Plan d'épargne retraite (PER) bancaire ou assurance : quel contrat choisir ?
Dans les années à venir, l'un des enjeux majeurs pour les Français sera de disposer d’un revenu suffisant pour assurer leur retraite. Ce défi se pose dans un contexte où les finances publiques sont sous forte pression, pouvant contraindre l'État à revoir à la baisse le montant des pensions. Le Plan d'Épargne Retraite (PER) apparaît dès lors comme un levier indispensable pour constituer un capital ou une rente, venant ainsi compléter les régimes de retraite obligatoires. La réforme de 2019, portant sur les produits d'épargne retraite, s’est d’ailleurs imposée comme un succès incontestable.
Elle a conféré aux nouveaux contrats une souplesse et une flexibilité qui faisaient cruellement défaut aux anciens dispositifs, tels que le Plan d'Épargne Retraite Populaire (PERP) ou le contrat Madelin.
L'an dernier, le PER a conquis plus d'un million de nouveaux adhérents, totalisant des versements à hauteur de 14,7 milliards d'euros.
Depuis son lancement, ce ne sont pas moins de 10,4 millions de contrats qui ont été souscrits, portant l'encours cumulé à 108,8 milliards d'euros, selon les chiffres communiqués par le ministère de l'Économie et des Finances.
Le fonctionnement du Plan d’épargne Retraite
Lancé en octobre 2019, le plan d’épargne retraite remplace progressivement d'autres dispositifs d’épargne retraite, tels que le PERP, le contrat Madelin ou encore le contrat « Article 83 ».
Désormais, le PER se présente en trois formes distinctes :
– Le compartiment individuel (PERin), alimenté par des versements volontaires et le transfert d'anciens contrats comme le PERP, le contrat Madelin, la Préfon, etc. ;
– La partie "collective" (PERE-collectif), qui recueille notamment les primes d’intéressement et de participation, ainsi que l’abondement de l’employeur ;
– Le compartiment obligatoire (PERO), dédié aux cotisations obligatoires versées par le salarié et l’employeur (anciennement l'Article 83).
Avec cette nouvelle configuration, les épargnants peuvent également transférer l’épargne accumulée sur d'anciens plans vers leur nouveau contrat. « L’épargne accumulée au sein d’un PER est entièrement portable d’un contrat à un autre. Cette caractéristique me paraît essentielle, car elle permet aux investisseurs de faire jouer la concurrence entre les différents acteurs à tout moment de la vie du contrat, et non plus seulement avant sa souscription », souligne Thomas Lebel, family officer au sein du multi-family office Scala Patrimoine.
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Les cas de sorties anticipées
Malgré les assouplissements introduits par la réforme de 2019, le PER reste toutefois un produit à horizon long terme, souvent qualifié de « produit tunnel ». « Les souscripteurs ne pourront pas récupérer les sommes versées sur leur contrat tant qu’ils n’auront pas cessé leur activité professionnelle, à l’exception de certains cas de déblocage anticipé prévus par la loi », explique Thomas Lebel.
En effet, la législation permet, dans des circonstances précises, d’accéder de manière anticipée aux fonds investis. Thomas Lebel détaille ces situations : « Elles sont strictement encadrées par la loi. Cela inclut, entre autres, le décès du souscripteur ou de son conjoint, leur invalidité, une situation de surendettement, ou encore l’expiration des droits au chômage. Le dernier cas de déblocage anticipé, cette fois plus heureux, concerne l’acquisition de la résidence principale. »
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PER : un outil pour réduire son impôt sur le revenu
Cinq ans après sa réforme, l'engouement pour le Plan d'épargne retraite (PER) ne faiblit pas. L'une des principales raisons de ce succès réside dans la possibilité offerte aux épargnants de déduire leurs versements volontaires de leur revenu imposable, sous certaines conditions. Cette déduction permet en effet une réduction immédiate de l'impôt sur le revenu. Cette stratégie constitue ainsi un avantage particulièrement attrayant pour les contribuables les plus lourdement imposés.
« Les versements volontaires peuvent être déduits de l'assiette de votre impôt sur le revenu, dans la limite d'un plafond global annuel. Ce plafond est indiqué sur votre avis d'imposition de l'année précédente », explique Thomas Lebel. Il convient également de noter que ces plafonds varient selon votre statut, qu'il s'agisse de salariés ou de travailleurs indépendants.
- Pour les salariés les versements volontaires sont déductibles dans la limite du montant le plus favorable entre :
- 10 % des revenus d’activité de l’année N-1 - retenus dans la limite de 8 plafond annuel de la Sécurité sociale (PASS)
- 10 % du PASS.
- Pour les indépendants, les versements volontaires sont déductibles du bénéfice ou de leur rémunération dans la limite de :
- 10 % des revenus d’activités (retenus dans la limite de 8 PASS) ou 10 % du PASS et 15 % des revenus d’activité de l’année N compris entre 1 et 8 PASS
- ou 10 % du PASS
Concrètement, plus le taux d’imposition sera élevé, plus les économies d’impôts seront importantes.
Exemple : si un salarié verse 15 000 € sur un PER en 2024, son économie d’impôt 2025 sera égale à :
- 6 750 € si votre taux marginal d’imposition est de 45 % ;
- 6 150 € si votre taux marginal d’imposition est de 41 % ;
- 4 500 € si votre taux marginal d’imposition est de 30 %.

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Une flexibilité appréciée
Les investisseurs apprécient également la flexibilité inhérente à ce nouveau dispositif. « Avant la réforme, l'obligation de convertir les économies en rente viagère suscitait des réticences chez certains de nos clients », confirme Thomas Lebel.
Désormais, le PER (Plan d'Épargne Retraite) offre une souplesse inédite quant aux modalités de récupération des fonds accumulés. Contrairement à ses prédécesseurs, tels que le PERP ou le contrat Madelin, qui imposaient une sortie exclusivement sous forme de rente viagère, le PER permet à l’épargnant de choisir entre un retrait en capital — en une ou plusieurs fois —, une sortie sous forme de rente, ou même une combinaison des deux.
« Les investisseurs doivent également garder à l'esprit qu'une option de réversion peut être intégrée au contrat. En cas de décès, une rente sera alors versée au bénéficiaire désigné », précise le family officer.
Malheureusement, depuis le 1er janvier, il n’est plus possible d'ouvrir un plan d'épargne retraite pour un enfant mineur ni d'effectuer de nouveaux versements jusqu'à ses 18 ans.

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Un outil d’aide à la transmission du chef d’entreprise
Le PER présente de nombreux avantages pour les chefs d'entreprise, cherchant à anticiper et optimiser la transmission de leur patrimoine.
Ce contrat leur offre en effet, la possibilité de réaliser des versements volontaires, déductibles des revenus imposables. Des versements qui allègent ainsi immédiatement leur charge fiscale tout en capitalisant pour l’avenir. Dans ce cadre, le souscripteur peut désigner un bénéficiaire en cas de décès, le conjoint ou partenaire pacsé étant souvent privilégié. Ce choix présente un intérêt particulier, car en cas de disparition du titulaire, le capital accumulé sur le PER bénéficie d'une exonération fiscale totale à la sortie, à condition que le plan n’ait pas été liquidé lors du départ en retraite.
Cette exonération post-mortem distingue particulièrement le PER d’autres solutions d’épargne telles que l’assurance-vie. En effet, contrairement à cette dernière, les plus-values réalisées sur un PER échappent aux prélèvements sociaux lors du décès du souscripteur.
Cependant, comme le souligne Guillaume Lucchini, cette stratégie comporte certaines limites. « Cette approche est intéressante, mais elle présuppose que le chef d'entreprise n'aura pas besoin des sommes investies sur le PER au moment de sa retraite ». En d’autres termes, le PER se révèle particulièrement adapté aux entrepreneurs ayant déjà sécurisé d'autres sources de revenus pour leurs vieux jours, et qui peuvent se permettre de laisser ces fonds intacts pour leurs héritiers.
Par ailleurs, Guillaume Lucchini souligne que « l'attrait financier du PER reste circonscrit par les plafonds fiscaux annuels imposés à ce dispositif ». « Le PER s’inscrit donc dans une réflexion plus large et ne saurait, à lui seul, répondre à tous les enjeux liés à la transmission. Il doit donc être utilisé en complément d’autres dispositifs pour maximiser ses bénéfices tout en tenant compte des besoins financiers présents et futurs du souscripteur » prévient le fondateur du multi family office Scala Patrimoine.
Comparaison entre le PER Compte-Titres et le PER Assurance
Le Plan d'Épargne Retraite (PER) peut être souscrit aussi bien auprès d'un grand assureur (PER Assurance) que d'une banque (PER Compte-Titres). Bien que les principales caractéristiques de ces contrats soient similaires — notamment en matière de fiscalité sur les versements, d'objectifs d'épargne et de modalités de sortie — certaines distinctions méritent d'être mises en lumière.
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Une structure de frais différente
Comme l'affirme avec insistance l'Autorité des marchés financiers, « les placements ne sont pas gratuits ». En effet, divers frais sont prélevés par les intermédiaires, tels que les assureurs et les sociétés de gestion. L'impact de ces frais sur le rendement des placements ne saurait être sous-estimé. Une étude menée en 2021 par les sénateurs Albéric de Montgolfier et Jean-François Husson, dans le cadre de la protection des épargnants, a révélé qu'à long terme, près de la moitié du rendement d'un placement pourrait être absorbée par ces frais.
Cette situation est vivement regrettée par Guillaume Lucchini, fondateur du multi-family office Scala Patrimoine : « Le niveau des frais — très élevé — pèse de manière excessive sur la performance des épargnants. C'est pourquoi nous accordons une attention particulière à la structure des frais prélevés sur chaque contrat. À cet égard, il est à noter que les PER Compte-Titres sont souvent moins coûteux que les PER Assurance. »
Les solutions d'investissement offertes par ces deux enveloppes diffèrent également. Seul le PER Assurance propose un fonds en euros, un placement prisé par les Français cherchant à sécuriser leur épargne à l'approche de la retraite, ou souhaitant éviter les risques de perte en capital. En revanche, « le PER bancaire offre un univers d'investissement bien plus diversifié, avec un accès notable aux fonds de private equity », souligne Guillaume Lucchini. Pour les investisseurs à long terme, au profil dynamique, le PER Compte-Titres représente ainsi un attrait indéniable.
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L'attrait du private equity
Le PER Compte-Titres permet un accès élargi au private equity, une classe d'actifs qui favorise l'investissement dans des sociétés non cotées en Bourse. Au cours des deux dernières décennies, le capital-investissement a généré des rendements nettement supérieurs à ceux de l'indice S&P 500. En France, entre 2007 et 2021, la performance annuelle moyenne des fonds de private equity a atteint 12,2 %. Ce chiffre étant largement supérieur à celui d'autres classes d'actifs, comme l'immobilier (6,3 %) ou le CAC 40 (5,1 %).
Historiquement, cette classe d'actifs était réservée aux investisseurs institutionnels. Toutefois, ces dernières années, l'offre s'est enrichie. Elle permet désormais aux particuliers d'y accéder à partir de 100 000 € d'investissement.
Comme le souligne Guillaume Lucchini, « Tout comme le PER, le private equity répond à des enjeux de long terme, sur une durée minimale de dix ans. Tous les éléments sont donc réunis pour un beau mariage. La liberté offerte par le PER Compte-Titres permet de rechercher les meilleurs fonds, sans les contraintes du PER Assurance. Cette flexibilité est d'autant plus cruciale que les performances varient fortement selon la qualité des fonds. »
Dans cette classe d'actifs, le choix des équipes d'investissement est primordial. Celles-ci sont directement responsables de la sélection et de la gestion des investissements. Une équipe expérimentée et compétente peut identifier les opportunités prometteuses et élaborer des stratégies efficaces pour maximiser les performances. Comme l'explique Guillaume Lucchini, « Scala Patrimoine adopte une approche analytique et rigoureuse pour offrir une sélection des fonds d'investissement les plus performants, en privilégiant des fonds de private equity de premier quartile selon les différentes stratégies d'investissement envisagées. »
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Une fiscalité au décès différente
Les règles fiscales varient également selon le type de PER. Pour les PER bancaires, les sommes épargnées font partie de l'actif successoral du défunt et sont donc soumises aux droits de succession classiques. En revanche, dans le cadre d’un PER Assurance, l’épargne est versée aux bénéficiaires désignés dans le contrat. La fiscalité de l'assurance-vie s'applique ainsi, avec des abattements spécifiques selon l'âge du souscripteur.
Si le décès survient avant 70 ans, le PER est exonéré de droits de succession dans la limite de 152 500 € par bénéficiaire. Au-delà de ce montant, un prélèvement de 20 % s'applique, et il est de 31,25 % pour les sommes supérieures à 700 000 €. Il est essentiel de noter que l'exonération s'applique à l'ensemble des contrats (PER et assurance-vie) et non à chaque contrat individuellement.
Lorsque le décès intervient après 70 ans, le capital transmis est soumis aux droits de succession, avec un abattement de 30 500 € par titulaire. Cet abattement est applicable à tous les contrats souscrits (PER et assurance-vie).
Comme l'indique Guillaume Lucchini, « le choix entre un PER Assurance et un PER bancaire dépendra d'un certain nombre de facteurs, notamment les objectifs et les besoins du souscripteur, ainsi que son appétence au risque et son horizon d'investissement. »

Le rendez-vous des marchés financiers - Septembre 2024
Marchés financiers & économie : les points clés
- Les marchés financiers ont subitement décroché début août, à la suite de la publication des mauvais chiffres de l’emploi aux États-Unis, avant de se reprendre.
- La croissance de la zone euro sera vraisemblablement inferieure à celle des États-Unis et des marchés émergents pour les années à venir. Le FMI table sur une croissance de 1,5 % pour la zone euro en 2025, contre 1,9 % pour les États-Unis et 3,2 % pour le reste du monde.
- Lors du symposium de Jackson Hole, Jérôme Powell, le président de la Réserve fédérale, a annoncé une très probable baisse des taux américains en septembre.
Quelles performances sur les marchés financiers ?
Les marchés financiers ont traversé un mois d’août sous haute tension. La publication des chiffres de l’emploi pour juillet aux États-Unis a semé le trouble parmi les investisseurs, en raison de la hausse inattendue du taux de chômage, qui touche désormais 4,3 % de la population active.
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Les marchés actions : Cliffhanger
Cet été, les principaux indices boursiers ont brusquement décroché. Le Nasdaq a perdu plus de 6 % en l’espace de quelques heures. Au Japon, le Nikkei a chuté de 12,4 %, enregistrant ainsi son pire repli depuis le krach de 1987.
En Europe, la baisse fut plus modérée sur les marchés. L’Euro Stoxx 50 a reculé de 2,17 % en une seule séance, tandis que le CAC 40 a terminé avec un repli de 1,42 %. Heureusement, cette « purge » n’aura duré que quelques jours, les marchés ayant rapidement amorcé une reprise.
Cet épisode illustre cependant la nervosité qui agite actuellement les marchés financiers, toujours vulnérables à de nouvelles turbulences. En témoigne la chute de 9,53 % en une seule séance de l’action Nvidia, le spécialiste de l’intelligence artificielle. Cette baisse a effacé 279 milliards de dollars de capitalisation boursière, un record absolu dans l’histoire des marchés !
Depuis le début de l’année, le S&P 500 affiche une hausse de 15 %, l’Euro Stoxx 50 progresse de 6,8 %, tandis que le CAC 40, lui, recule de 1 %.
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La volatilité : Peur sur la ville
En août, la volatilité a fortement augmenté, traduisant l’angoisse qui pèse sur les marchés. Le VIX, communément appelé l’indice de la peur, est ainsi passé de 12 fin juillet à 38 lors de la séance du 5 août. Depuis, l’atmosphère s’est quelque peu apaisée, et l’indice évolue désormais autour de 19.
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Les obligations d’états : Témoin sous protection
Les banques centrales adoptent un nouveau cap. Quelques semaines après la Banque centrale européenne, la Réserve fédérale américaine s’apprête elle aussi à abaisser ses taux directeurs. Le rendement du Bund allemand à 10 ans est tombé à 2,21 %, contre 2,6 % à la fin mai. Aux États-Unis, le taux à 10 ans s’établit à 3,74 % (contre 4,5 % fin mai), tandis qu’en France, le taux de l’OAT 10 ans reste relativement stable à 2,9 % (contre 3,1 % fin mai).
La France bénéficie évidemment de la protection offerte par la zone euro. L’évolution des taux français sera toutefois à suivre de près dans les mois à venir, notamment si la paralysie politique devait perdurer, ce qui pourrait avoir des répercussions sur l’adoption du budget et une éventuelle réduction du déficit public.
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L’or : La folie des grandeurs !
Le précieux métal jaune continue son ascension fulgurante. Le 20 août, le cours de l’once d’or a atteint un nouveau sommet historique à 2 526,07 dollars !
L’or profite d’un environnement économique et politique particulièrement favorable, marqué par des perspectives de baisse des taux, des tensions géopolitiques accrues et des programmes massifs d’achats menés par des banques centrales soumises à des sanctions américaines (Russie, Chine, Turquie…).
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Le cuivre : Plus dure sera la chute
Le cuivre, souvent perçu comme un indicateur avancé de l’état de l’économie mondiale, est sous pression depuis quelques semaines, notamment en raison des incertitudes entourant la croissance chinoise.
Depuis le mois de mai, le prix de « Dr Copper » (copper étant la traduction anglaise du mot cuivre) suit une tendance baissière sur les marchés. Son cours est passé de 5,11 dollars à 4,08 dollars en moins de quatre mois. Pour ne rien arranger, Goldman Sachs a récemment abaissé ses prévisions, fixant son objectif de prix à 10 100 dollars la tonne, contre 15 000 dollars précédemment.
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Le pétrole : Au revoir là-haut
Malgré les tentatives des grands producteurs de pétrole pour enrayer la baisse des cours de l’or noir, rien n’y fait. Sur les six derniers mois, le prix du baril de Brent a chuté de près de 11 %, s’établissant désormais à 73 dollars, bien en deçà des niveaux espérés par les membres de l’OPEP.
Avec le ralentissement de l’économie chinoise et la surproduction américaine, il sera difficile pour l’Arabie Saoudite, l’Iran ou les Émirats arabes unis de relancer les cours du pétrole dans les mois à venir.

Les États-Unis : une croissance en sursis ?
Les interrogations autour de la robustesse de la croissance américaine s’installent doucement mais sûrement. Les optimistes y verront un verre à moitié plein, tandis que les pessimistes affirmeront sans hésitation qu’il est à moitié vide.
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Une croissance plus forte qu’attendue au deuxième trimestre
L'économie américaine, résiliente, déjoue – pour l'heure – les pronostics alarmistes des cassandres. En effet, elle a affiché une progression annuelle de 3 % au dernier trimestre, surpassant les prévisions des analystes qui tablaient sur 2,7 %. Ce chiffre contraste avec la croissance plus modeste de 1,4 % observée au premier trimestre.
Ces performances macroéconomiques encourageantes reposent principalement sur une consommation soutenue et des investissements d’entreprise toujours robustes.
Les dépenses de consommation, qui représentent environ 70 % de l’activité économique, ont crû à un rythme annuel de 2,9 %, au-delà des 2,3 % anticipés. Quant aux investissements des entreprises, ils ont augmenté de 7,5 %, grâce notamment à une hausse de 10,8 % des investissements en équipement.
La confiance des ménages, un autre indicateur clé, s'est redressée en août, passant de 101,9 à 103,3, surpassant les attentes des économistes, qui prévoyaient un léger repli autour de 101.
En outre, la mesure de l'inflation PCE (Personal Consumption Expenditures) est restée en ligne avec les prévisions (+0,2 % sur le mois et +2,5 % en rythme annuel), apportant une touche d’optimisme supplémentaire.
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Un marché de l’emploi sous pression
Malgré ces données rassurantes, les spéculations sur la santé de l’économie américaine persistent. Le spectre de la récession continue de planer dans les esprits.
L’indice ISM manufacturier, baromètre clé de l’activité économique du pays, est ressorti en deçà des attentes, à 47,2, contre 46,8 le mois précédent, alors que les économistes espéraient un rebond à 47,9. L’ISM des services se porte, quant à lui, un peu mieux qu’attendu. Il est sorti à 51,5 en août contre 51,4 en juillet, alors que le consensus était de 51,1
Plus préoccupant encore, les créations d'emplois se révèlent bien plus faibles qu'anticipé. Le département du Travail a révisé à la baisse de 818 000 le nombre d’emplois non-agricoles créés entre mars 2023 et mars 2024, soit une réduction de 0,5 % du total des emplois, marquant l’une des révisions les plus importantes de l’histoire. En moyenne, les créations d’emplois sur cette période s’établissent à 173 000, contre 242 000 attendus.
Les chiffres de l’emploi ADP sont, eux aussi, mal orientés. Le marché anticipait 144 000 créations d’emplois dans le secteur privé pour le mois d’août … pour finalement atterrir à 99 000. La claque est d’autant plus forte que le chiffre se place sous la barre symbolique des 100 000 créations d’emplois.
Parallèlement, le durcissement de la politique monétaire menée par la Réserve fédérale (Fed) a pesé sur la vitalité du marché de l'emploi, avec un taux de chômage en hausse, passant de 4,1 % à 4,3 % en juillet.
Les incertitudes entourant les élections à venir pourraient également freiner la croissance. Le duel entre la démocrate Kamala Harris, qui a succédé à Joe Biden en tant que candidate, et le républicain Donald Trump promet d’être électrique.
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Un nouveau cycle monétaire en préparation
« Le moment est venu », a déclaré Jérôme Powell, président de la Réserve fédérale, lors du symposium de Jackson Hole. Il a ainsi annoncé qu’un ajustement de la politique monétaire était à l’horizon. Une première baisse des taux d’intérêt devrait intervenir dès septembre.
La lutte contre l’inflation, qui est retombée à 2,5 % en juillet, rapprochant ainsi l’économie de l’objectif de 2 %, redonne une certaine marge de manœuvre à la Fed.
Néanmoins, l’ampleur et la rapidité de cette réduction des taux restent incertaines. Jerome Powell a adopté un ton pragmatique : « La direction est claire, mais le calendrier et le rythme des baisses de taux dépendront des données économiques disponibles, de l’évolution des perspectives et de l’équilibre des risques ».
La Fed se trouve face à un dilemme : naviguer avec précaution pour éviter une récession tout en préservant la solidité du marché de l’emploi. Ce discours a rassuré les marchés obligataires, le taux américain à deux ans ayant baissé de 12 points de base. Les investisseurs anticipent au moins deux baisses des taux d’ici la fin de l’année.
Zone euro : une croissance qui restera faible
L’économie de la zone euro avance cahin-caha, offrant un paysage contrasté que la Banque centrale européenne (BCE) doit gérer avec une prudence accrue. Face à des interrogations persistantes sur le rythme des baisses de taux à adopter dans les mois à venir, l'institution se trouve donc dans une situation complexe.
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Une conjoncture économique en demi-teinte
Au deuxième trimestre 2024, le PIB de la zone euro a enregistré une modeste croissance de 0,3 % par rapport au trimestre précédent, selon les estimations d’Eurostat. Cette progression a notamment été portée par la bonne dynamique du secteur des services, avec un indice PMI HCOB qui est passé de 51,9 en juillet à 52,9. Ce niveau rejoint ainsi la moyenne historique de 52,7.
Les indices de confiance de la Commission européenne (CE) ont également dépassé les attentes en août, à la fois pour l'industrie (de -10,4 à -9,7) et pour les services (de 5 à 6,3). Le sentiment économique global (ESI composite) a lui aussi progressé, atteignant 96,6 contre 96,0 le mois précédent.
Sur le front de l'emploi, le chômage dans la zone euro a légèrement reculé en juillet (6,4 % contre 6,5 % en juin), une tendance également observée en Italie (6,5 % contre 6,9 %) tandis qu'il est resté stable en Allemagne à 3,4 %.
Cependant, les fragilités de la zone euro demeurent nombreuses. L’indice PMI, baromètre de la confiance des entreprises, a chuté de 0,8 point pour atteindre 50,1, frôlant ainsi la frontière critique des 50 points qui sépare expansion et contraction. Les entreprises se montrent de plus en plus réservées quant aux perspectives économiques, incertaines et floues.
Autre inquiétude, plusieurs pays de la zone euro, tels que la France, l’Italie et la Belgique, se débattent avec des déficits budgétaires alarmants. Ces nations devront adopter des politiques d’austérité draconiennes pour préserver leurs modèles économiques. Des mesures qui, inévitablement, pèseront sur la croissance globale de la région.
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Vers un nouveau coup de pouce de la BCE ?
Sans surprise, l'inflation continue de ralentir, avec une hausse modérée de 0,2 % sur un mois et de 2,2 % sur un an. En Allemagne, elle a reculé à 1,9 % en août, contre 2,3 % en juillet. En Espagne, elle tombe également à 2,4 %.
Malgré cette baisse de l'inflation, des nuages sombres continuent de planer sur l'économie européenne. Ces difficultés économiques inciteront-elles la BCE à réagir plus vite que prévu ? Lors d'une récente interview, François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, a jugé qu’une nouvelle baisse des taux directeurs en septembre serait « juste et sage », insistant sur la nécessité d'agir sans attendre que l'inflation passe durablement sous la barre des 2 %.
Il a également souligné que les effets des ajustements des taux d’intérêt mettent du temps à se répercuter dans l'économie réelle. Selon ses prévisions, l’objectif d’une inflation à 2 % ne sera probablement atteint qu’au premier semestre 2025 en France, et au second semestre pour l’ensemble de la zone euro.
La France : une économie suspendue aux décisions politiques ?
Depuis la publication des résultats des élections législatives, la France semble plongée dans une impasse politique. Si Michel Barnier a été nommé premier ministre par le président, il s’expose toutefois à une motion de censure par l’Assemblée nationale. Si tel est le cas le Premier Ministre devra alors remettre au président de la République la démission du Gouvernement.
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Un « effet JO » en vue ?
Au deuxième trimestre 2024, le produit intérieur brut (PIB) a timidement progressé de 0,2 %. Toutefois, dans ce climat morose, le secteur des services a connu, en août, sa plus forte croissance depuis plus de deux ans. Cette dynamique est en partie portée par l’enthousiasme autour des Jeux olympiques et une hausse de la demande intérieure.
L’indice des services s’est établi à 55,0 en août, son niveau le plus élevé depuis mai 2022, après avoir déjà atteint 50,1 en juillet.
Malgré ces chiffres encourageants, l’INSEE a exprimé ses préoccupations dans sa dernière note économique. Le recul de l’inflation ne doit, selon l’institution, pas masquer les défis persistants liés à l’emploi et à la faible activité économique.
Comme en Allemagne, l’industrie française continue de souffrir. En août, l'indice PMI manufacturier est ressorti en version définitive à 43,9 contre 44,0 en juillet et un chiffre de 42,1 dans l'enquête préliminaire.
Heureusement, les pressions inflationnistes s’atténuent. En août, l’indice des prix à la consommation a augmenté de 1,9 % sur un an, contre 2,3 % en juillet. Cette baisse est principalement attribuable à un ralentissement marqué des prix de l’énergie. En effet, le coût de l’énergie n’a progressé que de 0,5 % sur un an en août 2024, alors qu’il avait bondi de près de 7 % l’année précédente.
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Une confiance des ménages qui vacille
Bien que la confiance des ménages ait légèrement augmenté, selon l’INSEE (+1 point à 92), elle reste en deçà de sa moyenne de long terme. Toutefois, elle atteint en août son plus haut niveau depuis le début du conflit en Ukraine.
Malgré cette amélioration, le pouvoir d’achat du revenu disponible brut (RDB) des ménages ralentit (+0,2 % après +0,4 %), tandis que leur taux d’épargne continue de grimper, atteignant 17,9 % contre 17,6 % le trimestre précédent. Ce comportement prudent reflète les inquiétudes des Français quant à l’évolution de la situation économique dans les mois à venir.
Hélas, la France dispose de marges de manœuvre limitées pour redresser la situation économique. En raison d’un endettement record, la mise en œuvre de plans de relance ambitieux semble compromise. À la fin du premier trimestre 2024, la dette publique s’élevait à 3 159,7 milliards d’euros, soit 110,7 % du PIB. Cette année, le déficit public devrait atteindre 5,6 % du PIB, dépassant de 1,2 point les prévisions initiales du gouvernement.
L’économie chinoise en eaux troubles
La deuxième puissance mondiale traverse une période de ralentissement économique structurel. Il est désormais illusoire de penser que la Chine pourra un jour renouer avec les niveaux de croissance exceptionnels des années 2000, où le PIB progressait de plus de 8 % par an. Au deuxième trimestre de 2024, le taux de croissance du PIB en rythme annuel a encore reculé, atteignant 4,7 %, contre 5,3 % au trimestre précédent. Malgré ces difficultés, le gouvernement chinois n’a pas annoncé de réformes majeures lors du troisième plénum du Parti communiste.
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Un ralentissement structurel
Les différents indicateurs macroéconomiques témoignent de la fragilité persistante de l'économie chinoise. Au deuxième trimestre, l'activité n'a progressé que de 0,7 % par rapport au trimestre précédent, bien en deçà des prévisions initiales qui tablaient sur 1,1 %, et encore loin des 1,5 % atteints au premier trimestre.
Autre signe inquiétant, l'indice des directeurs d'achat (PMI) publié par le Bureau national des statistiques (NBS) pour le mois de juillet s'est établi à 49,4, signalant une contraction de l'activité.
L'indice des prix à la consommation (IPC), quant à lui, flirte dangereusement avec la déflation depuis plusieurs trimestres. En juin dernier, l'IPC a encore reculé, passant de 0,3 % à 0,2 %.
Selon les données du gouvernement chinois, la production industrielle a ralenti en juillet, n'affichant plus qu'une hausse de 5,1 %, son rythme le plus faible depuis mars 2024. Le PMI manufacturier a encore déçu, chutant de 49,4 à 49,1 en août. Seul le secteur des services semble échapper à cette morosité, avec une légère hausse de 0,1 point, atteignant 50,3.
Pour tenter de relancer l'économie, la Banque centrale de Chine a abaissé plusieurs de ses taux directeurs à la fin du mois de juillet. Le taux des prêts à moyen terme aux établissements financiers a ainsi été réduit de 2,5 % à 2,3 %. Cependant, cette mesure n’a guère eu d’impact notable sur l’activité économique.
Seul point de satisfaction : la production industrielle a progressé en juin de 0,4 % en rythme mensuel, soutenue par la vigueur des exportations, qui ont bondi de 10,7 % sur un an.
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Les ménages chinois ont perdu confiance
L’une des principales causes du faible niveau de croissance réside dans la morosité des ménages chinois. L’indice de confiance des consommateurs, mesuré par le NBS, a atteint son plus bas niveau en 19 mois. En conséquence, les ventes au détail ont reculé de 0,1 % en juin, en variation mensuelle, et n’ont progressé que de 0,5 % depuis le début de l’année. Parallèlement, la croissance des revenus des ménages s'est essoufflée, passant d'une moyenne de 6,9 % sur la dernière décennie à seulement 5,3 % au deuxième trimestre.
Le pays souffre également du désenchantement de sa jeunesse. Le taux de chômage des jeunes a atteint un niveau alarmant de 17,1 % en juillet, révélant les fissures qui fragilisent le modèle économique chinois.
Cette perte de confiance ne pourra être restaurée sans une reprise massive du secteur immobilier, qui pèse à lui seul un quart de l’économie nationale et représente près des deux tiers du patrimoine des ménages.
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L’immobilier en perdition
Le vieil adage « Quand le bâtiment va, tout va » trouve une résonance particulière en Chine, où le secteur immobilier semble désormais délaissé par le gouvernement. Sous la direction du président Xi, la Chine a cherché à freiner la spéculation effrénée sur la pierre. Les précédents plans de relance de l’immobilier avaient entraîné une flambée des prix, un surendettement massif et des constructions dans des zones peu demandées.
Le gouvernement a donc pris des mesures drastiques, demandant aux banques de réorienter leurs prêts vers des secteurs jugés prioritaires, tels que les technologies et les initiatives écologiques, tout en délaissant les domaines « non productifs » comme l’immobilier.
Conséquence directe : les prix de l'immobilier se sont effondrés. L’indice des prix des 70 principales villes, calculé par le NBS, a chuté de 4,5 % en un seul mois, en juin ! Le marché est aujourd'hui presque à l'arrêt. Les ventes de logements ont plongé de 16 % le mois dernier, tandis que les nouvelles constructions ont chuté de 18 %.
La contraction du crédit immobilier continue d'établir des records à la baisse, ce qui aggrave encore la situation.
Malgré la gravité de la crise, le gouvernement chinois ne semble pas encore prêt à prendre des mesures d’envergure pour sauver le secteur de la faillite. Lors du récent plénum, seules quelques mesures timides ont été annoncées, telles que la baisse de 10 points de base des taux directeurs, des opérations de prise en pension à sept jours, et l’application de taux préférentiels à un an et cinq ans.
Les convictions de Scala Patrimoine sur les marchés financiers
La première semaine du mois d'août a été marquée par une chute brutale des marchés boursiers. À titre d’exemple, le Nikkei a enregistré sa plus forte baisse quotidienne depuis le krach de 1987. Depuis, les indices boursiers ont, dans l'ensemble, retrouvé leurs niveaux d’avant-correction. Cependant, bien que l’ampleur de ces fluctuations ne soit pas sans précédent, la volatilité prononcée qui s’installe risque de perdurer, exacerbée par une liquidité particulièrement faible, au-delà des simples effets de saisonnalité.
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Les marchés actions : une diversification des positions
Des opportunités d’achat sur les valeurs technologiques ?
Bien que la volatilité continue de peser sur le moral des marchés financiers, nous maintenons notre positionnement neutre sur les actions, à la lumière des perspectives de baisse des taux, qui se précisent pour le mois de septembre. Ce relâchement monétaire attendu devrait favoriser les actifs risqués, et plus spécifiquement les valeurs de croissance, notamment dans le secteur technologique. Les dernières publications des résultats d’entreprise ont révélé un certain essoufflement de l’engouement autour de l’intelligence artificielle. Pourtant, les entreprises technologiques, en tête desquelles on retrouve Nvidia, actives dans ce domaine, continuent de présenter des fondamentaux extrêmement solides. Nous privilégions toujours ces valeurs, considérant les récentes baisses comme des opportunités d’achat.
Sur le plan économique, la nervosité des marchés financiers a été accentuée par des indicateurs contradictoires de l'économie américaine. Alors que les perspectives du secteur manufacturier redeviennent négatives et que le marché de l’emploi ralentit, la consommation, elle, demeure robuste. Le risque de récession ne peut être écarté, tant l’interprétation de ces signaux reste délicate. Toutefois, certains éléments plaident en faveur d’un scénario de reprise, notamment la trajectoire désinflationniste. Celle-ci, soutenue par des gains de productivité plus rapides que la hausse des salaires, semble désormais solidement ancrée. La baisse des prix contribue à renforcer le pouvoir d’achat des ménages.
Concernant les élections présidentielles américaines, quelle qu’en soit l'issue, le prochain dirigeant devrait continuer à soutenir l'économie.
Les grandes valeurs sont privilégiées
Nous maintenons notre préférence pour une diversification sectorielle, capable d’atténuer l’impact des fortes rotations observées récemment. Nous ne recommandons pas une exposition aux petites capitalisations, malgré leurs valorisations attractives sur les marchés. En dépit de quelques surprises ponctuelles, ces entreprises peinent à retrouver un chemin vers une performance durable, affectées par un environnement qui favorise les leaders des différents marchés et par des problèmes de liquidité persistants. Nous préconisons plutôt de privilégier les valeurs américaines, compte tenu d’un contexte macroéconomique plus favorable qu’en Europe. Une exposition au Japon ou aux marchés financiers émergents, tout en couvrant le risque de change, peut offrir une diversification intéressante. Toutefois, nous conseillons de limiter l’exposition à la Chine, toujours aux prises avec de nombreuses difficultés (dont un record historique de sortie des investissements étrangers de 15 milliards de dollars au deuxième trimestre), et de favoriser des alternatives telles que l'Inde.
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Les Marchés obligataires : un attrait pour les obligations d'entreprise
La Fed change les règles du jeu
Les inquiétudes entourant le ralentissement de l’économie américaine ont considérablement modifié les anticipations quant à l'évolution des taux directeurs de la Réserve fédérale (Fed). Alors que deux baisses de taux étaient envisagées au début de l’été, ce chiffre est désormais porté à quatre pour l’année 2024. Conjuguées à des indicateurs d'inflation qui confirment une détente progressive des prix, ces prévisions ont entraîné une baisse de 57 points de base du taux à 10 ans américain au cours des deux derniers mois. Les taux européens ont emboîté le pas, bien que de manière plus modérée. Le taux à 10 ans allemand a ainsi reculé de 38 points de base sur la même période, tandis que l'écart entre l'OAT française et le Bund allemand est resté stable, avoisinant les 70 points de base.
Outre-Atlantique, la baisse des taux courts a été encore plus marquée, avec un recul d'environ 80 points de base, reflet des nouvelles anticipations de diminution des taux directeurs. L’ensemble des obligations, et notamment les obligations souveraines, a tiré profit de cette tendance. Si les risques de récession venaient à se concrétiser, les banques centrales pourraient être contraintes d’accélérer le rythme de baisse des taux, jusqu’alors particulièrement prudent. Dans un tel contexte, le segment des obligations souveraines à court terme pourrait offrir des perspectives de performance intéressantes si ce scénario se réalise.
L’intérêt des stratégies de portage
La performance de ce marché obligataire dépendra donc à la fois de l’orientation future des politiques monétaires et des prévisions concernant la croissance et l'inflation. Dans l'ensemble, nous continuons de favoriser les investissements dans les obligations d'entreprises, où les stratégies de portage demeurent pertinentes. Bien que les taux de rendement aient globalement diminué, ces actifs offrent toujours des perspectives intéressantes, d’autant que le taux de défaut dans le segment investment grade reste historiquement bas. De plus, la poursuite de la baisse des taux pourrait encore soutenir la performance de ces actifs.
Les obligations subordonnées financières, émises par de grandes banques systémiques européennes, constituent également une source intéressante de diversification. La nature subordonnée de cette dette permet d'obtenir des rendements plus élevés que ceux de la dette senior, tout en étant soutenue par des établissements bancaires dont la solidité financière s'est considérablement renforcée au cours des dix dernières années, grâce à des régulations bancaires plus strictes.
Le segment des obligations à haut rendement ("High Yield") représente également un outil de diversification dans un portefeuille obligataire. Le marché américain, plus vaste et plus profond, offre une prime de risque nettement supérieure à celle du marché européen, bien que le coût de la couverture contre le risque de change doive être pris en compte. Dans cette perspective, nous préconisons de privilégier des maturités courtes, voire très courtes, afin de limiter les risques de refinancement.
Nous adoptons par ailleurs une approche prudente et neutre, car l'incertitude persistante quant aux orientations des politiques monétaires pourrait continuer d’alimenter la volatilité des taux, pesant à court terme sur les valorisations.
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Marchés financiers alternatifs : une position défavorable
Depuis le début de l'année, les stratégies alternatives se sont révélées plus rémunératrices que la classe obligataire. Toutefois, nous privilégions une position long sur les actions et les obligations, en particulier dans un contexte où les taux directeurs s'apprêtent à être abaissés aux États-Unis. Jusqu'à présent, nous avions également favorisé les placements monétaires en raison du couple rendement/risque attractif qu'ils offraient. Cependant, les quatre baisses de taux anticipées par les marchés d'ici la fin de l'année nous rappellent que ces fonds en attente devront progressivement être réorientés vers des classes d'actifs plus lucratives. Dans ce cadre, nous maintenons une position défavorable vis-à-vis des stratégies alternatives.
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Produits structurés : un placement qui s'adapte aux besoins patrimoniaux
Nous continuons de privilégier les produits structurés en raison de leur capacité à s'adapter aux objectifs de rendement des investisseurs, tout en offrant une maîtrise précise de l’exposition au risque souhaitée. Malgré la baisse des taux observée au cours de l'été, ces produits maintiennent des perspectives de rendement attrayantes. Dans ce contexte, la priorité est accordée à une sélection rigoureuse et à une diversification attentive des structures choisies. Il est en effet crucial de comprendre pleinement les mécanismes de ces instruments avant de s’engager, afin d’éviter toute déconvenue. Par ailleurs, ce type de produit peut s’accompagner de frais significatifs. Ainsi, il est essentiel pour tout investisseur désireux de s’exposer à ces actifs d’être bien conseillé et accompagné.
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Private equity & Private debt : des perspectives intéressantes sur le long terme
Une classe d’actifs appréciée des investisseurs institutionnels
L'attrait croissant des investisseurs institutionnels pour les actifs non cotés marque un tournant significatif, préfigurant une expansion des fonds destinés au marché de détail en 2024. Bien que nous privilégions une approche prudente à court terme, notre perspective demeure optimiste quant à l'avenir du capital-investissement. Nous soutenons non seulement les stratégies secondaires, mais également les stratégies de co-investissement et de dette privée.
En outre, nous intégrons activement les stratégies de croissance par rachat (growth buyout), visant les entreprises en phase d'expansion qui aspirent à accélérer leur développement, ainsi que les mécanismes de dette mezzanine, offrant une solution de financement flexible se situant entre le capital propre et la dette senior, afin d'enrichir notre portefeuille et de saisir des opportunités complémentaires dans un paysage économique en constante mutation. Le capital-risque (VC) suscite également un intérêt croissant, promettant des perspectives alléchantes pour le financement de startups innovantes et d'entreprises en phase de démarrage.
Quelle est l’allocation conseillée ?
Pour optimiser un portefeuille, une stratégie diversifiée combinant plusieurs types d'investissements peut s'avérer particulièrement avantageuse. Par exemple, allouer une partie du capital aux investissements secondaires pour garantir une certaine stabilité, tout en investissant une autre portion dans le capital-risque (VC) pour exploiter le potentiel de rendements élevés, dans le LBO pour bénéficier de l'effet de levier, dans le growth equity pour profiter de la croissance des entreprises établies, et dans la dette mezzanine pour tirer parti des taux élevés. Cette approche permet de diversifier les risques tout en maximisant les opportunités de rendement.

Interview de Guillaume Lucchini sur l’investissement dans les courses de chevaux pour Le Figaro
Les Français nourrissent une véritable passion pour les sports hippiques. L’équitation est aujourd’hui le troisième sport le plus pratiqué dans notre pays, derrière le football et le tennis. Pas moins de 11 500 Français possèdent des chevaux de course. Cependant, tous ne remporteront pas le prix de l’Arc de Triomphe, le prix Diane ou le le prix d’Amérique. Et il est rare que les propriétaires gagnent de l’argent dans ce domaine. Le Figaro Magazine a donc mené une enquête pour décrypter les opportunités et les risques liés aux investissements dans le monde hippique. Guillaume Lucchini, associé fondateur du multi family office Scala Patrimoine, a notamment été interrogé.
Les chevaux de course : un retour sur investissement très rare
Chaque année, en moyenne 80 000 chevaux, toutes races confondues, sont échangés sur le marché français. Les prix varient principalement selon la généalogie et les performances des ascendants, les aptitudes physiques, et l'âge de l'animal. Un yearling, c'est-à-dire un cheval d’un an, est vendu selon ses origines entre 30 000 € et 100 000 €. Pour un pur-sang prêt à courir, il faudra débourser une somme proche de 10 000 €. Le prix d’un trotteur se situe plutôt entre 5 000 € et 35 000 €. Les prix peuvent cependant monter très vite lorsque les investisseurs souhaitent acquérir un cheval de très haut niveau. Le cheval le plus cher du monde s’appelle Fusaichi Pegasus, vendu aux États-Unis pour la somme de 70 millions de dollars en 2000.
À cela, il faut ajouter les frais d’entretien, évalués entre 20 000 € et 30 000 € par an. Le propriétaire devra également s’attacher les services d’un entraîneur professionnel et un jockey. Là aussi, le prix varie selon l’expérience et la renommée de ces professionnels. En moyenne, il faut compter une commission de 16 % des gains pour l'entraîneur et 5,5 % pour le jockey.
Hélas, les revenus permettent difficilement de couvrir les charges associées. En moyenne, seulement 40 % à 55 % des coûts annuels sont assurés par les gains en course. Après cinq ou six ans, le cheval pourra cependant être revendu. La reproduction peut aussi constituer une source de revenus complémentaire.
Face au risque associé à cet investissement, le législateur a encadré l’acquisition de chevaux de course en le limitant à ceux disposant d’un revenu annuel de 30 000 € en province et 75 000 € à Paris, ceci afin de pouvoir subvenir aux besoins des équidés.
Ne pas se lancer tête baissée
Comme le souligne Guillaume Lucchini dans les colonnes du Figaro : « Acheter un cheval de course se fait très souvent à plusieurs, entre copains, pour vivre une aventure sympa ». Ce terrain de jeu est aussi réservé aux plus passionnés. « Cet investissement étant principalement alimenté par la passion et l’excitation des courses. C’est avant tout un investissement plaisir, une danseuse. On n’investit pas dans les chevaux si l’on n’aime pas cela » tient également à rappeler l’expert patrimonial.
Avant de se lancer dans un tel projet, il est essentiel de déterminer combien un acquéreur est prêt à investir et de s’assurer qu’il dispose des ressources financières nécessaires pour faire face à de telles dépenses. Il est d’ailleurs primordial de s’entourer de professionnels spécialisés compétents qui joueront le rôle de guides tout au long de cette aventure. Un bon entraîneur pourra par exemple vous conseiller sur les chevaux à acheter, tout comme des vétérinaires spécialisés qui s’assureront de l’état de santé et de la condition physique de l’animal.
Enfin, comme dans tout investissement « plaisir », mieux vaut savoir gérer ses émotions, car comme dans toute compétition sportive, le résultat est soumis à un grand aléa.
Romane Azzopardi : « En France, les fluctuations persisteront tant que les orientations politiques ne seront pas clarifiées »
Au cours du premier semestre 2024, les marchés actions mondiaux, en particulier ceux des États-Unis, ainsi que l'or, ont affiché des performances remarquables. Pourtant, malgré cette dynamique positive, la situation est plus nuancée qu'il n'y paraît. Les nombreuses incertitudes politiques et le ralentissement de l'économie américaine continuent de polariser l'attention des investisseurs. Romane Azzopardi, responsable de la gestion financière au sein du multi-family office Scala Patrimoine, revient sur les événements de ces derniers mois et expose ses perspectives pour le trimestre à venir.
Scala Patrimoine. Quelles sont les conséquences des élections législatives françaises sur les marchés financiers ?
Romane Azzopardi. L'annonce de la dissolution de l'Assemblée nationale, survenue après les élections européennes, a entraîné une chute marquée de plus de 6 % des marchés actions français en moins d’une semaine. Cette baisse fut également accompagnée d'une montée de la prime de risque des obligations souveraines françaises. Le second tour des élections législatives n’ayant, par ailleurs, pas permis de dégager une majorité claire à l'Assemblée nationale, cela alimentera indéniablement les préoccupations politiques pendant une période indéterminée.
Le paysage politique semble s'orienter vers un gouvernement technocratique, considéré comme l'issue la plus probable. Bien que cette perspective puisse sembler relativement bénigne pour la Bourse, il demeure complexe d’évaluer avec précision son impact sur les marchés français. Certains secteurs ont, en effet, été plus affectés que d'autres, et les valeurs les plus exposées au marché domestique continueront de montrer une vulnérabilité accrue.
À court terme, les préoccupations et les fluctuations persisteront tant que les orientations politiques ne seront pas clarifiées. À moyen terme, l’endettement demeurera sans doute l’une des inquiétudes prédominantes des marchés financiers.
Scala Patrimoine. Quelles est la situation économique en zone euro ?
Romane Azzopardi. Au-delà des enjeux politiques, la situation économique dans la zone euro affiche quelques signes encourageants de reprise. La croissance du PIB pour le premier trimestre de 2024 a progressé de 0,3 %, soutenue par une augmentation des exportations nettes et un regain d'activité dans le secteur des services. Cette croissance a également bénéficié d'une amélioration des salaires réels, augmentant ainsi le pouvoir d'achat et stimulant la consommation.
En ce qui concerne l'inflation, bien que la tendance des prix reste préoccupante, la baisse progressive et continue de l'indice des prix à la consommation a contribué à stabiliser l'économie. Une inflation en recul réduit d’abord les coûts pour les entreprises, tout en allégeant la pression sur le pouvoir d'achat des ménages, favorisant ainsi une reprise économique, certes modeste, projetée à 0,8 % pour 2024. La diminution de l'inflation a également permis à la BCE de réduire ses taux directeurs de 25 points de base pour la première fois en deux ans, assouplissant ainsi les conditions financières et ouvrant la voie à d'éventuelles baisses de taux supplémentaires.
« Les derniers indicateurs signalent un affaiblissement de la consommation des ménages américains »
Scala Patrimoine. Doit-on s'attendre à un fléchissement de la consommation des ménages américains ?
Romane Azzopardi. Les derniers indicateurs signalent un affaiblissement de la consommation des ménages américains, l'un des principaux moteurs de l'économie nationale. Cet affaiblissement s'explique notamment par l'épuisement de l'épargne excédentaire accumulée durant la pandémie, avec un taux d'épargne tombé à 3,6 %, en deçà de la moyenne historique. Cet épuisement, couplé à une augmentation des défauts de paiement, y compris sur les crédits immobiliers, exerce une pression financière accrue sur les ménages.
Cette dynamique a conduit à une réduction de la consommation, susceptible d'affecter la croissance de l'activité économique américaine. De plus, le ralentissement récent du marché du travail a entraîné une diminution du rythme de croissance des salaires, impactant directement la consommation. Toutefois, une croissance salariale plus modérée pourrait alléger la pression sur l'inflation, ce qui pourrait inciter la Fed à abaisser ses taux.
Concernant la croissance, les prévisions restent globalement rassurantes avec une projection de 2,7 % pour 2024, selon le FMI. Cependant, les décisions futures de la Fed quant aux taux directeurs seront cruciales pour la dynamique de la croissance américaine.
Scala Patrimoine. Quels sont les principaux points de vigilance pour les mois à venir ?
Romane Azzopardi. L'issue des élections présidentielles américaines, marquées par le retrait de Joe Biden et la tentative d’assassinat sur Donal Trump, et le plan de réduction des déficits français, soumis à la Commission européenne dans les mois à venir, continueront d'alimenter la volatilité à court terme. Le contexte géopolitique, source constante d'instabilité, ajoutera également à cette incertitude.
En second lieu, les décisions monétaires des banques centrales, notamment celles de la Fed et de la BCE concernant leurs politiques de taux directeurs, seront déterminantes.
Troisièmement, nous entrons dans une période cruciale de publication des résultats financiers des entreprises. La capacité des entreprises à maintenir et à préserver leur croissance bénéficiaire sera essentielle pour soutenir les marchés actions.
Enfin, l’exacerbation potentielle des tensions commerciales entre l’Union européenne, la Chine, et possiblement les États-Unis en cas de victoire des Républicains pourrait entraver la reprise du cycle manufacturier attendu en Europe et nuire à la croissance économique globale.
https://www.youtube.com/watch?v=PbRw5z6hJxo
Le rendez-vous des marchés financiers - Juillet 2024
Marchés financiers & économie : les points clés
- Les marchés financiers font face à une montée de l'instabilité politique et géopolitique mondiale, avec la possible arrivée au pouvoir de partis extrêmes et l'intensification des conflits géopolitiques.
- En France, le Front Républicain, allant de La France Insoumise à Renaissance, remporte les élections législatives et est chargé de bâtir le nouveau gouvernement.
- Au Royaume-Uni, le « Labour » a gagné largement les élections législatives. Le chef des travaillistes britanniques Keir Starmer a été nommé Premier ministre par le roi Charles III.
Quelles performances sur les marchés financiers ?
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Grand soleil sur les marchés financiers mondiaux ?
Malgré les tumultes politiques et économiques en France, les marchés actions mondiaux continuent de prospérer, affichant depuis le début de l'année une hausse globale de plus de 12 %.
Actuellement, les actions mondiales se négocient à un ratio cours/bénéfices (PER) de 18,2 sur 12 mois, un niveau supérieur à la moyenne sur dix ans, qui est de 16,3.
Portés par les valeurs technologiques, les États-Unis se placent dans les premières positions. Le S&P 500 s'envole de 16,75 % au cours des six premiers mois de l'année. Le Nasdaq 100, indice regroupant les 100 plus grandes valeurs technologiques américaines, grimpe quant à lui de 22 %.
Une entreprise incarne à elle seule le succès américain : Nvidia. Cette firme spécialisée dans l'intelligence artificielle a vu son cours monter de 166,31 % depuis le 1er janvier !
De l'autre côté de l'Atlantique, en zone euro, l'Euro Stoxx 50 s'apprécie de près de 10,5 % en 2024. En Allemagne, le DAX 30 connaît une augmentation similaire. Le FTSE 100 (Financial Times Stock Exchange), qui regroupe les 100 plus grandes sociétés cotées à Londres, progresse de près de 7 %. En Suisse, le Swiss Market Index s'apprécie de 8 %.
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L’exception boursière française
Depuis l'annonce de la dissolution par Emmanuel Macron, les marchés financiers français ont connu un recul significatif. Entre le 7 et le 21 juin, le CAC 40 a perdu 4,7 %, effaçant ainsi une grande partie des gains accumulés depuis le début de l'année. En 2024, la Bourse de Paris n'affiche donc qu'une timide progression de 2 %. Un autre indicateur de la tension qui règne autour du contexte politique et économique français est l'écart de taux (spread) de l'OAT à 10 ans, qui s'est de nouveau creusé par rapport au taux allemand, augmentant de 23 points de base en deux semaines.
Sur les autres classes d’actifs, le pétrole a grimpé à 87 dollars, en hausse de 10 dollars en moins d'un mois, dans un contexte de tensions entre Israël et le Liban. L'or, quant à lui, se maintient à ses plus hauts historiques, atteignant 2 360 dollars, tandis que le Bitcoin a chuté de 20 % en un mois pour s'établir à 53 000 euros.

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Une alliance hétéroclite chargée de former le nouveau gouvernement Français
En France, les élections législatives, organisées dans la foulée des européennes, ont livré leur verdict. Le Rassemblement national a été battu par le front républicain constitué après le 1er Tour des législatives. Un assemblage hétéroclite, allant de La France Insoumise, dirigé par Jean-Luc Mélenchon, à Renaissance, le parti d'Emmanuel Macron, est ainsi chargé de former le nouveau gouvernement.

Ces résultats peuvent ils rassurer les investisseurs ? Si la formation d'un gouvernement stable pourrait s'avérer longue et complexe, les marchés financiers semblent pour l'instant se satisfaire d'une forme de statu quo. En effet, le gouvernement à venir pourrait bien se révéler « technique » et rencontrer des difficultés à faire passer les mesures les plus controversées.
À ce jour, il est toutefois difficile d'évaluer l'impact des élections françaises sur les marchés financiers. Le futur gouvernement prendra a-t-il des mesures qui rendront la France moins attractive pour les investisseurs internationaux ? La dette du pays va-t-elle s'envoler ? Tout dépendra de la trajectoire budgétaire que la France choisira dans les prochains mois.
Selon les dernières projections macroéconomiques de la Banque de France en juin 2024, la croissance en France devrait atteindre en moyenne annuelle 0,8 % en 2024.
Les USA : l’économie américaine à bout de souffle ?
La croissance de l'économie américaine serait-elle en train d’atterrir en douceur ? C’est ce que les dernières publications économiques semblent suggérer. Le PIB des États-Unis a progressé de 1,4 % en rythme annualisé par rapport aux trois mois précédents, un chiffre nettement inférieur à celui du quatrième trimestre 2023 (+3,4 %).
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L’activité économique avance au ralenti
Plusieurs données économiques récemment publiées aux États-Unis indiquent un ralentissement de l’activité économique.
- Vers une dégradation du marché de l'emploi ?
Tout d’abord, les créations d'emplois dans le secteur privé ont de nouveau baissé. Elles s'élèvent à 150 000 en juin, contre un consensus de 163 000 après 157 000 en mai, selon l'enquête ADP. En considérant l’ensemble des secteurs publics et privés, les créations d’emplois ne dépassent pas les 194 000 pour juin. Les demandes d’indemnités chômage pour la semaine ont également augmenté, atteignant 238 000 personnes, un chiffre supérieur aux attentes. Le chômage était dès lors attendu à 4 % mais il est sorti à 4,1 %.
Autre élément corroborant la thèse du grand ralentissement économique, l'indice des directeurs d'achat (ISM) pour les services a baissé de manière inattendue à 48,8 en juin, contre un consensus de 52,6. Cet indice était de 53,8 en mai. Ce chiffre est particulièrement significatif : en passant sous le seuil des 50 points, l’économie américaine n’est désormais plus en expansion mais en contraction, atteignant son plus bas niveau depuis quatre ans.
Les ventes de détail (+0.1 %) progressent moins qu’attendu (+0.3 %) tandis que les difficultés du secteur de l’immobilier résidentiel se confirme avec des mises en chantier en berne (-5.5% %) et des permis de construire (-3.8 %) en berne. Surtout, les promoteurs immobiliers semblent perdre confiance (de 45 à 43 en juin).
- Les USA continuent à surfer sur l'IA
Heureusement, l’essoufflement de la consommation américaine pourrait être en partie compensé par les investissements massifs prévus tant au niveau étatique qu'industriel, notamment dans la course à l’armement et à l’intelligence artificielle (IA).
Dans le sillage de ces statistiques, le rendement du bon du Trésor américain à 10 ans évolue désormais autour de 4,36 %, soit 40 points de base de moins que fin avril. Selon le CME FedWatch Tool, la probabilité d'un assouplissement monétaire de la Fed en septembre s'élève à 66,5 %.
Ainsi, bien que l’économie américaine montre des signes de ralentissement, les initiatives d'investissement et les anticipations de politiques monétaires pourraient jouer un rôle crucial dans le maintien de la stabilité économique.
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Une baisse des taux de la FED en septembre ?
Il semble de plus en plus probable que Jerome Powell, président de la Réserve fédérale américaine, passera à l'action en septembre. Il n’est en effet pas prévu qu’il réduise les taux de la Fed lors du FOMC Meeting de fin juillet.
Pour l'heure, l'institution américaine préfère maintenir ses taux directeurs inchangés. Contrairement à la Banque centrale européenne, qui a opté pour une baisse des taux, la Réserve fédérale a conservé l'objectif des taux des "fed funds" entre 5,25 % et 5,50 %.
Cette perspective est confirmée par Thomas Friedberger, Directeur général adjoint de Tikehau Capital. « La Fed baissera vraisemblablement ses taux dans les mois qui viennent mais pas aux niveaux où le marché l’anticipait il y a quelques semaines. Il y d’excellentes raisons à cela : les États-Unis subissent des pressions inflationnistes structurelles difficiles à dominer, dues à la démondialisation, à la relocalisation de la production industrielle vers les pays développés et à la mutation du mix énergétique due au moindre accès au gaz russe. Les dépenses de capex sont et vont rester importantes pour financer cette transition et la mise en place d’une nouvelle infrastructure est génératrice de hausse des prix. »
Tandis que les investisseurs, comme à leur habitude, scrutent avec attention les décisions de la Fed, les Américains suivent avec grand intérêt la campagne présidentielle, qui oppose les deux derniers présidents sortants : Donald Trump et Joe Biden.
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Élection présidentielle : l’hypothèse d’un désistement de Joe Biden prend de l’ampleur
La campagne présidentielle américaine prend une tournure des plus inattendues. Le débat entre Joe Biden et Donald Trump, diffusé sur CNN, n’a pas dissipé les doutes concernant l’état de santé du président actuel. Ce dernier est apparu affaibli et en grande difficulté.
La Maison Blanche a dû publier un communiqué pendant le débat pour expliquer que Joe Biden était affaibli par un état grippal. Bien entendu, Donald Trump n’a pas manqué l’occasion de se moquer de son adversaire. Lors de l’échange entre les deux candidats, l’ancien président a déclaré au journaliste présent sur le plateau qu’il « n’avait rien compris à ce que Joe Biden venait de dire et pensait que même Biden ne savait pas ce qu’il disait ». Il a également affirmé que Biden serait « incapable de frapper une balle de golf à plus de 50 yards et encore moins capable de marcher sur 18 trous ».
Les sondages sur les intentions de vote ont rapidement enregistré une hausse de 10 % en faveur de Trump. Nate Silver, l'un des prévisionnistes les plus réputés des élections américaines, a publié sa première estimation pour le scrutin : « En l'état actuel des choses, Trump a 66 % de chances de l'emporter au collège électoral. Évidemment, beaucoup de choses peuvent survenir d'ici novembre. »
Dans le camp démocrate, l’inquiétude est palpable. Les stratèges explorent diverses alternatives : Hillary Clinton, Kamala Harris, la vice-présidente, et Gavin Newsom, le gouverneur de Californie, sont envisagés comme des candidats potentiels.
L’Europe, entre deux eaux
Dans un contexte politique mouvementé, la Zone Euro renoue avec la croissance au premier trimestre 2024 (0,3%). Le spectre d’une récession semble désormais s’éloigner, grâce notamment au dynamisme du secteur des services.
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Un nouveau parlement européen
Les élections européennes récemment tenues n'ont guère perturbé les grands équilibres du Parlement européen. Le taux de participation s'est à peine élevé à 51,07 %.

La droite, incarnée par les conservateurs du Parti populaire européen (PPE), auquel appartiennent les eurodéputés français du parti « Les Républicains », demeure la principale force politique. Le Groupe de l'Alliance progressiste des socialistes et démocrates au Parlement européen (S&D) se positionne en seconde place. En troisième position, on trouve Renew Europe. Le Groupe « Identité et démocratie », comprenant les représentants du Rassemblement national, constitue la cinquième force au sein du Parlement européen.
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Un redémarrage en douceur de l’économie européenne
Le Produit Intérieur Brut (PIB) des 20 pays de la Zone Euro a augmenté de 0,3 % au cours du premier trimestre 2024 par rapport aux trois mois précédents, marquant ainsi une reprise après le recul de 0,1 % enregistré au quatrième trimestre.
Ce regain d’activité est principalement attribué à une accélération des exportations nettes. Du côté de l'emploi, les récentes données sont également encourageantes : le taux de chômage atteint un niveau historiquement bas de 6,4 %. Le taux d'emplois vacants reste stable à 2,9 %, inchangé par rapport au trimestre précédent de 2023, selon les chiffres publiés par Eurostat.
En revanche, des signes préoccupants se manifestent avec le repli de la demande intérieure et un processus de déstockage accru. Les indices PMI manufacturier et des services montrent également des déceptions, avec des baisses respectives de 47,3 à 45,6 et de 53,2 à 52,6.
Cyrus de la Rubia, économiste en chef à la Hamburg Commercial Bank, souligne : « La croissance au sein de la zone euro est largement attribuable au secteur des services. Bien que le secteur manufacturier ait considérablement fléchi en juin, l'activité dans le secteur des services est restée presque aussi robuste qu'au mois précédent ».
Le moral des acteurs économiques semble également affecté, comme le montre l'Indice de Sentiment Économique (ESI) composite qui diminue en juin (95,9 après 96,1). En Allemagne, le climat des affaires selon l'enquête IFO suit cette tendance avec une baisse à 89,0 en juin, contre 90,3 précédemment.
Cet environnement conforte ainsi le scénario d'une reprise économique modérée en Europe pour l'année 2024. Les analystes prévoient désormais une croissance moyenne annuelle comprise entre +0,7 % et +0,8 %.
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La BCE entre en action
La Banque centrale européenne (BCE) opère un virage stratégique en réduisant ses taux d’intérêt de 0,25 point de base, marquant ainsi sa première baisse depuis 2019. Sous la direction de Christine Lagarde, l’institution a abaissé le taux de refinancement de 4,5 % à 4,25 %, tandis que le taux de rémunération des dépôts passe de 4 % à 3,75 %, ajustements significatifs dans le paysage économique actuel.
Malgré cette décision, les anticipations quant à de futures baisses demeurent en suspens. Christine Lagarde a tempéré les attentes des plus optimistes peu après l'annonce, soulignant les incertitudes persistantes : « Il est prématuré d'envisager une seconde baisse pour l'instant. Nous avons besoin de davantage de données pour être certains que les risques d'une inflation dépassant notre objectif soient écartés. Avec un marché du travail robuste, nous disposons du luxe de prendre le temps nécessaire pour recueillir de nouvelles informations », a-t-elle déclaré lors du forum de la BCE à Sintra, au Portugal.
Thomas Friedberger de Tikehau Capital analyse la décision de la BCE en soulignant « que cette institution a choisi de baisser ses taux avant la Fed car la pression inflationniste est moindre en Europe même si l’interruption de l’accès au gaz russe force aussi l’Europe à une couteuse transition du mix énergétique. La BCE essaie aussi de relancer la croissance – problème qui ne se pose pas encore aux USA -, et baissera certainement encore son taux directeur de quelques points de base d’ici la fin de l’année. »
Les convictions de Scala Patrimoine sur les marchés financiers
L'annonce de la formation d'un nouveau Parlement français a suscité des mouvements significatifs sur les marchés boursiers, bien que ceux-ci soient restés principalement circonscrits aux marchés financiers français. Le scénario d'une absence de majorité à l'Assemblée nationale était, de loin, le plus favorable pour les marchés financiers. Au lendemain des résultats, aucune agitation particulière n'a été observée sur le CAC 40, et l'écart de rendement entre les obligations souveraines françaises et allemandes s'est resserré, signe positif pour les obligations françaises.
Néanmoins, l'incertitude persiste. Les défis liés au déficit budgétaire ne pourront être résolus sans la formation d'une coalition majoritaire, une perspective qui semble aujourd'hui improbable. Les actions françaises, déjà fortement impactées depuis l'annonce de la dissolution par Emmanuel Macron, entreront probablement dans une période d'hésitation. Cela incite à une grande prudence, particulièrement vis-à-vis des valeurs dépendantes du marché domestique français.
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Les marchés actions mondiaux gardent le cap
Sur les marchés financiers mondiaux, les valeurs américaines ont poursuivi leur tendance haussière, bénéficiant du climat incertain en Europe. Les entreprises exposées à l'intelligence artificielle ont particulièrement attiré l'attention des investisseurs, portées par une solide saison des bénéfices au premier trimestre et par des perspectives de baisse des taux aux États-Unis.
- Le regard tourné vers les États-Unis
La saison des résultats du deuxième trimestre débute cette fin de semaine avec les premiers bilans du secteur bancaire. Comme en avril, cette période pourrait engendrer de la volatilité en fonction des surprises, positives ou négatives, qui pourraient survenir.
Les prévisions restent toutefois alignées avec celles du premier trimestre, anticipant une croissance bénéficiaire plus marquée aux États-Unis, ce qui devrait soutenir les valeurs américaines. En effet, la récession reste un scénario peu probable selon les analystes, et la bonne résilience de l'économie américaine vient renforcer cette hypothèse.
Les récents signes d'affaiblissement de la consommation et du marché de l'emploi sont, paradoxalement, des indicateurs plutôt positifs : alors que la Fed prévoit une poursuite de la baisse de l'inflation, le ralentissement de la croissance des salaires observé en juin devrait atténuer les pressions inflationnistes sur les services, qui demeurent l'un des principaux contributeurs à l'inflation.
Bien que la baisse des taux anticipée de la Fed devrait être très progressive (avec seulement deux réductions prévues en 2024), la diminution des coûts de financement constituera un facteur de soutien pour les actions.
- Les actions européennes restent en retrait
Les actions européennes ont souffert des instabilités politiques en France et n'ont pas enregistré de progression significative au second semestre. Elles se négocient actuellement à des valorisations légèrement inférieures à leur moyenne des 35 dernières années. Les prévisions de croissance des bénéfices pour 2024 restent positives, autour de 5 %, mais demeurent inférieures à la moyenne mondiale, estimée à environ 8 %. Bien que les récentes publications macroéconomiques aient montré une amélioration de l'élan économique, la faiblesse des perspectives de croissance, les incertitudes politiques en France et l'absence de prévisions de la BCE concernant une nouvelle baisse des taux en raison d'une reprise de l'inflation dans les services pourraient limiter le potentiel haussier des actions européennes.
Les actions des pays émergents ont enregistré au second trimestre une performance deux fois supérieure à celle du trimestre précédent, grâce à la dynamique positive des actions asiatiques (hors Japon), tirées par la performance du marché taïwanais, particulièrement exposé à l'intelligence artificielle. Les marchés émergents ont ainsi surperformé les marchés développés, bien que les actions domestiques chinoises soient restées en retrait.
Notre positionnement demeure neutre sur les actions. Les facteurs de soutien existent, mais la surexposition dans un contexte monétaire et géopolitique incertain nous incite à la prudence. Nous privilégions les grandes capitalisations au bilan solide et aux projections de croissance bénéficiaire robustes. Les petites capitalisations continuent de souffrir d'un environnement de taux défavorable. Nous favorisons les actions américaines, tout en soutenant l'idée que la diversification reste le meilleur atout en période d'incertitude. Les actions émergentes peuvent offrir une source de diversification, à condition de demeurer marginales au sein du portefeuille et de privilégier certains marchés (par exemple, l'Inde par rapport à la Chine).
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Les Marchés financiers obligataires souffrent du manque de visibilité sur les politiques monétaires
En zone euro, malgré la baisse des taux directeurs, les élections parlementaires européennes et l'annonce d'élections anticipées en France ont pesé lourdement sur les obligations souveraines au cours du deuxième trimestre. À l'exception des obligations souveraines américaines, qui ont tout juste réussi à rester en territoire positif, les performances ont été globalement négatives.
- Les banques centrales dépendantes des données économiques
L'impact des anticipations de baisse des taux directeurs sur le marché obligataire tarde à se manifester. Seuls les segments les plus risqués, étroitement corrélés aux marchés actions, ont su tirer leur épingle du jeu, affichant des performances comprises entre 1 % et 1,5 % sur les marchés américains et européens.
Le rythme de baisse des taux directeurs devrait être très lent des deux côtés de l'Atlantique, à la condition toutefois que le scénario d'un ralentissement progressif de l'activité économique se confirme. Les banques centrales demeureront "data dependent", ajustant leurs politiques en fonction des données économiques. Dans ce contexte, il est préférable de limiter la duration des portefeuilles et de se concentrer sur les obligations d'entreprises, où les stratégies de portage semblent les plus prometteuses.
Le crédit de qualité, ou "investment grade", peine à performer dans l'environnement actuel. Toutefois, il offre des taux de rendement attractifs, notamment sur les notations les plus basses de ce segment. En verrouillant ces taux de rendement sur un segment où le taux de défaut est à un point bas historique, on peut sécuriser un niveau de rendement bien plus intéressant qu'il y a 24 mois.
- Une opportunité sur les obligations subordonnées financières ?
Les obligations subordonnées financières, émises par de grandes banques systémiques européennes, représentent également une opportunité de diversification. En effet, la subordination de cette dette offre des rendements plus élevés que la dette senior, tout en étant émise par des établissements bancaires dont le bilan s'est considérablement solidifié au cours des dix dernières années grâce au renforcement de la réglementation bancaire.
Le segment des obligations à haut rendement ("High Yield") constitue un autre outil de diversification au sein de la poche obligataire. Le marché américain, avec un nombre d'émetteurs plus élevé et une prime de risque plus importante qu'en Europe, offre des opportunités intéressantes. Toutefois, le coût de la couverture du risque de change doit être soigneusement pris en compte. Nous suggérons de privilégier des maturités courtes, voire très courtes, afin de limiter le risque de refinancement.
Ainsi, dans un contexte de marché en constante évolution, une approche prudente et bien diversifiée demeure essentielle pour naviguer efficacement à travers les défis et opportunités du marché obligataire
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Marchés financiers alternatifs : une prudence toujours de mise
Depuis le début de l'année, les stratégies alternatives se sont révélées plus rentables que les obligations traditionnelles. Toutefois, nous continuons de privilégier une position « long » sur les actions et les obligations, surtout dans un environnement où les taux pourraient continuer à baisser.
Jusqu'à présent, nous avions également favorisé les placements monétaires en raison du couple rendement/risque attractif qu'ils offraient. Cependant, la première baisse de taux initiée par la BCE nous rappelle que ces supports d'attente devront être progressivement redéployés vers des classes d'actifs plus rémunératrices.
En tenant compte de ces éléments, nous maintenons une position négative vis-à-vis des stratégies alternatives. Nous croyons fermement qu'un rééquilibrage vers des actifs traditionnels, tels que les actions et les obligations, sera plus avantageux à moyen terme, surtout dans un contexte de baisse continue des taux d'intérêt.
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Produits structurés : une analyse des frais très importante
Nous continuons à privilégier les produits structurés en raison de leur adaptabilité aux objectifs de rendement des investisseurs tout en permettant de maîtriser l'exposition au risque souhaitée. Les rendements demeurent attractifs à condition de sélectionner soigneusement les structures adéquates. Comprendre en profondeur le fonctionnement du produit avant de s'engager est crucial pour éviter des écueils inattendus. Il convient de noter que ces instruments peuvent comporter des frais élevés. Ainsi, tout investisseur souhaitant explorer ces opportunités devrait être accompagné de manière avisée. Néanmoins, des opportunités significatives peuvent être saisies à travers une sélection minutieuse de titres et d'indices.
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Private equity & Private debt : la classe d'actifs de long terme
L'intérêt croissant des investisseurs institutionnels pour les actifs non cotés marque un tournant significatif, préfigurant une expansion attendue des fonds dédiés au marché de détail en 2024. Tout en adoptant une approche prudente à court terme, notre perspective reste optimiste quant à l'avenir du capital-investissement. Nous favorisons non seulement les stratégies secondaires, mais aussi les co-investissements et la dette privée. De plus, nous intégrons activement les stratégies de growth buyout, ciblant les entreprises en pleine expansion cherchant à accélérer leur croissance, ainsi que les financements mezzanine, qui offrent une solution de financement flexible entre fonds propres et dette senior, afin d'enrichir notre portefeuille et de saisir des opportunités complémentaires dans un paysage économique en mutation.
Le venture capital (VC) suscite également un intérêt croissant, ouvrant la voie à des perspectives prometteuses pour le financement de startups innovantes et d'entreprises en phase de démarrage.
- L'allocation conseillée
Pour optimiser un portefeuille, il est conseillé d'adopter une stratégie d'allocation diversifiée, combinant plusieurs types d'investissements. Par exemple, allouer une partie du capital aux investissements secondaires pour assurer la stabilité, tout en investissant une autre partie dans le capital-risque (VC) pour bénéficier du potentiel de rendements élevés. De même, allouer des fonds au LBO permet de viser des rendements accrus grâce à l'utilisation de l'effet de levier, tandis que le growth equity offre l'opportunité de participer à la croissance des entreprises établies. Enfin, investir dans des instruments mezzanine permet de profiter de taux de rendement attrayants. Cette approche diversifiée vise à réduire le risque tout en maximisant les opportunités de rendement.

La Suisse : un havre de paix face aux incertitudes politiques et économiques en France ?
Les récentes tensions politiques et la montée des extrêmes en France inquiètent de plus en plus les grandes fortunes françaises. Ces dernières redoutent d'être durement imposées sur leurs revenus et leur patrimoine. Ces préoccupations ont déclenché un intérêt croissant pour des destinations plus sécurisées et propices aux affaires.
Parmi celles-ci, la Suisse se distingue par ses nombreux atouts. Bien que n'appartenant pas à l'Union Européenne, ce pays bénéficie d'un emplacement géographique central en Europe et, surtout, d'un environnement économique dynamique. Au point que les professionnels de la gestion de fortune installés en Suisse sont actuellement submergés d'appels et de demandes de renseignements concernant les modalités de transfert de ces grandes fortunes.
Présent à Paris, à Marseille et à Genève, Scala Patrimoine vous présente les principaux atouts de la Suisse dans l’univers de la gestion de fortune.
1. La Suisse ou les vertus de la stabilité politique et économique
Dans un contexte marqué par de fortes tensions politiques et économiques en France, ainsi que dans d'autres pays européens, la Suisse se place comme un modèle de stabilité économique, politique et sociale. Cette constance permet aux entrepreneurs et aux grandes fortunes de planifier leurs investissements à long terme, sans craindre de changements soudains dans les domaines juridiques, fiscaux ou financiers.
Guillaume Lucchini, associé fondateur de Scala Patrimoine, dont le multi-family office opère en France et en Suisse, confirme ce sentiment. « La rapidité avec laquelle Emmanuel Macron a pris la décision de dissoudre l’Assemblée Nationale après la publication des résultats des élections européennes a surpris beaucoup de Suisses. Une telle instabilité n’est clairement pas dans la culture helvétique », observe-t-il.
Ainsi, la Suisse offre un environnement prévisible et sécurisé, prisé par ceux qui cherchent à protéger et faire fructifier leurs patrimoines loin des aléas politiques et économiques.
2. La solidité de l’architecture bancaire et monétaire
Si la Suisse a longtemps été synonyme de confidentialité bancaire, les banques helvétiques échangent, depuis 2018, automatiquement leurs informations sur les comptes ouverts avec de nombreux pays dont ceux de l'Union européenne. Malgré tout, les établissements helvétiques demeurent toujours soucieux de la confidentialité de leurs informations financières, et ont massivement investi, ces dernières années, sur la protection des données.
« La solidité des régulateurs bancaires suisses est un pilier fondamental de la réputation et de la fiabilité du système financier helvétique » souligne, à ce titre, Guillaume Lucchini, avant d’ajouter : « La Suisse dispose de régulateurs robustes, tels que l'Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (FINMA), qui veillent rigoureusement au respect des normes les plus élevées en matière de transparence, de solvabilité et de gestion des risques. »
Ces régulateurs imposent, il est vrai, des exigences strictes aux établissements financiers, garantissant ainsi la protection des investisseurs et la stabilité du marché. Leur rôle est crucial pour prévenir les crises financières et maintenir la confiance du public et des investisseurs internationaux. Grâce à cette supervision rigoureuse, les banques suisses figurent parmi les établissements les plus sûres au monde, et sont aujourd’hui très bien capitalisées.
Enfin, il convient de souligner la solidité du franc suisse. Une monnaie reconnue comme l'une des plus stables du monde. L’associé fondateur de Scala Patrimoine rappelle d’ailleurs que le France suisse est « souvent considéré comme une valeur refuge en période d'incertitude économique. Une solidité qui met notamment en valeur la robustesse de l'économie suisse, une politique monétaire prudente et la confiance internationale dans le système financier helvétique.
3. L’emplacement stratégique
Situé géographiquement au cœur de l’Europe, La Suisse partage ses frontières avec les principales puissances de l’économie continentale (France, Allemagne, Italie). Cet emplacement stratégique, à proximité des différents marchés européens, propose de nombreux avantages aux entrepreneurs et investisseurs privés situés en suisse.
Avec ses majestueuses montagnes, ses paisibles lacs et une nature florissante à portée de main, la Suisse offre tout d’abord un cadre idyllique pour les amateurs de plein air et les citadins en quête de tranquillité. Le sentiment de sécurité est profondément ancré dans la société suisse, où les taux de criminalité demeurent très faibles. Cette sécurité contribue largement à la qualité de vie des résidents.
Les hôpitaux et les établissements de soin en Suisse jouissent également d'une excellente réputation.
Enfin, sur le plan politique, la Suisse se distingue par sa démocratie directe, où les citoyens participent régulièrement aux décisions politiques par le biais de référendums. Cette implication directe renforce le sentiment de contrôle et d'appartenance à la communauté, contribuant ainsi à un environnement stable et participatif.
Mais au-delà de cette qualité de vie, les Suisses bénéficient également d’un environnement économique financier robuste. Guillaume Lucchini rappelle en effet que « la suisse est un véritable Hub financier qui réunit un ensemble large d’établissements financiers (Banques, cabinets d’avocats, sociétés de gestion), basés principalement à Genève et à Zürich. »
La législation suisse favorise également l'innovation et la croissance économique, créant un climat propice aux affaires. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le pays abrite les sièges de certains des plus grands groupes mondiaux (Adecco, Holcim, Nestlé, Roche, TAG-Heuer, UBS, Swisscom …).
4. L’environnement juridique et fiscal attractif
Réputée pour son système fiscal attrayant, la Suisse offre des avantages significatifs aux investisseurs étrangers.
Avec des taux d'imposition sur le revenu et sur la fortune relativement modérés (même si pour les plus fortunés, les taux peuvent etre très importants), l'exonération des gains en capital et la possibilité pour les résidents étrangers d'opter pour un « forfait fiscal » dans de nombreux cantons, la Suisse représente une destination de choix pour les entrepreneurs et les investisseurs privés. Le « forfait fiscal » permet, en effet, de calculer l'impôt en fonction des dépenses du contribuable plutôt que sur sa fortune ou ses revenus, une méthode particulièrement attrayante pour ceux dont le patrimoine personnel dépasse les 5 millions d'euros.
Pour vous donner un ordre d’idée, dans le canton de Genève, le taux maximum du barème de l’impôt sur le revenu monte à 45 %, contre respectivement 24,9 % et 41,5 % dans les cantons de Schwyz (ville de Schwyz) et de Vaud (ville de Lausanne).
Pour l’impôt sur la fortune, les taux appliqués à ces trois cantons – Genève, Schwyz et Vaud – est dans cet ordre de 1,01 %, 0,79 % et 0,19 %.
Point fort, les droits de donation et succession sur les opérations en ligne directe descendante ne sont pas imposées dans les cantons de Genève et Schwyz. Et ils sont de seulement 7 % dans le Canton de Vaud.
Guillaume Lucchini confirme ce constat : « En combinant une infrastructure de pointe et un environnement fiscal avantageux, la Suisse continue d'attirer les investisseurs qui cherchent à optimiser leur fiscalité tout en s'implantant dans un pays dynamique et innovant. Cette combinaison d'attraits fait de la Suisse non seulement un havre fiscal mais également un lieu propice à l'innovation et à la croissance entrepreneuriale.
5. L’expertise reconnue en gestion de patrimoine des établissements suisses
Les banques suisses jouissent d'une renommée mondiale grâce à leur expertise inégalée en gestion de fortune et en gestion d'actifs. Elles offrent aux investisseurs un accès privilégié à une vaste gamme d'opportunités d'investissement, allant des actions et obligations aux produits plus sophistiqués (Matières premières, placements alternatifs, produits structurés …).
Ces établissements helvétiques ne se contentent pas de briller sur la scène nationale, ils sont également très actifs sur les marchés internationaux. « En intégrant à leur offre des sociétés de gestion européennes, américaines et asiatiques, les banques suisses élargissent constamment leurs horizons et diversifient les options disponibles pour leurs clients. » abonde d’ailleurs Guillaume Lucchini, le dirigeant de Scala Patrimoine qui partage sa vie entre Paris et Genève.
Enfin, les sociétés suisses permettent d'accéder à un choix étendu de fonds de private equity, offrant ainsi des opportunités d'investissement exclusives et généralement difficiles d’accès. Cette diversité et cette profondeur de services sont autant de raisons qui expliquent le succès des banques suisses.
Historiquement, les banques privées suisses ont aussi toujours veillé à aligner leurs intérêts avec ceux de leurs clients. De nombreux établissement étaient ainsi structurés comme des sociétés en commandite simple. Autrement dit, cela signifie que leurs associés sont indéfiniment responsables sur leur fortune personnelle. Certains établissements ont encore aujourd’hui ce statut. C’est notamment le cas de La Banque Bordier, avec laquelle Scala Patrimoine collabore.
L’avis de Scala Patrimoine
Scala Patrimoine dispose d’une expertise reconnue en matière d'investissements transfrontaliers entre la France et la Suisse. Avec des bureaux stratégiquement situés à Genève et à Paris, notre multi family-office bénéficie d’une connaissance approfondie des marchés et des réglementations des deux pays. Notre équipe dédiée assure une gestion patrimoniale sur mesure pour les entrepreneurs, les grands investisseurs et les sportifs de haut niveau, répondant ainsi à chacun de leurs besoins spécifiques.
La licorne Voodoo tente le pari « BeReal »
Éditeur d'applications et de jeux mobiles, Voodoo acquiert le réseau social français BeReal pour un montant pouvant atteindre 500 M€, sous conditions de performance.

BeReal, un réseau social à la française
Crée en 2013, Voodoo s’est notamment fait connaitre en produisant des jeux sur mobile simples et addictifs tels que Helix Jump, Mob Control ou Block Jam 3D. Elle compte aujourd’hui plus de 150 millions d’utilisateurs actifs mensuels. Un succès qui lui a permis d’entrer dans le club des licornes françaises, avec une valorisation dépassant le milliard d’euros.
Pour diversifier ses activités, Voodoo a acquis BeReal, un réseau social prônant « l'authenticité ».
Son mode de fonctionnement est simple : les utilisateurs reçoivent une notification les invitant à publier une photo de leur activité en cours dans un délai de 2 minutes. Ces photos, sans filtre et non retouchées, disparaissent après 24 heures et ne peuvent pas être commentées, réduisant ainsi les risques d’anxiété sociale.
Fondée en 2019 par deux français, Alexis Barreyat et Kévin Perreau, la plateforme revendique plus de 40 millions d'utilisateurs actifs. Celle-ci s’est particulièrement bien développée aux Etats-Unis, au Japon et en France. Mais après deux premières années de forte expansion, BeReal a vu son nombre d’utilisateurs stagner.
Depuis plusieurs mois, les actionnaires de la start-up étaient donc à la recherche d’un second souffle via une nouvelle levée de fonds, après celles de 2021 et 2022 pour un total de 85 M€, ou via un rachat. En se vendant à Voodoo, c’est donc cette deuxième option qui a été privilégiée par les fondateurs.
Un deal à 500 M€, sous conditions
L’acquisition de BeReal par Voodoo se concrétise pour une somme pouvant atteindre 500 M€.
Selon le Journal Les Echos, ce montant est surtout « gonflé » par des bonus hypothétiques. Environ un tiers de cette sommes étant composé de cash et d'échange de titres. Les deux tiers restants sont liés à l'atteinte d'objectifs de rentabilité et de développement.
La majeure partie des sommes en numéraires devraient profiter aux premiers investisseurs : Kima Ventures, Accel, Andreesen Horowitz, Banana Capital ou encore Yuri Milner.
Et qu’adviendra-t-il des deux fondateurs ? Alexandre Yazdi, le CEO et cofondateur de Voodoo, a précisé dans l’émission Good Morning Business de BFM que « les cofondateurs feront une pause, mais assureront une transition à court terme avec le nouveau management ». Aymeric Roffé, actuel dirigeant de Wizz, une autre application de Voodoo, prendra la direction de BeReal.
Alexandre Yazdi espère cependant convaincre les anciens dirigeants « de contribuer au développement de BeReal à l’avenir ».
Un modèle économique encore à trouver
La licorne française a du pain sur la planche. Malgré son succès en termes d’audience, BeReal n’a pas encore trouvé de modèle économique viable. À ce jour, la plateforme ne génère aucun revenu, n'ayant ni publicité ni abonnement.
« Nous savons très bien réaliser cette étape du passage à l'échelle. Nous voulons amener BeReal plus loin en termes de monétisation et de produit » tient toutefois à tempérer le CEO de Voodoo dans le journal Les Echos.
Pour réussir ce pari, le dirigeant mise sur les synergies potentielles entre les deux entreprises. Ce rapprochement devrait renforcer la position mondiale de Voodoo et permettre à BeReal d'accélérer sa croissance grâce à l’expertise et aux technologies de l’éditeur de jeux. L'objectif est d'« améliorer le produit, encourager une utilisation quotidienne et ajouter de nouveaux formats, comme les vidéos ».
Heureusement, Voodoo n’en est pas à son coup essai. La licorne a déjà réussi des intégrations complexes, comme l'illustre l'acquisition et le développement de BeachBum en 2021, un autre studio de jeu. Cependant, ce pari semble cette fois-ci plus audacieux.
Le rendez-vous des marchés financiers - Juin 2024
Marchés financiers & économie : les points clés
- Christine Lagarde, la présidente de la Banque Centrale Européenne (BCE) vient de baisser le principal taux directeur de l'institution européenne de 25 points de base. Le taux de refinancement principal passe de 4,5 % à 4,25 % tandis que le taux de la facilité de dépôt est désormais de 3,75 %, contre 4 % précédemment.
- L'agence de notation américaine Standard & Poor’s a dégradé la note de la dette souveraine française de « AA » à « AA- ». Pour l’instant, cette décision n’a toutefois pas eu d'impact notable sur les taux d'intérêt français à court terme.
- L'activité économique en Zone Euro s'améliore. Le produit intérieur brut (PIB) est en hausse de 0,3% au cours du premier trimestre 2024 par rapport au trimestre précédent. Toutes les grandes économies profitent de cette dynamique.
Quelles performances sur les marchés financiers ?
1. Les marchés actions reprennent leur souffle
Ces dernières semaines, les marchés financiers avancent en ordre dispersé. Au cours des 30 derniers jours, le S&P 500 s’adjuge près de 3 %, tiré notamment par les excellents résultats de la société Nvidia. En Europe, Le CAC 40 lâche 1 % alors que le Dax Allemand gagne 1 %. L’EURO STOXX 50 est lui aussi en hausse de 1 %. L’indice phare japonais, le Nikkei, reprend également des couleurs (+ 1,2 %).
Les marchés indiens sont, de leurs côtés, portés par le succès des réformes mises en œuvre par Narendra Modi depuis son arrivée au pouvoir en 2014. Cette belle dynamique vient d’ailleurs d’être confirmée par la victoire de l'Alliance démocratique nationale dirigée par le Bharatiya Janata Party (BJP) de Narendra Modi lors des dernières élections législatives en Inde. Les dépouillements ont toutefois scellé un avantage moins important que ne le laissaient présager les sondages de sortie des urnes.
Après avoir battu des records historiques, le Nifty 50 a donc chuté de 5,5% et le BSE Sensex, indice de la Bourse de Bombay, de 5 % dans les minutes suivants la publication des résultats. Narendra Modi pourra toujours se consoler avec l’annonce de l'agence de notation Standard & Poor's. Celle-ci a, en effet, revu à la hausse ses perspectives pour l'Inde, passant de « stables » à « positives ». Une décision bienvenue qui pourrait permettre au pays d’améliorer à court ou moyen terme sa note de crédit, et ainsi réduire ses coûts d'emprunt.
Le précieux métal jaune s’adjuge, quant à lui, près de 2 %. L’once d’or s’échange aujourd’hui autour de 2 356 dollars.

2. Les taux des obligations d’état remontent
Les marchés des obligations d’État et du crédit devraient pâtir d’une volatilité plus importante au cours des prochains mois, dans un contexte de changement des politiques monétaires des banques centrales.
Le rendement des Bons du Trésor américains (Treasury Bond) à 10 ans est remonté à 4,50 %. Même son de cloche pour les rendements des obligations d’État allemandes et britanniques à 10 ans qui avoisinent désormais respectivement les 2,6 % et les 4,4 %. En France, le taux OAT 10 ans a franchi le seuil des 3 %.
3. Coup de grisou sur le pétrole
Les prix du pétrole brut ont connu une baisse significative. Le Brent de la mer du Nord a abandonné plus de 10 % depuis avril, glissant sous la barre des 80 dollars à 78 dollars. Une détente qui s’explique notamment par des espoirs accrus de voir les pourparlers visant à obtenir un cessez-le-feu entre le Hamas et Israël aboutir, mais également par la révision à la baisse par l'Agence internationale de l'énergie (AIE) des prévisions de la demande mondiale de pétrole.
La décision de l'OPEP+ de prolonger les réductions de production en cours jusqu’à fin septembre n'ayant pas non plus permis de faire remonter les prix.
4. Les résultats des élections européennes
En France, les élections européennes ont enregistré une participation de 51,5 %. Sept listes ont obtenu un score supérieur à 5 %, leur permettant ainsi d’envoyer des représentants au Parlement européen.
La liste du Rassemblement national menée par Jordan Bardella est arrivée en tête avec 31 % des suffrages exprimés. Elle a devancé la liste « Renaissance » (14,5 %), portée par Valérie Hayer. La liste PS-Place publique est arrivée en 3e position, récoltant 13,8 % des voix. Elle devance ainsi celle de La France insoumise (9,8 % des voix) et des Républicains (7,2 %). Viennent ensuite la liste des Ecologistes représentée par Marie Toussaint et de Reconquête conduite par Marion Maréchal, avec respectivement 5,47 % et 5,46 % des voix.
Dimanche soir, la véritable déflagration politique n'est cependant pas venue des résultats, largement anticipés par les instituts de sondage et par les marchés financiers, mais par la décision du Président de la République de dissoudre l'Assemblée Nationale. De nouvelles élections législatives auront donc lieu les dimanches 30 juin et 7 juillet prochain. Ce coup de poker politique, qui matérialise une période d'instabilité guère appréciée des investisseurs, a heureusement eu un effet limité sur les marchés financiers. Le lendemain de l'annonce, le CAC 40 a terminé la séance sur un repli contenu de 1,3 % à 7893 points. Le Taux OAT 10 ans est, quant à lui, passé de 3,06 % à 3,20 %.
5. La note de la France dégradée
Sans grande surprise, la note de la dette souveraine française a été dégradée par Standard & Poor’s. Celle-ci passant de « AA » à « AA- », soit le 4e échelon sur 23 de leur grille de notation.
L’agence de notation américaine justifie sa décision par la détérioration de la situation budgétaire du pays, avec un déficit plus élevé que prévu en 2023. Selon elle, il est d’ailleurs peu probable que le déficit puisse repasser sous les 3 % du PIB en 2027.
Bruno Le Maire s’est défendu en soulignant que les dérapages budgétaires du pays avaient « sauvé l'économie française : « J'ai sauvé les usines, j'ai sauvé les restaurateurs, j'ai sauvé les hôteliers, j'ai sauvé le monde de l'événementiel, j'ai sauvé des emplois, des compétences, la filière aéronautique ». Il a également tenu à rappeler que les deux autres principales agences - Fitch et Moody’s – ont maintenu la note de la France. Enfin, le ministre des Finances soutient que tout cela n'entravera pas les efforts menés par le gouvernement pour rétablir les finances publiques.
Pour l’instant, cette décision n’a toutefois pas eu d'impact notable sur les taux d'intérêt français à court terme, ni sur les marchés financiers. Sur le marché secondaire, le rendement de l'obligation d'État française à 10 ans se détend légèrement tandis que l'écart avec l'Allemagne augmente, à un peu plus de 47 points de base.
Les Etats-Unis : la fin de l’état de grâce ?
Le broker américain Strategas évalue chaque mois 14 grands secteurs de l'économie US. Faisant preuve d’une certaine prudence, leurs équipes évaluent le risque de récession à 30 % en 2024. Le scénario central demeure toutefois celui d'un atterrissage en douceur (60 % de chances). Un nouveau rebond de l’économie américaine étant jugé peu probable (10 % de chances).
1. Des publications en demi-teinte
« Les mouches seraient-elles en train de changer d'âne » ? Pour reprendre l’une des expressions les plus savoureuses du monde de l'ovalie, la dynamique de l’économie américaine semble s’inverser, depuis le début du mois de mai.
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Le taux de chômage augmente
Le marché du travail qui faisait preuve d’une étonnante résilience marque le pas. Les créations d’emplois ont nettement ralenti en avril, atteignant 165 000 contre plus de 300 000 en mars. Au mois de Mai, l'économie américaine a créé 272 000 postes mais le taux de chômage a légèrement augmenté, passant de 3,9 % à 4 %. Les hausses de salaires se sont également tassées.
Le secteur immobilier est lui aussi concerné par ce ralentissement. Les permis de construire de maisons individuelles ont reculé pour le troisième mois consécutif et la confiance des promoteurs immobiliers s’érode. Les indices ISM, consacrés aux activités manufacturières et de services, sont passés sous la barre des 50. Tandis que l’indicateur avancé du Conference Board mesurant la confiance des consommateurs américains s’est une nouvelle fois détérioré.
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une croissance plus faible
Enfin, la solidité du système bancaire américaine interroge. Un rapport publié par La Federal Deposit Insurance Corporation, une agence indépendante, souligne que 63 banques américaines, principalement des établissements régionaux, se trouveraient au bord du défaut de paiement.
Dans ces conditions, la hausse du PIB de 3,4 % au quatrième trimestre 2023 apparait bien loin. Selon les estimations du Bureau of Economic Analysis, le PIB réel américain devrait augmenter de 1,3 % en rythme annualisé au premier trimestre, un chiffre qui est même inférieur aux 1,6 % initialement prévus.
Ces dernières publications vont-elles contraindre la FED à réagir rapidement ? Il semble à ce stade prématuré d’en déduire une nouvelle tendance, surtout que l’inflation mesurée par l’indice PCE (+ 2.7% en rythme annuel) est en ligne avec les attentes en avril. Sur un mois, l'indicateur privilégié par la Fed s'affiche à 0,3%.
2. Une première baisse de taux en septembre ?
Les pressions inflationnistes se tarissent. Pour la première fois depuis plusieurs mois, celles-ci n’ont pas été supérieures aux anticipations. L'inflation dite sous-jacente, qui exclut les prix volatils de l'alimentation et de l'énergie, se stabilise sur un an, à 2,8 %. Pour rappel, la banque centrale américaine (Fed) a pour objectif de la ramener à 2 % en 2026.
Au cours des prochaines semaines, la Fed devrait donc continuer à jouer la montre. Aucune annonce n’est prévue lors de la prochaine réunion des 11 et 12 juin. Une position confirmée par Le président de la Fed de New York, John Williams : « Je ne ressens aucune urgence ni besoin de me presser pour prendre une décision maintenant. Les choses vont dans la bonne direction ».
Comme de nombreux suiveurs, les analystes de Strategas anticipent plutôt une première baisse des taux de la Réserve fédérale américaine en septembre. D’ici la tous les regards seront tournés vers la campagne des élections présidentielles opposant Donald Trump et Joe Biden.
3. Un contexte politique sous haute tension
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Explosion de la dette fédérale
Les résultats de l’élection présidentielle américaine qui se tiendra en novembre prochain auront de fortes répercussions sur le budget étatique. En cas de victoire, le camp républicain compte bien réduire les impôts, tandis que les démocrates seraient tentés de les augmenter pour financer de nouvelles dépenses.
Dans les deux cas, les programmes présentées mèneront à des taux d’intérêt plus élevés. De telles décisions politiques auront bien évidemment des conséquences sur les marchés financiers. Les analystes estiment, en effet, que la dette fédérale américaine est sur une trajectoire insoutenable à long terme.
Goldman Sachs vient d’ailleurs de réviser à la hausse son estimation du déficit budgétaire fédéral pour cette année. Cette dette atteindra près de 1 800 milliards de dollars, soit 100 milliards de dollars de plus que précédemment estimé.
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Passe d’armes entre la Chine et les États-Unis
Le torchon brule entre la Chine et les États-Unis. Le président américain Joe Biden souhaite tout simplement tripler les droits de douane sur les importations d’acier et d’aluminium chinois. Une mesure qui doit, selon lui, « protéger les industries américaines de l’acier et de la construction navale contre les pratiques déloyales de la Chine ». Ces droits de douane sont actuellement de 7,5 % en moyenne.
Cette annonce est cependant à relativiser. Les importations américaines d’acier chinois ne représentent, en effet, que 0,6% de la demande américaine totale d’acier.
En parallèle, les États-Unis ont également annoncé, avec le Royaume-Uni, la prolongation de l’interdiction faite aux bourses d’échange de métaux d’accepter de l’aluminium, du cuivre et du nickel produits par la Russie, tout en interdisant l’importation de ces métaux. Le pays de l’Oncle Sam préparent également, en compagnie de l’Union Européenne, de nouvelles sanctions contre l’Iran en réponse à son programme de missiles et de drones.
La Zone Euro : après la pluie vient le beau temps ?
Malgré le rebond de ce début d’année, la Banque Centrale Européenne (BCE) anticipe une croissance économique atone à court terme pour la Zone Euro, en raison de conditions de financement restrictives et de la faiblesse de la confiance. Le PIB devrait ainsi croître de 0,6 % en 2024, de 1,5 % en 2025 et de 1,6 % en 2026.
1. Le ciel se découvre
Selon Eurostat, le produit intérieur brut (PIB) dans la zone euro est en hausse de 0,3% au cours du premier trimestre 2024 par rapport au trimestre précédent. Toutes les grandes économies renouent avec la croissance. Le PIB de la France a, en effet, augmenté de 0,2% au premier trimestre 2024 par rapport au trimestre précédent. L’Allemagne progresse de 0,2 % également, l’Italie de + 0,3 % et l’Espagne de +0,7 %.
Les signaux sont donc au vert. Les agents économiques retrouvent de la confiance. Les différents indices mesurant leur état d’esprit progressent légèrement en mai (de 95.6 à 96).
Le PMI de la zone euro grimpe aussi de + 0,6 point par rapport au mois précédent, atteignant son plus haut niveau en un an à 52,3, grâce à une forte demande dans les services et une amélioration dans le secteur industriel.
Autre bonne nouvelle, le taux de chômage se stabilise à 6,5 % en mars, proche de ses plus bas historiques. Une situation qui met les salariés en position de force. Selon la BCE, les salaires négociés ont bondi de + 4,7 % en glissement annuel au premier trimestre, contre + 4,5% au quatrième trimestre.
Enfin, les entreprises européennes ont publié des résultats très intéressants lors du premier trimestre. Celles-ci ayant réalisé des bénéfices supérieurs de 9 % en moyenne aux attentes des analystes. Les entreprises voient d’ailleurs leur marge remonter à des niveaux records à plus de 11 %, hors secteur de l'énergie.
2. La BCE relève ses taux d’intérêts
Alors que l’économie européenne entame son redressement et que l’inflation est à peine supérieure aux attentes (+ 2.6 % en rythme annuel), la BCE vient d’officialiser une baisse des taux d’intérêt de 25 points de base, devenant ainsi la première des grandes banques centrales du monde développé à incliner sa politique monétaire, deux ans à peine après avoir initié son cycle de resserrement monétaire. Les taux directeurs sont ainsi ramenés à 3,75 %.
D’autres baisses sont-elles à prévoir ? Selon Kevin Thozet, membre du comité d’investissement de Carmignac temporise, « Les marchés n’attendent pas plus d’une baisse de taux par trimestre pour cette année. Cela semble conservateur. Cependant, il ne serait pas surprenant de voir la BCE procéder à trois ou quatre baisses de taux, et potentiellement davantage en cas de ralentissement fortuit. »
Cette relative prudence est confirmée par Martins Kazaks, président de la banque centrale de Lettonie, « qui appelle à ne pas agir de manière précipitée après cette première réduction ».
Au cours des prochain mois, l’institution dirigée par Christine Lagarde devra également garder un œil du côté de la FED, avec l’idée d’éviter une divergence trop importante des politiques monétaires. La perspective d’un écart de 2% entre les taux directeurs au cours des six prochains mois pourrait être un problème pour la BCE. Comme l’explique Kevin Thozet « une FED qui maintient ses taux de politique monétaire sur des niveaux élevés trop longtemps – provoquant ainsi un différentiel de taux d’intérêt trop favorable au dollar – pourrait amener une dépréciation marquée de l’euro, et donc une inflation importée. Une telle séquence signifierait que la BCE serait dépendante de la FED. »
La Chine durcit le ton
Selon le Fonds monétaire international (FMI), l'économie chinoise devrait croître de 5 % cette année, révisant ainsi à la hausse ses prévisions pour 2024.
1. Rebond confirmé
Nous n’attendions plus l’économie chinoise à pareille fête. Le pays dirigé par Xi Jinping a enregistré une croissance de 5,3 % au premier trimestre, dépassant les attentes du consensus qui prévoyait + 4,6 %, après une progression de 5,2 % au quatrième trimestre de l'année précédente.
En mai, le PMI manufacturier recule pourtant de 50,4 à 49,5 et celui des services de 51,2 à 51,1, alors qu’une légère amélioration était escomptée. A contrario, le secteur manufacturier exportateur se redresse. La production industrielle a rebondi de 1 % sur le mois, soutenue notamment par une hausse de 3 % des exportations.
Mais d’ici 2029, le FMI anticipe un ralentissement de l’activité économique à 3,3 %, arguant du vieillissement de la population et d'une expansion plus lente de la productivité.
À plus court terme, le gouvernement chinois doit surtout penser à éteindre l’incendie qui touche le marché immobilier local. Pour cela, plusieurs mesures ont été annoncées. L’État vient, par exemple, de donner l'autorisation aux gouvernements locaux d'acheter des appartements invendus auprès des promoteurs immobiliers pour les convertir en logements abordables. La banque centrale chinoise va également réduire les taux minimaux d'apport pour les prêts hypothécaires aux particuliers, à 15 % minimum pour l'achat d'un premier logement et à 25 % pour l'achat d'un deuxième.
La hausse des droits de douane annoncée par le président américain Joe Biden ne devrait toutefois avoir qu’un impact marginal sur l’économie chinoise. Celle-ci ne porte, en effet, que sur 3 % des exportations vers le Pays de l’Oncle Sam. Mais cette décision augure malheureusement une escalade des tensions commerciales avec son principal rival.
2. Tensions géopolitiques
Sur le plan géopolitique, la Chine est d’ailleurs sur tous les fronts et continue de tenir un discours très musclé. Le premier visé est naturellement Taiwan. Dong Jun, ministre chinois de la Défense vient d’annoncer lors du Dialogue Shangri-La à Singapour, un forum sur la sécurité, « l’Armée populaire de libération de Chine a toujours été une force indestructible et puissante dans la défense de l’unification de la patrie, et elle agira à tout moment avec détermination et force pour freiner l’indépendance de Taïwan et faire en sorte qu’elle ne réussisse jamais dans ses tentatives ».
D’un ton martial, il a ensuite ajouté que la retenue de Pékin en mer de Chine méridionale avait « des limites », faisant ainsi référence d'une série d'accrochages entre navires chinois et philippins dans une zone contestée. Les prochains mois s’annoncent tendus.
Les convictions de Scala Patrimoine sur les marchés financiers
1. Marchés actions : les arbres monteraient ils jusqu’au ciel ?
Les feux restent au vert sur les marchés actions mais nous maintenons un positionnement plus attentiste, en particulier sur les grandes valeurs américaines de la tech qui continuent d’être favorisées par les investisseurs.
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Des incertitudes toujours importantes
Bien que la BCE ait ouvert le bal de la baisse des taux le 6 juin dernier, les incertitudes quant à la politique monétaire de la Fed pourraient continuer d'alimenter la volatilité des taux. Ces doutes pourraient également peser sur les valeurs de croissance. Les tensions géopolitiques et leur influence sur le prix de l’énergie, sont des risques baissiers à surveiller attentivement par les marchés.
Les dernières publications macroéconomiques montrent un affaiblissement de l’activité américaine tandis que l’activité européenne a plutôt surpris à la hausse. En raison de la baisse des taux de la BCE et d’un niveau de valorisation plus attractif, les actions européennes pourraient susciter l’attrait des investisseurs à court terme. Cependant, les prévisions de croissance de l’activité restent bien plus solides à long terme aux Etats-Unis ce qui plaide en faveur de la robustesse des valeurs américaines à plus long terme.
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Une diversification des investissements nécessaire
On ne parle plus désormais de magnificent 7 mais de Fabulous 5, signe que le vent peut très vite tourner pour certaines très grandes capitalisations de la tech US. Nous réitérons l’importance de la diversification sectorielle au sein des portefeuilles. La préférence reste sur les valeurs qui ont la capacité de générer du cash-flow à long terme mais le niveau de valorisation doit être considéré avec attention. Nous préconisons toujours de se positionner sur les grandes capitalisations.
L'environnement de taux élevés et l'hégémonie des grandes valeurs ne permettent pas, à court terme, le rebond des petites capitalisations.
2. Marchés obligataires : un environnement favorable
La première baisse des taux initiée par la BCE devrait être favorable pour les valorisations des émissions européennes à moyen terme. Nous voyons les prochains mois comme une opportunité pour les investisseurs obligataires qui peuvent bénéficier de taux de rendement toujours hauts avec des perspectives positives pour les valorisations obligataires (corrélées négativement aux taux d’intérêt).
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Privilégier les obligations de court terme ?
Nous continuons de privilégier les émissions de qualité, et bien que les taux de défaut n’aient pas significativement augmenté, nous refusons la prise de risque via l’exposition à des entreprises aux bilans fragiles (dont la notation crédit est sensiblement dégradée). Le segment High Yield demeure cependant une source de performance à aborder avec prudence. Nous recommandons de privilégier les émissions à court terme pour limiter le risque de défaut et de privilégier les émissions notées BB. Le marché américain, plus profond, peut offrir une diversification intéressante.
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Un marché suspendu aux décisions des banques centrales
En ce qui concerne les obligations souveraines européennes, nous conseillons des durations courtes afin de bénéficier d’une politique monétaire moins restrictive à terme et limiter la sensibilité aux variations des taux. Nous conservons notre approche neutre avec biais positif car la volatilité sur les taux pourrait perdurer. En effet, le discours prononcé par Mme Lagarde lors de la conférence de la BCE ne donne aucune certitude quant au rythme de baisse de taux à venir. Cette première réduction des taux d'intérêt est une réponse à la baisse de l'inflation en Europe. Cela ne signifie en aucun cas que nous entrons dans une phase de politique expansionniste. De plus, l’incertitude demeure quant à la première baisse de taux qui pourra être initiée par la Fed.
3. Les marchés financiers alternatifs : un point de vue négatif
Les stratégies alternatives ont constitué une alternative plus payante que la classe obligataire depuis le début d’année. Néanmoins nous préférons être long « actions » et « obligations », d’autant plus dans un environnement où les taux pourraient continuer à baisser. Jusqu’ici, nous avions également préférer le monétaire compte tenu du couple rendement risque attractif qu’offrait ce support. La première baisse de taux engagée par la BCE rappelle que ce support d’attente devra être progressivement redéployer sur des classes d’actifs plus rémunératrices. Compte tenu de ces éléments, nous maintenons une position négative à l’égard des stratégies alternatives.
4. Les produits structurés : une alternative pertinente aux marchés actions
Nous continuons de favoriser les produits structurés pour leur capacité à s’adapter aux objectifs de rendement d’un investisseur tout en maitrisant l’exposition au risque souhaitée. Ils constituent des alternatives pertinentes aux marchés actions. Les rendements restent toujours attractifs à condition de prêter attention à la sélection des bonnes structures. En effet, il est crucial de bien comprendre les mécanismes du produit avant tout engagement pour éviter les mauvaises surprises. Ce type d’instrument peut être aussi fortement chargé en frais. Il est essentiel pour tout investisseur désireux d’être exposé à ces produits d’être bien accompagné. Cependant, des opportunités peuvent être saisies sur une sélection de titres et indices.
5. Capital investissement : une classe d’actifs incontournable sur le long terme
L'attrait grandissant des investisseurs institutionnels pour les actifs non cotés reflète un virage notable, anticipant un élargissement des fonds destinés au marché de détail en 2024. Tout en adoptant une approche mesurée à court terme, notre vision reste favorable concernant le futur du capital-investissement.
Nous favorisons non seulement les stratégies secondaires, mais aussi les stratégies de co-investissement et de dette privée. En outre, nous intégrons activement les stratégies de growth buyout, qui ciblent les entreprises en phase d'expansion désireuses d'accélérer leur croissance, ainsi que les mécanismes de dette mezzanine, qui fournissent une solution de financement flexible à mi-chemin entre le capital propre et la dette senior, pour enrichir notre portefeuille et saisir des opportunités complémentaires dans un paysage économique en mutation.

Romane Azzopardi (Scala Patrimoine) : « On note une divergence entre l'économie américaine et européenne »
Les marchés financiers tutoient les sommets. Le CAC 40 vient ainsi de s’offrir un nouveau record en clôture, le 10 mai dernier, à 8 255 points. Mais ces excellentes performances boursières ne doivent pas masquer les fragilités économiques de certaines grandes puissances. Si les États-Unis peuvent s’appuyer sur une économie robuste, ce n’est pas le cas de la Zone Euro. Romane Azzopardi, responsable de la gestion financière du multi family office Scala Patrimoine, revient sur cette dichotomie entre les économies américaines et européennes, et présente les principaux points de vigilance pour les mois à venir.
Scala Patrimoine. Comment se porte l’économie américaine ?
Romane Azzopardi. Comme en 2023, l'économie américaine a su rester résiliente, soutenue par une consommation toujours robuste. Le marché de l'emploi demeure, par ailleurs, sous tension. Les salaires, bien que sur une tendance baissière, ont continué d'alimenter la consommation. Pourtant, le stock d'épargne des ménages s'est épuisé au cours des 12 derniers mois. Revers de la médaille, cette résilience de l'économie américaine et la hausse du pétrole soutiennent les pressions inflationnistes. Une hausse des prix a, en effet, été observée sur les trois premiers trimestres de l'année 2024, s'éloignant peu à peu de la trajectoire d'inflation fixée par les banques centrales à 2 %.
Les craintes suscitées par cette reprise de l’inflation ont amené les investisseurs à repousser leurs anticipations de baisse de taux. Le marché anticipe désormais une baisse de taux à partir du mois de septembre.
Scala Patrimoine. Comment interpréter les chiffres de croissance du 1er trimestre ?
Romane Azzopardi. Avec 1,6% de croissance en rythme annualisé, la première estimation du PIB américain pour le premier trimestre 2024 fut en deçà des attentes. Cette publication pourrait, selon les observateurs, matérialiser un ralentissement de la consommation américaine.
"Christine Lagarde a préparé les marchés à une première baisse de taux au mois de juin"
Scala Patrimoine. L'économie de la Zone Euro suit elle la même dynamique ?
Romane Azzopardi. La situation en zone euro est bien différente de celle observée aux États-Unis. Lors de sa dernière conférence de presse, Christine Lagarde a préparé les marchés à une première baisse de taux au mois de juin, citant notamment des conditions de financement aujourd'hui trop restrictives, compte tenu de la faiblesse de la croissance européenne et d'un processus de désinflation bien ancré dans la trajectoire des 2 % attendue pour la mi-2025.
Cette baisse de taux serait évidemment un facteur de soutien aux actions européennes. Mais une divergence de politique monétaire trop importante avec la Fed pourrait pousser la BCE à revoir son calendrier. Une baisse trop importante des taux européens viendrait, en effet, affaiblir l'euro et ferait peser un risque non négligeable sur l'inflation, notamment via les importations plus chères en provenance des Etats-Unis.
Scala Patrimoine. Qu’attendre de la Chine et du Japon ?
Romane Azzopardi. Les valeurs japonaises ont retrouvé des couleurs avec une performance supérieure à 30 % sur un an. Ces chiffres doivent toutefois être relativisés. La faiblesse du Yen ayant notamment pesé sur la performance, pour un investisseur en euros. L'inflation a aussi fait son retour au Japon, alimentée par la hausse des salaires record de plus de 5 % en 2023. Une situation inattendue qui a obligé la banque centrale japonaise à augmenter ses taux. Ceux-ci étant désormais en territoire positif, pour la première fois depuis huit ans. Le gouvernement Japonais doit aussi, dans le même temps, se protéger d’une trop forte dépendance commerciale vis à vis Chine.
Le pays dirigé par Xi Jinping a, de son coté, publié une croissance au premier trimestre supérieure aux attentes, soutenue par le rebond de la production industrielle. Hélas, la Chine pèche toujours par la consommation avec un taux d'épargne historiquement élevé. En effet, la relance de la demande reste pénalisée par une confiance des ménages affaiblie et par un taux de chômage important chez les jeunes.
"L'économie chinoise est pénalisée par une confiance des ménages très affaiblie par la crise immobilière et par le taux de chômage important chez les jeunes"
Scala Patrimoine. Quelles sont les implications sur les marchés boursiers ?
Romane Azzopardi. Les marchés actions des marchés développés, ont progressé au premier trimestre, avec une performance moyenne de 11,5 %. La belle saison des bénéfices du 4e trimestre 2023, la résilience de l'économie américaine ou encore les perspectives d'une trajectoire monétaire plus accommodante ont été les principaux facteurs de soutien. Mais on l'a dit, les anticipations de baisse de taux ont été revues à la baisse et les taux d'intérêt ont globalement augmenté de plus de 70 points de base sur le premier trimestre, ce qui a fortement impacté les marchés obligataires et notamment le segment Investment grade.
La reprise de l'inflation et l'aggravation de la situation au Moyen-Orient n'ont pas été sans effet sur l'appétence au risque des investisseurs. Les marchés actions ont corrigé durant trois semaines consécutives. Alors que l'or, lui, s'est renforcé sur cette période pour toucher un point haut.
Scala Patrimoine. Quels sont les principaux points de vigilance pour les mois à venir ?
Romane Azzopardi. Les résultats des entreprises restent clés.
De bonnes projections sur cette croissance bénéficiaire permet de s’assurer l'attrait des investisseurs. La saison des bénéfices pour le premier trimestre 2024 est désormais bien avancée et 80 % des entreprises américaines ont publié des résultats au-delà des attentes, ce qui a été de très bon augure pour relancer la dynamique haussière des marchés actions. Mais on l'a constaté, toute bonne - comme mauvaise nouvelle - peut susciter des réactions très fortes de la part des investisseurs.
Le deuxième élément auquel il faut faire très attention concerne la trajectoire de la politique monétaire de la Fed, moins ancrée que celle de la BCE, mais qui peut heurter fortement les anticipations des marchés et impacter évidemment les actions comme les obligations. Certains gouverneurs de la Fed n'ont pas exclu de laisser les taux inchangés, si l'inflation ne reprend pas sa trajectoire baissière vers les 2 %.
Il convient aussi de souligner qu'une hausse des taux n'est absolument pas « pricée » aujourd'hui par les marchés, alors même qu'une reprise plus pérenne de l'inflation ne peut pas être complètement exclue.
Enfin, les investisseurs devront scruter de près l'évolution des tensions géopolitiques. Ces derniers ayant un impact potentiel sur le prix du pétrole et de facto sur l'inflation.
Le rendez-vous des marchés financiers - Mai 2024
Marchés financiers & économie : les points clés
- Les marchés financiers marquent le pas en avril. Le S&P 500 lâche près de 3 %.
- Même si les dernières publications ont déçu, la croissance américaine devrait se maintenir à un niveau élevé en 2024. Les États-Unis devraient connaitre une croissance de 2,7% cette année.
- La baisse des taux devrait bientôt se concrétiser en Zone Euro. Tout porte à croire que la première baisse sera annoncée en juin.
Quelles performances sur les marchés financiers ?
1. L'escalade des risques géopolitiques au Moyen-Orient tend les marchés
La série d’attaques terroristes menée par le Hamas depuis la bande de Gaza contre Israël du 7 octobre 2023 a ravivé les tensions au Moyen-Orient. Et ces dernières semaines, le conflit est malheureusement encore monté d’un cran. Dans la nuit du 13 au 14 avril, l’Iran de Ali Khamenei avait lancé plus de trois cents drones, missiles de croisière et balistiques, visant principalement la base aérienne de Nevatim, dans le désert du Néguev. Le système de défense israélien a cependant démontré toute son efficacité. L’attaque ne faisant pas de dommages significatifs, ni sur le plan humain, ni sur le plan matériel. Le 19 avril, Israël a répliqué en lançant une attaque contre l'Iran, à l’aide de drones également.
Ces dernières attaques changent la dynamique entre les deux États et augmentent les risques de voir la guerre s’étendre à l’ensemble de la région. Cette escalade des violences provoque, par ailleurs, un regain de volatilité sur les marchés financiers. L’indice VIX, qui mesure la volatilité implicite de l’indice S&P 500, s’est envolé pour franchir la barre des 19 points, son niveau le plus haut depuis octobre.
2. Les marchés financiers reprennent leur souffle
En avril, les marchés financiers lâchent du lest. Le S&P 500 abandonne près de 3 %. En Europe, Le CAC 40 et le DAX baissent respectivement de 2,3 % et 2,1 %. L'EURO STOXX 50, qui regroupe les 50 principales sociétés au sein de la zone euro, perd également 3 %. Même l’indice phare japonais, le Nikkei s’est grippé (- 4 %).
L’une des seules éclaircies, nous viens d’Inde, où le Nifty 50 s’adjuge 0,5 %. Tandis qu’en Chine le Shanghai Composite termine le mois d’avril dans le vert (+ 2 %).
Du coté des entreprises, la saison de publication des résultats bat son plein. Les résultats sont pour l’instant en ligne voir même supérieurs aux attentes des analystes.
Alphabet, maison mère de Google, vient, par exemple, d’annoncer une hausse sensible de son chiffre d’affaires passant de 69,8 à 80.5 milliards de dollars en un an. Le titre boursier s’apprécie donc de 7,7 %.
À l’inverse, les déceptions sont sévèrement sanctionnées. C’est le cas avec Meta, dont les investissements massifs dans l’IA, plombent ses résultats. Résultat, l’entité mère du groupe Facebook perd 13 %.

3. Le rebond du pétrole
Depuis le 1er janvier 2024, les cours du pétrole ont bondi de 17 %. Les membres de l’OPEP+ sont, il est vrai, à la manœuvre pour faire remonter les prix. Ces derniers viennent ainsi d’acter la prolongation de la réduction de la production de 900 000 barils par jour appliquée au cours du 1er trimestre.
Mais c’est sans compter les États-Unis, devenu en une vingtaine d’année l’un des principaux producteurs de pétrole. Grâce à leur investissement dans le pétrole de schiste, l'offre mondiale de pétrole devrait tout de même augmenter cette année. L'Agence internationale de l'énergie (AIE) anticipe une hausse de production d’environ 1,3 million de barils par jour.
Pour autant, l'Agence américaine d'informations sur l'énergie (EIA) a annoncé une contraction de ses stocks de 5,7 millions de barils, soit le reflux le plus brutal depuis 6 mois. Surtout, les tensions au Moyen Orient participent à maintenir les prix sous pression. Le cours du Baril de Brent tourne aujourd’hui autour des 89 dollars.
4. L’or atteint de nouveaux sommets
L’or grimpe de 15 % depuis le début de l'année, atteignant un prix record de 2 448 dollars l'once.
Si l’exacerbation des tensions géopolitiques et les perspectives de baisse des taux d’intérêt par la FED alimentent les cours du précieux métal jaune, elles n’expliquent pas à elles seules, la hausse exceptionnelle des dernières semaines. Les raisons sont plutôt à retrouver du côté de la forte demande d'or physique, alors même que le volume d'or détenu par les ETF a diminué.
Les banques centrales ont, en effet, acheté de l’or, beaucoup d’or ! Après la saisie des réserves russes, plusieurs pays émergents tels que la Chine, la Turquie et l'Inde ont augmenté significativement la part d'or dans leurs réserves, pour éviter les confiscations futures et être moins dépendantes du dollar. Les économistes donnent un nom à ce processus : la « Dédollarisation ».
Enfin, les épargnants Chinois, traditionnellement friands du précieux métal jaune, retrouvent un certain appétit pour l’or physique, en qui ils voient un placement pouvant remplacer les produits financiers et l’immobilier résidentiel qui ont fortement chuté depuis 2021.
Quelles sont les perspectives économiques dans le monde ?
Le fonds monétaire international (FMI) vient d’actualiser ses perspectives pour l’économie mondiale.
La croissance mondiale serait finalement de 3,2 % en 2024, soit une hausse 0,1 % par rapport aux précédentes anticipations. Les États-Unis devraient connaitre une croissance supérieure à 0,6 % à celle anticipée, pour atteindre 2,7%. Si l’institution internationale mise sur un atterrissage en douceur de l’économie américaine, elle n’est cependant pas aussi optimiste pour la zone euro. Ses experts ont abaissé ses prévisions de croissance pour le vieux continent de 0,9 % à 0,8 % en 2024.
1. Les États-Unis mènent la danse
Petit coup de moue pour l’économie américaine. Le pays de l’Oncle Sam doit se contenter d’une croissance de « seulement » 1,6 % au premier trimestre de l'année, en deçà des attentes des analystes (2,4%). Autre (petite) mauvaise nouvelle : l’inflation se maintient à un niveau élevé. Sur les 3 premiers mois de l’année, la hausse des prix est de 3,7 %, contre 3,4% attendu. Pour autant, les voyants restent au vert : les investissements sont toujours nombreux tandis que le marché de l’emploi affiche une santé éclatante.
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Une économie florissante
Le scénario d’un soft landing de l’économie américaine était encore largement plébiscité il y a quelques semaines. Mais, au regard de la santé éclatante des États-Unis, certains avancent désormais la thèse d’un « No Landing ». Dans ce scénario sans atterrissage, la croissance économique américaine se maintiendrait, dans la durée, à un niveau élevé.
Pour avancer une telle hypothèse, les analystes les plus optimistes mettent en lumière la robustesse de l’activité économique américaine. L'indice PMI Composite, qui prend en compte les services et le secteur manufacturier, est ressorti une nouvelle fois en expansion en mars à 52,1 après 52,5 en février, selon S&P Global.
Les Américains peuvent aussi s’appuyer sur la solidité du marché du travail. En mars, les États-Unis ont de nouveau créé 303 000 emplois ! Cela fait donc 26 mois d’affilée que le chômage est inférieur à 4 %. Une première depuis 50 ans.
Les USA gardent également leur place de leader mondial de l’innovation. Plus de 67 milliards de dollars ont, par exemple, été investis dans l'Intelligence Artificielle aux États-Unis l'année dernière, soit près de neuf fois plus que le montant investi en Chine.
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Des signaux faibles ?
Les statistiques publiées aux États-Unis ont déçu. Le PMI manufacturier recule en avril de 51.9 à 49.9, alors qu’une stabilisation était attendue. Il en est de même pour le PMI des services. Celui-ci est passé de 52,1 à 50,9, contre 52 attendus.
Si la balance commerciale s’est un peu détériorée avec une hausse des importations et un recul des importations, les inquiétudes portent surtout le niveau de la dette du gouvernement américain, proche d'un pic d'après-guerre.
Fin 2023, la dette américaine a dépassé les 34 000 milliards de dollars. D’après les chiffres publiés par Bank of America, les États-Unis ajoutent près de 3 600 milliards de dollars de dette par an. Le trésor public débourse 1 000 milliards de charge d’intérêt annuellement, soit 20 % de ses dépenses totales. Le Bureau du budget du Congrès estime que le coût du financement de la dette triplera au cours de la prochaine décennie. Cette hausse très importante s’explique notamment par l’explosion des dépenses militaires et, plus largement, par les nombreuses politiques publiques de soutien à l’économie.
Et en pleine année électorale, l'administration Biden ne compte - bien évidemment - pas serrer la vis. Elle devrait de nouveau ouvrir le robinet des dépenses et des subventions pour soutenir l’économie américaine.
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Les américains s'endettent ils trop ?
Les entités publiques ne sont d’ailleurs plus les seules à s’endetter. Les réserves financières accumulées par les ménages américains lors de la crise du Covid-19 (2 300 milliards de dollars en 2021) ont fondu comme neige au soleil. Pour maintenir leur rythme de consommation, ces derniers recourent désormais à l’endettement, dans un environnement de taux élevés. Leur dette a augmenté de 1,2 % au quatrième trimestre 2023, pour atteindre 17 500 milliards de dollars, selon la Banque de réserve fédérale de New York.
Les « crédits à la consommation » représentent aujourd’hui 1 130 milliards de dollars, en hausse de 4,6 % sur un an. Autre mauvaise nouvelle, le taux de défaut sur les cartes de crédit et le financement automobile continue d’augmenter, au-dessus des niveaux d’avant la pandémie. Sans surprise, ceci concerne plus particulièrement les jeunes et les ménages à faible revenu,
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L’épineuse question de la baisse des taux
Une prochaine baisse des taux ? Rien ne presse pour les banquiers de la Fed. L’économie américaine se porte bien, et l’inflation demeure sous surveillance. En mars, les prix à la consommation ont augmenté de 0,4 % en rythme mensuel. Les économistes avaient anticipé une hausse de « seulement » 0,3 %. Surtout, la situation ne cesse de se dégrader mois par mois. La hausse était de 0,1 point en octobre 2023, de 0,2 en novembre et décembre, de 0,3 en janvier, et de 0,4 en février et mars. Les coûts élevés du logement et l'augmentation des prix de l'essence ont contribué à eux seuls à plus de la moitié de la hausse globale de l'inflation en mars
Le scénario de 6 baisses de taux envisagé en 2024 par les plus optimistes est donc à ranger dans les cartons. La plupart des analystes anticipent désormais 2 baisses des taux en 2024, dont la première interviendrait, en septembre.
À ce jour, toutes les hypothèses sont encore sur la table. Si l’inflation reste élevée et que l’économie ne montre pas de signes de faiblesse, les banquiers centraux américains pourraient faire le choix de ne pas baisser les taux, voire les remonter !
2. La Zone Euro sortira t’elle la tête de l’eau ?
La rupture économique entre les États-Unis et la zone euro n’a peut être jamais été aussi nette. Cette divergence porte sur le rythme de la croissance, mais aussi sur les pressions inflationnistes, désormais bien moins importantes en Europe.
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Le moteur allemand va-t-il redémarrer ?
L’Allemagne retrouve quelques couleurs. Et c’est une excellente nouvelle pour toute la zone euro. Symbole de la réussite de l’économie germanique des 30 dernières années, la production industrielle revient à meilleure fortune, notamment dans les secteurs manufacturiers cycliques comme l’automobile ou la chimie.
Signe du regain de vitalité de l’Allemagne, ses principaux acteurs économiques retrouvent de la confiance. L’indicateur ZEW du climat économique a gagné 11,2 points sur un mois, atteignant 42,9 points, soit son plus haut niveau depuis 12 mois. Il est en hausse pour le huitième mois d'affilée. L'indice du climat des affaires est lui aussi très bien orienté. Il s'est établi à 87,8, contre 86,0 anticipé. Le mois précédent, il était ressorti à 85,7.
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Zone Euro : après la pluie vient le beau temps
La zone euro a évité de justesse la récession au dernier trimestre de 2023, grâce notamment aux mesures de soutien économique organisées par les États. Pour les mois à venir, la présidente de la Banque Centrale Européenne (BCE), Christine Lagarde, affiche un « optimisme prudent », prévoyant des améliorations graduelles jusqu'en 2024.
L'activité économique sur le vieux continent progresse le mois dernier pour la première fois depuis mai 2023, passant de 49,2 en février à 50,3 en mars puis à 51,4 points en avril*.
Le taux de chômage de la zone euro est resté stable en février par rapport à janvier, à 6,5% de la population active, son plus bas niveau historique. Ces statistiques montrent une bonne résistance du marché de l'emploi face au ralentissement économique constaté en Europe depuis 18 mois. Pour l'ensemble de l'Union européenne, le taux de personnes sans emploi s'est élevé à 6% en février. 13,25 millions de personnes sont aujourd’hui au chômage dans les 27 États membres de l'UE.
Cependant, la croissance des rémunérations des salariés a ralenti au quatrième trimestre 2023.
Les enquêtes de confiance témoignent aussi d’une certaine frilosité du consommateur européen qui malgré une importante épargne accumulée depuis la pandémie, continue de thésauriser.
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Une baisse des taux dès juin ?
Sans surprise, lors de sa dernière réunion, la BCE a maintenu le taux de dépôt à 4 %, pour la cinquième fois consécutive. Mais elle a clairement ouvert la porte à un changement de politique dans les mois à venir, soulignant que l’inflation était désormais bien maitrisée. « Les taux se situent à des niveaux qui contribuent fortement au processus de désinflation vers la cible de 2% » a expliqué Christine Lagarde.
Il y a désormais de fortes chances que la BCE baisse ses taux plus rapidement que la Fed. Une première baisse est attendue pour le mois de juin. Mais cette divergence de politique serait toutefois limitée. Les membres de la BCE pensent, en effet qu’une divergence forte de la politique de taux avec celle menée par la Fed pourrait mener à une dépréciation de l’euro… et - de facto - donner un nouvel élan à l’inflation via les importations.
3. L’Asie : terre de contraste
Les économies chinoises et japonaises représentent 70 % du PIB asiatique. Leaders incontestés, et incontestables, ces deux pays que tout oppose, connaissent des parcours bien différents.
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La Chine : le géant endormi
- L’économie chinoise se fissure
En 2023, l’économie chinoise a enregistré l’une des plus faibles croissances de ces dernières décennies. Mais celle-ci, comme tous les chiffres communiqués par l’exécutif chinois, est très probablement surestimée. Relancer la demande intérieure et la confiance des acteurs privés sera difficile. Le doute est solidement ancré dans leur esprit. Ce manque de confiance se matérialise sur toutes les strates de l’économie.
Le taux d’épargne des ménages affiche, par exemple, un taux stratosphérique de plus de 38 % pour les seuls ménages urbains. L’inflation globale est, quant à elle, toujours négative (-0,8 %) et les prix à la production sont profondément ancrés en territoire déflationniste (-2, 5%).
Et que dire de l’immobilier. Les investissements dans le secteur sont coupés. Ils affichent un repli de 9,5 % en rythme annuel au premier trimestre, après une baisse de 9 % au trimestre précédent. Les ventes totales de nouveaux bâtiments commerciaux ont aussi reculé de 27,6 % en valeur.
Enfin, la question de l’endettement est sur toutes les lèvres. Selon les calculs du FMI, la dette publique de la Chine devrait passer de 83,6% du PIB à la fin de 2023 à 110,1% en 2029 ! Elle pourrait tout simplement doubler au cours des 30 prochaines années.
- Une confiance à retrouver
Heureusement, la confiance des directeurs d’achats se redresse de 49,1 à 50,8 en mars dans le secteur manufacturier, au-dessus des attentes. Les exportations semblent également repartir à la hausse. L’indice Caixin General Manufacturing PMI est ainsi passé à 51,1 en mars, soit la croissance la plus rapide depuis plus d’un an. La production industrielle a bondi de 7 % en janvier et février.
Dans cet environnement, les entreprises du secteur manufacturier exportateur, très largement soutenues par les subventions et aides publiques, ont fait le choix de baisser leurs prix de vente, pour relancer les exportations et d’assoir leur positionnement sur le marché mondial.
Enfin, on note un redressement des investissements étrangers directs effectués en Chine.
En prenant l’ensemble de ces éléments en compte, le FMI anticipe un ralentissement de l’économie chinoise passant de 5,2 % en 2023 à 4,6 % en 2024, puis une baisse continue pour tomber à environ 3,5 % en 2028.
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Le Japon met fin à sa politique de taux négatifs
- Des performances boursières à relativiser
Les marchés actions japonais rencontrent un vif succès. Depuis le 1er janvier 2024, le Nikkei 225 grimpe de 12 %. Sur un an, il monte de 31 %. Et sur 5 ans, l’indice japonais gagne 68 % ! Ces performances doivent cependant être relativisées, au regard de la chute du Yen. La monnaie s’affaiblissant à 165,22 contre l'euro, son plus bas niveau depuis 2008. En 2023, cette monnaie a perdu plus de 10 % face à l’Euro. L’Effet de change a donc pesé sur la performance des investisseurs en euros.
Ces bons résultats ne doivent pas non plus masquer les difficultés économiques du pays. Le Japon vient, en effet, de céder sa place de troisième économie mondiale à l'Allemagne. Sur l’année 2023, sa croissance économique n’a pas dépassé les 2 % (+ 1,9 %).
Et si la récession a été évitée, c’est avant tout grâce à un rebond des dépenses d’investissement. La consommation reste atone, à l’image des salaires qui peinent à suivre la courbe de l’inflation. Au dernier trimestre de 2023, la consommation des ménages a encore reculé, en glissement trimestriel, de 0,9 %. Un constat qui doit cependant être légèrement atténué, car les dernières négociations salariales pour 2024 ont débouché sur la plus forte augmentation de salaires depuis plus de 30 ans (5,3 %).
- Une croissance molle
Depuis la sortie de la pandémie, le pays avait connu une accélération des prix. En 2023, l'inflation a ainsi atteint 3,1%, une première depuis 41 ans. En mars 2024, la hausse des prix a toutefois ralenti (+ 2,6% sur un an hors produits frais, contre + 2,8 % en février)
Pour répondre à ce processus inflationniste, la Banque du Japon (BoJ) a mis fin à sa politique de taux d'intérêt négatifs, en place depuis 2016. Elle a ramené en territoire positif son taux d'intérêt au jour le jour entre 0 % et 0,1 %. Les taux demeurent toutefois encore ultra-accommodants.
Les analystes anticipent donc une croissance « molle » de 1 % pour le Japon en 2024 et de 1,2 % en 2025.
Les convictions de Scala Patrimoine sur les marchés financiers
Plusieurs éléments pourraient influer sur le sentiment des investisseurs et impacter les marchés financiers lors des prochains mois.
Le premier concerne les résultats d’entreprises. Alors que les attentes de croissances bénéficiaires des 7 magnifiques ont été revues à la hausse, les résultats des sociétés sont globalement bien au-dessus des attentes. Cependant, les résultats des entreprises américaines restent, à ce stade, plus robustes que ceux des sociétés européennes. Toutes bonnes ou mauvaises nouvelles pourront susciter de forte réaction de la part des marchés.
Le deuxième élément très scruté par les marchés est la trajectoire de la politique monétaire de la Fed, moins ancrée que celle de la BCE. Lors de sa dernière conférence, Jerome Powell a réitéré les anticipations d’une première baisse de taux dès le mois de septembre mais n’a pas écarté une possible remontée des taux si l’inflation ne reprenait pas une trajectoire baissière. Les publications à venir des données sur l’activité, l’inflation et l’emploi seront déterminantes.
Enfin, la résurgence des tensions politiques inquiète les marchés. Au mois d’avril, la correction observée sur les marchés actions a été amplifiée par les attaques du 13 avril. Celles-ci ont augmenté les risques de voir la guerre s’étendre à l’ensemble de la région et un impact non négligeable sur les prix du pétrole, alimentant les craintes d’une inflation plus durable.
Marchés actions : à la croisée des chemins ?
Nous sommes devenus plus prudents sur les actions, bien que nous pensions que la divulgation par les entreprises de bénéfices supérieurs aux attentes peut etre un catalyseur supplémentaire pour les marchés financiers. Mais les incertitudes quant à la politique monétaire de la Fed alimentent la volatilité sur les taux et peut peser sur les valeurs de croissance.
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Prudence sur la tech américaine
La surpondération de valeurs américaines serait à tempérer. Les bons résultats des grandes entreprises de la tech US pourraient être l’occasion de quelques prises de bénéfice. Ces valeurs ont certes grandement contribué à la performance des grands indices actions américains, mais leur contribution est moindre que l’année passée. Preuve que d’autres valeurs ont su prendre le relai sur la performance de ces 3 premier mois.
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Le retour des valeurs cycliques
Les valeurs cycliques ont d’ailleurs globalement surperformé. Cette observation pousse à accroitre la diversification sur des valeurs aux potentiel de rattrapage important. Les valeurs européennes, plus abordables que leur homologues US, pourraient également bénéficier d’une politique monétaire plus accommodante dès le mois de juin.
Nous préconisons toujours le positionnement sur les grandes capitalisations. Le rebond des petites capitalisations observé en fin d’année n’a été que temporaire. L’environnement de taux hauts et l’hégémonie de certaines grandes valeurs n’a pas permis une poursuite de ce rebond.
Marchés obligataires : au cœur des turbulences ?
Cette volatilité accrue observée sur les taux depuis le début d’année, continuera de peser sur les obligations qui en ont souffert au premier trimestre.
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La volatilité pèse sur les performances
Nous restons neutres sur les obligations, conscients que la volatilité puisse peser sur les performances à court terme. Cependant la volatilité offre des opportunités, et la remontée des taux permet toujours d’entrer sur cette classe d’actif et de bloquer des niveaux de rendements intéressants bien que les spreads se soient globalement resserrés. Bien que nous n’observions pas de hausse des taux de défaut significative malgré la hausse du cout de financement, les entreprises au bilan fragile sont particulièrement à risque.
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L’Investment grade privilégié
Nous continuons de favoriser le segment Investment grade malgré la compression des spreads car les niveaux de rendement restent attractifs ce qui justifie aujourd’hui l’attrait des stratégies de portage.
Le segment High Yield reste une source de performance à manier avec prudence. Privilégier les émissions courtes pour limiter le risque de défaut et préférer les émissions BB. Le marché américain, plus profond, peut être une source de diversification.
Du coté des obligations souveraines, préférez des durations faibles à court terme afin de limiter la sensibilité aux variations des taux. Les souveraines européennes peuvent être privilégiées aux souveraines américaines dans l’hypothèse que la BCE baisserait ses taux directeurs avant la Fed.
Dans ce contexte de volatilité sur le marché des taux, une gestion dynamique de la duration est recommandée.
Les marchés financiers alternatifs : nous restons à l’écart
Avec une performance moyenne de 2,4% depuis le début de l’année pour l’indice HFRU, les stratégies alternatives ont constitué une alternative plus payante que la classe obligataire tous segments confondus. Néanmoins le niveau des taux devrait rester soutenu encore quelques mois, favorisant le monétaire compte tenu d’un couple rendement risque plus favorable. Nous restons convaincus que le segment obligataire bénéficiera dans un deuxième temps de la baisse des taux directeurs attendue pour le second semestre. Compte tenu de ces éléments, nous maintenons une position négative à l’égard des stratégies alternatives.
Les produits structurés : une alternative aux marchés financiers
Nous aimons cet instrument pour sa capacité à s’adapter aux objectifs de rendement d’un investisseur tout en maitrisant l’exposition au risque désirée.
Ce produit reste particulièrement intéressant pour les investisseurs désireux de placement sur un temps long. En effet, les rendements sont attrayants sur des maturités longues, généralement 7 et +. Nous privilégions les structures adossées à des sous-jacents de taux compte tenu du niveaux actuels des indices actions. Cependant, des opportunités peuvent être saisies sur une sélection de titres et indices.
Capital investissement : les charmes de la dette mezzanine
L'attrait grandissant des investisseurs institutionnels pour les actifs non cotés reflète un virage notable, anticipant un élargissement des fonds destinés au marché de détail en 2024. Tout en adoptant une approche mesurée à court terme, notre vision reste favorable concernant le futur du capital investissement. Nous favorisons non seulement les stratégies secondaires, mais aussi les stratégies de co investissement et de dette privée. En outre, nous intégrons activement les stratégies de growth buyout, qui ciblent les entreprises en phase d'expansion désireuses d'accélérer leur croissance, ainsi que les mécanismes de dette mezzanine, qui fournissent une solution de financement flexible à mi-chemin entre le capital propre et la dette senior, pour enrichir notre portefeuille et saisir des opportunités complémentaires dans un paysage économique en mutation.

*Les enquêtes de conjoncture fournissent des indicateurs aux économistes pour prévoir l'activité à court terme. L’un des plus regardés est le PMI composite, réalisé à partir d’entretiens auprès des directeurs d'achat des entreprises des secteurs de l'industrie et des services. Un chiffre au-dessus de 50 indique une croissance de l’activité. Un chiffre inférieur à 50 traduit une contraction.