Sportif de haut niveau : le régime fiscal français de l’impatriation
La France va accueillir le monde entier lors des jeux olympiques de Paris. À cette occasion des débats fleurissent dans les médias pour savoir si la France est un grand pays de sport. La réponse n’est pas tranchée. On peut à ce titre également s’interroger sur l’attractivité de la France en matière fiscale. Les sportifs de haut niveau bénéficient ils d’un environnement attractif pour s’installer dans notre pays ? La question est ouverte.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la France a quelques atouts à faire valoir. L’un d’entre eux repose sur le régime d’impatriation. Pour les sportifs comme pour les autres talents qui sont appelés à venir en France y exercer un emploi dans le cadre d’un contrat français, la France bénéficie, en effet, d’un dispositif de faveur permettant à ces personnes dites impatriées, d’être exonérées à raison d’une partie de leur rémunération.
Impatriation : un dispositif pour attirer les talents
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Un régime destiné aux nouveaux résidents fiscaux
Ce régime s’adresse à des personnes précédemment domiciliées hors de France puisque l’une des conditions posées à l’accès à ce régime est de n’avoir pas été domicilié en France au cours des 5 années précédant celle de la prise de fonction dans l’entreprise ou l’organisme établi(e) en France qui les recrute.
Deux types de schémas peuvent être rencontrés :
- Soit le salarié est appelé par une entreprise établie en France dans le cadre d’une mobilité internationale à l’intérieur d’un même groupe de sociétés (sociétés ayant des liens entre elles)
- Soit il s’agit d’une embauche externe, dans le sens où le salarié est appelé directement de l’étranger à venir s’installer en France pour y occuper un poste nouveau qui est sans aucun lien avec son éventuel précédent poste qu’il occupait à l’étranger.
A contrario, les personnes venues exercer un emploi en France de leur propre initiative ou qui ont déjà établi leur domicile en France lors du recrutement ne peuvent pas bénéficier de ce régime d’impatriation.
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L’application pour le championnat de France de football
Dans le monde professionnel, les sportifs de haut niveau tels notamment que les joueurs professionnels de football ne sont pas en reste car ils sont tout à fait éligibles à ce dispositif fiscal d’impatriation. Les enjeux en termes d’attractivité pour le territoire français prennent sur ce secteur là une dimension toute particulière. Ce régime fut notamment utilisé par le club de football du Paris-Saint Germain pour attirer le brésilien Neymar ou le portugais Vitinha qui évoluaient respectivement en Espagne et au Portugal.
Ils donnent également lieu à des jurisprudences intéressantes dans le sens où la rémunération des joueurs doit en principe faire notamment l’objet, comme pour les autres personnes dans des situations similaires, d’analyses de comparables. Or l’on peut s’interroger sur les critères de comparaison, s’agissant d’un milieu très particulier parmi lesquels figurent de véritables stars… par définition incomparables pour le commun des mortels !
Les mécanismes fiscaux du régime de l’impatriation
Mais ne brûlons pas les étapes et reprenons plus en détail les mécanismes qui sont en jeu dans le régime de l’impatriation, notamment sur le terrain des comparables.
Car les avantages fiscaux liés au régime de faveur de l’article 155 B du CGI sont nombreux, mais encadrés toutefois de sorte de ne pas dépasser certaines limites.
- Quid des avantages ? durée d’application et type d’impôt concernés
- Quid de l’encadrement ? Limite des 30 %
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La durée d’application
Le régime de l’impatriation concerne l’année de la prise de fonction en France ainsi que les 8 années suivantes.
Ce régime de faveur cesse de s’appliquer si le professionnel quitte son entreprise ou son club d’accueil quand bien même il resterait domicilié en France.
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Les types d’impôts concernés
L'impôt sur le revenu
Le régime de l’impatriation permet d’exonérer d’impôt sur le revenu le supplément de rémunération directement lié à l’exercice d’une activité professionnelle en France, appelé généralement « prime d’impatriation ».
En outre, l’exonération d’impôt sur le revenu peut également porter sur l’éventuelle rémunération se rapportant à l’activité exercée à l’étranger (si effectuée dans l’intérêt de l’employeur ou du club français).
De plus, certains produits de source étrangère (revenus de capitaux mobiliers, gains de cession de valeurs mobilières, produits de la propriété intellectuelles ou industrielle) bénéficient d’une exonération d’impôt français à hauteur de 50 % sous certaines conditions.
Enfin, les cotisations versées aux régimes de retraite supplémentaire et de prévoyance complémentaire auxquels l’impatrié était affilié avant son arrivée en France peuvent faire l’objet d’une déduction du revenu imposable.
L'impôt sur la fortune immobilière (IFI)
L’avantage d’IFI pour les impatriés consiste à ce qu’ils conservent, pour une certaine durée, le même régime IFI que celui qu’ils avaient lorsqu’ils étaient non-résidents français, à savoir une imposition à l’IFI en France uniquement à raison de leurs biens situés en France, et non sur une base mondiale.
L’imposition normale sur une base mondiale (incluant également les biens immobiliers situés hors de France) interviendra à partir de la 6ème année suivant l’installation en France.
Entre temps, le système de faveur pourra s’appliquer. Or l’accès au système de faveur pour l’IFI n’est dépendant d’aucune condition d’emploi contrairement au régime de faveur en IR.
La Jurisprudence dans le domaine du sport
Le monde du sport, et en particulier du football, dans une affaire tranchée par le Conseil d’Etat en date du 4 octobre 2023 (n° 466714) et qui porte sur l’année 2013, nous renseigne sur ce qui peut être compris dans la prime d’impatriation.
Toujours dans le domaine footballistique, la Cour Administrative d’Appel de Paris vient quant à elle se pencher sur la notion de comparable, pour les besoins du dispositif d’impatriation, dans cet univers atypique qui comporte dans les faits, sur le terrain financier, pour les joueurs, une large part d’individualisation (CAA Paris du 16 mars 2021, n° 19PA00956).
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Le champ d’application de la prime d’impatriation
Tout d’abord, il faut savoir que le régime de l’impatriation pose comme condition, pour l’exonération partielle de la rémunération de source française, que cette exonération ne puisse porter que sur la fraction excédant le « salaire de référence », et seulement à l’intérieur de certaines limites.
Le salaire de référence constitue la rémunération perçue pour des fonctions analogues au sein de la même structure ou d’une structure similaire.
Les limites sont les suivantes :
L’exonération est égale tout au plus :
- Soit aux primes liées à la situation de mobilité et prévues au contrat ou à l’avenant à ce contrat (tout ou partie des loyers, indemnités d’éloignement, de déménagement, de différentiel de coût ou qualité de la vie …) ;
- Soit, de manière forfaitaire, à 30 % de la rémunération.
Les indemnités relatives à la rupture du contrat de travail
Dans la décision du 4 octobre 2023, le Conseil d’Etat valide l’application du régime des impatriés pour la détermination de l’impôt sur le revenu dû au titre du versement d’une prime de fin de contrat (prime de résiliation) d’un footballeur professionnel.
Le point en l’occurrence était de savoir si la prime de 2 300 000 € versée à ce joueur de foot par son club, le PSG, au titre de l’indemnisation de la perte du contrat de travail et en supplément de son solde de tout compte, pouvait ou non être analysée comme une prime reçue au titre de la rémunération imposable à prendre en compte dans le cadre du dispositif de l’article 155 B du CGI (au cas particulier, le joueur avait opté pour l’évaluation forfaitaire à raison de 30 % de l’exonération, sur une base imposable intégrant la prime de fin de contrat).
Le Conseil d’Etat a tranché favorablement. Il a rappelé que l’article 80 duodecies du CGI prévoit que toute indemnité versée à l’occasion de la rupture du contrat de travail constitue une rémunération imposable, sauf exception (notamment fraction des indemnités de licenciement n’excédant pas les seuils déterminés par la loi ou les conventions collectives et accords professionnels).
Étude de la notion de « fonctions analogues »
Dans une affaire portant sur les années 2009 à 2011, un joueur de foot avait fait l’objet d’un arrêt de la Cour Administrative d’Appel en 2021.
Il s’agissait d’un joueur expérimenté qui, après avoir passé la quasi-totalité de sa carrière dans des clubs prestigieux d’Europe, avait signé un contrat avec le PSG.
Le sujet dont la Cour a eu à traiter a trait à des questions de comparables puisque l’administration fiscale, dans le cadre du contrôle, avait considéré que la rémunération du joueur n’était pas supérieure à celles d’autres joueurs exerçant des fonctions analogues au sein du Club, en refusant par là-même les comparables mis en avant par le joueur.
Pour cela, l’administration s’était basée sur la notion de « fonctions analogues » qui selon elle ne pouvait pas s’apprécier en fonction de la seule qualité de joueur de football professionnel, comme le soutenait le contribuable, mais devait également prendre en compte des critères plus subjectifs et liés à l’individu tels que la notoriété et l’expérience.
La Cour Administrative d’Appel suit en cela le raisonnement du Tribunal Administratif. Elle donne tort à l’administration fiscale, considérant que celle-ci ajoutait au texte légal une exigence de « prise en compte de caractéristiques propres aux individus exerçant les fonctions » qui n’avait pas lieu d’être.
Que ce soit l’arrêt de la Cour de 2021 ou la décision du Conseil d’Etat de 2023, il se trouve donc que les deux jurisprudences ont été favorables au joueur.
Force est de constater, à travers ces jurisprudences, que le régime des impatriés est d’application complexe et que les calculs ainsi que le respect d’un formalisme approprié sont à réitérer chaque année de façon extrêmement précise.
L’œil de Scala Patrimoine
Par ailleurs, d’autres limitations s’appliquent qui n’ont pas encore été abordées dans le présent article ; à savoir, lorsque la personne bénéficie, en plus de sa rémunération en France, d’une rémunération de source étrangère entrant dans le cadre du dispositif de faveur, la somme des deux exonérations est plafonnée à 50 % de la rémunération totale d’activité (sous réserve que l’autre formule de plafonnement, basée uniquement sur la part de rémunération de source étrangère, s’applique, si cette formule se révèle être plus favorable au contribuable, mais nous n’entrerons pas davantage dans les détails).
Des plafonds et limitations s’appliquent donc en cascade sur ce type de dispositif qu’il n’est pas forcément très aisé de manipuler.
La plus grande vigilance est donc de rigueur lors de la mise en musique du régime de faveur des impatriés, afin d’éviter tout écueil et toute contestation ultérieure par l’administration fiscale. En particulier, s’agissant des sportifs professionnels, une analyse détaillée et approfondie de la source ainsi que de la nature des revenus perçus dans le cadre de leur mobilité internationale est indispensable avant de poser le cadre fiscal.
Pigment : un tour de table à 145 millions de dollars
Alternative française à Excel, la licorne Pigment vient de conclure une nouvelle levée de fonds de 145 millions de dollars.
Une nouvelle licorne française
Le cercle très fermé des Licornes françaises compte désormais une société supplémentaire : Pigment ! Elle rejoint les entreprises de la French Tech - parmi lesquelles figurent Doctolib, Back Market, Mirakl ou encore Blablacar - ayant valorisation supérieure à 1 milliard de dollars.
Fondée en 2019 par Éléonore Crespo (Ex-Google), et Romain Niccoli (ex-Criteo), Pigment a bâti son succès en créant une plateforme de planification financière fournissant des outils pour construire de manière intuitive des plans stratégiques.
10 mois après une levée de 88 M$, la société a conclu une levée de fonds de 145 M$ en série D. Ce tour de table fut notamment mené par ICONIQ Growth, aux côtés de Sandberg Bernthal Venture Partners - la holding de Sheryl Sandberg (ex-COO de Facebook) et de son mari - et plusieurs investisseurs déjà présents au capital dont IVP, Meritech, Greenoaks et Felix Capital. Au total, depuis sa création en 2019, Pigment a déjà levé 393 millions de dollars !
« Nous avons triplé notre revenu annuel récurrent (ARR) et doublé le nombre de nouveaux clients. Le nombre de clients issus de comptes stratégiques a triplé - nous sommes extrêmement fiers de compter parmi nos clients des marques comme Unilever, Merck, villes de Lyon et Marseille, Keolis » a tenu à réagir Éléonore Crespo, la co-CEO de Pigment, lors de l’officialisation de cette opération de capital.
Accélérer son développement à l’international
Avec ces moyens supplémentaires, Pigment entend accélérer la démocratisation à l’accès à la donnée financière. Cependant, la concurrence reste féroce avec les géants américains : Anaplan et Workday.
Pour se distinguer, Pigment a élargi son offre aux solutions destinées aux ressources humaines, au marketing et aux services commerciaux.
« L'expérience de Romain, qui est aussi à l'origine de Criteo, a entériné le fait qu'il est préférable de lever lorsque cela est possible, pour pouvoir contrôler la vitesse à laquelle nous réalisons nos investissements » poursuit Éléonore Crespo.
En quelques mois, les équipes sont ainsi passées de 400 à 600 salariés, en attendant l'arrivée de 200 collaborateurs supplémentaires. La société mise aussi sur l’intelligence artificielle pour assoir sa position, en intégrant de nouvelles briques d’IA générative.
Son développement passera également par l’international. Pigment va prochainement ouvrir un bureau en Allemagne. La firme souhaite, par ailleurs, étendre sa présence aux États-Unis, notamment dans la Silicon Valley, où elle dispose déjà d’un pôle commercial d'une centaine de personnes. Le secret (du succès) de la licorne française semble bien gardé.
Romane Azzopardi (Scala Patrimoine) : « On note une divergence entre l'économie américaine et européenne »
Les marchés financiers tutoient les sommets. Le CAC 40 vient ainsi de s’offrir un nouveau record en clôture, le 10 mai dernier, à 8 255 points. Mais ces excellentes performances boursières ne doivent pas masquer les fragilités économiques de certaines grandes puissances. Si les États-Unis peuvent s’appuyer sur une économie robuste, ce n’est pas le cas de la Zone Euro. Romane Azzopardi, responsable de la gestion financière du multi family office Scala Patrimoine, revient sur cette dichotomie entre les économies américaines et européennes, et présente les principaux points de vigilance pour les mois à venir.
Scala Patrimoine. Comment se porte l’économie américaine ?
Romane Azzopardi. Comme en 2023, l'économie américaine a su rester résiliente, soutenue par une consommation toujours robuste. Le marché de l'emploi demeure, par ailleurs, sous tension. Les salaires, bien que sur une tendance baissière, ont continué d'alimenter la consommation. Pourtant, le stock d'épargne des ménages s'est épuisé au cours des 12 derniers mois. Revers de la médaille, cette résilience de l'économie américaine et la hausse du pétrole soutiennent les pressions inflationnistes. Une hausse des prix a, en effet, été observée sur les trois premiers trimestres de l'année 2024, s'éloignant peu à peu de la trajectoire d'inflation fixée par les banques centrales à 2 %.
Les craintes suscitées par cette reprise de l’inflation ont amené les investisseurs à repousser leurs anticipations de baisse de taux. Le marché anticipe désormais une baisse de taux à partir du mois de septembre.
Scala Patrimoine. Comment interpréter les chiffres de croissance du 1er trimestre ?
Romane Azzopardi. Avec 1,6% de croissance en rythme annualisé, la première estimation du PIB américain pour le premier trimestre 2024 fut en deçà des attentes. Cette publication pourrait, selon les observateurs, matérialiser un ralentissement de la consommation américaine.
"Christine Lagarde a préparé les marchés à une première baisse de taux au mois de juin"
Scala Patrimoine. L'économie de la Zone Euro suit elle la même dynamique ?
Romane Azzopardi. La situation en zone euro est bien différente de celle observée aux États-Unis. Lors de sa dernière conférence de presse, Christine Lagarde a préparé les marchés à une première baisse de taux au mois de juin, citant notamment des conditions de financement aujourd'hui trop restrictives, compte tenu de la faiblesse de la croissance européenne et d'un processus de désinflation bien ancré dans la trajectoire des 2 % attendue pour la mi-2025.
Cette baisse de taux serait évidemment un facteur de soutien aux actions européennes. Mais une divergence de politique monétaire trop importante avec la Fed pourrait pousser la BCE à revoir son calendrier. Une baisse trop importante des taux européens viendrait, en effet, affaiblir l'euro et ferait peser un risque non négligeable sur l'inflation, notamment via les importations plus chères en provenance des Etats-Unis.
Scala Patrimoine. Qu’attendre de la Chine et du Japon ?
Romane Azzopardi. Les valeurs japonaises ont retrouvé des couleurs avec une performance supérieure à 30 % sur un an. Ces chiffres doivent toutefois être relativisés. La faiblesse du Yen ayant notamment pesé sur la performance, pour un investisseur en euros. L'inflation a aussi fait son retour au Japon, alimentée par la hausse des salaires record de plus de 5 % en 2023. Une situation inattendue qui a obligé la banque centrale japonaise à augmenter ses taux. Ceux-ci étant désormais en territoire positif, pour la première fois depuis huit ans. Le gouvernement Japonais doit aussi, dans le même temps, se protéger d’une trop forte dépendance commerciale vis à vis Chine.
Le pays dirigé par Xi Jinping a, de son coté, publié une croissance au premier trimestre supérieure aux attentes, soutenue par le rebond de la production industrielle. Hélas, la Chine pèche toujours par la consommation avec un taux d'épargne historiquement élevé. En effet, la relance de la demande reste pénalisée par une confiance des ménages affaiblie et par un taux de chômage important chez les jeunes.
"L'économie chinoise est pénalisée par une confiance des ménages très affaiblie par la crise immobilière et par le taux de chômage important chez les jeunes"
Scala Patrimoine. Quelles sont les implications sur les marchés boursiers ?
Romane Azzopardi. Les marchés actions des marchés développés, ont progressé au premier trimestre, avec une performance moyenne de 11,5 %. La belle saison des bénéfices du 4e trimestre 2023, la résilience de l'économie américaine ou encore les perspectives d'une trajectoire monétaire plus accommodante ont été les principaux facteurs de soutien. Mais on l'a dit, les anticipations de baisse de taux ont été revues à la baisse et les taux d'intérêt ont globalement augmenté de plus de 70 points de base sur le premier trimestre, ce qui a fortement impacté les marchés obligataires et notamment le segment Investment grade.
La reprise de l'inflation et l'aggravation de la situation au Moyen-Orient n'ont pas été sans effet sur l'appétence au risque des investisseurs. Les marchés actions ont corrigé durant trois semaines consécutives. Alors que l'or, lui, s'est renforcé sur cette période pour toucher un point haut.
Scala Patrimoine. Quels sont les principaux points de vigilance pour les mois à venir ?
Romane Azzopardi. Les résultats des entreprises restent clés.
De bonnes projections sur cette croissance bénéficiaire permet de s’assurer l'attrait des investisseurs. La saison des bénéfices pour le premier trimestre 2024 est désormais bien avancée et 80 % des entreprises américaines ont publié des résultats au-delà des attentes, ce qui a été de très bon augure pour relancer la dynamique haussière des marchés actions. Mais on l'a constaté, toute bonne - comme mauvaise nouvelle - peut susciter des réactions très fortes de la part des investisseurs.
Le deuxième élément auquel il faut faire très attention concerne la trajectoire de la politique monétaire de la Fed, moins ancrée que celle de la BCE, mais qui peut heurter fortement les anticipations des marchés et impacter évidemment les actions comme les obligations. Certains gouverneurs de la Fed n'ont pas exclu de laisser les taux inchangés, si l'inflation ne reprend pas sa trajectoire baissière vers les 2 %.
Il convient aussi de souligner qu'une hausse des taux n'est absolument pas « pricée » aujourd'hui par les marchés, alors même qu'une reprise plus pérenne de l'inflation ne peut pas être complètement exclue.
Enfin, les investisseurs devront scruter de près l'évolution des tensions géopolitiques. Ces derniers ayant un impact potentiel sur le prix du pétrole et de facto sur l'inflation.
Le rendez-vous des marchés financiers - Mai 2024
Marchés financiers & économie : les points clés
- Les marchés financiers marquent le pas en avril. Le S&P 500 lâche près de 3 %.
- Même si les dernières publications ont déçu, la croissance américaine devrait se maintenir à un niveau élevé en 2024. Les États-Unis devraient connaitre une croissance de 2,7% cette année.
- La baisse des taux devrait bientôt se concrétiser en Zone Euro. Tout porte à croire que la première baisse sera annoncée en juin.
Quelles performances sur les marchés financiers ?
1. L'escalade des risques géopolitiques au Moyen-Orient tend les marchés
La série d’attaques terroristes menée par le Hamas depuis la bande de Gaza contre Israël du 7 octobre 2023 a ravivé les tensions au Moyen-Orient. Et ces dernières semaines, le conflit est malheureusement encore monté d’un cran. Dans la nuit du 13 au 14 avril, l’Iran de Ali Khamenei avait lancé plus de trois cents drones, missiles de croisière et balistiques, visant principalement la base aérienne de Nevatim, dans le désert du Néguev. Le système de défense israélien a cependant démontré toute son efficacité. L’attaque ne faisant pas de dommages significatifs, ni sur le plan humain, ni sur le plan matériel. Le 19 avril, Israël a répliqué en lançant une attaque contre l'Iran, à l’aide de drones également.
Ces dernières attaques changent la dynamique entre les deux États et augmentent les risques de voir la guerre s’étendre à l’ensemble de la région. Cette escalade des violences provoque, par ailleurs, un regain de volatilité sur les marchés financiers. L’indice VIX, qui mesure la volatilité implicite de l’indice S&P 500, s’est envolé pour franchir la barre des 19 points, son niveau le plus haut depuis octobre.
2. Les marchés financiers reprennent leur souffle
En avril, les marchés financiers lâchent du lest. Le S&P 500 abandonne près de 3 %. En Europe, Le CAC 40 et le DAX baissent respectivement de 2,3 % et 2,1 %. L'EURO STOXX 50, qui regroupe les 50 principales sociétés au sein de la zone euro, perd également 3 %. Même l’indice phare japonais, le Nikkei s’est grippé (- 4 %).
L’une des seules éclaircies, nous viens d’Inde, où le Nifty 50 s’adjuge 0,5 %. Tandis qu’en Chine le Shanghai Composite termine le mois d’avril dans le vert (+ 2 %).
Du coté des entreprises, la saison de publication des résultats bat son plein. Les résultats sont pour l’instant en ligne voir même supérieurs aux attentes des analystes.
Alphabet, maison mère de Google, vient, par exemple, d’annoncer une hausse sensible de son chiffre d’affaires passant de 69,8 à 80.5 milliards de dollars en un an. Le titre boursier s’apprécie donc de 7,7 %.
À l’inverse, les déceptions sont sévèrement sanctionnées. C’est le cas avec Meta, dont les investissements massifs dans l’IA, plombent ses résultats. Résultat, l’entité mère du groupe Facebook perd 13 %.
3. Le rebond du pétrole
Depuis le 1er janvier 2024, les cours du pétrole ont bondi de 17 %. Les membres de l’OPEP+ sont, il est vrai, à la manœuvre pour faire remonter les prix. Ces derniers viennent ainsi d’acter la prolongation de la réduction de la production de 900 000 barils par jour appliquée au cours du 1er trimestre.
Mais c’est sans compter les États-Unis, devenu en une vingtaine d’année l’un des principaux producteurs de pétrole. Grâce à leur investissement dans le pétrole de schiste, l'offre mondiale de pétrole devrait tout de même augmenter cette année. L'Agence internationale de l'énergie (AIE) anticipe une hausse de production d’environ 1,3 million de barils par jour.
Pour autant, l'Agence américaine d'informations sur l'énergie (EIA) a annoncé une contraction de ses stocks de 5,7 millions de barils, soit le reflux le plus brutal depuis 6 mois. Surtout, les tensions au Moyen Orient participent à maintenir les prix sous pression. Le cours du Baril de Brent tourne aujourd’hui autour des 89 dollars.
4. L’or atteint de nouveaux sommets
L’or grimpe de 15 % depuis le début de l'année, atteignant un prix record de 2 448 dollars l'once.
Si l’exacerbation des tensions géopolitiques et les perspectives de baisse des taux d’intérêt par la FED alimentent les cours du précieux métal jaune, elles n’expliquent pas à elles seules, la hausse exceptionnelle des dernières semaines. Les raisons sont plutôt à retrouver du côté de la forte demande d'or physique, alors même que le volume d'or détenu par les ETF a diminué.
Les banques centrales ont, en effet, acheté de l’or, beaucoup d’or ! Après la saisie des réserves russes, plusieurs pays émergents tels que la Chine, la Turquie et l'Inde ont augmenté significativement la part d'or dans leurs réserves, pour éviter les confiscations futures et être moins dépendantes du dollar. Les économistes donnent un nom à ce processus : la « Dédollarisation ».
Enfin, les épargnants Chinois, traditionnellement friands du précieux métal jaune, retrouvent un certain appétit pour l’or physique, en qui ils voient un placement pouvant remplacer les produits financiers et l’immobilier résidentiel qui ont fortement chuté depuis 2021.
Quelles sont les perspectives économiques dans le monde ?
Le fonds monétaire international (FMI) vient d’actualiser ses perspectives pour l’économie mondiale.
La croissance mondiale serait finalement de 3,2 % en 2024, soit une hausse 0,1 % par rapport aux précédentes anticipations. Les États-Unis devraient connaitre une croissance supérieure à 0,6 % à celle anticipée, pour atteindre 2,7%. Si l’institution internationale mise sur un atterrissage en douceur de l’économie américaine, elle n’est cependant pas aussi optimiste pour la zone euro. Ses experts ont abaissé ses prévisions de croissance pour le vieux continent de 0,9 % à 0,8 % en 2024.
1. Les États-Unis mènent la danse
Petit coup de moue pour l’économie américaine. Le pays de l’Oncle Sam doit se contenter d’une croissance de « seulement » 1,6 % au premier trimestre de l'année, en deçà des attentes des analystes (2,4%). Autre (petite) mauvaise nouvelle : l’inflation se maintient à un niveau élevé. Sur les 3 premiers mois de l’année, la hausse des prix est de 3,7 %, contre 3,4% attendu. Pour autant, les voyants restent au vert : les investissements sont toujours nombreux tandis que le marché de l’emploi affiche une santé éclatante.
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Une économie florissante
Le scénario d’un soft landing de l’économie américaine était encore largement plébiscité il y a quelques semaines. Mais, au regard de la santé éclatante des États-Unis, certains avancent désormais la thèse d’un « No Landing ». Dans ce scénario sans atterrissage, la croissance économique américaine se maintiendrait, dans la durée, à un niveau élevé.
Pour avancer une telle hypothèse, les analystes les plus optimistes mettent en lumière la robustesse de l’activité économique américaine. L'indice PMI Composite, qui prend en compte les services et le secteur manufacturier, est ressorti une nouvelle fois en expansion en mars à 52,1 après 52,5 en février, selon S&P Global.
Les Américains peuvent aussi s’appuyer sur la solidité du marché du travail. En mars, les États-Unis ont de nouveau créé 303 000 emplois ! Cela fait donc 26 mois d’affilée que le chômage est inférieur à 4 %. Une première depuis 50 ans.
Les USA gardent également leur place de leader mondial de l’innovation. Plus de 67 milliards de dollars ont, par exemple, été investis dans l'Intelligence Artificielle aux États-Unis l'année dernière, soit près de neuf fois plus que le montant investi en Chine.
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Des signaux faibles ?
Les statistiques publiées aux États-Unis ont déçu. Le PMI manufacturier recule en avril de 51.9 à 49.9, alors qu’une stabilisation était attendue. Il en est de même pour le PMI des services. Celui-ci est passé de 52,1 à 50,9, contre 52 attendus.
Si la balance commerciale s’est un peu détériorée avec une hausse des importations et un recul des importations, les inquiétudes portent surtout le niveau de la dette du gouvernement américain, proche d'un pic d'après-guerre.
Fin 2023, la dette américaine a dépassé les 34 000 milliards de dollars. D’après les chiffres publiés par Bank of America, les États-Unis ajoutent près de 3 600 milliards de dollars de dette par an. Le trésor public débourse 1 000 milliards de charge d’intérêt annuellement, soit 20 % de ses dépenses totales. Le Bureau du budget du Congrès estime que le coût du financement de la dette triplera au cours de la prochaine décennie. Cette hausse très importante s’explique notamment par l’explosion des dépenses militaires et, plus largement, par les nombreuses politiques publiques de soutien à l’économie.
Et en pleine année électorale, l'administration Biden ne compte - bien évidemment - pas serrer la vis. Elle devrait de nouveau ouvrir le robinet des dépenses et des subventions pour soutenir l’économie américaine.
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Les américains s'endettent ils trop ?
Les entités publiques ne sont d’ailleurs plus les seules à s’endetter. Les réserves financières accumulées par les ménages américains lors de la crise du Covid-19 (2 300 milliards de dollars en 2021) ont fondu comme neige au soleil. Pour maintenir leur rythme de consommation, ces derniers recourent désormais à l’endettement, dans un environnement de taux élevés. Leur dette a augmenté de 1,2 % au quatrième trimestre 2023, pour atteindre 17 500 milliards de dollars, selon la Banque de réserve fédérale de New York.
Les « crédits à la consommation » représentent aujourd’hui 1 130 milliards de dollars, en hausse de 4,6 % sur un an. Autre mauvaise nouvelle, le taux de défaut sur les cartes de crédit et le financement automobile continue d’augmenter, au-dessus des niveaux d’avant la pandémie. Sans surprise, ceci concerne plus particulièrement les jeunes et les ménages à faible revenu,
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L’épineuse question de la baisse des taux
Une prochaine baisse des taux ? Rien ne presse pour les banquiers de la Fed. L’économie américaine se porte bien, et l’inflation demeure sous surveillance. En mars, les prix à la consommation ont augmenté de 0,4 % en rythme mensuel. Les économistes avaient anticipé une hausse de « seulement » 0,3 %. Surtout, la situation ne cesse de se dégrader mois par mois. La hausse était de 0,1 point en octobre 2023, de 0,2 en novembre et décembre, de 0,3 en janvier, et de 0,4 en février et mars. Les coûts élevés du logement et l'augmentation des prix de l'essence ont contribué à eux seuls à plus de la moitié de la hausse globale de l'inflation en mars
Le scénario de 6 baisses de taux envisagé en 2024 par les plus optimistes est donc à ranger dans les cartons. La plupart des analystes anticipent désormais 2 baisses des taux en 2024, dont la première interviendrait, en septembre.
À ce jour, toutes les hypothèses sont encore sur la table. Si l’inflation reste élevée et que l’économie ne montre pas de signes de faiblesse, les banquiers centraux américains pourraient faire le choix de ne pas baisser les taux, voire les remonter !
2. La Zone Euro sortira t’elle la tête de l’eau ?
La rupture économique entre les États-Unis et la zone euro n’a peut être jamais été aussi nette. Cette divergence porte sur le rythme de la croissance, mais aussi sur les pressions inflationnistes, désormais bien moins importantes en Europe.
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Le moteur allemand va-t-il redémarrer ?
L’Allemagne retrouve quelques couleurs. Et c’est une excellente nouvelle pour toute la zone euro. Symbole de la réussite de l’économie germanique des 30 dernières années, la production industrielle revient à meilleure fortune, notamment dans les secteurs manufacturiers cycliques comme l’automobile ou la chimie.
Signe du regain de vitalité de l’Allemagne, ses principaux acteurs économiques retrouvent de la confiance. L’indicateur ZEW du climat économique a gagné 11,2 points sur un mois, atteignant 42,9 points, soit son plus haut niveau depuis 12 mois. Il est en hausse pour le huitième mois d'affilée. L'indice du climat des affaires est lui aussi très bien orienté. Il s'est établi à 87,8, contre 86,0 anticipé. Le mois précédent, il était ressorti à 85,7.
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Zone Euro : après la pluie vient le beau temps
La zone euro a évité de justesse la récession au dernier trimestre de 2023, grâce notamment aux mesures de soutien économique organisées par les États. Pour les mois à venir, la présidente de la Banque Centrale Européenne (BCE), Christine Lagarde, affiche un « optimisme prudent », prévoyant des améliorations graduelles jusqu'en 2024.
L'activité économique sur le vieux continent progresse le mois dernier pour la première fois depuis mai 2023, passant de 49,2 en février à 50,3 en mars puis à 51,4 points en avril*.
Le taux de chômage de la zone euro est resté stable en février par rapport à janvier, à 6,5% de la population active, son plus bas niveau historique. Ces statistiques montrent une bonne résistance du marché de l'emploi face au ralentissement économique constaté en Europe depuis 18 mois. Pour l'ensemble de l'Union européenne, le taux de personnes sans emploi s'est élevé à 6% en février. 13,25 millions de personnes sont aujourd’hui au chômage dans les 27 États membres de l'UE.
Cependant, la croissance des rémunérations des salariés a ralenti au quatrième trimestre 2023.
Les enquêtes de confiance témoignent aussi d’une certaine frilosité du consommateur européen qui malgré une importante épargne accumulée depuis la pandémie, continue de thésauriser.
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Une baisse des taux dès juin ?
Sans surprise, lors de sa dernière réunion, la BCE a maintenu le taux de dépôt à 4 %, pour la cinquième fois consécutive. Mais elle a clairement ouvert la porte à un changement de politique dans les mois à venir, soulignant que l’inflation était désormais bien maitrisée. « Les taux se situent à des niveaux qui contribuent fortement au processus de désinflation vers la cible de 2% » a expliqué Christine Lagarde.
Il y a désormais de fortes chances que la BCE baisse ses taux plus rapidement que la Fed. Une première baisse est attendue pour le mois de juin. Mais cette divergence de politique serait toutefois limitée. Les membres de la BCE pensent, en effet qu’une divergence forte de la politique de taux avec celle menée par la Fed pourrait mener à une dépréciation de l’euro… et - de facto - donner un nouvel élan à l’inflation via les importations.
3. L’Asie : terre de contraste
Les économies chinoises et japonaises représentent 70 % du PIB asiatique. Leaders incontestés, et incontestables, ces deux pays que tout oppose, connaissent des parcours bien différents.
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La Chine : le géant endormi
- L’économie chinoise se fissure
En 2023, l’économie chinoise a enregistré l’une des plus faibles croissances de ces dernières décennies. Mais celle-ci, comme tous les chiffres communiqués par l’exécutif chinois, est très probablement surestimée. Relancer la demande intérieure et la confiance des acteurs privés sera difficile. Le doute est solidement ancré dans leur esprit. Ce manque de confiance se matérialise sur toutes les strates de l’économie.
Le taux d’épargne des ménages affiche, par exemple, un taux stratosphérique de plus de 38 % pour les seuls ménages urbains. L’inflation globale est, quant à elle, toujours négative (-0,8 %) et les prix à la production sont profondément ancrés en territoire déflationniste (-2, 5%).
Et que dire de l’immobilier. Les investissements dans le secteur sont coupés. Ils affichent un repli de 9,5 % en rythme annuel au premier trimestre, après une baisse de 9 % au trimestre précédent. Les ventes totales de nouveaux bâtiments commerciaux ont aussi reculé de 27,6 % en valeur.
Enfin, la question de l’endettement est sur toutes les lèvres. Selon les calculs du FMI, la dette publique de la Chine devrait passer de 83,6% du PIB à la fin de 2023 à 110,1% en 2029 ! Elle pourrait tout simplement doubler au cours des 30 prochaines années.
- Une confiance à retrouver
Heureusement, la confiance des directeurs d’achats se redresse de 49,1 à 50,8 en mars dans le secteur manufacturier, au-dessus des attentes. Les exportations semblent également repartir à la hausse. L’indice Caixin General Manufacturing PMI est ainsi passé à 51,1 en mars, soit la croissance la plus rapide depuis plus d’un an. La production industrielle a bondi de 7 % en janvier et février.
Dans cet environnement, les entreprises du secteur manufacturier exportateur, très largement soutenues par les subventions et aides publiques, ont fait le choix de baisser leurs prix de vente, pour relancer les exportations et d’assoir leur positionnement sur le marché mondial.
Enfin, on note un redressement des investissements étrangers directs effectués en Chine.
En prenant l’ensemble de ces éléments en compte, le FMI anticipe un ralentissement de l’économie chinoise passant de 5,2 % en 2023 à 4,6 % en 2024, puis une baisse continue pour tomber à environ 3,5 % en 2028.
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Le Japon met fin à sa politique de taux négatifs
- Des performances boursières à relativiser
Les marchés actions japonais rencontrent un vif succès. Depuis le 1er janvier 2024, le Nikkei 225 grimpe de 12 %. Sur un an, il monte de 31 %. Et sur 5 ans, l’indice japonais gagne 68 % ! Ces performances doivent cependant être relativisées, au regard de la chute du Yen. La monnaie s’affaiblissant à 165,22 contre l'euro, son plus bas niveau depuis 2008. En 2023, cette monnaie a perdu plus de 10 % face à l’Euro. L’Effet de change a donc pesé sur la performance des investisseurs en euros.
Ces bons résultats ne doivent pas non plus masquer les difficultés économiques du pays. Le Japon vient, en effet, de céder sa place de troisième économie mondiale à l'Allemagne. Sur l’année 2023, sa croissance économique n’a pas dépassé les 2 % (+ 1,9 %).
Et si la récession a été évitée, c’est avant tout grâce à un rebond des dépenses d’investissement. La consommation reste atone, à l’image des salaires qui peinent à suivre la courbe de l’inflation. Au dernier trimestre de 2023, la consommation des ménages a encore reculé, en glissement trimestriel, de 0,9 %. Un constat qui doit cependant être légèrement atténué, car les dernières négociations salariales pour 2024 ont débouché sur la plus forte augmentation de salaires depuis plus de 30 ans (5,3 %).
- Une croissance molle
Depuis la sortie de la pandémie, le pays avait connu une accélération des prix. En 2023, l'inflation a ainsi atteint 3,1%, une première depuis 41 ans. En mars 2024, la hausse des prix a toutefois ralenti (+ 2,6% sur un an hors produits frais, contre + 2,8 % en février)
Pour répondre à ce processus inflationniste, la Banque du Japon (BoJ) a mis fin à sa politique de taux d'intérêt négatifs, en place depuis 2016. Elle a ramené en territoire positif son taux d'intérêt au jour le jour entre 0 % et 0,1 %. Les taux demeurent toutefois encore ultra-accommodants.
Les analystes anticipent donc une croissance « molle » de 1 % pour le Japon en 2024 et de 1,2 % en 2025.
Les convictions de Scala Patrimoine sur les marchés financiers
Plusieurs éléments pourraient influer sur le sentiment des investisseurs et impacter les marchés financiers lors des prochains mois.
Le premier concerne les résultats d’entreprises. Alors que les attentes de croissances bénéficiaires des 7 magnifiques ont été revues à la hausse, les résultats des sociétés sont globalement bien au-dessus des attentes. Cependant, les résultats des entreprises américaines restent, à ce stade, plus robustes que ceux des sociétés européennes. Toutes bonnes ou mauvaises nouvelles pourront susciter de forte réaction de la part des marchés.
Le deuxième élément très scruté par les marchés est la trajectoire de la politique monétaire de la Fed, moins ancrée que celle de la BCE. Lors de sa dernière conférence, Jerome Powell a réitéré les anticipations d’une première baisse de taux dès le mois de septembre mais n’a pas écarté une possible remontée des taux si l’inflation ne reprenait pas une trajectoire baissière. Les publications à venir des données sur l’activité, l’inflation et l’emploi seront déterminantes.
Enfin, la résurgence des tensions politiques inquiète les marchés. Au mois d’avril, la correction observée sur les marchés actions a été amplifiée par les attaques du 13 avril. Celles-ci ont augmenté les risques de voir la guerre s’étendre à l’ensemble de la région et un impact non négligeable sur les prix du pétrole, alimentant les craintes d’une inflation plus durable.
Marchés actions : à la croisée des chemins ?
Nous sommes devenus plus prudents sur les actions, bien que nous pensions que la divulgation par les entreprises de bénéfices supérieurs aux attentes peut etre un catalyseur supplémentaire pour les marchés financiers. Mais les incertitudes quant à la politique monétaire de la Fed alimentent la volatilité sur les taux et peut peser sur les valeurs de croissance.
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Prudence sur la tech américaine
La surpondération de valeurs américaines serait à tempérer. Les bons résultats des grandes entreprises de la tech US pourraient être l’occasion de quelques prises de bénéfice. Ces valeurs ont certes grandement contribué à la performance des grands indices actions américains, mais leur contribution est moindre que l’année passée. Preuve que d’autres valeurs ont su prendre le relai sur la performance de ces 3 premier mois.
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Le retour des valeurs cycliques
Les valeurs cycliques ont d’ailleurs globalement surperformé. Cette observation pousse à accroitre la diversification sur des valeurs aux potentiel de rattrapage important. Les valeurs européennes, plus abordables que leur homologues US, pourraient également bénéficier d’une politique monétaire plus accommodante dès le mois de juin.
Nous préconisons toujours le positionnement sur les grandes capitalisations. Le rebond des petites capitalisations observé en fin d’année n’a été que temporaire. L’environnement de taux hauts et l’hégémonie de certaines grandes valeurs n’a pas permis une poursuite de ce rebond.
Marchés obligataires : au cœur des turbulences ?
Cette volatilité accrue observée sur les taux depuis le début d’année, continuera de peser sur les obligations qui en ont souffert au premier trimestre.
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La volatilité pèse sur les performances
Nous restons neutres sur les obligations, conscients que la volatilité puisse peser sur les performances à court terme. Cependant la volatilité offre des opportunités, et la remontée des taux permet toujours d’entrer sur cette classe d’actif et de bloquer des niveaux de rendements intéressants bien que les spreads se soient globalement resserrés. Bien que nous n’observions pas de hausse des taux de défaut significative malgré la hausse du cout de financement, les entreprises au bilan fragile sont particulièrement à risque.
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L’Investment grade privilégié
Nous continuons de favoriser le segment Investment grade malgré la compression des spreads car les niveaux de rendement restent attractifs ce qui justifie aujourd’hui l’attrait des stratégies de portage.
Le segment High Yield reste une source de performance à manier avec prudence. Privilégier les émissions courtes pour limiter le risque de défaut et préférer les émissions BB. Le marché américain, plus profond, peut être une source de diversification.
Du coté des obligations souveraines, préférez des durations faibles à court terme afin de limiter la sensibilité aux variations des taux. Les souveraines européennes peuvent être privilégiées aux souveraines américaines dans l’hypothèse que la BCE baisserait ses taux directeurs avant la Fed.
Dans ce contexte de volatilité sur le marché des taux, une gestion dynamique de la duration est recommandée.
Les marchés financiers alternatifs : nous restons à l’écart
Avec une performance moyenne de 2,4% depuis le début de l’année pour l’indice HFRU, les stratégies alternatives ont constitué une alternative plus payante que la classe obligataire tous segments confondus. Néanmoins le niveau des taux devrait rester soutenu encore quelques mois, favorisant le monétaire compte tenu d’un couple rendement risque plus favorable. Nous restons convaincus que le segment obligataire bénéficiera dans un deuxième temps de la baisse des taux directeurs attendue pour le second semestre. Compte tenu de ces éléments, nous maintenons une position négative à l’égard des stratégies alternatives.
Les produits structurés : une alternative aux marchés financiers
Nous aimons cet instrument pour sa capacité à s’adapter aux objectifs de rendement d’un investisseur tout en maitrisant l’exposition au risque désirée.
Ce produit reste particulièrement intéressant pour les investisseurs désireux de placement sur un temps long. En effet, les rendements sont attrayants sur des maturités longues, généralement 7 et +. Nous privilégions les structures adossées à des sous-jacents de taux compte tenu du niveaux actuels des indices actions. Cependant, des opportunités peuvent être saisies sur une sélection de titres et indices.
Capital investissement : les charmes de la dette mezzanine
L'attrait grandissant des investisseurs institutionnels pour les actifs non cotés reflète un virage notable, anticipant un élargissement des fonds destinés au marché de détail en 2024. Tout en adoptant une approche mesurée à court terme, notre vision reste favorable concernant le futur du capital investissement. Nous favorisons non seulement les stratégies secondaires, mais aussi les stratégies de co investissement et de dette privée. En outre, nous intégrons activement les stratégies de growth buyout, qui ciblent les entreprises en phase d'expansion désireuses d'accélérer leur croissance, ainsi que les mécanismes de dette mezzanine, qui fournissent une solution de financement flexible à mi-chemin entre le capital propre et la dette senior, pour enrichir notre portefeuille et saisir des opportunités complémentaires dans un paysage économique en mutation.
*Les enquêtes de conjoncture fournissent des indicateurs aux économistes pour prévoir l'activité à court terme. L’un des plus regardés est le PMI composite, réalisé à partir d’entretiens auprès des directeurs d'achat des entreprises des secteurs de l'industrie et des services. Un chiffre au-dessus de 50 indique une croissance de l’activité. Un chiffre inférieur à 50 traduit une contraction.