Les marchés financiers prouvent une nouvelle fois leur dépendance aux décisions des banques centrales. L'économie résiste, quant à elle, trés bien.

Le rendez-vous des marchés financiers - Mai 2025

Marchés financiers & économie : les points clés

  • Après les turbulences de la première semaine d’avril, les marchés financiers semblent retrouver un peu de sérénité. La volatilité, mesurée par l’indice VIX, s’est nettement repliée, passant de 52 à 25 points depuis le 9 avril.
  • La Chine affirme sa volonté de renouer le dialogue avec l’administration américaine, dans l’espoir de parvenir à un accord commercial équilibré entre les deux superpuissances économiques.
  • Aux États-Unis, la stagflation s’impose de plus en plus comme un scénario crédible aux yeux des analystes.

Quelles performances sur les marchés financiers ?

  • Conflit entre l'Inde et le Pakistan

Les tensions entre l’Inde et le Pakistan semblent avoir franchi un seuil critique, faisant craindre une dangereuse escalade.
En réponse à l’attentat du 22 avril survenu dans la région du Cachemire indien, New Delhi a mené des frappes ciblées contre ce qu’elle qualifie d’« infrastructures terroristes ». De son côté, l’armée pakistanaise affirme avoir abattu cinq avions de chasse indiens ainsi qu’un drone de combat, marquant une intensification sans précédent du conflit.

Malgré la gravité de la situation et la volatilité potentielle qu’elle pourrait induire, les marchés financiers demeurent, pour l’heure, étonnamment impassibles face à cette montée des tensions militaires entre les deux puissances nucléaires.

  • Marchés actions : une tempête boursière brève, mais d’une rare intensité

La tempête qui a balayé les marchés boursiers début avril fut aussi brève que spectaculaire. Entre le 2 et le 9 avril, dans le sillage des annonces fracassantes de Donald Trump visant à durcir les droits de douane sur les importations américaines, pas moins de 12 000 milliards de dollars se sont évaporés des places financières américaines.

Mais à partir du 9 avril, les grands indices boursiers ont repris leur ascension, amorçant un net rebond. Ainsi, sur l’ensemble de l’année 2025, le S&P 500 affiche un recul limité de 3,1 %. En Europe, la tendance est nettement plus positive : le CAC 40 progresse de 4,5 %, tandis que le DAX 30 s’envole de 16 %. La Bourse italienne, incarnée par le FTSE MIB, grimpe quant à elle de 12 %.

En Asie, la situation est plus contrastée. L’indice chinois Shanghai Composite reste proche de l’équilibre (+0,5 %), tandis qu’en Inde, le Nifty 50 enregistre une hausse de 3 %.

Malgré ce rétablissement rapide, Pierre-Alexis Dumont, directeur des investissements chez Sycomore AM, prévient : « Le mois d’avril restera dans les annales de l’histoire boursière. Certes, l’incertitude fait partie intégrante de la vie des marchés financiers, mais la remise en cause simultanée de plusieurs piliers fondamentaux — la monnaie de réserve mondiale, le libre-échange, l’indépendance de la Réserve fédérale et le statut de valeur refuge des bons du Trésor américain — est sans précédent. »

Si les entreprises devront composer avec un nouvel ordre commercial mondial, les analystes conservent une certaine confiance. Aux États-Unis, les bénéfices des sociétés cotées devraient progresser en moyenne de 16 % en 2025 par rapport à 2024. En Europe, la croissance attendue des profits avoisine les 14 % pour l’année.

Les Performances des marchés financiers
Les Performances des marchés financiers
  • Les tensions se matérialisent aussi sur les marchés obligataires

Les tensions restent vives sur le marché des obligations d’État américaines, un colosse financier pesant près de 29 000 milliards de dollars. Dans un climat marqué par la crainte d’une inflation durable, l’explosion de la dette publique et des politiques commerciales jugées erratiques, les rendements obligataires se sont fortement tendus ces dernières semaines.

Le taux des Treasuries à dix ans s’établit désormais à 4,33 %, contre 2,50 % pour son homologue allemand, le Bund. Ce différentiel traduit non seulement les inquiétudes liées à la trajectoire budgétaire des États-Unis, mais aussi l’anticipation d’un retour des tensions inflationnistes, ravivées par les récentes hausses tarifaires américaines.

Sur le segment des obligations d’entreprises, les primes de risque — ou spreads de crédit — s’élargissent, particulièrement pour les dettes les moins bien notées. Ce mouvement reflète la nervosité des investisseurs face à un environnement devenu plus incertain et potentiellement plus volatil.

  • Coup de froid sur le baril de pétrole

Les prix du pétrole brut ont lourdement chuté, tombant à 60 dollars le baril. À l’origine de cette dégringolade : l’annonce par l’OPEP d’une nouvelle augmentation de la production attendue pour le mois de juin — la seconde en deux mois après celle de mai. Cette décision, représentant un surplus de 411 000 barils par jour, a profondément déséquilibré le marché.

Au sein même du cartel, des tensions couvaient déjà. L’Irak et le Kazakhstan ont récemment excédé leurs quotas de production, fragilisant davantage la cohésion du groupe. Cette nouvelle hausse semble donc être autant un signal politique qu’une réponse économique : une façon pour certains membres de l’OPEP d’affaiblir leurs partenaires les plus indisciplinés.

Mais cette décision est aussi interprétée comme une manœuvre diplomatique à l’égard de Washington, à la veille d’une visite de Donald Trump au Moyen-Orient. En avril, le baril américain a ainsi perdu 18,6 %, sa plus forte baisse mensuelle depuis novembre 2021.

  • L’or, un anxiolytique financier

Face au climat d’incertitude, les investisseurs cherchent à sécuriser leurs avoirs.

Valeur refuge par excellence, l’or suscite donc un engouement croissant, tant auprès des investisseurs privés que de certaines banques centrales désireuses de réduire leur dépendance au dollar. L’once d’or atteint ainsi de nouveaux sommets, franchissant brièvement la barre des 3 500 dollars l’once établi le 22 avril dernier, soit une envolée de près de 40 % en l’espace d’un an.

Le manque de visibilité sur la scène internationale incite les investisseurs à la prudence vis-à-vis des actifs risqués, favorisant les « safe haven ». Par ailleurs, les incertitudes concernant l'indépendance de la Réserve Fédérale américaine exercent une pression à la baisse sur le dollar, rendant l'or plus attractif pour les investisseurs internationaux. Enfin, les banques centrales, en particulier celles des pays émergents, continuent d'accumuler de l'or dans le cadre d'une stratégie de diversification de leurs réserves et de réduction de leur dépendance au dollar.

Donald Trump anesthésie le commerce mondial

Ce premier trimestre a été marqué par un événement majeur : les 100 premiers jours du second mandat de Donald Trump à la Maison-Blanche. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ces débuts ont été pour le moins mouvementés. Pour financer de vastes baisses d’impôts sur le revenu, il a enclenché une véritable guerre commerciale avec les principaux partenaires des États-Unis.

  • Une offensive tarifaire sans précédent

Trump avait donné rendez-vous aux Américains le 2 avril dernier pour célébrer ce qu’il a lui-même baptisé le « Jour de la Libération » (« Liberation Day »), marquée par l’instauration de nouveaux droits de douane massifs sur les importations. Objectif affiché : rééquilibrer la balance commerciale des États-Unis.

La mesure phare ? Un tarif universel de 10 % sur l’ensemble des produits importés aux États-Unis.

Dans le même temps, un système de surtaxes personnalisées a été instauré, ciblant plus durement les pays affichant les déficits commerciaux les plus importants vis-à-vis des États-Unis. Ces taxes varient entre 20 % et 49 %.

Pour l’heure, ces taux sont gelés — à l’exception notable de la Chine. Washington a en effet décidé de frapper un grand coup en imposant une surtaxe de 145 % sur tous les produits chinois entrant sur son territoire. En représailles, Pékin a riposté avec des droits atteignant désormais 125 % sur les biens américains.

  • Négociations tous azimuts : l’art du deal version Trump

Fidèle à sa philosophie exposée dans son livre "The Art of the Deal", Donald Trump semble avoir misé sur une stratégie de confrontation, afin de négocier ensuite en position de force avec ses partenaires commerciaux.

Les dirigeants japonais espèrent trouver un accord avec l’administration américaine avant fin juin sur les droits de douane. La Chine, elle-même, se dit prête à négocier.

Une approche confirmée par Scott Bessent, actuel secrétaire au Trésor, qui a déclaré s’attendre à une « désescalade imminente » du conflit commercial avec la Chine. Des pourparlers sont en préparation, et Donald Trump a d’ores et déjà esquissé une ouverture, annonçant que : « Les droits de douane sur les produits chinois baisseront considérablement… mais ne seront pas ramenés à zéro ».

Les discussions se poursuivent également avec l’Europe, tandis que Washington vient de conclure un accord stratégique avec l’Ukraine portant sur les minerais critiques.

Pour les analystes d’Altitude Investment Manager « ceci implique que la mondialisation des échanges, qui a été le leitmotiv au cours des 80 dernières années, sera continuellement freinée. »

  • Les anticipations de l’OMC

Malgré ces avancées, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) exprime une vive inquiétude face aux orientations protectionnistes de l’administration Trump. Ces mesures font craindre un net ralentissement des échanges internationaux et une fragmentation accrue de l’économie mondiale.

Selon les dernières estimations de l’OMC, le volume du commerce mondial de marchandises pourrait reculer de 0,2 % à 1,5 % en 2025, en fonction de l’ampleur des restrictions douanières effectivement mises en œuvre.

Le repli serait particulièrement marqué en Amérique du Nord, où les exportations pourraient s’effondrer de 12,6 %, tandis que les importations reculeraient de 9,6 %. À l’inverse, l’Asie devrait faire preuve de résilience, avec une croissance modérée mais positive de 1,6 % pour ses exportations comme pour ses importations. L’Europe, de son côté, enregistrerait une remontée timide, estimée à 1,0 % pour les exportations et 1,9 % pour les importations.

Face à ces turbulences, la directrice générale de l’OMC, Ngozi Okonjo-Iweala, a rappelé le rôle central des membres de l’organisation. « Les membres doivent plus que jamais se mobiliser pour redonner de l’élan à l’OMC et garantir des conditions de concurrence équitables à l’échelle mondiale », a-t-elle souligné.

États-Unis : la fin de l’exceptionnalisme américain ?

La théorie de l’exceptionnalisme américain repose sur la place hégémonique que doit occuper les Etats-Unis à travers le monde. Pour David Ross, gérant actions internationales chez La Financière de l'Échiquier (LFDE) cette position est largement mise à mal par la politique initiée par Donald Trump : « Depuis le « Libération Day », les marchés ont commencé à évaluer le risque d’une politique erratique. L’une des forces de l’économie américaine ces 30 dernières années a été sa stabilité, exempte de grands changements de politiques. Aujourd’hui, l’exceptionnalisme américain n’est plus. »

  • L’emploi américain résiste … pour l’instant

Si certains signaux avancés vacillent, la résilience de l’économie américaine demeure. La confiance des consommateurs s’effrite, en témoigne le repli marqué de l’indice du Conference Board, qui a perdu 7,2 points en un mois pour s'établir à 92,9 — un recul plus fort qu’attendu, les analystes tablant sur 93,5.

Cependant, le marché du travail américain affiche une résilience notable. En avril, 177 000 emplois ont été créés dans le secteur non agricole, contre 185 000 en mars. Ce chiffre dépasse nettement les attentes des analystes, qui tablaient sur seulement 138 000 créations, soit un écart favorable de 42 000 postes.

Le taux de chômage, quant à lui, demeure stable à 4,2 %, signe d’une certaine solidité de l’économie malgré un environnement international tendu.

Cependant, quelques ombres viennent ternir ce tableau. La dynamique salariale ralentit, avec une hausse des rémunérations limitée à +0,2 % en avril. Surtout, les chiffres de l’emploi des mois précédents ont été révisés à la baisse : pas moins de 58 000 emplois ont été retranchés des données initialement publiées pour février et mars.

Autre signal préoccupant : le chômage de longue durée progresse. Désormais, 23,5 % des chômeurs sont sans emploi depuis plus de 27 semaines, un indicateur souvent associé à une détérioration sous-jacente du marché du travail.

  • Stagflation : le scénario prend de l’ampleur

Le risque d’un scénario de stagflation — cette combinaison redoutée de stagnation économique et d’inflation persistante — semble désormais plus tangible aux États-Unis. Les craintes des investisseurs sont doubles : d’une part, celles liées à un net ralentissement de la croissance, voire à une récession ; d’autre part, celles relatives aux tensions inflationnistes provoquées par la récente flambée des droits de douane.

En tenant compte des hausses tarifaires annoncées par l’administration Trump, la croissance du PIB américain devrait plafonner à 1,8 % cette année, bien en deçà des 2,7 % anticipés en début d’année. Ce ralentissement marque une rupture brutale dans le cycle économique, et ce, dans un contexte de désordre commercial mondial.

Sur le front des prix, les données les plus récentes offrent un répit relatif. L’inflation sous-jacente (Core CPI), indicateur privilégié de la Réserve fédérale, a fléchi de 3,3 % en janvier à 3,1 % en février, pour atteindre 2,8 % en mars. Mais ces chiffres restent provisoires, car ils ne tiennent pas encore compte des effets potentiels — et difficilement quantifiables à ce stade — de la hausse des droits de douane sur les prix à la consommation. Une incertitude soulignée par Jerome Powell, président de la Fed, qui s’est montré préoccupé par les pressions inflationnistes à venir.

Le ressenti des ménages va dans le même sens. Selon l’enquête de l’Université du Michigan, les anticipations d’inflation à long terme atteignent désormais leur plus haut niveau depuis trois décennies, illustrant une perte de confiance dans la stabilité future des prix.

  • L'inflexibilité de la FED

Pour mémoire, la Fed poursuit un double mandat : contenir l’inflation autour de sa cible de 2 %, tout en favorisant des conditions de plein emploi. Mais la conjoncture actuelle rend l’équation particulièrement délicate. Pour l’heure, le président de la Fed demeure donc inflexible sur une éventuelle baisse de taux, résistant aux pressions politiques et privilégiant une approche rigoureusement fondée sur les données économiques.

David Kohl, chef économiste de Julius Baer, ne cache pas son inquiétude : « Nous relevons à 50 % la probabilité d’une stagnation prolongée dans les mois à venir, réunissant les critères d’une récession. Le renforcement des droits de douane sur les importations américaines accroît les risques de ralentissement, mais il fait aussi grimper les anticipations d’inflation, alimentant un climat d’incertitude sans précédent. Contrairement aux récessions classiques, généralement déflationnistes, ce contexte pourrait déboucher sur une véritable stagflation, marquée par une croissance atone et des tensions inflationnistes persistantes. »

Zone euro : une économie qui résiste, malgré les vents contraires

Bien que le FMI ait revu à la baisse sa prévision de croissance pour la zone euro en 2025 — de 1 % à 0,8 % — les premiers signes conjoncturels de l’année laissent entrevoir une certaine résilience économique. Au premier trimestre, le PIB de la zone euro a progressé de 0,4 %, une performance légèrement supérieure aux anticipations.

  • Un premier trimestre encourageant

Le dynamisme reste contrasté entre les pays. L’Espagne (+0,6 %) et l’Italie (+0,3 %) endossent le rôle de locomotives. En revanche, la France (+0,1 %) et l’Allemagne (+0,2 %) peinent à redémarrer pleinement.

Parmi les principaux indicateurs économiques publiés ces dernières semaines, on peut citer l’indice composite de l’activité globale publié par la Hambourg Commercial Bank (HCOB). Celui-ci s’est replié à 50,1 en avril, son plus bas niveau depuis quatre mois, après 50,9 en mars. Rappelons qu’un indice supérieur à 50 signale une expansion de l’activité, tandis qu’un chiffre inférieur suggère une contraction.

Si l’indice des services est passé en zone de repli (49,7), la surprise est venue du secteur manufacturier : son indice s’est redressé à 51,2, signe d’une reprise modeste mais réelle dans l’industrie.

Par ailleurs, le moral des investisseurs, mesuré par l’indice Sentix, s’est redressé plus vite que prévu. Après une chute brutale en avril à -19,5, consécutive à l’annonce de nouveaux droits de douane américains, il est remonté à -8,1 en mai, bien au-delà des attentes des analystes (-12,5).

Sur le front de l’emploi, le taux de chômage a été révisé à la hausse de 0,1 point en février, à 6,2 %. Toutefois, sur un an glissant, il recule de 0,3 point. En mars, 12,9 millions de personnes étaient sans emploi dans la zone euro, un chiffre en baisse.

  • La BCE poursuit prudemment sa détente monétaire

Malgré les incertitudes croissantes liées aux tensions commerciales et géopolitiques, la Banque centrale européenne poursuit l’assouplissement de sa politique monétaire. Fin avril, elle a procédé à une septième baisse consécutive de ses taux depuis juin 2024, abaissant le taux de dépôt de 0,25 point, à 2,25 %.

Cette décision a été rendue possible par le reflux progressif de l’inflation : celle-ci s’est établie à 2,2 % en mars, un niveau légèrement supérieur à la cible officielle de la BCE, mais en ligne avec la trajectoire de désinflation amorcée depuis plusieurs mois.

Dans ce contexte, la politique monétaire de la BCE n’est désormais plus considérée comme « restrictive ». Elle aurait atteint une zone dite de « neutralité », c’est-à-dire un niveau — estimé entre 1,75 % et 2,25 % — qui ne stimule ni ne freine sensiblement l’activité économique.

La BCE reste toutefois sur ses gardes. Son orientation dépendra largement de l’évolution des données macroéconomiques et de l’environnement géopolitique.

Si les représailles tarifaires de l’Union européenne restent limitées, leur impact inflationniste devrait être marginal. La baisse durable des prix de l’énergie pourrait continuer d’exercer un effet désinflationniste, compensant partiellement les hausses de prix induites par les perturbations commerciales.

Enfin, un ralentissement plus marqué de l’activité économique renforcerait les pressions à la baisse sur les prix, laissant à la BCE une marge de manœuvre en cas de choc conjoncturel.

Christine Lagarde assume pleinement cette prudence stratégique : « La plupart des indicateurs de l’inflation sous-jacente suggèrent un retour durable de l’inflation vers notre objectif de 2 % à moyen terme. Toutefois, les perturbations croissantes du commerce mondial accentuent les incertitudes qui pèsent sur nos perspectives. Dans ce climat d’instabilité exceptionnelle, nous adopterons une approche guidée par les données, en évaluant à chaque réunion la posture appropriée. Aucun engagement ne sera pris par avance quant à la trajectoire des taux. »

Chine : un accord commercial possible avec les États-Unis ?

Alors que de nombreux économistes prévoyaient un ralentissement de la croissance chinoise à 4 %, contre une estimation de 4,6 % formulée en janvier, les dernières semaines ont révélé une vigueur économique inattendue. Au cours du premier trimestre, le produit intérieur brut a ainsi progressé de 5,4 %, surpassant les prévisions de 5,1 % et enregistrant une hausse de 1,2 point par rapport au trimestre précédent. Une performance d’autant plus remarquable que les relations commerciales avec les États-Unis n’ont cessé de se tendre ces derniers mois.

  • Croissance : un souffle inattendu

Ce dynamisme trouve en partie son origine dans l’envolée des exportations, en hausse de 12 % sur un an — un chiffre trois fois supérieur aux anticipations des analystes. Les consommateurs américains, anticipant une augmentation des droits de douane, ont intensifié leurs achats de produits chinois, qui affichent une croissance de 9 %.

Malgré les incertitudes liées à la guerre commerciale, les autorités chinoises se veulent rassurantes. Elles affirment disposer d’un éventail d’outils politiques et d’une marge de manœuvre suffisante pour soutenir l’activité économique.

Depuis le début de l’année, Pékin a ainsi déployé plusieurs mesures destinées à stimuler la demande intérieure. L’une des plus concrètes consiste en l’allocation de 300 milliards de yuans supplémentaires afin de subventionner l’achat de véhicules, de smartphones et d’électroménagers.

Cette semaine, la Chine a annoncé une nouvelle série de mesures destinées à soutenir son économie. La Banque centrale chinoise a ainsi abaissé le taux de réserve obligatoire de 0,5 %, libérant des liquidités pour encourager les prêts. Dans le même élan, le taux appliqué aux premiers achats immobiliers, pour les crédits d’une durée supérieure à cinq ans, a été réduit de 2,85 % à 2,6 %. Par ailleurs, Pékin prévoit d’alléger encore les exigences de réserve imposées aux banques et d’injecter des capitaux dans des secteurs jugés stratégiques, tels que l’industrie, l’innovation technologique et les services.

Mais une ombre significative vient ternir ce tableau : l’indice PMI manufacturier est tombé à 49,0, signalant une contraction de l’activité industrielle — un seuil critique, sous la barre symbolique des 50, et son niveau le plus bas depuis deux ans.

  • Guerre commerciale : le paroxysme des tensions

Les relations commerciales sino-américaines atteignent aujourd’hui un point de rupture. Selon l’Organisation mondiale du commerce, les échanges de marchandises entre les deux puissances pourraient chuter de 80 %.

Washington a imposé de nouveaux droits de douane atteignant un taux prohibitif de 145 % sur les importations chinoises. Pékin a riposté par des surtaxes allant jusqu’à 125 %. Toutefois, les smartphones et les ordinateurs sont exclus de ces nouvelles taxes américaines. Une taxation excessive aurait, en effet, fait grimper le prix moyen d'un IPhone de 1 200 à près de 2 300 dollars.

Il est à noter que les exportations chinoises vers les États-Unis ne représentent que 2 % du PIB de la Chine. En revanche, une part importante de ces biens — terres rares, métaux industriels, panneaux solaires, composants électroniques — demeure difficilement substituable à court terme pour les États-Unis. La Chine pourrait, en parallèle, intensifier ses échanges avec les pays de la région, réorientant ainsi une partie de son commerce.

Dans une manœuvre de représailles, Pékin a suspendu les livraisons de sept terres rares stratégiques. Or, la Chine concentre 70 % de la production mondiale de ces ressources essentielles et fournit près des trois quarts des importations américaines dans ce secteur, ce qui lui confère un levier d’influence considérable.

Néanmoins, les autorités chinoises ont récemment tenté de désamorcer les tensions, déclarant leur volonté d’ouvrir un dialogue avec l’administration américaine afin de parvenir à un accord mutuellement satisfaisant.

Les convictions de Scala Patrimoine sur les marchés financiers

Les cent premiers jours de Donald Trump à la Maison-Blanche, dans le cadre de son second mandat à la présidence des États-Unis, n'ont pas été de tout repos. Les marchés actions ont connu d'importants épisodes de volatilité, des mouvements qui n’ont pas épargné les marchés obligataires.

  • Les marchés actions : la nouvelle politique américaine électrise les marchés

Le mois de mai 2025 s'ouvre dans un climat boursier marqué par une forte instabilité, principalement provoquée par les incertitudes entourant les annonces tarifaires américaines. Les secousses successives sur les marchés actions ont mis en lumière la nervosité ambiante des investisseurs face à l’évolution du contexte géopolitique et économique.

- Une multitude de facteurs d’incertitude pèse sur les marchés

Le rebond observé après le 8 avril a permis d’effacer en grande partie les pertes enregistrées en début de mois, ramenant les principaux indices à des niveaux proches de ceux d’avant les annonces tarifaires. Cette reprise a été favorisée par la suspension partielle de certaines mesures douanières, ainsi que par les déclarations apaisantes de Donald Trump évoquant une possible relance des négociations commerciales avec la Chine.

Cependant, cette embellie reste fragile, plusieurs zones d’ombre continuant de hanter les marchés.

D’une part, le ralentissement économique aux États-Unis. Si la croissance américaine montre des signes d’essoufflement, une décélération plus marquée que prévu pourrait susciter une correction brutale des marchés.

D’autre part, les perspectives des entreprises. Bien que les résultats du premier trimestre aient été globalement satisfaisants — avec une croissance à deux chiffres des bénéfices, tant outre-Atlantique qu’en Europe — les anticipations pour les trimestres à venir demeurent incertaines. De nombreuses entreprises préfèrent suspendre leurs prévisions, faute de visibilité sur l’évolution du contexte macroéconomique.

Enfin, l’impact des mesures tarifaires. Les sociétés les plus tournées vers l’international, en particulier dans les secteurs de l’aéronautique, de l’automobile et du luxe, sont particulièrement exposées. Les groupes européens ne sont pas en reste, eux aussi fragilisés par les tensions commerciales. À ce stade, l’impact réel sur les résultats annuels de 2025 demeure difficile à quantifier.

- Quelle stratégie adopter face à l’incertitude ?

Dans un tel environnement, la prudence reste de mise. Nous recommandons d’adopter une position neutre sur les marchés actions, évitant toute prise de risque excessive à l’heure où la visibilité est réduite et où la menace d’une nouvelle correction plane toujours.

Une diversification judicieuse des allocations s’impose, tant sur le plan géographique que sectoriel, afin de limiter les biais et d’absorber les chocs potentiels. Il conviendrait notamment de rééquilibrer les portefeuilles entre la zone euro et les États-Unis, tout en explorant avec discernement les opportunités offertes par certains marchés émergents — à l’instar de l’Inde, dont les valorisations apparaissent aujourd’hui plus attrayantes qu’il y a six mois.

Concernant la Chine, les marchés semblent anticiper une réduction prochaine des droits de douane actuellement en vigueur, ce qui pourrait être bénéfique aux deux économies. Toutefois, le risque que ces droits demeurent durablement plus élevés que par le passé ne peut être écarté. Couplé à la contraction attendue du commerce mondial et à la dépendance structurelle de la Chine à la demande extérieure, ce contexte appelle à une grande prudence dans toute exposition à ce marché.

  • Les marchés obligataires : un attrait pour les titres européens

Les marchés obligataires n’ont pas échappé aux remous qui ont agité l’ensemble des actifs financiers. Aux États-Unis, le taux souverain à dix ans a enregistré de fortes variations, oscillant entre 4 % et 4,5 %, avant de se replier vers 4,15 %. Ce mouvement erratique traduit l’inquiétude persistante des investisseurs face à une politique monétaire encore incertaine et à un environnement géopolitique instable.

En Europe, en revanche, les obligations ont retrouvé leur statut de valeurs refuges. Et ce, en dépit des récentes annonces de plans de relance budgétaire. Le mois d’avril a vu la courbe des taux s’infléchir durablement, portée par une demande accrue pour les dettes souveraines perçues comme plus sûres.

- Des opportunités sur le marché obligataire européen

L’inflation sur le Vieux Continent semble désormais contenue, ce qui réduit le risque d’une résurgence brutale des tensions inflationnistes. Dans ce contexte, la Banque centrale européenne pourrait poursuivre l’assouplissement de sa politique monétaire. Le taux de dépôt, actuellement fixé à 2,25 %, pourrait prochainement passer sous la barre symbolique des 2 %, offrant ainsi un soutien non négligeable aux obligations européennes.

La relative stabilité des anticipations d’inflation, la solidité de l’euro, ainsi que la lisibilité accrue de la trajectoire monétaire européenne, sont autant de facteurs qui devraient limiter la volatilité sur les marchés obligataires du continent.

- Quelle stratégie adopter dans ce contexte ?

Nous maintenons une vision constructive sur les obligations européennes. La maîtrise de l’inflation et le biais accommodant de la BCE créent un environnement favorable aux stratégies de portage, même si les rendements se révèlent désormais moins généreux qu’en 2024.

Dans cette optique, nous privilégions clairement les obligations souveraines européennes par rapport aux Treasuries américains. Ces derniers souffrent d’une trajectoire monétaire plus incertaine et exposent les investisseurs à un risque de change non négligeable.

Sur le segment du crédit, notre préférence va au crédit investment grade européen, dont la solidité et la résilience constituent des atouts majeurs. Les spreads y apparaissent plus stables à court terme que ceux observés outre-Atlantique, rendant le portage toujours pertinent, en particulier sur des maturités intermédiaires et des émetteurs de qualité.

Les obligations financières subordonnées, bien qu’affectées récemment par une montée du sentiment « risk-off », continuent d’offrir un couple rendement/risque attractif. L’élargissement des spreads s’inscrit dans le sillage du repli des actions bancaires, mais les fondamentaux du secteur demeurent sains, portés par une régulation renforcée.

Enfin, nous restons sélectifs sur le segment high yield, que nous ne conservons que sur des maturités courtes et pour les signatures les mieux notées. Ce choix n’est justifié que si l’écart de rendement avec le crédit investment grade compense adéquatement le risque supplémentaire assumé.

  • Les marchés alternatifs : une gestion adaptée aux mouvements boursiers

Dans le cadre de notre approche de gestion prudente et diversifiée, nous continuons de privilégier les stratégies alternatives long/short actions, particulièrement bien adaptées aux environnements marqués par la volatilité, l’incertitude et une forte dispersion des performances.

Les marchés actuels, soumis à des rotations sectorielles rapides et à des réactions parfois vives aux annonces politiques, économiques ou monétaires, constituent un terrain fertile pour ces approches souples et opportunistes.

Les stratégies long/short se distinguent par leur capacité à capitaliser sur les inefficiences du marché : elles permettent aux gérants de prendre des positions longues sur des titres jugés sous-évalués, tout en se positionnant à la baisse sur ceux estimés surévalués. Cette double exposition confère à ces stratégies une résilience précieuse, en offrant à la fois un potentiel de performance dans des contextes porteurs, et une protection contre les phases de correction.

Dans un environnement aussi complexe que celui que nous connaissons actuellement, cette flexibilité devient un atout stratégique. Les stratégies long/short actions permettent en effet une décorrélation bienvenue vis-à-vis des indices traditionnels, ce qui en fait un complément pertinent dans une allocation d’actifs soucieuse de réduire la volatilité globale du portefeuille tout en conservant des moteurs de performance.

  • Les Produits structurés : un placement sur-mesure

Nous conservons une vue favorable sur les produits structurés, qui offrent une exposition maîtrisée aux marchés financiers, tout en permettant de moduler à la fois le niveau de risque et le rendement cible selon les objectifs de l’investisseur.

Les périodes marquées par une volatilité accrue, comme celle que nous traversons actuellement, ouvrent des fenêtres d’opportunité particulièrement attractives pour ce type d’instruments. Ils peuvent être conçus pour tirer parti de la nervosité des marchés, tout en intégrant des mécanismes de protection partielle du capital ou des barres de rendement conditionnel.

En plus de leur vocation offensive, les produits structurés peuvent également jouer un rôle défensif, en agissant comme outil de couverture. Par exemple, ils permettent de réduire l’exposition directe aux actions tout en conservant un potentiel de performance lié à cette classe d’actifs.

La correction récente de certains secteurs de l’économie américaine — notamment ceux qui avaient jusqu’ici affiché des valorisations tendues — constitue par ailleurs une opportunité d’entrée intéressante pour structurer des produits adossés à ces segments dépréciés.

En définitive, les produits structurés s’affirment comme une alternative de choix pour les investisseurs souhaitant maintenir une exposition aux marchés actions tout en amortissant leur volatilité intrinsèque. Leur souplesse de construction en fait une solution stratégique pour diversifier et optimiser un portefeuille dans l’environnement incertain qui prévaut actuellement.

  • Les Actifs non cotés (Private Assets) : une vision de long terme

L’intérêt des investisseurs institutionnels pour les actifs non cotés continue de croître, malgré un contexte économique marqué par des incertitudes. Cette dynamique, soutenue par la baisse progressive des taux d’intérêt en 2024, oriente également les flux vers des fonds plus accessibles au grand public. Bien que le marché montre des signes d’attentisme, notamment en raison des incertitudes politiques et économiques, nous restons confiants quant au potentiel du private equity.

Les stratégies secondaires demeurent particulièrement attrayantes en raison de leurs opportunités de valorisation prometteuses. Par ailleurs, les fonds de co-investissement restent au cœur de nos priorités, combinant optimisation des rendements et maîtrise des coûts.

Les stratégies de dette privée, telles que la dette mezzanine et le growth buyout, gagnent en popularité pour accompagner les entreprises en phase de croissance. De plus, le capital-risque, en particulier dans les secteurs technologiques et liés à la transition énergétique, connaît un regain d’intérêt, offrant des perspectives captivantes pour les startups innovantes.

- L’allocation conseillée

Pour exploiter pleinement le potentiel des investissements non cotés tout en limitant les risques, nous recommandons une stratégie diversifiée et de long terme. Cette approche inclut :

- Des stratégies secondaires pour leur stabilité et leurs rendements robustes.

- Une exposition au capital-risque, visant des opportunités à haut rendement dans des secteurs innovants.

- Des investissements dans le LBO (Leveraged Buyout) pour tirer parti de l’effet de levier.

- Le growth equity, qui permet de bénéficier de la croissance d’entreprises matures et prometteuses.

- La dette mezzanine, grâce à ses taux attractifs, comme un outil clé de diversification.

Face aux évolutions constantes de l’environnement économique, cette allocation vise à combiner performance et gestion proactive des risques. Nous restons attentifs à l’évolution du marché, tout en capitalisant sur les opportunités qu’il offre, en particulier dans des secteurs stratégiques comme la santé et la transition énergétique.

Nos équipes sont à votre disposition pour échanger sur vos projets d’investissement et évaluer, avec vous, leur intérêt, au regard de l’environnement économique et financier, de la structuration de votre patrimoine et de vos objectifs de vie.

Synthèse de nos convictions sur les marchés financiers
Synthèse de nos convictions sur les marchés financiers