l'accent sur la diligence raisonnable, la transparence et les exigences prudentielles pour les banques et les assureurs, ce qui permettra de libérer des ressources des banques et de mieux soutenir les entreprises ».

Sachant qu’une une révision du Règlement sur les fonds de capital-risque européens (EuVECA) est aussi annoncée pour l'été 2026.

L’avis de Scala Patrimoine sur "l'Union pour l'épargne et l'investissement" (UEI)

L’Union européenne s’apprête à lancer son projet baptisé « Finance Europe ». Ce label commun, qui réunira une dizaine de pays a pour objectif de rediriger l’épargne des citoyens vers l’économie européenne. Le dispositif sera pleinement opérationnel à partir de 2026. Il mobilisera l’ensemble des acteurs financiers : assureurs, banques et sociétés de gestion. Pour obtenir ce label, les placements devront satisfaire à des critères stricts. Au moins 70 % des actifs devront ainsi être investis dans des entreprises européennes, avec une part significative allouée aux fonds propres sans garantie en capital. De plus, la durée minimale d’investissement sera fixée à cinq ans.

Ce projet va dans le bon sens. Nous partageons, en effet, pleinement la position exprimée par Christian Noyer. L'ancien gouverneur de la banque de France souligne à juste titre qu’il est essentiel d’éviter la création de nouveaux produits financiers. Mieux vaut, en effet, s’appuyer sur les dispositifs existants. Les établissements financiers ne souhaitent d'ailleurs pas l’apparition de nouvelles offres. Ces derniers tendent même à rationaliser leur gamme actuelle. Or, une distribution à grande échelle ne saurait se faire sans leur concours.

D’autant qu’en France, l’éventail des solutions d’épargne est déjà riche et diversifié. Assurance-vie française ou luxembourgeoise, contrats de capitalisation, ou encore plan d’épargne en actions (PEA), autant de véhicules répondant déjà aux principaux besoins des investisseurs.

Nous suivons également avec attention la volonté de la Commission européenne de faciliter le développement des fonds de pension en tant que produits d’épargne.

Projet, Union de l'épargne et des investissements (UEI), Commission européenne 

Guillaume Lucchini a été interviewé sur l'assurance-vie par le Journal Le Monde

Guillaume Lucchini décrypte pour Le Monde le dispositif du Logement Locatif Intermédiaire

Depuis la disparition du dispositif Pinel à la fin de l’année 2024, les promoteurs mettent en avant une nouvelle solution d’investissement : le logement locatif intermédiaire (LLI), désormais ouvert aux particuliers depuis le début de l’année 2025. Mais ce dispositif est-il réellement avantageux pour les investisseurs ? Guillaume Lucchini, associé fondateur de Scala Patrimoine, répond aux questions de la journaliste Laurence Boccara et en éclaire les enjeux pour les lecteurs du Monde.

Un dispositif désormais ouvert aux particuliers

Créé par la loi de finances pour 2014, le Logement Locatif Intermédiaire était jusqu’alors réservé aux acteurs institutionnels. Porté par des bailleurs sociaux comme Action Logement ou CDC Habitat, ce dispositif, assorti de plusieurs avantages fiscaux, s’adressait uniquement aux grandes structures du secteur.

La fin du régime Pinel a toutefois rebattu les cartes. Le législateur a levé en 2025 la restriction réservant le dispositif aux seuls professionnels, permettant ainsi aux particuliers d’y accéder. Mais cette accessibilité reste encadrée : l’investissement ne peut se faire qu’à travers une structure juridique — une société civile immobilière (SCI), soumise à l’impôt sur le revenu ou à l’impôt sur les sociétés, ou bien via une SCPI ou un FPI (fonds de placement immobilier).

Plusieurs promoteurs, ainsi que des banques et intermédiaires, ont d’ores et déjà saisi l’opportunité. Des offres dédiées à ce nouveau marché sont proposées, certaines prenant même à leur charge les frais de création de société.

Les objectifs du dispositif

Comme le souligne Le Monde, le logement locatif intermédiaire vise à renforcer l’offre locative à des prix accessibles. Il s’adresse à une population aux revenus modestes, trop aisés pour bénéficier d’un logement social, mais insuffisants pour accéder au marché libre.

  • Les caractéristiques des logements concernés

Les biens éligibles au LLI peuvent être neufs ou anciens. Les anciens doivent avoir été rénovés pour être acceptés. Ils doivent respecter plusieurs critères précis. Les loyers sont plafonnés. Les ressources des locataires sont également limitées. Le propriétaire s’engage à louer pendant au moins 15 ans. La durée peut aller jusqu’à 20 ans maximum. Une rupture de bail avant la fin peut avoir des conséquences. Cela peut entraîner la perte des avantages fiscaux. Le propriétaire peut aussi devoir rembourser les aides reçues.

Autre condition : investir dans une zone dite « tendue ». Ces zones ont une forte demande locative. Elles sont classées A, A bis, B1, parfois B2 et C sur dérogation. Les logements doivent être bien situés. Ils doivent être proches des transports en commun. Ils doivent aussi être proches des infrastructures urbaines.

  • Les avantages pour l’investisseur

Pour compenser le niveau de loyer inférieur au marché, le dispositif propose des incitations fiscales. D'une part, une TVA réduite à 10 %, contre 20 % habituellement. Et d'autre part, un crédit d’impôt sur la taxe foncière pouvant courir sur une période de vingt ans.

Le dispositif ne fixe aucune limite en matière de montant investi, de prix de revient ou de nombre de logements détenus. Il échappe par ailleurs au plafonnement global des niches fiscales. Selon les promoteurs, les efforts commerciaux consentis permettent d'acquérir des biens LLI à des prix inférieurs de 10 à 20 % à ceux du marché classique.

L’analyse de Scala Patrimoine

Guillaume Lucchini apporte un regard nuancé sur ce dispositif : « Une durée de blocage de quinze ans, des loyers encadrés… ces contraintes pèsent lourdement sur la rentabilité. Il peut s’avérer plus judicieux d’acheter du neuf hors dispositif, en négociant un bon prix et en conservant la liberté de fixer son loyer. En ce moment, les promoteurs accordent des remises significatives et prennent à leur charge les frais de notaire. »