Le rêve spatial de The Exploration Company prend forme
The Exploration Company poursuit son ambition céleste. La jeune start-up franco-allemande vient de lever 150 millions d’euros, une somme qui lui permettra d’achever la conception de la toute première capsule spatiale européenne. Une prouesse technologique dont le vol inaugural se déroulera en 2028.
Un marché stellaire de 300 milliards de dollars
Le domaine de la logistique spatiale ne cesse de captiver les investisseurs, séduits par des perspectives des plus prometteuses. La multiplication des stations spatiales en construction et l’augmentation des missions habitées contribuent à l’essor fulgurant de ce secteur, dont la valeur pourrait atteindre 300 milliards de dollars d’ici la décennie 2030.
« Aujourd’hui, seuls trois pays maîtrisent l’art complexe des capsules spatiales : la Chine, la Russie et les États-Unis », explique Hélène Huby, cofondatrice et présidente de The Exploration Company. Mais l’horizon s’élargit. Des nations comme l’Inde, l’Australie, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis aspirent également à se hisser parmi les puissances spatiales.
L’Europe, loin de rester spectatrice, entend bien prendre sa part dans cette course vers les étoiles. La création de The Exploration Company en 2021 incarne cette ambition politique : concevoir un cargo spatial réutilisable et ravitaillable, et faire émerger l’un des leaders mondiaux de la conquête spatiale.
Le rêve européen
Malgré les sommes colossales en jeu, les entreprises privées prennent peu à peu le relais des États. À l’avant-garde de cette révolution, SpaceX, dirigée par Elon Musk, incarne cette nouvelle ère où les initiatives privées s’imposent comme le moteur du progrès.
Pour Hélène Huby, cofondatrice de The Exploration Company, un tel projet ne pouvait voir le jour qu’à l’échelle européenne. « Si nous voulons bâtir un géant mondial, cela doit se faire entre pays européens. 98 % de nos actionnaires viennent du continent, ce qui prouve que l’Europe est prête à soutenir des entrepreneurs audacieux », affirme-t-elle avec une conviction sans faille.
Pilotée par d’anciens ingénieurs d’Airbus et d’ArianeGroup, The Exploration Company nourrit une ambition forte : réduire de moitié le coût des vols spatiaux, et plus particulièrement le prix au kilogramme des objets envoyés dans l’espace. Son vaisseau spatial sera capable de transporter jusqu’à 4 000 kg de fret vers les stations orbitales, avant de ramener sur Terre une charge de 3 000 kg, établissant ainsi un record mondial pour la masse descendante.
Autre prouesse : le cargo sera conçu pour être réutilisable, rendant les missions spatiales à la fois plus durables et plus économiques. Toutefois, le calendrier s’annonce serré. Le deuxième vol prototype est prévu pour 2025, tandis que le premier vol opérationnel du Nyx Earth, destiné à acheminer du fret pour l’Agence spatiale européenne (ESA) vers la Station spatiale internationale, est programmé pour 2028.
Bien que le projet en soit encore à ses débuts, l’entreprise, implantée à Bordeaux et à Munich, connaît déjà un succès retentissant, avec un carnet de commandes bien rempli. 800 millions d’euros de contrats ont déjà été signés, notamment avec les stations spatiales privées américaines Axiom, Space et Starlab, ainsi qu’avec l’ESA.
Une levée de fonds record !
Et la start-up se donne les moyens de ses folles ambitions. Elle vient, en effet, de boucler la plus importante série B jamais réalisée en Europe dans le domaine du New Space.
Sous la conduite des fonds Balderton Capital et Plural, ce tour de table s’est matérialisé par une levée de fonds exceptionnelle de 160 millions de dollars. De nouveaux investisseurs prestigieux ont rejoint l’aventure, parmi lesquels Bessemer Venture Partners, NGP Capital, French Tech Souveraineté (géré par Bpifrance), le DeepTech & Climate Fund (DTCF) et Bayern Capital. Par ailleurs, des partenaires historiques tels qu’EQT Ventures, Red River West, Cherry Ventures, Promus Ventures et Omnes Real Tech Fund ont renouvelé leur confiance à travers des réinvestissements significatifs.
Pour la première fois, deux fonds souverains européens unissent leurs forces dans un projet commun : French Tech Souveraineté – l’un des piliers du plan France 2030 – et le DTCF, financé par le « Zukunftsfonds » et l’ERP Special Fund. Ce partenariat inédit témoigne de l’ambition européenne dans le secteur spatial.
Grâce à ce financement, le montant total des fonds levés par l’entreprise dépasse désormais les 230 millions de dollars. Ces ressources seront allouées au développement et aux tests du vaisseau Nyx, à l’expansion d’une équipe déjà forte de 200 collaborateurs, ainsi qu’à l’accroissement des capacités de production de l’entreprise.
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