Standing Ovation passe la seconde

Standing Ovation vient de concrétiser une levée de fonds de 3,75 millions d’euros. Une opération qui porte ainsi à 23 M€ les capitaux totaux levés depuis sa création.

Les chiffres clés de la start-up Standing Ovation
Les chiffres clés de la start-up Standing Ovation

Le spécialiste de la fermentation de précision

En 2020, Frédéric Pâques et Romain Chayot, ingénieurs de formation et anciens collaborateurs de Global Bioenergies, prenaient un tournant dans leur carrière en fondant Standing Ovation, une startup française novatrice spécialisée dans la fermentation de précision.

Le cœur de leur activité repose sur la production d’une protéine clé des produits laitiers : la caséine. Cette dernière joue, en effet, un rôle primordial dans la reproduction des textures caractéristiques du fromage ou de la crème glacée.

« Il existe deux grandes familles de protéines que l’on peut produire par la fermentation de précision : le lactosérum et la caséine. Aujourd’hui, aucune entreprise ne commercialise encore de caséines, or c’est précisément ce que nous visons, car c’est cette protéine qui confère aux fromages leur texture unique et leurs propriétés culinaires », explique Romain Chayot.

L’objectif de Standing Ovation est ambitieux : produire des protéines de lactosérum sans aucune exploitation animale. Pour ce faire, la startup s’appuie sur des matières premières végétales, telles que des sucres issus de la betterave ou du blé. Grâce à ce procédé, la caséine est recréée avec une fidélité absolue. Celle-ci présente ainsi exactement les mêmes propriétés que celle que l’on retrouve naturellement dans le lait animal : mêmes acides aminés, même digestibilité, même richesse en calcium…

 « Un peu à l’image de la fermentation qui transforme le blé en pain ou le raisin en vin, Standing Ovation vise à transformer des produits de l’industrie agroalimentaire, tels que les sucres ou les huiles, en protéines à haute valeur ajoutée. » abonde le co-fondateur de la foodtech.

Celle-ci s’attèle désormais à la commercialisation de sa caséine brevetée, baptisée “Advanced Casein”, pour 2025. Cette innovation devrait ainsi intégrer une large gamme de produits, notamment les fromages, les glaces et les yaourts.

Une nouvelle levée de fonds

Au début de l’année, Stading Ovation avait déjà bénéficié d’un financement de 3 M€ de l’État et de Bpifrance. Une démarche récemment renforcée par une nouvelle levée de fonds, s’élevant cette fois-ci à 3,75 M€. Celle-ci porte donc à 23 millions d’euros le total des capitaux levés depuis sa création en 2020.

Ce sont les actionnaires historiques qui ont de nouveau contribué à cette opération. Parmi les investisseurs, nous pouvons citer le fonds Astanor Ventures, mais également PeakBridge, Seventure Partners, Big Idea Ventures et Good Startup. Un acteur majeur de l’agroalimentaire français a aussi pris part à ce tour de table : le groupe Bel. Celui-ci est connu pour ses marques telles que La Vache qui rit, Babybel ou Boursin. L’entreprise française figurait déjà parmi les actionnaires de la start-up et avait établi un partenariat exclusif avec elle pour les applications fromagères.

Des vertus écologiques

Standing Ovation met en œuvre des procédés profondément respectueux de l’environnement. Ceux-ci génèrent dix fois moins d’émissions de CO2 et n’utilisent ni antibiotiques, ni OGM. « Nous sommes capables de produire de la caséine en une heure, quand il faut trois ans à une vache pour en générer », se réjouit le fondateur de cette start-up dans une interview accordée à We Demain. Il ajoute : « En prenant en compte tous les paramètres, et en comparant notre production à celle de l’industrie laitière traditionnelle, nous réduisons nos émissions de gaz à effet de serre de 94 %, notre consommation d’eau de 90 %, et nos besoins en terres agricoles de 99 %. »

De plus, dans une dizaine d’années, un agriculteur sur deux aura pris sa retraite. Cette situation démographique pourrait d’ailleurs impacter la taille du cheptel français et, par ricochet, la production laitière. Certaines études mettent en garde : la France risque de perdre sa souveraineté en matière de production laitière.

Cette préoccupation est partagée par Laetitia de Panafieu, représentante d’Astanor au Conseil de Surveillance de Standing Ovation : « Nourrir 10 milliards d’êtres humains dans un monde où les émissions de CO2 doivent être réduites et où les ressources en eau et en terres arables se raréfient est l’un des plus grands défis du XXIe siècle. »

Accélérer le développement à l’international

Lauréate du programme FrenchTech 2030, Standing Ovation entre à présent dans une phase cruciale de son industrialisation. La start-up doit désormais accélérer la commercialisation de sa protéine brevetée. Afin de franchir cette étape décisive avec assurance, la direction a fait appel à un nouveau président : Yvan Chardonnens. Leader chevronné, doté d’un profil résolument opérationnel, il possède une solide expérience du marché international BtoB. Un savoir faire acquis notamment chez Firmenich, Unilever, Roquette ou encore Oterra.

Son arrivée a été chaleureusement accueillie par Romain Chayot : « Il nous fallait une personnalité d’envergure internationale, dotée de compétences nouvelles, pour nous aider à briser ce plafond de verre. »

Et si c’était cela la recette du succès ?