Le rendez-vous des marchés financiers - Octobre 2024
Marchés financiers & économie : les points clés
- Les marchés financiers continuent de bien se comporter, malgré les incertitudes économiques et géopolitiques.
- Le cours du baril de pétrole amorce un rebond, alimenté par la crainte d'une escalade du conflit opposant Israël à l'Iran.
- Afin de préserver la robustesse du marché de l'emploi américain, la Réserve fédérale a assoupli sa politique monétaire et amorcé un nouveau cycle de baisse des taux.
- Au cours du deuxième trimestre, la croissance de la zone euro s'est limitée à 0,2 %, contraignant la Banque centrale européenne à poursuivre sa politique de réduction des taux.
Quelles performances sur les marchés financiers ?
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Le conflit entre Israël et l’Iran s’intensifie
La situation au Moyen-Orient s'embrase. Grâce à des informateurs infiltrés au sein des rangs iraniens, les services israéliens sont parvenus à éliminer Hassan Nasrallah, chef spirituel du Hezbollah, un mouvement islamiste chiite libanais. Ce dernier a été abattu dans son quartier général, niché au cœur de la banlieue sud de Beyrouth. En représailles, le Hezbollah et le régime iranien, alliés de longue date, ont riposté avec une salve de 200 missiles tirés depuis le Liban en direction d’Israël. Bien que la majorité de ces projectiles aient été interceptés par le bouclier défensif israélien, la crainte d'une riposte massive de Tsahal, l'armée israélienne, ne cesse de croître. Une escalade dans l’intensité du conflit semble désormais inévitable.
Pour l’heure, les marchés financiers ne réagissent pas avec une trop grande inquiétude face à cette montée des tensions. Lors de sa dernière intervention publique, le président des États-Unis, Joe Biden, a réaffirmé qu’il restait encore possible « d'éviter une guerre totale au Moyen-Orient, même si de nombreux obstacles subsistent ». Toutefois, les signes d’instabilité sont palpables : le cours du baril de pétrole, après plusieurs semaines de baisse, a bondi à 78 dollars, témoignant des incertitudes qui planent sur la région.
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Les marchés mondiaux toujours dans le vert
L'avance économique des États-Unis sur l'Europe trouve naturellement son reflet sur les marchés boursiers. En effet, les actions européennes se négocient à une décote significative par rapport à celles du pays de l'Oncle Sam. Actuellement, le ratio cours/bénéfice en Europe est de 14,4 fois, contre 24,0 fois aux États-Unis.
Cette année, sans surprise, les indices américains caracolent donc en tête. Le S&P 500 s’envole de plus de 20 % depuis le 1er janvier, devançant ainsi l’Euro Stoxx 50 de 10 points !
En France, les marchés actions peinent toujours à séduire les investisseurs, freinés par les incertitudes politiques et une dette publique qui ne cesse de s'alourdir. Néanmoins, depuis le début de l’année, le CAC 40 se maintient à l’équilibre, oscillant autour des 7 520 points.
Ailleurs dans le monde, les marchés chinois semblent renouer avec la faveur des investisseurs. Porté par les mesures annoncées par le gouvernement et la Banque populaire de Chine, l’indice Shanghai Composite a bondi de 20 % en moins de dix jours. Depuis le début de l’année, l’indice phare de la bourse chinoise affiche un gain impressionnant de 12,6 %.
Au Japon, le Nikkei 225 poursuit son ascension, avec une hausse de 16,06 % en 2024. En Inde, le Nifty 50 n’est pas en reste, enregistrant une progression de 15 % sur la même période.
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Endettement : la France et les États-Unis sous pression
C’est un symbole dont la France se serait bien passée. Désormais, l'Espagne emprunte à un taux plus avantageux que notre pays. Le taux de l’Obligation Assimilable du Trésor (OAT) français à 10 ans s’établit actuellement à 3,01 %, contre 2,99 % pour le titre équivalent de la dette espagnole.
En d'autres termes, les investisseurs expriment leurs doutes quant à la capacité de l'État français à maîtriser son budget et à contenir une dette en pleine explosion. D’après les derniers chiffres communiqués par le nouveau Premier ministre, Michel Barnier, le déficit public de la France devrait excéder 6 % en 2024, tandis que la dette atteint désormais 112 % du PIB.
L’inquiétude se fait également sentir aux États-Unis, où la dette publique a atteint l’impressionnant montant de 35 700 milliards de dollars. Comme le rappelle Thomas Veillet, expert en finance de marché : « Depuis juin 2023, la dette a augmenté de 14 %, soit 4 000 milliards de dollars. Or, sur la même période, le PIB n’aura crû que de 1 500 milliards. La dette américaine progresse donc 2,7 fois plus vite que la croissance de son économie. » Actuellement, le taux de rendement de l’obligation d’État américaine à 10 ans s'élève à 4 %.
Les prochaines élections américaines, accompagnées de promesses électorales généreuses de la part des deux candidats, Donald Trump et Kamala Harris, risquent d'aggraver la situation financière des États-Unis.

États-Unis : la FED reprend la main
À moyen terme, les analystes financiers continuent de privilégier le scénario d'un atterrissage en douceur de l'économie mondiale. Ils n'anticipent pas de récessions. Selon la Banque mondiale, le PIB mondial devrait progresser de 2,6 % en 2024. Cependant, les incertitudes demeurent élevées.
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Des statistiques contrastées
Les statistiques publiées aux États-Unis révèlent une économie en perte de vitesse, marquée par une érosion de la confiance des acteurs économiques. L’indice de confiance des consommateurs a chuté à 98,7 points en septembre, se situant en dessous des 103,8 prévus par les analystes, selon l’enquête menée par le Conference Board. Parallèlement, la confiance des petites et moyennes entreprises, mesurée par la NFIB, a également reculé en août, passant de 93,7 à 91.
Surtout, la consommation des ménages semble être principalement alimentée par l’endettement. Au cours des derniers mois, les Américains ont largement utilisé leurs cartes de crédit, ayant épuisé une grande partie de leurs réserves d’épargne. Ainsi, le total des crédits à la consommation a augmenté de 25,5 milliards de dollars en juillet, atteignant un nouveau record historique de 5 100 milliards de dollars. En à peine 15 ans, la dette des consommateurs américains a tout simplement doublé. Autre nouvelle préoccupante : la part des impayés sur les cartes de crédit a grimpé de 9,1 %.
Toujours est-il que la croissance du PIB des États-Unis reste très robuste. Celle-ci s'est établie à 3% en rythme annualisé au deuxième trimestre selon le département du Commerce. Le département du Commerce a également révisé à la hausse la croissance au premier trimestre, à 1,6% contre 1,4% initialement annoncé.
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Les yeux des banquiers centraux rivés sur l’emploi
Pour piloter sa politique monétaire, la Réserve fédérale scrute les chiffres de la croissance, bien sûr, mais aussi ceux l'évolution des chiffres de l'emploi. Or, ce dernier vient de connaître un rebond inattendu après cinq mois de ralentissement. En septembre, les entreprises américaines ont créé 143 000 emplois privés, alors que les prévisions tablaient sur 125 000. Un chiffre confirmé par le Bureau of Labor Statistics qui a lui aussi annoncé, à la surprise générale, que l’économie américaine avait créé 254 000 emplois en septembre, soit 107 000 emplois de plus que prévu
Cependant, la moyenne sur trois mois demeure faible, à seulement 119 000, l'un des niveaux les plus bas depuis 2020.
Parallèlement, un autre indicateur inquiétant se dessine : l'indice de l'emploi a été publié à 43,9, contre 46 en septembre. C'est le quatrième mois consécutif en contraction.
Bien que le taux de chômage reste relativement bas à 4,1 %, il a toutefois connu une augmentation au cours des dix derniers mois, s'établissant à 3,4 % en 2023.
La hausse des salaires s'essouffle (un peu) également, tandis que le taux de démission, qui avait flambé ces dernières années, est retombé à son niveau de 2018. Avec moins de postes à pourvoir, les Américains semblent désormais plus réticents à quitter leurs emplois pour se lancer dans de nouvelles aventures professionnelles.
Dans ce contexte, la Réserve fédérale anticipe un taux de chômage atteignant 4,4 % d'ici la fin de l'année. Cette prévision constitue l'une des raisons majeures, avec la baisse des pressions inflationnistes, qui justifient sa décision d'amorcer un changement dans sa politique monétaire, cherchant ainsi à s'ajuster à une réalité économique en mutation.
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Une première baisse des taux
Les pressions inflationnistes reculent de manière significative. En août, la hausse des prix à la consommation a été conforme aux attentes, avec une progression de 0,2 % sur le dernier mois et de 2,5 % en glissement annuel, atteignant ainsi son niveau le plus bas depuis février 2021. Jerome Powell anticipe d'ailleurs une poursuite de cette tendance, prévoyant une inflation à 2,1 % d'ici 2025.
Parallèlement, le président de la Réserve fédérale garde un œil vigilant sur l'évolution du marché de l'emploi, l'un des principaux objectifs de son mandat étant de maintenir le plein emploi aux États-Unis. Dans ce contexte, il n'est guère surprenant de voir l'institution américaine changer de cap et amorcer un cycle de baisse des taux. Ainsi, pour la première fois depuis mars 2020, la Fed a annoncé une réduction de 0,5 point de pourcentage de ses taux directeurs.
En choisissant une baisse de cette envergure, les banquiers centraux admettent implicitement que la bataille contre l'inflation est en passe d'être remportée. La priorité se tourne désormais vers la préservation du marché de l'emploi. Les taux directeurs de la Fed se situent à présent entre 4,75 % et 5 %.
Jerome Powell évoque à ce sujet « un ajustement approprié de la politique monétaire pour assurer la solidité du marché de l'emploi. Les décisions à venir seront toutefois prises réunion par réunion, sans suivre de trajectoire prédéfinie. »
De l'avis de nombreux analystes, cette baisse des taux pourrait se poursuivre d'ici la fin de l'année.
Pour conclure, la Réserve fédérale américaine a maintenu ses prévisions de croissance du PIB à 2 % par an jusqu'en 2027.
La croissance européenne s'effrite inexorablement
En 2023, l'Union européenne affichait un taux de croissance modeste de 0,4 %, flirtant dangereusement avec la récession. Cependant, cette année, le ralentissement s’accentue encore davantage. Après un premier trimestre marqué par une progression timide de 0,3 %, le second a vu le rythme fléchir, avec une hausse réduite à seulement 0,2 %. La croissance cumulée de la zone euro au cours des sept derniers trimestres n'a ainsi atteint que 0,6 %. Et, à l’horizon, aucune éclaircie ne semble poindre.
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Des signes de ralentissement
Les dernières publications des statistiques économiques ont de quoi inquiéter même les analystes les plus optimistes. L’indice PMI composite est tombé à 48,9 en septembre, signalant une contraction de l’activité pour la première fois après sept mois d'expansion. Quant à l'indice définitif HCOB des directeurs d'achat (PMI) de la zone euro, il a chuté à 45,0 en septembre, contre 45,8 en août, se maintenant bien en dessous de la barre des 50, seuil qui sépare croissance et contraction.
Dans ce contexte, la baisse de la production industrielle en juillet (-0,3 %) n'est, hélas, guère surprenante. « La production industrielle de la zone euro devrait reculer d'environ 1 % au troisième trimestre par rapport au précédent », prévient Cyrus de la Rubia, chef économiste chez Hamburg Commercial Bank. « Avec des commandes en chute libre, il est raisonnable de s'attendre à une nouvelle baisse de la production d'ici la fin de l'année », a-t-il ajouté dans des propos relayés par le média financier L’Echo.
Tout porte donc à croire que la stagnation de l’économie de la zone euro est imminente. D’autant plus que, en France, l'un des moteurs économiques de l’Union, l'indice PMI composite a enregistré sa plus forte baisse en quinze mois.
Autres signes inquiétants d'un ralentissement à venir : la consommation des ménages a chuté de 0,1 % par rapport au trimestre précédent. L'investissement, lui aussi, a ralenti, enregistrant une baisse de 0,55 point de pourcentage au cours de la même période.
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L’Allemagne : le coup de la panne
L’Allemagne, pilier économique de la zone euro, traverse actuellement une période de turbulences. L'enquête IFO, qui reflète le climat des affaires pour le mois de septembre, témoigne de ce malaise : l’indice est retombé à 48,5, indiquant une contraction économique, alors que les prévisions tablaient sur 50,5. De son côté, l'indice ZEW du sentiment économique a lui aussi marqué un net recul en septembre, se chiffrant à +3,6, soit une baisse de 15,6 points par rapport à son niveau d'août.
Les signes inquiétants ne s'arrêtent pas là. L'indice des services, bien que toujours en territoire positif, a atteint 50,5, son plus bas niveau depuis sept mois. Quant à l'indice manufacturier, il poursuit inexorablement sa chute, s'établissant à 44,8, son plus bas niveau en neuf mois.
Selon la Bundesbank, « l'économie allemande est peut-être déjà en récession, bien qu'un ralentissement économique sévère ne semble pas envisageable dans l'état actuel des choses. » L'institut IfW de Kiel anticipe une contraction de 0,1 % de l'économie en 2024, après un recul déjà constaté de 0,3 % en 2023.
La Bundesbank rejoint ce constat prudent. Elle souligne que l’économie allemande pourrait stagner ou enregistrer une légère baisse au troisième trimestre, après une contraction surprise de 0,1 % lors du trimestre précédent. À plus long terme, l’institution se veut toutefois rassurante : selon son président, "une récession marquée par un déclin significatif, généralisé et durable de la production économique n'est pas envisagée pour le moment."
Fortement dépendante de ses exportations, notamment vers la Chine, l'Allemagne espère néanmoins tirer profit du plan de relance récemment annoncé par Pékin.
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La BCE réagit enfin
L’inflation dans la zone euro a chuté brusquement, passant de 2,2 % en août à 1,8 % en septembre, sous l’effet conjugué de la baisse des coûts de l’énergie et d’une chute significative des prix des services.
Pour Christine Lagarde, « il est probable que le chiffre de l'inflation en septembre soit proche de 2 %, en deçà du scénario de base de la BCE. La lutte contre l'inflation progresse, et le processus de désinflation est en cours. »
Résultat des courses, la BCE a réagi en annonçant une nouvelle baisse de 25 points de base du taux directeur de l’institution européenne, le portant à 3,5 %. C'est la deuxième réduction de ce cycle, après une première diminution de 0,25 % en juin dernier. Les marchés anticipent désormais deux baisses de taux d'ici la fin de l'année.
Suffira-t-il à relancer une économie atone ? Rien n'est moins sûr. En vérité, de nombreux économistes s’interrogent sur la lenteur des prises de décisions et sur le niveau des taux, qu’ils jugent encore bien trop élevé.
La Chine déploie son plan de relance
L’économie chinoise va de mal en pis. Au deuxième trimestre de 2024, le produit intérieur brut n’a enregistré qu’une augmentation de 0,7 % en glissement trimestriel, un rythme qui s’avère être le plus faible depuis 2022. Malgré cette situation préoccupante, les dirigeants chinois affichent une certaine confiance. Xi Jinping a rappelé que l’objectif officiel de croissance de 5 % n’était pas abandonné.
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Les exportations : l’arbre qui cache la forêt ?
Malgré les affres d’une guerre commerciale menée avec les États-Unis, les données économiques chinoises du mois d’août mettent en lumière la bonne tenue des exportations, qui ont augmenté de 8,7 % en glissement annuel.
Ce dynamisme résulte toutefois d’une stratégie axée sur le volume. Les entreprises, en réduisant leurs prix pour maintenir leurs ventes, témoignent d’un phénomène où les volumes d’expédition ont augmenté plus rapidement que la valeur des exportations au cours des derniers mois. C’est particulièrement visible sur le marché de l’acier, où la Chine inonde le marché mondial en écoulant sa production à vil prix.
Cependant, la demande intérieure demeure faible. Les consommateurs chinois manquent de confiance, ce qui pèse sur l’économie nationale. L’indice de confiance des consommateurs s'est affiché à 98,7, nettement en deçà des attentes, qui s'élevaient à 104.
Les importations n’ont progressé que de 0,5 % en glissement annuel, un chiffre bien en deçà des prévisions du consensus. Il en va de même pour les ventes de détail, qui ont enregistré une hausse de 2,1 %, contre une estimation de 2,5 %. L’indice de confiance dans le secteur manufacturier a également fléchi, atteignant 49,41, signalant ainsi une contraction pour le troisième mois consécutif.
Il était devenu évident pour les dirigeants du pays que la Chine nécessitait un environnement de taux d'intérêt plus bas ainsi qu’une politique de relance économique claire pour raviver la confiance. En effet, l'Empire du Milieu rencontre de nombreuses difficultés à sortir de la crise immobilière, dont les répercussions se font durement ressentir par la population, avec 70 % de l'épargne des ménages investie dans cette classe d'actifs.
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Enfin un plan de relance !
Jusqu'à présent, et avec la bénédiction du Parti communiste chinois, la Banque populaire de Chine avait timidement procédé à quelques baisses de taux, mais celles-ci n'avaient jamais dépassé 0,10 % à chaque fois. Cependant, le temps presse ! La déflation n'est désormais plus très loin. En août, sur un an glissant, la hausse des prix s'est limitée à seulement 0,6 %.
Les dirigeants chinois ont donc décidé de reprendre les choses en main. De nouvelles mesures ont ainsi été annoncées pour stimuler la consommation et l'investissement, s'élevant à un montant proche de 150 milliards d'euros. Le gouverneur de la Banque populaire de Chine, Pan Gongsheng, a ainsi annoncé la baisse des taux de référence à 1,85 % ainsi que l'injection de 9 Md€ dans le système financier. Autre mesure significative : une diminution de 0,5 % des taux d'intérêt hypothécaires pour les prêts immobiliers existants est prévue, offrant un bénéfice estimé à 50 millions de foyers et permettant de réduire les coûts d'emprunt de 19 Md€.
Le gouverneur a également déclaré que la banque centrale réduirait prochainement de 50 points de base le montant des réserves obligatoires (RRR) imposées aux banques, ce qui devrait libérer environ 127 Md€ pour de nouveaux prêts.Pour réaliser l'achat d'une résidence secondaire, les investisseurs verront, par ailleurs, leur l'apport en fonds propres se réduire, passant de 25 % à 15 %.
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Un doute sur l’efficacité des mesures ?
Les experts s'interrogent sur l'efficacité du programme d'injection de liquidités de la Banque populaire de Chine, au regard de l'extrême faiblesse de la demande de crédit tant de la part des entreprises que des consommateurs. Ils notent par ailleurs l'absence de mesures visant à soutenir l'activité économique réelle.
L'exécutif chinois en a d'ailleurs peut-être pleinement conscience. Par la voix de Pan Gongsheng, il a ouvert la porte à l'annonce d'autres mesures similaires d'ici la fin de l'année.
Les marchés financiers ont cependant très bien accueilli cette nouvelle, l'indice composite de Shanghai bondissant de près de 20 % en quelques séances.
Japon : un nouveau premier ministre
Au Japon, le pouvoir politique change de mains. Le réformateur Shigeru Ishiba accède au poste de Premier ministre, succédant ainsi au modéré Fumio Kishida. Son programme ambitionne, entre autres, une réforme fiscale d’envergure, des hausses de taux d’intérêt, ainsi qu’une appréciation du yen.
En dépit des vives inquiétudes qui hantent les investisseurs, certains économistes estiment qu'Ishiba n'entreprendra pas de réformes radicales à court terme. Cette prudence serait dictée par la composition équilibrée de son gouvernement et les réticences qui persistent au sein de son parti, le Parti libéral-démocrate (PLD).
L'inflation par ailleurs semble se maintenir, soutenue par la hausse continue des salaires. Toutefois, la Banque du Japon (BoJ) a écarté pour l'instant l'éventualité d’une nouvelle hausse des taux.
Les convictions de Scala Patrimoine
Le mois de septembre a dépassé les attentes, s'avérant nettement plus favorable pour les marchés que prévu. Bien que la performance des marchés actions des économies développées n'ait pas excédé 2,5 % pour les régions les plus dynamiques, l'assouplissement du discours monétaire de la Réserve fédérale américaine inaugure un nouveau cycle monétaire, promettant de soutenir l'économie. La baisse progressive de l'inflation vers l'objectif de la Fed a dévié l'attention de cette dernière vers l'affaiblissement du marché de l'emploi.
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Les marchés actions
Des situations économiques protéiformes
La Fed a initié un cycle de baisse des taux, en commençant par une réduction de 50 points de base sur le taux directeur, une mesure bien accueillie par les marchés, d'autant que les données macroéconomiques, notamment celles de la consommation, restent solides. Les anticipations des marchés concernant une baisse des taux se sont accentuées ces dernières semaines, avec désormais l'attente de cinq réductions d'ici mai 2025, bien que ces prévisions restent sujettes à des fluctuations en fonction des annonces des responsables de la Fed et des rapports sur l'emploi.
En Europe, les nouvelles sont nettement moins optimistes. Malgré une deuxième réduction des taux décidée à la mi-octobre, la BCE reste prudente quant au calendrier des prochaines baisses. La faiblesse de la croissance, particulièrement en Allemagne, ainsi que le manque d'investissements freinent la relance économique, surtout dans un contexte d'austérité nécessaire. Les taux d'intérêt élevés pèsent davantage en Europe, avec des conditions de crédit toujours contraignantes malgré un léger relâchement. Bien que l'inflation soit passée sous la barre des 2 % dans certains pays européens en septembre, indiquant une atténuation de la pression sur les consommateurs, la situation économique globale reste bien plus préoccupante en Europe qu'aux États-Unis.
En septembre, le gouvernement chinois, après plusieurs mois d'attente, a également annoncé un ensemble de mesures de stimulation monétaire, budgétaire et financière pour contrer la dégradation de la situation économique. Ces annonces ont suffi à propulser l'indice des actions domestiques chinoises de 29 % par rapport à son point bas annuel, ce qui a aussi favorisé un rebond de près de 7 % de l'indice des actions des marchés émergents en septembre. Cependant, à moyen terme, une reprise durable des prix de l'immobilier serait nécessaire pour restaurer la confiance des ménages chinois et stimuler la demande.
Une prudence qui s’impose sur les marchés actions ?
Dans ce contexte, nous maintenons une position neutre sur les marchés actions. Le scénario principal d'un atterrissage en douceur, associé aux baisses de taux attendues, soutient les actifs risqués. Cependant, nous restons prudents face à un environnement encore marqué par une grande volatilité, sensible aux incertitudes internationales (élections américaines, tensions géopolitiques) et par des valorisations élevées sur certains marchés.
Nous continuons de privilégier les actions américaines par rapport aux actions européennes, notamment en raison de la solidité du momentum économique aux États-Unis, de la désynchronisation des politiques budgétaires avec l'Europe, et de la robustesse des prévisions de croissance des bénéfices.
Une rotation sectorielle se dessine
Il convient de souligner l'importance de la diversification sectorielle, particulièrement dans un contexte où nous observons une déconcentration de la performance. Ces derniers mois, une rotation sectorielle a bénéficié aux secteurs présentant des valorisations plus attractives. Les prévisions de croissance bénéficiaire pour les valeurs du S&P 493 (excluant les sept grandes valeurs technologiques) progressent, réduisant l'écart avec les projections des grandes capitalisations du secteur technologique américain, qui continuent de délivrer des perspectives solides. Nous restons donc positifs sur ces valeurs, percevant les corrections comme des opportunités d'achat. Bien qu'un environnement de baisse des taux soit favorable aux petites capitalisations, nous déconseillons une surexposition à ces dernières, malgré des valorisations attrayantes. Ces valeurs peinent à retrouver une performance durable, dans un contexte où les leaders du marché concentrent la liquidité.
Enfin, s'exposer au Japon ou aux marchés émergents, tout en couvrant le risque de change, peut offrir une bonne diversification. Toutefois, nous recommandons de limiter l'exposition à la Chine, malgré les récentes annonces, et d'attendre des mesures plus significatives pour un impact durable sur la demande. Nous maintenons une opinion favorable sur l'Inde, malgré des valorisations élevées.
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Les marchés obligataires
En septembre, la baisse des taux d'intérêt des obligations souveraines s'est poursuivie, avec un recul d'environ 20 points de base sur la partie longue de la courbe des deux côtés de l'Atlantique, et de 30 points de base sur la partie courte, plus fortement impactée par la baisse des taux directeurs. Ces baisses ont continué à soutenir les valorisations des obligations.
L'écart entre l'OAT française et le Bund allemand a fluctué autour de 80 points de base, une prime de risque qui devrait perdurer en raison de la fragilité de la situation budgétaire française et de l'absence d'efforts notables pour réduire les dépenses publiques. Il est à noter que l'OAT française, après avoir dépassé les obligations souveraines portugaises à 10 ans, affiche désormais un rendement supérieur à celui de l’Espagne. La présentation du plan budgétaire de la France à Bruxelles, prévue à la fin du mois, sera un événement à suivre de près.
Une classe d’actifs qui bénéficie de la baisse de l’inflation
La baisse de l'inflation et le début d'un cycle de normalisation monétaire restaurent à la classe d'actifs obligataires sa capacité à se désynchroniser des marchés actions. En cas de déviation du scénario central, une accélération de la baisse des taux directeurs profiterait à la valorisation des obligations en portefeuille. À l’inverse, une ré-accélération de l'inflation pourrait pousser les banques centrales à revenir sur leur stratégie et à relever les taux. Dans ce scénario, les coupons élevés garantiraient tout de même un rendement positif, offrant ainsi une source de revenu stable pour les investisseurs. C'est pourquoi nous adoptons désormais une vision positive sur les obligations, en privilégiant les crédits de qualité, dits « investment grade », sur des maturités moyen terme, afin de continuer à profiter de rendements attractifs par rapport aux dix dernières années.
D’un point de vue des valorisations, celles-ci apparaissent globalement plus intéressantes que les obligations à haut rendement, en raison de la compression marquée des spreads, permettant ainsi d'améliorer la qualité crédit du portefeuille. Les obligations subordonnées financières émises par de grandes banques systémiques européennes constituent également une source de diversification dans le segment obligataire. La subordination de cette dette offre des rendements plus élevés que la dette senior, alors même qu’elle est émise par des banques dont les bilans se sont considérablement renforcés au cours des dix dernières années, grâce à un cadre réglementaire bancaire plus strict. Il est toutefois recommandé de privilégier les titres présentant un risque moindre dans la hiérarchie de subordination.
L’attrait du haut rendement ?
Le segment des obligations à haut rendement (« High Yield ») demeure un outil de diversification pertinent dans une allocation obligataire. Le taux de défaut reste historiquement bas, et le marché américain, plus profond avec un plus grand nombre d’émetteurs, offre une prime de risque significativement supérieure à celle observée en Europe. Le coût de couverture du risque de change doit néanmoins être pris en compte. Nous préconisons de se concentrer sur les titres notés BB et B, à des maturités courtes voire très courtes, afin de limiter le risque de refinancement (très faible pour 2025) et d’atténuer la sensibilité aux taux.
La dette émergente en devise forte constitue également une option à considérer pour booster le rendement du portefeuille obligataire, car cette classe d'actifs tend à surperformer historiquement lors des cycles de baisse des taux de la Fed.
Enfin, la repentification de la courbe des taux, après plusieurs années d'inversion, ravive l'intérêt pour la duration (positions sur la partie longue de la courbe). Toutefois, nous préférons privilégier les obligations d'entreprise de qualité, qui offrent des rendements plus élevés sur des maturités plus courtes, limitant ainsi l’exposition à la volatilité des taux.
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Les investissements alternatifs
Nous avions initialement adopté une position défavorable vis-à-vis de ces stratégies cette année, préférant nous positionner à la hausse sur les actions et les obligations. Jusqu'à présent, nous avons également privilégié les placements monétaires, en raison de l'attrait du couple rendement/risque qu'ils offraient. Toutefois, au vu des niveaux élevés de valorisation des actions, en particulier sur certains marchés, et des disparités au sein même de cette classe d'actifs, nous considérons que des stratégies de type long/short actions pourraient s'avérer pertinentes. Ces stratégies permettraient non seulement de protéger l'exposition aux marchés actions en cas de baisse des valeurs, mais également de surperformer les indices sur les marchés les plus complexes.
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Les produits structurés
Nous continuons de privilégier les produits structurés en raison de leur capacité à s’adapter aux objectifs de rendement d'un investisseur tout en permettant une gestion maîtrisée de l’exposition au risque des marchés financiers. Malgré la baisse des taux observée, les rendements offerts demeurent attractifs. Dans ce contexte, la priorité est accordée à une sélection rigoureuse et à une diversification adéquate des structures et des sous-jacents. Les opportunités d’investissement sont nombreuses, mais il est primordial de bien comprendre les mécanismes de ces produits avant de s'engager, afin d'éviter toute déconvenue.
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Le capital-investissement et la dette privée
L'intérêt croissant des investisseurs institutionnels pour les actifs non cotés demeure une tendance clé, accentuée par un contexte de baisse progressive des taux d'intérêt en 2024. Cette dynamique stimule les flux vers les fonds destinés au marché de détail.
Une vision positive pour la classe d’actifs
En adoptant une approche mesurée à court terme, nous conservons une vision positive pour le private equity. Nous continuons de privilégier les stratégies secondaires, qui permettent d’accéder à des opportunités de valorisation intéressantes. Parallèlement, les fonds de co investissement restent au cœur de notre approche pour maximiser les rendements tout en minimisant les coûts.
Les stratégies de dette privée gagnent également en importance dans ce contexte de baisse des taux, offrant des solutions de financement attractives. De plus, nous restons engagés dans les stratégies de growth buyout, qui soutiennent les entreprises en phase d’expansion, ainsi que dans la dette mezzanine, qui fournit un financement flexible, particulièrement adapté à un environnement de financement plus favorable. Ces stratégies renforcent notre portefeuille en saisissant des opportunités sur un marché en transformation. Enfin, le venture capital (VC) connaît un regain d’intérêt, offrant des perspectives prometteuses pour financer des startups innovantes, notamment dans les secteurs de la technologie et de la transition énergétique.
Quelle allocation choisir ?
Nous favorisons une approche diversifiée des investissements non cotés, conçue pour s'inscrire dans une stratégie à long terme, sans changements trop brusques. Pour optimiser un portefeuille dans ce contexte, nous recommandons une stratégie équilibrée. Cela inclut une allocation aux stratégies secondaires pour la stabilité, une exposition au capital-risque (VC) pour capter le potentiel de rendements élevés, et des investissements dans le LBO pour bénéficier de l'effet de levier. Le growth equity permet d'exploiter la croissance des entreprises établies, tandis que la dette mezzanine profite de taux compétitifs, diversifiant ainsi le risque et maximisant les opportunités de rendement.

Plan d'épargne retraite (PER) bancaire ou assurance : quel contrat choisir ?
Dans les années à venir, l'un des enjeux majeurs pour les Français sera de disposer d’un revenu suffisant pour assurer leur retraite. Ce défi se pose dans un contexte où les finances publiques sont sous forte pression, pouvant contraindre l'État à revoir à la baisse le montant des pensions. Le Plan d'Épargne Retraite (PER) apparaît dès lors comme un levier indispensable pour constituer un capital ou une rente, venant ainsi compléter les régimes de retraite obligatoires. La réforme de 2019, portant sur les produits d'épargne retraite, s’est d’ailleurs imposée comme un succès incontestable.
Elle a conféré aux nouveaux contrats une souplesse et une flexibilité qui faisaient cruellement défaut aux anciens dispositifs, tels que le Plan d'Épargne Retraite Populaire (PERP) ou le contrat Madelin.
L'an dernier, le PER a conquis plus d'un million de nouveaux adhérents, totalisant des versements à hauteur de 14,7 milliards d'euros.
Depuis son lancement, ce ne sont pas moins de 10,4 millions de contrats qui ont été souscrits, portant l'encours cumulé à 108,8 milliards d'euros, selon les chiffres communiqués par le ministère de l'Économie et des Finances.
Le fonctionnement du Plan d’épargne Retraite
Lancé en octobre 2019, le plan d’épargne retraite remplace progressivement d'autres dispositifs d’épargne retraite, tels que le PERP, le contrat Madelin ou encore le contrat « Article 83 ».
Désormais, le PER se présente en trois formes distinctes :
– Le compartiment individuel (PERin), alimenté par des versements volontaires et le transfert d'anciens contrats comme le PERP, le contrat Madelin, la Préfon, etc. ;
– La partie "collective" (PERE-collectif), qui recueille notamment les primes d’intéressement et de participation, ainsi que l’abondement de l’employeur ;
– Le compartiment obligatoire (PERO), dédié aux cotisations obligatoires versées par le salarié et l’employeur (anciennement l'Article 83).
Avec cette nouvelle configuration, les épargnants peuvent également transférer l’épargne accumulée sur d'anciens plans vers leur nouveau contrat. « L’épargne accumulée au sein d’un PER est entièrement portable d’un contrat à un autre. Cette caractéristique me paraît essentielle, car elle permet aux investisseurs de faire jouer la concurrence entre les différents acteurs à tout moment de la vie du contrat, et non plus seulement avant sa souscription », souligne Thomas Lebel, family officer au sein du multi-family office Scala Patrimoine.
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Les cas de sorties anticipées
Malgré les assouplissements introduits par la réforme de 2019, le PER reste toutefois un produit à horizon long terme, souvent qualifié de « produit tunnel ». « Les souscripteurs ne pourront pas récupérer les sommes versées sur leur contrat tant qu’ils n’auront pas cessé leur activité professionnelle, à l’exception de certains cas de déblocage anticipé prévus par la loi », explique Thomas Lebel.
En effet, la législation permet, dans des circonstances précises, d’accéder de manière anticipée aux fonds investis. Thomas Lebel détaille ces situations : « Elles sont strictement encadrées par la loi. Cela inclut, entre autres, le décès du souscripteur ou de son conjoint, leur invalidité, une situation de surendettement, ou encore l’expiration des droits au chômage. Le dernier cas de déblocage anticipé, cette fois plus heureux, concerne l’acquisition de la résidence principale. »
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PER : un outil pour réduire son impôt sur le revenu
Cinq ans après sa réforme, l'engouement pour le Plan d'épargne retraite (PER) ne faiblit pas. L'une des principales raisons de ce succès réside dans la possibilité offerte aux épargnants de déduire leurs versements volontaires de leur revenu imposable, sous certaines conditions. Cette déduction permet en effet une réduction immédiate de l'impôt sur le revenu. Cette stratégie constitue ainsi un avantage particulièrement attrayant pour les contribuables les plus lourdement imposés.
« Les versements volontaires peuvent être déduits de l'assiette de votre impôt sur le revenu, dans la limite d'un plafond global annuel. Ce plafond est indiqué sur votre avis d'imposition de l'année précédente », explique Thomas Lebel. Il convient également de noter que ces plafonds varient selon votre statut, qu'il s'agisse de salariés ou de travailleurs indépendants.
- Pour les salariés les versements volontaires sont déductibles dans la limite du montant le plus favorable entre :
- 10 % des revenus d’activité de l’année N-1 - retenus dans la limite de 8 plafond annuel de la Sécurité sociale (PASS)
- 10 % du PASS.
- Pour les indépendants, les versements volontaires sont déductibles du bénéfice ou de leur rémunération dans la limite de :
- 10 % des revenus d’activités (retenus dans la limite de 8 PASS) ou 10 % du PASS et 15 % des revenus d’activité de l’année N compris entre 1 et 8 PASS
- ou 10 % du PASS
Concrètement, plus le taux d’imposition sera élevé, plus les économies d’impôts seront importantes.
Exemple : si un salarié verse 15 000 € sur un PER en 2024, son économie d’impôt 2025 sera égale à :
- 6 750 € si votre taux marginal d’imposition est de 45 % ;
- 6 150 € si votre taux marginal d’imposition est de 41 % ;
- 4 500 € si votre taux marginal d’imposition est de 30 %.

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Une flexibilité appréciée
Les investisseurs apprécient également la flexibilité inhérente à ce nouveau dispositif. « Avant la réforme, l'obligation de convertir les économies en rente viagère suscitait des réticences chez certains de nos clients », confirme Thomas Lebel.
Désormais, le PER (Plan d'Épargne Retraite) offre une souplesse inédite quant aux modalités de récupération des fonds accumulés. Contrairement à ses prédécesseurs, tels que le PERP ou le contrat Madelin, qui imposaient une sortie exclusivement sous forme de rente viagère, le PER permet à l’épargnant de choisir entre un retrait en capital — en une ou plusieurs fois —, une sortie sous forme de rente, ou même une combinaison des deux.
« Les investisseurs doivent également garder à l'esprit qu'une option de réversion peut être intégrée au contrat. En cas de décès, une rente sera alors versée au bénéficiaire désigné », précise le family officer.
Malheureusement, depuis le 1er janvier, il n’est plus possible d'ouvrir un plan d'épargne retraite pour un enfant mineur ni d'effectuer de nouveaux versements jusqu'à ses 18 ans.

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Un outil d’aide à la transmission du chef d’entreprise
Le PER présente de nombreux avantages pour les chefs d'entreprise, cherchant à anticiper et optimiser la transmission de leur patrimoine.
Ce contrat leur offre en effet, la possibilité de réaliser des versements volontaires, déductibles des revenus imposables. Des versements qui allègent ainsi immédiatement leur charge fiscale tout en capitalisant pour l’avenir. Dans ce cadre, le souscripteur peut désigner un bénéficiaire en cas de décès, le conjoint ou partenaire pacsé étant souvent privilégié. Ce choix présente un intérêt particulier, car en cas de disparition du titulaire, le capital accumulé sur le PER bénéficie d'une exonération fiscale totale à la sortie, à condition que le plan n’ait pas été liquidé lors du départ en retraite.
Cette exonération post-mortem distingue particulièrement le PER d’autres solutions d’épargne telles que l’assurance-vie. En effet, contrairement à cette dernière, les plus-values réalisées sur un PER échappent aux prélèvements sociaux lors du décès du souscripteur.
Cependant, comme le souligne Guillaume Lucchini, cette stratégie comporte certaines limites. « Cette approche est intéressante, mais elle présuppose que le chef d'entreprise n'aura pas besoin des sommes investies sur le PER au moment de sa retraite ». En d’autres termes, le PER se révèle particulièrement adapté aux entrepreneurs ayant déjà sécurisé d'autres sources de revenus pour leurs vieux jours, et qui peuvent se permettre de laisser ces fonds intacts pour leurs héritiers.
Par ailleurs, Guillaume Lucchini souligne que « l'attrait financier du PER reste circonscrit par les plafonds fiscaux annuels imposés à ce dispositif ». « Le PER s’inscrit donc dans une réflexion plus large et ne saurait, à lui seul, répondre à tous les enjeux liés à la transmission. Il doit donc être utilisé en complément d’autres dispositifs pour maximiser ses bénéfices tout en tenant compte des besoins financiers présents et futurs du souscripteur » prévient le fondateur du multi family office Scala Patrimoine.
Comparaison entre le PER Compte-Titres et le PER Assurance
Le Plan d'Épargne Retraite (PER) peut être souscrit aussi bien auprès d'un grand assureur (PER Assurance) que d'une banque (PER Compte-Titres). Bien que les principales caractéristiques de ces contrats soient similaires — notamment en matière de fiscalité sur les versements, d'objectifs d'épargne et de modalités de sortie — certaines distinctions méritent d'être mises en lumière.
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Une structure de frais différente
Comme l'affirme avec insistance l'Autorité des marchés financiers, « les placements ne sont pas gratuits ». En effet, divers frais sont prélevés par les intermédiaires, tels que les assureurs et les sociétés de gestion. L'impact de ces frais sur le rendement des placements ne saurait être sous-estimé. Une étude menée en 2021 par les sénateurs Albéric de Montgolfier et Jean-François Husson, dans le cadre de la protection des épargnants, a révélé qu'à long terme, près de la moitié du rendement d'un placement pourrait être absorbée par ces frais.
Cette situation est vivement regrettée par Guillaume Lucchini, fondateur du multi-family office Scala Patrimoine : « Le niveau des frais — très élevé — pèse de manière excessive sur la performance des épargnants. C'est pourquoi nous accordons une attention particulière à la structure des frais prélevés sur chaque contrat. À cet égard, il est à noter que les PER Compte-Titres sont souvent moins coûteux que les PER Assurance. »
Les solutions d'investissement offertes par ces deux enveloppes diffèrent également. Seul le PER Assurance propose un fonds en euros, un placement prisé par les Français cherchant à sécuriser leur épargne à l'approche de la retraite, ou souhaitant éviter les risques de perte en capital. En revanche, « le PER bancaire offre un univers d'investissement bien plus diversifié, avec un accès notable aux fonds de private equity », souligne Guillaume Lucchini. Pour les investisseurs à long terme, au profil dynamique, le PER Compte-Titres représente ainsi un attrait indéniable.
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L'attrait du private equity
Le PER Compte-Titres permet un accès élargi au private equity, une classe d'actifs qui favorise l'investissement dans des sociétés non cotées en Bourse. Au cours des deux dernières décennies, le capital-investissement a généré des rendements nettement supérieurs à ceux de l'indice S&P 500. En France, entre 2007 et 2021, la performance annuelle moyenne des fonds de private equity a atteint 12,2 %. Ce chiffre étant largement supérieur à celui d'autres classes d'actifs, comme l'immobilier (6,3 %) ou le CAC 40 (5,1 %).
Historiquement, cette classe d'actifs était réservée aux investisseurs institutionnels. Toutefois, ces dernières années, l'offre s'est enrichie. Elle permet désormais aux particuliers d'y accéder à partir de 100 000 € d'investissement.
Comme le souligne Guillaume Lucchini, « Tout comme le PER, le private equity répond à des enjeux de long terme, sur une durée minimale de dix ans. Tous les éléments sont donc réunis pour un beau mariage. La liberté offerte par le PER Compte-Titres permet de rechercher les meilleurs fonds, sans les contraintes du PER Assurance. Cette flexibilité est d'autant plus cruciale que les performances varient fortement selon la qualité des fonds. »
Dans cette classe d'actifs, le choix des équipes d'investissement est primordial. Celles-ci sont directement responsables de la sélection et de la gestion des investissements. Une équipe expérimentée et compétente peut identifier les opportunités prometteuses et élaborer des stratégies efficaces pour maximiser les performances. Comme l'explique Guillaume Lucchini, « Scala Patrimoine adopte une approche analytique et rigoureuse pour offrir une sélection des fonds d'investissement les plus performants, en privilégiant des fonds de private equity de premier quartile selon les différentes stratégies d'investissement envisagées. »
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Une fiscalité au décès différente
Les règles fiscales varient également selon le type de PER. Pour les PER bancaires, les sommes épargnées font partie de l'actif successoral du défunt et sont donc soumises aux droits de succession classiques. En revanche, dans le cadre d’un PER Assurance, l’épargne est versée aux bénéficiaires désignés dans le contrat. La fiscalité de l'assurance-vie s'applique ainsi, avec des abattements spécifiques selon l'âge du souscripteur.
Si le décès survient avant 70 ans, le PER est exonéré de droits de succession dans la limite de 152 500 € par bénéficiaire. Au-delà de ce montant, un prélèvement de 20 % s'applique, et il est de 31,25 % pour les sommes supérieures à 700 000 €. Il est essentiel de noter que l'exonération s'applique à l'ensemble des contrats (PER et assurance-vie) et non à chaque contrat individuellement.
Lorsque le décès intervient après 70 ans, le capital transmis est soumis aux droits de succession, avec un abattement de 30 500 € par titulaire. Cet abattement est applicable à tous les contrats souscrits (PER et assurance-vie).
Comme l'indique Guillaume Lucchini, « le choix entre un PER Assurance et un PER bancaire dépendra d'un certain nombre de facteurs, notamment les objectifs et les besoins du souscripteur, ainsi que son appétence au risque et son horizon d'investissement. »

Comment investir dans le secteur du cinéma ?
L'industrie audiovisuelle française est un secteur économique majeur. En 2020, elle a généré un chiffre d'affaires de près de 22,5 milliards d'euros. Toutefois, ce domaine requiert un soutien financier important de la part d'investisseurs privés pour poursuivre son développement. C'est dans cette optique que les politiques ont créé les Sociétés de financement de l'industrie cinématographique et de l'audiovisuel (Sofica). Cependant, leur champ d'action demeure restreint, avec l'obligation de soutenir principalement le cinéma indépendant, dont le succès reste souvent confidentiel.
En 2023, près d'une soixantaine de films projetés dans les salles françaises ont attiré moins de 1 000 spectateurs. Et une vingtaine d'entre eux n'ont même pas franchi la barre des 100 entrées. Ces chiffres illustrent la difficulté de l'industrie à toucher un large public.
Malgré quelques succès notables, la moyenne des entrées pour les 380 films français sortis cette année avoisine les 160 000 spectateurs. La médiane s'établit à 25 000 entrées, signifiant que la moitié de ces films n'a pas dépassé ce seuil.
Face à ces contraintes, des fonds de private equity ont investi dans le secteur, se concentrant uniquement sur les œuvres susceptibles, selon eux, de rencontrer un succès commercial. Et la performance semble au rendez-vous.
1. Les sofica, pour alléger sa feuille d'imposition
Créées dans les années 1980, les Sofica se sont progressivement imposées comme des acteurs incontournables du cinéma français. En moyenne, elles contribuent au financement de 2 à 10 % du budget des œuvres cinématographiques et audiovisuelles.
À leur palmarès, on peut relever des succès de prestige tels que Les Choristes, Intouchables, ou Boîte Noire. L’an passé, les Sofica ont notamment soutenu Anatomie d’une chute, réalisée par Justine Triet. Un film qui a remporté la Palme d’or au Festival de Cannes.
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Un soutien renouvelé au cinéma français
Plutôt que de se tourner vers les blockbusters internationaux, les Sofica ont pour vocation de soutenir la création artistique française. Les fonds collectés sont d'ailleurs principalement destinés à des œuvres à petit budget, en dessous de 8 millions d’euros. Ainsi, 90 % de leurs investissements sont orientés vers la production indépendante.
Le nombre de ces structures d’investissement est, en outre, encadré par l’État. L'an dernier, seules 13 Sofica ont reçu un agrément, permettant de collecter un total de 73,07 millions d’euros. Depuis leur création, ces sociétés ont injecté près de 2 milliards d’euros dans le secteur, contribuant au financement de plus de 3 000 œuvres.
Ce soutien crucial à l’écosystème du cinéma a d'ailleurs été renouvelé par les parlementaires. Le dispositif des Sofica a été prolongé de trois années supplémentaires, jusqu’à la fin de 2026, dans le cadre de la dernière loi de finances.
Une décision dont s’est félicitée Olivier Henrard, directeur général délégué du CNC, « La collecte intégrale de l’enveloppe allouée aux Sofica et la reconduction à l’identique de ce dispositif essentiel pour trois ans constituent une excellente nouvelle pour l’avenir et la diversité de la création française. ».
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Un dispositif pour réduire son impôt sur le revenu
La loi de finances vient donc de confirmer pour les trois années à venir les règles régissant le dispositif de défiscalisation des Sofica. Les investisseurs continuent ainsi de bénéficier d’un avantage fiscal important à l’entrée. En effet, une réduction d’impôt de 48 % du montant de leur souscription leur est accordée, en contrepartie d’un blocage des fonds pour une durée variant entre 5 et 10 ans. En pratique, la majorité des Sofica sont néanmoins liquidées de manière anticipée au bout de 6 à 8 ans.
Cependant, les contribuables qui choisissent de céder leur part avant la période de 5 ans voient leur avantage fiscal remis en cause. De plus, il est impératif pour les contribuables d’investir un minimum de 5 000 € pour bénéficier de cet avantage.
Bien que la réduction d’impôt soit applicable dès la première année, elle est soumise aux conditions suivantes :
– elle est limitée au moindre des deux montants suivants : 25 % du revenu net global ou 18 000 €, entraînant ainsi une réduction maximale de 8 640 € ;
– elle est intégrée dans un plafond global des niches fiscales spécifique de 18 000 €, commun avec le dispositif Girardin outre-mer (contre 10 000 € pour les autres dispositifs de défiscalisation).
Il est important de noter que lorsque le total des avantages fiscaux de l’année dépasse ces montants, l’excédent est perdu. Et il ne peut être reporté sur les impôts des années suivantes.
Pour toutes ces raisons, ce dispositif de défiscalisation s’adresse principalement aux contribuables les plus fortement imposés, dans une optique de diversification de leur patrimoine.
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Des performances sinueuses
Bien que l'industrie du cinéma fasse réver, investir dans ce secteur se révèle rarement fructueux. Depuis leur création, en mettant de côté les avantages fiscaux associés, seules quelques Sofica ont réussi à atteindre la rentabilité. La majorité de ces véhicules d'investissement subit une dépréciation allant de 20 % à 40 %. En effet, depuis leur lancement, le taux de rendement interne (TRI) moyen est de seulement 2 % par an, avantages fiscaux inclus.
Les Sofica présentent donc un risque substantiel de perte en capital. Les espoirs de gains demeurent incertains, dépendant notamment du succès des œuvres financées. En conséquence, les bénéfices éventuels proviendront très probablement des avantages fiscaux obtenus lors de la souscription.
Il est aussi crucial de noter que cet investissement s'inscrit dans un cadre limité. La période de souscription est très courte. Les contribuables intéressés doivent agir rapidement.
2. Le private equity se lance dans le secteur du cinéma
Contrairement aux Sofica, les acteurs du capital-investissement investis dans l’industrie audiovisuelle jouissent d’une liberté d’action totale. Il leur incombe toutefois de définir la thèse d’investissement la plus pertinente, dans le but d'atteindre un taux de rendement interne (TRI) cible de 15 % sur une période sur huit ans, au minimum.
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Un marché en pleine mutation
Porté par la forte croissance des plateformes de streaming mondiales telles que Netflix, Disney+ ou Amazon Prime, le secteur audiovisuel est en pleine transformation. Au cours des dix dernières années, les sources de revenus se sont largement diversifiées. Les recettes ne se limitent désormais plus aux simples entrées dans les salles de cinéma, aux ventes de DVD ou la cession des droits aux chaînes de télévision. À titre d'exemple, Netflix compte aujourd'hui plus de 270 millions d'abonnés à travers le monde, contre 130 millions en 2019 !
De surcroît, une nouvelle réglementation entrée en vigueur en 2021 va considérablement soutenir la production française. Les opérateurs étrangers sont désormais tenus d'investir 20 % de leur chiffre d'affaires dans des œuvres françaises et européennes. Cette décision devrait se concrétiser par plus 500 millions d'euros d'investissements supplémentaires sur le marché français !
Cependant, les acteurs du private equity ayant investi dans cette industrie restent encore relativement rares. À l'heure actuelle, seule une dizaine d'acteurs ont franchi le pas en Europe.
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Un actif décorrélé des marchés financiers
Le financement privé par des entités autres que les acteurs traditionnels de la filière demeure encore marginal en France. Selon le Centre national du cinéma (CNC), seules 5 % des contributions proviennent des particuliers. Mais quels sont les attraits pour ces investisseurs ?
En premier lieu, le secteur de l'audiovisuel présente l'avantage d'être entièrement détaché des fluctuations des marchés financiers. Il constitue ainsi un investissement de diversification intéressant pour les épargnants souhaitant placer leur argent sur le long terme.
De plus, il représente une opportunité pour les passionnés de cinéma souhaitant contribuer à la vitalité de l'écosystème. L'excellence française dans la production d'œuvres audiovisuelles et cinématographiques n'est plus à démontrer. Les films et séries d'animation produits en France se vendent, par exemple, comme des petits pains. 40 % des programmes français sont ainsi exportés à l'étranger !
Lorsque l'équipe d'investissement est judicieusement choisie, les performances peuvent être au rendez-vous.
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Bien choisir les équipes et la thèse d’investissement
Les acteurs du private equity explorant l’univers de l’audiovisuel ont tous adopté une stratégie d’investissement marquée, en s’entourant notamment d’une équipe expérimentée, aguerrie aux subtilités de cette industrie complexe.
Ainsi, une société de gestion française a opté pour une spécialisation dans les films internationaux, tout en veillant à maintenir des coûts de production raisonnables. Composée d’anciens producteurs et financiers chevronnés dans le domaine du septième art, cette société a également établi un partenariat avec le prestigieux groupe cinématographique Pathé. Un partenariat qui lui a notamment permis de participer au financement de productions notables telles que « Le Comte de Monte Cristo » et « Second tour ».
Une autre société de gestion française concentre, quant à elle, ses investissements sur la distribution internationale ainsi que la coproduction de films et de séries d’animation françaises. Cette approche a d’ailleurs été renforcée par une collaboration avec ON Entertainment (Groupe Médiawan), un acteur majeur du secteur. Ce studio est, en effet, à l’origine de certains grands succès tels que « Le Petit Prince » et « Playmobil ».
Quoiqu’il en soit, il faut garder à l’esprit que le choix des équipes d'investissement est crucial. Ces équipes sont directement responsables de la sélection et de la gestion des investissements qui déterminent la performance du fonds. Une équipe expérimentée et compétente a la capacité de repérer les opportunités prometteuses, d'évaluer les risques de manière rigoureuse et de mettre en œuvre des stratégies efficaces pour maximiser les rendements. Leur expertise et leur jugement sont donc essentiels pour transformer les investissements dans le cinéma en succès financiers !
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Une classe d’actifs accessible uniquement « aux investisseurs qualifiés »
Les fonds de private equity investis dans l'audiovisuel sont ouverts à la souscription à partir de 100 000 €. Ils s'adressent ainsi uniquement aux investisseurs dits « professionnels ».
Certains de ces véhicules sont, par ailleurs, éligibles au dispositif de réemploi inscrit dans le Code général des impôts (CGI), à l’article 150-0 B ter. Ce dispositif offre certains avantages aux entrepreneurs qui réinvestissent tout ou partie des fruits de la cession de leur société dans de nouvelles activités économiques. Pour cela, le législateur leur permet de bénéficier d’un report d’imposition sur la plus-value générée par la vente de leur outil professionnel. Ainsi, au moment de l’apport, l’entrepreneur n’aura aucun impôt ni prélèvements sociaux à payer sur la plus-value constatée.
Le rendez-vous des marchés financiers - Septembre 2024
Marchés financiers & économie : les points clés
- Les marchés financiers ont subitement décroché début août, à la suite de la publication des mauvais chiffres de l’emploi aux États-Unis, avant de se reprendre.
- La croissance de la zone euro sera vraisemblablement inferieure à celle des États-Unis et des marchés émergents pour les années à venir. Le FMI table sur une croissance de 1,5 % pour la zone euro en 2025, contre 1,9 % pour les États-Unis et 3,2 % pour le reste du monde.
- Lors du symposium de Jackson Hole, Jérôme Powell, le président de la Réserve fédérale, a annoncé une très probable baisse des taux américains en septembre.
Quelles performances sur les marchés financiers ?
Les marchés financiers ont traversé un mois d’août sous haute tension. La publication des chiffres de l’emploi pour juillet aux États-Unis a semé le trouble parmi les investisseurs, en raison de la hausse inattendue du taux de chômage, qui touche désormais 4,3 % de la population active.
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Les marchés actions : Cliffhanger
Cet été, les principaux indices boursiers ont brusquement décroché. Le Nasdaq a perdu plus de 6 % en l’espace de quelques heures. Au Japon, le Nikkei a chuté de 12,4 %, enregistrant ainsi son pire repli depuis le krach de 1987.
En Europe, la baisse fut plus modérée sur les marchés. L’Euro Stoxx 50 a reculé de 2,17 % en une seule séance, tandis que le CAC 40 a terminé avec un repli de 1,42 %. Heureusement, cette « purge » n’aura duré que quelques jours, les marchés ayant rapidement amorcé une reprise.
Cet épisode illustre cependant la nervosité qui agite actuellement les marchés financiers, toujours vulnérables à de nouvelles turbulences. En témoigne la chute de 9,53 % en une seule séance de l’action Nvidia, le spécialiste de l’intelligence artificielle. Cette baisse a effacé 279 milliards de dollars de capitalisation boursière, un record absolu dans l’histoire des marchés !
Depuis le début de l’année, le S&P 500 affiche une hausse de 15 %, l’Euro Stoxx 50 progresse de 6,8 %, tandis que le CAC 40, lui, recule de 1 %.
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La volatilité : Peur sur la ville
En août, la volatilité a fortement augmenté, traduisant l’angoisse qui pèse sur les marchés. Le VIX, communément appelé l’indice de la peur, est ainsi passé de 12 fin juillet à 38 lors de la séance du 5 août. Depuis, l’atmosphère s’est quelque peu apaisée, et l’indice évolue désormais autour de 19.
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Les obligations d’états : Témoin sous protection
Les banques centrales adoptent un nouveau cap. Quelques semaines après la Banque centrale européenne, la Réserve fédérale américaine s’apprête elle aussi à abaisser ses taux directeurs. Le rendement du Bund allemand à 10 ans est tombé à 2,21 %, contre 2,6 % à la fin mai. Aux États-Unis, le taux à 10 ans s’établit à 3,74 % (contre 4,5 % fin mai), tandis qu’en France, le taux de l’OAT 10 ans reste relativement stable à 2,9 % (contre 3,1 % fin mai).
La France bénéficie évidemment de la protection offerte par la zone euro. L’évolution des taux français sera toutefois à suivre de près dans les mois à venir, notamment si la paralysie politique devait perdurer, ce qui pourrait avoir des répercussions sur l’adoption du budget et une éventuelle réduction du déficit public.
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L’or : La folie des grandeurs !
Le précieux métal jaune continue son ascension fulgurante. Le 20 août, le cours de l’once d’or a atteint un nouveau sommet historique à 2 526,07 dollars !
L’or profite d’un environnement économique et politique particulièrement favorable, marqué par des perspectives de baisse des taux, des tensions géopolitiques accrues et des programmes massifs d’achats menés par des banques centrales soumises à des sanctions américaines (Russie, Chine, Turquie…).
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Le cuivre : Plus dure sera la chute
Le cuivre, souvent perçu comme un indicateur avancé de l’état de l’économie mondiale, est sous pression depuis quelques semaines, notamment en raison des incertitudes entourant la croissance chinoise.
Depuis le mois de mai, le prix de « Dr Copper » (copper étant la traduction anglaise du mot cuivre) suit une tendance baissière sur les marchés. Son cours est passé de 5,11 dollars à 4,08 dollars en moins de quatre mois. Pour ne rien arranger, Goldman Sachs a récemment abaissé ses prévisions, fixant son objectif de prix à 10 100 dollars la tonne, contre 15 000 dollars précédemment.
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Le pétrole : Au revoir là-haut
Malgré les tentatives des grands producteurs de pétrole pour enrayer la baisse des cours de l’or noir, rien n’y fait. Sur les six derniers mois, le prix du baril de Brent a chuté de près de 11 %, s’établissant désormais à 73 dollars, bien en deçà des niveaux espérés par les membres de l’OPEP.
Avec le ralentissement de l’économie chinoise et la surproduction américaine, il sera difficile pour l’Arabie Saoudite, l’Iran ou les Émirats arabes unis de relancer les cours du pétrole dans les mois à venir.

Les États-Unis : une croissance en sursis ?
Les interrogations autour de la robustesse de la croissance américaine s’installent doucement mais sûrement. Les optimistes y verront un verre à moitié plein, tandis que les pessimistes affirmeront sans hésitation qu’il est à moitié vide.
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Une croissance plus forte qu’attendue au deuxième trimestre
L'économie américaine, résiliente, déjoue – pour l'heure – les pronostics alarmistes des cassandres. En effet, elle a affiché une progression annuelle de 3 % au dernier trimestre, surpassant les prévisions des analystes qui tablaient sur 2,7 %. Ce chiffre contraste avec la croissance plus modeste de 1,4 % observée au premier trimestre.
Ces performances macroéconomiques encourageantes reposent principalement sur une consommation soutenue et des investissements d’entreprise toujours robustes.
Les dépenses de consommation, qui représentent environ 70 % de l’activité économique, ont crû à un rythme annuel de 2,9 %, au-delà des 2,3 % anticipés. Quant aux investissements des entreprises, ils ont augmenté de 7,5 %, grâce notamment à une hausse de 10,8 % des investissements en équipement.
La confiance des ménages, un autre indicateur clé, s'est redressée en août, passant de 101,9 à 103,3, surpassant les attentes des économistes, qui prévoyaient un léger repli autour de 101.
En outre, la mesure de l'inflation PCE (Personal Consumption Expenditures) est restée en ligne avec les prévisions (+0,2 % sur le mois et +2,5 % en rythme annuel), apportant une touche d’optimisme supplémentaire.
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Un marché de l’emploi sous pression
Malgré ces données rassurantes, les spéculations sur la santé de l’économie américaine persistent. Le spectre de la récession continue de planer dans les esprits.
L’indice ISM manufacturier, baromètre clé de l’activité économique du pays, est ressorti en deçà des attentes, à 47,2, contre 46,8 le mois précédent, alors que les économistes espéraient un rebond à 47,9. L’ISM des services se porte, quant à lui, un peu mieux qu’attendu. Il est sorti à 51,5 en août contre 51,4 en juillet, alors que le consensus était de 51,1
Plus préoccupant encore, les créations d'emplois se révèlent bien plus faibles qu'anticipé. Le département du Travail a révisé à la baisse de 818 000 le nombre d’emplois non-agricoles créés entre mars 2023 et mars 2024, soit une réduction de 0,5 % du total des emplois, marquant l’une des révisions les plus importantes de l’histoire. En moyenne, les créations d’emplois sur cette période s’établissent à 173 000, contre 242 000 attendus.
Les chiffres de l’emploi ADP sont, eux aussi, mal orientés. Le marché anticipait 144 000 créations d’emplois dans le secteur privé pour le mois d’août … pour finalement atterrir à 99 000. La claque est d’autant plus forte que le chiffre se place sous la barre symbolique des 100 000 créations d’emplois.
Parallèlement, le durcissement de la politique monétaire menée par la Réserve fédérale (Fed) a pesé sur la vitalité du marché de l'emploi, avec un taux de chômage en hausse, passant de 4,1 % à 4,3 % en juillet.
Les incertitudes entourant les élections à venir pourraient également freiner la croissance. Le duel entre la démocrate Kamala Harris, qui a succédé à Joe Biden en tant que candidate, et le républicain Donald Trump promet d’être électrique.
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Un nouveau cycle monétaire en préparation
« Le moment est venu », a déclaré Jérôme Powell, président de la Réserve fédérale, lors du symposium de Jackson Hole. Il a ainsi annoncé qu’un ajustement de la politique monétaire était à l’horizon. Une première baisse des taux d’intérêt devrait intervenir dès septembre.
La lutte contre l’inflation, qui est retombée à 2,5 % en juillet, rapprochant ainsi l’économie de l’objectif de 2 %, redonne une certaine marge de manœuvre à la Fed.
Néanmoins, l’ampleur et la rapidité de cette réduction des taux restent incertaines. Jerome Powell a adopté un ton pragmatique : « La direction est claire, mais le calendrier et le rythme des baisses de taux dépendront des données économiques disponibles, de l’évolution des perspectives et de l’équilibre des risques ».
La Fed se trouve face à un dilemme : naviguer avec précaution pour éviter une récession tout en préservant la solidité du marché de l’emploi. Ce discours a rassuré les marchés obligataires, le taux américain à deux ans ayant baissé de 12 points de base. Les investisseurs anticipent au moins deux baisses des taux d’ici la fin de l’année.
Zone euro : une croissance qui restera faible
L’économie de la zone euro avance cahin-caha, offrant un paysage contrasté que la Banque centrale européenne (BCE) doit gérer avec une prudence accrue. Face à des interrogations persistantes sur le rythme des baisses de taux à adopter dans les mois à venir, l'institution se trouve donc dans une situation complexe.
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Une conjoncture économique en demi-teinte
Au deuxième trimestre 2024, le PIB de la zone euro a enregistré une modeste croissance de 0,3 % par rapport au trimestre précédent, selon les estimations d’Eurostat. Cette progression a notamment été portée par la bonne dynamique du secteur des services, avec un indice PMI HCOB qui est passé de 51,9 en juillet à 52,9. Ce niveau rejoint ainsi la moyenne historique de 52,7.
Les indices de confiance de la Commission européenne (CE) ont également dépassé les attentes en août, à la fois pour l'industrie (de -10,4 à -9,7) et pour les services (de 5 à 6,3). Le sentiment économique global (ESI composite) a lui aussi progressé, atteignant 96,6 contre 96,0 le mois précédent.
Sur le front de l'emploi, le chômage dans la zone euro a légèrement reculé en juillet (6,4 % contre 6,5 % en juin), une tendance également observée en Italie (6,5 % contre 6,9 %) tandis qu'il est resté stable en Allemagne à 3,4 %.
Cependant, les fragilités de la zone euro demeurent nombreuses. L’indice PMI, baromètre de la confiance des entreprises, a chuté de 0,8 point pour atteindre 50,1, frôlant ainsi la frontière critique des 50 points qui sépare expansion et contraction. Les entreprises se montrent de plus en plus réservées quant aux perspectives économiques, incertaines et floues.
Autre inquiétude, plusieurs pays de la zone euro, tels que la France, l’Italie et la Belgique, se débattent avec des déficits budgétaires alarmants. Ces nations devront adopter des politiques d’austérité draconiennes pour préserver leurs modèles économiques. Des mesures qui, inévitablement, pèseront sur la croissance globale de la région.
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Vers un nouveau coup de pouce de la BCE ?
Sans surprise, l'inflation continue de ralentir, avec une hausse modérée de 0,2 % sur un mois et de 2,2 % sur un an. En Allemagne, elle a reculé à 1,9 % en août, contre 2,3 % en juillet. En Espagne, elle tombe également à 2,4 %.
Malgré cette baisse de l'inflation, des nuages sombres continuent de planer sur l'économie européenne. Ces difficultés économiques inciteront-elles la BCE à réagir plus vite que prévu ? Lors d'une récente interview, François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, a jugé qu’une nouvelle baisse des taux directeurs en septembre serait « juste et sage », insistant sur la nécessité d'agir sans attendre que l'inflation passe durablement sous la barre des 2 %.
Il a également souligné que les effets des ajustements des taux d’intérêt mettent du temps à se répercuter dans l'économie réelle. Selon ses prévisions, l’objectif d’une inflation à 2 % ne sera probablement atteint qu’au premier semestre 2025 en France, et au second semestre pour l’ensemble de la zone euro.
La France : une économie suspendue aux décisions politiques ?
Depuis la publication des résultats des élections législatives, la France semble plongée dans une impasse politique. Si Michel Barnier a été nommé premier ministre par le président, il s’expose toutefois à une motion de censure par l’Assemblée nationale. Si tel est le cas le Premier Ministre devra alors remettre au président de la République la démission du Gouvernement.
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Un « effet JO » en vue ?
Au deuxième trimestre 2024, le produit intérieur brut (PIB) a timidement progressé de 0,2 %. Toutefois, dans ce climat morose, le secteur des services a connu, en août, sa plus forte croissance depuis plus de deux ans. Cette dynamique est en partie portée par l’enthousiasme autour des Jeux olympiques et une hausse de la demande intérieure.
L’indice des services s’est établi à 55,0 en août, son niveau le plus élevé depuis mai 2022, après avoir déjà atteint 50,1 en juillet.
Malgré ces chiffres encourageants, l’INSEE a exprimé ses préoccupations dans sa dernière note économique. Le recul de l’inflation ne doit, selon l’institution, pas masquer les défis persistants liés à l’emploi et à la faible activité économique.
Comme en Allemagne, l’industrie française continue de souffrir. En août, l'indice PMI manufacturier est ressorti en version définitive à 43,9 contre 44,0 en juillet et un chiffre de 42,1 dans l'enquête préliminaire.
Heureusement, les pressions inflationnistes s’atténuent. En août, l’indice des prix à la consommation a augmenté de 1,9 % sur un an, contre 2,3 % en juillet. Cette baisse est principalement attribuable à un ralentissement marqué des prix de l’énergie. En effet, le coût de l’énergie n’a progressé que de 0,5 % sur un an en août 2024, alors qu’il avait bondi de près de 7 % l’année précédente.
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Une confiance des ménages qui vacille
Bien que la confiance des ménages ait légèrement augmenté, selon l’INSEE (+1 point à 92), elle reste en deçà de sa moyenne de long terme. Toutefois, elle atteint en août son plus haut niveau depuis le début du conflit en Ukraine.
Malgré cette amélioration, le pouvoir d’achat du revenu disponible brut (RDB) des ménages ralentit (+0,2 % après +0,4 %), tandis que leur taux d’épargne continue de grimper, atteignant 17,9 % contre 17,6 % le trimestre précédent. Ce comportement prudent reflète les inquiétudes des Français quant à l’évolution de la situation économique dans les mois à venir.
Hélas, la France dispose de marges de manœuvre limitées pour redresser la situation économique. En raison d’un endettement record, la mise en œuvre de plans de relance ambitieux semble compromise. À la fin du premier trimestre 2024, la dette publique s’élevait à 3 159,7 milliards d’euros, soit 110,7 % du PIB. Cette année, le déficit public devrait atteindre 5,6 % du PIB, dépassant de 1,2 point les prévisions initiales du gouvernement.
L’économie chinoise en eaux troubles
La deuxième puissance mondiale traverse une période de ralentissement économique structurel. Il est désormais illusoire de penser que la Chine pourra un jour renouer avec les niveaux de croissance exceptionnels des années 2000, où le PIB progressait de plus de 8 % par an. Au deuxième trimestre de 2024, le taux de croissance du PIB en rythme annuel a encore reculé, atteignant 4,7 %, contre 5,3 % au trimestre précédent. Malgré ces difficultés, le gouvernement chinois n’a pas annoncé de réformes majeures lors du troisième plénum du Parti communiste.
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Un ralentissement structurel
Les différents indicateurs macroéconomiques témoignent de la fragilité persistante de l'économie chinoise. Au deuxième trimestre, l'activité n'a progressé que de 0,7 % par rapport au trimestre précédent, bien en deçà des prévisions initiales qui tablaient sur 1,1 %, et encore loin des 1,5 % atteints au premier trimestre.
Autre signe inquiétant, l'indice des directeurs d'achat (PMI) publié par le Bureau national des statistiques (NBS) pour le mois de juillet s'est établi à 49,4, signalant une contraction de l'activité.
L'indice des prix à la consommation (IPC), quant à lui, flirte dangereusement avec la déflation depuis plusieurs trimestres. En juin dernier, l'IPC a encore reculé, passant de 0,3 % à 0,2 %.
Selon les données du gouvernement chinois, la production industrielle a ralenti en juillet, n'affichant plus qu'une hausse de 5,1 %, son rythme le plus faible depuis mars 2024. Le PMI manufacturier a encore déçu, chutant de 49,4 à 49,1 en août. Seul le secteur des services semble échapper à cette morosité, avec une légère hausse de 0,1 point, atteignant 50,3.
Pour tenter de relancer l'économie, la Banque centrale de Chine a abaissé plusieurs de ses taux directeurs à la fin du mois de juillet. Le taux des prêts à moyen terme aux établissements financiers a ainsi été réduit de 2,5 % à 2,3 %. Cependant, cette mesure n’a guère eu d’impact notable sur l’activité économique.
Seul point de satisfaction : la production industrielle a progressé en juin de 0,4 % en rythme mensuel, soutenue par la vigueur des exportations, qui ont bondi de 10,7 % sur un an.
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Les ménages chinois ont perdu confiance
L’une des principales causes du faible niveau de croissance réside dans la morosité des ménages chinois. L’indice de confiance des consommateurs, mesuré par le NBS, a atteint son plus bas niveau en 19 mois. En conséquence, les ventes au détail ont reculé de 0,1 % en juin, en variation mensuelle, et n’ont progressé que de 0,5 % depuis le début de l’année. Parallèlement, la croissance des revenus des ménages s'est essoufflée, passant d'une moyenne de 6,9 % sur la dernière décennie à seulement 5,3 % au deuxième trimestre.
Le pays souffre également du désenchantement de sa jeunesse. Le taux de chômage des jeunes a atteint un niveau alarmant de 17,1 % en juillet, révélant les fissures qui fragilisent le modèle économique chinois.
Cette perte de confiance ne pourra être restaurée sans une reprise massive du secteur immobilier, qui pèse à lui seul un quart de l’économie nationale et représente près des deux tiers du patrimoine des ménages.
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L’immobilier en perdition
Le vieil adage « Quand le bâtiment va, tout va » trouve une résonance particulière en Chine, où le secteur immobilier semble désormais délaissé par le gouvernement. Sous la direction du président Xi, la Chine a cherché à freiner la spéculation effrénée sur la pierre. Les précédents plans de relance de l’immobilier avaient entraîné une flambée des prix, un surendettement massif et des constructions dans des zones peu demandées.
Le gouvernement a donc pris des mesures drastiques, demandant aux banques de réorienter leurs prêts vers des secteurs jugés prioritaires, tels que les technologies et les initiatives écologiques, tout en délaissant les domaines « non productifs » comme l’immobilier.
Conséquence directe : les prix de l'immobilier se sont effondrés. L’indice des prix des 70 principales villes, calculé par le NBS, a chuté de 4,5 % en un seul mois, en juin ! Le marché est aujourd'hui presque à l'arrêt. Les ventes de logements ont plongé de 16 % le mois dernier, tandis que les nouvelles constructions ont chuté de 18 %.
La contraction du crédit immobilier continue d'établir des records à la baisse, ce qui aggrave encore la situation.
Malgré la gravité de la crise, le gouvernement chinois ne semble pas encore prêt à prendre des mesures d’envergure pour sauver le secteur de la faillite. Lors du récent plénum, seules quelques mesures timides ont été annoncées, telles que la baisse de 10 points de base des taux directeurs, des opérations de prise en pension à sept jours, et l’application de taux préférentiels à un an et cinq ans.
Les convictions de Scala Patrimoine sur les marchés financiers
La première semaine du mois d'août a été marquée par une chute brutale des marchés boursiers. À titre d’exemple, le Nikkei a enregistré sa plus forte baisse quotidienne depuis le krach de 1987. Depuis, les indices boursiers ont, dans l'ensemble, retrouvé leurs niveaux d’avant-correction. Cependant, bien que l’ampleur de ces fluctuations ne soit pas sans précédent, la volatilité prononcée qui s’installe risque de perdurer, exacerbée par une liquidité particulièrement faible, au-delà des simples effets de saisonnalité.
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Les marchés actions : une diversification des positions
Des opportunités d’achat sur les valeurs technologiques ?
Bien que la volatilité continue de peser sur le moral des marchés financiers, nous maintenons notre positionnement neutre sur les actions, à la lumière des perspectives de baisse des taux, qui se précisent pour le mois de septembre. Ce relâchement monétaire attendu devrait favoriser les actifs risqués, et plus spécifiquement les valeurs de croissance, notamment dans le secteur technologique. Les dernières publications des résultats d’entreprise ont révélé un certain essoufflement de l’engouement autour de l’intelligence artificielle. Pourtant, les entreprises technologiques, en tête desquelles on retrouve Nvidia, actives dans ce domaine, continuent de présenter des fondamentaux extrêmement solides. Nous privilégions toujours ces valeurs, considérant les récentes baisses comme des opportunités d’achat.
Sur le plan économique, la nervosité des marchés financiers a été accentuée par des indicateurs contradictoires de l'économie américaine. Alors que les perspectives du secteur manufacturier redeviennent négatives et que le marché de l’emploi ralentit, la consommation, elle, demeure robuste. Le risque de récession ne peut être écarté, tant l’interprétation de ces signaux reste délicate. Toutefois, certains éléments plaident en faveur d’un scénario de reprise, notamment la trajectoire désinflationniste. Celle-ci, soutenue par des gains de productivité plus rapides que la hausse des salaires, semble désormais solidement ancrée. La baisse des prix contribue à renforcer le pouvoir d’achat des ménages.
Concernant les élections présidentielles américaines, quelle qu’en soit l'issue, le prochain dirigeant devrait continuer à soutenir l'économie.
Les grandes valeurs sont privilégiées
Nous maintenons notre préférence pour une diversification sectorielle, capable d’atténuer l’impact des fortes rotations observées récemment. Nous ne recommandons pas une exposition aux petites capitalisations, malgré leurs valorisations attractives sur les marchés. En dépit de quelques surprises ponctuelles, ces entreprises peinent à retrouver un chemin vers une performance durable, affectées par un environnement qui favorise les leaders des différents marchés et par des problèmes de liquidité persistants. Nous préconisons plutôt de privilégier les valeurs américaines, compte tenu d’un contexte macroéconomique plus favorable qu’en Europe. Une exposition au Japon ou aux marchés financiers émergents, tout en couvrant le risque de change, peut offrir une diversification intéressante. Toutefois, nous conseillons de limiter l’exposition à la Chine, toujours aux prises avec de nombreuses difficultés (dont un record historique de sortie des investissements étrangers de 15 milliards de dollars au deuxième trimestre), et de favoriser des alternatives telles que l'Inde.
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Les Marchés obligataires : un attrait pour les obligations d'entreprise
La Fed change les règles du jeu
Les inquiétudes entourant le ralentissement de l’économie américaine ont considérablement modifié les anticipations quant à l'évolution des taux directeurs de la Réserve fédérale (Fed). Alors que deux baisses de taux étaient envisagées au début de l’été, ce chiffre est désormais porté à quatre pour l’année 2024. Conjuguées à des indicateurs d'inflation qui confirment une détente progressive des prix, ces prévisions ont entraîné une baisse de 57 points de base du taux à 10 ans américain au cours des deux derniers mois. Les taux européens ont emboîté le pas, bien que de manière plus modérée. Le taux à 10 ans allemand a ainsi reculé de 38 points de base sur la même période, tandis que l'écart entre l'OAT française et le Bund allemand est resté stable, avoisinant les 70 points de base.
Outre-Atlantique, la baisse des taux courts a été encore plus marquée, avec un recul d'environ 80 points de base, reflet des nouvelles anticipations de diminution des taux directeurs. L’ensemble des obligations, et notamment les obligations souveraines, a tiré profit de cette tendance. Si les risques de récession venaient à se concrétiser, les banques centrales pourraient être contraintes d’accélérer le rythme de baisse des taux, jusqu’alors particulièrement prudent. Dans un tel contexte, le segment des obligations souveraines à court terme pourrait offrir des perspectives de performance intéressantes si ce scénario se réalise.
L’intérêt des stratégies de portage
La performance de ce marché obligataire dépendra donc à la fois de l’orientation future des politiques monétaires et des prévisions concernant la croissance et l'inflation. Dans l'ensemble, nous continuons de favoriser les investissements dans les obligations d'entreprises, où les stratégies de portage demeurent pertinentes. Bien que les taux de rendement aient globalement diminué, ces actifs offrent toujours des perspectives intéressantes, d’autant que le taux de défaut dans le segment investment grade reste historiquement bas. De plus, la poursuite de la baisse des taux pourrait encore soutenir la performance de ces actifs.
Les obligations subordonnées financières, émises par de grandes banques systémiques européennes, constituent également une source intéressante de diversification. La nature subordonnée de cette dette permet d'obtenir des rendements plus élevés que ceux de la dette senior, tout en étant soutenue par des établissements bancaires dont la solidité financière s'est considérablement renforcée au cours des dix dernières années, grâce à des régulations bancaires plus strictes.
Le segment des obligations à haut rendement ("High Yield") représente également un outil de diversification dans un portefeuille obligataire. Le marché américain, plus vaste et plus profond, offre une prime de risque nettement supérieure à celle du marché européen, bien que le coût de la couverture contre le risque de change doive être pris en compte. Dans cette perspective, nous préconisons de privilégier des maturités courtes, voire très courtes, afin de limiter les risques de refinancement.
Nous adoptons par ailleurs une approche prudente et neutre, car l'incertitude persistante quant aux orientations des politiques monétaires pourrait continuer d’alimenter la volatilité des taux, pesant à court terme sur les valorisations.
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Marchés financiers alternatifs : une position défavorable
Depuis le début de l'année, les stratégies alternatives se sont révélées plus rémunératrices que la classe obligataire. Toutefois, nous privilégions une position long sur les actions et les obligations, en particulier dans un contexte où les taux directeurs s'apprêtent à être abaissés aux États-Unis. Jusqu'à présent, nous avions également favorisé les placements monétaires en raison du couple rendement/risque attractif qu'ils offraient. Cependant, les quatre baisses de taux anticipées par les marchés d'ici la fin de l'année nous rappellent que ces fonds en attente devront progressivement être réorientés vers des classes d'actifs plus lucratives. Dans ce cadre, nous maintenons une position défavorable vis-à-vis des stratégies alternatives.
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Produits structurés : un placement qui s'adapte aux besoins patrimoniaux
Nous continuons de privilégier les produits structurés en raison de leur capacité à s'adapter aux objectifs de rendement des investisseurs, tout en offrant une maîtrise précise de l’exposition au risque souhaitée. Malgré la baisse des taux observée au cours de l'été, ces produits maintiennent des perspectives de rendement attrayantes. Dans ce contexte, la priorité est accordée à une sélection rigoureuse et à une diversification attentive des structures choisies. Il est en effet crucial de comprendre pleinement les mécanismes de ces instruments avant de s’engager, afin d’éviter toute déconvenue. Par ailleurs, ce type de produit peut s’accompagner de frais significatifs. Ainsi, il est essentiel pour tout investisseur désireux de s’exposer à ces actifs d’être bien conseillé et accompagné.
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Private equity & Private debt : des perspectives intéressantes sur le long terme
Une classe d’actifs appréciée des investisseurs institutionnels
L'attrait croissant des investisseurs institutionnels pour les actifs non cotés marque un tournant significatif, préfigurant une expansion des fonds destinés au marché de détail en 2024. Bien que nous privilégions une approche prudente à court terme, notre perspective demeure optimiste quant à l'avenir du capital-investissement. Nous soutenons non seulement les stratégies secondaires, mais également les stratégies de co-investissement et de dette privée.
En outre, nous intégrons activement les stratégies de croissance par rachat (growth buyout), visant les entreprises en phase d'expansion qui aspirent à accélérer leur développement, ainsi que les mécanismes de dette mezzanine, offrant une solution de financement flexible se situant entre le capital propre et la dette senior, afin d'enrichir notre portefeuille et de saisir des opportunités complémentaires dans un paysage économique en constante mutation. Le capital-risque (VC) suscite également un intérêt croissant, promettant des perspectives alléchantes pour le financement de startups innovantes et d'entreprises en phase de démarrage.
Quelle est l’allocation conseillée ?
Pour optimiser un portefeuille, une stratégie diversifiée combinant plusieurs types d'investissements peut s'avérer particulièrement avantageuse. Par exemple, allouer une partie du capital aux investissements secondaires pour garantir une certaine stabilité, tout en investissant une autre portion dans le capital-risque (VC) pour exploiter le potentiel de rendements élevés, dans le LBO pour bénéficier de l'effet de levier, dans le growth equity pour profiter de la croissance des entreprises établies, et dans la dette mezzanine pour tirer parti des taux élevés. Cette approche permet de diversifier les risques tout en maximisant les opportunités de rendement.

Interview de Guillaume Lucchini sur l’investissement dans les courses de chevaux pour Le Figaro
Les Français nourrissent une véritable passion pour les sports hippiques. L’équitation est aujourd’hui le troisième sport le plus pratiqué dans notre pays, derrière le football et le tennis. Pas moins de 11 500 Français possèdent des chevaux de course. Cependant, tous ne remporteront pas le prix de l’Arc de Triomphe, le prix Diane ou le le prix d’Amérique. Et il est rare que les propriétaires gagnent de l’argent dans ce domaine. Le Figaro Magazine a donc mené une enquête pour décrypter les opportunités et les risques liés aux investissements dans le monde hippique. Guillaume Lucchini, associé fondateur du multi family office Scala Patrimoine, a notamment été interrogé.
Les chevaux de course : un retour sur investissement très rare
Chaque année, en moyenne 80 000 chevaux, toutes races confondues, sont échangés sur le marché français. Les prix varient principalement selon la généalogie et les performances des ascendants, les aptitudes physiques, et l'âge de l'animal. Un yearling, c'est-à-dire un cheval d’un an, est vendu selon ses origines entre 30 000 € et 100 000 €. Pour un pur-sang prêt à courir, il faudra débourser une somme proche de 10 000 €. Le prix d’un trotteur se situe plutôt entre 5 000 € et 35 000 €. Les prix peuvent cependant monter très vite lorsque les investisseurs souhaitent acquérir un cheval de très haut niveau. Le cheval le plus cher du monde s’appelle Fusaichi Pegasus, vendu aux États-Unis pour la somme de 70 millions de dollars en 2000.
À cela, il faut ajouter les frais d’entretien, évalués entre 20 000 € et 30 000 € par an. Le propriétaire devra également s’attacher les services d’un entraîneur professionnel et un jockey. Là aussi, le prix varie selon l’expérience et la renommée de ces professionnels. En moyenne, il faut compter une commission de 16 % des gains pour l'entraîneur et 5,5 % pour le jockey.
Hélas, les revenus permettent difficilement de couvrir les charges associées. En moyenne, seulement 40 % à 55 % des coûts annuels sont assurés par les gains en course. Après cinq ou six ans, le cheval pourra cependant être revendu. La reproduction peut aussi constituer une source de revenus complémentaire.
Face au risque associé à cet investissement, le législateur a encadré l’acquisition de chevaux de course en le limitant à ceux disposant d’un revenu annuel de 30 000 € en province et 75 000 € à Paris, ceci afin de pouvoir subvenir aux besoins des équidés.
Ne pas se lancer tête baissée
Comme le souligne Guillaume Lucchini dans les colonnes du Figaro : « Acheter un cheval de course se fait très souvent à plusieurs, entre copains, pour vivre une aventure sympa ». Ce terrain de jeu est aussi réservé aux plus passionnés. « Cet investissement étant principalement alimenté par la passion et l’excitation des courses. C’est avant tout un investissement plaisir, une danseuse. On n’investit pas dans les chevaux si l’on n’aime pas cela » tient également à rappeler l’expert patrimonial.
Avant de se lancer dans un tel projet, il est essentiel de déterminer combien un acquéreur est prêt à investir et de s’assurer qu’il dispose des ressources financières nécessaires pour faire face à de telles dépenses. Il est d’ailleurs primordial de s’entourer de professionnels spécialisés compétents qui joueront le rôle de guides tout au long de cette aventure. Un bon entraîneur pourra par exemple vous conseiller sur les chevaux à acheter, tout comme des vétérinaires spécialisés qui s’assureront de l’état de santé et de la condition physique de l’animal.
Enfin, comme dans tout investissement « plaisir », mieux vaut savoir gérer ses émotions, car comme dans toute compétition sportive, le résultat est soumis à un grand aléa.
Le rendez-vous des marchés financiers - Juillet 2024
Marchés financiers & économie : les points clés
- Les marchés financiers font face à une montée de l'instabilité politique et géopolitique mondiale, avec la possible arrivée au pouvoir de partis extrêmes et l'intensification des conflits géopolitiques.
- En France, le Front Républicain, allant de La France Insoumise à Renaissance, remporte les élections législatives et est chargé de bâtir le nouveau gouvernement.
- Au Royaume-Uni, le « Labour » a gagné largement les élections législatives. Le chef des travaillistes britanniques Keir Starmer a été nommé Premier ministre par le roi Charles III.
Quelles performances sur les marchés financiers ?
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Grand soleil sur les marchés financiers mondiaux ?
Malgré les tumultes politiques et économiques en France, les marchés actions mondiaux continuent de prospérer, affichant depuis le début de l'année une hausse globale de plus de 12 %.
Actuellement, les actions mondiales se négocient à un ratio cours/bénéfices (PER) de 18,2 sur 12 mois, un niveau supérieur à la moyenne sur dix ans, qui est de 16,3.
Portés par les valeurs technologiques, les États-Unis se placent dans les premières positions. Le S&P 500 s'envole de 16,75 % au cours des six premiers mois de l'année. Le Nasdaq 100, indice regroupant les 100 plus grandes valeurs technologiques américaines, grimpe quant à lui de 22 %.
Une entreprise incarne à elle seule le succès américain : Nvidia. Cette firme spécialisée dans l'intelligence artificielle a vu son cours monter de 166,31 % depuis le 1er janvier !
De l'autre côté de l'Atlantique, en zone euro, l'Euro Stoxx 50 s'apprécie de près de 10,5 % en 2024. En Allemagne, le DAX 30 connaît une augmentation similaire. Le FTSE 100 (Financial Times Stock Exchange), qui regroupe les 100 plus grandes sociétés cotées à Londres, progresse de près de 7 %. En Suisse, le Swiss Market Index s'apprécie de 8 %.
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L’exception boursière française
Depuis l'annonce de la dissolution par Emmanuel Macron, les marchés financiers français ont connu un recul significatif. Entre le 7 et le 21 juin, le CAC 40 a perdu 4,7 %, effaçant ainsi une grande partie des gains accumulés depuis le début de l'année. En 2024, la Bourse de Paris n'affiche donc qu'une timide progression de 2 %. Un autre indicateur de la tension qui règne autour du contexte politique et économique français est l'écart de taux (spread) de l'OAT à 10 ans, qui s'est de nouveau creusé par rapport au taux allemand, augmentant de 23 points de base en deux semaines.
Sur les autres classes d’actifs, le pétrole a grimpé à 87 dollars, en hausse de 10 dollars en moins d'un mois, dans un contexte de tensions entre Israël et le Liban. L'or, quant à lui, se maintient à ses plus hauts historiques, atteignant 2 360 dollars, tandis que le Bitcoin a chuté de 20 % en un mois pour s'établir à 53 000 euros.

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Une alliance hétéroclite chargée de former le nouveau gouvernement Français
En France, les élections législatives, organisées dans la foulée des européennes, ont livré leur verdict. Le Rassemblement national a été battu par le front républicain constitué après le 1er Tour des législatives. Un assemblage hétéroclite, allant de La France Insoumise, dirigé par Jean-Luc Mélenchon, à Renaissance, le parti d'Emmanuel Macron, est ainsi chargé de former le nouveau gouvernement.

Ces résultats peuvent ils rassurer les investisseurs ? Si la formation d'un gouvernement stable pourrait s'avérer longue et complexe, les marchés financiers semblent pour l'instant se satisfaire d'une forme de statu quo. En effet, le gouvernement à venir pourrait bien se révéler « technique » et rencontrer des difficultés à faire passer les mesures les plus controversées.
À ce jour, il est toutefois difficile d'évaluer l'impact des élections françaises sur les marchés financiers. Le futur gouvernement prendra a-t-il des mesures qui rendront la France moins attractive pour les investisseurs internationaux ? La dette du pays va-t-elle s'envoler ? Tout dépendra de la trajectoire budgétaire que la France choisira dans les prochains mois.
Selon les dernières projections macroéconomiques de la Banque de France en juin 2024, la croissance en France devrait atteindre en moyenne annuelle 0,8 % en 2024.
Les USA : l’économie américaine à bout de souffle ?
La croissance de l'économie américaine serait-elle en train d’atterrir en douceur ? C’est ce que les dernières publications économiques semblent suggérer. Le PIB des États-Unis a progressé de 1,4 % en rythme annualisé par rapport aux trois mois précédents, un chiffre nettement inférieur à celui du quatrième trimestre 2023 (+3,4 %).
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L’activité économique avance au ralenti
Plusieurs données économiques récemment publiées aux États-Unis indiquent un ralentissement de l’activité économique.
- Vers une dégradation du marché de l'emploi ?
Tout d’abord, les créations d'emplois dans le secteur privé ont de nouveau baissé. Elles s'élèvent à 150 000 en juin, contre un consensus de 163 000 après 157 000 en mai, selon l'enquête ADP. En considérant l’ensemble des secteurs publics et privés, les créations d’emplois ne dépassent pas les 194 000 pour juin. Les demandes d’indemnités chômage pour la semaine ont également augmenté, atteignant 238 000 personnes, un chiffre supérieur aux attentes. Le chômage était dès lors attendu à 4 % mais il est sorti à 4,1 %.
Autre élément corroborant la thèse du grand ralentissement économique, l'indice des directeurs d'achat (ISM) pour les services a baissé de manière inattendue à 48,8 en juin, contre un consensus de 52,6. Cet indice était de 53,8 en mai. Ce chiffre est particulièrement significatif : en passant sous le seuil des 50 points, l’économie américaine n’est désormais plus en expansion mais en contraction, atteignant son plus bas niveau depuis quatre ans.
Les ventes de détail (+0.1 %) progressent moins qu’attendu (+0.3 %) tandis que les difficultés du secteur de l’immobilier résidentiel se confirme avec des mises en chantier en berne (-5.5% %) et des permis de construire (-3.8 %) en berne. Surtout, les promoteurs immobiliers semblent perdre confiance (de 45 à 43 en juin).
- Les USA continuent à surfer sur l'IA
Heureusement, l’essoufflement de la consommation américaine pourrait être en partie compensé par les investissements massifs prévus tant au niveau étatique qu'industriel, notamment dans la course à l’armement et à l’intelligence artificielle (IA).
Dans le sillage de ces statistiques, le rendement du bon du Trésor américain à 10 ans évolue désormais autour de 4,36 %, soit 40 points de base de moins que fin avril. Selon le CME FedWatch Tool, la probabilité d'un assouplissement monétaire de la Fed en septembre s'élève à 66,5 %.
Ainsi, bien que l’économie américaine montre des signes de ralentissement, les initiatives d'investissement et les anticipations de politiques monétaires pourraient jouer un rôle crucial dans le maintien de la stabilité économique.
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Une baisse des taux de la FED en septembre ?
Il semble de plus en plus probable que Jerome Powell, président de la Réserve fédérale américaine, passera à l'action en septembre. Il n’est en effet pas prévu qu’il réduise les taux de la Fed lors du FOMC Meeting de fin juillet.
Pour l'heure, l'institution américaine préfère maintenir ses taux directeurs inchangés. Contrairement à la Banque centrale européenne, qui a opté pour une baisse des taux, la Réserve fédérale a conservé l'objectif des taux des "fed funds" entre 5,25 % et 5,50 %.
Cette perspective est confirmée par Thomas Friedberger, Directeur général adjoint de Tikehau Capital. « La Fed baissera vraisemblablement ses taux dans les mois qui viennent mais pas aux niveaux où le marché l’anticipait il y a quelques semaines. Il y d’excellentes raisons à cela : les États-Unis subissent des pressions inflationnistes structurelles difficiles à dominer, dues à la démondialisation, à la relocalisation de la production industrielle vers les pays développés et à la mutation du mix énergétique due au moindre accès au gaz russe. Les dépenses de capex sont et vont rester importantes pour financer cette transition et la mise en place d’une nouvelle infrastructure est génératrice de hausse des prix. »
Tandis que les investisseurs, comme à leur habitude, scrutent avec attention les décisions de la Fed, les Américains suivent avec grand intérêt la campagne présidentielle, qui oppose les deux derniers présidents sortants : Donald Trump et Joe Biden.
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Élection présidentielle : l’hypothèse d’un désistement de Joe Biden prend de l’ampleur
La campagne présidentielle américaine prend une tournure des plus inattendues. Le débat entre Joe Biden et Donald Trump, diffusé sur CNN, n’a pas dissipé les doutes concernant l’état de santé du président actuel. Ce dernier est apparu affaibli et en grande difficulté.
La Maison Blanche a dû publier un communiqué pendant le débat pour expliquer que Joe Biden était affaibli par un état grippal. Bien entendu, Donald Trump n’a pas manqué l’occasion de se moquer de son adversaire. Lors de l’échange entre les deux candidats, l’ancien président a déclaré au journaliste présent sur le plateau qu’il « n’avait rien compris à ce que Joe Biden venait de dire et pensait que même Biden ne savait pas ce qu’il disait ». Il a également affirmé que Biden serait « incapable de frapper une balle de golf à plus de 50 yards et encore moins capable de marcher sur 18 trous ».
Les sondages sur les intentions de vote ont rapidement enregistré une hausse de 10 % en faveur de Trump. Nate Silver, l'un des prévisionnistes les plus réputés des élections américaines, a publié sa première estimation pour le scrutin : « En l'état actuel des choses, Trump a 66 % de chances de l'emporter au collège électoral. Évidemment, beaucoup de choses peuvent survenir d'ici novembre. »
Dans le camp démocrate, l’inquiétude est palpable. Les stratèges explorent diverses alternatives : Hillary Clinton, Kamala Harris, la vice-présidente, et Gavin Newsom, le gouverneur de Californie, sont envisagés comme des candidats potentiels.
L’Europe, entre deux eaux
Dans un contexte politique mouvementé, la Zone Euro renoue avec la croissance au premier trimestre 2024 (0,3%). Le spectre d’une récession semble désormais s’éloigner, grâce notamment au dynamisme du secteur des services.
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Un nouveau parlement européen
Les élections européennes récemment tenues n'ont guère perturbé les grands équilibres du Parlement européen. Le taux de participation s'est à peine élevé à 51,07 %.

La droite, incarnée par les conservateurs du Parti populaire européen (PPE), auquel appartiennent les eurodéputés français du parti « Les Républicains », demeure la principale force politique. Le Groupe de l'Alliance progressiste des socialistes et démocrates au Parlement européen (S&D) se positionne en seconde place. En troisième position, on trouve Renew Europe. Le Groupe « Identité et démocratie », comprenant les représentants du Rassemblement national, constitue la cinquième force au sein du Parlement européen.
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Un redémarrage en douceur de l’économie européenne
Le Produit Intérieur Brut (PIB) des 20 pays de la Zone Euro a augmenté de 0,3 % au cours du premier trimestre 2024 par rapport aux trois mois précédents, marquant ainsi une reprise après le recul de 0,1 % enregistré au quatrième trimestre.
Ce regain d’activité est principalement attribué à une accélération des exportations nettes. Du côté de l'emploi, les récentes données sont également encourageantes : le taux de chômage atteint un niveau historiquement bas de 6,4 %. Le taux d'emplois vacants reste stable à 2,9 %, inchangé par rapport au trimestre précédent de 2023, selon les chiffres publiés par Eurostat.
En revanche, des signes préoccupants se manifestent avec le repli de la demande intérieure et un processus de déstockage accru. Les indices PMI manufacturier et des services montrent également des déceptions, avec des baisses respectives de 47,3 à 45,6 et de 53,2 à 52,6.
Cyrus de la Rubia, économiste en chef à la Hamburg Commercial Bank, souligne : « La croissance au sein de la zone euro est largement attribuable au secteur des services. Bien que le secteur manufacturier ait considérablement fléchi en juin, l'activité dans le secteur des services est restée presque aussi robuste qu'au mois précédent ».
Le moral des acteurs économiques semble également affecté, comme le montre l'Indice de Sentiment Économique (ESI) composite qui diminue en juin (95,9 après 96,1). En Allemagne, le climat des affaires selon l'enquête IFO suit cette tendance avec une baisse à 89,0 en juin, contre 90,3 précédemment.
Cet environnement conforte ainsi le scénario d'une reprise économique modérée en Europe pour l'année 2024. Les analystes prévoient désormais une croissance moyenne annuelle comprise entre +0,7 % et +0,8 %.
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La BCE entre en action
La Banque centrale européenne (BCE) opère un virage stratégique en réduisant ses taux d’intérêt de 0,25 point de base, marquant ainsi sa première baisse depuis 2019. Sous la direction de Christine Lagarde, l’institution a abaissé le taux de refinancement de 4,5 % à 4,25 %, tandis que le taux de rémunération des dépôts passe de 4 % à 3,75 %, ajustements significatifs dans le paysage économique actuel.
Malgré cette décision, les anticipations quant à de futures baisses demeurent en suspens. Christine Lagarde a tempéré les attentes des plus optimistes peu après l'annonce, soulignant les incertitudes persistantes : « Il est prématuré d'envisager une seconde baisse pour l'instant. Nous avons besoin de davantage de données pour être certains que les risques d'une inflation dépassant notre objectif soient écartés. Avec un marché du travail robuste, nous disposons du luxe de prendre le temps nécessaire pour recueillir de nouvelles informations », a-t-elle déclaré lors du forum de la BCE à Sintra, au Portugal.
Thomas Friedberger de Tikehau Capital analyse la décision de la BCE en soulignant « que cette institution a choisi de baisser ses taux avant la Fed car la pression inflationniste est moindre en Europe même si l’interruption de l’accès au gaz russe force aussi l’Europe à une couteuse transition du mix énergétique. La BCE essaie aussi de relancer la croissance – problème qui ne se pose pas encore aux USA -, et baissera certainement encore son taux directeur de quelques points de base d’ici la fin de l’année. »
Les convictions de Scala Patrimoine sur les marchés financiers
L'annonce de la formation d'un nouveau Parlement français a suscité des mouvements significatifs sur les marchés boursiers, bien que ceux-ci soient restés principalement circonscrits aux marchés financiers français. Le scénario d'une absence de majorité à l'Assemblée nationale était, de loin, le plus favorable pour les marchés financiers. Au lendemain des résultats, aucune agitation particulière n'a été observée sur le CAC 40, et l'écart de rendement entre les obligations souveraines françaises et allemandes s'est resserré, signe positif pour les obligations françaises.
Néanmoins, l'incertitude persiste. Les défis liés au déficit budgétaire ne pourront être résolus sans la formation d'une coalition majoritaire, une perspective qui semble aujourd'hui improbable. Les actions françaises, déjà fortement impactées depuis l'annonce de la dissolution par Emmanuel Macron, entreront probablement dans une période d'hésitation. Cela incite à une grande prudence, particulièrement vis-à-vis des valeurs dépendantes du marché domestique français.
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Les marchés actions mondiaux gardent le cap
Sur les marchés financiers mondiaux, les valeurs américaines ont poursuivi leur tendance haussière, bénéficiant du climat incertain en Europe. Les entreprises exposées à l'intelligence artificielle ont particulièrement attiré l'attention des investisseurs, portées par une solide saison des bénéfices au premier trimestre et par des perspectives de baisse des taux aux États-Unis.
- Le regard tourné vers les États-Unis
La saison des résultats du deuxième trimestre débute cette fin de semaine avec les premiers bilans du secteur bancaire. Comme en avril, cette période pourrait engendrer de la volatilité en fonction des surprises, positives ou négatives, qui pourraient survenir.
Les prévisions restent toutefois alignées avec celles du premier trimestre, anticipant une croissance bénéficiaire plus marquée aux États-Unis, ce qui devrait soutenir les valeurs américaines. En effet, la récession reste un scénario peu probable selon les analystes, et la bonne résilience de l'économie américaine vient renforcer cette hypothèse.
Les récents signes d'affaiblissement de la consommation et du marché de l'emploi sont, paradoxalement, des indicateurs plutôt positifs : alors que la Fed prévoit une poursuite de la baisse de l'inflation, le ralentissement de la croissance des salaires observé en juin devrait atténuer les pressions inflationnistes sur les services, qui demeurent l'un des principaux contributeurs à l'inflation.
Bien que la baisse des taux anticipée de la Fed devrait être très progressive (avec seulement deux réductions prévues en 2024), la diminution des coûts de financement constituera un facteur de soutien pour les actions.
- Les actions européennes restent en retrait
Les actions européennes ont souffert des instabilités politiques en France et n'ont pas enregistré de progression significative au second semestre. Elles se négocient actuellement à des valorisations légèrement inférieures à leur moyenne des 35 dernières années. Les prévisions de croissance des bénéfices pour 2024 restent positives, autour de 5 %, mais demeurent inférieures à la moyenne mondiale, estimée à environ 8 %. Bien que les récentes publications macroéconomiques aient montré une amélioration de l'élan économique, la faiblesse des perspectives de croissance, les incertitudes politiques en France et l'absence de prévisions de la BCE concernant une nouvelle baisse des taux en raison d'une reprise de l'inflation dans les services pourraient limiter le potentiel haussier des actions européennes.
Les actions des pays émergents ont enregistré au second trimestre une performance deux fois supérieure à celle du trimestre précédent, grâce à la dynamique positive des actions asiatiques (hors Japon), tirées par la performance du marché taïwanais, particulièrement exposé à l'intelligence artificielle. Les marchés émergents ont ainsi surperformé les marchés développés, bien que les actions domestiques chinoises soient restées en retrait.
Notre positionnement demeure neutre sur les actions. Les facteurs de soutien existent, mais la surexposition dans un contexte monétaire et géopolitique incertain nous incite à la prudence. Nous privilégions les grandes capitalisations au bilan solide et aux projections de croissance bénéficiaire robustes. Les petites capitalisations continuent de souffrir d'un environnement de taux défavorable. Nous favorisons les actions américaines, tout en soutenant l'idée que la diversification reste le meilleur atout en période d'incertitude. Les actions émergentes peuvent offrir une source de diversification, à condition de demeurer marginales au sein du portefeuille et de privilégier certains marchés (par exemple, l'Inde par rapport à la Chine).
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Les Marchés financiers obligataires souffrent du manque de visibilité sur les politiques monétaires
En zone euro, malgré la baisse des taux directeurs, les élections parlementaires européennes et l'annonce d'élections anticipées en France ont pesé lourdement sur les obligations souveraines au cours du deuxième trimestre. À l'exception des obligations souveraines américaines, qui ont tout juste réussi à rester en territoire positif, les performances ont été globalement négatives.
- Les banques centrales dépendantes des données économiques
L'impact des anticipations de baisse des taux directeurs sur le marché obligataire tarde à se manifester. Seuls les segments les plus risqués, étroitement corrélés aux marchés actions, ont su tirer leur épingle du jeu, affichant des performances comprises entre 1 % et 1,5 % sur les marchés américains et européens.
Le rythme de baisse des taux directeurs devrait être très lent des deux côtés de l'Atlantique, à la condition toutefois que le scénario d'un ralentissement progressif de l'activité économique se confirme. Les banques centrales demeureront "data dependent", ajustant leurs politiques en fonction des données économiques. Dans ce contexte, il est préférable de limiter la duration des portefeuilles et de se concentrer sur les obligations d'entreprises, où les stratégies de portage semblent les plus prometteuses.
Le crédit de qualité, ou "investment grade", peine à performer dans l'environnement actuel. Toutefois, il offre des taux de rendement attractifs, notamment sur les notations les plus basses de ce segment. En verrouillant ces taux de rendement sur un segment où le taux de défaut est à un point bas historique, on peut sécuriser un niveau de rendement bien plus intéressant qu'il y a 24 mois.
- Une opportunité sur les obligations subordonnées financières ?
Les obligations subordonnées financières, émises par de grandes banques systémiques européennes, représentent également une opportunité de diversification. En effet, la subordination de cette dette offre des rendements plus élevés que la dette senior, tout en étant émise par des établissements bancaires dont le bilan s'est considérablement solidifié au cours des dix dernières années grâce au renforcement de la réglementation bancaire.
Le segment des obligations à haut rendement ("High Yield") constitue un autre outil de diversification au sein de la poche obligataire. Le marché américain, avec un nombre d'émetteurs plus élevé et une prime de risque plus importante qu'en Europe, offre des opportunités intéressantes. Toutefois, le coût de la couverture du risque de change doit être soigneusement pris en compte. Nous suggérons de privilégier des maturités courtes, voire très courtes, afin de limiter le risque de refinancement.
Ainsi, dans un contexte de marché en constante évolution, une approche prudente et bien diversifiée demeure essentielle pour naviguer efficacement à travers les défis et opportunités du marché obligataire
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Marchés financiers alternatifs : une prudence toujours de mise
Depuis le début de l'année, les stratégies alternatives se sont révélées plus rentables que les obligations traditionnelles. Toutefois, nous continuons de privilégier une position « long » sur les actions et les obligations, surtout dans un environnement où les taux pourraient continuer à baisser.
Jusqu'à présent, nous avions également favorisé les placements monétaires en raison du couple rendement/risque attractif qu'ils offraient. Cependant, la première baisse de taux initiée par la BCE nous rappelle que ces supports d'attente devront être progressivement redéployés vers des classes d'actifs plus rémunératrices.
En tenant compte de ces éléments, nous maintenons une position négative vis-à-vis des stratégies alternatives. Nous croyons fermement qu'un rééquilibrage vers des actifs traditionnels, tels que les actions et les obligations, sera plus avantageux à moyen terme, surtout dans un contexte de baisse continue des taux d'intérêt.
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Produits structurés : une analyse des frais très importante
Nous continuons à privilégier les produits structurés en raison de leur adaptabilité aux objectifs de rendement des investisseurs tout en permettant de maîtriser l'exposition au risque souhaitée. Les rendements demeurent attractifs à condition de sélectionner soigneusement les structures adéquates. Comprendre en profondeur le fonctionnement du produit avant de s'engager est crucial pour éviter des écueils inattendus. Il convient de noter que ces instruments peuvent comporter des frais élevés. Ainsi, tout investisseur souhaitant explorer ces opportunités devrait être accompagné de manière avisée. Néanmoins, des opportunités significatives peuvent être saisies à travers une sélection minutieuse de titres et d'indices.
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Private equity & Private debt : la classe d'actifs de long terme
L'intérêt croissant des investisseurs institutionnels pour les actifs non cotés marque un tournant significatif, préfigurant une expansion attendue des fonds dédiés au marché de détail en 2024. Tout en adoptant une approche prudente à court terme, notre perspective reste optimiste quant à l'avenir du capital-investissement. Nous favorisons non seulement les stratégies secondaires, mais aussi les co-investissements et la dette privée. De plus, nous intégrons activement les stratégies de growth buyout, ciblant les entreprises en pleine expansion cherchant à accélérer leur croissance, ainsi que les financements mezzanine, qui offrent une solution de financement flexible entre fonds propres et dette senior, afin d'enrichir notre portefeuille et de saisir des opportunités complémentaires dans un paysage économique en mutation.
Le venture capital (VC) suscite également un intérêt croissant, ouvrant la voie à des perspectives prometteuses pour le financement de startups innovantes et d'entreprises en phase de démarrage.
- L'allocation conseillée
Pour optimiser un portefeuille, il est conseillé d'adopter une stratégie d'allocation diversifiée, combinant plusieurs types d'investissements. Par exemple, allouer une partie du capital aux investissements secondaires pour assurer la stabilité, tout en investissant une autre partie dans le capital-risque (VC) pour bénéficier du potentiel de rendements élevés. De même, allouer des fonds au LBO permet de viser des rendements accrus grâce à l'utilisation de l'effet de levier, tandis que le growth equity offre l'opportunité de participer à la croissance des entreprises établies. Enfin, investir dans des instruments mezzanine permet de profiter de taux de rendement attrayants. Cette approche diversifiée vise à réduire le risque tout en maximisant les opportunités de rendement.

La Suisse : un havre de paix face aux incertitudes politiques et économiques en France ?
Les récentes tensions politiques et la montée des extrêmes en France inquiètent de plus en plus les grandes fortunes françaises. Ces dernières redoutent d'être durement imposées sur leurs revenus et leur patrimoine. Ces préoccupations ont déclenché un intérêt croissant pour des destinations plus sécurisées et propices aux affaires.
Parmi celles-ci, la Suisse se distingue par ses nombreux atouts. Bien que n'appartenant pas à l'Union Européenne, ce pays bénéficie d'un emplacement géographique central en Europe et, surtout, d'un environnement économique dynamique. Au point que les professionnels de la gestion de fortune installés en Suisse sont actuellement submergés d'appels et de demandes de renseignements concernant les modalités de transfert de ces grandes fortunes.
Présent à Paris, à Marseille et à Genève, Scala Patrimoine vous présente les principaux atouts de la Suisse dans l’univers de la gestion de fortune.
1. La Suisse ou les vertus de la stabilité politique et économique
Dans un contexte marqué par de fortes tensions politiques et économiques en France, ainsi que dans d'autres pays européens, la Suisse se place comme un modèle de stabilité économique, politique et sociale. Cette constance permet aux entrepreneurs et aux grandes fortunes de planifier leurs investissements à long terme, sans craindre de changements soudains dans les domaines juridiques, fiscaux ou financiers.
Guillaume Lucchini, associé fondateur de Scala Patrimoine, dont le multi-family office opère en France et en Suisse, confirme ce sentiment. « La rapidité avec laquelle Emmanuel Macron a pris la décision de dissoudre l’Assemblée Nationale après la publication des résultats des élections européennes a surpris beaucoup de Suisses. Une telle instabilité n’est clairement pas dans la culture helvétique », observe-t-il.
Ainsi, la Suisse offre un environnement prévisible et sécurisé, prisé par ceux qui cherchent à protéger et faire fructifier leurs patrimoines loin des aléas politiques et économiques.
2. La solidité de l’architecture bancaire et monétaire
Si la Suisse a longtemps été synonyme de confidentialité bancaire, les banques helvétiques échangent, depuis 2018, automatiquement leurs informations sur les comptes ouverts avec de nombreux pays dont ceux de l'Union européenne. Malgré tout, les établissements helvétiques demeurent toujours soucieux de la confidentialité de leurs informations financières, et ont massivement investi, ces dernières années, sur la protection des données.
« La solidité des régulateurs bancaires suisses est un pilier fondamental de la réputation et de la fiabilité du système financier helvétique » souligne, à ce titre, Guillaume Lucchini, avant d’ajouter : « La Suisse dispose de régulateurs robustes, tels que l'Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (FINMA), qui veillent rigoureusement au respect des normes les plus élevées en matière de transparence, de solvabilité et de gestion des risques. »
Ces régulateurs imposent, il est vrai, des exigences strictes aux établissements financiers, garantissant ainsi la protection des investisseurs et la stabilité du marché. Leur rôle est crucial pour prévenir les crises financières et maintenir la confiance du public et des investisseurs internationaux. Grâce à cette supervision rigoureuse, les banques suisses figurent parmi les établissements les plus sûres au monde, et sont aujourd’hui très bien capitalisées.
Enfin, il convient de souligner la solidité du franc suisse. Une monnaie reconnue comme l'une des plus stables du monde. L’associé fondateur de Scala Patrimoine rappelle d’ailleurs que le France suisse est « souvent considéré comme une valeur refuge en période d'incertitude économique. Une solidité qui met notamment en valeur la robustesse de l'économie suisse, une politique monétaire prudente et la confiance internationale dans le système financier helvétique.
3. L’emplacement stratégique
Situé géographiquement au cœur de l’Europe, La Suisse partage ses frontières avec les principales puissances de l’économie continentale (France, Allemagne, Italie). Cet emplacement stratégique, à proximité des différents marchés européens, propose de nombreux avantages aux entrepreneurs et investisseurs privés situés en suisse.
Avec ses majestueuses montagnes, ses paisibles lacs et une nature florissante à portée de main, la Suisse offre tout d’abord un cadre idyllique pour les amateurs de plein air et les citadins en quête de tranquillité. Le sentiment de sécurité est profondément ancré dans la société suisse, où les taux de criminalité demeurent très faibles. Cette sécurité contribue largement à la qualité de vie des résidents.
Les hôpitaux et les établissements de soin en Suisse jouissent également d'une excellente réputation.
Enfin, sur le plan politique, la Suisse se distingue par sa démocratie directe, où les citoyens participent régulièrement aux décisions politiques par le biais de référendums. Cette implication directe renforce le sentiment de contrôle et d'appartenance à la communauté, contribuant ainsi à un environnement stable et participatif.
Mais au-delà de cette qualité de vie, les Suisses bénéficient également d’un environnement économique financier robuste. Guillaume Lucchini rappelle en effet que « la suisse est un véritable Hub financier qui réunit un ensemble large d’établissements financiers (Banques, cabinets d’avocats, sociétés de gestion), basés principalement à Genève et à Zürich. »
La législation suisse favorise également l'innovation et la croissance économique, créant un climat propice aux affaires. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le pays abrite les sièges de certains des plus grands groupes mondiaux (Adecco, Holcim, Nestlé, Roche, TAG-Heuer, UBS, Swisscom …).
4. L’environnement juridique et fiscal attractif
Réputée pour son système fiscal attrayant, la Suisse offre des avantages significatifs aux investisseurs étrangers.
Avec des taux d'imposition sur le revenu et sur la fortune relativement modérés (même si pour les plus fortunés, les taux peuvent etre très importants), l'exonération des gains en capital et la possibilité pour les résidents étrangers d'opter pour un « forfait fiscal » dans de nombreux cantons, la Suisse représente une destination de choix pour les entrepreneurs et les investisseurs privés. Le « forfait fiscal » permet, en effet, de calculer l'impôt en fonction des dépenses du contribuable plutôt que sur sa fortune ou ses revenus, une méthode particulièrement attrayante pour ceux dont le patrimoine personnel dépasse les 5 millions d'euros.
Pour vous donner un ordre d’idée, dans le canton de Genève, le taux maximum du barème de l’impôt sur le revenu monte à 45 %, contre respectivement 24,9 % et 41,5 % dans les cantons de Schwyz (ville de Schwyz) et de Vaud (ville de Lausanne).
Pour l’impôt sur la fortune, les taux appliqués à ces trois cantons – Genève, Schwyz et Vaud – est dans cet ordre de 1,01 %, 0,79 % et 0,19 %.
Point fort, les droits de donation et succession sur les opérations en ligne directe descendante ne sont pas imposées dans les cantons de Genève et Schwyz. Et ils sont de seulement 7 % dans le Canton de Vaud.
Guillaume Lucchini confirme ce constat : « En combinant une infrastructure de pointe et un environnement fiscal avantageux, la Suisse continue d'attirer les investisseurs qui cherchent à optimiser leur fiscalité tout en s'implantant dans un pays dynamique et innovant. Cette combinaison d'attraits fait de la Suisse non seulement un havre fiscal mais également un lieu propice à l'innovation et à la croissance entrepreneuriale.
5. L’expertise reconnue en gestion de patrimoine des établissements suisses
Les banques suisses jouissent d'une renommée mondiale grâce à leur expertise inégalée en gestion de fortune et en gestion d'actifs. Elles offrent aux investisseurs un accès privilégié à une vaste gamme d'opportunités d'investissement, allant des actions et obligations aux produits plus sophistiqués (Matières premières, placements alternatifs, produits structurés …).
Ces établissements helvétiques ne se contentent pas de briller sur la scène nationale, ils sont également très actifs sur les marchés internationaux. « En intégrant à leur offre des sociétés de gestion européennes, américaines et asiatiques, les banques suisses élargissent constamment leurs horizons et diversifient les options disponibles pour leurs clients. » abonde d’ailleurs Guillaume Lucchini, le dirigeant de Scala Patrimoine qui partage sa vie entre Paris et Genève.
Enfin, les sociétés suisses permettent d'accéder à un choix étendu de fonds de private equity, offrant ainsi des opportunités d'investissement exclusives et généralement difficiles d’accès. Cette diversité et cette profondeur de services sont autant de raisons qui expliquent le succès des banques suisses.
Historiquement, les banques privées suisses ont aussi toujours veillé à aligner leurs intérêts avec ceux de leurs clients. De nombreux établissement étaient ainsi structurés comme des sociétés en commandite simple. Autrement dit, cela signifie que leurs associés sont indéfiniment responsables sur leur fortune personnelle. Certains établissements ont encore aujourd’hui ce statut. C’est notamment le cas de La Banque Bordier, avec laquelle Scala Patrimoine collabore.
L’avis de Scala Patrimoine
Scala Patrimoine dispose d’une expertise reconnue en matière d'investissements transfrontaliers entre la France et la Suisse. Avec des bureaux stratégiquement situés à Genève et à Paris, notre multi family-office bénéficie d’une connaissance approfondie des marchés et des réglementations des deux pays. Notre équipe dédiée assure une gestion patrimoniale sur mesure pour les entrepreneurs, les grands investisseurs et les sportifs de haut niveau, répondant ainsi à chacun de leurs besoins spécifiques.
Venture Capital : entre incertitudes et espoirs pour 2024
Après la douce euphorie de 2022, le monde du capital-risque traverse actuellement une période de turbulences. Dans un contexte marqué par de nombreuses incertitudes économiques et géopolitiques mais aussi la hausse des taux d’intérêt menée par les banques centrales, le nombre d'opérations de capital-risque a nettement diminué. À l'échelle mondiale, 2023 s'est avérée être l'année la plus difficile pour la collecte de fonds de capital-risque depuis 2015. Le second semestre de 2024 sera-t-il plus favorable ? Les doutes persistent, bien que la baisse des taux initiée par la Banque centrale européenne (BCE) puissent stimuler les investissements dans cette classe d'actifs.
1. Le marché du venture capital marque le pas
L'année 2023 a été particulièrement difficile pour les acteurs du capital-risque à bien des égards. Les levées de fonds ont sensiblement diminué, tandis que la hausse des taux d'intérêt a eu un impact significatif sur la valorisation des entreprises. Cet environnement a contraint de nombreux acteurs du capital investissement à reporter leurs opérations de cessions et d'acquisitions.
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2023 : Annus horribilis ?
- L'Europe suit la tendance mondiale
En 2023, l’Europe n’a pas échappé au coup de froid qui s’est abattu sur le venture capital. Selon une étude réalisée par PitchBook, les levées de fonds européennes en capital-risque ont chuté de 40 %, passant de 30,6 milliards d’euros à 19 milliards d’euros. En 2021, les fonds avaient levé plus de 33,3 milliards d’euros.
Le nombre d’opérations est également en baisse entre 2022 et 2023. Ainsi, 1 708 opérations ont été réalisées au quatrième trimestre 2023, soit une chute de 19 % en glissement trimestriel et de 42 % par rapport au quatrième trimestre 2022.
- En France, les levées de fonds supérieures à 100 M€ en berne
Suivant la tendance mondiale, les levées de fonds des acteurs du capital-risque en France ont connu un net recul en 2023. Selon France Invest, les levées de capitaux se sont établies à 3,6 milliards d’euros, finançant ainsi 1 319 start-ups. Cela représente une baisse de 35 % par rapport à l’année précédente.
Ce ralentissement affecte particulièrement les levées de fonds les plus importantes, supérieures à 100 millions d’euros. Celles-ci ont en effet chuté de 57 % en valeur et de 55 % en volume. À l'inverse, le cabinet de conseil EY souligne une légère augmentation des levées de fonds allant de 10 à 20 millions d’euros, avec une hausse de 1 % en valeur et de 3 % en volume.
Cette prudence des investisseurs se confirme également en ce début d’année 2024.

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Le 1er trimestre 2024 sur le venture capital
En cette première partie de l’année, les investisseurs demeurent prudents. Selon la dernière étude publiée par PitchBook, les véhicules d’investissement ont levé 4,6 milliards d'euros sur le Vieux Continent au cours du premier trimestre 2024, répartis entre 47 opérations.
« Si cette tendance se maintient, 2024 pourrait connaître des performances similaires à celles de 2023 », soulignent les auteurs de l'étude. Cette publication confirme également une autre tendance : la multiplication des petits véhicules d’investissement. En effet, une grande majorité des levées de fonds reste inférieure à 250 millions d'euros. Sur le Top 10 des fonds clôturés au premier trimestre, quatre sont britanniques, deux sont allemands et un seul est français (Partech).
PitchBook souligne par ailleurs l’allongement de la durée nécessaire pour conclure les levées de fonds. Le délai médian de clôture s'élève désormais à 20,7 mois au premier trimestre 2024, contre 16,8 mois en 2023. Ce qui traduit bien l’apathie du marché.
2. Un contexte économique plus difficile
Avec la hausse des taux d’intérêt, les placements sans risques tels que les obligations et les fonds en euros sont redevenus attractifs. Une autre conséquence notable est que le coût de l’argent s’est également accru, entraînant une augmentation significative du coût global des crédits.
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Le venture capital victime de la hausse des taux d’intérêts
Dans un contexte inflationniste marqué par la hausse des taux d’intérêt imposée par les grandes banques centrales, les investisseurs se tournent de plus en plus vers des placements jugés moins risqués, au détriment des premiers tours de table des start-ups. Interrogée par les journalistes de Décideurs Magazine, Stéphanie Hospital, fondatrice et PDG de OneRagtime, un fonds de capital-risque, exprime son inquiétude face à l'attentisme croissant des investisseurs en capital. « Les performances des fonds de venture capital sur les vingt dernières années surpassent largement celles des alternatives bancaires. Néanmoins, les investisseurs préfèrent placer leurs liquidités dans des produits bancaires offrant un rendement de 5 %, soit en dessous du taux d'inflation. »
Les levées de fonds prennent désormais deux fois plus de temps qu'en 2021. Les négociations se compliquent, s'allongent, et acquéreurs comme vendeurs se retrouvent dans une impasse, se regardant en chiens de faïence. Un nombre significatif de projets est ainsi abandonné.
Cette hausse des taux se reflète également sur la valeur des transactions. Selon le rapport 2023 Global Venture Capital First Look de PitchBook, le quatrième trimestre 2023 a enregistré une baisse de 22 % en glissement trimestriel et de 32 % en glissement annuel.
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Late stage : le chainon manquant ?
Malgré un contexte économique et politique délicat, la France dispose d'un vivier prometteur d'entreprises technologiques. Cependant, leur croissance est freinée par un manque de financement à un stade avancé. Les fonds se concentrant sur le financement à partir de la série B se font rares et ne sont pas toujours en mesure de fournir des montants supérieurs à 30 millions d'euros.
Les fonds français de capital-innovation, en effet, sont de taille plus modeste que leurs principaux concurrents étrangers. Or, la dernière levée de fonds nécessaire pour atteindre le statut de licorne dépasse généralement les 100 millions d'euros.
Les entreprises doivent alors se tourner vers des fonds de venture capital étrangers pour assurer leur financement, se vendre, s’adosser à un acteur industriel ou, plus rarement, réaliser une introduction en bourse. Cependant, pour que ces différentes options soient envisageables, il est impératif que la start-up propose une offre, des produits et un modèle susceptibles de s'internationaliser.

3. "Flight to Quality" ?
Avec la hausse des taux, les investisseurs deviennent plus sélectifs, cherchant à minimiser les risques financiers
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Les champions de la french tech polarisent les levées de fonds
Les fonds d'investissement s'orientent de plus en plus vers des start-ups matures aux revenus stabilisés, réduisant ainsi les risques inhérents aux jeunes entreprises. Les montants investis tendent à être plus élevés pour les sociétés ayant atteint une certaine taille critique et présentant un potentiel de rachat par de grands groupes.
En se focalisant sur la French Tech, les capitaux se concentrent principalement sur des success stories déjà bien établies. Les cinq plus grandes levées de fonds ont ainsi concerné Verkor (850 millions d'euros), Mistral AI (385 millions d'euros), Driveco (250 millions d'euros), Ynsect (160 millions d'euros) et Amolyt Pharma (130 millions d'euros).
Au niveau de l'Union Européenne, la France conserve la première position, creusant l'écart avec l'Allemagne, bien qu'elle accuse un certain retard par rapport au Royaume-Uni.
Malheureusement, à l’échelle mondiale, les levées de fonds des start-ups européennes représentent moins de 15 % des financements, se situant loin derrière les États-Unis et la Chine.
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La volonté d’avoir un impact sociétal
En 2023, les entreprises de la French Tech ont réalisé 715 levées de fonds, cumulant un montant total de 8,3 milliards d'euros. Cette performance marque une baisse significative de 38 % en valeur et de 3 % en volume par rapport à l'année précédente.
Parmi les secteurs les plus dynamiques, la GreenTech s'est distinguée en occupant la première place avec des levées de fonds atteignant 2,7 milliards d'euros, soit une augmentation impressionnante de 44 %. Les logiciels viennent ensuite, avec des levées totalisant 2,1 milliards d'euros, bien que ce chiffre représente une diminution de 10 %. Les Life Sciences suivent avec 1 milliard d'euros, enregistrant une légère progression de 1 %.
La tendance favorable de la Climate-Tech et de la Health-Tech semble destinée à perdurer. Ces secteurs bénéficient de l'intérêt croissant des investisseurs et des talents qui cherchent à donner un sens à leurs actions en rejoignant des entreprises à fort impact sociétal. De plus, les investisseurs institutionnels sont incités par des directives politiques à soutenir ces modèles, notamment dans le cadre des initiatives France 2030 et du plan TIBI. La phase 2 de l'initiative Tibi prévoit d’ailleurs de mobiliser plus de 7 milliards d'euros d'ici la fin 2026 pour le financement des nouvelles technologies.
À l'opposé, les Fintech et le secteur des services internet ont connu des reculs marqués, avec des baisses respectives de 73 % et 66 %.
4. Quelles perspectives pour le venture capital ?
La seconde moitié de l’année 2024 s'annonce captivante. Au-delà des soubresauts politiques et économiques potentiels, le marché du capital-risque pourrait tirer profit de l'essor de secteurs clés tels que l'intelligence artificielle, les technologies vertes et la santé.
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Une baisse des taux salutaire ?
Ce potentiel est renforcé par la baisse des taux d'intérêt et l'atténuation des pressions inflationnistes, créant ainsi une dynamique positive propice à l'investissement.
À court et moyen terme, il sera toutefois ardu de retrouver les niveaux d'activité enregistrés en 2021 ou 2022. Dans un premier temps, il est très probable que les investisseurs se concentrent sur le soutien et le développement des entreprises déjà présentes dans leur portefeuille. Ainsi, les fonds continueront d'apporter les ressources nécessaires aux start-ups les plus prometteuses pour favoriser leur croissance, tout en adoptant une approche de plus en plus sélective.
Cette conjoncture pourrait favoriser le modèle de « club deal », où fonds, entrepreneurs et investisseurs privés collaborent étroitement pour soutenir des projets de croissance ciblés.
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Les investisseurs privés en première ligne
Au cours des prochaines années, les investisseurs privés joueront à n’en pas douter un rôle central dans l'univers du capital-risque. Selon les données fournies par France Invest, en 2023, les particuliers et les family offices ont été les principaux souscripteurs des fonds de capital-risque et de croissance en France, représentant 26 % des levées de fonds, soit 960 millions d'euros, juste devant le secteur public avec 22 % des levées, totalisant 794 millions d'euros grâce à des acteurs comme Bpifrance et la Caisse des Dépôts. Parmi les plus fortunés, la part allouée au private equity dépasse désormais les 20 %.
Cette dynamique reflète une évolution significative où le secteur privé, par son engagement croissant, façonne l'avenir et les tendances du capital-risque en France.
Le rendez-vous des marchés financiers - Juin 2024
Marchés financiers & économie : les points clés
- Christine Lagarde, la présidente de la Banque Centrale Européenne (BCE) vient de baisser le principal taux directeur de l'institution européenne de 25 points de base. Le taux de refinancement principal passe de 4,5 % à 4,25 % tandis que le taux de la facilité de dépôt est désormais de 3,75 %, contre 4 % précédemment.
- L'agence de notation américaine Standard & Poor’s a dégradé la note de la dette souveraine française de « AA » à « AA- ». Pour l’instant, cette décision n’a toutefois pas eu d'impact notable sur les taux d'intérêt français à court terme.
- L'activité économique en Zone Euro s'améliore. Le produit intérieur brut (PIB) est en hausse de 0,3% au cours du premier trimestre 2024 par rapport au trimestre précédent. Toutes les grandes économies profitent de cette dynamique.
Quelles performances sur les marchés financiers ?
1. Les marchés actions reprennent leur souffle
Ces dernières semaines, les marchés financiers avancent en ordre dispersé. Au cours des 30 derniers jours, le S&P 500 s’adjuge près de 3 %, tiré notamment par les excellents résultats de la société Nvidia. En Europe, Le CAC 40 lâche 1 % alors que le Dax Allemand gagne 1 %. L’EURO STOXX 50 est lui aussi en hausse de 1 %. L’indice phare japonais, le Nikkei, reprend également des couleurs (+ 1,2 %).
Les marchés indiens sont, de leurs côtés, portés par le succès des réformes mises en œuvre par Narendra Modi depuis son arrivée au pouvoir en 2014. Cette belle dynamique vient d’ailleurs d’être confirmée par la victoire de l'Alliance démocratique nationale dirigée par le Bharatiya Janata Party (BJP) de Narendra Modi lors des dernières élections législatives en Inde. Les dépouillements ont toutefois scellé un avantage moins important que ne le laissaient présager les sondages de sortie des urnes.
Après avoir battu des records historiques, le Nifty 50 a donc chuté de 5,5% et le BSE Sensex, indice de la Bourse de Bombay, de 5 % dans les minutes suivants la publication des résultats. Narendra Modi pourra toujours se consoler avec l’annonce de l'agence de notation Standard & Poor's. Celle-ci a, en effet, revu à la hausse ses perspectives pour l'Inde, passant de « stables » à « positives ». Une décision bienvenue qui pourrait permettre au pays d’améliorer à court ou moyen terme sa note de crédit, et ainsi réduire ses coûts d'emprunt.
Le précieux métal jaune s’adjuge, quant à lui, près de 2 %. L’once d’or s’échange aujourd’hui autour de 2 356 dollars.

2. Les taux des obligations d’état remontent
Les marchés des obligations d’État et du crédit devraient pâtir d’une volatilité plus importante au cours des prochains mois, dans un contexte de changement des politiques monétaires des banques centrales.
Le rendement des Bons du Trésor américains (Treasury Bond) à 10 ans est remonté à 4,50 %. Même son de cloche pour les rendements des obligations d’État allemandes et britanniques à 10 ans qui avoisinent désormais respectivement les 2,6 % et les 4,4 %. En France, le taux OAT 10 ans a franchi le seuil des 3 %.
3. Coup de grisou sur le pétrole
Les prix du pétrole brut ont connu une baisse significative. Le Brent de la mer du Nord a abandonné plus de 10 % depuis avril, glissant sous la barre des 80 dollars à 78 dollars. Une détente qui s’explique notamment par des espoirs accrus de voir les pourparlers visant à obtenir un cessez-le-feu entre le Hamas et Israël aboutir, mais également par la révision à la baisse par l'Agence internationale de l'énergie (AIE) des prévisions de la demande mondiale de pétrole.
La décision de l'OPEP+ de prolonger les réductions de production en cours jusqu’à fin septembre n'ayant pas non plus permis de faire remonter les prix.
4. Les résultats des élections européennes
En France, les élections européennes ont enregistré une participation de 51,5 %. Sept listes ont obtenu un score supérieur à 5 %, leur permettant ainsi d’envoyer des représentants au Parlement européen.
La liste du Rassemblement national menée par Jordan Bardella est arrivée en tête avec 31 % des suffrages exprimés. Elle a devancé la liste « Renaissance » (14,5 %), portée par Valérie Hayer. La liste PS-Place publique est arrivée en 3e position, récoltant 13,8 % des voix. Elle devance ainsi celle de La France insoumise (9,8 % des voix) et des Républicains (7,2 %). Viennent ensuite la liste des Ecologistes représentée par Marie Toussaint et de Reconquête conduite par Marion Maréchal, avec respectivement 5,47 % et 5,46 % des voix.
Dimanche soir, la véritable déflagration politique n'est cependant pas venue des résultats, largement anticipés par les instituts de sondage et par les marchés financiers, mais par la décision du Président de la République de dissoudre l'Assemblée Nationale. De nouvelles élections législatives auront donc lieu les dimanches 30 juin et 7 juillet prochain. Ce coup de poker politique, qui matérialise une période d'instabilité guère appréciée des investisseurs, a heureusement eu un effet limité sur les marchés financiers. Le lendemain de l'annonce, le CAC 40 a terminé la séance sur un repli contenu de 1,3 % à 7893 points. Le Taux OAT 10 ans est, quant à lui, passé de 3,06 % à 3,20 %.
5. La note de la France dégradée
Sans grande surprise, la note de la dette souveraine française a été dégradée par Standard & Poor’s. Celle-ci passant de « AA » à « AA- », soit le 4e échelon sur 23 de leur grille de notation.
L’agence de notation américaine justifie sa décision par la détérioration de la situation budgétaire du pays, avec un déficit plus élevé que prévu en 2023. Selon elle, il est d’ailleurs peu probable que le déficit puisse repasser sous les 3 % du PIB en 2027.
Bruno Le Maire s’est défendu en soulignant que les dérapages budgétaires du pays avaient « sauvé l'économie française : « J'ai sauvé les usines, j'ai sauvé les restaurateurs, j'ai sauvé les hôteliers, j'ai sauvé le monde de l'événementiel, j'ai sauvé des emplois, des compétences, la filière aéronautique ». Il a également tenu à rappeler que les deux autres principales agences - Fitch et Moody’s – ont maintenu la note de la France. Enfin, le ministre des Finances soutient que tout cela n'entravera pas les efforts menés par le gouvernement pour rétablir les finances publiques.
Pour l’instant, cette décision n’a toutefois pas eu d'impact notable sur les taux d'intérêt français à court terme, ni sur les marchés financiers. Sur le marché secondaire, le rendement de l'obligation d'État française à 10 ans se détend légèrement tandis que l'écart avec l'Allemagne augmente, à un peu plus de 47 points de base.
Les Etats-Unis : la fin de l’état de grâce ?
Le broker américain Strategas évalue chaque mois 14 grands secteurs de l'économie US. Faisant preuve d’une certaine prudence, leurs équipes évaluent le risque de récession à 30 % en 2024. Le scénario central demeure toutefois celui d'un atterrissage en douceur (60 % de chances). Un nouveau rebond de l’économie américaine étant jugé peu probable (10 % de chances).
1. Des publications en demi-teinte
« Les mouches seraient-elles en train de changer d'âne » ? Pour reprendre l’une des expressions les plus savoureuses du monde de l'ovalie, la dynamique de l’économie américaine semble s’inverser, depuis le début du mois de mai.
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Le taux de chômage augmente
Le marché du travail qui faisait preuve d’une étonnante résilience marque le pas. Les créations d’emplois ont nettement ralenti en avril, atteignant 165 000 contre plus de 300 000 en mars. Au mois de Mai, l'économie américaine a créé 272 000 postes mais le taux de chômage a légèrement augmenté, passant de 3,9 % à 4 %. Les hausses de salaires se sont également tassées.
Le secteur immobilier est lui aussi concerné par ce ralentissement. Les permis de construire de maisons individuelles ont reculé pour le troisième mois consécutif et la confiance des promoteurs immobiliers s’érode. Les indices ISM, consacrés aux activités manufacturières et de services, sont passés sous la barre des 50. Tandis que l’indicateur avancé du Conference Board mesurant la confiance des consommateurs américains s’est une nouvelle fois détérioré.
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une croissance plus faible
Enfin, la solidité du système bancaire américaine interroge. Un rapport publié par La Federal Deposit Insurance Corporation, une agence indépendante, souligne que 63 banques américaines, principalement des établissements régionaux, se trouveraient au bord du défaut de paiement.
Dans ces conditions, la hausse du PIB de 3,4 % au quatrième trimestre 2023 apparait bien loin. Selon les estimations du Bureau of Economic Analysis, le PIB réel américain devrait augmenter de 1,3 % en rythme annualisé au premier trimestre, un chiffre qui est même inférieur aux 1,6 % initialement prévus.
Ces dernières publications vont-elles contraindre la FED à réagir rapidement ? Il semble à ce stade prématuré d’en déduire une nouvelle tendance, surtout que l’inflation mesurée par l’indice PCE (+ 2.7% en rythme annuel) est en ligne avec les attentes en avril. Sur un mois, l'indicateur privilégié par la Fed s'affiche à 0,3%.
2. Une première baisse de taux en septembre ?
Les pressions inflationnistes se tarissent. Pour la première fois depuis plusieurs mois, celles-ci n’ont pas été supérieures aux anticipations. L'inflation dite sous-jacente, qui exclut les prix volatils de l'alimentation et de l'énergie, se stabilise sur un an, à 2,8 %. Pour rappel, la banque centrale américaine (Fed) a pour objectif de la ramener à 2 % en 2026.
Au cours des prochaines semaines, la Fed devrait donc continuer à jouer la montre. Aucune annonce n’est prévue lors de la prochaine réunion des 11 et 12 juin. Une position confirmée par Le président de la Fed de New York, John Williams : « Je ne ressens aucune urgence ni besoin de me presser pour prendre une décision maintenant. Les choses vont dans la bonne direction ».
Comme de nombreux suiveurs, les analystes de Strategas anticipent plutôt une première baisse des taux de la Réserve fédérale américaine en septembre. D’ici la tous les regards seront tournés vers la campagne des élections présidentielles opposant Donald Trump et Joe Biden.
3. Un contexte politique sous haute tension
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Explosion de la dette fédérale
Les résultats de l’élection présidentielle américaine qui se tiendra en novembre prochain auront de fortes répercussions sur le budget étatique. En cas de victoire, le camp républicain compte bien réduire les impôts, tandis que les démocrates seraient tentés de les augmenter pour financer de nouvelles dépenses.
Dans les deux cas, les programmes présentées mèneront à des taux d’intérêt plus élevés. De telles décisions politiques auront bien évidemment des conséquences sur les marchés financiers. Les analystes estiment, en effet, que la dette fédérale américaine est sur une trajectoire insoutenable à long terme.
Goldman Sachs vient d’ailleurs de réviser à la hausse son estimation du déficit budgétaire fédéral pour cette année. Cette dette atteindra près de 1 800 milliards de dollars, soit 100 milliards de dollars de plus que précédemment estimé.
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Passe d’armes entre la Chine et les États-Unis
Le torchon brule entre la Chine et les États-Unis. Le président américain Joe Biden souhaite tout simplement tripler les droits de douane sur les importations d’acier et d’aluminium chinois. Une mesure qui doit, selon lui, « protéger les industries américaines de l’acier et de la construction navale contre les pratiques déloyales de la Chine ». Ces droits de douane sont actuellement de 7,5 % en moyenne.
Cette annonce est cependant à relativiser. Les importations américaines d’acier chinois ne représentent, en effet, que 0,6% de la demande américaine totale d’acier.
En parallèle, les États-Unis ont également annoncé, avec le Royaume-Uni, la prolongation de l’interdiction faite aux bourses d’échange de métaux d’accepter de l’aluminium, du cuivre et du nickel produits par la Russie, tout en interdisant l’importation de ces métaux. Le pays de l’Oncle Sam préparent également, en compagnie de l’Union Européenne, de nouvelles sanctions contre l’Iran en réponse à son programme de missiles et de drones.
La Zone Euro : après la pluie vient le beau temps ?
Malgré le rebond de ce début d’année, la Banque Centrale Européenne (BCE) anticipe une croissance économique atone à court terme pour la Zone Euro, en raison de conditions de financement restrictives et de la faiblesse de la confiance. Le PIB devrait ainsi croître de 0,6 % en 2024, de 1,5 % en 2025 et de 1,6 % en 2026.
1. Le ciel se découvre
Selon Eurostat, le produit intérieur brut (PIB) dans la zone euro est en hausse de 0,3% au cours du premier trimestre 2024 par rapport au trimestre précédent. Toutes les grandes économies renouent avec la croissance. Le PIB de la France a, en effet, augmenté de 0,2% au premier trimestre 2024 par rapport au trimestre précédent. L’Allemagne progresse de 0,2 % également, l’Italie de + 0,3 % et l’Espagne de +0,7 %.
Les signaux sont donc au vert. Les agents économiques retrouvent de la confiance. Les différents indices mesurant leur état d’esprit progressent légèrement en mai (de 95.6 à 96).
Le PMI de la zone euro grimpe aussi de + 0,6 point par rapport au mois précédent, atteignant son plus haut niveau en un an à 52,3, grâce à une forte demande dans les services et une amélioration dans le secteur industriel.
Autre bonne nouvelle, le taux de chômage se stabilise à 6,5 % en mars, proche de ses plus bas historiques. Une situation qui met les salariés en position de force. Selon la BCE, les salaires négociés ont bondi de + 4,7 % en glissement annuel au premier trimestre, contre + 4,5% au quatrième trimestre.
Enfin, les entreprises européennes ont publié des résultats très intéressants lors du premier trimestre. Celles-ci ayant réalisé des bénéfices supérieurs de 9 % en moyenne aux attentes des analystes. Les entreprises voient d’ailleurs leur marge remonter à des niveaux records à plus de 11 %, hors secteur de l'énergie.
2. La BCE relève ses taux d’intérêts
Alors que l’économie européenne entame son redressement et que l’inflation est à peine supérieure aux attentes (+ 2.6 % en rythme annuel), la BCE vient d’officialiser une baisse des taux d’intérêt de 25 points de base, devenant ainsi la première des grandes banques centrales du monde développé à incliner sa politique monétaire, deux ans à peine après avoir initié son cycle de resserrement monétaire. Les taux directeurs sont ainsi ramenés à 3,75 %.
D’autres baisses sont-elles à prévoir ? Selon Kevin Thozet, membre du comité d’investissement de Carmignac temporise, « Les marchés n’attendent pas plus d’une baisse de taux par trimestre pour cette année. Cela semble conservateur. Cependant, il ne serait pas surprenant de voir la BCE procéder à trois ou quatre baisses de taux, et potentiellement davantage en cas de ralentissement fortuit. »
Cette relative prudence est confirmée par Martins Kazaks, président de la banque centrale de Lettonie, « qui appelle à ne pas agir de manière précipitée après cette première réduction ».
Au cours des prochain mois, l’institution dirigée par Christine Lagarde devra également garder un œil du côté de la FED, avec l’idée d’éviter une divergence trop importante des politiques monétaires. La perspective d’un écart de 2% entre les taux directeurs au cours des six prochains mois pourrait être un problème pour la BCE. Comme l’explique Kevin Thozet « une FED qui maintient ses taux de politique monétaire sur des niveaux élevés trop longtemps – provoquant ainsi un différentiel de taux d’intérêt trop favorable au dollar – pourrait amener une dépréciation marquée de l’euro, et donc une inflation importée. Une telle séquence signifierait que la BCE serait dépendante de la FED. »
La Chine durcit le ton
Selon le Fonds monétaire international (FMI), l'économie chinoise devrait croître de 5 % cette année, révisant ainsi à la hausse ses prévisions pour 2024.
1. Rebond confirmé
Nous n’attendions plus l’économie chinoise à pareille fête. Le pays dirigé par Xi Jinping a enregistré une croissance de 5,3 % au premier trimestre, dépassant les attentes du consensus qui prévoyait + 4,6 %, après une progression de 5,2 % au quatrième trimestre de l'année précédente.
En mai, le PMI manufacturier recule pourtant de 50,4 à 49,5 et celui des services de 51,2 à 51,1, alors qu’une légère amélioration était escomptée. A contrario, le secteur manufacturier exportateur se redresse. La production industrielle a rebondi de 1 % sur le mois, soutenue notamment par une hausse de 3 % des exportations.
Mais d’ici 2029, le FMI anticipe un ralentissement de l’activité économique à 3,3 %, arguant du vieillissement de la population et d'une expansion plus lente de la productivité.
À plus court terme, le gouvernement chinois doit surtout penser à éteindre l’incendie qui touche le marché immobilier local. Pour cela, plusieurs mesures ont été annoncées. L’État vient, par exemple, de donner l'autorisation aux gouvernements locaux d'acheter des appartements invendus auprès des promoteurs immobiliers pour les convertir en logements abordables. La banque centrale chinoise va également réduire les taux minimaux d'apport pour les prêts hypothécaires aux particuliers, à 15 % minimum pour l'achat d'un premier logement et à 25 % pour l'achat d'un deuxième.
La hausse des droits de douane annoncée par le président américain Joe Biden ne devrait toutefois avoir qu’un impact marginal sur l’économie chinoise. Celle-ci ne porte, en effet, que sur 3 % des exportations vers le Pays de l’Oncle Sam. Mais cette décision augure malheureusement une escalade des tensions commerciales avec son principal rival.
2. Tensions géopolitiques
Sur le plan géopolitique, la Chine est d’ailleurs sur tous les fronts et continue de tenir un discours très musclé. Le premier visé est naturellement Taiwan. Dong Jun, ministre chinois de la Défense vient d’annoncer lors du Dialogue Shangri-La à Singapour, un forum sur la sécurité, « l’Armée populaire de libération de Chine a toujours été une force indestructible et puissante dans la défense de l’unification de la patrie, et elle agira à tout moment avec détermination et force pour freiner l’indépendance de Taïwan et faire en sorte qu’elle ne réussisse jamais dans ses tentatives ».
D’un ton martial, il a ensuite ajouté que la retenue de Pékin en mer de Chine méridionale avait « des limites », faisant ainsi référence d'une série d'accrochages entre navires chinois et philippins dans une zone contestée. Les prochains mois s’annoncent tendus.
Les convictions de Scala Patrimoine sur les marchés financiers
1. Marchés actions : les arbres monteraient ils jusqu’au ciel ?
Les feux restent au vert sur les marchés actions mais nous maintenons un positionnement plus attentiste, en particulier sur les grandes valeurs américaines de la tech qui continuent d’être favorisées par les investisseurs.
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Des incertitudes toujours importantes
Bien que la BCE ait ouvert le bal de la baisse des taux le 6 juin dernier, les incertitudes quant à la politique monétaire de la Fed pourraient continuer d'alimenter la volatilité des taux. Ces doutes pourraient également peser sur les valeurs de croissance. Les tensions géopolitiques et leur influence sur le prix de l’énergie, sont des risques baissiers à surveiller attentivement par les marchés.
Les dernières publications macroéconomiques montrent un affaiblissement de l’activité américaine tandis que l’activité européenne a plutôt surpris à la hausse. En raison de la baisse des taux de la BCE et d’un niveau de valorisation plus attractif, les actions européennes pourraient susciter l’attrait des investisseurs à court terme. Cependant, les prévisions de croissance de l’activité restent bien plus solides à long terme aux Etats-Unis ce qui plaide en faveur de la robustesse des valeurs américaines à plus long terme.
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Une diversification des investissements nécessaire
On ne parle plus désormais de magnificent 7 mais de Fabulous 5, signe que le vent peut très vite tourner pour certaines très grandes capitalisations de la tech US. Nous réitérons l’importance de la diversification sectorielle au sein des portefeuilles. La préférence reste sur les valeurs qui ont la capacité de générer du cash-flow à long terme mais le niveau de valorisation doit être considéré avec attention. Nous préconisons toujours de se positionner sur les grandes capitalisations.
L'environnement de taux élevés et l'hégémonie des grandes valeurs ne permettent pas, à court terme, le rebond des petites capitalisations.
2. Marchés obligataires : un environnement favorable
La première baisse des taux initiée par la BCE devrait être favorable pour les valorisations des émissions européennes à moyen terme. Nous voyons les prochains mois comme une opportunité pour les investisseurs obligataires qui peuvent bénéficier de taux de rendement toujours hauts avec des perspectives positives pour les valorisations obligataires (corrélées négativement aux taux d’intérêt).
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Privilégier les obligations de court terme ?
Nous continuons de privilégier les émissions de qualité, et bien que les taux de défaut n’aient pas significativement augmenté, nous refusons la prise de risque via l’exposition à des entreprises aux bilans fragiles (dont la notation crédit est sensiblement dégradée). Le segment High Yield demeure cependant une source de performance à aborder avec prudence. Nous recommandons de privilégier les émissions à court terme pour limiter le risque de défaut et de privilégier les émissions notées BB. Le marché américain, plus profond, peut offrir une diversification intéressante.
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Un marché suspendu aux décisions des banques centrales
En ce qui concerne les obligations souveraines européennes, nous conseillons des durations courtes afin de bénéficier d’une politique monétaire moins restrictive à terme et limiter la sensibilité aux variations des taux. Nous conservons notre approche neutre avec biais positif car la volatilité sur les taux pourrait perdurer. En effet, le discours prononcé par Mme Lagarde lors de la conférence de la BCE ne donne aucune certitude quant au rythme de baisse de taux à venir. Cette première réduction des taux d'intérêt est une réponse à la baisse de l'inflation en Europe. Cela ne signifie en aucun cas que nous entrons dans une phase de politique expansionniste. De plus, l’incertitude demeure quant à la première baisse de taux qui pourra être initiée par la Fed.
3. Les marchés financiers alternatifs : un point de vue négatif
Les stratégies alternatives ont constitué une alternative plus payante que la classe obligataire depuis le début d’année. Néanmoins nous préférons être long « actions » et « obligations », d’autant plus dans un environnement où les taux pourraient continuer à baisser. Jusqu’ici, nous avions également préférer le monétaire compte tenu du couple rendement risque attractif qu’offrait ce support. La première baisse de taux engagée par la BCE rappelle que ce support d’attente devra être progressivement redéployer sur des classes d’actifs plus rémunératrices. Compte tenu de ces éléments, nous maintenons une position négative à l’égard des stratégies alternatives.
4. Les produits structurés : une alternative pertinente aux marchés actions
Nous continuons de favoriser les produits structurés pour leur capacité à s’adapter aux objectifs de rendement d’un investisseur tout en maitrisant l’exposition au risque souhaitée. Ils constituent des alternatives pertinentes aux marchés actions. Les rendements restent toujours attractifs à condition de prêter attention à la sélection des bonnes structures. En effet, il est crucial de bien comprendre les mécanismes du produit avant tout engagement pour éviter les mauvaises surprises. Ce type d’instrument peut être aussi fortement chargé en frais. Il est essentiel pour tout investisseur désireux d’être exposé à ces produits d’être bien accompagné. Cependant, des opportunités peuvent être saisies sur une sélection de titres et indices.
5. Capital investissement : une classe d’actifs incontournable sur le long terme
L'attrait grandissant des investisseurs institutionnels pour les actifs non cotés reflète un virage notable, anticipant un élargissement des fonds destinés au marché de détail en 2024. Tout en adoptant une approche mesurée à court terme, notre vision reste favorable concernant le futur du capital-investissement.
Nous favorisons non seulement les stratégies secondaires, mais aussi les stratégies de co-investissement et de dette privée. En outre, nous intégrons activement les stratégies de growth buyout, qui ciblent les entreprises en phase d'expansion désireuses d'accélérer leur croissance, ainsi que les mécanismes de dette mezzanine, qui fournissent une solution de financement flexible à mi-chemin entre le capital propre et la dette senior, pour enrichir notre portefeuille et saisir des opportunités complémentaires dans un paysage économique en mutation.

Romane Azzopardi (Scala Patrimoine) : « On note une divergence entre l'économie américaine et européenne »
Les marchés financiers tutoient les sommets. Le CAC 40 vient ainsi de s’offrir un nouveau record en clôture, le 10 mai dernier, à 8 255 points. Mais ces excellentes performances boursières ne doivent pas masquer les fragilités économiques de certaines grandes puissances. Si les États-Unis peuvent s’appuyer sur une économie robuste, ce n’est pas le cas de la Zone Euro. Romane Azzopardi, responsable de la gestion financière du multi family office Scala Patrimoine, revient sur cette dichotomie entre les économies américaines et européennes, et présente les principaux points de vigilance pour les mois à venir.
Scala Patrimoine. Comment se porte l’économie américaine ?
Romane Azzopardi. Comme en 2023, l'économie américaine a su rester résiliente, soutenue par une consommation toujours robuste. Le marché de l'emploi demeure, par ailleurs, sous tension. Les salaires, bien que sur une tendance baissière, ont continué d'alimenter la consommation. Pourtant, le stock d'épargne des ménages s'est épuisé au cours des 12 derniers mois. Revers de la médaille, cette résilience de l'économie américaine et la hausse du pétrole soutiennent les pressions inflationnistes. Une hausse des prix a, en effet, été observée sur les trois premiers trimestres de l'année 2024, s'éloignant peu à peu de la trajectoire d'inflation fixée par les banques centrales à 2 %.
Les craintes suscitées par cette reprise de l’inflation ont amené les investisseurs à repousser leurs anticipations de baisse de taux. Le marché anticipe désormais une baisse de taux à partir du mois de septembre.
Scala Patrimoine. Comment interpréter les chiffres de croissance du 1er trimestre ?
Romane Azzopardi. Avec 1,6% de croissance en rythme annualisé, la première estimation du PIB américain pour le premier trimestre 2024 fut en deçà des attentes. Cette publication pourrait, selon les observateurs, matérialiser un ralentissement de la consommation américaine.
"Christine Lagarde a préparé les marchés à une première baisse de taux au mois de juin"
Scala Patrimoine. L'économie de la Zone Euro suit elle la même dynamique ?
Romane Azzopardi. La situation en zone euro est bien différente de celle observée aux États-Unis. Lors de sa dernière conférence de presse, Christine Lagarde a préparé les marchés à une première baisse de taux au mois de juin, citant notamment des conditions de financement aujourd'hui trop restrictives, compte tenu de la faiblesse de la croissance européenne et d'un processus de désinflation bien ancré dans la trajectoire des 2 % attendue pour la mi-2025.
Cette baisse de taux serait évidemment un facteur de soutien aux actions européennes. Mais une divergence de politique monétaire trop importante avec la Fed pourrait pousser la BCE à revoir son calendrier. Une baisse trop importante des taux européens viendrait, en effet, affaiblir l'euro et ferait peser un risque non négligeable sur l'inflation, notamment via les importations plus chères en provenance des Etats-Unis.
Scala Patrimoine. Qu’attendre de la Chine et du Japon ?
Romane Azzopardi. Les valeurs japonaises ont retrouvé des couleurs avec une performance supérieure à 30 % sur un an. Ces chiffres doivent toutefois être relativisés. La faiblesse du Yen ayant notamment pesé sur la performance, pour un investisseur en euros. L'inflation a aussi fait son retour au Japon, alimentée par la hausse des salaires record de plus de 5 % en 2023. Une situation inattendue qui a obligé la banque centrale japonaise à augmenter ses taux. Ceux-ci étant désormais en territoire positif, pour la première fois depuis huit ans. Le gouvernement Japonais doit aussi, dans le même temps, se protéger d’une trop forte dépendance commerciale vis à vis Chine.
Le pays dirigé par Xi Jinping a, de son coté, publié une croissance au premier trimestre supérieure aux attentes, soutenue par le rebond de la production industrielle. Hélas, la Chine pèche toujours par la consommation avec un taux d'épargne historiquement élevé. En effet, la relance de la demande reste pénalisée par une confiance des ménages affaiblie et par un taux de chômage important chez les jeunes.
"L'économie chinoise est pénalisée par une confiance des ménages très affaiblie par la crise immobilière et par le taux de chômage important chez les jeunes"
Scala Patrimoine. Quelles sont les implications sur les marchés boursiers ?
Romane Azzopardi. Les marchés actions des marchés développés, ont progressé au premier trimestre, avec une performance moyenne de 11,5 %. La belle saison des bénéfices du 4e trimestre 2023, la résilience de l'économie américaine ou encore les perspectives d'une trajectoire monétaire plus accommodante ont été les principaux facteurs de soutien. Mais on l'a dit, les anticipations de baisse de taux ont été revues à la baisse et les taux d'intérêt ont globalement augmenté de plus de 70 points de base sur le premier trimestre, ce qui a fortement impacté les marchés obligataires et notamment le segment Investment grade.
La reprise de l'inflation et l'aggravation de la situation au Moyen-Orient n'ont pas été sans effet sur l'appétence au risque des investisseurs. Les marchés actions ont corrigé durant trois semaines consécutives. Alors que l'or, lui, s'est renforcé sur cette période pour toucher un point haut.
Scala Patrimoine. Quels sont les principaux points de vigilance pour les mois à venir ?
Romane Azzopardi. Les résultats des entreprises restent clés.
De bonnes projections sur cette croissance bénéficiaire permet de s’assurer l'attrait des investisseurs. La saison des bénéfices pour le premier trimestre 2024 est désormais bien avancée et 80 % des entreprises américaines ont publié des résultats au-delà des attentes, ce qui a été de très bon augure pour relancer la dynamique haussière des marchés actions. Mais on l'a constaté, toute bonne - comme mauvaise nouvelle - peut susciter des réactions très fortes de la part des investisseurs.
Le deuxième élément auquel il faut faire très attention concerne la trajectoire de la politique monétaire de la Fed, moins ancrée que celle de la BCE, mais qui peut heurter fortement les anticipations des marchés et impacter évidemment les actions comme les obligations. Certains gouverneurs de la Fed n'ont pas exclu de laisser les taux inchangés, si l'inflation ne reprend pas sa trajectoire baissière vers les 2 %.
Il convient aussi de souligner qu'une hausse des taux n'est absolument pas « pricée » aujourd'hui par les marchés, alors même qu'une reprise plus pérenne de l'inflation ne peut pas être complètement exclue.
Enfin, les investisseurs devront scruter de près l'évolution des tensions géopolitiques. Ces derniers ayant un impact potentiel sur le prix du pétrole et de facto sur l'inflation.







