Aurélien Florin
Romane Azzopardi : « Le "Big Beautiful Bill" creuserait le déficit américain de 4000 Md$ sur 10 ans »
Sans surprise, Moody’s a abaissé la note souveraine des États-Unis, retirant ainsi le dernier triple A encore en vigueur, après Standard & Poor’s en 2011 et Fitch en 2023. Désormais, l’ensemble des agences de notation s’accorde pour tirer la sonnette d’alarme sur la trajectoire inquiétante de la dette américaine, qui a franchi le seuil des 36 000 milliards de dollars. Dans le même temps, l’administration Trump poursuit tambour battant l’adoption de son ambitieux projet de loi budgétaire, surnommé le "Big Beautiful Bill". Adopté par la Chambre des représentants le 22 mai, le texte devrait être soumis au vote du Sénat d’ici l’été, non sans subir une série d’amendements substantiels.
Romane Azzopardi, responsable de la gestion financière chez Scala Patrimoine, nous éclaire sur les grands enjeux entourant l’élaboration du futur budget de la première puissance économique mondiale.
Quelles sont les grandes orientations du budget américain pour 2026 ?
Romane Azzopardi. La feuille de route de Donald Trump est sans équivoque : il entend proroger les baisses d’impôts initiées en 2017, tout en lançant une nouvelle vague de réductions fiscales, le "Big Beautiful Bill". En parallèle, le projet prévoit 350 milliards de dollars de dépenses supplémentaires, destinées notamment au financement d’un vaste programme d’expulsions migratoires ainsi qu’au renforcement du budget alloué au Pentagone. Du côté républicain, des coupes budgétaires significatives sont envisagées. Elles pourraient frapper en priorité le programme de santé Medicaid, qui assure actuellement une couverture à quelque 70 millions d’Américains, ainsi que les subventions accordées aux énergies renouvelables dans le cadre de l’Inflation Reduction Act, fer de lance de la politique climatique de Joe Biden.
En matière de recettes, la Maison-Blanche tablait initialement sur des revenus dépassant les 6 000 milliards de dollars sur dix ans, issus de la hausse des droits de douane à l’importation. Un chiffre aujourd’hui revu à la baisse, à la lumière des discussions commerciales en cours avec les principaux partenaires des États-Unis.
« Cette situation pourrait, à terme, inciter la Réserve fédérale à assouplir plus rapidement sa politique monétaire »
Risque-t-on un dérapage incontrôlé du déficit ?
Romane Azzopardi. Selon les projections du Congressional Budget Office, ce projet de loi pourrait creuser le déficit de près de 4 000 milliards de dollars sur la prochaine décennie. Ce montant fait l’objet de vives dissensions au sein du camp républicain et alimente les craintes des marchés financiers, déjà préoccupés par la soutenabilité de la dette fédérale. Les taux souverains à 20 ans ont renoué avec leurs sommets, dépassant le seuil des 5 %, alors que le Trésor américain devra refinancer près de 7 000 milliards de dollars de dette à des conditions bien plus onéreuses — un fardeau qui alourdira mécaniquement le coût du service de la dette.
L’administration Trump mise sur un rebond de la croissance pour résorber le déficit. Mais les perspectives actuelles de l’économie américaine restent en deçà du niveau des taux d’intérêt, ce qui accentue encore la pression sur les finances publiques. Cette situation pourrait, à terme, inciter la Réserve fédérale à assouplir plus rapidement sa politique monétaire, alors même que l’inflation semble pour l’instant contenue et que le marché du travail amorce une normalisation progressive.
https://www.youtube.com/watch?v=OiwVKtf9jcY
Guillaume Lucchini sur B Smart TV pour évoquer la déclaration de revenus
Virginie Roitman (Présidente de l’Ordre des experts-comptables d’Île-de-France) et Guillaume Lucchini (associé fondateur de Scala Patrimoine) étaient les invités de Nicolas Pagniez dans l’émission Smart Patrimoine, diffusée sur B Smart TV. Ce numéro était consacré à un sujet aussi technique que crucial : la déclaration de revenus.
Déclaration préremplie : une fausse sécurité pour les contribuables
Chaque année, l’administration fiscale propose une déclaration de revenus préremplie, reprenant les informations dont elle dispose. Mais attention : ce document, aussi pratique soit-il, est loin d’être infaillible. Il revient à chaque contribuable de vérifier attentivement, de compléter et, si besoin, de corriger les données indiquées.
Guillaume Lucchini alerte les Français qui considèreraient ce formulaire comme une simple formalité administrative. « Il ne s’agit pas d’un document que l’on signe les yeux fermés, explique-t-il au micro de Nicolas Pagniez. Il y a des choix à faire et un réel intérêt à se faire accompagner par un professionnel expérimenté, tel qu’un expert-comptable ou un conseiller patrimonial. »
Parmi les principaux points de vigilance : les sommes versées sur un plan d’épargne retraite (PER). Ces cotisations, déductibles de l’impôt sur le revenu, sont pourtant souvent oubliées. « J’ai eu un client dont les 40 000 euros de versements n’avaient pas été reportés sur sa déclaration. Cela arrive plus souvent qu’on ne le pense », confie-t-il.
D’autant que les contribuables peuvent, dans certains cas, récupérer les plafonds de déduction des années précédentes, ainsi que ceux de leur conjoint ou conjointe.
Concernant les dons philanthropiques ouvrant droit à des réductions d’impôt, le fondateur du Multi family office recommande de prendre contact, en amont, avec les organismes bénéficiaires pour s’assurer d’obtenir la documentation nécessaire à leur déductibilité. « Il faut pouvoir prouver que le don remplit bien les conditions fiscales. »
Flat tax ou tranche marginale : un choix stratégique
Avant d’aborder l’impôt sur la fortune immobilière (IFI), l’expert rappelle un autre sujet de réflexion essentiel pour les contribuables fortement imposés : le mode d’imposition des revenus du capital. Le choix entre la flat tax (prélèvement forfaitaire unique) et l’imposition au barème progressif peut avoir un impact significatif. Cela mérite donc une étude approfondie, selon les profils et les objectifs patrimoniaux.
IFI : les entrepreneurs retraités appelés à la vigilance
Les contribuables sont soumis à l’IFI lorsque la valeur nette de leur patrimoine immobilier excède 1,3 million d’euros. Sont concernés l’ensemble des biens et droits immobiliers détenus, directement ou indirectement, au 1er janvier. L’impôt est calculé sur la valeur nette. C’est-à-dire après déduction des dettes existantes à cette date, sous réserve de pouvoir les justifier.
Dans cet entretien, Guillaume Lucchini attire également l’attention sur la règle applicable aux biens démembrés. « En principe, la valeur totale du bien entre dans le patrimoine de l’usufruitier. Le nu-propriétaire, quant à lui, n’a rien à déclarer. »
Mais c’est surtout sur le cas particulier des chefs d’entreprise partant à la retraite que l’expert souhaite insister. « Lorsqu’un entrepreneur cesse son activité, les murs, entrepôts ou fonds de commerce dont il est propriétaire cessent d’être considérés comme des actifs professionnels. S’il conserve ces biens dans le but de générer des revenus complémentaires, il devra désormais les réintégrer dans son assiette IFI. Et la note peut, dans certains cas, s’avérer particulièrement salée. »
L'émission Smart Patrimoine sur B Smart TV, Mercredi 21 mai 2025
Guillaume Lucchini (Scala Patrimoine) : « Nous avons voulu réinventer le métier de conseil patrimonial »
Fondateur de Scala Patrimoine, Guillaume Lucchini revient pour Citywire sur les onze années d’évolution du multi-family office Scala Patrimoine. Entre expansion internationale, transformation du modèle économique du conseil patrimonial et émergence d’une nouvelle génération d’entrepreneurs, il partage sa vision d’un métier en pleine mutation.
Citywire. Pouvez-vous nous présenter Scala Patrimoine en quelques mots ?
Guillaume Lucchini. J’ai fondé Scala Patrimoine en 2014. C’est donc à l’occasion des Jeux olympiques de Paris 2024 que notre multi-family office a soufflé sa dixième bougie. Aujourd’hui, notre maison est implantée à Paris, avec un bureau idéalement situé rue Royale, à deux pas de la place de la Madeleine. Nous sommes également présents à Marseille, où nous avons élu domicile face au Vieux-Port, et depuis l’été dernier, à Genève, au cœur du quartier des banques. Cette ouverture suisse incarne l’internationalisation de notre activité — un choix stratégique que les récents soubresauts géopolitiques ont pleinement légitimé.
Citywire. Quel est le profil de vos clients ?
Guillaume Lucchini. En tant que multi-family office, notre mission est de défendre les intérêts exclusifs de nos clients, en les accompagnant selon la nature et la complexité de leur patrimoine. Il ne s’agit donc pas d’une question d’âge, mais de besoin.
Dans les faits, notre expertise s’adresse plus naturellement à des entrepreneurs, à des familles confrontées à des enjeux de transmission intergénérationnelle, ainsi qu’aux sportifs de haut niveau. Pour ces derniers, nous avons développé une compétence spécifique adaptée à la brièveté des carrières : structuration, territorialité, droits à l’image, stratégie d’investissement... L’enjeu majeur est d’anticiper l’après-carrière pour assurer une sécurité financière durable à leur famille.
Plus globalement, nos clients recherchent un accompagnement global, à 360°. En ce sens, les banques ne sont en aucun cas nos concurrentes. Bien au contraire, elles sont des partenaires précieux avec lesquels nous coopérons étroitement.
Citywire. Quels sont les enjeux clés liés à votre métier de conseil ?
Guillaume Lucchini. Lorsque j’ai lancé Scala Patrimoine, mon ambition était de transposer en France un modèle de conseil inspiré des pratiques anglo-saxonnes, fondé à 100 % sur des honoraires. Un modèle déjà courant dans le monde des cabinets d’avocats, mais encore marginal dans celui du conseil en gestion de patrimoine.
Nous avons ainsi adopté une approche stratégique axée sur la compétence et la création de valeur. Or, le modèle traditionnel français repose encore largement sur les rétrocommissions versées par les compagnies d’assurance ou les sociétés de gestion. Ce mécanisme, vous en conviendrez, engendre de facto des conflits d’intérêts.
J’ai donc voulu bâtir un modèle transparent, indépendant, libéré de toute pression commerciale, où le conseil prévaut sur le produit. À nos débuts, nous faisions figure d’ovni dans un secteur dominé par l’opacité. Ce n’est plus le cas aujourd’hui.
Même si une partie du marché résiste encore à cette mutation, une nouvelle génération de professionnels émerge, désireuse de conseiller loyalement leurs clients. Ce mouvement pousse progressivement l’ancien modèle vers la sortie.
Chez Scala Patrimoine, chaque euro gagné a été réinvesti dans le développement des compétences de nos équipes. Bien sûr, il n’est jamais aisé de faire comprendre que le conseil a une valeur — et donc un coût. Il nous revient de démontrer notre valeur ajoutée, d’expliquer, de convaincre, mais aussi d’accepter d’être challengés, comme peuvent l’être les avocats ou les experts-comptables.
Citywire. Et justement, cette nouvelle génération d’entrepreneurs ?
Guillaume Lucchini. Les prochaines grandes fortunes émergeront de plus en plus tôt. Nous l’observons déjà avec une clientèle de plus en plus jeune. Les modèles économiques d’hier — souvent familiaux, hérités de génération en génération — cèdent la place à de jeunes diplômés, sortis d’écoles de commerce ou d’ingénieurs, qui réalisent un exit avant même leur trentième anniversaire, et souhaitent réinvestir intelligemment.
Notre rôle ? Les accompagner dans leur structuration patrimoniale, les aider à réfléchir, à anticiper. Être leur directeur financier externalisé, en somme. Un partenaire de confiance pour les guider dans leurs décisions stratégiques.
Lien vers l'interview, Citywire, Mai 2025
L'Union pour l'épargne et l'investissement (UEI) : cap sur une Europe financièrement souveraine
Le 19 mars dernier, la Commission européenne a levé le voile sur sa nouvelle stratégie pour l'Union pour l'épargne et l'investissement (UEI). Cette initiative ambitieuse vise à élargir l’accès des citoyens de l’Union aux marchés de capitaux, tout en facilitant le financement des entreprises.
Dans les semaines à venir, des propositions législatives concrètes seront soumises au Parlement européen et au Conseil. Après leur adoption, elles devront être transposées dans les législations nationales, ouvrant ainsi la voie à une adaptation des réglementations en vigueur.
Voici les grandes lignes de cette réforme d’ampleur.
Encourager les épargnants à investir dans les entreprises européennes
L’un des piliers de cette stratégie consiste à orienter plus efficacement l’épargne vers les marchés financiers.
-
Une prudence structurelle des épargnants
L’Europe se distingue par un taux d’épargne historiquement élevé, atteignant en moyenne 14 % du revenu brut disponible — un chiffre nettement supérieur à celui des États-Unis, qui oscille autour de 8 %.
Mais cette abondance d’épargne reste peu mobilisée. Les Européens demeurent frileux lorsqu’il s’agit d’investir dans l’économie réelle, perçue comme plus risquée, même si elle est potentiellement plus rémunératrice. Seuls 17 % des actifs détenus par les ménages européens sont investis en instruments financiers. Contre près de 43 % pour leurs homologues américains.
Or, les enjeux sont colossaux. L’Union européenne doit relever des défis majeurs : assurer son autonomie stratégique, réussir les transitions écologique et numérique, renforcer sa souveraineté financière, améliorer sa compétitivité et, désormais, financer sa défense.
Selon le rapport de Mario Draghi, les besoins supplémentaires de financement s’élèvent à 800 milliards d’euros par an pour accompagner les transitions énergétique et numérique. Si l’on y ajoute les impératifs de défense, ce montant grimpe à 1 000 milliards d’euros par an.
-
Mobiliser plus efficacement l’épargne des ménages
Pour répondre à ces besoins, la Commission européenne ambitionne de faciliter le parcours de l’investisseur. Elle prévoit notamment d'améliorer la culture financière des citoyens tout en garantissant l’accès à des conseils professionnels de qualité.
Une stratégie européenne d’éducation financière devrait ainsi être présentée à l’été 2025. Aujourd’hui, le niveau de littératie financière est jugé insuffisant dans de nombreux États membres. L’objectif est double : inciter les épargnants à investir et stimuler le développement de produits financiers attractifs.
La Commission envisage de créer un modèle européen d’épargne pour les petits investisseurs. Elle souhaite s’inspirer des meilleures pratiques nationales déjà existantes.
Dès octobre, elle réexaminera les règles encadrant les Institutions de prévoyance professionnelle (IORPs). Elle étudiera aussi le produit paneuropéen d’épargne-retraite individuelle (PEPP).
Bruno Le Maire a confié une mission à Christian Noyer sur l’union des marchés de capitaux. Selon lui, une autre voie est préférable au PEPP. « Plutôt qu’un produit unifié comme le PEPP, pénalisé par les disparités fiscales et tarifaires entre les États membres, il conviendrait de privilégier un label commun. Celui-ci pourrait être décliné par les pays, soit via la création de nouveaux produits d’épargne, soit en adaptant certains dispositifs existants. »
La Commission souligne aussi l’importance des incitations fiscales. Elles sont essentielles pour orienter l’épargne vers des produits à long terme. Les dispositifs de retraite sont notamment concernés.
Réduire les obstacles réglementaires
Autre axe central de l'Union pour l'épargne et l'investissement (UEI) : faciliter l’émergence d’une véritable offre d’épargne transfrontalière. Pour ce faire, la Commission souhaite lever les freins réglementaires, notamment dans le secteur de la gestion d’actifs.
Marie-Anne Barbat-Layani, présidente de l’Autorité des marchés financiers, rappelait récemment devant l’Académie des sciences morales et politiques que : « Les marchés restent encore très liés à des lieux, notamment en raison de la réglementation. L’activité financière est l’une des plus encadrées, et la régulation, mission régalienne par essence, demeure largement nationale. »
Pourtant, l’enjeu est stratégique. « Il est devenu crucial de sécuriser nos circuits de financement pour garantir notre indépendance et renforcer notre autonomie stratégique », conclut-elle.
Bâtir une Europe de l’investissement
Au niveau européen, l’enjeu majeur est le développement d’un véritable marché unique des capitaux.
Cela passe par la mobilisation du secteur bancaire, bien entendu, mais surtout des marchés de capitaux, pour mieux transformer le gisement trop sous-exploité de l’épargne européenne et l’orienter vers des investissements de plus long terme.
Cette stratégie marque une étape décisive dans la construction d’un espace financier européen intégré. La commission ambitionne de changer des règles de l'UE en matière de titrisation « en mettant l'accent sur la diligence raisonnable, la transparence et les exigences prudentielles pour les banques et les assureurs, ce qui permettra de libérer des ressources des banques et de mieux soutenir les entreprises ».
Sachant qu’une une révision du Règlement sur les fonds de capital-risque européens (EuVECA) est aussi annoncée pour l'été 2026.
L’avis de Scala Patrimoine sur "l'Union pour l'épargne et l'investissement" (UEI)
L’Union européenne s’apprête à lancer son projet baptisé « Finance Europe ». Ce label commun, qui réunira une dizaine de pays a pour objectif de rediriger l’épargne des citoyens vers l’économie européenne. Le dispositif sera pleinement opérationnel à partir de 2026. Il mobilisera l’ensemble des acteurs financiers : assureurs, banques et sociétés de gestion. Pour obtenir ce label, les placements devront satisfaire à des critères stricts. Au moins 70 % des actifs devront ainsi être investis dans des entreprises européennes, avec une part significative allouée aux fonds propres sans garantie en capital. De plus, la durée minimale d’investissement sera fixée à cinq ans.
Ce projet va dans le bon sens. Nous partageons, en effet, pleinement la position exprimée par Christian Noyer. L'ancien gouverneur de la banque de France souligne à juste titre qu’il est essentiel d’éviter la création de nouveaux produits financiers. Mieux vaut, en effet, s’appuyer sur les dispositifs existants. Les établissements financiers ne souhaitent d'ailleurs pas l’apparition de nouvelles offres. Ces derniers tendent même à rationaliser leur gamme actuelle. Or, une distribution à grande échelle ne saurait se faire sans leur concours.
D’autant qu’en France, l’éventail des solutions d’épargne est déjà riche et diversifié. Assurance-vie française ou luxembourgeoise, contrats de capitalisation, ou encore plan d’épargne en actions (PEA), autant de véhicules répondant déjà aux principaux besoins des investisseurs.
Nous suivons également avec attention la volonté de la Commission européenne de faciliter le développement des fonds de pension en tant que produits d’épargne.
Projet, Union de l'épargne et des investissements (UEI), Commission européenne
Guillaume Lucchini décrypte pour Le Monde le dispositif du Logement Locatif Intermédiaire
Depuis la disparition du dispositif Pinel à la fin de l’année 2024, les promoteurs mettent en avant une nouvelle solution d’investissement : le logement locatif intermédiaire (LLI), désormais ouvert aux particuliers depuis le début de l’année 2025. Mais ce dispositif est-il réellement avantageux pour les investisseurs ? Guillaume Lucchini, associé fondateur de Scala Patrimoine, répond aux questions de la journaliste Laurence Boccara et en éclaire les enjeux pour les lecteurs du Monde.
Un dispositif désormais ouvert aux particuliers
Créé par la loi de finances pour 2014, le Logement Locatif Intermédiaire était jusqu’alors réservé aux acteurs institutionnels. Porté par des bailleurs sociaux comme Action Logement ou CDC Habitat, ce dispositif, assorti de plusieurs avantages fiscaux, s’adressait uniquement aux grandes structures du secteur.
La fin du régime Pinel a toutefois rebattu les cartes. Le législateur a levé en 2025 la restriction réservant le dispositif aux seuls professionnels, permettant ainsi aux particuliers d’y accéder. Mais cette accessibilité reste encadrée : l’investissement ne peut se faire qu’à travers une structure juridique — une société civile immobilière (SCI), soumise à l’impôt sur le revenu ou à l’impôt sur les sociétés, ou bien via une SCPI ou un FPI (fonds de placement immobilier).
Plusieurs promoteurs, ainsi que des banques et intermédiaires, ont d’ores et déjà saisi l’opportunité. Des offres dédiées à ce nouveau marché sont proposées, certaines prenant même à leur charge les frais de création de société.
Les objectifs du dispositif
Comme le souligne Le Monde, le logement locatif intermédiaire vise à renforcer l’offre locative à des prix accessibles. Il s’adresse à une population aux revenus modestes, trop aisés pour bénéficier d’un logement social, mais insuffisants pour accéder au marché libre.
-
Les caractéristiques des logements concernés
Les biens éligibles au LLI peuvent être neufs ou anciens. Les anciens doivent avoir été rénovés pour être acceptés. Ils doivent respecter plusieurs critères précis. Les loyers sont plafonnés. Les ressources des locataires sont également limitées. Le propriétaire s’engage à louer pendant au moins 15 ans. La durée peut aller jusqu’à 20 ans maximum. Une rupture de bail avant la fin peut avoir des conséquences. Cela peut entraîner la perte des avantages fiscaux. Le propriétaire peut aussi devoir rembourser les aides reçues.
Autre condition : investir dans une zone dite « tendue ». Ces zones ont une forte demande locative. Elles sont classées A, A bis, B1, parfois B2 et C sur dérogation. Les logements doivent être bien situés. Ils doivent être proches des transports en commun. Ils doivent aussi être proches des infrastructures urbaines.
-
Les avantages pour l’investisseur
Pour compenser le niveau de loyer inférieur au marché, le dispositif propose des incitations fiscales. D'une part, une TVA réduite à 10 %, contre 20 % habituellement. Et d'autre part, un crédit d’impôt sur la taxe foncière pouvant courir sur une période de vingt ans.
Le dispositif ne fixe aucune limite en matière de montant investi, de prix de revient ou de nombre de logements détenus. Il échappe par ailleurs au plafonnement global des niches fiscales. Selon les promoteurs, les efforts commerciaux consentis permettent d'acquérir des biens LLI à des prix inférieurs de 10 à 20 % à ceux du marché classique.
L’analyse de Scala Patrimoine
Guillaume Lucchini apporte un regard nuancé sur ce dispositif : « Une durée de blocage de quinze ans, des loyers encadrés… ces contraintes pèsent lourdement sur la rentabilité. Il peut s’avérer plus judicieux d’acheter du neuf hors dispositif, en négociant un bon prix et en conservant la liberté de fixer son loyer. En ce moment, les promoteurs accordent des remises significatives et prennent à leur charge les frais de notaire. »
Le rendez-vous des marchés financiers - Mai 2025
Marchés financiers & économie : les points clés
- Après les turbulences de la première semaine d’avril, les marchés financiers semblent retrouver un peu de sérénité. La volatilité, mesurée par l’indice VIX, s’est nettement repliée, passant de 52 à 25 points depuis le 9 avril.
- La Chine affirme sa volonté de renouer le dialogue avec l’administration américaine, dans l’espoir de parvenir à un accord commercial équilibré entre les deux superpuissances économiques.
- Aux États-Unis, la stagflation s’impose de plus en plus comme un scénario crédible aux yeux des analystes.
Quelles performances sur les marchés financiers ?
-
Conflit entre l'Inde et le Pakistan
Les tensions entre l’Inde et le Pakistan semblent avoir franchi un seuil critique, faisant craindre une dangereuse escalade.
En réponse à l’attentat du 22 avril survenu dans la région du Cachemire indien, New Delhi a mené des frappes ciblées contre ce qu’elle qualifie d’« infrastructures terroristes ». De son côté, l’armée pakistanaise affirme avoir abattu cinq avions de chasse indiens ainsi qu’un drone de combat, marquant une intensification sans précédent du conflit.
Malgré la gravité de la situation et la volatilité potentielle qu’elle pourrait induire, les marchés financiers demeurent, pour l’heure, étonnamment impassibles face à cette montée des tensions militaires entre les deux puissances nucléaires.
-
Marchés actions : une tempête boursière brève, mais d’une rare intensité
La tempête qui a balayé les marchés boursiers début avril fut aussi brève que spectaculaire. Entre le 2 et le 9 avril, dans le sillage des annonces fracassantes de Donald Trump visant à durcir les droits de douane sur les importations américaines, pas moins de 12 000 milliards de dollars se sont évaporés des places financières américaines.
Mais à partir du 9 avril, les grands indices boursiers ont repris leur ascension, amorçant un net rebond. Ainsi, sur l’ensemble de l’année 2025, le S&P 500 affiche un recul limité de 3,1 %. En Europe, la tendance est nettement plus positive : le CAC 40 progresse de 4,5 %, tandis que le DAX 30 s’envole de 16 %. La Bourse italienne, incarnée par le FTSE MIB, grimpe quant à elle de 12 %.
En Asie, la situation est plus contrastée. L’indice chinois Shanghai Composite reste proche de l’équilibre (+0,5 %), tandis qu’en Inde, le Nifty 50 enregistre une hausse de 3 %.
Malgré ce rétablissement rapide, Pierre-Alexis Dumont, directeur des investissements chez Sycomore AM, prévient : « Le mois d’avril restera dans les annales de l’histoire boursière. Certes, l’incertitude fait partie intégrante de la vie des marchés financiers, mais la remise en cause simultanée de plusieurs piliers fondamentaux — la monnaie de réserve mondiale, le libre-échange, l’indépendance de la Réserve fédérale et le statut de valeur refuge des bons du Trésor américain — est sans précédent. »
Si les entreprises devront composer avec un nouvel ordre commercial mondial, les analystes conservent une certaine confiance. Aux États-Unis, les bénéfices des sociétés cotées devraient progresser en moyenne de 16 % en 2025 par rapport à 2024. En Europe, la croissance attendue des profits avoisine les 14 % pour l’année.

-
Les tensions se matérialisent aussi sur les marchés obligataires
Les tensions restent vives sur le marché des obligations d’État américaines, un colosse financier pesant près de 29 000 milliards de dollars. Dans un climat marqué par la crainte d’une inflation durable, l’explosion de la dette publique et des politiques commerciales jugées erratiques, les rendements obligataires se sont fortement tendus ces dernières semaines.
Le taux des Treasuries à dix ans s’établit désormais à 4,33 %, contre 2,50 % pour son homologue allemand, le Bund. Ce différentiel traduit non seulement les inquiétudes liées à la trajectoire budgétaire des États-Unis, mais aussi l’anticipation d’un retour des tensions inflationnistes, ravivées par les récentes hausses tarifaires américaines.
Sur le segment des obligations d’entreprises, les primes de risque — ou spreads de crédit — s’élargissent, particulièrement pour les dettes les moins bien notées. Ce mouvement reflète la nervosité des investisseurs face à un environnement devenu plus incertain et potentiellement plus volatil.
-
Coup de froid sur le baril de pétrole
Les prix du pétrole brut ont lourdement chuté, tombant à 60 dollars le baril. À l’origine de cette dégringolade : l’annonce par l’OPEP d’une nouvelle augmentation de la production attendue pour le mois de juin — la seconde en deux mois après celle de mai. Cette décision, représentant un surplus de 411 000 barils par jour, a profondément déséquilibré le marché.
Au sein même du cartel, des tensions couvaient déjà. L’Irak et le Kazakhstan ont récemment excédé leurs quotas de production, fragilisant davantage la cohésion du groupe. Cette nouvelle hausse semble donc être autant un signal politique qu’une réponse économique : une façon pour certains membres de l’OPEP d’affaiblir leurs partenaires les plus indisciplinés.
Mais cette décision est aussi interprétée comme une manœuvre diplomatique à l’égard de Washington, à la veille d’une visite de Donald Trump au Moyen-Orient. En avril, le baril américain a ainsi perdu 18,6 %, sa plus forte baisse mensuelle depuis novembre 2021.
-
L’or, un anxiolytique financier
Face au climat d’incertitude, les investisseurs cherchent à sécuriser leurs avoirs.
Valeur refuge par excellence, l’or suscite donc un engouement croissant, tant auprès des investisseurs privés que de certaines banques centrales désireuses de réduire leur dépendance au dollar. L’once d’or atteint ainsi de nouveaux sommets, franchissant brièvement la barre des 3 500 dollars l’once établi le 22 avril dernier, soit une envolée de près de 40 % en l’espace d’un an.
Le manque de visibilité sur la scène internationale incite les investisseurs à la prudence vis-à-vis des actifs risqués, favorisant les « safe haven ». Par ailleurs, les incertitudes concernant l'indépendance de la Réserve Fédérale américaine exercent une pression à la baisse sur le dollar, rendant l'or plus attractif pour les investisseurs internationaux. Enfin, les banques centrales, en particulier celles des pays émergents, continuent d'accumuler de l'or dans le cadre d'une stratégie de diversification de leurs réserves et de réduction de leur dépendance au dollar.
Donald Trump anesthésie le commerce mondial
Ce premier trimestre a été marqué par un événement majeur : les 100 premiers jours du second mandat de Donald Trump à la Maison-Blanche. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ces débuts ont été pour le moins mouvementés. Pour financer de vastes baisses d’impôts sur le revenu, il a enclenché une véritable guerre commerciale avec les principaux partenaires des États-Unis.
-
Une offensive tarifaire sans précédent
Trump avait donné rendez-vous aux Américains le 2 avril dernier pour célébrer ce qu’il a lui-même baptisé le « Jour de la Libération » (« Liberation Day »), marquée par l’instauration de nouveaux droits de douane massifs sur les importations. Objectif affiché : rééquilibrer la balance commerciale des États-Unis.
La mesure phare ? Un tarif universel de 10 % sur l’ensemble des produits importés aux États-Unis.
Dans le même temps, un système de surtaxes personnalisées a été instauré, ciblant plus durement les pays affichant les déficits commerciaux les plus importants vis-à-vis des États-Unis. Ces taxes varient entre 20 % et 49 %.
Pour l’heure, ces taux sont gelés — à l’exception notable de la Chine. Washington a en effet décidé de frapper un grand coup en imposant une surtaxe de 145 % sur tous les produits chinois entrant sur son territoire. En représailles, Pékin a riposté avec des droits atteignant désormais 125 % sur les biens américains.
-
Négociations tous azimuts : l’art du deal version Trump
Fidèle à sa philosophie exposée dans son livre "The Art of the Deal", Donald Trump semble avoir misé sur une stratégie de confrontation, afin de négocier ensuite en position de force avec ses partenaires commerciaux.
Les dirigeants japonais espèrent trouver un accord avec l’administration américaine avant fin juin sur les droits de douane. La Chine, elle-même, se dit prête à négocier.
Une approche confirmée par Scott Bessent, actuel secrétaire au Trésor, qui a déclaré s’attendre à une « désescalade imminente » du conflit commercial avec la Chine. Des pourparlers sont en préparation, et Donald Trump a d’ores et déjà esquissé une ouverture, annonçant que : « Les droits de douane sur les produits chinois baisseront considérablement… mais ne seront pas ramenés à zéro ».
Les discussions se poursuivent également avec l’Europe, tandis que Washington vient de conclure un accord stratégique avec l’Ukraine portant sur les minerais critiques.
Pour les analystes d’Altitude Investment Manager « ceci implique que la mondialisation des échanges, qui a été le leitmotiv au cours des 80 dernières années, sera continuellement freinée. »
-
Les anticipations de l’OMC
Malgré ces avancées, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) exprime une vive inquiétude face aux orientations protectionnistes de l’administration Trump. Ces mesures font craindre un net ralentissement des échanges internationaux et une fragmentation accrue de l’économie mondiale.
Selon les dernières estimations de l’OMC, le volume du commerce mondial de marchandises pourrait reculer de 0,2 % à 1,5 % en 2025, en fonction de l’ampleur des restrictions douanières effectivement mises en œuvre.
Le repli serait particulièrement marqué en Amérique du Nord, où les exportations pourraient s’effondrer de 12,6 %, tandis que les importations reculeraient de 9,6 %. À l’inverse, l’Asie devrait faire preuve de résilience, avec une croissance modérée mais positive de 1,6 % pour ses exportations comme pour ses importations. L’Europe, de son côté, enregistrerait une remontée timide, estimée à 1,0 % pour les exportations et 1,9 % pour les importations.
Face à ces turbulences, la directrice générale de l’OMC, Ngozi Okonjo-Iweala, a rappelé le rôle central des membres de l’organisation. « Les membres doivent plus que jamais se mobiliser pour redonner de l’élan à l’OMC et garantir des conditions de concurrence équitables à l’échelle mondiale », a-t-elle souligné.
États-Unis : la fin de l’exceptionnalisme américain ?
La théorie de l’exceptionnalisme américain repose sur la place hégémonique que doit occuper les Etats-Unis à travers le monde. Pour David Ross, gérant actions internationales chez La Financière de l'Échiquier (LFDE) cette position est largement mise à mal par la politique initiée par Donald Trump : « Depuis le « Libération Day », les marchés ont commencé à évaluer le risque d’une politique erratique. L’une des forces de l’économie américaine ces 30 dernières années a été sa stabilité, exempte de grands changements de politiques. Aujourd’hui, l’exceptionnalisme américain n’est plus. »
-
L’emploi américain résiste … pour l’instant
Si certains signaux avancés vacillent, la résilience de l’économie américaine demeure. La confiance des consommateurs s’effrite, en témoigne le repli marqué de l’indice du Conference Board, qui a perdu 7,2 points en un mois pour s'établir à 92,9 — un recul plus fort qu’attendu, les analystes tablant sur 93,5.
Cependant, le marché du travail américain affiche une résilience notable. En avril, 177 000 emplois ont été créés dans le secteur non agricole, contre 185 000 en mars. Ce chiffre dépasse nettement les attentes des analystes, qui tablaient sur seulement 138 000 créations, soit un écart favorable de 42 000 postes.
Le taux de chômage, quant à lui, demeure stable à 4,2 %, signe d’une certaine solidité de l’économie malgré un environnement international tendu.
Cependant, quelques ombres viennent ternir ce tableau. La dynamique salariale ralentit, avec une hausse des rémunérations limitée à +0,2 % en avril. Surtout, les chiffres de l’emploi des mois précédents ont été révisés à la baisse : pas moins de 58 000 emplois ont été retranchés des données initialement publiées pour février et mars.
Autre signal préoccupant : le chômage de longue durée progresse. Désormais, 23,5 % des chômeurs sont sans emploi depuis plus de 27 semaines, un indicateur souvent associé à une détérioration sous-jacente du marché du travail.
-
Stagflation : le scénario prend de l’ampleur
Le risque d’un scénario de stagflation — cette combinaison redoutée de stagnation économique et d’inflation persistante — semble désormais plus tangible aux États-Unis. Les craintes des investisseurs sont doubles : d’une part, celles liées à un net ralentissement de la croissance, voire à une récession ; d’autre part, celles relatives aux tensions inflationnistes provoquées par la récente flambée des droits de douane.
En tenant compte des hausses tarifaires annoncées par l’administration Trump, la croissance du PIB américain devrait plafonner à 1,8 % cette année, bien en deçà des 2,7 % anticipés en début d’année. Ce ralentissement marque une rupture brutale dans le cycle économique, et ce, dans un contexte de désordre commercial mondial.
Sur le front des prix, les données les plus récentes offrent un répit relatif. L’inflation sous-jacente (Core CPI), indicateur privilégié de la Réserve fédérale, a fléchi de 3,3 % en janvier à 3,1 % en février, pour atteindre 2,8 % en mars. Mais ces chiffres restent provisoires, car ils ne tiennent pas encore compte des effets potentiels — et difficilement quantifiables à ce stade — de la hausse des droits de douane sur les prix à la consommation. Une incertitude soulignée par Jerome Powell, président de la Fed, qui s’est montré préoccupé par les pressions inflationnistes à venir.
Le ressenti des ménages va dans le même sens. Selon l’enquête de l’Université du Michigan, les anticipations d’inflation à long terme atteignent désormais leur plus haut niveau depuis trois décennies, illustrant une perte de confiance dans la stabilité future des prix.
-
L'inflexibilité de la FED
Pour mémoire, la Fed poursuit un double mandat : contenir l’inflation autour de sa cible de 2 %, tout en favorisant des conditions de plein emploi. Mais la conjoncture actuelle rend l’équation particulièrement délicate. Pour l’heure, le président de la Fed demeure donc inflexible sur une éventuelle baisse de taux, résistant aux pressions politiques et privilégiant une approche rigoureusement fondée sur les données économiques.
David Kohl, chef économiste de Julius Baer, ne cache pas son inquiétude : « Nous relevons à 50 % la probabilité d’une stagnation prolongée dans les mois à venir, réunissant les critères d’une récession. Le renforcement des droits de douane sur les importations américaines accroît les risques de ralentissement, mais il fait aussi grimper les anticipations d’inflation, alimentant un climat d’incertitude sans précédent. Contrairement aux récessions classiques, généralement déflationnistes, ce contexte pourrait déboucher sur une véritable stagflation, marquée par une croissance atone et des tensions inflationnistes persistantes. »
Zone euro : une économie qui résiste, malgré les vents contraires
Bien que le FMI ait revu à la baisse sa prévision de croissance pour la zone euro en 2025 — de 1 % à 0,8 % — les premiers signes conjoncturels de l’année laissent entrevoir une certaine résilience économique. Au premier trimestre, le PIB de la zone euro a progressé de 0,4 %, une performance légèrement supérieure aux anticipations.
-
Un premier trimestre encourageant
Le dynamisme reste contrasté entre les pays. L’Espagne (+0,6 %) et l’Italie (+0,3 %) endossent le rôle de locomotives. En revanche, la France (+0,1 %) et l’Allemagne (+0,2 %) peinent à redémarrer pleinement.
Parmi les principaux indicateurs économiques publiés ces dernières semaines, on peut citer l’indice composite de l’activité globale publié par la Hambourg Commercial Bank (HCOB). Celui-ci s’est replié à 50,1 en avril, son plus bas niveau depuis quatre mois, après 50,9 en mars. Rappelons qu’un indice supérieur à 50 signale une expansion de l’activité, tandis qu’un chiffre inférieur suggère une contraction.
Si l’indice des services est passé en zone de repli (49,7), la surprise est venue du secteur manufacturier : son indice s’est redressé à 51,2, signe d’une reprise modeste mais réelle dans l’industrie.
Par ailleurs, le moral des investisseurs, mesuré par l’indice Sentix, s’est redressé plus vite que prévu. Après une chute brutale en avril à -19,5, consécutive à l’annonce de nouveaux droits de douane américains, il est remonté à -8,1 en mai, bien au-delà des attentes des analystes (-12,5).
Sur le front de l’emploi, le taux de chômage a été révisé à la hausse de 0,1 point en février, à 6,2 %. Toutefois, sur un an glissant, il recule de 0,3 point. En mars, 12,9 millions de personnes étaient sans emploi dans la zone euro, un chiffre en baisse.
-
La BCE poursuit prudemment sa détente monétaire
Malgré les incertitudes croissantes liées aux tensions commerciales et géopolitiques, la Banque centrale européenne poursuit l’assouplissement de sa politique monétaire. Fin avril, elle a procédé à une septième baisse consécutive de ses taux depuis juin 2024, abaissant le taux de dépôt de 0,25 point, à 2,25 %.
Cette décision a été rendue possible par le reflux progressif de l’inflation : celle-ci s’est établie à 2,2 % en mars, un niveau légèrement supérieur à la cible officielle de la BCE, mais en ligne avec la trajectoire de désinflation amorcée depuis plusieurs mois.
Dans ce contexte, la politique monétaire de la BCE n’est désormais plus considérée comme « restrictive ». Elle aurait atteint une zone dite de « neutralité », c’est-à-dire un niveau — estimé entre 1,75 % et 2,25 % — qui ne stimule ni ne freine sensiblement l’activité économique.
La BCE reste toutefois sur ses gardes. Son orientation dépendra largement de l’évolution des données macroéconomiques et de l’environnement géopolitique.
Si les représailles tarifaires de l’Union européenne restent limitées, leur impact inflationniste devrait être marginal. La baisse durable des prix de l’énergie pourrait continuer d’exercer un effet désinflationniste, compensant partiellement les hausses de prix induites par les perturbations commerciales.
Enfin, un ralentissement plus marqué de l’activité économique renforcerait les pressions à la baisse sur les prix, laissant à la BCE une marge de manœuvre en cas de choc conjoncturel.
Christine Lagarde assume pleinement cette prudence stratégique : « La plupart des indicateurs de l’inflation sous-jacente suggèrent un retour durable de l’inflation vers notre objectif de 2 % à moyen terme. Toutefois, les perturbations croissantes du commerce mondial accentuent les incertitudes qui pèsent sur nos perspectives. Dans ce climat d’instabilité exceptionnelle, nous adopterons une approche guidée par les données, en évaluant à chaque réunion la posture appropriée. Aucun engagement ne sera pris par avance quant à la trajectoire des taux. »
Chine : un accord commercial possible avec les États-Unis ?
Alors que de nombreux économistes prévoyaient un ralentissement de la croissance chinoise à 4 %, contre une estimation de 4,6 % formulée en janvier, les dernières semaines ont révélé une vigueur économique inattendue. Au cours du premier trimestre, le produit intérieur brut a ainsi progressé de 5,4 %, surpassant les prévisions de 5,1 % et enregistrant une hausse de 1,2 point par rapport au trimestre précédent. Une performance d’autant plus remarquable que les relations commerciales avec les États-Unis n’ont cessé de se tendre ces derniers mois.
-
Croissance : un souffle inattendu
Ce dynamisme trouve en partie son origine dans l’envolée des exportations, en hausse de 12 % sur un an — un chiffre trois fois supérieur aux anticipations des analystes. Les consommateurs américains, anticipant une augmentation des droits de douane, ont intensifié leurs achats de produits chinois, qui affichent une croissance de 9 %.
Malgré les incertitudes liées à la guerre commerciale, les autorités chinoises se veulent rassurantes. Elles affirment disposer d’un éventail d’outils politiques et d’une marge de manœuvre suffisante pour soutenir l’activité économique.
Depuis le début de l’année, Pékin a ainsi déployé plusieurs mesures destinées à stimuler la demande intérieure. L’une des plus concrètes consiste en l’allocation de 300 milliards de yuans supplémentaires afin de subventionner l’achat de véhicules, de smartphones et d’électroménagers.
Cette semaine, la Chine a annoncé une nouvelle série de mesures destinées à soutenir son économie. La Banque centrale chinoise a ainsi abaissé le taux de réserve obligatoire de 0,5 %, libérant des liquidités pour encourager les prêts. Dans le même élan, le taux appliqué aux premiers achats immobiliers, pour les crédits d’une durée supérieure à cinq ans, a été réduit de 2,85 % à 2,6 %. Par ailleurs, Pékin prévoit d’alléger encore les exigences de réserve imposées aux banques et d’injecter des capitaux dans des secteurs jugés stratégiques, tels que l’industrie, l’innovation technologique et les services.
Mais une ombre significative vient ternir ce tableau : l’indice PMI manufacturier est tombé à 49,0, signalant une contraction de l’activité industrielle — un seuil critique, sous la barre symbolique des 50, et son niveau le plus bas depuis deux ans.
-
Guerre commerciale : le paroxysme des tensions
Les relations commerciales sino-américaines atteignent aujourd’hui un point de rupture. Selon l’Organisation mondiale du commerce, les échanges de marchandises entre les deux puissances pourraient chuter de 80 %.
Washington a imposé de nouveaux droits de douane atteignant un taux prohibitif de 145 % sur les importations chinoises. Pékin a riposté par des surtaxes allant jusqu’à 125 %. Toutefois, les smartphones et les ordinateurs sont exclus de ces nouvelles taxes américaines. Une taxation excessive aurait, en effet, fait grimper le prix moyen d'un IPhone de 1 200 à près de 2 300 dollars.
Il est à noter que les exportations chinoises vers les États-Unis ne représentent que 2 % du PIB de la Chine. En revanche, une part importante de ces biens — terres rares, métaux industriels, panneaux solaires, composants électroniques — demeure difficilement substituable à court terme pour les États-Unis. La Chine pourrait, en parallèle, intensifier ses échanges avec les pays de la région, réorientant ainsi une partie de son commerce.
Dans une manœuvre de représailles, Pékin a suspendu les livraisons de sept terres rares stratégiques. Or, la Chine concentre 70 % de la production mondiale de ces ressources essentielles et fournit près des trois quarts des importations américaines dans ce secteur, ce qui lui confère un levier d’influence considérable.
Néanmoins, les autorités chinoises ont récemment tenté de désamorcer les tensions, déclarant leur volonté d’ouvrir un dialogue avec l’administration américaine afin de parvenir à un accord mutuellement satisfaisant.
Les convictions de Scala Patrimoine sur les marchés financiers
Les cent premiers jours de Donald Trump à la Maison-Blanche, dans le cadre de son second mandat à la présidence des États-Unis, n'ont pas été de tout repos. Les marchés actions ont connu d'importants épisodes de volatilité, des mouvements qui n’ont pas épargné les marchés obligataires.
-
Les marchés actions : la nouvelle politique américaine électrise les marchés
Le mois de mai 2025 s'ouvre dans un climat boursier marqué par une forte instabilité, principalement provoquée par les incertitudes entourant les annonces tarifaires américaines. Les secousses successives sur les marchés actions ont mis en lumière la nervosité ambiante des investisseurs face à l’évolution du contexte géopolitique et économique.
- Une multitude de facteurs d’incertitude pèse sur les marchés
Le rebond observé après le 8 avril a permis d’effacer en grande partie les pertes enregistrées en début de mois, ramenant les principaux indices à des niveaux proches de ceux d’avant les annonces tarifaires. Cette reprise a été favorisée par la suspension partielle de certaines mesures douanières, ainsi que par les déclarations apaisantes de Donald Trump évoquant une possible relance des négociations commerciales avec la Chine.
Cependant, cette embellie reste fragile, plusieurs zones d’ombre continuant de hanter les marchés.
D’une part, le ralentissement économique aux États-Unis. Si la croissance américaine montre des signes d’essoufflement, une décélération plus marquée que prévu pourrait susciter une correction brutale des marchés.
D’autre part, les perspectives des entreprises. Bien que les résultats du premier trimestre aient été globalement satisfaisants — avec une croissance à deux chiffres des bénéfices, tant outre-Atlantique qu’en Europe — les anticipations pour les trimestres à venir demeurent incertaines. De nombreuses entreprises préfèrent suspendre leurs prévisions, faute de visibilité sur l’évolution du contexte macroéconomique.
Enfin, l’impact des mesures tarifaires. Les sociétés les plus tournées vers l’international, en particulier dans les secteurs de l’aéronautique, de l’automobile et du luxe, sont particulièrement exposées. Les groupes européens ne sont pas en reste, eux aussi fragilisés par les tensions commerciales. À ce stade, l’impact réel sur les résultats annuels de 2025 demeure difficile à quantifier.
- Quelle stratégie adopter face à l’incertitude ?
Dans un tel environnement, la prudence reste de mise. Nous recommandons d’adopter une position neutre sur les marchés actions, évitant toute prise de risque excessive à l’heure où la visibilité est réduite et où la menace d’une nouvelle correction plane toujours.
Une diversification judicieuse des allocations s’impose, tant sur le plan géographique que sectoriel, afin de limiter les biais et d’absorber les chocs potentiels. Il conviendrait notamment de rééquilibrer les portefeuilles entre la zone euro et les États-Unis, tout en explorant avec discernement les opportunités offertes par certains marchés émergents — à l’instar de l’Inde, dont les valorisations apparaissent aujourd’hui plus attrayantes qu’il y a six mois.
Concernant la Chine, les marchés semblent anticiper une réduction prochaine des droits de douane actuellement en vigueur, ce qui pourrait être bénéfique aux deux économies. Toutefois, le risque que ces droits demeurent durablement plus élevés que par le passé ne peut être écarté. Couplé à la contraction attendue du commerce mondial et à la dépendance structurelle de la Chine à la demande extérieure, ce contexte appelle à une grande prudence dans toute exposition à ce marché.
-
Les marchés obligataires : un attrait pour les titres européens
Les marchés obligataires n’ont pas échappé aux remous qui ont agité l’ensemble des actifs financiers. Aux États-Unis, le taux souverain à dix ans a enregistré de fortes variations, oscillant entre 4 % et 4,5 %, avant de se replier vers 4,15 %. Ce mouvement erratique traduit l’inquiétude persistante des investisseurs face à une politique monétaire encore incertaine et à un environnement géopolitique instable.
En Europe, en revanche, les obligations ont retrouvé leur statut de valeurs refuges. Et ce, en dépit des récentes annonces de plans de relance budgétaire. Le mois d’avril a vu la courbe des taux s’infléchir durablement, portée par une demande accrue pour les dettes souveraines perçues comme plus sûres.
- Des opportunités sur le marché obligataire européen
L’inflation sur le Vieux Continent semble désormais contenue, ce qui réduit le risque d’une résurgence brutale des tensions inflationnistes. Dans ce contexte, la Banque centrale européenne pourrait poursuivre l’assouplissement de sa politique monétaire. Le taux de dépôt, actuellement fixé à 2,25 %, pourrait prochainement passer sous la barre symbolique des 2 %, offrant ainsi un soutien non négligeable aux obligations européennes.
La relative stabilité des anticipations d’inflation, la solidité de l’euro, ainsi que la lisibilité accrue de la trajectoire monétaire européenne, sont autant de facteurs qui devraient limiter la volatilité sur les marchés obligataires du continent.
- Quelle stratégie adopter dans ce contexte ?
Nous maintenons une vision constructive sur les obligations européennes. La maîtrise de l’inflation et le biais accommodant de la BCE créent un environnement favorable aux stratégies de portage, même si les rendements se révèlent désormais moins généreux qu’en 2024.
Dans cette optique, nous privilégions clairement les obligations souveraines européennes par rapport aux Treasuries américains. Ces derniers souffrent d’une trajectoire monétaire plus incertaine et exposent les investisseurs à un risque de change non négligeable.
Sur le segment du crédit, notre préférence va au crédit investment grade européen, dont la solidité et la résilience constituent des atouts majeurs. Les spreads y apparaissent plus stables à court terme que ceux observés outre-Atlantique, rendant le portage toujours pertinent, en particulier sur des maturités intermédiaires et des émetteurs de qualité.
Les obligations financières subordonnées, bien qu’affectées récemment par une montée du sentiment « risk-off », continuent d’offrir un couple rendement/risque attractif. L’élargissement des spreads s’inscrit dans le sillage du repli des actions bancaires, mais les fondamentaux du secteur demeurent sains, portés par une régulation renforcée.
Enfin, nous restons sélectifs sur le segment high yield, que nous ne conservons que sur des maturités courtes et pour les signatures les mieux notées. Ce choix n’est justifié que si l’écart de rendement avec le crédit investment grade compense adéquatement le risque supplémentaire assumé.
-
Les marchés alternatifs : une gestion adaptée aux mouvements boursiers
Dans le cadre de notre approche de gestion prudente et diversifiée, nous continuons de privilégier les stratégies alternatives long/short actions, particulièrement bien adaptées aux environnements marqués par la volatilité, l’incertitude et une forte dispersion des performances.
Les marchés actuels, soumis à des rotations sectorielles rapides et à des réactions parfois vives aux annonces politiques, économiques ou monétaires, constituent un terrain fertile pour ces approches souples et opportunistes.
Les stratégies long/short se distinguent par leur capacité à capitaliser sur les inefficiences du marché : elles permettent aux gérants de prendre des positions longues sur des titres jugés sous-évalués, tout en se positionnant à la baisse sur ceux estimés surévalués. Cette double exposition confère à ces stratégies une résilience précieuse, en offrant à la fois un potentiel de performance dans des contextes porteurs, et une protection contre les phases de correction.
Dans un environnement aussi complexe que celui que nous connaissons actuellement, cette flexibilité devient un atout stratégique. Les stratégies long/short actions permettent en effet une décorrélation bienvenue vis-à-vis des indices traditionnels, ce qui en fait un complément pertinent dans une allocation d’actifs soucieuse de réduire la volatilité globale du portefeuille tout en conservant des moteurs de performance.
-
Les Produits structurés : un placement sur-mesure
Nous conservons une vue favorable sur les produits structurés, qui offrent une exposition maîtrisée aux marchés financiers, tout en permettant de moduler à la fois le niveau de risque et le rendement cible selon les objectifs de l’investisseur.
Les périodes marquées par une volatilité accrue, comme celle que nous traversons actuellement, ouvrent des fenêtres d’opportunité particulièrement attractives pour ce type d’instruments. Ils peuvent être conçus pour tirer parti de la nervosité des marchés, tout en intégrant des mécanismes de protection partielle du capital ou des barres de rendement conditionnel.
En plus de leur vocation offensive, les produits structurés peuvent également jouer un rôle défensif, en agissant comme outil de couverture. Par exemple, ils permettent de réduire l’exposition directe aux actions tout en conservant un potentiel de performance lié à cette classe d’actifs.
La correction récente de certains secteurs de l’économie américaine — notamment ceux qui avaient jusqu’ici affiché des valorisations tendues — constitue par ailleurs une opportunité d’entrée intéressante pour structurer des produits adossés à ces segments dépréciés.
En définitive, les produits structurés s’affirment comme une alternative de choix pour les investisseurs souhaitant maintenir une exposition aux marchés actions tout en amortissant leur volatilité intrinsèque. Leur souplesse de construction en fait une solution stratégique pour diversifier et optimiser un portefeuille dans l’environnement incertain qui prévaut actuellement.
-
Les Actifs non cotés (Private Assets) : une vision de long terme
L’intérêt des investisseurs institutionnels pour les actifs non cotés continue de croître, malgré un contexte économique marqué par des incertitudes. Cette dynamique, soutenue par la baisse progressive des taux d’intérêt en 2024, oriente également les flux vers des fonds plus accessibles au grand public. Bien que le marché montre des signes d’attentisme, notamment en raison des incertitudes politiques et économiques, nous restons confiants quant au potentiel du private equity.
Les stratégies secondaires demeurent particulièrement attrayantes en raison de leurs opportunités de valorisation prometteuses. Par ailleurs, les fonds de co-investissement restent au cœur de nos priorités, combinant optimisation des rendements et maîtrise des coûts.
Les stratégies de dette privée, telles que la dette mezzanine et le growth buyout, gagnent en popularité pour accompagner les entreprises en phase de croissance. De plus, le capital-risque, en particulier dans les secteurs technologiques et liés à la transition énergétique, connaît un regain d’intérêt, offrant des perspectives captivantes pour les startups innovantes.
- L’allocation conseillée
Pour exploiter pleinement le potentiel des investissements non cotés tout en limitant les risques, nous recommandons une stratégie diversifiée et de long terme. Cette approche inclut :
- Des stratégies secondaires pour leur stabilité et leurs rendements robustes.
- Une exposition au capital-risque, visant des opportunités à haut rendement dans des secteurs innovants.
- Des investissements dans le LBO (Leveraged Buyout) pour tirer parti de l’effet de levier.
- Le growth equity, qui permet de bénéficier de la croissance d’entreprises matures et prometteuses.
- La dette mezzanine, grâce à ses taux attractifs, comme un outil clé de diversification.
Face aux évolutions constantes de l’environnement économique, cette allocation vise à combiner performance et gestion proactive des risques. Nous restons attentifs à l’évolution du marché, tout en capitalisant sur les opportunités qu’il offre, en particulier dans des secteurs stratégiques comme la santé et la transition énergétique.

Rosk, le « LinkedIn de la restauration »
Florent Malbranche et Jean Lebrument, les cofondateurs de Brigad, entament un nouveau chapitre entrepreneurial avec le lancement de Rosk, une start-up née d’une ambition claire : répondre à la pénurie de main-d’œuvre dans le secteur de la restauration.
Deux experts au service d’un secteur en mutation
Acteurs aguerris de l’écosystème hôtellerie-restauration, Malbranche et Lebrument n’en sont pas à leur coup d’essai. Il y a une dizaine d’années, ils fondaient Brigad, une plateforme facilitant la mise en relation entre travailleurs indépendants et établissements, aussi bien dans la restauration que dans le médico-social.
Aujourd’hui, avec Rosk, ils visent l'optimisation du recrutement des professionnels de la restauration grâce à une application mobile intuitive, conçue comme un levier d’accès à l’emploi et à l’évolution professionnelle.
Dans un premier temps, la plateforme proposera donc des missions d’intérim en Île-de-France avant d’élargir son offre aux contrats à durée indéterminée. Un choix stratégique, tant l’intérim constitue une porte d’entrée idéale pour tester les compétences et faire face aux variations saisonnières de l’activité.
La demande est bien présente. « Il y a 200 000 postes à pourvoir dans la restauration et plus d’un million en Europe. Avec Rosk, nous voulons lancer une nouvelle expérience de l’emploi dans la restauration », souligne ainsi l'un des associés, Florent Malbranche.

La restauration collective en ligne de mire
Rosk fait le pari de commencer par la restauration collective – un secteur souvent négligé mais regorgeant d’opportunités : cantines scolaires, entreprises, EHPAD, hôpitaux… La start-up cible en priorité les métiers les plus qualifiés, tels que chef, sous-chef, chef pâtissier ou chef de partie, encore peu couverts par les plateformes traditionnelles.
Mais l’ambition de Rosk dépasse le simple recrutement. L’application se veut un véritable écosystème, proposant également de la formation continue, un accompagnement communautaire, et à terme, des outils de gestion RH comme le suivi des plannings.
« Trop de professionnels talentueux quittent le secteur faute de perspectives ou de reconnaissance. Rosk, c’est notre réponse à une urgence : redonner envie de rester et de grandir dans ces métiers », affirme Florent Malbranche.
Un constat qui reflète une réalité bien connue : le secteur souffre d’un déficit chronique de personnel et d’un turn-over particulièrement élevé. En facilitant l'accès à l'emploi et en valorisant les carrières, Rosk espère attirer — et surtout retenir — les talents qui désertent souvent la profession, rebutés par la pénibilité des horaires et l'absence de perspectives à long terme.
Un spin-off de Brigad
Pour concrétiser cette ambition, Rosk s’appuie sur un modèle économique basé sur les commissions perçues sur chaque contrat signé via sa plateforme. La jeune pousse est un spin-off issu de la société Brigad. Elle vient d'ailleurs de réaliser une levée de fonds visant à soutenir le développement technologique de la solution, renforcer sa présence en France et, à terme, explorer des marchés internationaux.
Composée aujourd’hui d’une dizaine de collaborateurs, la start-up prévoit de renforcer ses effectifs en recrutant des profils clés pour accompagner sa croissance. Déjà, plus de 1 000 professionnels et 200 établissements ont pris part aux premières phases de test en Île-de-France.
Reste à voir si l’appétit des investisseurs sera comblé… mais une chose est sûre : la table est mise pour une belle réussite. Bonne dégustation.
Paris Match : expatriation et placements financiers, les conseils de Guillaume Lucchini
Changer de pays, c’est embrasser une aventure exaltante… mais ce choix peut profondément bouleverser la gestion de votre patrimoine. Certains produits d’investissement français, par exemple, ne sont pas reconnus à l’étranger. Tandis que les règles fiscales locales peuvent remettre en question votre stratégie financière. Interrogé par les journalistes Léo Monégier et Silvia Simao, Guillaume Lucchini, associé fondateur du cabinet Scala Patrimoine, décrypte les enjeux liés à l'expatriation et livre ses recommandations dans une interview exclusive pour Paris Match.
Expatriation : une analyse au cas par cas s’impose
Tous les expatriés ne partagent pas les mêmes réalités ni les mêmes contraintes, qu’elles soient d’ordre fiscal ou financier. Chaque situation mérite donc une étude personnalisée. « Avant tout départ, il est essentiel d’examiner en détail ses placements afin d’en vérifier la compatibilité avec ses projets de vie. Par exemple, l’ouverture d’un PEA (Plan d’Épargne en Actions) est interdite depuis l’étranger. Toutefois, si ce plan a été ouvert avant le départ de France, il peut être conservé. A la condition cependant de ne pas résider dans un État ou territoire non coopératif sur le plan fiscal », avertit Guillaume Lucchini.
Autre point crucial : la gestion de la résidence principale lors d’un départ à l’étranger. Fiscalement, un bien immobilier perd son statut de résidence principale dès lors que son occupant passe moins de 185 jours par an en France. A fortiori s’il est mis en location. « Cependant, la législation accorde une certaine latitude aux expatriés en leur permettant de vendre ce bien dans un délai d’un an après leur départ, tout en bénéficiant d’une exonération sur les plus-values immobilières », précise le fondateur de Scala Patrimoine.
Le rôle stratégique de l’assurance-vie luxembourgeoise
Si l’assurance-vie reste un pilier de l’épargne en France, son régime fiscal particulier peut entrer en conflit avec celui du pays d’accueil. Une solution existe cependant : l’assurance-vie luxembourgeoise. Elle est plus souple et s’adapte mieux aux contraintes fiscales locales.
« Ce type de contrat, généralement accessible à partir de 250 000 euros, permet d’investir dans la devise de son choix », explique Guillaume Lucchini. Il précise : « Il peut s’agir de l’euro ou d’une autre monnaie. » Il met toutefois en garde : « Chaque pays appliquant ses propres règles, il est essentiel de rester vigilant. » Par exemple, en Espagne, si aucune garantie décès complémentaire n’a été souscrite, le contrat peut être assimilé à un simple compte-titres. Dans ce cas, il perd ses avantages fiscaux.
L’immobilier, un placement toujours prisé dans le cadre d'une expatriation
L’investissement immobilier reste une valeur refuge, même pour les expatriés. Un expatrié bénéficie généralement de revenus confortables. « Cela lui permet d’avoir une capacité d’épargne solide. Pour optimiser ses placements, il peut utiliser l’effet de levier du crédit. En France, les taux fixes sont encore largement disponibles. Contrairement à d’autres pays, ces taux sont attractifs pour ceux ayant une forte capacité d’emprunt. » conclut Guillaume Lucchini.
Le multi-family office, un modèle d’avenir selon Scala Patrimoine
Le 1er avril, L’Agefi a réuni près de mille participants lors du Salon des carrières dans la finance, Talent for Finance. Étudiants, jeunes actifs et professionnels s’y sont retrouvés pour échanger autour des métiers de la finance. Guillaume Lucchini, fondateur du multi-family office Scala Patrimoine, faisait partie des intervenants. Il y a partagé sa vision de l’évolution des métiers du conseil en gestion de patrimoine.
Multi-family office : les enjeux d’un métier d’exigence
Interrogé par Ludivine Garnaud, rédactrice en chef des événements du groupe Agefi, Guillaume Lucchini a donné sa définition du multi-family office.
« C’est un cabinet de conseil qui accompagne les familles dans la gestion, l’organisation et la transmission de leur patrimoine. » Selon lui, une condition est indispensable pour exercer ce métier : « Proposer un accompagnement totalement indépendant, sans conflit d’intérêts, reposant sur une rémunération exclusivement fondée sur les honoraires. »
Hélas, constate-t-il, le mot “conseil” est souvent galvaudé. Ce métier, historiquement lié aux établissements bancaires, s’est longtemps limité à la distribution de produits financiers. Dans ce cadre, la rémunération provenait essentiellement de la vente. « Issu du monde du droit, j’ai toujours été convaincu que le conseil devait incarner l’indépendance, l’absence de conflits d’intérêts et une réelle valeur ajoutée », confie-t-il.
La demande pour un accompagnement sincère, structurant et transparent ne cesse d’augmenter. Ce besoin est particulièrement fort chez les chefs d’entreprise. « J’ai fondé Scala Patrimoine en m’inspirant du modèle des avocats. Le conseil ne doit pas être biaisé par des enjeux commerciaux liés à la vente de produits financiers. Grâce à une rémunération transparente et fondée sur les honoraires, nos clients nous paient directement. Nous ne sommes donc redevables ni à un assureur, ni à une société de gestion. »
Le rôle du family officer repose aussi sur une collaboration étroite avec des experts extérieurs. Il travaille avec des professionnels du chiffre et du droit : experts-comptables, notaires ou avocats. Cette synergie crée une véritable valeur ajoutée pour les clients.
Les métiers du patrimoine : un avenir prometteur
À l’image des professions juridiques, les métiers liés à la gestion de patrimoine embrassent toutes les dimensions de la vie de leurs clients — bien au-delà des seules questions financières auxquelles on les a trop souvent cantonnés. « On oublie que le cœur de notre métier est avant tout de protéger nos clients, de les sécuriser face aux aléas de l’existence : perte d’emploi, incapacité, décès… »
Pour Guillaume Lucchini, la gestion de patrimoine se rapproche du droit par sa dimension réflexive et structurante : « Les objectifs de nos clients, leurs envies, leurs projets évoluent avec le temps. Il faut être en mesure d’accompagner cette temporalité. »
Un virage technologique
L’avenir de la profession, selon lui, s’annonce sous les meilleurs auspices. Dans un cadre juridique et fiscal en constante évolution, les opportunités sont nombreuses. Toutefois, le métier devra se repenser à l’aune des révolutions technologiques en cours. « L’émergence du digital et de l’intelligence artificielle nous invite à réinventer notre rôle. Les clients n’auront plus besoin d’un professionnel pour souscrire un fonds indiciel. En revanche, ils auront plus que jamais besoin d’un accompagnement humain, structuré, indépendant. »
Le fondateur de Scala Patrimoine est convaincu que le métier tendra vers un modèle davantage inspiré du multi-family office : un accompagnement global, centré sur l’organisation, la structuration et la transmission.
La notion d’indépendance et de transparence sera donc cruciale. « De plus en plus de jeunes font le pari d’un métier d’accompagnement, rémunéré directement par le client, et porteur de valeur ajoutée juridique et fiscale. C’est ainsi qu’émergera une nouvelle génération de professionnels formés avec exigence, prêts à exercer la profession qu’ils désirent : bien loin du rôle de simples vendeurs de produits », conclut-il.
Impôts 2025 : calendrier de la déclaration, barème, taux individualisé… Ce qui change
Le service en ligne de déclaration des revenus est officiellement ouvert depuis le 10 avril 2025. Comme chaque année, les contribuables sont invités à s’acquitter de leur devoir fiscal en respectant un calendrier précis.
Les dates de déclaration
Le portail de déclaration en ligne, accessible via le site impots.gouv.fr, est ouvert depuis le 10 avril. Selon leur département de résidence, les contribuables disposent d’un délai s’étendant jusqu’au 5 juin 2025 pour remplir leur déclaration de revenus de 2024. Ce calendrier s’applique également à l’Impôt sur la fortune immobilière (IFI), dont les échéances demeurent identiques.
Les usagers optant pour une déclaration papier devront, quant à eux, veiller à l’envoyer avant le 20 mai 2025.
Sauf cas particuliers, l’avis d’imposition sera adressé aux contribuables entre le 25 juillet et le 1er août 2025.

Impôts sur le revenu : un barème réajusté
Conformément aux dispositions du budget 2025, les tranches du barème de l’impôt sur le revenu ont été revalorisées de 1,8 %. Et ce afin de compenser l’effet de l’inflation sur les foyers. D’après le ministère de l’Économie et des Finances, près de 619 000 foyers fiscaux sortiront ainsi du champ de l’imposition sur le revenu.

Les contribuables peuvent dès à présent utiliser le simulateur officiel de calcul de l’impôt 2025, basé sur les revenus perçus en 2024. Cet outil leur permettra d’obtenir une estimation du montant à régler ainsi que de leur revenu fiscal de référence. Ce simulateur tient compte des nouvelles tranches d’imposition.
Vérification et correction de la déclaration d'impôts
Qu’elle soit effectuée en ligne ou sur papier, la déclaration de revenus est préremplie des informations connues de l’administration fiscale. Il appartient toutefois au contribuable de vérifier leur exactitude — notamment en ce qui concerne la situation familiale, l’adresse ou les montants indiqués — et, le cas échéant, de corriger ou compléter les données (revenus supplémentaires, charges déductibles, réductions ou crédits d’impôt).
Par ailleurs, ceux ayant télédéclaré dans les délais bénéficieront d’un droit à rectification : le service dit de « télécorrection » sera accessible du 30 juillet au 3 décembre 2025 inclus, permettant ainsi de modifier la déclaration après réception de l’avis d’imposition.
L’an dernier, l’administration fiscale a détecté 16 milliards d’euros de fraudes, dont 11 milliards ont pu être recouvrés.
Taux individualisé : une évolution majeure
Parmi les nouveautés notables figure la généralisation du taux individualisé pour les couples mariés ou pacsés, soumis à l’imposition commune. Dès septembre 2025, ce taux s’appliquera par défaut, sur la base des données issues de la déclaration effectuée ce printemps.
Lors d’une conférence de presse, Amélie de Montchalin, ministre chargée des Comptes publics, a souligné l’enjeu de cette réforme : « C’est le fruit d’une volonté de corriger les inégalités concrètes dans la vie des Français. Cette mesure permet une répartition plus équitable de l’impôt au sein des foyers fiscaux, en tenant compte des écarts de revenus entre conjoints, sans altérer le montant global dû par le couple. »
Jusqu’alors, le taux par défaut imposait une répartition à parts égales. Ce système pénalisait souvent le conjoint aux revenus les plus modestes. Désormais, chaque membre du couple se verra appliquer un taux de prélèvement ajusté à ses revenus personnels.
Toutefois, ceux souhaitant conserver le taux unique de foyer pourront en faire la demande lors de leur déclaration. La ministre a confirmé cette possibilité : « Ceux qui veulent continuer à utiliser un taux unique pourront évidemment le faire. Mais la norme devient le taux individualisé. Cela concerne environ 10 millions de foyers, soit 20 millions de personnes. »
L’essor de l’application mobile
La déclaration via mobile connaît un engouement croissant. En 2024, près de 500 000 Français ont déclaré leurs revenus exclusivement via tablette ou smartphone. Face à ce succès, l’administration a renforcé les fonctionnalités de l’application mobile.
Comme l’a annoncé Amélie de Montchalin, « il est désormais possible d’y changer son adresse ou de modifier une déclaration déjà signée, que ce soit via le site internet ou l’application. »