Londres, la capitale de l'Angleterre

Royaume-Uni : la fin du régime fiscal du « Non Dom » est confirmée !

Le Royaume-Uni se distingue depuis longtemps par un régime fiscal particulièrement attractif destiné aux expatriés résidant sur son sol sans pour autant y être domiciliés. Ce dispositif, connu sous l'appellation de « non-dom » (pour « Resident Non-Domiciled » ou RND), offre aux étrangers fortunés un cadre fiscal des plus avantageux.

Le statut de résident non domicilié s'applique à toute personne vivant au Royaume-Uni sans y avoir établi son domicile, selon la définition juridique britannique. Cette catégorie englobe principalement les individus dont le pays d'origine se situe hors du Royaume-Uni. L'un des principaux attraits de ce régime réside dans le fait que les plus-values et revenus issus de sources étrangères échappent à toute imposition britannique, et ce pour une durée de quinze ans. Il convient toutefois de noter qu'une taxe forfaitaire s'applique dès la septième année de résidence.

  • Le "Non Dom" : un régime comparable à ceux d'autres pays européens

Seuls les revenus importés – c'est-à-dire ceux rapatriés sur le territoire britannique – sont soumis à l’impôt, en vertu du principe de la « remittance basis », en plus des revenus et gains réalisés au Royaume-Uni. Au-delà de ces quinze années, les résidents sont considérés comme domiciliés sur le sol britannique (« deemed domiciled »), marquant ainsi la fin des privilèges fiscaux liés à ce statut particulier. Bon nombre de contribuables étrangers ont su habilement tirer parti de ce régime, en réorganisant leur patrimoine avant de s’établir au Royaume-Uni.

Il est à noter que ce type de dispositif, incitant les individus fortunés et à forte mobilité internationale à s'installer dans des juridictions fiscalement avantageuses, ne constitue pas une exception. De semblables régimes fleurissent à travers l’Europe.

Clap de fin pour le régime des "Non Dom"

Au Royaume-Uni, le régime des « non-dom » fait l'objet d'intenses débats politiques. Depuis le début de l’année 2024, les principaux partis, qu’ils soient conservateurs ou travaillistes, se montrent particulièrement actifs en vue d'une réforme significative. Une transformation en profondeur de ce régime est envisagée à l’horizon 2025, signe d’un changement de cap imminent.

Selon l’annonce du ministre britannique des Finances du 6 mars dernier, confirmée depuis, le statut de non-dom devrait être aboli au profit d’un nouveau régime, le « Foreign Income and Gains » (FIG), régime des revenus et gains étrangers, basé uniquement sur la notion de résidence (et donc sans avoir recours à la double notion de résidence et de domicile), à partir du 6 avril 2025. Ce nouveau régime remplacera l’actuel régime de la « remittance basis », affectant ainsi la fiscalité des expatriés vivant au Royaume-Uni qui profitent de ce régime fiscal d’exception.

Présentation du nouveau dispositif fiscal : le régime FIG (Foreign Income and Gains)

Les caractéristiques précises et la mise en application de ce nouveau régime restent à clarifier. Cependant, les principales mesures annoncées sont les suivantes :

  • Concernant la durée de résidence : Ce régime s’adresserait aux contribuables n’ayant pas résidé fiscalement au Royaume-Uni au cours des 10 dernières années.
  • Concernant l’imposition des revenus étrangers : Contrairement au régime « non-dom », où les revenus et gains étrangers ne sont imposés que s’ils sont rapatriés au Royaume-Uni, le nouveau régime n’imposera pas les revenus de source étrangère, même rapatriés, pendant une durée de 4 ans. En revanche, passé ce délai, les contribuables seront intégralement soumis à une imposition sur leurs revenus et gains mondiaux. Les non-dom ne pourront donc plus être exonérés sur les revenus générés à l’étranger.

Ce régime s’appliquera aux personnes arrivant au Royaume-Uni à partir du 6 avril 2025, ainsi qu’aux résidents fiscaux actuels qui le sont depuis moins de 4 ans, et ce jusqu’à la fin de leur 4e année de résidence fiscale. Après 4 ans de résidence, les contribuables ne pourront bénéficier d’aucun régime fiscal favorable pour les revenus et gains non britanniques.

Des mesures fiscales transitoires mises en œuvre

Il est question de mesures transitoires pour les personnes bénéficiant du régime actuel depuis plus de 4 ans. Ces mesures doivent néanmoins encore être précisées.

  • Les contribuables passant du régime de la « remittance basis » en 2024/2025 à l’imposition sur une base mondiale en 2025/2026 devaient, selon le projet initial, être imposés seulement sur la moitié de leurs revenus de source étrangère (les plus-values étant pleinement taxables), mais ce dispositif annoncé par le gouvernement précédent n’a pas été repris dans le document de « policy summary » publié cet été après les élections législatives par le HM Treasury.
  • Pour toute plus-value résultant de la cession d’actifs privés, à partir du 6 avril 2025, il était également envisagé que ces contribuables puissent bénéficier d’un « rebasement » (step-up fiscal), mais la date du 6 avril 2019 comme date de référence pour la valorisation de ces actifs (pour les besoins du calcul de la plus-value) n’a pas été reprise dans le projet actualisé ; cette date reste donc à déterminer.
  • Afin d’encourager le transfert des revenus et gains étrangers vers le Royaume-Uni, ceux-ci pourraient être soumis à un taux avantageux par rapport aux taux actuels. Ce mécanisme de rapatriement des fonds étrangers (« temporary repatriation facility », TRF) s’appliquera pour les exercices fiscaux 2025/2026, voire davantage, et pour les revenus et plus-values obtenus avant le 6 avril 2025. Le taux avantageux, initialement envisagé à 12 % (projet initial), est redevenu indéterminé suite à la publication de cet été.

Droits de succession (« Inheritance Tax » - IHT) et trusts

Les droits de succession britanniques sont également largement basés sur la notion de domicile du contribuable et le gouvernement envisage aussi de passer à un régime fondé uniquement sur la notion de résidence.
Des incertitudes demeurent quant aux dispositions qui pourraient être applicables en matière de succession et de trusts.
Pour l’heure, les « non-dom » sont exonérés de l’impôt sur les successions sur les biens situés en dehors du territoire. L’assujettissement aux droits de succession dépend du domicile et de la localisation des biens. Les personnes non domiciliées au Royaume-Uni ne sont soumises aux droits de succession que sur les actifs situés sur le territoire (actifs dits « britanniques »). Les actifs non britanniques deviennent taxables lorsque la personne devient domiciliée au Royaume-Uni.

Cependant, un nouveau régime basé sur la résidence semble susceptible d’être mis en œuvre. Après 10 ans de résidence au Royaume-Uni, les actifs internationaux seraient assujettis aux droits de succession (taux effectif de 40 %, quel que soit le lien de parenté), contre 15 ans actuellement. De plus, pour toute personne quittant le territoire britannique, ses actifs internationaux resteraient assujettis aux droits de succession pendant 10 années, contre 3 ans selon le délai actuel.
Enfin, le régime des trusts serait également modifié. Les actifs britanniques placés dans un trust par un contribuable non domicilié au Royaume-Uni pourraient ne plus bénéficier de l’exonération des droits de succession.
La confirmation de ces nouvelles règles et leur application détaillée, y compris les dispositions transitoires pour les constituants concernés, seront publiées lors du budget du 30 octobre.

L'œil de Scala Patrimoine

  • Certains résidents non domiciliés assujettis à la « remittance basis » ne seront pas éligibles au régime FIG dès lors qu’ils sont présents sur le territoire depuis plus de 4 ans. Ils seront donc assujettis à l’impôt britannique sur les revenus et gains internationaux.
  • Les résidents depuis plus de 10 ans seront assujettis aux droits de succession sur leurs actifs internationaux.
  • Les résidents domiciliés se verront appliquer les droits de succession pendant 10 ans s’ils venaient à quitter le pays.
  • Les personnes venant s’installer au Royaume-Uni pour une durée inférieure à 4 ans continueront de bénéficier d’un traitement fiscal avantageux.

Ces changements, bien que potentiellement significatifs, demeurent pour l’instant au stade de projets, au cours d’une année électorale qui a vu les travaillistes prendre le pas sur les conservateurs le 4 juillet dernier.
Néanmoins, la réforme est en bon chemin et les contribuables soumis au régime actuel RND peuvent dès à présent réfléchir à leur situation patrimoniale compte tenu de ce qui est en train de se dessiner au Royaume-Uni.
Plusieurs options de planification sont possibles, notamment pour les personnes venant s’installer au Royaume-Uni ainsi que pour celles actuellement soumises au régime.

Ces nouveautés devraient être rendues définitives le 30 octobre 2024 lors de la présentation du budget.

Nos équipes sont à votre disposition pour échanger sur vos projets et évaluer, avec vous, les conséquences de ce changement de régime sur votre stratégie patrimoniale.


Les marchés financiers prouvent une nouvelle fois leur dépendance aux décisions des banques centrales. L'économie résiste, quant à elle, trés bien.

Le rendez-vous des marchés financiers - Septembre 2024

Marchés financiers & économie : les points clés

  • Les marchés financiers ont subitement décroché début août, à la suite de la publication des mauvais chiffres de l’emploi aux États-Unis, avant de se reprendre.
  • La croissance de la zone euro sera vraisemblablement inferieure à celle des États-Unis et des marchés émergents pour les années à venir. Le FMI table sur une croissance de 1,5 % pour la zone euro en 2025, contre 1,9 % pour les États-Unis et 3,2 % pour le reste du monde.
  • Lors du symposium de Jackson Hole, Jérôme Powell, le président de la Réserve fédérale, a annoncé une très probable baisse des taux américains en septembre.

Quelles performances sur les marchés financiers ?

Les marchés financiers ont traversé un mois d’août sous haute tension. La publication des chiffres de l’emploi pour juillet aux États-Unis a semé le trouble parmi les investisseurs, en raison de la hausse inattendue du taux de chômage, qui touche désormais 4,3 % de la population active.

  • Les marchés actions : Cliffhanger

Cet été, les principaux indices boursiers ont brusquement décroché. Le Nasdaq a perdu plus de 6 % en l’espace de quelques heures. Au Japon, le Nikkei a chuté de 12,4 %, enregistrant ainsi son pire repli depuis le krach de 1987.

En Europe, la baisse fut plus modérée sur les marchés. L’Euro Stoxx 50 a reculé de 2,17 % en une seule séance, tandis que le CAC 40 a terminé avec un repli de 1,42 %. Heureusement, cette « purge » n’aura duré que quelques jours, les marchés ayant rapidement amorcé une reprise.

Cet épisode illustre cependant la nervosité qui agite actuellement les marchés financiers, toujours vulnérables à de nouvelles turbulences. En témoigne la chute de 9,53 % en une seule séance de l’action Nvidia, le spécialiste de l’intelligence artificielle. Cette baisse a effacé 279 milliards de dollars de capitalisation boursière, un record absolu dans l’histoire des marchés !

Depuis le début de l’année, le S&P 500 affiche une hausse de 15 %, l’Euro Stoxx 50 progresse de 6,8 %, tandis que le CAC 40, lui, recule de 1 %.

  • La volatilité : Peur sur la ville

En août, la volatilité a fortement augmenté, traduisant l’angoisse qui pèse sur les marchés. Le VIX, communément appelé l’indice de la peur, est ainsi passé de 12 fin juillet à 38 lors de la séance du 5 août. Depuis, l’atmosphère s’est quelque peu apaisée, et l’indice évolue désormais autour de 19.

  • Les obligations d’états : Témoin sous protection

Les banques centrales adoptent un nouveau cap. Quelques semaines après la Banque centrale européenne, la Réserve fédérale américaine s’apprête elle aussi à abaisser ses taux directeurs. Le rendement du Bund allemand à 10 ans est tombé à 2,21 %, contre 2,6 % à la fin mai. Aux États-Unis, le taux à 10 ans s’établit à 3,74 % (contre 4,5 % fin mai), tandis qu’en France, le taux de l’OAT 10 ans reste relativement stable à 2,9 % (contre 3,1 % fin mai).

La France bénéficie évidemment de la protection offerte par la zone euro. L’évolution des taux français sera toutefois à suivre de près dans les mois à venir, notamment si la paralysie politique devait perdurer, ce qui pourrait avoir des répercussions sur l’adoption du budget et une éventuelle réduction du déficit public.

  • L’or : La folie des grandeurs !

Le précieux métal jaune continue son ascension fulgurante. Le 20 août, le cours de l’once d’or a atteint un nouveau sommet historique à 2 526,07 dollars !

L’or profite d’un environnement économique et politique particulièrement favorable, marqué par des perspectives de baisse des taux, des tensions géopolitiques accrues et des programmes massifs d’achats menés par des banques centrales soumises à des sanctions américaines (Russie, Chine, Turquie…).

  • Le cuivre : Plus dure sera la chute

Le cuivre, souvent perçu comme un indicateur avancé de l’état de l’économie mondiale, est sous pression depuis quelques semaines, notamment en raison des incertitudes entourant la croissance chinoise.

Depuis le mois de mai, le prix de « Dr Copper » (copper étant la traduction anglaise du mot cuivre) suit une tendance baissière sur les marchés. Son cours est passé de 5,11 dollars à 4,08 dollars en moins de quatre mois. Pour ne rien arranger, Goldman Sachs a récemment abaissé ses prévisions, fixant son objectif de prix à 10 100 dollars la tonne, contre 15 000 dollars précédemment.

  • Le pétrole : Au revoir là-haut

Malgré les tentatives des grands producteurs de pétrole pour enrayer la baisse des cours de l’or noir, rien n’y fait. Sur les six derniers mois, le prix du baril de Brent a chuté de près de 11 %, s’établissant désormais à 73 dollars, bien en deçà des niveaux espérés par les membres de l’OPEP.

Avec le ralentissement de l’économie chinoise et la surproduction américaine, il sera difficile pour l’Arabie Saoudite, l’Iran ou les Émirats arabes unis de relancer les cours du pétrole dans les mois à venir.

Performances des principaux indices boursiers depuis le 1er janvier 2024
Performances des principaux indices boursiers depuis le 1er janvier 2024

Les États-Unis : une croissance en sursis ?

Les interrogations autour de la robustesse de la croissance américaine s’installent doucement mais sûrement. Les optimistes y verront un verre à moitié plein, tandis que les pessimistes affirmeront sans hésitation qu’il est à moitié vide.

  • Une croissance plus forte qu’attendue au deuxième trimestre

L'économie américaine, résiliente, déjoue – pour l'heure – les pronostics alarmistes des cassandres. En effet, elle a affiché une progression annuelle de 3 % au dernier trimestre, surpassant les prévisions des analystes qui tablaient sur 2,7 %. Ce chiffre contraste avec la croissance plus modeste de 1,4 % observée au premier trimestre.

Ces performances macroéconomiques encourageantes reposent principalement sur une consommation soutenue et des investissements d’entreprise toujours robustes.

Les dépenses de consommation, qui représentent environ 70 % de l’activité économique, ont crû à un rythme annuel de 2,9 %, au-delà des 2,3 % anticipés. Quant aux investissements des entreprises, ils ont augmenté de 7,5 %, grâce notamment à une hausse de 10,8 % des investissements en équipement.

La confiance des ménages, un autre indicateur clé, s'est redressée en août, passant de 101,9 à 103,3, surpassant les attentes des économistes, qui prévoyaient un léger repli autour de 101.

En outre, la mesure de l'inflation PCE (Personal Consumption Expenditures) est restée en ligne avec les prévisions (+0,2 % sur le mois et +2,5 % en rythme annuel), apportant une touche d’optimisme supplémentaire.

  • Un marché de l’emploi sous pression

Malgré ces données rassurantes, les spéculations sur la santé de l’économie américaine persistent. Le spectre de la récession continue de planer dans les esprits.

L’indice ISM manufacturier, baromètre clé de l’activité économique du pays, est ressorti en deçà des attentes, à 47,2, contre 46,8 le mois précédent, alors que les économistes espéraient un rebond à 47,9. L’ISM des services se porte, quant à lui, un peu mieux qu’attendu. Il est sorti à 51,5 en août contre 51,4 en juillet, alors que le consensus était de 51,1

Plus préoccupant encore, les créations d'emplois se révèlent bien plus faibles qu'anticipé. Le département du Travail a révisé à la baisse de 818 000 le nombre d’emplois non-agricoles créés entre mars 2023 et mars 2024, soit une réduction de 0,5 % du total des emplois, marquant l’une des révisions les plus importantes de l’histoire. En moyenne, les créations d’emplois sur cette période s’établissent à 173 000, contre 242 000 attendus.

Les chiffres de l’emploi ADP sont, eux aussi, mal orientés. Le marché anticipait 144 000 créations d’emplois dans le secteur privé pour le mois d’août … pour finalement atterrir à 99 000. La claque est d’autant plus forte que le chiffre se place sous la barre symbolique des 100 000 créations d’emplois.

Parallèlement, le durcissement de la politique monétaire menée par la Réserve fédérale (Fed) a pesé sur la vitalité du marché de l'emploi, avec un taux de chômage en hausse, passant de 4,1 % à 4,3 % en juillet.

Les incertitudes entourant les élections à venir pourraient également freiner la croissance. Le duel entre la démocrate Kamala Harris, qui a succédé à Joe Biden en tant que candidate, et le républicain Donald Trump promet d’être électrique.

  • Un nouveau cycle monétaire en préparation

« Le moment est venu », a déclaré Jérôme Powell, président de la Réserve fédérale, lors du symposium de Jackson Hole. Il a ainsi annoncé qu’un ajustement de la politique monétaire était à l’horizon. Une première baisse des taux d’intérêt devrait intervenir dès septembre.

La lutte contre l’inflation, qui est retombée à 2,5 % en juillet, rapprochant ainsi l’économie de l’objectif de 2 %, redonne une certaine marge de manœuvre à la Fed.

Néanmoins, l’ampleur et la rapidité de cette réduction des taux restent incertaines. Jerome Powell a adopté un ton pragmatique : « La direction est claire, mais le calendrier et le rythme des baisses de taux dépendront des données économiques disponibles, de l’évolution des perspectives et de l’équilibre des risques ».

La Fed se trouve face à un dilemme : naviguer avec précaution pour éviter une récession tout en préservant la solidité du marché de l’emploi. Ce discours a rassuré les marchés obligataires, le taux américain à deux ans ayant baissé de 12 points de base. Les investisseurs anticipent au moins deux baisses des taux d’ici la fin de l’année.

Zone euro : une croissance qui restera faible

L’économie de la zone euro avance cahin-caha, offrant un paysage contrasté que la Banque centrale européenne (BCE) doit gérer avec une prudence accrue. Face à des interrogations persistantes sur le rythme des baisses de taux à adopter dans les mois à venir, l'institution se trouve donc dans une situation complexe.

  • Une conjoncture économique en demi-teinte

Au deuxième trimestre 2024, le PIB de la zone euro a enregistré une modeste croissance de 0,3 % par rapport au trimestre précédent, selon les estimations d’Eurostat. Cette progression a notamment été portée par la bonne dynamique du secteur des services, avec un indice PMI HCOB qui est passé de 51,9 en juillet à 52,9. Ce niveau rejoint ainsi la moyenne historique de 52,7.

Les indices de confiance de la Commission européenne (CE) ont également dépassé les attentes en août, à la fois pour l'industrie (de -10,4 à -9,7) et pour les services (de 5 à 6,3). Le sentiment économique global (ESI composite) a lui aussi progressé, atteignant 96,6 contre 96,0 le mois précédent.

Sur le front de l'emploi, le chômage dans la zone euro a légèrement reculé en juillet (6,4 % contre 6,5 % en juin), une tendance également observée en Italie (6,5 % contre 6,9 %) tandis qu'il est resté stable en Allemagne à 3,4 %.

Cependant, les fragilités de la zone euro demeurent nombreuses. L’indice PMI, baromètre de la confiance des entreprises, a chuté de 0,8 point pour atteindre 50,1, frôlant ainsi la frontière critique des 50 points qui sépare expansion et contraction. Les entreprises se montrent de plus en plus réservées quant aux perspectives économiques, incertaines et floues.

Autre inquiétude, plusieurs pays de la zone euro, tels que la France, l’Italie et la Belgique, se débattent avec des déficits budgétaires alarmants. Ces nations devront adopter des politiques d’austérité draconiennes pour préserver leurs modèles économiques. Des mesures qui, inévitablement, pèseront sur la croissance globale de la région.

  • Vers un nouveau coup de pouce de la BCE ?

Sans surprise, l'inflation continue de ralentir, avec une hausse modérée de 0,2 % sur un mois et de 2,2 % sur un an. En Allemagne, elle a reculé à 1,9 % en août, contre 2,3 % en juillet. En Espagne, elle tombe également à 2,4 %.

Malgré cette baisse de l'inflation, des nuages sombres continuent de planer sur l'économie européenne. Ces difficultés économiques inciteront-elles la BCE à réagir plus vite que prévu ? Lors d'une récente interview, François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, a jugé qu’une nouvelle baisse des taux directeurs en septembre serait « juste et sage », insistant sur la nécessité d'agir sans attendre que l'inflation passe durablement sous la barre des 2 %.

Il a également souligné que les effets des ajustements des taux d’intérêt mettent du temps à se répercuter dans l'économie réelle. Selon ses prévisions, l’objectif d’une inflation à 2 % ne sera probablement atteint qu’au premier semestre 2025 en France, et au second semestre pour l’ensemble de la zone euro.

La France : une économie suspendue aux décisions politiques ?

Depuis la publication des résultats des élections législatives, la France semble plongée dans une impasse politique. Si Michel Barnier a été nommé premier ministre par le président, il s’expose toutefois à une motion de censure par l’Assemblée nationale. Si tel est le cas le Premier Ministre devra alors remettre au président de la République la démission du Gouvernement.

  • Un « effet JO » en vue ?

Au deuxième trimestre 2024, le produit intérieur brut (PIB) a timidement progressé de 0,2 %. Toutefois, dans ce climat morose, le secteur des services a connu, en août, sa plus forte croissance depuis plus de deux ans. Cette dynamique est en partie portée par l’enthousiasme autour des Jeux olympiques et une hausse de la demande intérieure.

L’indice des services s’est établi à 55,0 en août, son niveau le plus élevé depuis mai 2022, après avoir déjà atteint 50,1 en juillet.

Malgré ces chiffres encourageants, l’INSEE a exprimé ses préoccupations dans sa dernière note économique. Le recul de l’inflation ne doit, selon l’institution, pas masquer les défis persistants liés à l’emploi et à la faible activité économique.

Comme en Allemagne, l’industrie française continue de souffrir. En août, l'indice PMI manufacturier est ressorti en version définitive à 43,9 contre 44,0 en juillet et un chiffre de 42,1 dans l'enquête préliminaire.

Heureusement, les pressions inflationnistes s’atténuent. En août, l’indice des prix à la consommation a augmenté de 1,9 % sur un an, contre 2,3 % en juillet. Cette baisse est principalement attribuable à un ralentissement marqué des prix de l’énergie. En effet, le coût de l’énergie n’a progressé que de 0,5 % sur un an en août 2024, alors qu’il avait bondi de près de 7 % l’année précédente.

  • Une confiance des ménages qui vacille

Bien que la confiance des ménages ait légèrement augmenté, selon l’INSEE (+1 point à 92), elle reste en deçà de sa moyenne de long terme. Toutefois, elle atteint en août son plus haut niveau depuis le début du conflit en Ukraine.

Malgré cette amélioration, le pouvoir d’achat du revenu disponible brut (RDB) des ménages ralentit (+0,2 % après +0,4 %), tandis que leur taux d’épargne continue de grimper, atteignant 17,9 % contre 17,6 % le trimestre précédent. Ce comportement prudent reflète les inquiétudes des Français quant à l’évolution de la situation économique dans les mois à venir.

Hélas, la France dispose de marges de manœuvre limitées pour redresser la situation économique. En raison d’un endettement record, la mise en œuvre de plans de relance ambitieux semble compromise. À la fin du premier trimestre 2024, la dette publique s’élevait à 3 159,7 milliards d’euros, soit 110,7 % du PIB. Cette année, le déficit public devrait atteindre 5,6 % du PIB, dépassant de 1,2 point les prévisions initiales du gouvernement.

L’économie chinoise en eaux troubles

La deuxième puissance mondiale traverse une période de ralentissement économique structurel. Il est désormais illusoire de penser que la Chine pourra un jour renouer avec les niveaux de croissance exceptionnels des années 2000, où le PIB progressait de plus de 8 % par an. Au deuxième trimestre de 2024, le taux de croissance du PIB en rythme annuel a encore reculé, atteignant 4,7 %, contre 5,3 % au trimestre précédent. Malgré ces difficultés, le gouvernement chinois n’a pas annoncé de réformes majeures lors du troisième plénum du Parti communiste.

  • Un ralentissement structurel

Les différents indicateurs macroéconomiques témoignent de la fragilité persistante de l'économie chinoise. Au deuxième trimestre, l'activité n'a progressé que de 0,7 % par rapport au trimestre précédent, bien en deçà des prévisions initiales qui tablaient sur 1,1 %, et encore loin des 1,5 % atteints au premier trimestre.

Autre signe inquiétant, l'indice des directeurs d'achat (PMI) publié par le Bureau national des statistiques (NBS) pour le mois de juillet s'est établi à 49,4, signalant une contraction de l'activité.

L'indice des prix à la consommation (IPC), quant à lui, flirte dangereusement avec la déflation depuis plusieurs trimestres. En juin dernier, l'IPC a encore reculé, passant de 0,3 % à 0,2 %.

Selon les données du gouvernement chinois, la production industrielle a ralenti en juillet, n'affichant plus qu'une hausse de 5,1 %, son rythme le plus faible depuis mars 2024. Le PMI manufacturier a encore déçu, chutant de 49,4 à 49,1 en août. Seul le secteur des services semble échapper à cette morosité, avec une légère hausse de 0,1 point, atteignant 50,3.

Pour tenter de relancer l'économie, la Banque centrale de Chine a abaissé plusieurs de ses taux directeurs à la fin du mois de juillet. Le taux des prêts à moyen terme aux établissements financiers a ainsi été réduit de 2,5 % à 2,3 %. Cependant, cette mesure n’a guère eu d’impact notable sur l’activité économique.

Seul point de satisfaction : la production industrielle a progressé en juin de 0,4 % en rythme mensuel, soutenue par la vigueur des exportations, qui ont bondi de 10,7 % sur un an.

  • Les ménages chinois ont perdu confiance

L’une des principales causes du faible niveau de croissance réside dans la morosité des ménages chinois. L’indice de confiance des consommateurs, mesuré par le NBS, a atteint son plus bas niveau en 19 mois. En conséquence, les ventes au détail ont reculé de 0,1 % en juin, en variation mensuelle, et n’ont progressé que de 0,5 % depuis le début de l’année. Parallèlement, la croissance des revenus des ménages s'est essoufflée, passant d'une moyenne de 6,9 % sur la dernière décennie à seulement 5,3 % au deuxième trimestre.

Le pays souffre également du désenchantement de sa jeunesse. Le taux de chômage des jeunes a atteint un niveau alarmant de 17,1 % en juillet, révélant les fissures qui fragilisent le modèle économique chinois.

Cette perte de confiance ne pourra être restaurée sans une reprise massive du secteur immobilier, qui pèse à lui seul un quart de l’économie nationale et représente près des deux tiers du patrimoine des ménages.

  • L’immobilier en perdition

Le vieil adage « Quand le bâtiment va, tout va » trouve une résonance particulière en Chine, où le secteur immobilier semble désormais délaissé par le gouvernement. Sous la direction du président Xi, la Chine a cherché à freiner la spéculation effrénée sur la pierre. Les précédents plans de relance de l’immobilier avaient entraîné une flambée des prix, un surendettement massif et des constructions dans des zones peu demandées.

Le gouvernement a donc pris des mesures drastiques, demandant aux banques de réorienter leurs prêts vers des secteurs jugés prioritaires, tels que les technologies et les initiatives écologiques, tout en délaissant les domaines « non productifs » comme l’immobilier.

Conséquence directe : les prix de l'immobilier se sont effondrés. L’indice des prix des 70 principales villes, calculé par le NBS, a chuté de 4,5 % en un seul mois, en juin ! Le marché est aujourd'hui presque à l'arrêt. Les ventes de logements ont plongé de 16 % le mois dernier, tandis que les nouvelles constructions ont chuté de 18 %.

La contraction du crédit immobilier continue d'établir des records à la baisse, ce qui aggrave encore la situation.

Malgré la gravité de la crise, le gouvernement chinois ne semble pas encore prêt à prendre des mesures d’envergure pour sauver le secteur de la faillite. Lors du récent plénum, seules quelques mesures timides ont été annoncées, telles que la baisse de 10 points de base des taux directeurs, des opérations de prise en pension à sept jours, et l’application de taux préférentiels à un an et cinq ans.

Les convictions de Scala Patrimoine sur les marchés financiers

La première semaine du mois d'août a été marquée par une chute brutale des marchés boursiers. À titre d’exemple, le Nikkei a enregistré sa plus forte baisse quotidienne depuis le krach de 1987. Depuis, les indices boursiers ont, dans l'ensemble, retrouvé leurs niveaux d’avant-correction. Cependant, bien que l’ampleur de ces fluctuations ne soit pas sans précédent, la volatilité prononcée qui s’installe risque de perdurer, exacerbée par une liquidité particulièrement faible, au-delà des simples effets de saisonnalité.

  • Les marchés actions : une diversification des positions

Des opportunités d’achat sur les valeurs technologiques ?

Bien que la volatilité continue de peser sur le moral des marchés financiers, nous maintenons notre positionnement neutre sur les actions, à la lumière des perspectives de baisse des taux, qui se précisent pour le mois de septembre. Ce relâchement monétaire attendu devrait favoriser les actifs risqués, et plus spécifiquement les valeurs de croissance, notamment dans le secteur technologique. Les dernières publications des résultats d’entreprise ont révélé un certain essoufflement de l’engouement autour de l’intelligence artificielle. Pourtant, les entreprises technologiques, en tête desquelles on retrouve Nvidia, actives dans ce domaine, continuent de présenter des fondamentaux extrêmement solides. Nous privilégions toujours ces valeurs, considérant les récentes baisses comme des opportunités d’achat.

Sur le plan économique, la nervosité des marchés financiers a été accentuée par des indicateurs contradictoires de l'économie américaine. Alors que les perspectives du secteur manufacturier redeviennent négatives et que le marché de l’emploi ralentit, la consommation, elle, demeure robuste. Le risque de récession ne peut être écarté, tant l’interprétation de ces signaux reste délicate. Toutefois, certains éléments plaident en faveur d’un scénario de reprise, notamment la trajectoire désinflationniste. Celle-ci, soutenue par des gains de productivité plus rapides que la hausse des salaires, semble désormais solidement ancrée. La baisse des prix contribue à renforcer le pouvoir d’achat des ménages.

Concernant les élections présidentielles américaines, quelle qu’en soit l'issue, le prochain dirigeant devrait continuer à soutenir l'économie.

Les grandes valeurs sont privilégiées

Nous maintenons notre préférence pour une diversification sectorielle, capable d’atténuer l’impact des fortes rotations observées récemment. Nous ne recommandons pas une exposition aux petites capitalisations, malgré leurs valorisations attractives sur les marchés. En dépit de quelques surprises ponctuelles, ces entreprises peinent à retrouver un chemin vers une performance durable, affectées par un environnement qui favorise les leaders des différents marchés et par des problèmes de liquidité persistants. Nous préconisons plutôt de privilégier les valeurs américaines, compte tenu d’un contexte macroéconomique plus favorable qu’en Europe. Une exposition au Japon ou aux marchés financiers émergents, tout en couvrant le risque de change, peut offrir une diversification intéressante. Toutefois, nous conseillons de limiter l’exposition à la Chine, toujours aux prises avec de nombreuses difficultés (dont un record historique de sortie des investissements étrangers de 15 milliards de dollars au deuxième trimestre), et de favoriser des alternatives telles que l'Inde.

  • Les Marchés obligataires : un attrait pour les obligations d'entreprise 

La Fed change les règles du jeu

Les inquiétudes entourant le ralentissement de l’économie américaine ont considérablement modifié les anticipations quant à l'évolution des taux directeurs de la Réserve fédérale (Fed). Alors que deux baisses de taux étaient envisagées au début de l’été, ce chiffre est désormais porté à quatre pour l’année 2024. Conjuguées à des indicateurs d'inflation qui confirment une détente progressive des prix, ces prévisions ont entraîné une baisse de 57 points de base du taux à 10 ans américain au cours des deux derniers mois. Les taux européens ont emboîté le pas, bien que de manière plus modérée. Le taux à 10 ans allemand a ainsi reculé de 38 points de base sur la même période, tandis que l'écart entre l'OAT française et le Bund allemand est resté stable, avoisinant les 70 points de base.

Outre-Atlantique, la baisse des taux courts a été encore plus marquée, avec un recul d'environ 80 points de base, reflet des nouvelles anticipations de diminution des taux directeurs. L’ensemble des obligations, et notamment les obligations souveraines, a tiré profit de cette tendance. Si les risques de récession venaient à se concrétiser, les banques centrales pourraient être contraintes d’accélérer le rythme de baisse des taux, jusqu’alors particulièrement prudent. Dans un tel contexte, le segment des obligations souveraines à court terme pourrait offrir des perspectives de performance intéressantes si ce scénario se réalise.

L’intérêt des stratégies de portage

La performance de ce marché obligataire dépendra donc à la fois de l’orientation future des politiques monétaires et des prévisions concernant la croissance et l'inflation. Dans l'ensemble, nous continuons de favoriser les investissements dans les obligations d'entreprises, où les stratégies de portage demeurent pertinentes. Bien que les taux de rendement aient globalement diminué, ces actifs offrent toujours des perspectives intéressantes, d’autant que le taux de défaut dans le segment investment grade reste historiquement bas. De plus, la poursuite de la baisse des taux pourrait encore soutenir la performance de ces actifs.

Les obligations subordonnées financières, émises par de grandes banques systémiques européennes, constituent également une source intéressante de diversification. La nature subordonnée de cette dette permet d'obtenir des rendements plus élevés que ceux de la dette senior, tout en étant soutenue par des établissements bancaires dont la solidité financière s'est considérablement renforcée au cours des dix dernières années, grâce à des régulations bancaires plus strictes.

Le segment des obligations à haut rendement ("High Yield") représente également un outil de diversification dans un portefeuille obligataire. Le marché américain, plus vaste et plus profond, offre une prime de risque nettement supérieure à celle du marché européen, bien que le coût de la couverture contre le risque de change doive être pris en compte. Dans cette perspective, nous préconisons de privilégier des maturités courtes, voire très courtes, afin de limiter les risques de refinancement.

Nous adoptons par ailleurs une approche prudente et neutre, car l'incertitude persistante quant aux orientations des politiques monétaires pourrait continuer d’alimenter la volatilité des taux, pesant à court terme sur les valorisations.

  • Marchés financiers alternatifs : une position défavorable

Depuis le début de l'année, les stratégies alternatives se sont révélées plus rémunératrices que la classe obligataire. Toutefois, nous privilégions une position long sur les actions et les obligations, en particulier dans un contexte où les taux directeurs s'apprêtent à être abaissés aux États-Unis. Jusqu'à présent, nous avions également favorisé les placements monétaires en raison du couple rendement/risque attractif qu'ils offraient. Cependant, les quatre baisses de taux anticipées par les marchés d'ici la fin de l'année nous rappellent que ces fonds en attente devront progressivement être réorientés vers des classes d'actifs plus lucratives. Dans ce cadre, nous maintenons une position défavorable vis-à-vis des stratégies alternatives.

  • Produits structurés​ : un placement qui s'adapte aux besoins patrimoniaux

Nous continuons de privilégier les produits structurés en raison de leur capacité à s'adapter aux objectifs de rendement des investisseurs, tout en offrant une maîtrise précise de l’exposition au risque souhaitée. Malgré la baisse des taux observée au cours de l'été, ces produits maintiennent des perspectives de rendement attrayantes. Dans ce contexte, la priorité est accordée à une sélection rigoureuse et à une diversification attentive des structures choisies. Il est en effet crucial de comprendre pleinement les mécanismes de ces instruments avant de s’engager, afin d’éviter toute déconvenue. Par ailleurs, ce type de produit peut s’accompagner de frais significatifs. Ainsi, il est essentiel pour tout investisseur désireux de s’exposer à ces actifs d’être bien conseillé et accompagné.

  • Private equity & Private debt​ : des perspectives intéressantes sur le long terme

Une classe d’actifs appréciée des investisseurs institutionnels

L'attrait croissant des investisseurs institutionnels pour les actifs non cotés marque un tournant significatif, préfigurant une expansion des fonds destinés au marché de détail en 2024. Bien que nous privilégions une approche prudente à court terme, notre perspective demeure optimiste quant à l'avenir du capital-investissement. Nous soutenons non seulement les stratégies secondaires, mais également les stratégies de co-investissement et de dette privée.

En outre, nous intégrons activement les stratégies de croissance par rachat (growth buyout), visant les entreprises en phase d'expansion qui aspirent à accélérer leur développement, ainsi que les mécanismes de dette mezzanine, offrant une solution de financement flexible se situant entre le capital propre et la dette senior, afin d'enrichir notre portefeuille et de saisir des opportunités complémentaires dans un paysage économique en constante mutation. Le capital-risque (VC) suscite également un intérêt croissant, promettant des perspectives alléchantes pour le financement de startups innovantes et d'entreprises en phase de démarrage.

Quelle est l’allocation conseillée ?

Pour optimiser un portefeuille, une stratégie diversifiée combinant plusieurs types d'investissements peut s'avérer particulièrement avantageuse. Par exemple, allouer une partie du capital aux investissements secondaires pour garantir une certaine stabilité, tout en investissant une autre portion dans le capital-risque (VC) pour exploiter le potentiel de rendements élevés, dans le LBO pour bénéficier de l'effet de levier, dans le growth equity pour profiter de la croissance des entreprises établies, et dans la dette mezzanine pour tirer parti des taux élevés. Cette approche permet de diversifier les risques tout en maximisant les opportunités de rendement.

Nos équipes sont à votre disposition pour échanger sur vos projets d’investissement et évaluer, avec vous, leur intérêt, au regard de l’environnement économique et financier, de la structuration de votre patrimoine et de vos objectifs de vie.

Les convictions des équipes d'investissement de Scala Patrimoine
Les convictions des équipes d'investissement de Scala Patrimoine

Course de chevaux

Interview de Guillaume Lucchini sur l’investissement dans les courses de chevaux pour Le Figaro

Les Français nourrissent une véritable passion pour les sports hippiques. L’équitation est aujourd’hui le troisième sport le plus pratiqué dans notre pays, derrière le football et le tennis. Pas moins de 11 500 Français possèdent des chevaux de course. Cependant, tous ne remporteront pas le prix de l’Arc de Triomphe, le prix Diane ou le le prix d’Amérique. Et il est rare que les propriétaires gagnent de l’argent dans ce domaine. Le Figaro Magazine a donc mené une enquête pour décrypter les opportunités et les risques liés aux investissements dans le monde hippique. Guillaume Lucchini, associé fondateur du multi family office Scala Patrimoine, a notamment été interrogé.

Les chevaux de course : un retour sur investissement très rare

Chaque année, en moyenne 80 000 chevaux, toutes races confondues, sont échangés sur le marché français. Les prix varient principalement selon la généalogie et les performances des ascendants, les aptitudes physiques, et l'âge de l'animal. Un yearling, c'est-à-dire un cheval d’un an, est vendu selon ses origines entre 30 000 € et 100 000 €. Pour un pur-sang prêt à courir, il faudra débourser une somme proche de 10 000 €. Le prix d’un trotteur se situe plutôt entre 5 000 € et 35 000 €. Les prix peuvent cependant monter très vite lorsque les investisseurs souhaitent acquérir un cheval de très haut niveau. Le cheval le plus cher du monde s’appelle Fusaichi Pegasus, vendu aux États-Unis pour la somme de 70 millions de dollars en 2000.

À cela, il faut ajouter les frais d’entretien, évalués entre 20 000 € et 30 000 € par an. Le propriétaire devra également s’attacher les services d’un entraîneur professionnel et un jockey. Là aussi, le prix varie selon l’expérience et la renommée de ces professionnels. En moyenne, il faut compter une commission de 16 % des gains pour l'entraîneur et 5,5 % pour le jockey.

Hélas, les revenus permettent difficilement de couvrir les charges associées. En moyenne, seulement 40 % à 55 % des coûts annuels sont assurés par les gains en course. Après cinq ou six ans, le cheval pourra cependant être revendu. La reproduction peut aussi constituer une source de revenus complémentaire.

Face au risque associé à cet investissement, le législateur a encadré l’acquisition de chevaux de course en le limitant à ceux disposant d’un revenu annuel de 30 000 € en province et 75 000 € à Paris, ceci afin de pouvoir subvenir aux besoins des équidés.

Ne pas se lancer tête baissée

Comme le souligne Guillaume Lucchini dans les colonnes du Figaro : « Acheter un cheval de course se fait très souvent à plusieurs, entre copains, pour vivre une aventure sympa ». Ce terrain de jeu est aussi réservé aux plus passionnés. « Cet investissement étant principalement alimenté par la passion et l’excitation des courses. C’est avant tout un investissement plaisir, une danseuse. On n’investit pas dans les chevaux si l’on n’aime pas cela » tient également à rappeler l’expert patrimonial.

Avant de se lancer dans un tel projet, il est essentiel de déterminer combien un acquéreur est prêt à investir et de s’assurer qu’il dispose des ressources financières nécessaires pour faire face à de telles dépenses. Il est d’ailleurs primordial de s’entourer de professionnels spécialisés compétents qui joueront le rôle de guides tout au long de cette aventure. Un bon entraîneur pourra par exemple vous conseiller sur les chevaux à acheter, tout comme des vétérinaires spécialisés qui s’assureront de l’état de santé et de la condition physique de l’animal.

Enfin, comme dans tout investissement « plaisir », mieux vaut savoir gérer ses émotions, car comme dans toute compétition sportive, le résultat est soumis à un grand aléa.


Collectif Sportech

Conférence SporTech.Fr : le rôle des sportifs de haut niveau dans le financement de l’innovation

La Sportech est un collectif qui rassemble les startups innovantes ou à fort impact dans le domaine du sport. Il représente plus de 150 startups et près d'1 milliard d’euros de chiffre d'affaires en 2023. Ce collectif vient d'organiser un événement d'envergure, attirant plus de 200 participants. Lors de cette matinée, les organisateurs proposèrent une table ronde spécialement consacrée au thème du "Capital risque, capital investissement, gestion d’image et attentes des sportifs de haut niveau". Cette discussion a ainsi été dirigée par Jacques D'Arrigo, président de SporTech Fr, en présence de personnalités telles que le footballeur Raphaël Varane, Etienne Boutan (Intuition), Vincent Catherine (Sienna Private Equity), Clarisse Castan (Ginger and Limón), Athanase Kollias (Kinvent) et Guillaume Lucchini (Scala Patrimoine). Vous trouverez ici l'intervention de l'associé fondateur du multi family office Scala Patrimoine.

Collectif SporTech.Fr. Le mouvement des athlètes investisseurs prend une ampleur croissante en France. Des figures telles que Tony Parker avec Infinity Nine Group, Blaise Matuidi avec Origins, ou encore Raphaël Varane, impliqué dans diverses entreprises de la Sportech comme VOGO, Footbar, Kobi et Kinvent, en sont les témoins les plus notables. Quelles sont leurs attentes vis-à-vis des multi family offices ? Leur gestion patrimoniale diffère-t-elle de celle des entrepreneurs traditionnels ?

Guillaume Lucchini. Le métier de multi-family office se déploie dans l’ombre, apportant un soutien précieux aux entrepreneurs et aux athlètes de haut niveau. Ce conseil à forte valeur ajoutée se matérialise notamment en leur fournissant un éventail de compétences complémentaires à celles qu'ils possèdent déjà.

Bien que les carrières des entrepreneurs et des sportifs partagent une quête commune de dépassement personnel, elles diffèrent profondément sur plusieurs aspects.

Le chef d’entreprise connait une période d’activité bien plus longue que la durée de sa retraite. Le sportif, au contraire, doit composer avec une carrière très courte, émaillée de nombreux aléas. Leur patrimoine ne va donc pas se travailler de la même manière.

De ce fait, la gestion et la sécurisation de leurs patrimoines, ainsi que les stratégies de transmission aux générations futures, nécessitent des approches distinctes.

Quel est le profil des sportifs de haut niveau ayant vocation à investir sur des opérations de capital-investissement et de capital risque ?

Guillaume Lucchini. Il convient de préciser que cette classe d’actifs ne convient pas à tous. Le capital-risque, également connu sous le nom de capital innovation, s'insère dans un portefeuille d'actifs uniquement lorsque l'athlète a déjà établi des bases patrimoniales solides, garantissant ainsi une sécurité financière à sa famille. De meme, cet investissement est principalement destiné aux sportifs ayant construit un écosystème de professionnels expérimentés autour d'eux.

Quel est alors le rôle d’un family office ?

Guillaume Lucchini. Nous avons notamment pour mission de filtrer et d’auditer les investissements proposés aux sportifs. Nous leur offrons un univers de compétences juridiques, fiscales et financières, tout en veillant à préserver les intérêts de leur famille. Le sportif représente un actif, une marque à part entière, dont l’image possède une valeur monétisable. Lorsque nous accompagnons un athlète, nous associons souvent un investissement financier à un investissement en image, permettant ainsi d'établir des ponts entre le monde du sport et celui de l'entrepreneuriat. Cette synergie enrichit ces deux mondes, offrant des bénéfices mutuels significatifs.


Le groupe Players a été racheté par Vendis Capital

Le groupe Players fait équipe avec Vendis Capital

Les matches les plus importants ne se jouent pas toujours sur le terrain. Le groupe Players vient, en effet, d’annoncer l’arrivée à son capital de Vendis Capital. Le fonds d’investissement devient ainsi le nouvel actionnaire majoritaire aux côtés de ses fondateurs, Tony Jalinier, Guillaume Debelmas et Joseph Viéville, et du management.

Les chiffres clés du groupe players, racheté par Vendis Capital
Les chiffres clés du groupe players, racheté par Vendis Capital

Players : un acteur majeur des loisirs sportifs indoors en France

Fondé à Bobigny en 2008, le groupe Players (anciennement le Groupe Five) s'est imposé comme un acteur incontournable des loisirs sportifs. Le groupe s'est fait connaître en popularisant « Le Five », des terrains de football en salle joués à 5 contre 5. Puis en faisant l'acquisition en 2016 l'un de ses principaux concurrents : Soccer Park. Le groupe a su également, au fil des années, diversifier ses activités en proposant une large gamme de services. Avec le lancement de 4Padel en 2018, Players a pris une position dominante sur ce marché, contribuant ainsi à l'essor de ce sport.

Aujourd'hui, Players regroupe les marques Le Five, 4Padel, Zidane Five Club et Players Events. Cette activité lui permet de gérer plus de 35 complexes sportifs en France.

En incluant les franchisés, le chiffre d'affaires du groupe s'élève à 40 M€, avec un EBITDA estimé à 10 M€.

La feuille de route établie par la direction du groupe est essentiellement orientée vers une croissance organique. Selon Tony Jalinier, « il reste encore beaucoup à faire et nous comptons sur Vendis pour nous aider à aborder sereinement la prochaine étape de notre développement. Avec 9 nouveaux centres déjà signés, nous affichons des ambitions fortes. »

Des opérations de croissance externe ciblées sont également envisageables. Le groupe souhaite notamment diversifier ses activités vers d'autres sports urbains, tels que l'escalade. En parallèle, l’entreprise a également annoncé devenir une société à mission.

Vendis Capital entre en scène, Kostogri se retire

Quelques semaines après le rachat du groupe Urban par la Compagnie des Alpes, valorisant la société à 157 millions d’euros, Players a répondu « du tac au tac » à son principal concurrent. En s'associant à Vendis Capital, le groupe a fait entrer à son capital un spécialiste du secteur des biens de consommation.

Selon plusieurs sources, le fonds d’investissement détient désormais une participation majoritaire dans le groupe de loisirs. Les fondateurs et le management conservent néanmoins une position minoritaire.

Kostogri, la holding de Nicolas Béraud, le fondateur de Betclic, a saisi cette opportunité pour céder sa participation. Le montant de la transaction est évalué à à 40 millions d’euros.

Mathieu de Medeiros, associé chez Vendis Capital, exprime sa confiance dans ce rapprochement : « Nous sommes convaincus que le marché des loisirs sportifs est un marché d’avenir, porté par des mouvements sociétaux puissants et pérennes. Grâce à la qualité du travail réalisé jusqu’ici, Players est idéalement positionné pour croître et consolider sa position de leader. ».

Les jeux sont faits !


Romane Azzopardi présente les perspectives de l'économie mondiale en 2024

Romane Azzopardi : « En France, les fluctuations persisteront tant que les orientations politiques ne seront pas clarifiées »

Au cours du premier semestre 2024, les marchés actions mondiaux, en particulier ceux des États-Unis, ainsi que l'or, ont affiché des performances remarquables. Pourtant, malgré cette dynamique positive, la situation est plus nuancée qu'il n'y paraît. Les nombreuses incertitudes politiques et le ralentissement de l'économie américaine continuent de polariser l'attention des investisseurs. Romane Azzopardi, responsable de la gestion financière au sein du multi-family office Scala Patrimoine, revient sur les événements de ces derniers mois et expose ses perspectives pour le trimestre à venir.

Scala Patrimoine. Quelles sont les conséquences des élections législatives françaises sur les marchés financiers ?

Romane Azzopardi. L'annonce de la dissolution de l'Assemblée nationale, survenue après les élections européennes, a entraîné une chute marquée de plus de 6 % des marchés actions français en moins d’une semaine. Cette baisse fut également accompagnée d'une montée de la prime de risque des obligations souveraines françaises. Le second tour des élections législatives n’ayant, par ailleurs, pas permis de dégager une majorité claire à l'Assemblée nationale, cela alimentera indéniablement les préoccupations politiques pendant une période indéterminée.

Le paysage politique semble s'orienter vers un gouvernement technocratique, considéré comme l'issue la plus probable. Bien que cette perspective puisse sembler relativement bénigne pour la Bourse, il demeure complexe d’évaluer avec précision son impact sur les marchés français. Certains secteurs ont, en effet, été plus affectés que d'autres, et les valeurs les plus exposées au marché domestique continueront de montrer une vulnérabilité accrue.

À court terme, les préoccupations et les fluctuations persisteront tant que les orientations politiques ne seront pas clarifiées. À moyen terme, l’endettement demeurera sans doute l’une des inquiétudes prédominantes des marchés financiers.

Scala Patrimoine. Quelles est la situation économique en zone euro ?

Romane Azzopardi. Au-delà des enjeux politiques, la situation économique dans la zone euro affiche quelques signes encourageants de reprise. La croissance du PIB pour le premier trimestre de 2024 a progressé de 0,3 %, soutenue par une augmentation des exportations nettes et un regain d'activité dans le secteur des services. Cette croissance a également bénéficié d'une amélioration des salaires réels, augmentant ainsi le pouvoir d'achat et stimulant la consommation.

En ce qui concerne l'inflation, bien que la tendance des prix reste préoccupante, la baisse progressive et continue de l'indice des prix à la consommation a contribué à stabiliser l'économie. Une inflation en recul réduit d’abord les coûts pour les entreprises, tout en allégeant la pression sur le pouvoir d'achat des ménages, favorisant ainsi une reprise économique, certes modeste, projetée à 0,8 % pour 2024. La diminution de l'inflation a également permis à la BCE de réduire ses taux directeurs de 25 points de base pour la première fois en deux ans, assouplissant ainsi les conditions financières et ouvrant la voie à d'éventuelles baisses de taux supplémentaires.

« Les derniers indicateurs signalent un affaiblissement de la consommation des ménages américains »

Scala Patrimoine. Doit-on s'attendre à un fléchissement de la consommation des ménages américains ?

Romane Azzopardi. Les derniers indicateurs signalent un affaiblissement de la consommation des ménages américains, l'un des principaux moteurs de l'économie nationale. Cet affaiblissement s'explique notamment par l'épuisement de l'épargne excédentaire accumulée durant la pandémie, avec un taux d'épargne tombé à 3,6 %, en deçà de la moyenne historique. Cet épuisement, couplé à une augmentation des défauts de paiement, y compris sur les crédits immobiliers, exerce une pression financière accrue sur les ménages.

Cette dynamique a conduit à une réduction de la consommation, susceptible d'affecter la croissance de l'activité économique américaine. De plus, le ralentissement récent du marché du travail a entraîné une diminution du rythme de croissance des salaires, impactant directement la consommation. Toutefois, une croissance salariale plus modérée pourrait alléger la pression sur l'inflation, ce qui pourrait inciter la Fed à abaisser ses taux.

Concernant la croissance, les prévisions restent globalement rassurantes avec une projection de 2,7 % pour 2024, selon le FMI. Cependant, les décisions futures de la Fed quant aux taux directeurs seront cruciales pour la dynamique de la croissance américaine.

Scala Patrimoine. Quels sont les principaux points de vigilance pour les mois à venir ?

Romane Azzopardi. L'issue des élections présidentielles américaines, marquées par le retrait de Joe Biden et la tentative d’assassinat sur Donal Trump, et le plan de réduction des déficits français, soumis à la Commission européenne dans les mois à venir, continueront d'alimenter la volatilité à court terme. Le contexte géopolitique, source constante d'instabilité, ajoutera également à cette incertitude.

En second lieu, les décisions monétaires des banques centrales, notamment celles de la Fed et de la BCE concernant leurs politiques de taux directeurs, seront déterminantes.

Troisièmement, nous entrons dans une période cruciale de publication des résultats financiers des entreprises. La capacité des entreprises à maintenir et à préserver leur croissance bénéficiaire sera essentielle pour soutenir les marchés actions.

Enfin, l’exacerbation potentielle des tensions commerciales entre l’Union européenne, la Chine, et possiblement les États-Unis en cas de victoire des Républicains pourrait entraver la reprise du cycle manufacturier attendu en Europe et nuire à la croissance économique globale.

https://www.youtube.com/watch?v=PbRw5z6hJxo


4Change

Interview de Guillaume Lucchini sur la chaine TV 4Change

Le journaliste Nicolas Pagniez a reçu, sur le plateau de l'émission 4Change, Guillaume Lucchini, président fondateur du multi family office Scala Patrimoine pour évoquer les sujets liés à la gouvernance et à la transmission d’entreprise

4Change. L’arrivée de la nouvelle génération bouscule-t-elle les codes établis dans le cadre d’une transmission d’une entreprise familiale ?

Guillaume Lucchini. Nous assistons actuellement à une transition générationnelle. Les anciens entrepreneurs ont édifié leur projet au fil du temps, avec patience et souvent une détermination sans faille. Beaucoup d'entre eux ont sacrifié une partie de leur vie personnelle pour y parvenir. Aujourd’hui, ils récoltent les fruits de leurs efforts, car ces entreprises sont souvent solides et prospères. En revanche, la nouvelle génération éprouve une soif insatiable de liberté et de changement. Pour explorer de nouveaux horizons et concrétiser leurs propres projets, les jeunes entrepreneurs choisissent souvent de céder leur entreprise avant d'en voir l’aboutissement.

Les attentes des différentes générations semblent donc diverger profondément. Bien qu'elles partagent un héritage familial, des racines communes, des envies et une éthique, ces entrepreneurs novateurs souhaitent avant tout partager des valeurs et des visions inédites.

Au-delà de leur réussite, les entrepreneurs sont-ils prêts à imposer à leurs enfants le poids qu'ils ont eux-mêmes porté pendant de nombreuses années ? Leurs enfants ont-ils envie de reprendre l’entreprise familiale ? Toutes ces questions doivent être posées, et les réponses seront apportées au cas par cas.

L’organisation de la gouvernance doit permettre de réunir ces deux générations, ces membres d’une même famille, autour d’un projet commun. Quant à notre rôle en tant que family office, il est de trouver un terrain d’entente entre les différentes parties prenantes.

4Change. Ce changement de paradigme entraîne-t-il des modifications dans la manière de diriger une entreprise aujourd'hui ?

Guillaume Lucchini. La réponse ne peut être uniforme, car cette notion de gouvernance soulève des questions fondamentales. Faut-il impliquer la jeune génération dans la gestion de l'entreprise ou, au contraire, leur laisser la liberté de s'accomplir par eux-mêmes ? Et si cette nouvelle génération souhaite s'investir dans la destinée de l'entreprise familiale, à quel moment et de quelle manière convient-il d'organiser ce passage de témoin ?

4Change. Comment faut-il opérer pour rapprocher ces différentes générations ?

Guillaume Lucchini. Il est primordial d'atteindre un consensus afin que les frustrations des uns et des autres ne viennent pas ternir l'harmonie familiale. Cela est d'autant plus crucial lorsqu'un des enfants prend la relève. Ce dernier se voit alors lesté d'une lourde responsabilité morale envers ses frères, ses sœurs, et même ses parents. Les conseillers ont alors pour mission de prévenir les conflits futurs et de rassembler les membres de la famille autour d'un nom, d'une histoire, d'une éthique et d'un ancrage territorial.

Pour y parvenir, il est essentiel de libérer la parole, de permettre à chacun de s'exprimer, de bien saisir les enjeux, mais aussi de trouver une structuration qui permette à ceux éloignés du projet entrepreneurial de se rapprocher de leur famille à travers d'autres initiatives. Les projets philanthropiques, notamment via une fondation actionnaire, constituent à ce titre une solution pertinente. L'idée est de rassembler des intérêts divergents autour d'un objectif commun. La gouvernance joue alors un rôle central en travaillant à ce projet collectif et en fédérant les générations, parfois très éloignées sur le plan humain.

https://www.youtube.com/watch?v=vY0H-yDExr0

 


La Suisse

La Suisse : un havre de paix face aux incertitudes politiques et économiques en France ?

Les récentes tensions politiques et la montée des extrêmes en France inquiètent de plus en plus les grandes fortunes françaises. Ces dernières redoutent d'être durement imposées sur leurs revenus et leur patrimoine. Ces préoccupations ont déclenché un intérêt croissant pour des destinations plus sécurisées et propices aux affaires.

Parmi celles-ci, la Suisse se distingue par ses nombreux atouts. Bien que n'appartenant pas à l'Union Européenne, ce pays bénéficie d'un emplacement géographique central en Europe et, surtout, d'un environnement économique dynamique. Au point que les professionnels de la gestion de fortune installés en Suisse sont actuellement submergés d'appels et de demandes de renseignements concernant les modalités de transfert de ces grandes fortunes.

Présent à Paris, à Marseille et à Genève, Scala Patrimoine vous présente les principaux atouts de la Suisse dans l’univers de la gestion de fortune.

1. La Suisse ou les vertus de la stabilité politique et économique

Dans un contexte marqué par de fortes tensions politiques et économiques en France, ainsi que dans d'autres pays européens, la Suisse se place comme un modèle de stabilité économique, politique et sociale. Cette constance permet aux entrepreneurs et aux grandes fortunes de planifier leurs investissements à long terme, sans craindre de changements soudains dans les domaines juridiques, fiscaux ou financiers.

Guillaume Lucchini, associé fondateur de Scala Patrimoine, dont le multi-family office opère en France et en Suisse, confirme ce sentiment. « La rapidité avec laquelle Emmanuel Macron a pris la décision de dissoudre l’Assemblée Nationale après la publication des résultats des élections européennes a surpris beaucoup de Suisses. Une telle instabilité n’est clairement pas dans la culture helvétique », observe-t-il.

Ainsi, la Suisse offre un environnement prévisible et sécurisé, prisé par ceux qui cherchent à protéger et faire fructifier leurs patrimoines loin des aléas politiques et économiques.

2. La solidité de l’architecture bancaire et monétaire

Si la Suisse a longtemps été synonyme de confidentialité bancaire, les banques helvétiques échangent, depuis 2018, automatiquement leurs informations sur les comptes ouverts avec de nombreux pays dont ceux de l'Union européenne. Malgré tout, les établissements helvétiques demeurent toujours soucieux de la confidentialité de leurs informations financières, et ont massivement investi, ces dernières années, sur la protection des données.

« La solidité des régulateurs bancaires suisses est un pilier fondamental de la réputation et de la fiabilité du système financier helvétique » souligne, à ce titre, Guillaume Lucchini, avant d’ajouter : « La Suisse dispose de régulateurs robustes, tels que l'Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (FINMA), qui veillent rigoureusement au respect des normes les plus élevées en matière de transparence, de solvabilité et de gestion des risques. »

Ces régulateurs imposent, il est vrai, des exigences strictes aux établissements financiers, garantissant ainsi la protection des investisseurs et la stabilité du marché. Leur rôle est crucial pour prévenir les crises financières et maintenir la confiance du public et des investisseurs internationaux. Grâce à cette supervision rigoureuse, les banques suisses figurent parmi les établissements les plus sûres au monde, et sont aujourd’hui très bien capitalisées.

Enfin, il convient de souligner la solidité du franc suisse. Une monnaie reconnue comme l'une des plus stables du monde. L’associé fondateur de Scala Patrimoine rappelle d’ailleurs que le France suisse est « souvent considéré comme une valeur refuge en période d'incertitude économique. Une solidité qui met notamment en valeur la robustesse de l'économie suisse, une politique monétaire prudente et la confiance internationale dans le système financier helvétique.

3. L’emplacement stratégique

Situé géographiquement au cœur de l’Europe, La Suisse partage ses frontières avec les principales puissances de l’économie continentale (France, Allemagne, Italie). Cet emplacement stratégique, à proximité des différents marchés européens, propose de nombreux avantages aux entrepreneurs et investisseurs privés situés en suisse.

Avec ses majestueuses montagnes, ses paisibles lacs et une nature florissante à portée de main, la Suisse offre tout d’abord un cadre idyllique pour les amateurs de plein air et les citadins en quête de tranquillité. Le sentiment de sécurité est profondément ancré dans la société suisse, où les taux de criminalité demeurent très faibles. Cette sécurité contribue largement à la qualité de vie des résidents.

Les hôpitaux et les établissements de soin en Suisse jouissent également d'une excellente réputation.

Enfin, sur le plan politique, la Suisse se distingue par sa démocratie directe, où les citoyens participent régulièrement aux décisions politiques par le biais de référendums. Cette implication directe renforce le sentiment de contrôle et d'appartenance à la communauté, contribuant ainsi à un environnement stable et participatif.

Mais au-delà de cette qualité de vie, les Suisses bénéficient également d’un environnement économique financier robuste. Guillaume Lucchini rappelle en effet que « la suisse est un véritable Hub financier qui réunit un ensemble large d’établissements financiers (Banques, cabinets d’avocats, sociétés de gestion), basés principalement à Genève et à Zürich. »

La législation suisse favorise également l'innovation et la croissance économique, créant un climat propice aux affaires. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le pays abrite les sièges de certains des plus grands groupes mondiaux (Adecco, Holcim, Nestlé, Roche, TAG-Heuer, UBS, Swisscom …).

4. L’environnement juridique et fiscal attractif

Réputée pour son système fiscal attrayant, la Suisse offre des avantages significatifs aux investisseurs étrangers.

Avec des taux d'imposition sur le revenu et sur la fortune relativement modérés (même si pour les plus fortunés, les taux peuvent etre très importants), l'exonération des gains en capital et la possibilité pour les résidents étrangers d'opter pour un « forfait fiscal » dans de nombreux cantons, la Suisse représente une destination de choix pour les entrepreneurs et les investisseurs privés. Le « forfait fiscal » permet, en effet, de calculer l'impôt en fonction des dépenses du contribuable plutôt que sur sa fortune ou ses revenus, une méthode particulièrement attrayante pour ceux dont le patrimoine personnel dépasse les 5 millions d'euros.

Pour vous donner un ordre d’idée, dans le canton de Genève, le taux maximum du barème de l’impôt sur le revenu monte à 45 %, contre respectivement 24,9 % et 41,5 % dans les cantons de Schwyz (ville de Schwyz) et de Vaud (ville de Lausanne).

Pour l’impôt sur la fortune, les taux appliqués à ces trois cantons – Genève, Schwyz et Vaud – est dans cet ordre de 1,01 %, 0,79 % et 0,19 %.

Point fort, les droits de donation et succession sur les opérations en ligne directe descendante ne sont pas imposées dans les cantons de Genève et Schwyz. Et ils sont de seulement 7 % dans le Canton de Vaud.

Guillaume Lucchini confirme ce constat : « En combinant une infrastructure de pointe et un environnement fiscal avantageux, la Suisse continue d'attirer les investisseurs qui cherchent à optimiser leur fiscalité tout en s'implantant dans un pays dynamique et innovant. Cette combinaison d'attraits fait de la Suisse non seulement un havre fiscal mais également un lieu propice à l'innovation et à la croissance entrepreneuriale.

5. L’expertise reconnue en gestion de patrimoine des établissements suisses

Les banques suisses jouissent d'une renommée mondiale grâce à leur expertise inégalée en gestion de fortune et en gestion d'actifs. Elles offrent aux investisseurs un accès privilégié à une vaste gamme d'opportunités d'investissement, allant des actions et obligations aux produits plus sophistiqués (Matières premières, placements alternatifs, produits structurés …).

Ces établissements helvétiques ne se contentent pas de briller sur la scène nationale, ils sont également très actifs sur les marchés internationaux. « En intégrant à leur offre des sociétés de gestion européennes, américaines et asiatiques, les banques suisses élargissent constamment leurs horizons et diversifient les options disponibles pour leurs clients. » abonde d’ailleurs Guillaume Lucchini, le dirigeant de Scala Patrimoine qui partage sa vie entre Paris et Genève.

Enfin, les sociétés suisses permettent d'accéder à un choix étendu de fonds de private equity, offrant ainsi des opportunités d'investissement exclusives et généralement difficiles d’accès. Cette diversité et cette profondeur de services sont autant de raisons qui expliquent le succès des banques suisses.

Historiquement, les banques privées suisses ont aussi toujours veillé à aligner leurs intérêts avec ceux de leurs clients. De nombreux établissement étaient ainsi structurés comme des sociétés en commandite simple. Autrement dit, cela signifie que leurs associés sont indéfiniment responsables sur leur fortune personnelle. Certains établissements ont encore aujourd’hui ce statut. C’est notamment le cas de La Banque Bordier, avec laquelle Scala Patrimoine collabore.

L’avis de Scala Patrimoine

Scala Patrimoine dispose d’une expertise reconnue en matière d'investissements transfrontaliers entre la France et la Suisse. Avec des bureaux stratégiquement situés à Genève et à Paris, notre multi family-office bénéficie d’une connaissance approfondie des marchés et des réglementations des deux pays. Notre équipe dédiée assure une gestion patrimoniale sur mesure pour les entrepreneurs, les grands investisseurs et les sportifs de haut niveau, répondant ainsi à chacun de leurs besoins spécifiques.


L'apport cession permet à l'entrepreneur de redéployer son capital.

Venture Capital : entre incertitudes et espoirs pour 2024

Après la douce euphorie de 2022, le monde du capital-risque traverse actuellement une période de turbulences. Dans un contexte marqué par de nombreuses incertitudes économiques et géopolitiques mais aussi la hausse des taux d’intérêt menée par les banques centrales, le nombre d'opérations de capital-risque a nettement diminué. À l'échelle mondiale, 2023 s'est avérée être l'année la plus difficile pour la collecte de fonds de capital-risque depuis 2015. Le second semestre de 2024 sera-t-il plus favorable ? Les doutes persistent, bien que la baisse des taux initiée par la Banque centrale européenne (BCE) puissent stimuler les investissements dans cette classe d'actifs.

1. Le marché du venture capital marque le pas

L'année 2023 a été particulièrement difficile pour les acteurs du capital-risque à bien des égards. Les levées de fonds ont sensiblement diminué, tandis que la hausse des taux d'intérêt a eu un impact significatif sur la valorisation des entreprises. Cet environnement a contraint de nombreux acteurs du capital investissement à reporter leurs opérations de cessions et d'acquisitions.

  • 2023 : Annus horribilis ?

- L'Europe suit la tendance mondiale

En 2023, l’Europe n’a pas échappé au coup de froid qui s’est abattu sur le venture capital. Selon une étude réalisée par PitchBook, les levées de fonds européennes en capital-risque ont chuté de 40 %, passant de 30,6 milliards d’euros à 19 milliards d’euros. En 2021, les fonds avaient levé plus de 33,3 milliards d’euros.

Le nombre d’opérations est également en baisse entre 2022 et 2023. Ainsi, 1 708 opérations ont été réalisées au quatrième trimestre 2023, soit une chute de 19 % en glissement trimestriel et de 42 % par rapport au quatrième trimestre 2022.

- En France, les levées de fonds supérieures à 100 M€ en berne

Suivant la tendance mondiale, les levées de fonds des acteurs du capital-risque en France ont connu un net recul en 2023. Selon France Invest, les levées de capitaux se sont établies à 3,6 milliards d’euros, finançant ainsi 1 319 start-ups. Cela représente une baisse de 35 % par rapport à l’année précédente.

Ce ralentissement affecte particulièrement les levées de fonds les plus importantes, supérieures à 100 millions d’euros. Celles-ci ont en effet chuté de 57 % en valeur et de 55 % en volume. À l'inverse, le cabinet de conseil EY souligne une légère augmentation des levées de fonds allant de 10 à 20 millions d’euros, avec une hausse de 1 % en valeur et de 3 % en volume.

Cette prudence des investisseurs se confirme également en ce début d’année 2024.

Historique des levées de fonds sur le venture capital
Historique des levées de fonds sur le venture capital
  • Le 1er trimestre 2024 sur le venture capital

En cette première partie de l’année, les investisseurs demeurent prudents. Selon la dernière étude publiée par PitchBook, les véhicules d’investissement ont levé 4,6 milliards d'euros sur le Vieux Continent au cours du premier trimestre 2024, répartis entre 47 opérations.

« Si cette tendance se maintient, 2024 pourrait connaître des performances similaires à celles de 2023 », soulignent les auteurs de l'étude. Cette publication confirme également une autre tendance : la multiplication des petits véhicules d’investissement. En effet, une grande majorité des levées de fonds reste inférieure à 250 millions d'euros. Sur le Top 10 des fonds clôturés au premier trimestre, quatre sont britanniques, deux sont allemands et un seul est français (Partech).

PitchBook souligne par ailleurs l’allongement de la durée nécessaire pour conclure les levées de fonds. Le délai médian de clôture s'élève désormais à 20,7 mois au premier trimestre 2024, contre 16,8 mois en 2023. Ce qui traduit bien l’apathie du marché.

2. Un contexte économique plus difficile

Avec la hausse des taux d’intérêt, les placements sans risques tels que les obligations et les fonds en euros sont redevenus attractifs. Une autre conséquence notable est que le coût de l’argent s’est également accru, entraînant une augmentation significative du coût global des crédits.

  • Le venture capital victime de la hausse des taux d’intérêts

Dans un contexte inflationniste marqué par la hausse des taux d’intérêt imposée par les grandes banques centrales, les investisseurs se tournent de plus en plus vers des placements jugés moins risqués, au détriment des premiers tours de table des start-ups. Interrogée par les journalistes de Décideurs Magazine, Stéphanie Hospital, fondatrice et PDG de OneRagtime, un fonds de capital-risque, exprime son inquiétude face à l'attentisme croissant des investisseurs en capital. « Les performances des fonds de venture capital sur les vingt dernières années surpassent largement celles des alternatives bancaires. Néanmoins, les investisseurs préfèrent placer leurs liquidités dans des produits bancaires offrant un rendement de 5 %, soit en dessous du taux d'inflation. »

Les levées de fonds prennent désormais deux fois plus de temps qu'en 2021. Les négociations se compliquent, s'allongent, et acquéreurs comme vendeurs se retrouvent dans une impasse, se regardant en chiens de faïence. Un nombre significatif de projets est ainsi abandonné.

Cette hausse des taux se reflète également sur la valeur des transactions. Selon le rapport 2023 Global Venture Capital First Look de PitchBook, le quatrième trimestre 2023 a enregistré une baisse de 22 % en glissement trimestriel et de 32 % en glissement annuel.

  • Late stage : le chainon manquant ?

Malgré un contexte économique et politique délicat, la France dispose d'un vivier prometteur d'entreprises technologiques. Cependant, leur croissance est freinée par un manque de financement à un stade avancé. Les fonds se concentrant sur le financement à partir de la série B se font rares et ne sont pas toujours en mesure de fournir des montants supérieurs à 30 millions d'euros.

Les fonds français de capital-innovation, en effet, sont de taille plus modeste que leurs principaux concurrents étrangers. Or, la dernière levée de fonds nécessaire pour atteindre le statut de licorne dépasse généralement les 100 millions d'euros.

Les entreprises doivent alors se tourner vers des fonds de venture capital étrangers pour assurer leur financement, se vendre, s’adosser à un acteur industriel ou, plus rarement, réaliser une introduction en bourse. Cependant, pour que ces différentes options soient envisageables, il est impératif que la start-up propose une offre, des produits et un modèle susceptibles de s'internationaliser.

Evolution du capital risque
Evolution du capital risque

3. "Flight to Quality" ?

Avec la hausse des taux, les investisseurs deviennent plus sélectifs, cherchant à minimiser les risques financiers

  • Les champions de la french tech polarisent les levées de fonds

Les fonds d'investissement s'orientent de plus en plus vers des start-ups matures aux revenus stabilisés, réduisant ainsi les risques inhérents aux jeunes entreprises. Les montants investis tendent à être plus élevés pour les sociétés ayant atteint une certaine taille critique et présentant un potentiel de rachat par de grands groupes.

En se focalisant sur la French Tech, les capitaux se concentrent principalement sur des success stories déjà bien établies. Les cinq plus grandes levées de fonds ont ainsi concerné Verkor (850 millions d'euros), Mistral AI (385 millions d'euros), Driveco (250 millions d'euros), Ynsect (160 millions d'euros) et Amolyt Pharma (130 millions d'euros).

Au niveau de l'Union Européenne, la France conserve la première position, creusant l'écart avec l'Allemagne, bien qu'elle accuse un certain retard par rapport au Royaume-Uni.

Malheureusement, à l’échelle mondiale, les levées de fonds des start-ups européennes représentent moins de 15 % des financements, se situant loin derrière les États-Unis et la Chine.

  • La volonté d’avoir un impact sociétal

En 2023, les entreprises de la French Tech ont réalisé 715 levées de fonds, cumulant un montant total de 8,3 milliards d'euros. Cette performance marque une baisse significative de 38 % en valeur et de 3 % en volume par rapport à l'année précédente.

Parmi les secteurs les plus dynamiques, la GreenTech s'est distinguée en occupant la première place avec des levées de fonds atteignant 2,7 milliards d'euros, soit une augmentation impressionnante de 44 %. Les logiciels viennent ensuite, avec des levées totalisant 2,1 milliards d'euros, bien que ce chiffre représente une diminution de 10 %. Les Life Sciences suivent avec 1 milliard d'euros, enregistrant une légère progression de 1 %.

La tendance favorable de la Climate-Tech et de la Health-Tech semble destinée à perdurer. Ces secteurs bénéficient de l'intérêt croissant des investisseurs et des talents qui cherchent à donner un sens à leurs actions en rejoignant des entreprises à fort impact sociétal. De plus, les investisseurs institutionnels sont incités par des directives politiques à soutenir ces modèles, notamment dans le cadre des initiatives France 2030 et du plan TIBI. La phase 2 de l'initiative Tibi prévoit d’ailleurs de mobiliser plus de 7 milliards d'euros d'ici la fin 2026 pour le financement des nouvelles technologies.

À l'opposé, les Fintech et le secteur des services internet ont connu des reculs marqués, avec des baisses respectives de 73 % et 66 %.

4. Quelles perspectives pour le venture capital ?

La seconde moitié de l’année 2024 s'annonce captivante. Au-delà des soubresauts politiques et économiques potentiels, le marché du capital-risque pourrait tirer profit de l'essor de secteurs clés tels que l'intelligence artificielle, les technologies vertes et la santé.

  • Une baisse des taux salutaire ?

Ce potentiel est renforcé par la baisse des taux d'intérêt et l'atténuation des pressions inflationnistes, créant ainsi une dynamique positive propice à l'investissement.

À court et moyen terme, il sera toutefois ardu de retrouver les niveaux d'activité enregistrés en 2021 ou 2022. Dans un premier temps, il est très probable que les investisseurs se concentrent sur le soutien et le développement des entreprises déjà présentes dans leur portefeuille. Ainsi, les fonds continueront d'apporter les ressources nécessaires aux start-ups les plus prometteuses pour favoriser leur croissance, tout en adoptant une approche de plus en plus sélective.

Cette conjoncture pourrait favoriser le modèle de « club deal », où fonds, entrepreneurs et investisseurs privés collaborent étroitement pour soutenir des projets de croissance ciblés.

  • Les investisseurs privés en première ligne

Au cours des prochaines années, les investisseurs privés joueront à n’en pas douter un rôle central dans l'univers du capital-risque. Selon les données fournies par France Invest, en 2023, les particuliers et les family offices ont été les principaux souscripteurs des fonds de capital-risque et de croissance en France, représentant 26 % des levées de fonds, soit 960 millions d'euros, juste devant le secteur public avec 22 % des levées, totalisant 794 millions d'euros grâce à des acteurs comme Bpifrance et la Caisse des Dépôts. Parmi les plus fortunés, la part allouée au private equity dépasse désormais les 20 %.

Cette dynamique reflète une évolution significative où le secteur privé, par son engagement croissant, façonne l'avenir et les tendances du capital-risque en France.

Face à la compléxité et aux incertitudes inhérentes au marché du venture capital, s’entourer d’experts avisés est indispensable pour naviguer avec succès et maximiser les retours sur investissement. Nos spécialistes sont à la pointe des dernières tendances, technologies émergentes et dynamiques géopolitiques. Ils se sont également constitués un réseau de spécialistes (entrepreneurs, fonds, investisseurs ...) rompus à cette classe d'actifs. Ils sont prêts à vous fournir des stratégies sur mesure qui intègrent durabilité, diversité et les meilleures pratiques d’investissement.


Voodoo rachète la société BeReal

La licorne Voodoo tente le pari « BeReal »

Éditeur d'applications et de jeux mobiles, Voodoo acquiert le réseau social français BeReal pour un montant pouvant atteindre 500 M€, sous conditions de performance.

Les Chiffres clés de BeReal
Les Chiffres clés de BeReal

BeReal, un réseau social à la française

Crée en 2013, Voodoo s’est notamment fait connaitre en produisant des jeux sur mobile simples et addictifs tels que Helix Jump, Mob Control ou Block Jam 3D.  Elle compte aujourd’hui plus de 150 millions d’utilisateurs actifs mensuels. Un succès qui lui a permis d’entrer dans le club des licornes françaises, avec une valorisation dépassant le milliard d’euros.

Pour diversifier ses activités, Voodoo a acquis BeReal, un réseau social prônant « l'authenticité ».

Son mode de fonctionnement est simple : les utilisateurs reçoivent une notification les invitant à publier une photo de leur activité en cours dans un délai de 2 minutes. Ces photos, sans filtre et non retouchées, disparaissent après 24 heures et ne peuvent pas être commentées, réduisant ainsi les risques d’anxiété sociale.

Fondée en 2019 par deux français, Alexis Barreyat et Kévin Perreau, la plateforme revendique plus de 40 millions d'utilisateurs actifs. Celle-ci s’est particulièrement bien développée aux Etats-Unis, au Japon et en France. Mais après deux premières années de forte expansion, BeReal a vu son nombre d’utilisateurs stagner.

Depuis plusieurs mois, les actionnaires de la start-up étaient donc à la recherche d’un second souffle via une nouvelle levée de fonds, après celles de 2021 et 2022 pour un total de 85 M€, ou via un rachat. En se vendant à Voodoo, c’est donc cette deuxième option qui a été privilégiée par les fondateurs.

Un deal à 500 M€, sous conditions

L’acquisition de BeReal par Voodoo se concrétise pour une somme pouvant atteindre 500 M€.

Selon le Journal Les Echos, ce montant est surtout « gonflé » par des bonus hypothétiques. Environ un tiers de cette sommes étant composé de cash et d'échange de titres. Les deux tiers restants sont liés à l'atteinte d'objectifs de rentabilité et de développement.

La majeure partie des sommes en numéraires devraient profiter aux premiers investisseurs : Kima Ventures, Accel, Andreesen Horowitz, Banana Capital ou encore Yuri Milner.

Et qu’adviendra-t-il des deux fondateurs ? Alexandre Yazdi, le CEO et cofondateur de Voodoo, a précisé dans l’émission Good Morning Business de BFM que « les cofondateurs feront une pause, mais assureront une transition à court terme avec le nouveau management ». Aymeric Roffé, actuel dirigeant de Wizz, une autre application de Voodoo, prendra la direction de BeReal.

Alexandre Yazdi espère cependant convaincre les anciens dirigeants « de contribuer au développement de BeReal à l’avenir ».

Un modèle économique encore à trouver

La licorne française a du pain sur la planche. Malgré son succès en termes d’audience, BeReal n’a pas encore trouvé de modèle économique viable. À ce jour, la plateforme ne génère aucun revenu, n'ayant ni publicité ni abonnement.

« Nous savons très bien réaliser cette étape du passage à l'échelle. Nous voulons amener BeReal plus loin en termes de monétisation et de produit » tient toutefois à tempérer le CEO de Voodoo dans le journal Les Echos.

Pour réussir ce pari, le dirigeant mise sur les synergies potentielles entre les deux entreprises. Ce rapprochement devrait renforcer la position mondiale de Voodoo et permettre à BeReal d'accélérer sa croissance grâce à l’expertise et aux technologies de l’éditeur de jeux. L'objectif est d'« améliorer le produit, encourager une utilisation quotidienne et ajouter de nouveaux formats, comme les vidéos ».

Heureusement, Voodoo n’en est pas à son coup essai. La licorne a déjà réussi des intégrations complexes, comme l'illustre l'acquisition et le développement de BeachBum en 2021, un autre studio de jeu. Cependant, ce pari semble cette fois-ci plus audacieux.