Coronavirus : synthèse pratique des mesures de soutien aux entreprises et aux indépendants

Chômage partiel facilité, report du paiement des charges sociales et fiscales, création d’un fonds de solidarité, garanties de l’Etat auprès des banques… Le gouvernement a pris ces derniers jours plusieurs dispositions destinées à soutenir les entreprises et les indépendants impactés par la crise du coronavirus. Le point, à jour, sur ces nouvelles mesures et les démarches pour en bénéficier.

 
Professionnels : Vous êtes chef d’entreprise, profession libérale, indépendant, quelles sont les mesures que le gouvernement a prévues pour vous ?

 

Par les temps qui courent, préserver autant que possible le patrimoine professionnel de chaque acteur économique est un défi social majeur de solidarité afin que, lorsque l’économie repartira, il n’y ait pas eu trop de laissés pour compte.

Alors que les mesures de confinement contre la diffusion du coronavirus sont entrées en vigueur et que l’état d’urgence sanitaire est désormais instauré pour 2 mois, l’exécutif a annoncé des mesures exceptionnelles en soutien de l’économie : Un dispositif massif et rarement vu en France, un plan de sauvetage inédit pour amortir le choc économique et social.

Recours au chômage partiel, report d’échéances sociales et fiscales, garanties bancaires, dispositif d’aide général aux entreprises, aide ciblée sur les très petites entreprises, de vastes mesures d’urgence ont été annoncées et/ou font l’objet d’un texte juridique.

Concrètement, pour les professionnels en pleine tourmente et qui subissent la situation,  il n’est pas forcément aisé d’organiser au jour le jour leur activité compte tenu de l’ensemble des contraintes qui pèsent sur eux : obligation de réduire la voilure, de travailler autrement (si c’est possible…), tout en continuant de  s’occuper de la gestion de leurs employés (recours à l’activité partielle le cas échéant, gestion des congés, obligations déclaratives diverses), du paiement de leurs charges qui continuent de courir etc.

Les mesures d’aide gouvernementales sont les bienvenues … encore nécessitent-elle de dégager du temps pour les décrypter, se les approprier, et les mettre en œuvre.

Scala Patrimoine reste, dans cette période de confinement, au côté des chefs d’entreprises, professions libérales et indépendants.

Dans ce dédale de mesures, et afin que chacun puisse s’y retrouver en fonction de sa situation propre et de ses besoins, nous faisons le point sur cette boite à outils des dispositifs d’aide qui ne cessent de s’étendre, y compris depuis l’adoption, le week-end dernier, de deux projets de loi.

En effet, ce ne sont pas moins de 25 ordonnances adoptées dans le cadre de la loi d’urgence qui viennent d’être publiées au Journal officiel du 26 mars.

 

Quelles sont ces mesures, et à qui s’adressent-elles ?

 

Dans la tourmente de l’épidémie de Covid-19, l’économie a dû s’adapter et se réorganiser … à marche forcée. A ce titre, tous les secteurs d’activité ne sont pas logés à la même enseigne.

D’un côté, il y a les activités « particulièrement nécessaires » des entreprises de certains secteurs (alimentaire, …) pour lesquelles le gouvernement favorise la poursuite voire l’intensification par différentes mesures notamment en envisageant des dérogations en matière d’allongement de la durée du travail.

De l’autre, il y a les activités officiellement interrompues (interdiction d’ouverture par mesure de santé publique, ….)  et toutes celles qui, dans leur sillage, ont connu une baisse significative voire un arrêt complet.

Pour ces dernières, depuis l’adoption dimanche dernier par l’assemblée nationale de la loi d’urgence pour faire face à l’épidémie, le gouvernement est habilité à prendre par ordonnances une série de mesures pour soutenir les entreprises et “limiter les cessations d’activité” et les licenciements, parmi lesquelles :

  • des mesures de “soutien à la trésorerie”, “aide directe ou indirecte” et “facilitation du recours à l’activité partielle” ;
  • la possibilité de “reporter ou d’étaler le paiement des loyers” ou certaines factures (eau, électricité…) pour les très petites entreprises “dont l’activité est affectée par la propagation de l’épidémie”.

 

Quels types de mesures ?

Le spectre des mesures prises est très large puisqu’il couvre des mesures d’aide en matière fiscale et sociale, des mesures financières et un ensemble d’autres mesures de tous ordres.

 

Mais alors que l’ordonnance 2020-306 du 25 mars 2020 institue dans plusieurs domaines de l’action administrative une sorte de neutralisation, pour l’application des délais prescrits par la loi et les règlements, de la période comprise entre le 12 mars 2020 et l’expiration d’un délai d’un mois à compter de la date de cessation de l’état d’urgence sanitaire, il n’y aura pas de gel des délais pour le dépôt des déclarations fiscales.

Il y est en effet expressément indiqué que les délais de transmission des déclarations servant à l’imposition et à l’assiette, à la liquidation et au recouvrement des impôts droits et taxes ne sont pas visés par les reports qu’elle prévoit.

Cette disposition souligne la volonté de préserver le recouvrement des recettes publiques nécessaires au fonctionnement des services publics et au soutien de l’économie.

Des mesures de tolérance pourront toutefois être prises directement par la DGFiP.

 

1. Les mesures d’aide en matière fiscale et sociale

Pour les entreprises fragilisées par les conséquences déjà désastreuses de l’épidémie, le Gouvernement a annoncé et a déjà commencé à organiser les mesures immédiates de soutien, parmi lesquelles (Une brochure, sous forme de fiches détaillées, a été publiée dans le courant de la semaine passée qui détaille les modalités de mise en œuvre)  :

  • des délais de paiement d’échéances sociales et/ou fiscales (URSSAF, impôts) ;
  • des remises d’impôts directs pouvant être décidées dans le cadre d’un examen individualisé des demandes (dans les situations les plus difficiles);
  • Une aide de 1 500 euros pour toutes les petites entreprises, les indépendants, et les microentreprises grâce à un fonds de solidarité ;

Dans un communiqué de presse du 22 mars 2020, le ministère de l’action et des comptes publics, déjà largement mobilisé, a annoncé un renforcement des mesures d’aide aux entreprises en ouvrant la possibilité de reporter le paiement des cotisations sociales dues au 5 avril 2020 et en annonçant le remboursement accéléré des crédits d’impôts sur les sociétés restituables en 2020 et des crédits de TVA.

 

2. Les mesures financières

De plus, le gouvernement prévoit un soutien au financement de ces entreprises par la mise en place des mesures suivantes :

  • La mobilisation de l’Etat à hauteur de 300 milliards d’euros et de Bpifrance pour garantir des lignes de trésorerie bancaires dont les entreprises pourraient avoir besoin à cause de l’épidémie ;
  • Un soutien de l’Etat et de la Banque de France (médiation du crédit) pour négocier avec sa banque un rééchelonnement des crédits bancaires ;

 

3. Les autres mesures

Par ailleurs, d’autres mesures d’accompagnement sont en cours :

  • Le maintien de l’emploi dans les entreprises par le dispositif de chômage partiel est simplifié et renforcé ;
  • L’appui au traitement d’un conflit avec des clients ou fournisseurs est possible grâce au Médiateur des entreprises ;
  • Enfin, l’Etat et les collectivités locales reconnaissent le Coronavirus comme un cas de force majeure pour leurs marchés publics afin que, pour tous les marchés publics d’Etat et des collectivités locales, les pénalités de retards ne soient pas appliquées.

De manière plus générale, le gouvernement organise une veille permanente grâce notamment à une cellule de continuité économique qui a été créée début mars au ministère de l’Économie et qui lui permet d’adapter les décisions et mesures de soutien qui pourraient s’avérer nécessaires, en temps réel.

 

 

Le zoom sur certaines mesures sociales et fiscales phares

Le gouvernement a mis en place un certain nombre de mesures pour que les entreprises puissent faire face aux échéances fiscales et sociales immédiates dans un contexte économique difficile.

 

1. La possibilité de reporter le paiement des cotisations sociales à l’échéance du 5 avril prochain

Afin de tenir compte de l’impact de l’épidémie de coronavirus sur l’activité économique, et conformément aux annonces du Président de la République le 12 mars 2020, le réseau des URSSAF a déclenché des mesures exceptionnelles pour accompagner les entreprises.

 

Les échéances passées déjà impactées :

  • Echéance du 15 mars :

Les entreprises visées par l’échéance du 15 du mois sont très majoritairement les entreprises de moins de 50 salariés.

Pour celles-ci, la possibilité de reporter tout ou partie de ces cotisations avait été instaurée par le réseau des URSSAF conformément aux annonces du Président de la République.

  • Echéance du 20 mars :

Par ailleurs, les échéances de cotisations prévues le 20 mars pour les travailleurs indépendants ont-elles aussi été reportées par l’URSSAF pour être lissées sur le reste de l’année.

 

La prochaine échéance : celle du dimanche 5 avril 

Les entreprises visées par l’échéance du 5 du mois sont très majoritairement les entreprises de 50 salariés et plus.

Il a été annoncé que le report de cotisations sociales pourra également concerner les entreprises et les travailleurs indépendants dont la date d’échéance de paiement de leurs cotisations URSSAF intervient le 5 avril.

Parmi les employeurs de plus de 50 salariés, ceux qui font face à de sérieuses difficultés de trésorerie pourront ajuster leur paiement selon leurs besoins grâce à l’octroi de délais de paiement, y compris par anticipation. Il n’y aura ni majoration de retard ni pénalité, ce qui entraînera le report de l’échéance. Des informations leur seront communiquées ultérieurement par les URSSAF sur le mode opératoire à suivre.

Les travailleurs indépendants concernés par la date du 5 avril verront cette échéance reportée automatiquement, les cotisations et contributions sociales dues étant lissées sur le reste de l’année.

En complément de cette mesure, les travailleurs indépendants peuvent solliciter un ajustement de leur échéancier de cotisations pour tenir compte d’ores et déjà d’une baisse de leur revenu, en réestimant leur revenu sans attendre la déclaration annuelle. Ils peuvent aussi solliciter l’intervention de l’action sociale pour la prise en charge partielle ou totale de leurs cotisations ou pour l’attribution d’une aide financière exceptionnelle.

A noter par ailleurs que tous les contrôles et actions en recouvrement amiable et forcé (y compris pour les dettes antérieures au mois de mars) sont suspendus.

 

Les démarches à suivre : Comment reporter tout ou partie du paiement des cotisations salariales et patronales dues à l’URSSAF ?

Quelles sont les démarches à effectuer par internet pour les travailleurs indépendants et professions libérales auprès de l’URSSAF ?

❖ Pour les artisans ou commerçants :

sur “secu-independants.fr”, aller sur « Mon compte » pour une demande de délai ou de revenu estimé. Pour une demande d’aide financière, télécharger le document sur “secu-indépendants.fr” et l’adresser par mail avec les pièces justificatives.

❖ Pour les professions libérales :

se connecter à l’espace en ligne sur urssaf.fr et adresser un message via la rubrique « Une formalité déclarative » puis  « Déclarer une situation exceptionnelle ».

 

Quelles sont les cotisations sociales concernées ?

L’ensemble des cotisations et contributions versées à l’URSSAF est concerné, aussi bien patronales que salariales :

– Les cotisations de sécurité sociale (maladie, maternité, invalidité et décès, vieillesse, famille, accident du travail et maladies professionnelles)

– La contribution solidarité autonomie (CSA)

– La contribution sociale généralisée (CSG) et la contribution au remboursement de la dette sociale (CRDS)

– La contribution au Fonds national d’aide au logement (FNAL)

– Le forfait social dû sur la prévoyance complémentaire santé, les plans d’épargne et l’intéressement-participation

– La contribution au dialogue social

– Le versement transport

– La contribution d’assurance chômage

– La contribution de garantie des salaires (AGS)

– La taxe forfaitaire de 10 euros sur les CDD d’usage

 

2. La possibilité de reporter le paiement des contributions AGIRC-ARRCO à l’échéance du 25 mars ou du 25 avril

Le réseau de l’AGIRC-ARRCO, comme le réseau des URSSAF, a lui aussi déclenché des mesures exceptionnelles pour accompagner les entreprises.

Un mécanisme similaire à celui instauré dans le réseau des URSSAF, à savoir un report automatique et de droit des contributions patronales et salariales, a été mis en place (décision des partenaires sociaux du 17 mars 2020).

Pour les contributions de retraite complémentaires dues à l’AGIRC-ARRCO, l’échéance du paiement du mercredi 25 mars 2020 pour les entreprises de 9 salariés et plus, est bien sûr concernée.

 

De quoi s’agit-il ?

Même si les entreprises ont réglé leur cotisations URSSAF le 5 ou le 15 mars 2020, elles ont la possibilité de reporter le paiement de leurs contributions AGIRC-ARRCO.

Pour les entreprises qui avaient déjà déposé leur DSN relative à la période d’emploi du mois de février (DSN le 5 ou 15 mars), pour les entreprises qui règlent leurs contributions par virement bancaire, elles avaient jusqu’au 25 mars 2020 pour modifier le montant de leur règlement a posteriori.

Pour les entreprises qui règlent habituellement leurs cotisations AGIRC-ARRCO hors DSN (par le TESE par exemple), elles peuvent adapter le montant de leur règlement selon leur besoin.

 

Malgré la date dépassée, les entreprises qui n’avaient pas encore déposé leur DSN de février 2020 (DSN le 5 ou 15 mars) pouvaient encore la déposer en adaptant le montant de leur paiement AGIRC-ARRCO (montant de paiement à zéro ou montant représentant une partie des cotisations).

Pour plus de précisions sur les modalités pratiques, les entreprises sont invitées à se rapprocher de leur institution de retraite complémentaire.

 

Pour les entreprises de 9 salariés et moins qui versent leurs cotisations trimestriellement, elles ne sont à ce stade pas concernées par le report de paiement, la prochaine échéance n’intervenant pas avant le 25 avril 2020. Des informations complémentaires de l’AGIRC ARRCO sont attendues prochainement.

 

Quelles sont les contributions concernées ?

Les contributions concernées sont :

− Les contributions de retraite complémentaire AGIRC-ARRCO

− La contribution d’équilibre générale AGIRC-ARRCO

− La contribution exceptionnelle et temporaire (CET) AGIRC-ARRCO

− La cotisation APEC due pour les cadres

 

3. Les mesures fiscales concernant les impôts directs

L’administration fiscale a précisé les mesures exceptionnelles d’urgence mises en place pour accompagner toutes les entreprises en raison de l’impact économique de l’épidémie de Covid-19. Elles y sont éligibles de plein droit et sans pénalités.

 

Le report des échéances d’impôt direct

Les entreprises peuvent demander le report ou l’étalement du règlement des échéances d’impôts directs (acompte d’impôt sur les sociétés, taxe sur les salaires, et – pour les entreprises qui payent ces impôts mensuellement – cotisation foncière des entreprises et taxe foncière) à leur service des impôts des entreprises (SIE) ou, pour les grandes entreprises, auprès de la DGE. Le report de paiement est accordé pour une durée de 3 mois sur la base de l’envoi par courriel du formulaire de demande simplifiée, et donc  sur simple demande et sans justificatif particulier.

En ce qui concerne l’acompte d’impôt sur les sociétés qui était dû au 15 mars 2020, le gouvernement aurait d’ores et déjà décidé d’accorder son report.

Pour les entreprises qui avaient néanmoins déjà réglé leurs échéances de mars, elles ont pu soit faire opposition au prélèvement SEPA y afférent pour les sommes qui n’avaient pas encore été débitées. A défaut, elles pouvaient en demander le remboursement auprès de leur service des impôts des entreprises au moyen du formulaire dédié mis à disposition par la DGFIP, en précisant dans la case « montant » du cadre 1 « acompte déjà payé pour remboursement ».

 

Par ailleurs, les entreprises qui ont un contrat de mensualisation pour le paiement de la cotisation foncière des entreprises (CFE) ou de la taxe foncière (TF) peuvent suspendre les paiements dans l’espace professionnel sur le site impôts.gouv.fr ou en contactant le Centre prélèvement service.

Le montant restant sera prélevé au moment du paiement solde de l’impôt à fin 2020, sans pénalité.

Dans la foire aux questions publiée par le gouvernement, il est précisé que les demandes de report ne concernent que les impôts directs.

Par conséquent, le paiement de la TVA et du prélèvement à la source (PAS) reste dû aux échéances prévues sans décalage de celles-ci.

Le fait qu’aucun report de paiement de la TVA n’est prévu s’explique par le fait que la TVA n’est pas une charge fiscale pour les entreprises qui ne font que la collecter sur les consommateurs.

Le cas échéant, les entreprises qui se verraient dans l’impossibilité d’honorer leurs échéances de déclaration et de paiement de la TVA sont invitées à contacter leur SIE pour trouver une solution adaptée.

Dans les situations les plus difficiles, et à condition de pouvoir le justifier, les entreprises peuvent envoyer une demande de remise d’impôt direct.

Tous les impôts sont concernés à l’exception de la TVA et des taxes assimilées, ainsi que du reversement du prélèvement à la source effectué par les collecteurs et de la taxe spéciale sur les conventions d’assurance (TSCA) qui ne peuvent en aucun cas faire l’objet ni d’une remise, ni d’un report.

Parmi les justificatifs à communiquer dans le formulaire de demande, sont mentionnés les éléments caractérisant l’impossibilité de payer suivants :

  • la baisse du chiffre d’affaires (en précisant le chiffre d’affaires de janvier, février et mars 2020 ainsi que des mois correspondants de l’année précédente) ;
  • l’existence d’autres dettes à honorer (dont il convient de préciser le montant, la nature et l’échéance) ;
  • la situation de trésorerie ;
  • ainsi que tous les autres éléments de nature à justifier la remise.

L’administration a indiqué que ses services apprécieraient de manière stricte le critère de « situation difficile ».

 

Quelle souplesse accordée pour les travailleurs indépendants ?

Les travailleurs indépendants (BIC, BNC, BA) peuvent adapter, à tout moment, leurs taux et acomptes de prélèvement à la source. Pour ce faire, ils doivent revoir à la baisse leur revenu de l’année afin que l’administration fiscale, recalcule, pour l’avenir, le taux de prélèvement et donc le montant des acomptes.

Ils peuvent également reporter le paiement de leurs acomptes de prélèvement à la source sur leurs revenus professionnels d’un mois sur l’autre jusqu’à trois fois (pour les acomptes mensuels) ou d’un trimestre sur l’autre, une seule fois (pour les acomptes trimestriels).

Ces démarches de modulation des revenus ou de report d’acomptes peuvent être effectuées dans leur espace particulier sur le site impots.gouv.fr, rubrique « Gérer mon prélèvement à la source ». Toute intervention avant le 22 du mois est prise en compte pour le mois suivant.

Dans les situations les plus difficiles, les travailleurs indépendants peuvent supprimer temporairement un acompte, mais ce qui aura pour effet simplement de différer le paiement de l’impôt dû, sans l’annuler.

 

4. Le remboursement accéléré des crédits d’impôt sur les sociétés restituables en 2020 et des crédits de TVA

Dans le cadre des mesures d’urgence prises par le gouvernement pour soutenir la trésorerie des entreprises, la DGFIP a dores et déjà donné instructions à ses services d’accélérer les remboursements des créances dues aux entreprises afin de traiter au plus vite, sous quelques jours, les demandes de remboursement des entreprises.

Dans ce cadre, les entreprises peuvent demander le remboursement de leurs crédits d’impôt sans attendre le dépôt de la déclaration de résultat en mai prochain.

 

Quel est le dispositif mis en place, quel crédit d’impôt vise-t-il ?

Une entreprise qui bénéficie d’un ou plusieurs crédits d’impôt restituables en 2020, peut dès maintenant demander le remboursement du solde de la créance disponible, après imputation le cas échéant sur son impôt sur les sociétés dû au titre de l’exercice 2019.

Ce dispositif s’appliquerait pour tous les crédits d’impôt restituables en 2020, notamment CICE et CIR/CII etc. (pour la partie dont le remboursement arrive à échéance cette année), et pour ceux concernant certains secteurs en difficulté comme par exemple :

– le crédit d’impôt pour dépenses de production d’œuvres cinématographiques,

– le crédit d’impôt pour dépenses de production d’œuvres audiovisuelle,

– le crédit d’impôt pour dépenses de production de films et d’œuvres audiovisuelles étrangers,

– le crédit d’impôt en faveur des entreprises de spectacles vivants musicaux ou de variétés,

– le crédit d’impôt pour dépenses de production d’œuvres phonographique,

– le crédit d’impôt en faveur des créateurs de jeux vidéo.

 

Pour cela, les entreprises seraient invitées à se rendre sur leur espace professionnel sur impots.gouv.fr pour télédéclarer :

– la demande de remboursement de crédit d’impôt (formulaire n° 2573),

– la déclaration permettant de justifier du crédit d’impôt (déclaration n° 2069-RCI ou déclaration spécifique, sauf si celle-ci a déjà été déposée antérieurement),

– à défaut de déclaration de résultat, le relevé de solde d’impôt sur les sociétés (formulaire n° 2572) permettant de liquider l’impôt dû et de constater la créance restituable pour 2020.

 

Qu’en est-il des crédits de TVA ?

Bien que la TVA ne fasse pas partie des mesures de report d’échéance fiscale, la TVA peut néanmoins être remboursable lorsque l’entreprise a acquitté davantage d’impôt qu’elle n’en a collecté. Toute entreprise qui souhaite le remboursement accéléré d’un crédit de TVA en 2020 a la possibilité d’en faire la demande à l’administration, en signalant l’urgence.

Les services des impôts des entreprises (SIE) de la DGFiP ont pour consigne de traiter toutes les demandes de remboursement de crédit de TVA avec célérité : cela fait partie des missions prioritaires dans le cadre de leur plan de continuité d’activité.

 

Le zoom sur l’aide de 1500 € accordée par le fonds de solidarité

 

Conformément à ce qui avait était annoncé, l’État, les Régions et certaines grandes entreprises ont mis en place un fonds de solidarité pour aider les plus petites entreprises les plus touchées par la crise : l’ordonnance 2020-317 du 25 mars 2020, qui crée officiellement ce fonds de solidarité qui a notamment pour mission d’accorder une aide directe aux entreprises se trouvant en très grande difficulté en raison de l’épidémie, précise les contours de ce dispositif.

 

Qui est concerné par ce fonds de solidarité financé par l’État et les Régions ?

Sont concernés par cette aide de 1 500 €, les très petites entreprisesindépendants, micro-entrepreneurs et professions libérales qui font moins d’1 million d’euros de chiffre d’affaires ainsi qu’un bénéfice inférieur à 60 000 euros, et qui :

  • subissent une fermeture administrative pour raison sanitaire ;
  • ou qui connaissent une perte de chiffre d’affaires de plus de 70% au mois de mars 2020 par rapport au mois de mars 2019.

Pour les situations les plus difficiles, un soutien complémentaire pourra être octroyé pour éviter la faillite au cas par cas.

Il est prévu pour le mois de mars un budget de 750 millions d’euros de l’Etat pour ces aides exceptionnelles.

L’aide versée aux entreprises ne sera pas imposable.

 

Comment bénéficier de cette aide de 1 500 € ?

Le bénéfice de cette aide est accessible à partir du 31 mars (et jusqu’au 30 avril 2020) en faisant une simple déclaration sur le site de la DGFiP.  Un formulaire de demande sera mis à disposition sur le site impots.gouv.fr comprenant les informations indispensables au traitement de la demande.

Cette demande devra nécessairement être accompagnée des justificatifs suivants :

  • Une estimation du montant de la perte de chiffre d’affaires ;
  • Une déclaration sur l’honneur attestant que l’entreprise remplit les conditions d’éligibilité prévues, l’exactitude des informations déclarées ainsi que de la régularité de sa situation fiscale et sociale au 1er mars 2020 ;
  • Les coordonnées bancaires de l’entreprise.

 

Quelles sont les conditions précises posées au bénéfice de l’aide ?

  • Une vocation d’accessibilité à une large population de petits acteurs économiques :

Le fonds de solidarité est construit pour être accessible à un maximum d’entreprises.

Il donne droit à une aide forfaitaire correspondant à 1500 € ou l’équivalent de la perte de chiffre d’affaires, si elle est inférieure à 1500 € entre le 1er et le 31 mars.

Ainsi, pourraient potentiellement bénéficier de l’aide les entreprises, quel que soit leur statut (société, entrepreneur individuel, association…) et leur régime fiscal et social (y compris micro-entrepreneurs).

Sous réserve de satisfaire les conditions ci-dessous, les indépendants sont aussi potentiellement éligibles.

 

  • Une accessibilité encadrée par de nombreuses conditions :

Le fonds est accessible à toutes les entreprises individuelles et aux personnes morales (à l’exception de celles appartenant à un groupe) remplissant les conditions suivantes :

– L’effectif est inférieur ou égal à dix salariés ;

– L’activité a débuté avant le 1er février 2020 et n’a pas déposé de déclaration de cessation de paiement au 1er mars 2020 ;

– Le chiffre d’affaires hors taxes lors du dernier exercice clos est inférieur à un million d’euros ;

– Pour les professionnels libéraux, le bénéfice imposable au titre du dernier exercice clos est inférieur à 40 000 euros.

 

Ces entreprises devront donc également, par ailleurs, comme il avait été annoncé  :

  • Soit avoir fait l’objet d’une interdiction administrative d’accueil du public entre le 1er et le 31 mars 2020 ;
  • Soit avoir subi une perte de chiffre d’affaires supérieure à 70 % pendant cette période par rapport à l’année précédente (ou, pour les entreprises créées après le 1er mars 2019, par rapport au chiffre d’affaires mensuel moyen sur la période comprise entre la date de création de l’entreprise et le 1er mars 2020) ;

 

Qu’en est-il de la possibilité d’octroi d’une aide complémentaire, sur examen au cas par cas, dans les situations les plus difficiles ?

Ces entreprises pourront bénéficier d’une aide complémentaire forfaitaire de 2000 euros lorsqu’elles emploient au moins un salarié, qu’elles se trouvent dans l’impossibilité de régler leurs créances à trente jours et qu’elles se sont vu refuser un prêt de trésorerie par leur banque.

La demande d’aide complémentaire sera réalisée auprès de la région par voie dématérialisée, au plus tard le 31 mai 2020, selon des modalités qui seront précisées ultérieurement.

Les entreprises devraient pouvoir se rendre sur une plateforme ouverte par la région dans laquelle ils exercent leur activité à compter du 15 avril 2020.

 

Quid de l’incertitude croissante, dans cet environnement économique très mouvant ?

 

D’autres mesures, qui concernent l’immobilier, les crédits, l’environnement fiscal, ou simplement la vie quotidienne des particuliers, auront des conséquences patrimoniales significatives.

En ce temps de crise, l’Etat, mais aussi un certain nombre d’acteurs privés qui s’associent à cette démarche, s’efforcent de mobiliser, déployer et organiser des ressources permettant de faire front et d’assurer une certaine continuité économique. Cela peut ressembler à un véritable plan de sauvetage pour les acteurs les plus fragiles, qui sont dans une situation critique et pour lesquels chaque jour compte sur le plan de la trésorerie.

A ce titre, le mécanisme de garantie de l’Etat des prêts consentis par des établissements de crédit à hauteur de 300 milliards d’euros devrait soulager un certain nombre d’entreprises qui font face à des difficultés croissantes.

Là encore, toutes les entreprises françaises, de toute taille, quelle que soit leur forme juridique y auront potentiellement accès à condition de respecter le cahier des charges et les conditions d’octroi prévues dans l’arrêté du 23 mars : sociétés, commerçants, artisans, exploitants agricoles, professions libérales, micro-entrepreneurs, associations et fondations ayant une activité économique, à l’exception des sociétés civiles immobilières, des établissements de crédit et des sociétés de financement.

Les prêts garantis sont ceux qui sont ceux octroyés entre le 16 mars 2020 et le 31 décembre 2020, c’est-à-dire à partir de la période de confinement. Ces prêts, sont destinés à permettre « de soulager la trésorerie des entreprises et des professionnels qui subissent le choc lié à l’urgence sanitaire ». Il ne s’agit pas là de crédit d’investissement.

Ces prêts pourront être remboursés sur une période allant jusqu’à six ans.

Ces mesures sont à présent opérationnelles suite à la mise en œuvre par BPI France, organisme chargé de la gestion du dispositif de la garantie d’État, d’une plateforme.

Bien entendu, le succès de ce dispositif dépendra aussi du concours des banques qui devront répondre positivement dans la mesure où elles restent les interlocutrices directes et principales des chefs d’entreprise.

Si vous êtes concernés, après l’obtention d’un pré-accord de votre banque, vous pouvez faire une demande d’attestation du prêt garanti  sur le site attestation-pge.bpifrance.