Quels sont les placements privilégiés par les grandes fortunes ?
L’Association Française du Family Office (AFFO), en partenariat avec le cabinet EY, a dévoilé la 10e édition de son baromètre annuel. Cette publication, devenue incontournable, éclaire les sensibilités et les orientations d’investissement des grandes fortunes et des family offices. Cette année, près de 65 répondants – membres et partenaires de l’AFFO – représentant ensemble pas moins de 585 familles, ont partagé leur vision à travers un questionnaire détaillé.
Le règne du capital-investissement
Le capital-investissement s’impose, plus que jamais, comme l’axe central des allocations patrimoniales, représentant 37,5 % des investissements réalisés. Près de la moitié des sondés envisagent même d’accroître encore leur exposition à cette classe d’actifs dans les mois à venir, selon les auteurs du baromètre.
Pour Guillaume Lucchini, associé fondateur du multi-family office Scala Patrimoine, ce constat ne saurait surprendre : « Le capital-investissement constitue une opportunité stratégique pour les grandes fortunes en quête de diversification au-delà des classes d’actifs traditionnelles. Investir dans des entreprises non cotées, souvent à fort potentiel de croissance, permet non seulement de viser une performance attractive – avec un rendement moyen annuel de 13 % sur les dix dernières années selon France Invest – mais aussi de traverser les cycles économiques grâce à une gestion active et à un horizon d’investissement de long terme. » Par ailleurs : « Ce type d’investissement revêt également une dimension émotionnelle : pour les familles, les entrepreneurs ou les sportifs de haut niveau, il s’agit souvent d’un engagement porteur de sens, leur permettant de prendre part à des aventures entrepreneuriales en y apportant bien plus que des capitaux. »

Des allocations diversifiées mais raisonnées
Si le capital-investissement domine, les autres grandes classes d’actifs conservent leur place dans les portefeuilles. Les actions cotées représentent 17,3 % des investissements, suivies par l’immobilier d’investissement (12,8 %), la dette (cotée ou privée) à 10,8 %, et les liquidités à hauteur de 9 %.
Guillaume Lucchini souligne : « L’immobilier reste une valeur refuge dans l’imaginaire patrimonial français. Il conjugue revenu régulier et valorisation à long terme. Malgré les tensions actuelles du marché, il demeure essentiel de rester exposé à la pierre, un placement tangible et rassurant. »
Il insiste particulièrement sur le marché parisien : « À Paris, la demande locative reste structurellement forte, soutenue par une attractivité internationale, un bassin d’emploi dense, et une offre limitée. Ces fondamentaux assurent au marché une résilience notable, même dans un contexte incertain. »
Au-delà, les infrastructures (2,9 %), les hedge funds et produits structurés (5,3 %), les forêts, vignobles et fonciers agricoles (2,1 %), ainsi que les investissements dits « passion » – art, voitures de collection – (0,9 %), complètent les portefeuilles. Les matières premières, les métaux précieux et les cryptomonnaies, bien que médiatisés, ne représentent qu’une fraction marginale des allocations (respectivement 0,5 %, 0,5 %, et 0,4 %).
Des secteurs porteurs, entre innovation et résilience
En 2024, les investissements se tournent prioritairement vers des secteurs alliant solidité structurelle et fort potentiel d’innovation. En tête : la technologie (63 %), la santé (49 %), l’immobilier (41 %), l’industrie (33 %) et l’énergie (31 %).
Guillaume Lucchini y voit une parfaite résonance avec les attentes des clients de Scala Patrimoine : « La technologie et la santé concentrent l’intérêt des investisseurs en raison de leur capacité d’innovation, mais aussi parce qu’elles répondent à des enjeux sociétaux majeurs. Tandis que la transformation numérique façonne notre quotidien, la santé bénéficie d’une dynamique portée par le vieillissement démographique, les avancées médicales et l’émergence de soins personnalisés. »
Les préoccupations des grandes fortunes
Les priorités des familles et grandes fortunes restent claires. La protection des leurs (100 %) et la transmission intergénérationnelle de leur patrimoine – matériel comme culturel – (98 %) s’affirment comme des préoccupations majeures.
Les évolutions fiscales (89 %), la transformation numérique (83 %), la gouvernance (82 %), ainsi que la sécurité, continuent d’occuper une place centrale dans leurs réflexions. Parallèlement, de nouveaux risques émergent : l’intelligence artificielle (74 %) et la cybersécurité (78 %) suscitent un intérêt croissant.
Les familles demeurent aussi attentives à la philanthropie (71 %), à la transition énergétique et à la neutralité carbone (56 %), autant de sujets inscrits dans une vision patrimoniale de long terme.
Guillaume Lucchini souligne le poids des enjeux fiscaux et géopolitiques dans les stratégies d’allocation : « La dissolution de l’Assemblée nationale en 2024 a provoqué une onde d’inquiétude chez de nombreux investisseurs, entrepreneurs et sportifs de haut niveau. Le spectre d’une remise en cause du dispositif Dutreil ou d’un retour de l’Impôt de solidarité sur la fortune plane à nouveau. »
Avant d’ajouter : « À cela s’ajoutent les tensions géopolitiques internationales. Qu’il s’agisse du projet de hausse des droits de douane impulsé par Donald Trump ou du récent conflit entre l’Iran et Israël, ces événements réactivent la prudence des familles, qui cherchent à sécuriser leur patrimoine dans un environnement de plus en plus incertain. »
Le rendez-vous des marchés financiers - Juin 2025
Marchés financiers & économie : les points clés
- Les marchés financiers résistent, malgré les incertitudes économiques, en Europe, en Chine et aux États-Unis.
- L'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) acte le ralentissement de l’économie mondiale, en ramenant ses prévisions de croissance à 2,9 %.
- Le Tribunal de commerce international des États-Unis vient de suspendre les droits de douane réciproques instaurés par son administration. Donald Trump a fait appel de cette décision.
- La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé une nouvelle baisse de ses taux directeurs de 25 points de base. Le taux de rémunération des dépôts passe ainsi de 2,25 % à 2 %.
Quelles performances sur les marchés financiers ?
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La dette américaine sous pression
La réforme fiscale impulsée par Donald Trump attise les craintes d’un emballement de la dette publique, dont le montant — 36 000 milliards de dollars — atteint déjà des sommets vertigineux.
Face à ce relâchement budgétaire et à l’incapacité chronique du Congrès à s’accorder sur une trajectoire fiscale crédible, Moody’s a choisi de sévir. L’agence de notation a ainsi retiré aux États-Unis leur dernier « triple A », dégradant d’un cran la note souveraine, dans le sillage de Standard & Poor’s en 2011 et de Fitch en 2023.
Cette annonce a ébranlé les marchés obligataires, précisément au moment où le Trésor américain lançait une émission de 16 milliards de dollars d’obligations à vingt ans. Pour séduire des investisseurs devenus plus frileux, il a fallu consentir un rendement de 5,047 % — soit près d’un point de plus qu’en septembre dernier.
À ce jour, le taux des obligations à vingt ans oscille autour de 4,915 %, tandis que celui des titres à dix ans franchit les 4,38 %.
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Les grands marchés boursiers dans le vert
Les grands indices boursiers ont poursuivi leur progression, malgré les incertitudes entourant les négociations commerciales entre les États-Unis et les principales économies mondiales.
Sur l’ensemble de l’année 2025 : le S&P 500 progresse de +2,3 % ; en Europe, le CAC 40 affiche une hausse de +5,2 % ; en Allemagne, le DAX 30 s’envole de près de +20 %.
Même le Shanghai Composite évolue en territoire positif : depuis le 1er janvier, l’indice phare de la bourse chinoise enregistre un gain de +3,75 %.
Au Japon en revanche, le Nikkei 225 cède -2,8 %. Du côté de l'Inde, le Nifty 50 s’adjuge une solide hausse de +6 %.
Porté par un climat politique favorable aux États-Unis et par l’engouement pour les ETF spot, le bitcoin s’échange autour de 95 730 €, en nette progression par rapport à avril, où il évoluait autour de 70 000 €.
Enfin, dans un contexte de tensions géopolitiques et commerciales croissantes, l’once d’or poursuit également sa spectaculaire ascension, atteignant 3 329 dollars.

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L’OCDE anticipe un ralentissement de l’économie mondiale
L'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a revu à la baisse ses prévisions de croissance pour l'économie mondiale cette année, les ramenant à 2,9 %. L'institution pointe du doigt l'impact néfaste des droits de douane instaurés par l'administration du président américain Donald Trump.
Elle anticipe désormais une croissance de 1,6 % pour les États-Unis, de 1 % pour la zone euro, et d’un modeste 0,6 % pour la France. Quant à la Chine, elle ne devrait pas atteindre l'objectif des 5 % fixé par le gouvernement de Xi Jinping ; la deuxième économie mondiale devra, selon l'OCDE, se contenter d'une progression de 4,7 %.
Les économistes de l'organisation estiment par ailleurs que les pays les plus durement frappés par ces barrières commerciales pourraient voir leur croissance amputée, en moyenne, de 0,5 à 1 point de pourcentage.
États-Unis : ce très cher « Big Beautiful Bill »
Sans surprise, l’économie américaine s’est contractée de 0,3 % au premier trimestre 2025. Pour l’ensemble de l’année, Bloomberg se montre plus pessimiste encore que l’OCDE : la croissance des États-Unis n’est attendue qu’à 1,4 %. Cela impliquerait un rebond d’environ 2 % au cours des trimestres à venir pour compenser le recul du premier trimestre — une hypothèse qui paraît aujourd’hui pour le moins optimiste.
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L’économie vacille
Les statistiques publiées aux États-Unis traduisent un net ralentissement de l’économie, tandis que l’inflation amorce un léger rebond.
Les ventes de détail (hors secteur automobile) n’ont progressé que de 0,1 % en rythme mensuel au mois d’avril, et la production industrielle est restée atone.
Le moral des petites et moyennes entreprises s’est dégradé, l’indice de confiance reculant de 97,4 à 95,8. Celui des ménages suit la même tendance, passant de 52,2 à 50,8.
Autre signal préoccupant : les défauts de paiement repartent à la hausse, atteignant 8 % au premier trimestre. Les retards de plus de 90 jours sur les cartes de crédit (12 %) et sur les prêts automobiles (5 %) atteignent des niveaux inédits depuis 2011.
Quelques signaux plus encourageants émergent toutefois. La confiance des directeurs d’achat s’est raffermie en mai, tant dans le secteur manufacturier — où l’indice est passé de 50,2 à 52,3 (contre 49,9 attendu) — que dans les services, où il a grimpé de 50,8 à 52,3 (contre 51 anticipé).
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L’emploi semble résister
Belle surprise également du côté des consommateurs : leur confiance s’est nettement redressée en mai, passant d’un plus bas de cinq ans à un plus haut de trois mois, l’indice progressant de 85,7 à 98.
Le marché du travail, quant à lui, continue de témoigner d’un remarquable dynamisme. Les ouvertures de postes ont augmenté en avril, tout comme les embauches. Selon le dernier rapport JOLTS du Département du Travail — très surveillé par la Réserve fédérale — le nombre d’offres d’emploi s’est établi à 7,39 millions, contre 7,20 millions en mars. Le nombre d’embauches a également progressé, atteignant 5,57 millions, contre 5,40 millions le mois précédent. Autre nouvelle positive, 139 000 emplois ont été créés en mai, contre 125 000 attendus. Par contre l’enquête auprès des ménages est plus inquiétant. 696 000 personnes auraient perdu leur travail en mai, soit la deuxième pire chute depuis 2020. Le taux de chômage reste contenu, à 4,2 %.
Sur le front de l’inflation, l’indice des prix à la consommation (CPI) a légèrement ralenti en avril, progressant de 2,3 % sur un an, contre 2,4 % en mars. L’indice sous-jacent, qui exclut les prix volatils de l’énergie et de l’alimentation, est resté stable, à +2,8 % sur un an.
Selon les analystes de Deutsche Bank, la Réserve fédérale devrait maintenir ses taux d’intérêt inchangés jusqu’à la fin de l’année. Cette posture prudente s’explique par des estimations plus élevées du taux de chômage naturel et par des inquiétudes persistantes concernant le niveau de l’inflation. Les anticipations actuelles tablent sur une remontée notable des prix à court terme — le fixing d’inflation est attendu au-dessus de 3,5 % en fin d’année — sans toutefois générer de poussée inflationniste durable.
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Un conflit larvé entre Trump et Musk
La lune de miel entre Donald Trump et Elon Musk n’aura pas duré bien longtemps. Le conflit est désormais latent. En cause : le « Big Beautiful Bill Act ». Ce projet de loi, porté par le président américain, prévoit d’alourdir la dette publique de 3 300 milliards de dollars, en combinant baisses d’impôts et budget sans réduction des dépenses. Pour le patron de Tesla, la coupe est pleine.
Elon Musk a donc pris ses distances, laissant un gouvernement médusé. Sur son réseau social, l’entrepreneur a dénoncé le projet avec véhémence : « Ce projet de loi énorme, indécent et débordant de dépenses clientélistes est une abomination répugnante. Honte à ceux qui ont voté en sa faveur : vous savez que vous avez eu tort. » Un dérapage verbal qui s’est conclu par un explosif : « Donald Trump est dans les fichiers Epstein ». Ambiance…
La situation est d’autant plus délicate pour Donald Trump que le Tribunal de commerce international des États-Unis vient de suspendre les droits de douane réciproques instaurés par son administration. Les juges estiment que le président a outrepassé ses pouvoirs en invoquant à tort une loi d’urgence économique de 1977. Selon leur décision, seul le Congrès est habilité à réguler les barrières douanières.
Sans surprise, le gouvernement a vivement réagi et a fait appel, dénonçant une décision rendue par des « juges non élus ». Cet appel étant suspensif, les droits de douane restent pour l’instant en vigueur. Toutefois, selon certaines sources, l’équipe Trump préparerait déjà un plan B pour maintenir ses surtaxes.
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Trump reporte l’application des droits de douane
Les discussions avec les principaux partenaires commerciaux des États-Unis se poursuivent, poussant Donald Trump à annoncer un report des droits de douane au 9 juillet. Si les échanges avec Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, paraissent encourageants, les tensions commerciales restent vives.
La situation est similaire avec la Chine. Symbole de ce climat tendu : Donald Trump a décidé de suspendre l’octroi de visas pour les étudiants étrangers admis à Harvard. Près de 1 300 étudiants chinois sont actuellement inscrits dans cette prestigieuse université, selon les chiffres officiels.
Toutefois, les échanges sont maintenus pour tenter d’éviter une escalade aux conséquences potentiellement graves. Un échange téléphonique a récemment eu lieu entre Xi Jinping et Donald Trump. Ce dernier a d’ailleurs annoncé, via un message sur son réseau Truth Social, que les équipes des deux présidents se réuniraient « bientôt » pour discuter des droits de douane, sans qu’un lieu de rencontre n’ait encore été précisé.
Scott Bessent, secrétaire américain au Trésor, a - pour sa part - souligné : « Nous sommes d’accord sur le fait qu’aucune des deux parties ne souhaite un découplage. »
Dans l’immédiat, une trêve temporaire est en place. Les taxes américaines sur les produits chinois sont abaissées de 145 % à 30 %. Dans le meme temps, les droits de douane chinois sur les importations américaines passent de 125 % à 10 %.
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Une accalmie fragile
Pour François Rimeu, stratégiste senior chez Crédit Mutuel AM : « La trêve annoncée n’est pourtant qu’une étape dans ce qui s’annonce comme le feuilleton de l’année 2025. Le marché semble aujourd’hui anticiper que les droits de douane américains se stabiliseront à un niveau relativement faible ; ce qui serait négatif pour la croissance américaine, sans pour autant provoquer de récession. »
De son côté, Xavier Chapard, de LBPAM, tempère : « De grandes incertitudes demeurent quant à l’avenir du commerce international sous l’impulsion des États-Unis. Le fait que le pire ait sans doute été évité ne signifie pas pour autant que nous revenons au monde d’hier. »
Selon un économiste américain Michael Spence : « Les droits de douane chers à Donald Trump ne conduiront pas nécessairement à une catastrophe immédiate pour les États-Unis. L’économie américaine est relativement peu dépendante du commerce extérieur : services inclus, les importations représentent environ 14 % du PIB, et les exportations un peu plus de 11 %. »
Le Fonds monétaire international (FMI) confirme cette analyse. Selon ses prévisions, les nouveaux droits de douane devraient peser en premier lieu sur la croissance américaine (-0,9 %), suivie par le Canada et la Chine (-0,6 % chacun), et le Japon (-0,5 %).
Zone Euro : éclaircie économique malgré un contexte géopolitique tendu
La croissance économique de la zone euro au premier trimestre a été nettement révisée à la hausse, atteignant +0,6 %, contre +0,3 % initialement annoncé en mai, a indiqué Eurostat, l'office statistique de l'Union européenne. Toutefois, les tensions géopolitiques persistantes, notamment en Ukraine et dans les relations avec les États-Unis, continuent de peser sur l'activité en Europe.
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Une nouvelle dynamique ?
Les dernières statistiques signalent un léger rebond de l’activité en zone euro. Les indices de confiance de la Commission européenne ont progressé davantage qu’anticipé en mai, passant de 93,8 à 94,8. La confiance des ménages s’est également améliorée (de -16,6 à -15,2), tout comme celle des directeurs d’achat du secteur manufacturier (de 49,0 à 49,4).
La production industrielle affiche un solide rebond de +2,6 % en rythme annuel en mars.
Autre signe encourageant, le continent européen a enregistré un excédent commercial de 36,8 milliards d’euros en mars 2025 dans ses échanges de biens avec le reste du monde, contre 22,8 milliards d’euros un an plus tôt.
En avril 2025, le taux de chômage, corrigé des variations saisonnières, s’établissait à 6,2 % dans la zone euro, en baisse par rapport au 6,3 % de mars. Le chômage des jeunes reste cependant élevé, à 14,4 %.
Le moteur allemand montre des signes de redémarrage, avec une croissance de +0,4 % au premier trimestre. En revanche, la situation est plus contrastée en France : la Banque de France anticipe une activité quasi-stable au deuxième trimestre, après une progression modeste de +0,1 % en début d’année. Les incertitudes liées à la guerre commerciale mondiale continuent de peser sur l’investissement et les embauches.
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La BCE accompagne le ralentissement de l’inflation
Dans ce contexte, la Banque centrale européenne (BCE) a annoncé une nouvelle baisse de ses taux directeurs de 25 points de base, la huitième depuis juin 2024. Le taux de rémunération des dépôts passe ainsi de 2,25 % à 2 %, contre 4 % un an plus tôt.
Cette décision s’inscrit dans un climat de ralentissement marqué de l’inflation en zone euro. En mai, l’inflation globale est tombée à 1,9 %, repassant sous l’objectif de 2 % que s’est fixé la BCE. L’inflation sous-jacente recule elle aussi, à 2,3 %.
L’institution prévoit désormais une inflation de 2 % en 2025, 1,6 % en 2026 et 2 % en 2027.
La Chine muscle son jeu
Le gouvernement chinois a sorti les muscles pour stimuler l'économie nationale. Pékin a notamment réduit ses taux d’intérêt et adopté plusieurs mesures destinées à relancer la consommation. Les premiers résultats sont encourageants : la croissance du PIB réel s’est ainsi maintenue à +5,4 % en glissement annuel au cours du 1er trimestre 2025.
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De vives tensions aux l’administration Trump
Les tensions restent vives entre l’administration Trump et le gouvernement chinois. Le président américain a récemment accusé Pékin d’avoir violé les accords de Genève. Les autorités chinoises ont naturellement rejeté ces accusations, rappelant que la Chine avait, au contraire, suspendu plusieurs taxes et barrières douanières en avril, en stricte conformité avec l’accord en vigueur.
En réponse, Washington a imposé de nouvelles restrictions, notamment sur l’accès aux logiciels de conception de semi-conducteurs et la vente de certains produits chimiques essentiels à l’industrie chinoise.
De son côté, Pékin a renforcé ses propres mesures de rétorsion, en restreignant davantage les exportations de terres rares — des matériaux stratégiques indispensables à l’industrie technologique mondiale.
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La reprise du dialogue ?
Heureusement, un récent échange téléphonique entre Donald Trump et Xi Jinping a permis d’aplanir quelque peu les tensions. Les enjeux commerciaux restent cruciaux : les relations bilatérales entre la Chine et les États-Unis constituent le plus important partenariat commercial au monde, avec des échanges totalisant 689 milliards de dollars en 2024.
Les derniers chiffres publiés indiquent que les exportations chinoises vers les États-Unis ont chuté de 34 % en mai, un recul inédit depuis février 2020. Cette dynamique négative s’explique principalement par la mise en œuvre de taxes douanières élevées, actuellement fixées à 30 % sur de nombreux produits chinois.
Néanmoins, la Chine s’efforce depuis plusieurs années de réduire sa dépendance commerciale vis-à-vis des États-Unis. Il y a dix ans, les exportations chinoises vers les États-Unis représentaient plus de 20 % du total ; aujourd’hui, cette part est tombée à environ 15 %.
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Une relance monétaire, mais des fragilités persistantes
L’allègement monétaire opéré par le gouvernement chinois se poursuit. La banque centrale a de nouveau réduit ses taux d’intérêt afin de stimuler une économie en ralentissement. Pour la première fois depuis octobre, elle a abaissé son taux préférentiel de prêt (LPR) :
- le LPR à un an est réduit de 10 points de base, à 3 %,
- le LPR à cinq ans passe à 3,5 %, influençant notamment le marché des hypothèques.
Parallèlement, les cinq grandes banques publiques chinoises ont abaissé leurs taux de dépôt de 5 à 25 points de base, un mouvement qui pourrait inciter les petites institutions à suivre cette tendance.
Ces mesures visent à stimuler la consommation, favoriser la croissance des prêts et préserver les marges bénéficiaires des banques commerciales, actuellement mises sous pression.
Des signes de reprise... contrastés. Certains indicateurs montrent une amélioration de l’activité :
- la production industrielle progresse de +6,1 %,
- le marché immobilier reste faible, mais les signes d’une stabilisation émergent : depuis le début de l’année, les ventes de biens immobiliers résidentiels n’ont reculé que de -0,4 % en glissement annuel en mars, contre -30,7 % sur la même période en 2024.
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La géopolitique pèse sur l'économie
Cependant, les tensions géopolitiques, en particulier avec les États-Unis, commencent à peser lourdement sur l’activité économique chinoise.
L’investissement direct étranger ne montre pas encore de signe de redressement : il affiche un recul de -10,9 % sur la période janvier-avril, par rapport à 2024.
L'indice Caixin du secteur manufacturier est, quant à lui, tombé à 48,3, son plus bas niveau depuis septembre 2022, signalant une contraction. Les commandes à l’export plongent, pénalisées par les tarifs douaniers américains.
Côté consommation, les résultats sont également décevants : en avril, la consommation intérieure a progressé de +5,1 %, un chiffre inférieur aux attentes (5,8 %).
Les convictions de Scala Patrimoine sur les marchés financiers
Le mois de mai 2025 a été marqué par une forte volatilité macroéconomique, exacerbée par les revirements soudains de l’administration Trump.
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Des performances solides des marchés actions
Les 90 jours de négociations commerciales — dont l’échéance est attendue pour début juillet — n’ont guère permis d’avancées notables, hormis pour quelques pays isolés. Pourtant, dans ce climat incertain, les marchés développés ont enregistré de solides performances en mai, poursuivant l’élan haussier amorcé le 9 avril. Les États-Unis ont mené la danse, avec une progression d’environ 6 %, suivis par l’Europe (+5 %), le Japon (+4 %) et les marchés émergents (+4 % en devises locales).
- Les négociations commerciales avancent
Ce rebond a été soutenu par les avancées enregistrées dans les discussions commerciales entre les États-Unis et l’Union européenne, ainsi que par le report temporaire des hausses de droits de douane supplémentaires sur les importations chinoises. Ces éléments ont contribué à apaiser les craintes d’une récession mondiale et à raviver l’appétit pour les actifs risqués.
Les résultats des entreprises au premier trimestre ont globalement surpassé les attentes. Aux États-Unis, 78 % des sociétés ont affiché des performances supérieures aux prévisions — un chiffre supérieur à la moyenne des dix dernières années —, avec en tête les secteurs de la santé et de la technologie, incarnés notamment par les résultats remarquables de Nvidia. En Europe, 60 % des entreprises ont également dépassé les attentes, avec les banques comme principal moteur de cette dynamique.
Cependant, ces performances reflètent encore la conjoncture favorable du début d’année, avant l’émergence des récentes incertitudes commerciales et politiques. Les perspectives pour les trimestres à venir demeurent plus floues : de nombreuses entreprises ont revu leurs prévisions à la baisse. Seules 16 % des sociétés du S&P 500 ont osé publier des perspectives pour l’ensemble de l’année, bien en deçà de la moyenne historique de 40 %.
- Stratégie Recommandée : la diversification des portefeuilles
Face à la persistance des incertitudes, qu’elles soient commerciales ou budgétaires aux États-Unis, et à une visibilité encore limitée quant à l’issue des négociations internationales et à l’ampleur de la dégradation de l’environnement macroéconomique, le potentiel de poursuite du rallye boursier semble désormais contraint. D’autant plus que les marchés européens et émergents évoluent de nouveau à des niveaux historiques. Nous maintenons donc une approche neutre sur les actions.
Dans ce contexte, nous recommandons de renforcer la diversification des portefeuilles, en particulier pour atténuer les concentrations géographiques, tant que les négociations commerciales n’auront pas abouti de manière plus tangible.
- Des facteurs de soutien aux marchés financiers européens
Les marchés financiers européens bénéficient actuellement de plusieurs facteurs de soutien. À court terme, la croissance économique est stimulée par les baisses de taux décidées par la Banque centrale européenne, le taux de dépôt s’établissant désormais à 2 %. Toutefois, l’efficacité ultime de cet assouplissement monétaire dépendra de l'impact que pourra avoir la politique commerciale américaine sur l’économie mondiale.
Un soutien supplémentaire est également attendu du côté des politiques d’investissement, qui devraient insuffler une nouvelle dynamique à certains secteurs spécifiques, au premier rang desquels l’industrie de la défense.
Les secteurs particulièrement sensibles à l’évolution des taux, tels que les services aux collectivités, les sociétés foncières cotées (REITs) et les infrastructures, pourraient tirer parti de cet environnement monétaire favorable. En dépit de la faiblesse des taux directeurs, les banques européennes affichent une situation conjoncturelle solide. Elles profitent en outre de la pentification de la courbe des taux et continuent de se négocier à des niveaux de valorisation inférieurs à ceux de leurs homologues américaines.
- L’incertitude pèse sur les marchés américains
Outre-Atlantique, la croissance des dépenses d’investissement des entreprises du S&P 500 au premier trimestre, bien que robuste dans l’absolu (+19 %), s’est révélée très concentrée autour des "Sept Magnifiques" et du secteur technologique, laissant le reste du marché en quasi-stagnation.
Si les perspectives de bénéfices aux États-Unis demeurent solides pour 2025 (autour de +14 %), l’incertitude entourant l’ampleur d’un éventuel ralentissement macroéconomique pourrait justifier les niveaux de valorisation actuellement élevés des actions américaines (environ 23 fois les bénéfices pour le S&P 500). Dans ce contexte, la capacité des entreprises à maintenir une croissance soutenue de leurs profits sera déterminante. C’est pourquoi nous estimons que les sociétés technologiques américaines, en particulier celles fortement investies dans l’intelligence artificielle, continueront de jouer un rôle moteur dans la progression des marchés actions.
Le secteur de la santé, en revanche, a subi un fort repli. Celui-ci s’explique par l’attitude offensive de l’administration américaine à l’égard de l’industrie pharmaceutique et des médicaments, affectant tant les entreprises nationales qu’étrangères. À cela s’est ajouté un scandale retentissant : UnitedHealth Group, la plus grande mutuelle privée des États-Unis, a été accusée de fraude dans le cadre du programme Medicare, accentuant la défiance envers l’ensemble du secteur. Les perspectives à court terme demeurent incertaines, mais nous pensons que l’essentiel des mauvaises nouvelles est déjà intégré dans les valorisations actuelles, et que la correction récente pourrait offrir des opportunités d’investissement intéressantes.
- Les marchés émergents : une situation d’attente
Dans l’univers des marchés émergents, la faiblesse persistante du dollar continue de constituer un facteur de soutien.
Les actions indiennes, qui ont sous-performé depuis le début de l’année et n’ont pas encore retrouvé leur pic de septembre dernier, suscitent un intérêt particulier, malgré des valorisations relativement élevées comparées à celles des autres marchés émergents. Ce positionnement se justifie par la vigueur de la croissance économique, les perspectives favorables liées à l’émergence d’une vaste classe moyenne (soutenue notamment par la bancarisation), et une moindre sensibilité aux fluctuations des tarifs douaniers, grâce à un modèle économique résolument tourné vers le marché domestique.
En Chine, la situation demeure plus complexe. Malgré la levée récente de certains droits de douane additionnels et une position de négociation renforcée du gouvernement, l’économie chinoise reste fortement dépendante de la demande extérieure. Or, la consommation intérieure n’affiche toujours aucun signe tangible de reprise. Nous attendons donc des autorités chinoises un engagement plus déterminé en faveur d’une relance de la demande domestique.
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Les marchés obligataires : inquiétude sur la dette américaine
Les marchés obligataires mondiaux ont connu un mois de mai difficile, affichant des rendements négatifs. Les Treasuries américains restent sous pression : le taux des obligations à 10 ans évolue autour de 4,5 %, tandis que celui des titres à 3 ans a momentanément franchi le seuil des 5 % en fin de mois. Cette tension s’explique par une demande en net repli face à des volumes d’émissions de dette à long terme particulièrement élevés, alimentés par les besoins croissants de financement de l’administration américaine.
- L’inflation baisse
Ce déséquilibre est aggravé par le recentrage des investisseurs japonais sur leur dette nationale, au détriment des titres du Trésor américain. Or, le Japon figure parmi les principaux détenteurs de dette américaine. La remontée des CDS (Credit Default Swaps) américains traduit bien l’inquiétude des investisseurs quant à la soutenabilité de l’endettement public américain, d’autant que le projet budgétaire surnommé Big Beautiful Bill suscite de vives interrogations sur la trajectoire future du déficit fédéral.
Toutefois, certains indicateurs macroéconomiques ont contribué à atténuer cette pression sur les Treasuries. L’inflation, mesurée par l’indice PCE, s’est repliée à 2,1 % en avril — son plus bas niveau depuis février 2021 —, tandis que les créations d’emplois ont dépassé les attentes. Par ailleurs, l’apaisement des tensions commerciales a également favorisé un regain de stabilité sur le marché obligataire américain.
En Europe, l’inflation est désormais bien maîtrisée. La Banque centrale européenne a procédé à sa huitième baisse de taux en l’espace d’un an, ramenant le taux de dépôt à 2 %, un niveau désormais proche de celui du taux neutre. Les décisions monétaires à venir dépendront largement de l’issue des négociations commerciales internationales. La visibilité sur les obligations européennes s’est améliorée grâce à l’ancrage des anticipations d’inflation, à la vigueur relative de l’euro et à une trajectoire monétaire plus lisible. Toutefois, le marché obligataire européen doit également composer avec le plan de relance historique engagé par l’Allemagne, ainsi qu’avec les pressions exercées par les agences de notation.
- La stratégie Recommandée : une préférence pour les segments les plus défensifs
Dans ce contexte, nous maintenons une approche résolument positive vis-à-vis des obligations, avec une préférence affirmée pour les segments les plus défensifs.
La trajectoire monétaire de la BCE, désormais plus prévisible à la suite de sa dernière baisse de taux, nous incite à privilégier les obligations européennes. Malgré les défis budgétaires auxquels l’Europe reste confrontée, les perspectives économiques à moyen terme paraissent plus robustes qu’ailleurs.
Aux États-Unis, les niveaux de rendement sont indéniablement attractifs, mais l’économie américaine pourrait être la première à ressentir les effets délétères des politiques tarifaires en vigueur, rendant plus crédible un scénario de stagflation. Si la Réserve fédérale dispose encore de marges de manœuvre supérieures à celles de la BCE, elle demeure aujourd’hui freinée par le manque de visibilité sur les perspectives macroéconomiques. Par ailleurs, malgré la faiblesse actuelle du dollar, les perspectives à moyen terme restent défavorables pour le billet vert, en dépit d’un différentiel de taux souverains avec l’Allemagne qui lui est pour l’instant favorable.
- L’attrait du crédit Investment Grade européen
Sur le segment des taux, nous privilégions les obligations souveraines européennes de court terme, que nous considérons comme une alternative pertinente aux instruments monétaires, grâce à la meilleure visibilité qu’offre actuellement la politique de taux de la BCE. En revanche, nous faisons preuve de prudence vis-à-vis des maturités souveraines de long terme et maintenons une position négative sur les taux longs américains. La défiance des investisseurs à l’égard de l’endettement américain s’est accentuée depuis l’adoption par la Chambre des Représentants du Big Beautiful Bill, ambitieux projet budgétaire de l’administration Trump. Si ce texte devrait être largement amendé par le Sénat, il constitue dans sa version actuelle un risque significatif pour les finances publiques américaines, laissant présager une volatilité persistante sur le segment des taux longs.
Sur le marché du crédit, nous affichons une préférence marquée pour le crédit Investment Grade européen, dont nous saluons la solidité et la résilience. À court terme, les spreads européens nous paraissent plus stables que ceux de leurs homologues américains. Par ailleurs, les obligations financières subordonnées continuent d’offrir un couple rendement/risque particulièrement attractif. Le secteur bancaire européen bénéficie de fondamentaux solides, renforcés par une régulation accrue, ce qui conforte notre position sur cette classe d’actifs. Ce segment permet d’améliorer le rendement moyen d’un portefeuille obligataire, tout en demeurant sur des émetteurs de qualité Investment Grade.
Nous restons en revanche sélectifs sur le segment High Yield, que nous limitons aux maturités courtes et aux signatures les mieux notées, à condition que le rendement additionnel proposé compense de manière satisfaisante le risque accru.
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Les marchés financiers alternatifs
Nous conservons une position neutre sur les investissements alternatifs, mais réitérons notre préférence pour les stratégies long/short actions. Ces dernières sont particulièrement pertinentes dans les marchés volatils, incertains et caractérisés par une forte dispersion. La rapidité des rotations sectorielles et la forte réactivité des marchés aux annonces politiques, économiques et monétaires confèrent à ces stratégies une bonne capacité à tirer profit des inefficiences. Elles offrent à la fois une protection contre les baisses et un potentiel de surperformance dans des conditions de marché complexes comme celles que nous observons actuellement, grâce à leur flexibilité qui permet de prendre des positions longues sur les actions sous-évaluées et courtes sur les actions surévaluées, assurant ainsi une décorrélation par rapport aux indices traditionnels.
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Les produits structurés
Nous restons toujours positifs sur les produits structurés, qui offrent la possibilité de s'exposer à différents marchés tout en personnalisant le niveau de risque et le rendement cible souhaités. Ils offrent des solutions attractives pour s’exposer à des marchés ou secteurs ayant des perspectives de hausse à moyen terme tout en ayant une protection à la baisse.
La correction de certains secteurs, notamment la santé, peut constituer un point d'entrée sur des structures adossées à ces valeurs. La hausse des taux longs rend les produits sur taux particulièrement attractifs en termes de rendement et de risque, mais une attention particulière doit être portée au calibrage de la protection. Il est primordial de diversifier les sous-jacents et le type de structures au sein de son portefeuille. À nouveau, les produits structurés constituent une alternative pertinente pour les investisseurs souhaitant s'exposer au marché. Cette flexibilité en fait une solution stratégique pour diversifier et optimiser un portefeuille dans l'environnement actuel.
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Les Actifs non cotés (Private Assets)
L’intérêt des investisseurs institutionnels pour les actifs non cotés continue de croître, malgré un contexte économique marqué par des incertitudes.
- L’intérêt pour les stratégies secondaires
Cette dynamique, soutenue par la baisse progressive des taux d’intérêt en 2025, oriente également les flux vers des fonds plus accessibles au grand public. Bien que le marché montre des signes d’attentisme, notamment en raison des incertitudes politiques et économiques, nous restons confiants quant au potentiel du private equity.
Les stratégies secondaires demeurent particulièrement attrayantes en raison de leurs opportunités de valorisation prometteuses. Par ailleurs, les fonds de co-investissement restent au cœur de nos priorités, combinant optimisation des rendements et maîtrise des coûts.
Les stratégies de dette privée, telles que la dette mezzanine et le growth buyout, gagnent en popularité pour accompagner les entreprises en phase de croissance. De plus, le capital-risque, en particulier dans les secteurs technologiques et liés à la transition énergétique, connaît un regain d’intérêt, offrant des perspectives captivantes pour les startups innovantes.
- L’Allocation conseillée
Pour exploiter pleinement le potentiel des investissements non cotés tout en limitant les risques, nous recommandons une stratégie diversifiée et de long terme. Cette approche inclut :
- Des stratégies sur les marchés secondaires pour leur stabilité et leurs rendements robustes.
- Une exposition au capital-risque, visant des opportunités à haut rendement dans des secteurs innovants.
- Des investissements dans le LBO (Leveraged Buyout) pour tirer parti de l’effet de levier.
- Le growth equity, qui permet de bénéficier de la croissance d’entreprises matures et prometteuses.
- La dette mezzanine, grâce à ses taux attractifs, comme un outil clé de diversification.
Face aux évolutions constantes de l’environnement économique, cette allocation vise à combiner performance et gestion proactive des risques. Nous restons attentifs à l’évolution du marché, tout en capitalisant sur les opportunités qu’il offre, en particulier dans les secteurs stratégiques comme la santé et la transition énergétique.

L'Union pour l'épargne et l'investissement (UEI) : cap sur une Europe financièrement souveraine
Le 19 mars dernier, la Commission européenne a levé le voile sur sa nouvelle stratégie pour l'Union pour l'épargne et l'investissement (UEI). Cette initiative ambitieuse vise à élargir l’accès des citoyens de l’Union aux marchés de capitaux, tout en facilitant le financement des entreprises.
Dans les semaines à venir, des propositions législatives concrètes seront soumises au Parlement européen et au Conseil. Après leur adoption, elles devront être transposées dans les législations nationales, ouvrant ainsi la voie à une adaptation des réglementations en vigueur.
Voici les grandes lignes de cette réforme d’ampleur.
Encourager les épargnants à investir dans les entreprises européennes
L’un des piliers de cette stratégie consiste à orienter plus efficacement l’épargne vers les marchés financiers.
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Une prudence structurelle des épargnants
L’Europe se distingue par un taux d’épargne historiquement élevé, atteignant en moyenne 14 % du revenu brut disponible — un chiffre nettement supérieur à celui des États-Unis, qui oscille autour de 8 %.
Mais cette abondance d’épargne reste peu mobilisée. Les Européens demeurent frileux lorsqu’il s’agit d’investir dans l’économie réelle, perçue comme plus risquée, même si elle est potentiellement plus rémunératrice. Seuls 17 % des actifs détenus par les ménages européens sont investis en instruments financiers. Contre près de 43 % pour leurs homologues américains.
Or, les enjeux sont colossaux. L’Union européenne doit relever des défis majeurs : assurer son autonomie stratégique, réussir les transitions écologique et numérique, renforcer sa souveraineté financière, améliorer sa compétitivité et, désormais, financer sa défense.
Selon le rapport de Mario Draghi, les besoins supplémentaires de financement s’élèvent à 800 milliards d’euros par an pour accompagner les transitions énergétique et numérique. Si l’on y ajoute les impératifs de défense, ce montant grimpe à 1 000 milliards d’euros par an.
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Mobiliser plus efficacement l’épargne des ménages
Pour répondre à ces besoins, la Commission européenne ambitionne de faciliter le parcours de l’investisseur. Elle prévoit notamment d'améliorer la culture financière des citoyens tout en garantissant l’accès à des conseils professionnels de qualité.
Une stratégie européenne d’éducation financière devrait ainsi être présentée à l’été 2025. Aujourd’hui, le niveau de littératie financière est jugé insuffisant dans de nombreux États membres. L’objectif est double : inciter les épargnants à investir et stimuler le développement de produits financiers attractifs.
La Commission envisage de créer un modèle européen d’épargne pour les petits investisseurs. Elle souhaite s’inspirer des meilleures pratiques nationales déjà existantes.
Dès octobre, elle réexaminera les règles encadrant les Institutions de prévoyance professionnelle (IORPs). Elle étudiera aussi le produit paneuropéen d’épargne-retraite individuelle (PEPP).
Bruno Le Maire a confié une mission à Christian Noyer sur l’union des marchés de capitaux. Selon lui, une autre voie est préférable au PEPP. « Plutôt qu’un produit unifié comme le PEPP, pénalisé par les disparités fiscales et tarifaires entre les États membres, il conviendrait de privilégier un label commun. Celui-ci pourrait être décliné par les pays, soit via la création de nouveaux produits d’épargne, soit en adaptant certains dispositifs existants. »
La Commission souligne aussi l’importance des incitations fiscales. Elles sont essentielles pour orienter l’épargne vers des produits à long terme. Les dispositifs de retraite sont notamment concernés.
Réduire les obstacles réglementaires
Autre axe central de l'Union pour l'épargne et l'investissement (UEI) : faciliter l’émergence d’une véritable offre d’épargne transfrontalière. Pour ce faire, la Commission souhaite lever les freins réglementaires, notamment dans le secteur de la gestion d’actifs.
Marie-Anne Barbat-Layani, présidente de l’Autorité des marchés financiers, rappelait récemment devant l’Académie des sciences morales et politiques que : « Les marchés restent encore très liés à des lieux, notamment en raison de la réglementation. L’activité financière est l’une des plus encadrées, et la régulation, mission régalienne par essence, demeure largement nationale. »
Pourtant, l’enjeu est stratégique. « Il est devenu crucial de sécuriser nos circuits de financement pour garantir notre indépendance et renforcer notre autonomie stratégique », conclut-elle.
Bâtir une Europe de l’investissement
Au niveau européen, l’enjeu majeur est le développement d’un véritable marché unique des capitaux.
Cela passe par la mobilisation du secteur bancaire, bien entendu, mais surtout des marchés de capitaux, pour mieux transformer le gisement trop sous-exploité de l’épargne européenne et l’orienter vers des investissements de plus long terme.
Cette stratégie marque une étape décisive dans la construction d’un espace financier européen intégré. La commission ambitionne de changer des règles de l'UE en matière de titrisation « en mettant l'accent sur la diligence raisonnable, la transparence et les exigences prudentielles pour les banques et les assureurs, ce qui permettra de libérer des ressources des banques et de mieux soutenir les entreprises ».
Sachant qu’une une révision du Règlement sur les fonds de capital-risque européens (EuVECA) est aussi annoncée pour l'été 2026.
L’avis de Scala Patrimoine sur "l'Union pour l'épargne et l'investissement" (UEI)
L’Union européenne s’apprête à lancer son projet baptisé « Finance Europe ». Ce label commun, qui réunira une dizaine de pays a pour objectif de rediriger l’épargne des citoyens vers l’économie européenne. Le dispositif sera pleinement opérationnel à partir de 2026. Il mobilisera l’ensemble des acteurs financiers : assureurs, banques et sociétés de gestion. Pour obtenir ce label, les placements devront satisfaire à des critères stricts. Au moins 70 % des actifs devront ainsi être investis dans des entreprises européennes, avec une part significative allouée aux fonds propres sans garantie en capital. De plus, la durée minimale d’investissement sera fixée à cinq ans.
Ce projet va dans le bon sens. Nous partageons, en effet, pleinement la position exprimée par Christian Noyer. L'ancien gouverneur de la banque de France souligne à juste titre qu’il est essentiel d’éviter la création de nouveaux produits financiers. Mieux vaut, en effet, s’appuyer sur les dispositifs existants. Les établissements financiers ne souhaitent d'ailleurs pas l’apparition de nouvelles offres. Ces derniers tendent même à rationaliser leur gamme actuelle. Or, une distribution à grande échelle ne saurait se faire sans leur concours.
D’autant qu’en France, l’éventail des solutions d’épargne est déjà riche et diversifié. Assurance-vie française ou luxembourgeoise, contrats de capitalisation, ou encore plan d’épargne en actions (PEA), autant de véhicules répondant déjà aux principaux besoins des investisseurs.
Nous suivons également avec attention la volonté de la Commission européenne de faciliter le développement des fonds de pension en tant que produits d’épargne.
Projet, Union de l'épargne et des investissements (UEI), Commission européenne
Paris Match : expatriation et placements financiers, les conseils de Guillaume Lucchini
Changer de pays, c’est embrasser une aventure exaltante… mais ce choix peut profondément bouleverser la gestion de votre patrimoine. Certains produits d’investissement français, par exemple, ne sont pas reconnus à l’étranger. Tandis que les règles fiscales locales peuvent remettre en question votre stratégie financière. Interrogé par les journalistes Léo Monégier et Silvia Simao, Guillaume Lucchini, associé fondateur du cabinet Scala Patrimoine, décrypte les enjeux liés à l'expatriation et livre ses recommandations dans une interview exclusive pour Paris Match.
Expatriation : une analyse au cas par cas s’impose
Tous les expatriés ne partagent pas les mêmes réalités ni les mêmes contraintes, qu’elles soient d’ordre fiscal ou financier. Chaque situation mérite donc une étude personnalisée. « Avant tout départ, il est essentiel d’examiner en détail ses placements afin d’en vérifier la compatibilité avec ses projets de vie. Par exemple, l’ouverture d’un PEA (Plan d’Épargne en Actions) est interdite depuis l’étranger. Toutefois, si ce plan a été ouvert avant le départ de France, il peut être conservé. A la condition cependant de ne pas résider dans un État ou territoire non coopératif sur le plan fiscal », avertit Guillaume Lucchini.
Autre point crucial : la gestion de la résidence principale lors d’un départ à l’étranger. Fiscalement, un bien immobilier perd son statut de résidence principale dès lors que son occupant passe moins de 185 jours par an en France. A fortiori s’il est mis en location. « Cependant, la législation accorde une certaine latitude aux expatriés en leur permettant de vendre ce bien dans un délai d’un an après leur départ, tout en bénéficiant d’une exonération sur les plus-values immobilières », précise le fondateur de Scala Patrimoine.
Le rôle stratégique de l’assurance-vie luxembourgeoise
Si l’assurance-vie reste un pilier de l’épargne en France, son régime fiscal particulier peut entrer en conflit avec celui du pays d’accueil. Une solution existe cependant : l’assurance-vie luxembourgeoise. Elle est plus souple et s’adapte mieux aux contraintes fiscales locales.
« Ce type de contrat, généralement accessible à partir de 250 000 euros, permet d’investir dans la devise de son choix », explique Guillaume Lucchini. Il précise : « Il peut s’agir de l’euro ou d’une autre monnaie. » Il met toutefois en garde : « Chaque pays appliquant ses propres règles, il est essentiel de rester vigilant. » Par exemple, en Espagne, si aucune garantie décès complémentaire n’a été souscrite, le contrat peut être assimilé à un simple compte-titres. Dans ce cas, il perd ses avantages fiscaux.
L’immobilier, un placement toujours prisé dans le cadre d'une expatriation
L’investissement immobilier reste une valeur refuge, même pour les expatriés. Un expatrié bénéficie généralement de revenus confortables. « Cela lui permet d’avoir une capacité d’épargne solide. Pour optimiser ses placements, il peut utiliser l’effet de levier du crédit. En France, les taux fixes sont encore largement disponibles. Contrairement à d’autres pays, ces taux sont attractifs pour ceux ayant une forte capacité d’emprunt. » conclut Guillaume Lucchini.
Le multi-family office, un modèle d’avenir selon Scala Patrimoine
Le 1er avril, L’Agefi a réuni près de mille participants lors du Salon des carrières dans la finance, Talent for Finance. Étudiants, jeunes actifs et professionnels s’y sont retrouvés pour échanger autour des métiers de la finance. Guillaume Lucchini, fondateur du multi-family office Scala Patrimoine, faisait partie des intervenants. Il y a partagé sa vision de l’évolution des métiers du conseil en gestion de patrimoine.
Multi-family office : les enjeux d’un métier d’exigence
Interrogé par Ludivine Garnaud, rédactrice en chef des événements du groupe Agefi, Guillaume Lucchini a donné sa définition du multi-family office.
« C’est un cabinet de conseil qui accompagne les familles dans la gestion, l’organisation et la transmission de leur patrimoine. » Selon lui, une condition est indispensable pour exercer ce métier : « Proposer un accompagnement totalement indépendant, sans conflit d’intérêts, reposant sur une rémunération exclusivement fondée sur les honoraires. »
Hélas, constate-t-il, le mot “conseil” est souvent galvaudé. Ce métier, historiquement lié aux établissements bancaires, s’est longtemps limité à la distribution de produits financiers. Dans ce cadre, la rémunération provenait essentiellement de la vente. « Issu du monde du droit, j’ai toujours été convaincu que le conseil devait incarner l’indépendance, l’absence de conflits d’intérêts et une réelle valeur ajoutée », confie-t-il.
La demande pour un accompagnement sincère, structurant et transparent ne cesse d’augmenter. Ce besoin est particulièrement fort chez les chefs d’entreprise. « J’ai fondé Scala Patrimoine en m’inspirant du modèle des avocats. Le conseil ne doit pas être biaisé par des enjeux commerciaux liés à la vente de produits financiers. Grâce à une rémunération transparente et fondée sur les honoraires, nos clients nous paient directement. Nous ne sommes donc redevables ni à un assureur, ni à une société de gestion. »
Le rôle du family officer repose aussi sur une collaboration étroite avec des experts extérieurs. Il travaille avec des professionnels du chiffre et du droit : experts-comptables, notaires ou avocats. Cette synergie crée une véritable valeur ajoutée pour les clients.
Les métiers du patrimoine : un avenir prometteur
À l’image des professions juridiques, les métiers liés à la gestion de patrimoine embrassent toutes les dimensions de la vie de leurs clients — bien au-delà des seules questions financières auxquelles on les a trop souvent cantonnés. « On oublie que le cœur de notre métier est avant tout de protéger nos clients, de les sécuriser face aux aléas de l’existence : perte d’emploi, incapacité, décès… »
Pour Guillaume Lucchini, la gestion de patrimoine se rapproche du droit par sa dimension réflexive et structurante : « Les objectifs de nos clients, leurs envies, leurs projets évoluent avec le temps. Il faut être en mesure d’accompagner cette temporalité. »
Un virage technologique
L’avenir de la profession, selon lui, s’annonce sous les meilleurs auspices. Dans un cadre juridique et fiscal en constante évolution, les opportunités sont nombreuses. Toutefois, le métier devra se repenser à l’aune des révolutions technologiques en cours. « L’émergence du digital et de l’intelligence artificielle nous invite à réinventer notre rôle. Les clients n’auront plus besoin d’un professionnel pour souscrire un fonds indiciel. En revanche, ils auront plus que jamais besoin d’un accompagnement humain, structuré, indépendant. »
Le fondateur de Scala Patrimoine est convaincu que le métier tendra vers un modèle davantage inspiré du multi-family office : un accompagnement global, centré sur l’organisation, la structuration et la transmission.
La notion d’indépendance et de transparence sera donc cruciale. « De plus en plus de jeunes font le pari d’un métier d’accompagnement, rémunéré directement par le client, et porteur de valeur ajoutée juridique et fiscale. C’est ainsi qu’émergera une nouvelle génération de professionnels formés avec exigence, prêts à exercer la profession qu’ils désirent : bien loin du rôle de simples vendeurs de produits », conclut-il.
Les meilleurs placements pour 2025
Les placements boursiers ont connu une année faste en 2024. Les indices américains, avec le S&P 500 et le Nasdaq en tête, ont enregistré des performances insolentes, dépassant les 30 %. Même le DAX allemand, alors que l’économie nationale flirte avec la récession, affiche une progression de près de 20 % !
Les marchés obligataires n’ont pas été en reste, et le crédit noté « high yield » se distingue parmi les leaders des classements de performance, tant en Europe qu’aux États-Unis, à l’égal de la dette émergente.
En France, le tableau est plus sombre. L’instabilité politique et le déficit public vertigineux ont inquiété les investisseurs. Le CAC 40, ainsi, enregistre une chute de 2 % sur l’année civile écoulée.
Ces incertitudes se font également ressentir sur le marché immobilier. À Paris, les prix reculent de près de 7 %.
Quels placements privilégier dans ce contexte ?
Loin de succomber à l'attentisme, nous pensons que les périodes d’incertitude peuvent offrir des opportunités d’investissement uniques. Dans un environnement marqué par des baisses de taux et une instabilité économique, particulièrement en Europe et en Chine, trois placements se démarquent : l’immobilier, les marchés obligataires et le private equity.

1. L’Immobilier résidentiel Parisien
Après plusieurs années de forte progression, le marché immobilier parisien marque une pause depuis 2022. Selon les chiffres communiqués par le Conseil supérieur du notariat, les prix ont reculé de 5,7 % en 2023, puis de 6,7 % en 2024. Ainsi, le prix moyen au mètre carré avoisine désormais les 9 500 € dans la Ville Lumière.
Cependant, des signaux encourageants laissent entrevoir une reprise. La production de crédits repart à la hausse, tandis que les taux d’intérêt amorcent une baisse progressive.
Le contexte
Le marché immobilier semble enfin toucher son point d’équilibre après près de deux années de déclin.
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Des indicateurs encourageants
Comme le dit l’adage, après la pluie vient le beau temps. En 2024, le nombre de transactions immobilières en France a chuté de 17 %, avec seulement 780 000 transactions enregistrées sur les douze derniers mois, contre 1,13 million en 2022. La contraction a été encore plus marquée pour les crédits immobiliers, en baisse de 56 % par rapport au pic de 2022.

Fort heureusement, à partir du deuxième trimestre, les chiffres ont commencé à s’améliorer. Les grands indicateurs influençant le marché immobilier parisien s’orientent désormais à nouveau dans le bon sens. Les banques, en particulier, ont relancé la production de crédits immobiliers, facilitant ainsi l’accès au financement pour les acheteurs. Selon la Fédération bancaire française, la production de crédits à l’habitat s’est élevée à 10,4 milliards d’euros en octobre, marquant une reprise notable par rapport au creux de 6,9 milliards enregistré en mars 2024.
Autre bonne nouvelle : les taux d’intérêt sont en baisse. Sous l’impulsion de la Banque centrale européenne, le taux moyen d’un prêt immobilier sur 20 ans s’établit désormais à 3,5 %, contre 4,35 % en décembre 2023. Certains courtiers estiment même que les taux pourraient flirter avec la barre symbolique des 3 % dans les mois à venir.
Pourtant, Guillaume Lucchini, associé fondateur du multi-family office Scala Patrimoine, tempère : « Bien que cette perspective soit encourageante pour le marché parisien, il ne faut pas s’attendre à un retour aux taux proches de 1 % observés avant 2020. Cela dit, la correction des prix offre une véritable opportunité. Les acquéreurs sont en position de force, et il serait regrettable de ne pas en profiter. »
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Des marges de négociation plus importantes ?
Autre signe d’évolution favorable : les propriétaires se montrent plus disposés à négocier les prix. Marc Hofer, directeur du département immobilier de Scala Patrimoine et de l'Offre DEMARCEAU, confirme : « Les vendeurs acceptent désormais la réalité du marché. Les marges de négociation à l’achat s’élargissent, et il n’est pas rare de voir des baisses de l’ordre de 15 % dans les quartiers les plus prisés de Paris. »
La profondeur du marché s’est également accrue au dernier trimestre de l’année. Après les Jeux Olympiques, de nombreux biens ont été mis en vente, souvent à des prix trop élevés. Mais faute d’acheteurs, les vendeurs ont dû revoir leurs prétentions à la baisse.
Marc Hofer met notamment en avant deux cas concrets qu’il a rencontré : « un appartement de 27 m² dans le 7ᵉ arrondissement initialement affiché à 399 000 € n’a reçu aucune offre. Finalement négocié à 350 000 € avec des travaux à prévoir, il a trouvé preneur à un prix proche de 13 000 €/m², contre 17 000 €/m² avant la crise. Un autre bien, dans le 17ᵉ arrondissement, de 26 m² avec un balcon de 5 m², initialement proposé à 355 000 €, a été vendu pour 310 000 €, là aussi avec des travaux nécessaires. »
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Un optimisme retrouvé ?
L’élément le plus significatif reste peut-être la confiance retrouvée des ménages français. Depuis septembre, selon l’INSEE, les intentions d’achat immobilier progressent nettement (de -86 en février à -81 en novembre). Ce regain d’optimisme touche autant les particuliers que les professionnels.
L’instabilité économique et politique pourrait-elle freiner cette dynamique naissante ? La croissance économique reste anémique (+0,2 % au premier semestre 2024), alors que les tensions politiques perdurent. Mais Marc Hofer se veut toutefois rassurant : « Ces éléments ne semblent pas encore influencer directement les décisions des vendeurs ou des acheteurs. Nos clients cherchent avant tout des investissements patrimoniaux durables, indépendants des aléas économiques et politiques à court terme. »
Nos Convictions
Pour guider nos clients dans leurs investissements, nous appliquons un principe intemporel : « l’emplacement, l’emplacement, l’emplacement ». Selon nous, l’attractivité d’un bien dépend avant tout de sa localisation.
C’est pourquoi nous privilégions les zones où la tension locative est forte. À cet égard, l’immobilier résidentiel parisien, en particulier les petites surfaces, reste un choix judicieux. Marc Hofer le souligne : « Paris est non seulement considérée comme la plus belle ville du monde, mais ses prix immobiliers restent attractifs à l’international. Investir à Paris, c’est miser sur l’émotion, le prestige, et la stabilité. Même en temps de crise, les prix à Paris évoluent positivement. »
Autre avantage notable : la forte demande locative. Les biens de qualité trouvent preneur rapidement, sans difficulté. Par ailleurs, les nouvelles réglementations énergétiques offrent des opportunités intéressantes pour acquérir des biens anciens à des conditions attractives, avec l’objectif de les rénover.
Enfin, l’immobilier parisien reste hétérogène. Chaque arrondissement répond à des dynamiques spécifiques. Il est donc crucial de faire preuve de sélectivité, tant dans le choix de l’emplacement que dans les conditions d’acquisition. Comme l’explique Marc Hofer : « Lors de la dernière crise, certains quartiers, comme les 4ᵉ, 6ᵉ, 7ᵉ et 8ᵉ arrondissements, ont nettement mieux résisté que d’autres. »
2. Les marchés obligataires
Le scénario idéal que nous avions esquissé il y a un an pour les marchés obligataires en 2024 s’est concrétisé : une baisse des taux dans un contexte d’inflation maîtrisée et un atterrissage en douceur de l’économie mondiale. Et pour 2025 ? Les indicateurs semblent toujours au vert, augurant une année pleine d’opportunités.
Le contexte
Après une longue période de désamour, les marchés obligataires ont retrouvé leurs lettres de noblesse. Attirés par des rendements attrayants, les investisseurs manifestent un appétit croissant pour les titres de dette, qu’il s’agisse d’obligations d’entreprise ou d’État. Les nouvelles émissions, tant sur le segment corporate que public, trouvent ainsi rapidement preneur.
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Un alignement des planètes en 2024
De nombreux facteurs favorables ont redonné de l’éclat aux marchés obligataires : la baisse des rendements monétaires, le ralentissement de l’inflation et la diminution des taux directeurs initiée par les banques centrales. Un alignement des planètes confirmé par Michael Lake, le directeur des investissements obligataires de Schroders : « Les obligations présentent des valorisations attrayantes. L’anticipation d’un recul de l’inflation renforce cet attrait, car elle préserve la valeur réelle des paiements d’intérêts tout en facilitant la baisse des taux d’intérêt par les banques centrales. »
En 2024, les investisseurs ont ainsi pu jouer sur les deux tableaux : le potentiel de revenu offert par les obligations et la réalisation de plus-values potentielles.
La plus grande confiance des investisseurs s’est également traduite par un resserrement des écarts de taux, ou spreads. L’écart de rendement entre les placements sûrs (comme ceux de l’Allemagne ou de la France) et ceux plus risqués (tels que la Grèce, le Portugal ou l’Espagne) s’est, en effet, significativement réduit. « Cette tendance reflète la confiance des investisseurs, désormais enclins à s’exposer davantage aux actifs risqués. Ce rétrécissement des spreads est le fruit d’une croissance économique robuste, d’une forte demande pour les obligations et d’anticipations d’un environnement macroéconomique favorable » abonde en ce sens Julien Houdain, le responsable de la gestion obligataire mondiale flexible chez Schroders.
Ce constat mérite toutefois d’être nuancé. Les taux des obligations à dix ans des grandes puissances étatiques – Allemagne, Royaume-Uni, France, États-Unis – ont connu une hausse significative, marquée par de profondes disparités entre les nations. Cette situation s’explique notamment par le poids du risque politique pesant sur les pays européens, conjugué à l’érosion des anticipations de baisse des taux directeurs et à la vigueur persistante de la croissance économique aux États-Unis.

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Des fondamentaux prometteurs
En 2025, les fondamentaux du marché du crédit devraient rester solides. La baisse attendue des taux directeurs par la BCE, et dans une moindre mesure par la FED, devrait continuer à offrir des rendements intéressants. « Lorsque les taux d’intérêt baissent, le prix des obligations augmente, car les paiements fixes qu’elles offrent deviennent plus attractifs par rapport aux autres investissements disponibles sur le marché » précise Michael Lake.
Par ailleurs, les bilans des entreprises inspirent confiance. Les taux de défaut des émetteurs restent proches de la moyenne des 25 dernières années, rassurant ainsi les investisseurs. Karim Chedid, responsable de l’équipe d’investissement EMEA chez BlackRock, traduit l’état d’esprit général des investisseurs obligataires à Morningstar : « Malgré une croissance morose en Europe, nous pensons que les fondamentaux des entreprises resteront solides. Nombre d’émetteurs se sont désendettés ces dernières années, partant ainsi d’une base financière saine. »
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Des zones d’ombre subsistent
L’évolution des risques politiques et géopolitiques pourrait hélas ternir ce tableau. L’incertitude demeure, notamment sur la scène américaine, où le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche pourrait bouleverser les équilibres. Son programme, axé sur des baisses d’impôts et une hausse massive des tarifs douaniers, a toutes les chances de raviver les pressions inflationnistes et de creuser le déficit public américain.
Dans une note transmise aux investisseurs, un analyste de Fidelity met ainsi en garde : « Les changements dans les droits de douane commerciaux pourraient accentuer les tensions sur les flux économiques internationaux. Or, cette hausse risquerait d’alimenter l’inflation à un moment où la Fed cherche à réduire les taux d’intérêt. »
En effet, la partie longue des taux d’intérêt américains a déjà grimpé en flèche ces dernières semaines, un signe que les investisseurs intègrent ces risques dans leurs anticipations.
Nos convictions
Bien que nous restions optimistes à l’égard des marchés obligataires, certains facteurs de risque nous incitent à faire preuve d’une grande sélectivité dans nos choix d’investissement.
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Les taux souverains
Les obligations américaines affichent un rendement réel supérieur à celui observé en Europe, et ce malgré une inflation plus élevée. Par ailleurs, la repentification de la courbe des taux a été plus marquée aux États-Unis, renforçant l’attrait des maturités longues. Ces dernières bénéficient notamment de perspectives de croissance toujours robustes, avec une progression attendue de +2,2 % en 2025.
Romane Azzopardi, responsable de la gestion financière chez Scala Patrimoine, met cependant en garde : « Les investisseurs devront rester vigilants face à une volatilité persistante des taux, exacerbée par les pressions inflationnistes probables liées aux politiques commerciale et migratoire annoncées par Trump. Néanmoins, la récente hausse des taux longs américains peut être perçue comme une opportunité d’achat, offrant des valorisations plus attractives. »
Dans ce contexte, nous privilégions les placements monétaires aux obligations souveraines européennes. Bien que ces placements monétaires constituent principalement une solution d’attente, en raison de la tendance baissière des taux directeurs de la Banque Centrale Européenne (BCE), ils apparaissent plus attractifs. Les rendements peu compétitifs des obligations souveraines européennes, malgré une légère hausse sur les maturités longues en 2024, renforcent l’intérêt pour ces supports monétaires.
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Les obligations corporate
- En Europe
Bien que les taux de défaut devraient demeurer inférieurs à la moyenne historique, nous privilégions néanmoins les fondamentaux et les entreprises présentant des bilans solides. Dans cette optique, notre attention se porte sur la robustesse des bénéfices des entreprises et sur l’évolution de la situation économique en Europe.
Romane Azzopardi, responsable des convictions chez Scala Patrimoine, souligne : « Bien que les rendements du crédit aient diminué en 2024 (entre 70 et 150 points de base selon la notation crédit), le portage demeurera avantageux en 2025, avec des rendements réels positifs. »
En Europe, nous privilégions le crédit investment grade par rapport aux obligations souveraines, en raison du rendement plus attractif du crédit et des spreads qui, bien qu’ils se soient resserrés, restent au-dessus de leurs niveaux historiques. « En comparaison, les spreads du crédit investment grade aux États-Unis ont davantage diminué et se rapprochent des points bas historiques », précise Romane Azzopardi.
Nous favorisons ainsi l’Investment Grade plutôt que l’High Yield, en raison des risques qui pèsent sur l’activité économique en Europe. Nous nous efforçons de sélectionner des entreprises aux fondamentaux solides et aux bilans sains, gages de confiance pour les investisseurs étrangers.
« Le segment High Yield peut constituer une source de diversification afin d’amplifier le rendement attendu. Toutefois, il est préférable de privilégier les durées courtes (moins de 2 ans) et les notations crédit élevées. L'absence de perspective de récession pour 2025 reste favorable à ces entreprises, mais la sensibilité du segment High Yield à une dégradation de l’activité européenne demeure plus forte que celle du segment Investment Grade », observe Romane Azzopardi.
- Aux États-Unis
Aux États-Unis, compte tenu des perspectives de croissance robustes et de la solidité des bilans des entreprises américaines les mieux notées, soutenues par une politique fiscale avantageuse, les spreads devraient rester serrés. Le risque baissier sur les valorisations du crédit Investment Grade américain demeure faible. « Comme en Europe, avec des perspectives positives pour le dollar en 2025 et un différentiel de taux d’intérêt favorable aux États-Unis, nous estimons que le portage sur des rendements attractifs pourrait s'avérer bénéfique », ajoute Romane Azzopardi, responsable de la gestion financière du Multi Family Office Scala Patrimoine.
Concernant le segment High Yield, nous adoptons une posture prudente, compte tenu des risques haussiers sur les taux en cas de résurgence de l'inflation aux États-Unis, ce qui pourrait pénaliser les sociétés les plus fragiles.
Les obligations financières ont été l’un des segments les plus performants en 2024, continuant de délivrer des rendements plus attractifs que le reste de la classe Investment Grade. La dette financière subordonnée émise par de grandes banques Investment Grade se révèle particulièrement séduisante. Comme le précise Romane Azzopardi : « Une prime de risque est offerte pour un risque plus élevé (le remboursement dépend du règlement préalable des autres créanciers), mais ce risque est très maîtrisé lorsqu’il concerne des émetteurs de qualité, dont les bilans ont été renforcés par le durcissement continu de la réglementation bancaire. »
3. Le Private Equity
Le capital-investissement fait face à de nombreux défis, entre incertitudes économiques et ralentissement des levées de fonds. À l’aube de 2025, un redémarrage prudent est attendu, porté par des valorisations ajustées et une gestion plus active des portefeuilles. Malgré tout, le private equity conserve son potentiel, notamment grâce aux stratégies secondaires, à la dette privée et au capital-risque, ouvrant des perspectives prometteuses pour les investisseurs avisés.
Le contexte
L’attrait des investisseurs pour le private equity ne se dément pas, malgré les nombreuses incertitudes qui pèsent sur l’économie mondiale.
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Les atouts de la classe d’actifs
Le private equity a su s’imposer comme une composante incontournable de l’allocation d’actifs des investisseurs particuliers.
Mais comment expliquer un tel engouement ? Cette appétence s’explique avant tout par le besoin des investisseurs privés de diversifier leurs positions. En effet, le private equity offre un accès à des entreprises au profil bien différent de celles cotées en bourse. Les fonds de capital-investissement se concentrent sur des entreprises non cotées – start-ups, PME, ETI – à des étapes charnières de leur développement, lorsque leur potentiel de croissance est, en théorie, à son apogée.
Un autre atout majeur réside dans la proximité que ces fonds entretiennent avec les entreprises et leurs dirigeants. Cette relation privilégiée leur confère des leviers d’action significatifs pour orienter la stratégie des sociétés en portefeuille, favorisant ainsi un impact direct et concret sur l’économie réelle.
Enfin, sur le long terme, le private equity brille par ses performances. D’après une étude de France Invest, cette classe d’actifs a enregistré un taux de rendement interne (TRI) net de 14,2 % par an au cours des dix dernières années, consolidant ainsi sa position parmi les placements les plus attractifs.
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Une période de doute
Depuis 2021, avec le début de la guerre en Ukraine, le marché du private equity doit affronter un environnement économique marqué par une adversité croissante. La reprise tant espérée demeure également plus lente que prévu, révélant une attitude d'attentisme persistant au sein du secteur.
En France, ce ralentissement se traduit par une baisse des levées de fonds et une paralysie des transactions. Durant le premier semestre 2024, 14,7 milliards d’euros ont été investis dans 1 463 entreprises et projets d’infrastructure. Ce chiffre reste stable par rapport à la même période en 2023, mais accuse un recul de 4 milliards d’euros par rapport à 2022. Les levées de fonds, elles, enregistrent également un net repli : 13,3 milliards d’euros ont été mobilisés auprès des souscripteurs, soit une diminution de 8 milliards d’euros par rapport à 2022.
« Bien que ces tendances observées sur un premier semestre ne reflètent pas nécessairement l’ensemble de l’année, elles traduisent un marché qui n’a pas encore retrouvé sa pleine vigueur sur certains segments », reconnaît Bertrand Rambaud, président de France Invest.
Les incertitudes politiques des deux côtés de l’Atlantique contribuent à alimenter cette prudence généralisée. Nicolas Tixier, directeur national du Conseil Financier chez Grant Thornton, analyse ainsi la situation : « La création de valeur par les acteurs du capital-investissement reposera probablement, pour quelque temps encore, sur un travail approfondi sur les portefeuilles existants, via des stratégies de consolidation et de croissance externe. »
Cette posture attentiste est également soulignée par Adrien Tourbet, responsable des investissements non cotés chez Scala Patrimoine : « 2023 et 2024 furent deux années marquées par une certaine retenue des acteurs du private equity. Nous anticipons toutefois une reprise progressive du marché en 2025, portée par les grandes opérations sur le segment large cap. »
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Un redémarrage en douceur ?
En 2025, le marché du private equity nourrit l’espoir de tirer parti des mesures d’assouplissement monétaire adoptées par les banques centrales. Toutefois, Adrien Tourbet appelle à modérer les attentes les plus optimistes. « La baisse des taux ne suffira pas, à elle seule, à relancer le marché du capital-investissement. Pour cela, il faudra non seulement que les acteurs retrouvent confiance, mais également que les fonds s’adaptent aux nouvelles conditions du marché. Ces derniers devront revoir leurs exigences à la baisse afin de céder leurs actifs et ainsi faire remonter des liquidités à leurs actionnaires et favoriser ainsi de nouveaux réinvestissements. »
Actuellement, près de 2 600 milliards d’euros de transactions restent immobilisés dans les portefeuilles des fonds de private equity européens. Cette durée d’immobilisation, inhabituelle, prive les investisseurs de retours en numéraire et freine les futures levées de fonds. Cependant les fonds, après avoir accumulé d’abondantes liquidités (dry powder), devraient se lancer prochainement dans la course aux acquisitions.

Ces acquisitions pourraient d’ailleurs être facilitées par la baisse des valorisations. Alors qu’en 2020, les fonds déboursaient en moyenne 12,4 fois l’Ebitda pour leurs cibles, celle-ci est retombée à 9,9 fois l’Ebitda.
Adrien Tourbet confirme cette tendance : « Bien que les indices de valorisation doivent toujours être analysés avec un certain recul, ils reflètent néanmoins une évolution nette : les valorisations ont diminué au cours des trois dernières années. Cela dit, certains secteurs très prisés, comme celui de la santé, continuent de faire figure d’exception. »
D’autant que l’état de santé des entreprises ne suscite guère d’inquiétudes : leurs bilans restent, dans l’ensemble, relativement solides.
Nos convictions
Malgré les incertitudes qui jalonnent l'horizon économique, nous demeurons convaincus du potentiel offert par le private equity. Les stratégies secondaires, en particulier, se distinguent par des opportunités de valorisation prometteuses, tandis que les fonds de co-investissement continuent d’occuper une place centrale dans nos démarches, alliant l’optimisation des rendements à une gestion maîtrisée des frais.
Parallèlement, les stratégies de dette privée s’affirment comme des solutions de financement de plus en plus prisées. La dette mezzanine et le growth buyout, notamment, jouent un rôle clé en accompagnant les entreprises dans leurs phases de croissance, offrant ainsi des perspectives de développement solides. Quant au capital-risque, il bénéficie d’un nouvel élan, particulièrement dans les secteurs technologiques et ceux liés à la transition énergétique, ouvrant des horizons captivants pour les startups les plus innovantes.
Dans ce contexte, nous préconisons une stratégie résolument diversifiée et ancrée dans une vision de long terme. L’équilibre apparaît comme le maître-mot : une approche mesurée et réfléchie permet de saisir les multiples opportunités tout en atténuant les effets des soubresauts conjoncturels.
Conclusion
En conclusion, l'année 2025 se profile comme un terrain riche en promesses pour les investisseurs avisés. Toutefois, dans un contexte économique et politique aussi mouvant, il est essentiel de respecter quelques principes fondamentaux. Avant tout, la diversification demeure un pilier incontournable. Comme le souligne à juste titre Guillaume Lucchini, « c’est elle qui permet de répartir les risques en évitant de concentrer ses investissements dans une seule classe d'actifs ou un unique scénario de marché ». En diversifiant ses placements, on se prémunit contre les fluctuations négatives d’un secteur tout en tirant parti des opportunités qu’offrent d’autres marchés.
Ensuite, il est crucial d'adopter une approche régulière dans ses investissements, au fil de l'eau, plutôt que de céder à l'attente du « moment parfait ». Cette stratégie permet de lisser les prix d'achat, d'éviter les décisions impulsives et de mieux résister à la volatilité à court terme. Enfin, il ne faut jamais oublier que l'investissement est avant tout un jeu de patience. Comme le rappelle le président de Scala Patrimoine : « Adopter une vision à long terme permet de traverser les périodes turbulentes tout en restant focalisé sur l'objectif de valoriser votre capital sur plusieurs années ».
Une stratégie également conseillée par le brillant économiste américain Paul Samuelson, qui aimait dire : « Investir devrait plus ressembler à regarder de la peinture sécher ou à observer l’herbe pousser. Si vous recherchez de l'excitation, prenez 800$ et allez à Las Vegas. »
Les Échos : Guillaume Lucchini explore les enjeux de la cession d’entreprise
Pour un entrepreneur, vendre son entreprise représente bien plus qu’un simple acte économique : c’est une étape cruciale, mêlant considérations professionnelles et bouleversements personnels. Au-delà des enjeux émotionnels, cette transition implique des choix complexes, notamment sur le plan patrimonial. Une anticipation méticuleuse s’avère donc essentielle pour maîtriser l’impact fiscal et préparer l’avenir, qu’il s’agisse de protéger ses proches ou de valoriser son patrimoine.
Dans un dossier spécial, Les Échos, sous la plume de Laurence Boccara, Laurence Delain et Françoise Paoletti, est allé à la rencontre de Guillaume Lucchini, associé fondateur du multi-family office Scala Patrimoine. Ensemble, ils explorent les stratégies patrimoniales et les solutions d’investissement taillées sur mesure pour les entrepreneurs en phase de cession.
Structurer son patrimoine : un levier d’optimisation fiscale et organisationnelle
Dans leur enquête intitulée « J’ai vendu mon entreprise : que faire de mon argent ? », Les Échos soulignent l’importance de créer une structure juridique adaptée, comme une holding ou une société civile immobilière (SCI). Ces entités permettent non seulement d’alléger la fiscalité liée à la cession, mais aussi de mieux organiser la gestion des actifs post-cession. Une holding, par exemple, offre des avantages comme le régime mère-fille ou l’apport de titres dans un cadre fiscal optimisé. Lorsqu’elle est constituée suffisamment tôt, cette structure apporte une grande flexibilité pour réinvestir le capital tout en limitant l’imposition immédiate.
Le choix du régime matrimonial s’avère également important. Il joue, en effet, un rôle clé dans la protection du conjoint. Des dispositifs comme la clause de préciput ou la souscription à une assurance-vie peuvent ainsi garantir un équilibre financier dans le couple.
La transmission du patrimoine, quant à elle, exige une planification rigoureuse. L’utilisation des abattements fiscaux pour les donations constitue une opportunité majeure : chaque parent peut transmettre jusqu’à 100 000 euros par enfant, tous les 15 ans, sans imposition. Au-delà de ce seuil, des droits de succession s’appliquent. « Il est souvent moins coûteux de payer des droits de donation de son vivant que de laisser des héritiers régler des droits de succession importants sans préparation. De plus, ces droits peuvent être pris en charge par le donateur », souligne d'ailleurs Guillaume Lucchini.
Investir : des solutions pour valoriser son capital lors de la cession de son entreprise
Les solutions d'investissement sont nombreux. Parmi les options privilégiées, le private equity séduit particulièrement les entrepreneurs. Ce type d’investissement leur permet de réinjecter des fonds dans un domaine qu’ils maîtrisent souvent déjà. « Ils ont parfois eux-mêmes eu recours à ce marché lors du lancement ou du développement de leur entreprise. Pour un ancien dirigeant, le risque est perçu comme une opportunité : plus il est élevé, plus le rendement potentiel l’est également », rappelle une journaliste. En investissant dans des entreprises innovantes ou à forte croissance, les entrepreneurs diversifient leur patrimoine tout en restant acteurs du tissu entrepreneurial.
Autre pilier de l’investissement patrimonial : l’assurance-vie, en particulier sa déclinaison luxembourgeoise. Avec une souplesse accrue dans les supports d’investissement, une fiscalité attractive et une protection juridique renforcée, elle s’impose comme une solution incontournable pour sécuriser et dynamiser les fruits de la cession.
Enfin, les actifs tangibles tels que l’immobilier, les forêts ou les vignobles continuent de séduire. Ces biens allient valeur patrimoniale et avantages fiscaux, tout en offrant une dimension tangible qui rassure les investisseurs.
L’avis de Scala Patrimoine
Vendre une entreprise, ce n’est pas seulement tourner une page, c’est ouvrir un nouveau chapitre riche en opportunités. Cette étape représente une chance unique de monétiser son patrimoine, de le structurer et de poser les bases d’un avenir serein et ambitieux. Anticiper les aspects juridiques et fiscaux et choisir des investissements judicieux sont des leviers essentiels pour transformer cette cession en tremplin. Se faire accompagner par des experts, comme ceux de Scala Patrimonial, est donc crucial pour faire les bons choix et maximiser les bénéfices de cette étape décisive.
Le rendez-vous des marchés financiers - Novembre 2024
Marchés financiers & économie : les points clés
- Aux États-Unis, les marchés financiers ont salué avec enthousiasme la victoire de Donald Trump lors des élections présidentielles américaines.
- La Réserve fédérale (Fed) et la Banque centrale européenne (BCE) ont annoncé une nouvelle réduction de 0,25 point de leurs taux directeurs.
- La Chine a confirmé l’élaboration d’un nouveau plan de relance budgétaire, destiné à restaurer la confiance de sa population.
Quelles performances sur les marchés financiers ?
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Les marchés financiers dominés par l'actualité américaine
Les marchés financiers américains à la fête
Les records continuent de s’accumuler sur les marchés financiers. Les quatre principaux indices boursiers américains — le Dow Jones, le Nasdaq 100, le Nasdaq Composite et le S&P 500 — ont tous atteint des sommets inédits. Le S&P 500, en particulier, a signé son 47ᵉ record de l’année, tandis que le Dow Jones, franchissant pour la première fois la barre symbolique des 43 000 points, inscrit lui aussi une nouvelle page dans l’histoire boursière.
Ces performances spectaculaires sont, en partie, dues à la victoire de Donald Trump. Dès le lendemain de son annonce, les marchés ont enregistré une hausse sans précédent pour une journée suivant une élection présidentielle américaine. En effet, les investisseurs ont accueilli favorablement un programme résolument orienté vers la relance de l’activité économique. Parmi les principaux bénéficiaires de cette dynamique, les valeurs financières, pétrolières et technologiques se distinguent, encouragées par les promesses de déréglementation prônées par le nouveau président. Tesla, dirigé par Elon Musk, l’un des partisans les plus influents de Trump, a ainsi bouclé la séance avec une progression spectaculaire de 15 %. À l’inverse, les entreprises du secteur des énergies renouvelables ont été pénalisées par ces nouvelles orientations politiques, subissant des corrections notables.
Par ailleurs, Nvidia a récemment franchi un cap historique, atteignant une capitalisation boursière de 3 430 milliards de dollars. Ce faisant, elle devient la société la plus valorisée au monde, détrônant Apple et surpassant même la capitalisation totale de la Bourse de Paris (3 100 milliards de dollars), ainsi que la somme des Bourses de Francfort et de Milan réunies. Le géant des semi-conducteurs, fer de lance des avancées en intelligence artificielle, impose ainsi sa suprématie dans l’univers des technologies de pointe.
L’Europe en retrait
Loin de l’effervescence qui anime les marchés américains, les places européennes avancent prudemment, presque à tâtons. Les analystes ont revu à la hausse leurs prévisions de bénéfices pour l’indice EuroStoxx sur les douze mois à venir, les portant à 7,3 %. Ce chiffre reste cependant inférieur aux 14 % espérés pour l’indice S&P 500.
Depuis le 15 octobre, le CAC 40 perd du terrain (-3,5 %), suivi de près par l’EuroStoxx 50 (-3 %). Le DAX (- 1,6 %), demeure lui aussi négatif. Des performances qui demeurent très inférieures comparées à celles du S&P 500, qui affiche une progression de 2,3 % sur les trente derniers jours.
Cette dichotomie s'explique principalement par les inquiétudes suscitées par le retour en force du milliardaire républicain et son projet d'augmenter de manière significative les droits de douane sur une grande partie des produits importés d'Europe.
Outre-Manche, le FTSE recule de 1,5 % sur le mois. En Asie, l’Inde et la Chine ne sont pas épargnées par la morosité des marchés : le Nifty 50 et le Shanghai Composite accusent des baisses de 6 % et 1,5 % respectivement.
Pourtant, les actions chinoises demeurent attractives, avec des valorisations relativement faibles. Le MSCI China se négocie à un ratio cours/bénéfices de 10,2x, tandis que le CSI300 affiche un ratio de 12,7x.

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Les taux étatiques s’envolent
Le programme économique présenté par Donald Trump, qui prévoit de nombreuses baisses d’impôts, risque de coûter cher aux contribuables américains. Anticipant cette situation, les investisseurs prévoient une hausse substantielle du déficit budgétaire des États-Unis et, par conséquent, une explosion de la dette publique.
Logiquement, les taux d’intérêt à long terme américains connaissent une progression marquée. Le taux de référence, celui de l’emprunt d'État à 10 ans, s’élève désormais à 4,4 %. Parallèlement, le dollar enregistre une hausse de plus de 1,5 % face aux devises de ses principaux partenaires commerciaux. L’euro, en baisse de près de 2 %, a franchi la barre des 1,075 dollar.
En France, le taux de l’Obligation Assimilable du Trésor (OAT) à 10 ans a également connu une hausse de 10 points de base en moins d’un mois, atteignant actuellement 3,08 %. De son côté, le taux allemand grimpe dans les mêmes proportions, se fixant à 2,34 %.
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Une baisse à venir pour l’or ?
Le 30 octobre dernier, l'or atteignait un nouveau sommet, frôlant les 2 789 dollars l'once. Il s'agit là du quarantième record battu depuis le début de l'année. La demande pour ce métal précieux reste, il faut l'admettre, particulièrement soutenue. D’après le rapport trimestriel du World Gold Council, pour la première fois de son histoire, la demande mondiale en or a franchi la barre des 100 milliards de dollars. En l’espace d’une année, cette demande a augmenté de 5%, atteignant ainsi 1 313 tonnes.
Cependant, les achats d’or par les banques centrales ont ralenti au cours du troisième trimestre, se limitant à 186 tonnes. Depuis lors, le cours de l’once a connu un léger recul, redescendant à 2 566 dollars. Avec le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, les investisseurs nourrissent, à tort ou à raison, l’espoir d’une réduction des tensions géopolitiques, notamment la fin des conflits en Ukraine et au Moyen-Orient.
Simultanément, les crypto-actifs semblent également tirer parti de l’ascension de Trump. Porté par l'espoir d'une réglementation plus favorable, le bitcoin a franchi pour la première fois la barre des 70 000 euros, établissant un nouveau record historique à 85 661 euros.
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Le pétrole victime de l’électrification de l’économie mondiale ?
Le prix du Brent se négocie actuellement autour de 71 $ le baril. À moyen et long terme, et sauf en cas de bouleversement géopolitique majeur, il semble peu probable que le cours de l’or noir dépasse à nouveau les 100 $. Plusieurs éléments militent, en effet, en faveur de ce scénario.
Tout d’abord, l’exploitation des hydrocarbures de schiste a permis aux États-Unis d’atteindre une quasi-autonomie énergétique. En conséquence, la dépendance mondiale vis-à-vis du pétrole a diminué, ce qui exerce une pression à la baisse sur les prix. Par ailleurs, l’électrification progressive des économies mondiales n’encourage guère la consommation de pétrole. Cette tendance est confirmée par le directeur de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) : « Nous avons connu l’ère du charbon, l’ère du pétrole, et nous entrons désormais à grande vitesse dans l’ère de l’électricité. »
En outre, l’AIE prévoit que la demande mondiale de toutes les énergies fossiles (pétrole, gaz et charbon) atteindra au plus tard son pic « d’ici la fin de la décennie ». Parallèlement, les sources d’énergie à faible émission, telles que le nucléaire, le solaire et l’éolien, devraient produire plus de la moitié de l’électricité mondiale avant 2030. Cela souligne l’importance croissante des énergies renouvelables dans le mix énergétique global.
Enfin, même si l’Arabie Saoudite, l’un des plus grands producteurs de pétrole au monde, reste un acteur majeur sur le marché, elle doit maintenir une production élevée pour financer des projets ambitieux, tels que la ville futuriste de NEOM. Toutefois, cette stratégie pourrait se heurter à un contexte économique moins favorable, notamment en raison des prévisions de demande de pétrole révisées à la baisse. En effet, la croissance économique mondiale demeure modeste, notamment en Chine, un facteur qui pourrait limiter la demande de pétrole à l’échelle mondiale.
Économie américaine : un effet Trump ?
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Le « Red Sweep »
Les élections présidentielles américaines ont rendu leur verdict : Donald Trump a été élu 47e président des États-Unis. Kamala Harris, vice-présidente et candidate démocrate, héritière du mandat de Joe Biden, s'incline. Comme le souligne Brad Brezinski, directeur des relations avec les investisseurs internationaux chez Robeco : « Le candidat républicain a remporté la quasi-totalité des États clés et a fait des gains considérables dans des bastions traditionnels des démocrates, tels que le New Jersey et New York. »
« The Donald » devient ainsi le deuxième président américain à servir deux mandats non consécutifs, après le démocrate Grover Cleveland, à la fin du XIXe siècle. La domination des républicains est d'ailleurs totale. En effet, ceux-ci contrôleront désormais le Sénat, la Chambre des représentants et la présidence, accomplissant ainsi un véritable « Red Sweep ».
À court et moyen terme, Brad Brezinski estime que « la victoire de Trump devrait stimuler les bénéfices des entreprises, privilégier la production nationale grâce aux droits de douane promis, et favoriser des secteurs tels que l’énergie (partisan des émissions de carbone), la finance (dérégulation) et les matériaux. »
À plus long terme, l'impact des droits de douane et des prolongations envisagées des réductions fiscales de Trump pourrait engendrer une augmentation significative du déficit américain, ainsi que des répercussions sur l'inflation. Mais, comme le précise le gérant de Robeco, « Le marché attendra de voir ce qui n'était jusque-là que des promesses de campagne se transformer en actions concrètes, qui seront au cœur des préoccupations dès le début du mandat de Trump, en janvier 2025. »
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L’emploi déçoit
Les statistiques macroéconomiques publiées aux États-Unis présentent un tableau contrasté.
Commençons par les nouvelles positives. La confiance des consommateurs, tout d'abord, s'améliore sensiblement. Selon les données du Conference Board, l'indice de confiance des consommateurs a bondi à 108,7 en octobre, enregistrant une forte hausse par rapport aux 99,2 de septembre. Ce regain de confiance est le plus important depuis mars 2021. Les analystes prévoyaient une hausse plus modeste à 99,3.
Le PMI manufacturier, quant à lui, se redresse, même si de manière plus mesurée que prévu (de 47,3 à 47,8 contre 47,5 anticipé). Il reste néanmoins en territoire de contraction en octobre. À l’inverse, le PMI des services affiche une progression plus modeste, passant de 55,2 à 55,3, mais demeure toujours en zone d’expansion.
Bien que les ventes de maisons existantes aient déçu en septembre (-1 % en rythme mensuel), les ventes de maisons neuves surprennent positivement, enregistrant une hausse de 4,1 % en rythme mensuel.
Cependant, la plus grande source d'inquiétude réside désormais dans le marché de l’emploi. Selon l'enquête mensuelle du Bureau of Labor Statistics (BLS), le nombre d'offres d'emploi a chuté de manière significative, passant de 8 millions à moins de 7,5 millions.
Les créations d'emplois (NFP) se montrent également décevantes, s’élevant à seulement 12 000, un chiffre bien en-deçà des attentes, qui tablaient sur 106 000 nouveaux postes. Et comme souvent dans ces périodes d'incertitude, les mauvaises nouvelles volent en escadrille. Le département du Travail a en effet révisé à la baisse les chiffres précédemment publiés. Les 254 000 emplois créés en septembre ont été corrigés, et le chiffre pour le mois d'août, initialement de 159 000, a été abaissé à 78 000.
Le taux de chômage, toutefois, reste stable à 4,1 %.
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La Fed abaisse une nouvelle fois ses taux
Une nouvelle baisse de 25 points de base
La croissance du PIB en rythme annualisé atteint 2,8 % au troisième trimestre, contre 3 % au deuxième trimestre. Alors que l’inflation core-PCE - l'indice de prix des dépenses de consommation personnelle, excluant les prix de l'alimentation et de l'énergie - est de 2,7 % en rythme annualisé en septembre.
Sans surprise, la Réserve fédérale américaine (Fed) a donc, pour la deuxième fois consécutive, abaissé ses taux directeurs. Cette réduction de 25 points de base, moins agressive que celle de septembre (qui atteignait 50 points de base), place désormais les taux dans une fourchette de 4,50 à 4,75 %.
Pour justifier cette décision, le Comité fédéral de l'open market (FOMC), chargé de définir la politique monétaire, a précisé que « les risques pesant sur la réalisation de ses objectifs en matière d’emploi et d’inflation sont à peu près équilibrés ». Le comité a également dressé un rapide bilan du marché du travail : « les conditions se sont globalement améliorées, le taux de chômage a augmenté mais demeure faible, tandis que l’économie continue de croître à un rythme soutenu. »
Malgré cette bonne performance de l'économie américaine, le comité n'exclut pas une nouvelle baisse de 25 points de base en décembre, laissant ainsi la porte grande ouverte à un éventuel ajustement.
De l'eau dans le gaz entre Trump et Powell ?
Et pour 2025 ? La trajectoire paraît plus incertaine, d'autant que, sur le plan économique, l’arrivée au pouvoir de Donald Trump pourrait rebattre les cartes. Le nouveau président prévoit en effet une série de baisses d’impôts dans le but de stimuler la croissance.
Jerome Powell a toutefois tenu à rappeler que « les élections, à court terme, n’auront aucun effet sur nos décisions ». Il a précisé : « nous ignorons le calendrier et la nature exacte des réformes à venir, et donc les impacts potentiels sur l’économie. Nous ne devinons pas, nous ne spéculons pas, nous ne faisons pas de suppositions. »
Le président de la Fed a par ailleurs exclu de démissionner malgré la victoire de Donald Trump, qui lui avait adressé, il y a quelques mois, une salve de critiques, l’accusant notamment de mener une politique trop prudente. Selon la Fed, Donald Trump n’a légalement pas le pouvoir de le démettre de ses fonctions, ni de destituer aucun des membres du conseil des gouverneurs de la banque centrale.
Zone Euro : à la croisée des chemins
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Une confiance à restaurer
La zone euro a enregistré un rebond inattendu de sa croissance. Au cours du troisième trimestre, le produit intérieur brut (PIB) a augmenté de 0,4 % par rapport au trimestre précédent, contre une prévision de +0,2 %. Une performance encourageante, attribuée, selon Eurostat, « à la résilience de l'Allemagne, qui a échappé à la récession », comme l'a annoncé l'agence européenne.
Cependant, les services du Fonds monétaire international (FMI) ont révisé à la baisse leurs projections économiques pour la zone euro dans les années à venir. Selon leurs estimations, l'économie devrait croître de 0,8 % en 2024, avant d'atteindre 1,3 % en 2025 et 1,5 % en 2026.
Les économistes imputent ce ralentissement à la morosité persistante des acteurs économiques. En octobre, les indices de confiance ont de nouveau reculé, passant de 96,3 à 95,6. Cependant, la confiance des ménages s'améliore légèrement, en ligne avec les attentes, passant de -12,9 à -12,5.
Le PMI manufacturier d'octobre a quant à lui réservé une surprise agréable, s'établissant à 45,9 contre 45 précédemment. En revanche, celui des services n'a pas répondu aux attentes, enregistrant une légère baisse, de 51,4 à 51,2.
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Les pressions inflationnistes s’estompent
La bataille contre l’inflation est-elle en passe d’être remportée ? En septembre, les pressions inflationnistes se sont atténuées davantage que prévu, atteignant 1,7 % sur un an. Pour la première fois depuis plus de trois ans, l’inflation tombe ainsi sous le seuil symbolique des 2 %.
Lors de sa dernière intervention, Christine Lagarde s’est d’ailleurs montrée plus prolixe que d’ordinaire. Elle a notamment souligné que la BCE « était en train de tordre le cou à l’inflation », ajoutant que « le plan se déroulait comme prévu ». Avant de conclure : « Je souhaite que cet objectif de 2 % soit atteint de manière durable. En l’absence de choc majeur, cela devrait se réaliser au cours de l’année 2025. » Plus encore, la présidente de la BCE a exclu toute perspective de récession en Europe.
Fidèle à son pragmatisme, la Banque centrale européenne a donc saisi l’occasion pour abaisser une nouvelle fois ses taux directeurs de 0,25 point, les portant à 3,25 %. Il s’agit de la troisième baisse de l’année, une décision attendue au regard de la révision à la baisse des prévisions inflationnistes pour septembre et des récentes données économiques faibles.
Si la BCE se veut réaliste et annonce qu’elle prendra ses décisions en fonction des chiffres économiques à venir, il est possible de lire entre les lignes qu’une quatrième baisse de taux en décembre prochain est déjà presque actée.
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Rapport Draghi : un nouveau programme d’investissement sur la table ?
L'ancien président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, vient de publier le rapport commandé par la Commission européenne sur l’avenir de la compétitivité du continent. Ce document dresse un tableau sombre de la situation économique actuelle de l’Union européenne.
Draghi souligne l'écart grandissant entre les économies européenne et américaine, particulièrement en ce qui concerne le produit intérieur brut (PIB). Il rappelle que depuis l’an 2000, le revenu disponible réel par habitant a augmenté deux fois plus vite aux États-Unis qu’en Europe. Ainsi, la différence de PIB entre l’Union européenne et les États-Unis, qui était de 15 % en 2002, atteint désormais 30 % en 2023.
Les points clés de ce rapport mettent en lumière les défis colossaux auxquels l’Europe est confrontée :
- L’Union européenne a manqué le tournant de l’innovation numérique, se privant des gains de productivité qu’elle aurait pu en retirer.
- Une stratégie industrielle commune est désormais impérative pour combler ce retard, avec un accent particulier sur l'innovation.
- La politique commerciale allemande, trop dépendante des exportations, expose l’Europe aux risques des fluctuations extérieures sans réelle intégration économique à l’échelle européenne.
Pour y remédier, M. Draghi propose d’augmenter les investissements de l’Union à hauteur de 750 à 800 milliards d’euros par an afin de financer des réformes cruciales. Ce montant, représentant entre 4,4 % et 4,7 % du PIB européen, atteindrait un niveau d'investissement inédit depuis plus d’un demi-siècle.
Parmi les recommandations, Draghi plaide pour des investissements dans des infrastructures énergétiques communes, la coordination des dépenses en matière de défense, la sécurisation de l’approvisionnement en matières premières stratégiques, et la création de conditions propices à l’émergence d’une nouvelle génération de champions européens dans les technologies de pointe et les innovations écologiques.
La dette française sous surveillance
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La France dans l'œil du cyclone
Il y a quelques semaines, l'agence de notation Fitch a choisi de maintenir la note de la France à « AA- », tout en plaçant le pays sous perspective négative. En d'autres termes, si le nouveau gouvernement ne parvient pas à réduire significativement le déficit public dans les mois à venir, la note de la France risque fort d’être abaissée. La tâche s’annonce colossale : le déficit public devrait atteindre 6,1 % du PIB.
Les analystes de Fitch n'hésitent d’ailleurs pas à tirer la sonnette d'alarme. « Le dérapage budgétaire attendu cette année place la France dans une position défavorable, et nous anticipons désormais des déficits budgétaires plus conséquents, ce qui entraînera une augmentation marquée de la dette publique, jusqu'à 118,5 % du PIB d'ici 2028 », avertissent-ils.
L'agence se montre peu disposée à accorder un blanc-seing au nouveau gouvernement. « Nous ne nous attendons pas à ce que le gouvernement atteigne ses objectifs révisés de déficit à moyen terme, qui visent à ramener le déficit sous la barre des 3 % du PIB d'ici 2029 », a-t-elle précisé dans une note destinée aux investisseurs.
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Une dette qui explose
Plus récemment encore, Moody’s a émis des conclusions similaires. Bien que l'agence maintienne la note de la France à « Aa2 », elle a assombri sa perspective, la faisant passer de « stable » à « négative ». Selon Moody’s, cette décision reflète « le risque croissant que le gouvernement français ne parvienne pas à mettre en œuvre les mesures nécessaires pour contenir des déficits budgétaires potentiellement plus importants que prévu ».
Le résultat de ces sombres prévisions se traduit déjà par un alourdissement du coût de la dette. La charge de la dette, c'est-à-dire les seuls intérêts que la France doit verser, dépasse désormais les 50 milliards d’euros, devenant ainsi le deuxième poste de dépense de l’État, juste après l’Éducation nationale. Plus inquiétant encore, le service de la dette pourrait bientôt absorber l'intégralité des recettes de l'impôt sur le revenu. Chaque Français porte aujourd’hui, à titre individuel, une part de dette d'environ 47 000 euros.
Et à en juger par le budget 2025 présenté par le gouvernement, la situation ne semble pas près de s'améliorer.
La Chine joue son va-tout
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Le secteur immobilier sort de sa torpeur
Les récentes mesures du Politburo pour stimuler la consommation et encourager l’investissement commenceraient-elles à porter leurs fruits ? Les indices PMI officiels montrent une légère reprise : celui de l’industrie manufacturière s’établit à 50,1 (+0,3) et celui des services à 50,2 (+0,2). Par ailleurs, le secteur immobilier, longtemps embourbé, semble enfin reprendre son souffle. Les taux d’emprunt à un an et à cinq ans baissent de 25 points de base, atteignant respectivement 3,1 % et 3,6 %, au-delà des espérances.
Mieux encore, les ventes de logements neufs des 100 principaux promoteurs immobiliers chinois ont bondi de 73 % en octobre par rapport à septembre.
Au troisième trimestre, l’économie chinoise enregistre ainsi une croissance de 4,6 % en rythme annuel.
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Des défis structurels majeurs
Malgré cette accalmie relative, la Chine, sous la direction de Xi Jinping, doit faire face à de nombreux obstacles susceptibles de fragiliser son volontarisme économique. Outre l’autoritarisme du Parti communiste, le pays est confronté à des défis structurels majeurs, notamment le vieillissement de sa population et un endettement massif des entreprises comme des collectivités locales. La dette des gouvernements locaux, colossale, est estimée entre 7 000 et 11 000 milliards de dollars, soit environ deux fois celle du gouvernement central.
Les tensions commerciales avec les États-Unis et l’Europe ajoutent à cette pression. Un exemple frappant en est la décision récente de la Chine d’imposer des surtaxes sur les importations de cognac, en réponse à l’augmentation des taxes européennes sur les véhicules électriques chinois. Ce bras de fer commercial illustre bien l’escalade des tensions internationales.
Sans filet de protection sociale et face à un taux de chômage élevé parmi les jeunes, les ménages chinois demeurent prudents. La menace de la déflation se fait d’ailleurs de plus en plus sentir. Les chiffres de septembre confirment cette tendance, avec un indice des prix à la consommation (CPI) à seulement 0,4 % et un indice des prix à la production (PPI) en recul de 2,8 %.
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Un nouveau plan de relance ?
Les dirigeants chinois sont pleinement conscients que les mesures annoncées à la rentrée s'avèrent insuffisantes pour atteindre l'objectif ambitieux de 5 % de croissance en 2025. C'est pourquoi le Parti communiste a dévoilé un plan de relance supplémentaire.
Ce « bazooka » budgétaire devrait osciller entre 6 000 milliards de yuans (778 milliards d'euros) et 10 000 milliards de yuans (1 300 milliards d'euros).
Les mesures envisagées, qui entreront en vigueur dans les mois à venir, auront pour vocation de soutenir non seulement les gouvernements locaux, mais également les grandes banques d'État, le marché immobilier et les groupes clés de la population. On évoque, par exemple, la possibilité pour l'État de permettre aux gouvernements locaux d'acheter les stocks de logements invendus, rééquilibrant ainsi l'offre et la demande, tout en récupérant les terrains laissés à l'abandon par les promoteurs. Ce dispositif permettrait notamment aux familles chinoises ayant acheté des appartements sur plan de recevoir enfin leurs clés.
À travers ce paquet de mesures, Xi Jinping aspire à restaurer la confiance des citoyens et à stimuler à nouveau la consommation des ménages chinois.
Les convictions de Scala Patrimoine
Les marchés financiers avancent à tâtons. Les marchés actions américains performent, tandis que les marchés européens subissent le contre coup de l’élection de Donald Trump et de son programme très protectionniste.
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Les marchés actions
En octobre, les marchés actions ont connu des performances contrastées. Les actions des marchés développés ont enregistré une baisse de 2 %, principalement en raison des préoccupations liées à la croissance économique et aux incertitudes politiques aux États-Unis.
Des performances contrastées
Malgré un ton plus restrictif de la Banque du Japon, les actions japonaises ont affiché une performance positive, soutenues par une consommation intérieure robuste et des bénéfices d'entreprises supérieurs aux attentes. Du coté des marchés émergents, les actions ont reculé de 4,3 %, influencées par la vigueur du dollar américain, des prises de bénéfices en Inde et des inquiétudes concernant l'efficacité des mesures de soutien en Chine. Les actions chinoises ont particulièrement souffert, les investisseurs restant sceptiques quant à la capacité des autorités à stimuler durablement l'économie.
En Europe, les marchés actions ont également été affectés par des données économiques décevantes et des tensions géopolitiques, notamment en Italie, où des coupes budgétaires et des taxes ciblées ont été annoncées pour réduire la dette publique. Aux États-Unis, malgré une croissance économique plus lente, la Bourse américaine a poursuivi son ascension, avec une augmentation de 22 % du S&P 500 au 31 octobre depuis le début de l'année 2024, alimentée par l'appétit pour les technologies et les politiques accommodantes de la Banque centrale américaine.
Trump Trade
Depuis l’élection de Donald Trump à la présidence américaine, nous avons observé un fort enthousiasme spéculatif sur les marchés, notamment pour les petites valeurs américaines comme celles du Russell 2000 (+7,7%) et les cryptomonnaies telles que le bitcoin (+28%). Cette dynamique, qualifiée de "Trump Trade", se traduit par un regain d’intérêt pour les actifs à risque, alimenté par les anticipations de baisses d’impôts et de déréglementation favorables aux entreprises, malgré les risques d’une éventuelle surchauffe des actifs et de tensions géopolitiques accrues, notamment en Asie.
Une certaine prudence
Nous adoptons une position de neutralité vis-à-vis des marchés actions. Le scénario privilégié reste celui d'un atterrissage en douceur, accompagné des baisses de taux prévues, ce qui soutient les actifs risqués.
Néanmoins, nous conservons une approche prudente, car l'environnement demeure fortement volatil et vulnérable aux incertitudes internationales, notamment sur les retombées de la réélection de D. Trump à la présidence américaine, tant sur l’économie nationale que sur les politiques commerciales ou encore la situation géopolitique. Cette prudence a été renforcée à la suite du fort rebond des marchés actions américains au lendemain de l’élection de D. Trump.
Nous continuons de privilégier les marchés actions américains par rapport aux actions européennes. Cette préférence s'explique par la vigueur de l'élan économique aux États-Unis, la divergence des politiques budgétaires avec l'Europe et les solides perspectives de croissance des bénéfices.
La politique budgétaire expansionniste attendue pour le nouveau mandat de D. Trump renforce cette perspective. La diversification sectorielle reste primordiale, surtout dans un contexte de déconcentration des performances. Récemment, une rotation sectorielle a profité aux secteurs offrant des valorisations plus attractives. Les prévisions de croissance bénéficiaire pour les valeurs du S&P 493 (excluant les sept grandes valeurs technologiques) sont en hausse, réduisant l'écart avec les estimations pour les grandes entreprises technologiques américaines, qui conservent des perspectives de croissance solides. Nous restons donc positifs sur ces valeurs, considérant les corrections de marché comme des opportunités d'achat.
L’Asie pour diversifier son portefeuille
Bien qu'un contexte de baisse des taux soit favorable aux petites capitalisations, nous déconseillons une surpondération sur celles-ci, en dépit de valorisations intéressantes, car elles peinent à établir une performance durable face aux grandes entreprises qui concentrent la liquidité. Enfin, une exposition au Japon ou aux marchés émergents, avec couverture du risque de change, peut offrir une diversification bénéfique. Cependant, nous recommandons de limiter l'exposition à la Chine et d’attendre des mesures plus conséquentes pour un impact durable sur la demande. Notre opinion reste favorable à l’égard de l’Inde, d’autant plus après la correction du mois dernier.
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Les marchés obligataires
Le mois dernier, la résilience de l’économie américaine et les incertitudes politiques ont freiné la baisse attendue des taux directeurs de la Fed, entraînant une baisse de 3,4 % de l'indice global des obligations. Les obligations souveraines européennes ont aussi reculé, malgré un nouvel assouplissement de la BCE.
Préférence pour le crédit de qualité
Nous maintenons une perspective favorable sur les obligations, malgré la volatilité récente, dans un contexte où la tendance baissière des taux directeurs semble devoir perdurer au cours des mois à venir. Cette volatilité a été en partie alimentée par l’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis, un événement accueilli positivement par les marchés mais qui pourrait également entraîner une poussée inflationniste, ralentissant ainsi la baisse des taux de la Fed.
Nous adoptons une position positive sur les obligations en nous orientant vers des crédits de qualité « investment grade » à maturité moyenne, permettant de bénéficier de rendements attractifs par rapport à la dernière décennie. En termes de valorisation, ces obligations apparaissent globalement toujours plus intéressantes que celles à haut rendement, grâce à une compression marquée des spreads, améliorant ainsi la qualité de crédit du portefeuille.
Intérêt pour les subordonnées financières
Les obligations subordonnées financières émises par les grandes banques systémiques européennes offrent également une diversification intéressante dans le segment obligataire. La subordination de cette dette, bien qu’elle implique un risque plus élevé que la dette senior, est compensée par des rendements supérieurs, soutenus par le renforcement des bilans bancaires au cours des dix dernières années et par des régulations plus strictes. Il reste toutefois prudent de privilégier les titres ayant une position moins risquée dans la hiérarchie de subordination.
Le segment des obligations à haut rendement (« High Yield ») reste un outil pertinent pour diversifier une allocation obligataire. Le taux de défaut y est historiquement bas, et le marché américain, plus large et diversifié que le marché européen, propose une prime de risque significative. Cependant, le coût de la couverture du risque de change doit être pris en compte. Nous conseillons de se concentrer sur des obligations notées BB et B, à des échéances courtes voire très courtes, afin de minimiser le risque de refinancement (qui reste faible) et de réduire la sensibilité aux variations de taux.
Les obligations des marchés émergents en devise forte représentent également une option intéressante pour renforcer le rendement du portefeuille, ce type d'actif ayant historiquement bien performé lors des cycles de baisse des taux par la Fed.
Enfin, la repentification de la courbe des taux, après plusieurs années d’inversion, redonne de l'attrait aux positions en duration (partie longue de la courbe). Nous privilégions toutefois les obligations d’entreprises de qualité, qui offrent des rendements plus élevés sur des maturités courtes, permettant ainsi de limiter l’exposition à la volatilité des taux.
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Les marchés financiers alternatifs
Initialement, nous avons adopté une approche prudente envers les stratégies alternatives cette année, préférant être exposés aux actions et aux obligations. Toutefois, face aux valorisations élevées de certains marchés actions qui ne cessent de progresser et aux disparités au sein de cette classe d'actifs, nous maintenons une vision positive sur des stratégies long/short en actions comme pertinentes. Ces stratégies permettent non seulement de se protéger contre des baisses potentielles, mais aussi de viser une performance supérieure dans des environnements de marché plus complexes.
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Les produits structurés
Les produits structurés demeurent une composante clé de notre stratégie, offrant une réponse flexible aux objectifs de rendement des investisseurs tout en permettant une gestion contrôlée du risque. Malgré la baisse des taux, les rendements de ces produits restent compétitifs. Dans ce cadre, nous mettons l’accent sur une sélection minutieuse et une diversification appropriée des structures et actifs sous-jacents. Ces produits présentent de nombreuses opportunités, mais il est essentiel de comprendre en profondeur leurs mécanismes pour éviter toute déconvenue.
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Les actifs non cotés (capital-investissement
Des perspectives intéressantes sur le private equity ?
L’attrait des investisseurs institutionnels pour les actifs non cotés continue de croître, renforcé par la tendance de baisse progressive des taux en 2024, ce qui oriente également des flux significatifs vers les fonds accessibles au grand public. En adoptant une approche prudente à court terme, nous maintenons une perspective positive sur le private equity, en privilégiant les stratégies secondaires pour leurs opportunités de valorisation. Par ailleurs, nous conservons une attention particulière aux fonds de co-investissement, afin de maximiser les rendements tout en maîtrisant les frais.
Les stratégies de dette privée prennent également de l’ampleur dans ce contexte, offrant des solutions de financement attrayantes. Nous restons engagés dans les stratégies de growth buyout, qui accompagnent les entreprises en phase de croissance, et dans la dette mezzanine, qui propose un financement flexible et bien adapté à un contexte de financement favorable. Ces approches enrichissent notre portefeuille en capturant des opportunités dans un marché en évolution. Enfin, le capital-risque connaît un regain d'intérêt, offrant des perspectives attractives pour financer des startups innovantes, en particulier dans la technologie et la transition énergétique.
L’allocation conseillée
Nous privilégions une stratégie diversifiée pour les investissements non cotés, inscrite dans une perspective de long terme et évitant les ajustements brusques. Pour optimiser un portefeuille dans ce contexte, nous recommandons une approche équilibrée, avec une allocation vers les stratégies secondaires pour la stabilité, une exposition au capital-risque pour les opportunités de rendement élevé, et des investissements dans le LBO pour tirer parti de l'effet de levier. Le growth equity permet de capturer la croissance d’entreprises établies, tandis que la dette mezzanine, grâce à ses taux attractifs, enrichit la diversification et maximise le potentiel de rendement.

Plan d'épargne retraite (PER) bancaire ou assurance : quel contrat choisir ?
Dans les années à venir, l'un des enjeux majeurs pour les Français sera de disposer d’un revenu suffisant pour assurer leur retraite. Ce défi se pose dans un contexte où les finances publiques sont sous forte pression, pouvant contraindre l'État à revoir à la baisse le montant des pensions. Le Plan d'Épargne Retraite (PER) apparaît dès lors comme un levier indispensable pour constituer un capital ou une rente, venant ainsi compléter les régimes de retraite obligatoires. La réforme de 2019, portant sur les produits d'épargne retraite, s’est d’ailleurs imposée comme un succès incontestable.
Elle a conféré aux nouveaux contrats une souplesse et une flexibilité qui faisaient cruellement défaut aux anciens dispositifs, tels que le Plan d'Épargne Retraite Populaire (PERP) ou le contrat Madelin.
L'an dernier, le PER a conquis plus d'un million de nouveaux adhérents, totalisant des versements à hauteur de 14,7 milliards d'euros.
Depuis son lancement, ce ne sont pas moins de 10,4 millions de contrats qui ont été souscrits, portant l'encours cumulé à 108,8 milliards d'euros, selon les chiffres communiqués par le ministère de l'Économie et des Finances.
Le fonctionnement du Plan d’épargne Retraite
Lancé en octobre 2019, le plan d’épargne retraite remplace progressivement d'autres dispositifs d’épargne retraite, tels que le PERP, le contrat Madelin ou encore le contrat « Article 83 ».
Désormais, le PER se présente en trois formes distinctes :
– Le compartiment individuel (PERin), alimenté par des versements volontaires et le transfert d'anciens contrats comme le PERP, le contrat Madelin, la Préfon, etc. ;
– La partie "collective" (PERE-collectif), qui recueille notamment les primes d’intéressement et de participation, ainsi que l’abondement de l’employeur ;
– Le compartiment obligatoire (PERO), dédié aux cotisations obligatoires versées par le salarié et l’employeur (anciennement l'Article 83).
Avec cette nouvelle configuration, les épargnants peuvent également transférer l’épargne accumulée sur d'anciens plans vers leur nouveau contrat. « L’épargne accumulée au sein d’un PER est entièrement portable d’un contrat à un autre. Cette caractéristique me paraît essentielle, car elle permet aux investisseurs de faire jouer la concurrence entre les différents acteurs à tout moment de la vie du contrat, et non plus seulement avant sa souscription », souligne Thomas Lebel, family officer au sein du multi-family office Scala Patrimoine.
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Les cas de sorties anticipées
Malgré les assouplissements introduits par la réforme de 2019, le PER reste toutefois un produit à horizon long terme, souvent qualifié de « produit tunnel ». « Les souscripteurs ne pourront pas récupérer les sommes versées sur leur contrat tant qu’ils n’auront pas cessé leur activité professionnelle, à l’exception de certains cas de déblocage anticipé prévus par la loi », explique Thomas Lebel.
En effet, la législation permet, dans des circonstances précises, d’accéder de manière anticipée aux fonds investis. Thomas Lebel détaille ces situations : « Elles sont strictement encadrées par la loi. Cela inclut, entre autres, le décès du souscripteur ou de son conjoint, leur invalidité, une situation de surendettement, ou encore l’expiration des droits au chômage. Le dernier cas de déblocage anticipé, cette fois plus heureux, concerne l’acquisition de la résidence principale. »
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PER : un outil pour réduire son impôt sur le revenu
Cinq ans après sa réforme, l'engouement pour le Plan d'épargne retraite (PER) ne faiblit pas. L'une des principales raisons de ce succès réside dans la possibilité offerte aux épargnants de déduire leurs versements volontaires de leur revenu imposable, sous certaines conditions. Cette déduction permet en effet une réduction immédiate de l'impôt sur le revenu. Cette stratégie constitue ainsi un avantage particulièrement attrayant pour les contribuables les plus lourdement imposés.
« Les versements volontaires peuvent être déduits de l'assiette de votre impôt sur le revenu, dans la limite d'un plafond global annuel. Ce plafond est indiqué sur votre avis d'imposition de l'année précédente », explique Thomas Lebel. Il convient également de noter que ces plafonds varient selon votre statut, qu'il s'agisse de salariés ou de travailleurs indépendants.
- Pour les salariés les versements volontaires sont déductibles dans la limite du montant le plus favorable entre :
- 10 % des revenus d’activité de l’année N-1 - retenus dans la limite de 8 plafond annuel de la Sécurité sociale (PASS)
- 10 % du PASS.
- Pour les indépendants, les versements volontaires sont déductibles du bénéfice ou de leur rémunération dans la limite de :
- 10 % des revenus d’activités (retenus dans la limite de 8 PASS) ou 10 % du PASS et 15 % des revenus d’activité de l’année N compris entre 1 et 8 PASS
- ou 10 % du PASS
Concrètement, plus le taux d’imposition sera élevé, plus les économies d’impôts seront importantes.
Exemple : si un salarié verse 15 000 € sur un PER en 2024, son économie d’impôt 2025 sera égale à :
- 6 750 € si votre taux marginal d’imposition est de 45 % ;
- 6 150 € si votre taux marginal d’imposition est de 41 % ;
- 4 500 € si votre taux marginal d’imposition est de 30 %.

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Une flexibilité appréciée
Les investisseurs apprécient également la flexibilité inhérente à ce nouveau dispositif. « Avant la réforme, l'obligation de convertir les économies en rente viagère suscitait des réticences chez certains de nos clients », confirme Thomas Lebel.
Désormais, le PER (Plan d'Épargne Retraite) offre une souplesse inédite quant aux modalités de récupération des fonds accumulés. Contrairement à ses prédécesseurs, tels que le PERP ou le contrat Madelin, qui imposaient une sortie exclusivement sous forme de rente viagère, le PER permet à l’épargnant de choisir entre un retrait en capital — en une ou plusieurs fois —, une sortie sous forme de rente, ou même une combinaison des deux.
« Les investisseurs doivent également garder à l'esprit qu'une option de réversion peut être intégrée au contrat. En cas de décès, une rente sera alors versée au bénéficiaire désigné », précise le family officer.
Malheureusement, depuis le 1er janvier, il n’est plus possible d'ouvrir un plan d'épargne retraite pour un enfant mineur ni d'effectuer de nouveaux versements jusqu'à ses 18 ans.

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Un outil d’aide à la transmission du chef d’entreprise
Le PER présente de nombreux avantages pour les chefs d'entreprise, cherchant à anticiper et optimiser la transmission de leur patrimoine.
Ce contrat leur offre en effet, la possibilité de réaliser des versements volontaires, déductibles des revenus imposables. Des versements qui allègent ainsi immédiatement leur charge fiscale tout en capitalisant pour l’avenir. Dans ce cadre, le souscripteur peut désigner un bénéficiaire en cas de décès, le conjoint ou partenaire pacsé étant souvent privilégié. Ce choix présente un intérêt particulier, car en cas de disparition du titulaire, le capital accumulé sur le PER bénéficie d'une exonération fiscale totale à la sortie, à condition que le plan n’ait pas été liquidé lors du départ en retraite.
Cette exonération post-mortem distingue particulièrement le PER d’autres solutions d’épargne telles que l’assurance-vie. En effet, contrairement à cette dernière, les plus-values réalisées sur un PER échappent aux prélèvements sociaux lors du décès du souscripteur.
Cependant, comme le souligne Guillaume Lucchini, cette stratégie comporte certaines limites. « Cette approche est intéressante, mais elle présuppose que le chef d'entreprise n'aura pas besoin des sommes investies sur le PER au moment de sa retraite ». En d’autres termes, le PER se révèle particulièrement adapté aux entrepreneurs ayant déjà sécurisé d'autres sources de revenus pour leurs vieux jours, et qui peuvent se permettre de laisser ces fonds intacts pour leurs héritiers.
Par ailleurs, Guillaume Lucchini souligne que « l'attrait financier du PER reste circonscrit par les plafonds fiscaux annuels imposés à ce dispositif ». « Le PER s’inscrit donc dans une réflexion plus large et ne saurait, à lui seul, répondre à tous les enjeux liés à la transmission. Il doit donc être utilisé en complément d’autres dispositifs pour maximiser ses bénéfices tout en tenant compte des besoins financiers présents et futurs du souscripteur » prévient le fondateur du multi family office Scala Patrimoine.
Comparaison entre le PER Compte-Titres et le PER Assurance
Le Plan d'Épargne Retraite (PER) peut être souscrit aussi bien auprès d'un grand assureur (PER Assurance) que d'une banque (PER Compte-Titres). Bien que les principales caractéristiques de ces contrats soient similaires — notamment en matière de fiscalité sur les versements, d'objectifs d'épargne et de modalités de sortie — certaines distinctions méritent d'être mises en lumière.
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Une structure de frais différente
Comme l'affirme avec insistance l'Autorité des marchés financiers, « les placements ne sont pas gratuits ». En effet, divers frais sont prélevés par les intermédiaires, tels que les assureurs et les sociétés de gestion. L'impact de ces frais sur le rendement des placements ne saurait être sous-estimé. Une étude menée en 2021 par les sénateurs Albéric de Montgolfier et Jean-François Husson, dans le cadre de la protection des épargnants, a révélé qu'à long terme, près de la moitié du rendement d'un placement pourrait être absorbée par ces frais.
Cette situation est vivement regrettée par Guillaume Lucchini, fondateur du multi-family office Scala Patrimoine : « Le niveau des frais — très élevé — pèse de manière excessive sur la performance des épargnants. C'est pourquoi nous accordons une attention particulière à la structure des frais prélevés sur chaque contrat. À cet égard, il est à noter que les PER Compte-Titres sont souvent moins coûteux que les PER Assurance. »
Les solutions d'investissement offertes par ces deux enveloppes diffèrent également. Seul le PER Assurance propose un fonds en euros, un placement prisé par les Français cherchant à sécuriser leur épargne à l'approche de la retraite, ou souhaitant éviter les risques de perte en capital. En revanche, « le PER bancaire offre un univers d'investissement bien plus diversifié, avec un accès notable aux fonds de private equity », souligne Guillaume Lucchini. Pour les investisseurs à long terme, au profil dynamique, le PER Compte-Titres représente ainsi un attrait indéniable.
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L'attrait du private equity
Le PER Compte-Titres permet un accès élargi au private equity, une classe d'actifs qui favorise l'investissement dans des sociétés non cotées en Bourse. Au cours des deux dernières décennies, le capital-investissement a généré des rendements nettement supérieurs à ceux de l'indice S&P 500. En France, entre 2007 et 2021, la performance annuelle moyenne des fonds de private equity a atteint 12,2 %. Ce chiffre étant largement supérieur à celui d'autres classes d'actifs, comme l'immobilier (6,3 %) ou le CAC 40 (5,1 %).
Historiquement, cette classe d'actifs était réservée aux investisseurs institutionnels. Toutefois, ces dernières années, l'offre s'est enrichie. Elle permet désormais aux particuliers d'y accéder à partir de 100 000 € d'investissement.
Comme le souligne Guillaume Lucchini, « Tout comme le PER, le private equity répond à des enjeux de long terme, sur une durée minimale de dix ans. Tous les éléments sont donc réunis pour un beau mariage. La liberté offerte par le PER Compte-Titres permet de rechercher les meilleurs fonds, sans les contraintes du PER Assurance. Cette flexibilité est d'autant plus cruciale que les performances varient fortement selon la qualité des fonds. »
Dans cette classe d'actifs, le choix des équipes d'investissement est primordial. Celles-ci sont directement responsables de la sélection et de la gestion des investissements. Une équipe expérimentée et compétente peut identifier les opportunités prometteuses et élaborer des stratégies efficaces pour maximiser les performances. Comme l'explique Guillaume Lucchini, « Scala Patrimoine adopte une approche analytique et rigoureuse pour offrir une sélection des fonds d'investissement les plus performants, en privilégiant des fonds de private equity de premier quartile selon les différentes stratégies d'investissement envisagées. »
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Une fiscalité au décès différente
Les règles fiscales varient également selon le type de PER. Pour les PER bancaires, les sommes épargnées font partie de l'actif successoral du défunt et sont donc soumises aux droits de succession classiques. En revanche, dans le cadre d’un PER Assurance, l’épargne est versée aux bénéficiaires désignés dans le contrat. La fiscalité de l'assurance-vie s'applique ainsi, avec des abattements spécifiques selon l'âge du souscripteur.
Si le décès survient avant 70 ans, le PER est exonéré de droits de succession dans la limite de 152 500 € par bénéficiaire. Au-delà de ce montant, un prélèvement de 20 % s'applique, et il est de 31,25 % pour les sommes supérieures à 700 000 €. Il est essentiel de noter que l'exonération s'applique à l'ensemble des contrats (PER et assurance-vie) et non à chaque contrat individuellement.
Lorsque le décès intervient après 70 ans, le capital transmis est soumis aux droits de succession, avec un abattement de 30 500 € par titulaire. Cet abattement est applicable à tous les contrats souscrits (PER et assurance-vie).
Comme l'indique Guillaume Lucchini, « le choix entre un PER Assurance et un PER bancaire dépendra d'un certain nombre de facteurs, notamment les objectifs et les besoins du souscripteur, ainsi que son appétence au risque et son horizon d'investissement. »

Le rendez-vous des marchés financiers - Septembre 2024
Marchés financiers & économie : les points clés
- Les marchés financiers ont subitement décroché début août, à la suite de la publication des mauvais chiffres de l’emploi aux États-Unis, avant de se reprendre.
- La croissance de la zone euro sera vraisemblablement inferieure à celle des États-Unis et des marchés émergents pour les années à venir. Le FMI table sur une croissance de 1,5 % pour la zone euro en 2025, contre 1,9 % pour les États-Unis et 3,2 % pour le reste du monde.
- Lors du symposium de Jackson Hole, Jérôme Powell, le président de la Réserve fédérale, a annoncé une très probable baisse des taux américains en septembre.
Quelles performances sur les marchés financiers ?
Les marchés financiers ont traversé un mois d’août sous haute tension. La publication des chiffres de l’emploi pour juillet aux États-Unis a semé le trouble parmi les investisseurs, en raison de la hausse inattendue du taux de chômage, qui touche désormais 4,3 % de la population active.
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Les marchés actions : Cliffhanger
Cet été, les principaux indices boursiers ont brusquement décroché. Le Nasdaq a perdu plus de 6 % en l’espace de quelques heures. Au Japon, le Nikkei a chuté de 12,4 %, enregistrant ainsi son pire repli depuis le krach de 1987.
En Europe, la baisse fut plus modérée sur les marchés. L’Euro Stoxx 50 a reculé de 2,17 % en une seule séance, tandis que le CAC 40 a terminé avec un repli de 1,42 %. Heureusement, cette « purge » n’aura duré que quelques jours, les marchés ayant rapidement amorcé une reprise.
Cet épisode illustre cependant la nervosité qui agite actuellement les marchés financiers, toujours vulnérables à de nouvelles turbulences. En témoigne la chute de 9,53 % en une seule séance de l’action Nvidia, le spécialiste de l’intelligence artificielle. Cette baisse a effacé 279 milliards de dollars de capitalisation boursière, un record absolu dans l’histoire des marchés !
Depuis le début de l’année, le S&P 500 affiche une hausse de 15 %, l’Euro Stoxx 50 progresse de 6,8 %, tandis que le CAC 40, lui, recule de 1 %.
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La volatilité : Peur sur la ville
En août, la volatilité a fortement augmenté, traduisant l’angoisse qui pèse sur les marchés. Le VIX, communément appelé l’indice de la peur, est ainsi passé de 12 fin juillet à 38 lors de la séance du 5 août. Depuis, l’atmosphère s’est quelque peu apaisée, et l’indice évolue désormais autour de 19.
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Les obligations d’états : Témoin sous protection
Les banques centrales adoptent un nouveau cap. Quelques semaines après la Banque centrale européenne, la Réserve fédérale américaine s’apprête elle aussi à abaisser ses taux directeurs. Le rendement du Bund allemand à 10 ans est tombé à 2,21 %, contre 2,6 % à la fin mai. Aux États-Unis, le taux à 10 ans s’établit à 3,74 % (contre 4,5 % fin mai), tandis qu’en France, le taux de l’OAT 10 ans reste relativement stable à 2,9 % (contre 3,1 % fin mai).
La France bénéficie évidemment de la protection offerte par la zone euro. L’évolution des taux français sera toutefois à suivre de près dans les mois à venir, notamment si la paralysie politique devait perdurer, ce qui pourrait avoir des répercussions sur l’adoption du budget et une éventuelle réduction du déficit public.
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L’or : La folie des grandeurs !
Le précieux métal jaune continue son ascension fulgurante. Le 20 août, le cours de l’once d’or a atteint un nouveau sommet historique à 2 526,07 dollars !
L’or profite d’un environnement économique et politique particulièrement favorable, marqué par des perspectives de baisse des taux, des tensions géopolitiques accrues et des programmes massifs d’achats menés par des banques centrales soumises à des sanctions américaines (Russie, Chine, Turquie…).
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Le cuivre : Plus dure sera la chute
Le cuivre, souvent perçu comme un indicateur avancé de l’état de l’économie mondiale, est sous pression depuis quelques semaines, notamment en raison des incertitudes entourant la croissance chinoise.
Depuis le mois de mai, le prix de « Dr Copper » (copper étant la traduction anglaise du mot cuivre) suit une tendance baissière sur les marchés. Son cours est passé de 5,11 dollars à 4,08 dollars en moins de quatre mois. Pour ne rien arranger, Goldman Sachs a récemment abaissé ses prévisions, fixant son objectif de prix à 10 100 dollars la tonne, contre 15 000 dollars précédemment.
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Le pétrole : Au revoir là-haut
Malgré les tentatives des grands producteurs de pétrole pour enrayer la baisse des cours de l’or noir, rien n’y fait. Sur les six derniers mois, le prix du baril de Brent a chuté de près de 11 %, s’établissant désormais à 73 dollars, bien en deçà des niveaux espérés par les membres de l’OPEP.
Avec le ralentissement de l’économie chinoise et la surproduction américaine, il sera difficile pour l’Arabie Saoudite, l’Iran ou les Émirats arabes unis de relancer les cours du pétrole dans les mois à venir.

Les États-Unis : une croissance en sursis ?
Les interrogations autour de la robustesse de la croissance américaine s’installent doucement mais sûrement. Les optimistes y verront un verre à moitié plein, tandis que les pessimistes affirmeront sans hésitation qu’il est à moitié vide.
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Une croissance plus forte qu’attendue au deuxième trimestre
L'économie américaine, résiliente, déjoue – pour l'heure – les pronostics alarmistes des cassandres. En effet, elle a affiché une progression annuelle de 3 % au dernier trimestre, surpassant les prévisions des analystes qui tablaient sur 2,7 %. Ce chiffre contraste avec la croissance plus modeste de 1,4 % observée au premier trimestre.
Ces performances macroéconomiques encourageantes reposent principalement sur une consommation soutenue et des investissements d’entreprise toujours robustes.
Les dépenses de consommation, qui représentent environ 70 % de l’activité économique, ont crû à un rythme annuel de 2,9 %, au-delà des 2,3 % anticipés. Quant aux investissements des entreprises, ils ont augmenté de 7,5 %, grâce notamment à une hausse de 10,8 % des investissements en équipement.
La confiance des ménages, un autre indicateur clé, s'est redressée en août, passant de 101,9 à 103,3, surpassant les attentes des économistes, qui prévoyaient un léger repli autour de 101.
En outre, la mesure de l'inflation PCE (Personal Consumption Expenditures) est restée en ligne avec les prévisions (+0,2 % sur le mois et +2,5 % en rythme annuel), apportant une touche d’optimisme supplémentaire.
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Un marché de l’emploi sous pression
Malgré ces données rassurantes, les spéculations sur la santé de l’économie américaine persistent. Le spectre de la récession continue de planer dans les esprits.
L’indice ISM manufacturier, baromètre clé de l’activité économique du pays, est ressorti en deçà des attentes, à 47,2, contre 46,8 le mois précédent, alors que les économistes espéraient un rebond à 47,9. L’ISM des services se porte, quant à lui, un peu mieux qu’attendu. Il est sorti à 51,5 en août contre 51,4 en juillet, alors que le consensus était de 51,1
Plus préoccupant encore, les créations d'emplois se révèlent bien plus faibles qu'anticipé. Le département du Travail a révisé à la baisse de 818 000 le nombre d’emplois non-agricoles créés entre mars 2023 et mars 2024, soit une réduction de 0,5 % du total des emplois, marquant l’une des révisions les plus importantes de l’histoire. En moyenne, les créations d’emplois sur cette période s’établissent à 173 000, contre 242 000 attendus.
Les chiffres de l’emploi ADP sont, eux aussi, mal orientés. Le marché anticipait 144 000 créations d’emplois dans le secteur privé pour le mois d’août … pour finalement atterrir à 99 000. La claque est d’autant plus forte que le chiffre se place sous la barre symbolique des 100 000 créations d’emplois.
Parallèlement, le durcissement de la politique monétaire menée par la Réserve fédérale (Fed) a pesé sur la vitalité du marché de l'emploi, avec un taux de chômage en hausse, passant de 4,1 % à 4,3 % en juillet.
Les incertitudes entourant les élections à venir pourraient également freiner la croissance. Le duel entre la démocrate Kamala Harris, qui a succédé à Joe Biden en tant que candidate, et le républicain Donald Trump promet d’être électrique.
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Un nouveau cycle monétaire en préparation
« Le moment est venu », a déclaré Jérôme Powell, président de la Réserve fédérale, lors du symposium de Jackson Hole. Il a ainsi annoncé qu’un ajustement de la politique monétaire était à l’horizon. Une première baisse des taux d’intérêt devrait intervenir dès septembre.
La lutte contre l’inflation, qui est retombée à 2,5 % en juillet, rapprochant ainsi l’économie de l’objectif de 2 %, redonne une certaine marge de manœuvre à la Fed.
Néanmoins, l’ampleur et la rapidité de cette réduction des taux restent incertaines. Jerome Powell a adopté un ton pragmatique : « La direction est claire, mais le calendrier et le rythme des baisses de taux dépendront des données économiques disponibles, de l’évolution des perspectives et de l’équilibre des risques ».
La Fed se trouve face à un dilemme : naviguer avec précaution pour éviter une récession tout en préservant la solidité du marché de l’emploi. Ce discours a rassuré les marchés obligataires, le taux américain à deux ans ayant baissé de 12 points de base. Les investisseurs anticipent au moins deux baisses des taux d’ici la fin de l’année.
Zone euro : une croissance qui restera faible
L’économie de la zone euro avance cahin-caha, offrant un paysage contrasté que la Banque centrale européenne (BCE) doit gérer avec une prudence accrue. Face à des interrogations persistantes sur le rythme des baisses de taux à adopter dans les mois à venir, l'institution se trouve donc dans une situation complexe.
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Une conjoncture économique en demi-teinte
Au deuxième trimestre 2024, le PIB de la zone euro a enregistré une modeste croissance de 0,3 % par rapport au trimestre précédent, selon les estimations d’Eurostat. Cette progression a notamment été portée par la bonne dynamique du secteur des services, avec un indice PMI HCOB qui est passé de 51,9 en juillet à 52,9. Ce niveau rejoint ainsi la moyenne historique de 52,7.
Les indices de confiance de la Commission européenne (CE) ont également dépassé les attentes en août, à la fois pour l'industrie (de -10,4 à -9,7) et pour les services (de 5 à 6,3). Le sentiment économique global (ESI composite) a lui aussi progressé, atteignant 96,6 contre 96,0 le mois précédent.
Sur le front de l'emploi, le chômage dans la zone euro a légèrement reculé en juillet (6,4 % contre 6,5 % en juin), une tendance également observée en Italie (6,5 % contre 6,9 %) tandis qu'il est resté stable en Allemagne à 3,4 %.
Cependant, les fragilités de la zone euro demeurent nombreuses. L’indice PMI, baromètre de la confiance des entreprises, a chuté de 0,8 point pour atteindre 50,1, frôlant ainsi la frontière critique des 50 points qui sépare expansion et contraction. Les entreprises se montrent de plus en plus réservées quant aux perspectives économiques, incertaines et floues.
Autre inquiétude, plusieurs pays de la zone euro, tels que la France, l’Italie et la Belgique, se débattent avec des déficits budgétaires alarmants. Ces nations devront adopter des politiques d’austérité draconiennes pour préserver leurs modèles économiques. Des mesures qui, inévitablement, pèseront sur la croissance globale de la région.
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Vers un nouveau coup de pouce de la BCE ?
Sans surprise, l'inflation continue de ralentir, avec une hausse modérée de 0,2 % sur un mois et de 2,2 % sur un an. En Allemagne, elle a reculé à 1,9 % en août, contre 2,3 % en juillet. En Espagne, elle tombe également à 2,4 %.
Malgré cette baisse de l'inflation, des nuages sombres continuent de planer sur l'économie européenne. Ces difficultés économiques inciteront-elles la BCE à réagir plus vite que prévu ? Lors d'une récente interview, François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, a jugé qu’une nouvelle baisse des taux directeurs en septembre serait « juste et sage », insistant sur la nécessité d'agir sans attendre que l'inflation passe durablement sous la barre des 2 %.
Il a également souligné que les effets des ajustements des taux d’intérêt mettent du temps à se répercuter dans l'économie réelle. Selon ses prévisions, l’objectif d’une inflation à 2 % ne sera probablement atteint qu’au premier semestre 2025 en France, et au second semestre pour l’ensemble de la zone euro.
La France : une économie suspendue aux décisions politiques ?
Depuis la publication des résultats des élections législatives, la France semble plongée dans une impasse politique. Si Michel Barnier a été nommé premier ministre par le président, il s’expose toutefois à une motion de censure par l’Assemblée nationale. Si tel est le cas le Premier Ministre devra alors remettre au président de la République la démission du Gouvernement.
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Un « effet JO » en vue ?
Au deuxième trimestre 2024, le produit intérieur brut (PIB) a timidement progressé de 0,2 %. Toutefois, dans ce climat morose, le secteur des services a connu, en août, sa plus forte croissance depuis plus de deux ans. Cette dynamique est en partie portée par l’enthousiasme autour des Jeux olympiques et une hausse de la demande intérieure.
L’indice des services s’est établi à 55,0 en août, son niveau le plus élevé depuis mai 2022, après avoir déjà atteint 50,1 en juillet.
Malgré ces chiffres encourageants, l’INSEE a exprimé ses préoccupations dans sa dernière note économique. Le recul de l’inflation ne doit, selon l’institution, pas masquer les défis persistants liés à l’emploi et à la faible activité économique.
Comme en Allemagne, l’industrie française continue de souffrir. En août, l'indice PMI manufacturier est ressorti en version définitive à 43,9 contre 44,0 en juillet et un chiffre de 42,1 dans l'enquête préliminaire.
Heureusement, les pressions inflationnistes s’atténuent. En août, l’indice des prix à la consommation a augmenté de 1,9 % sur un an, contre 2,3 % en juillet. Cette baisse est principalement attribuable à un ralentissement marqué des prix de l’énergie. En effet, le coût de l’énergie n’a progressé que de 0,5 % sur un an en août 2024, alors qu’il avait bondi de près de 7 % l’année précédente.
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Une confiance des ménages qui vacille
Bien que la confiance des ménages ait légèrement augmenté, selon l’INSEE (+1 point à 92), elle reste en deçà de sa moyenne de long terme. Toutefois, elle atteint en août son plus haut niveau depuis le début du conflit en Ukraine.
Malgré cette amélioration, le pouvoir d’achat du revenu disponible brut (RDB) des ménages ralentit (+0,2 % après +0,4 %), tandis que leur taux d’épargne continue de grimper, atteignant 17,9 % contre 17,6 % le trimestre précédent. Ce comportement prudent reflète les inquiétudes des Français quant à l’évolution de la situation économique dans les mois à venir.
Hélas, la France dispose de marges de manœuvre limitées pour redresser la situation économique. En raison d’un endettement record, la mise en œuvre de plans de relance ambitieux semble compromise. À la fin du premier trimestre 2024, la dette publique s’élevait à 3 159,7 milliards d’euros, soit 110,7 % du PIB. Cette année, le déficit public devrait atteindre 5,6 % du PIB, dépassant de 1,2 point les prévisions initiales du gouvernement.
L’économie chinoise en eaux troubles
La deuxième puissance mondiale traverse une période de ralentissement économique structurel. Il est désormais illusoire de penser que la Chine pourra un jour renouer avec les niveaux de croissance exceptionnels des années 2000, où le PIB progressait de plus de 8 % par an. Au deuxième trimestre de 2024, le taux de croissance du PIB en rythme annuel a encore reculé, atteignant 4,7 %, contre 5,3 % au trimestre précédent. Malgré ces difficultés, le gouvernement chinois n’a pas annoncé de réformes majeures lors du troisième plénum du Parti communiste.
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Un ralentissement structurel
Les différents indicateurs macroéconomiques témoignent de la fragilité persistante de l'économie chinoise. Au deuxième trimestre, l'activité n'a progressé que de 0,7 % par rapport au trimestre précédent, bien en deçà des prévisions initiales qui tablaient sur 1,1 %, et encore loin des 1,5 % atteints au premier trimestre.
Autre signe inquiétant, l'indice des directeurs d'achat (PMI) publié par le Bureau national des statistiques (NBS) pour le mois de juillet s'est établi à 49,4, signalant une contraction de l'activité.
L'indice des prix à la consommation (IPC), quant à lui, flirte dangereusement avec la déflation depuis plusieurs trimestres. En juin dernier, l'IPC a encore reculé, passant de 0,3 % à 0,2 %.
Selon les données du gouvernement chinois, la production industrielle a ralenti en juillet, n'affichant plus qu'une hausse de 5,1 %, son rythme le plus faible depuis mars 2024. Le PMI manufacturier a encore déçu, chutant de 49,4 à 49,1 en août. Seul le secteur des services semble échapper à cette morosité, avec une légère hausse de 0,1 point, atteignant 50,3.
Pour tenter de relancer l'économie, la Banque centrale de Chine a abaissé plusieurs de ses taux directeurs à la fin du mois de juillet. Le taux des prêts à moyen terme aux établissements financiers a ainsi été réduit de 2,5 % à 2,3 %. Cependant, cette mesure n’a guère eu d’impact notable sur l’activité économique.
Seul point de satisfaction : la production industrielle a progressé en juin de 0,4 % en rythme mensuel, soutenue par la vigueur des exportations, qui ont bondi de 10,7 % sur un an.
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Les ménages chinois ont perdu confiance
L’une des principales causes du faible niveau de croissance réside dans la morosité des ménages chinois. L’indice de confiance des consommateurs, mesuré par le NBS, a atteint son plus bas niveau en 19 mois. En conséquence, les ventes au détail ont reculé de 0,1 % en juin, en variation mensuelle, et n’ont progressé que de 0,5 % depuis le début de l’année. Parallèlement, la croissance des revenus des ménages s'est essoufflée, passant d'une moyenne de 6,9 % sur la dernière décennie à seulement 5,3 % au deuxième trimestre.
Le pays souffre également du désenchantement de sa jeunesse. Le taux de chômage des jeunes a atteint un niveau alarmant de 17,1 % en juillet, révélant les fissures qui fragilisent le modèle économique chinois.
Cette perte de confiance ne pourra être restaurée sans une reprise massive du secteur immobilier, qui pèse à lui seul un quart de l’économie nationale et représente près des deux tiers du patrimoine des ménages.
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L’immobilier en perdition
Le vieil adage « Quand le bâtiment va, tout va » trouve une résonance particulière en Chine, où le secteur immobilier semble désormais délaissé par le gouvernement. Sous la direction du président Xi, la Chine a cherché à freiner la spéculation effrénée sur la pierre. Les précédents plans de relance de l’immobilier avaient entraîné une flambée des prix, un surendettement massif et des constructions dans des zones peu demandées.
Le gouvernement a donc pris des mesures drastiques, demandant aux banques de réorienter leurs prêts vers des secteurs jugés prioritaires, tels que les technologies et les initiatives écologiques, tout en délaissant les domaines « non productifs » comme l’immobilier.
Conséquence directe : les prix de l'immobilier se sont effondrés. L’indice des prix des 70 principales villes, calculé par le NBS, a chuté de 4,5 % en un seul mois, en juin ! Le marché est aujourd'hui presque à l'arrêt. Les ventes de logements ont plongé de 16 % le mois dernier, tandis que les nouvelles constructions ont chuté de 18 %.
La contraction du crédit immobilier continue d'établir des records à la baisse, ce qui aggrave encore la situation.
Malgré la gravité de la crise, le gouvernement chinois ne semble pas encore prêt à prendre des mesures d’envergure pour sauver le secteur de la faillite. Lors du récent plénum, seules quelques mesures timides ont été annoncées, telles que la baisse de 10 points de base des taux directeurs, des opérations de prise en pension à sept jours, et l’application de taux préférentiels à un an et cinq ans.
Les convictions de Scala Patrimoine sur les marchés financiers
La première semaine du mois d'août a été marquée par une chute brutale des marchés boursiers. À titre d’exemple, le Nikkei a enregistré sa plus forte baisse quotidienne depuis le krach de 1987. Depuis, les indices boursiers ont, dans l'ensemble, retrouvé leurs niveaux d’avant-correction. Cependant, bien que l’ampleur de ces fluctuations ne soit pas sans précédent, la volatilité prononcée qui s’installe risque de perdurer, exacerbée par une liquidité particulièrement faible, au-delà des simples effets de saisonnalité.
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Les marchés actions : une diversification des positions
Des opportunités d’achat sur les valeurs technologiques ?
Bien que la volatilité continue de peser sur le moral des marchés financiers, nous maintenons notre positionnement neutre sur les actions, à la lumière des perspectives de baisse des taux, qui se précisent pour le mois de septembre. Ce relâchement monétaire attendu devrait favoriser les actifs risqués, et plus spécifiquement les valeurs de croissance, notamment dans le secteur technologique. Les dernières publications des résultats d’entreprise ont révélé un certain essoufflement de l’engouement autour de l’intelligence artificielle. Pourtant, les entreprises technologiques, en tête desquelles on retrouve Nvidia, actives dans ce domaine, continuent de présenter des fondamentaux extrêmement solides. Nous privilégions toujours ces valeurs, considérant les récentes baisses comme des opportunités d’achat.
Sur le plan économique, la nervosité des marchés financiers a été accentuée par des indicateurs contradictoires de l'économie américaine. Alors que les perspectives du secteur manufacturier redeviennent négatives et que le marché de l’emploi ralentit, la consommation, elle, demeure robuste. Le risque de récession ne peut être écarté, tant l’interprétation de ces signaux reste délicate. Toutefois, certains éléments plaident en faveur d’un scénario de reprise, notamment la trajectoire désinflationniste. Celle-ci, soutenue par des gains de productivité plus rapides que la hausse des salaires, semble désormais solidement ancrée. La baisse des prix contribue à renforcer le pouvoir d’achat des ménages.
Concernant les élections présidentielles américaines, quelle qu’en soit l'issue, le prochain dirigeant devrait continuer à soutenir l'économie.
Les grandes valeurs sont privilégiées
Nous maintenons notre préférence pour une diversification sectorielle, capable d’atténuer l’impact des fortes rotations observées récemment. Nous ne recommandons pas une exposition aux petites capitalisations, malgré leurs valorisations attractives sur les marchés. En dépit de quelques surprises ponctuelles, ces entreprises peinent à retrouver un chemin vers une performance durable, affectées par un environnement qui favorise les leaders des différents marchés et par des problèmes de liquidité persistants. Nous préconisons plutôt de privilégier les valeurs américaines, compte tenu d’un contexte macroéconomique plus favorable qu’en Europe. Une exposition au Japon ou aux marchés financiers émergents, tout en couvrant le risque de change, peut offrir une diversification intéressante. Toutefois, nous conseillons de limiter l’exposition à la Chine, toujours aux prises avec de nombreuses difficultés (dont un record historique de sortie des investissements étrangers de 15 milliards de dollars au deuxième trimestre), et de favoriser des alternatives telles que l'Inde.
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Les Marchés obligataires : un attrait pour les obligations d'entreprise
La Fed change les règles du jeu
Les inquiétudes entourant le ralentissement de l’économie américaine ont considérablement modifié les anticipations quant à l'évolution des taux directeurs de la Réserve fédérale (Fed). Alors que deux baisses de taux étaient envisagées au début de l’été, ce chiffre est désormais porté à quatre pour l’année 2024. Conjuguées à des indicateurs d'inflation qui confirment une détente progressive des prix, ces prévisions ont entraîné une baisse de 57 points de base du taux à 10 ans américain au cours des deux derniers mois. Les taux européens ont emboîté le pas, bien que de manière plus modérée. Le taux à 10 ans allemand a ainsi reculé de 38 points de base sur la même période, tandis que l'écart entre l'OAT française et le Bund allemand est resté stable, avoisinant les 70 points de base.
Outre-Atlantique, la baisse des taux courts a été encore plus marquée, avec un recul d'environ 80 points de base, reflet des nouvelles anticipations de diminution des taux directeurs. L’ensemble des obligations, et notamment les obligations souveraines, a tiré profit de cette tendance. Si les risques de récession venaient à se concrétiser, les banques centrales pourraient être contraintes d’accélérer le rythme de baisse des taux, jusqu’alors particulièrement prudent. Dans un tel contexte, le segment des obligations souveraines à court terme pourrait offrir des perspectives de performance intéressantes si ce scénario se réalise.
L’intérêt des stratégies de portage
La performance de ce marché obligataire dépendra donc à la fois de l’orientation future des politiques monétaires et des prévisions concernant la croissance et l'inflation. Dans l'ensemble, nous continuons de favoriser les investissements dans les obligations d'entreprises, où les stratégies de portage demeurent pertinentes. Bien que les taux de rendement aient globalement diminué, ces actifs offrent toujours des perspectives intéressantes, d’autant que le taux de défaut dans le segment investment grade reste historiquement bas. De plus, la poursuite de la baisse des taux pourrait encore soutenir la performance de ces actifs.
Les obligations subordonnées financières, émises par de grandes banques systémiques européennes, constituent également une source intéressante de diversification. La nature subordonnée de cette dette permet d'obtenir des rendements plus élevés que ceux de la dette senior, tout en étant soutenue par des établissements bancaires dont la solidité financière s'est considérablement renforcée au cours des dix dernières années, grâce à des régulations bancaires plus strictes.
Le segment des obligations à haut rendement ("High Yield") représente également un outil de diversification dans un portefeuille obligataire. Le marché américain, plus vaste et plus profond, offre une prime de risque nettement supérieure à celle du marché européen, bien que le coût de la couverture contre le risque de change doive être pris en compte. Dans cette perspective, nous préconisons de privilégier des maturités courtes, voire très courtes, afin de limiter les risques de refinancement.
Nous adoptons par ailleurs une approche prudente et neutre, car l'incertitude persistante quant aux orientations des politiques monétaires pourrait continuer d’alimenter la volatilité des taux, pesant à court terme sur les valorisations.
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Marchés financiers alternatifs : une position défavorable
Depuis le début de l'année, les stratégies alternatives se sont révélées plus rémunératrices que la classe obligataire. Toutefois, nous privilégions une position long sur les actions et les obligations, en particulier dans un contexte où les taux directeurs s'apprêtent à être abaissés aux États-Unis. Jusqu'à présent, nous avions également favorisé les placements monétaires en raison du couple rendement/risque attractif qu'ils offraient. Cependant, les quatre baisses de taux anticipées par les marchés d'ici la fin de l'année nous rappellent que ces fonds en attente devront progressivement être réorientés vers des classes d'actifs plus lucratives. Dans ce cadre, nous maintenons une position défavorable vis-à-vis des stratégies alternatives.
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Produits structurés : un placement qui s'adapte aux besoins patrimoniaux
Nous continuons de privilégier les produits structurés en raison de leur capacité à s'adapter aux objectifs de rendement des investisseurs, tout en offrant une maîtrise précise de l’exposition au risque souhaitée. Malgré la baisse des taux observée au cours de l'été, ces produits maintiennent des perspectives de rendement attrayantes. Dans ce contexte, la priorité est accordée à une sélection rigoureuse et à une diversification attentive des structures choisies. Il est en effet crucial de comprendre pleinement les mécanismes de ces instruments avant de s’engager, afin d’éviter toute déconvenue. Par ailleurs, ce type de produit peut s’accompagner de frais significatifs. Ainsi, il est essentiel pour tout investisseur désireux de s’exposer à ces actifs d’être bien conseillé et accompagné.
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Private equity & Private debt : des perspectives intéressantes sur le long terme
Une classe d’actifs appréciée des investisseurs institutionnels
L'attrait croissant des investisseurs institutionnels pour les actifs non cotés marque un tournant significatif, préfigurant une expansion des fonds destinés au marché de détail en 2024. Bien que nous privilégions une approche prudente à court terme, notre perspective demeure optimiste quant à l'avenir du capital-investissement. Nous soutenons non seulement les stratégies secondaires, mais également les stratégies de co-investissement et de dette privée.
En outre, nous intégrons activement les stratégies de croissance par rachat (growth buyout), visant les entreprises en phase d'expansion qui aspirent à accélérer leur développement, ainsi que les mécanismes de dette mezzanine, offrant une solution de financement flexible se situant entre le capital propre et la dette senior, afin d'enrichir notre portefeuille et de saisir des opportunités complémentaires dans un paysage économique en constante mutation. Le capital-risque (VC) suscite également un intérêt croissant, promettant des perspectives alléchantes pour le financement de startups innovantes et d'entreprises en phase de démarrage.
Quelle est l’allocation conseillée ?
Pour optimiser un portefeuille, une stratégie diversifiée combinant plusieurs types d'investissements peut s'avérer particulièrement avantageuse. Par exemple, allouer une partie du capital aux investissements secondaires pour garantir une certaine stabilité, tout en investissant une autre portion dans le capital-risque (VC) pour exploiter le potentiel de rendements élevés, dans le LBO pour bénéficier de l'effet de levier, dans le growth equity pour profiter de la croissance des entreprises établies, et dans la dette mezzanine pour tirer parti des taux élevés. Cette approche permet de diversifier les risques tout en maximisant les opportunités de rendement.
