Marie-Pierre Weiss (Avocate) : « La SARL de famille est adaptée à une activité de location meublée »
La SARL de famille est fréquemment évoquée dans le cadre de la gestion patrimoniale. Toutefois, elle est parfois utilisée à contresens, sans pleinement exploiter ses spécificités. Les équipes de Scala Patrimoine sont allées à la rencontre de Marie-Pierre Weiss, associée au sein du cabinet Degroux Brugère, pour décrypter les contours de cette forme sociétale, en examiner les avantages et inconvénients, et identifier les situations où elle se révèle particulièrement pertinente.
Scala Patrimoine. Qu’est-ce qu’une SARL de famille, et en quoi se distingue-t-elle d’une SARL « classique » ?
Marie-Pierre Weiss. La SARL de famille est en réalité une SARL « classique » pour laquelle les associés ont opté pour un régime fiscal spécifique : celui de la SARL familiale. Tous les associés doivent appartenir à la même famille et la société doit exercer une activité commerciale, industrielle ou agricole. Sa distinction principale réside dans le régime fiscal : contrairement à une SARL classique, elle n’est pas soumise à l’impôt sur les sociétés. En choisissant ce régime, la société bénéficie ainsi de la transparence fiscale, ce qui signifie que les résultats sont directement imposés entre les mains des associés.
Scala Patrimoine. Quels sont les principaux avantages de cette structure juridique ?
Marie-Pierre Weiss. La SARL de famille permet de conduire une activité commerciale, industrielle ou agricole dans un cadre fiscal transparent. Les bénéfices générés ne sont pas assujettis à l’impôt sur les sociétés : ils sont directement intégrés au revenu imposable des associés. Cette transparence s’applique également aux plus-values de cession. Dans le cadre d’une activité immobilière, par exemple, elles seront directement soumises au régime des plus-values des particuliers.
« La société doit rester strictement familiale : l’entrée d’un tiers au capital entraîne automatiquement la perte du régime fiscal de SARL de famille. »
Scala Patrimoine. Quels sont les inconvénients ou risques spécifiques liés à la SARL de famille ?
Marie-Pierre Weiss. Les contraintes de cette structure découlent directement de son régime fiscal particulier. Tout d’abord, la société doit rester strictement familiale : l’entrée d’un tiers au capital entraîne automatiquement la perte du régime fiscal de SARL de famille. De même, si l’activité exercée devient civile — par exemple la location nue — le régime est automatiquement remis en cause.
Un autre point à surveiller concerne le régime social du gérant : le gérant majoritaire est automatiquement affilié au régime des travailleurs non-salariés (TNS), ce qui peut avoir des conséquences sur sa protection sociale.
Scala Patrimoine. Dans quels types de situations recommanderiez-vous le recours à une SARL de famille ?
Marie-Pierre Weiss. Cette structure est particulièrement adaptée lorsque les associés souhaitent développer une activité commerciale au sein de la famille. Par exemple, une activité de location meublée. Cette activité, qui relève du commerce, ne peut pas toujours être exercée au travers d’une SCI classique non soumise à l’impôt sur les sociétés. La SARL de famille permet donc d’allier activité commerciale et cadre fiscal transparent, tout en restant dans un environnement familial.
Scala Patrimoine. Existe-t-il des mécanismes de gouvernance ou des précautions à envisager pour prévenir d’éventuels conflits familiaux au sein de la société ?
Marie-Pierre Weiss. Oui, il est recommandé de recourir aux outils classiques de gouvernance d’entreprise, mais adaptés aux spécificités familiales. Cela passe par une rédaction sur-mesure des statuts et par la mise en place d’un pacte d’associés. C'est l'occasion de prévoir à l’avance les situations de conflit, les transferts de parts, la gérance de la société, ou encore la désignation d’un gérant successif si nécessaire. Il est également possible de mettre en place des mécanismes comme le mandat de protection future ou le mandat posthume. Cela permet ainsi d’anticiper les situations d’incapacité ou de décès d’un associé ou d’un gérant.
https://www.youtube.com/watch?v=maVpwkUR_fc
Cartes à collectionner : un marché lucratif… mais fiscalement piégeux
L’achat et la revente de cartes Pokémon, Panini, Yu-Gi-Oh! ou encore Magic connaissent un essor fulgurant auprès des collectionneurs. Un marché longtemps réservé aux passionnés, mais qui attire désormais un nouveau public : les investisseurs, souvent très jeunes, en quête de placements alternatifs.
La flambée des prix des cartes à collectionner
Les prix des cartes Pokémon ont connu une envolée spectaculaire, en particulier pour celles éditées à la fin des années 1990. Symbole de cette frénésie, la carte la plus chère jamais vendue est la mythique « Pikachu Illustrator », dont la valeur atteint 5 275 000 dollars. Il n’en existerait que 39 exemplaires dans le monde. L’un des heureux propriétaires n’est autre que le youtubeur américain Logan Paul.
Parmi les cinq cartes Pokémon les plus chères, figurent également le « Dracaufeu Topsun japonais Scarce Blue Back » (493 230 dollars), le Dracaufeu Première Édition (420 000 dollars), le Tortank Galaxy Star Holo (360 000 dollars) ainsi que la « Tsunekazu Ishihara GX Black Star – carte promotionnelle » (237 230 dollars).
Du côté de Panini, les enchères s’envolent elles aussi. Un collectionneur a ainsi déboursé 1,5 million de dollars pour une carte de Lionel Messi. Celle-ci représente l’attaquant argentin lors de la saison 2004-2005, sa première saison avec le FC Barcelone. Seuls 838 exemplaires de cette carte existent à travers le monde.
Il s’agit d’un record historique. Jamais auparavant une vignette de football n’avait atteint un tel montant. Le précédent record remontait à 2022. Il s'agissait de la carte de la légende brésilienne Pelé pour 1,33 million de dollars.
Enfin, la carte « Magic : The Gathering » la plus chère jamais vendue est « The One Ring ». Commercialisée en 2023 dans l’extension Le Seigneur des Anneaux, elle se distingue par une singularité absolue : un seul et unique exemplaire existe dans le monde, imprimé en écriture elfique. Cette pièce hors norme a été acquise pour 2 millions de dollars par le rappeur américain Post Malone, lui-même collectionneur averti, consacrant un peu plus encore la dimension mythique de cette carte devenue légendaire.
Un investissement risqué et volatil
Pourtant, derrière l’engouement, la réalité est plus nuancée. Toutes les cartes ne se valent pas. La grande majorité n’a strictement aucune valeur marchande.
Seules quelques pièces rares, en parfait état de conservation et souvent anciennes – donc difficiles à dénicher – peuvent constituer un investissement réellement rentable. À cette rareté intrinsèque s’ajoute une forte volatilité : la valeur d’une carte peut s’envoler comme s’effondrer brutalement.
Mais un autre élément est souvent oublié : la fiscalité. Oui, la vente de cartes à collectionner peut-être… imposable. Plusieurs régimes coexistent, et la taxation dépend notamment de la fréquence des ventes, de leur montant et même de la nature de la carte.
Une fiscalité des cartes à collectionner à plusieurs visages
Le régime fiscal diffère selon que les collectionneurs effectuent des ventes ponctuelles ou régulières.
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La fiscalité des ventes occasionnelles
- Le régime des biens de consommation
C’est le régime qui s’applique aux revendeurs amateurs. En principe, les cartes à collectionner relèvent de la catégorie des biens meubles corporels. À ce titre, le vendeur bénéficie d’une exonération totale d’impôt si le montant de chaque transaction n’excède pas 5 000 euros.
Au-delà de ce seuil, la plus-value est soumise au régime d’imposition des cessions de biens meubles, avec un taux forfaitaire de 36,2 %.
- Le régime des objets de collection
Dans certains cas, des cartes peuvent être qualifiées d’objets de collection. Cette appréciation se fait au cas par cas, sous le contrôle d’un juge. En pratique, cette catégorie concerne plus fréquemment les timbres, les étiquettes de vin ou les cartes postales. Mais certaines cartes à jouer peuvent y être rattachées.
Lorsque la cession d’un objet de collection dépasse 5 000 euros, le vendeur est redevable d’une taxe forfaitaire de 6 % du prix, à laquelle s’ajoute la CRDS de 0,5 %.
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La fiscalité des ventes habituelles
Lorsque les opérations d’achat-revente deviennent régulières, l’administration fiscale peut considérer qu’il s’agit d’une activité commerciale. Les revenus sont alors imposés dans la catégorie des bénéfices industriels et commerciaux (BIC).
Le statut de micro-entreprise permet d’exercer cette activité avec un chiffre d’affaires plafonné à 188 700 euros, tout en bénéficiant d’une franchise de TVA jusqu’à 93 500 euros.
En optant pour le régime micro-BIC, le vendeur profite d’un abattement forfaitaire de 71 % sur ses recettes pour le calcul de l’impôt sur le revenu. Un montant auquel, il convient d'ajouter les cotisations sociales au taux de 12,4 %.
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La fiscalité des cartes NFT
Les cartes de collection existent également sous forme numérique, via la blockchain : ce sont les NFT, pour non-fungible tokens. Dans ce cas, c’est le régime fiscal applicable aux crypto-actifs qui s’applique. Les plus-values générées lors de la vente de cartes NFT sont soumises au prélèvement forfaitaire unique de 30 %.
HyPrSpace, La fusée française qui veut rivaliser avec les géants lève 21 M€
La jeune pousse bordelaise spécialisée dans la mise en orbite de petits satellites vient de boucler une levée de fonds de 21 millions d’euros, franchissant ainsi une étape décisive dans la course européenne à l’espace.
L’espace, nouvel enjeu stratégique pour l’Europe
Dans un contexte international marqué par le retour des tensions géopolitiques et de la rivalité entre grandes puissances, l’accès autonome à l’espace est redevenu un impératif stratégique. L’Europe en a d'ailleurs pleinement conscience. L’Agence spatiale européenne (ESA) a obtenu un budget record de 22,1 milliards d’euros auprès de ses 23 États membres pour financer ses programmes sur trois ans.
Dans ce sillage, les entreprises françaises du “New Space” se multiplient et gagnent en maturité. Parmi elles, HyPrSpace incarne l’une des ambitions les plus prometteuses.

HyPrSpace, une jeune pousse à propulsion rapide
Fondée en 2019 par Alexandre Mangeot, Sylvain Bataillard et Vincent Rocher, Hybrid Propulsion for Space (HyPrSpace) développe une nouvelle génération de lanceurs destinés à envoyer en orbite basse de petits satellites.
L’objectif : offrir une solution intermédiaire entre les gros lanceurs comme Ariane 6 et les géants américains tels que SpaceX. Le tout en misant sur une plus grande réactivité et sur la mise en orbite de charges plus légères.
« Notre ambition est de proposer une offre complémentaire aux lanceurs lourds, plus flexible, plus rapide et adaptée aux petits satellites », explique ainsi Sylvain Bataillard au site 20 Minutes.
Dans le contexte du renforcement des investissements européens dans la défense, HyPrSpace explore d’ailleurs des applications duales — civiles et militaires — de ses technologies.
La Gironde, nouvel eldorado du spatial
La région bordelaise est devenue l’un des principaux pôles français du secteur spatial. De nombreuses start-up gravitent, en effet, autour des trois sites d’ArianeGroup, acteur historique de l’industrie, et bénéficient d’un écosystème unique. Deux sites d’essais au sol en périphérie de Bordeaux et un site landais autorisant les essais de vol en vue du premier lancement suborbital.
Les débouchés sont vastes : opérateurs télécoms, institutions publiques, ONG… Les applications vont de l’observation terrestre à la surveillance maritime, notamment pour lutter contre le dégazage illégal ou la pêche clandestine.
Un positionnement unique : la propulsion hybride
La start-up bordelaise mise sur une technologie encore rarement maîtrisée : la propulsion hybride. Celle-ci combine un carburant solide — ici du polyéthylène, potentiellement issu du recyclage — et un comburant liquide, de l’oxygène.
Ce type de moteur présente donc plusieurs avantages :
- plus sûr qu’un moteur entièrement liquide,
- plus simple à stocker qu’un moteur solide,
- moins coûteux à produire,
- plus flexible et plus respectueux de l’environnement.
La start-up affirme, à ce titre, avoir franchi un verrou technologique majeur qui freinait jusque-là la compétitivité de cette propulsion.
Alexandre Mangeot résume l’ambition. « Nous voulons faire de la propulsion hybride une référence mondiale. Simple, sûre et performante, cette technologie permettra à la France de conforter son statut de puissance spatiale tout en garantissant un accès souverain à l’espace, au service du civil comme de la défense. »
OB-1 : le microlanceur réutilisable made in France
Le premier lanceur développé par HyPrSpace se nomme OB-1 — pour Orbital Baguette One. Un clin d’œil assumé à la culture française comme à l’univers de Star Wars.
Réutilisable et équipé d’un moteur hybride, OB-1 vise à diviser par deux le coût d’accès à l’orbite. Dépourvu de turbopompes et de systèmes mécaniques complexes, il promet ainsi une fiabilité accrue et une industrialisation plus rapide.
Côté tarifs, HyPrSpace ambitionne un prix d’environ 20 000 dollars le kilo, soit environ 5 millions de dollars pour placer un satellite de 250 kg en orbite. À titre de comparaison : RocketLab facture environ 50 000 dollars le kilo. Ariane 6 est certes moins cher au kilo, mais elle n’est pas adaptée aux petits satellites. Enfin, SpaceX descend jusqu’à 6 500 dollars le kilo, grâce à ses lancements massifs de dizaines de satellites.
« C’est un peu la différence entre le bus et le taxi », illustre Sylvain Bataillard : « le taxi coûte plus cher, mais il part quand vous le souhaitez et ne transporte que vous. »
HyPrSpace, elle, vise une quinzaine de lancements par an, en cohérence avec son marché de niche.
Une levée de fonds réussie pour un décollage imminent
Après une première levée de 1,1 million d’euros en 2022, la start-up passe à la vitesse supérieure avec cette série A de 21 millions d’euros.
Ce tour de table, mené par Red River West et le fonds DeepTech 2030 (Bpifrance, France 2030), réunit également Expansion Ventures, SPI, French Tech Seed et NACO.
Cette injection de capital doit notamment permettre la qualification à grande échelle du moteur hybride et le premier vol suborbital du démonstrateur Baguette One. Une fois ces étapes passées, l’entreprise doit préparer le lancement de la production industrielle du microlanceur.
Derrière le nom OB-1, prononcé « Obi-Wan », se cache un hommage amusé au célèbre Jedi de Star Wars.
Que la Force soit avec eux !
Le rendez-vous des marchés financiers - Décembre 2025
Marchés financiers & économie : les points clés
- Les marchés financiers mondiaux ont battu des records avant de marquer (un peu) le pas.
- Aux États-Unis, le plus long « shutdown » de l’histoire a pris fin, après 43 jours de blocage.
- Le gouvernement chinois a présenté les contours du prochain plan quinquennal 2026-2030, centré sur l’indépendance technologique.
- L’économie de la Zone Euro reprend quelques couleurs, avec une hausse de 0,2 % au 3ème trimestre.
Les grandes actualités géopolitiques et les performances sur les marchés financiers
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De nouveaux records battus sur les marchés financiers
Entre avril et novembre 2025, les principaux indices des marchés financiers ont traversé sept mois d’un bull market historique.
Le CAC 40 a franchi un sommet en séance à 8 314 points, avant de se replier légèrement vers les 8 100 points. La frénésie des records a dépassé les frontières françaises : les places de Madrid et de Londres ont également enregistré des plus hauts historiques. Le bilan mensuel est toutefois nettement moins enthousiasmant : le CAC 40 n’affiche qu’un gain marginal de 0,02 % en novembre. L’indice allemand, le DAX, cède quant à lui 1,1 % sur la même période.
En Chine, le Shanghai Composite décroche lui aussi et recule de 1,5 %. En Inde, le Nifty 50 gagne près de 1,6 %.
Aux États-Unis, le S&P 500 s’est rapproché à moins de 90 points, soit environ 1,5 %, de son record absolu de 6 920,3 points, atteint fin octobre. Au mois de novembre, l’indice est toutefois en baisse de 0,04 %. Le Nasdaq est, lui, en hausse de 0,65 %.
Ces performances s’expliquent en grande partie par le soulagement suscité par la résolution de la crise budgétaire américaine, mais aussi par les résultats trimestriels spectaculaires de Nvidia. Le géant de l’intelligence artificielle a ainsi annoncé une hausse de 62 % de son chiffre d’affaires, avec un bénéfice en progression de 65 %, atteignant 31,9 milliards de dollars.

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Les doutes planent sur les géants de l’IA
Si les records boursiers impressionnent, un examen plus attentif révèle qu’ils reposent sur une poignée de valeurs phares.
Sans Alphabet, Tesla, Apple, Amazon, Nvidia, Microsoft et Meta, l’indice S&P 500 n’aurait enregistré qu’une progression marginale. La comparaison entre le S&P 500 classique, pondéré par la capitalisation boursière des 500 sociétés qui le composent, et son homologue à pondération égale est révélatrice : le premier a gagné 13 % depuis décembre 2024, tandis que le second demeure quasiment stable.
Les grandes entreprises de l’IA dépensent sans compter. Meta, Google et Microsoft prévoient chacun plus de 100 milliards de dollars d’investissements en 2026, principalement dans les data centers et les puces électroniques. « Pour l’instant, les dépenses dépassent largement les gains », avertit Pierre-Alexis Dumont, directeur de l’investissement chez Sycomore AM.
Le risque ? Un cercle vicieux qui entretient l’illusion de prospérité : Nvidia injecte 100 milliards dans OpenAI, qui achète ses puces… financées par Microsoft. Résultat : OpenAI, valorisée 500 milliards de dollars, affiche 12 milliards de pertes annuelles.
Comme le souligne Sycomore AM, pour soutenir cette frénésie d’investissements, les hyperscalers lèvent massivement des fonds. En 2025, ils ont contracté 121 milliards de dollars de dette, soit quatre fois la moyenne de 2015 à 2024. Un chiffre qui fait réfléchir sur la pérennité de ce modèle ultra‑capitalistique.
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Le Bitcoin en chute libre
Le bitcoin poursuit sa débâcle après son record du début octobre. Brièvement tombé sous les 80 500 dollars avant un léger rebond, il évolue désormais autour de 86 500 dollars, abandonnant plus d’un tiers de sa valeur en six semaines. Une chute fulgurante qui signe son pire mois depuis l’été 2022.
La volatilité s’est nettement ravivée, nourrie par une aversion généralisée au risque et un retrait massif des investisseurs les plus exposés. La fébrilité de Wall Street a accentué la pression : le repli des valeurs technologiques et les doutes entourant la soutenabilité des investissements en intelligence artificielle ont déclenché une vague de prises de bénéfices sur tous les actifs spéculatifs.
Les ETF bitcoin américains ont ainsi enregistré près de 900 millions de dollars de sorties en une séance, tandis que les liquidations de positions à effet de levier ont dépassé les 2 milliards. L’environnement macroéconomique n’aide guère : un rapport sur l’emploi américain plus robuste que prévu réduit la probabilité d’une baisse des taux de la Fed, étouffant l’appétit pour le risque. L’indice de sentiment CoinGlass plonge désormais en zone de « peur extrême ».
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COP30 : un accord a minima
La COP30 de Belém, au Brésil, s’est achevée samedi 22 novembre sur un accord minimaliste, bien en deçà des attentes face à l’urgence climatique. Une issue qui illustre le fossé grandissant entre les pays producteurs de pétrole et le reste de la communauté internationale, d’autant que les États-Unis ont choisi de ne pas participer.
Faute de mieux, les Européens ont accepté un texte ne faisant qu’évoquer les énergies fossiles, pourtant au cœur du dérèglement climatique, sans calendrier ni obligations concrètes.
Quelques avancées émergent néanmoins : un financement accru pour l’adaptation, des discussions inédites sur le commerce mondial dans la transition verte et l’adoption d’un Mécanisme de transition juste, destiné à partager connaissances et compétences afin d’éviter que les mutations énergétiques ne creusent les inégalités.
Mais les progrès majeurs semblent désormais se jouer en marge des processus onusiens. La Colombie et les Pays-Bas organiseront ainsi, les 28 et 29 avril 2026, un sommet historique consacré à la sortie des combustibles fossiles.
Parallèlement, le pacte de Belém, soutenu par le Japon, l’Inde ou le Brésil, engage ses signataires à quadrupler la production et l’usage de carburants durables d’ici 2035. Enfin, Brasilia a lancé un vaste fonds mondial pour les forêts, déjà doté de 6 milliards de dollars, tandis que l’Union européenne annonce de nouveaux financements pour le bassin du Congo.
Confiance en berne et pari sur l’IA : le double visage de l’économie américaine
Le shutdown le plus long de l’histoire américaine a enfin pris fin, permettant la reprise progressive des publications de données macroéconomiques. Les premiers chiffres révèlent une nette érosion de la confiance des ménages, alimentant les inquiétudes sur la consommation. Une pression qui pourrait pousser la Réserve fédérale à envisager une nouvelle baisse de ses taux d’intérêt.
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Un accord budgétaire met fin au plus long « shutdown » de l’histoire américaine
Après 43 jours de paralysie, le plus long « shutdown » de l’histoire américaine a pris fin. La Chambre des représentants a adopté l’accord budgétaire, après le Sénat, grâce au ralliement de plusieurs élus démocrates, mettant ainsi un terme à l’impasse qui paralysait le gouvernement fédéral.
Cette loi prolonge toutefois le budget de manière temporaire, jusqu’au 30 janvier 2026.
Parmi les concessions accordées à l’opposition, le texte prévoit la réintégration des fonctionnaires licenciés depuis le 1er octobre et le maintien des financements pour le programme d’aide alimentaire.
Pour Marina Garlatti, gérante de portefeuille chez Tailor Asset Management : « Les Républicains ont consenti certaines concessions, notamment sur le maintien des aides à l’assurance santé, le paiement des salaires non versés et la suspension des licenciements de fonctionnaires jusqu’à fin janvier. Cela reste très éloigné des demandes initiales des démocrates, mais au moins, cela permet de débloquer la situation. »
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La confiance s’érode
Depuis la suspension des publications économiques provoquée par le shutdown, les indicateurs récemment dévoilés dressent un tableau préoccupant de la conjoncture américaine. La confiance des ménages s’effrite nettement, entraînant un ajustement sensible de leurs dépenses.
L’indice de confiance du Conference Board recule ainsi de 6,8 points en un mois pour s’établir à 88,7, un niveau bien inférieur aux anticipations des économistes. Les ménages américains semblent particulièrement éprouvés par la persistance des tensions inflationnistes.
« Ce rapport révèle que la consommation des ménages manquait déjà de dynamisme avant même le shutdown, lequel n’a pu que la pénaliser davantage. C’est un argument supplémentaire en faveur d’une baisse des taux directeurs par la Fed en décembre. Les consommateurs se montrent nettement plus pessimistes quant à la situation économique à six mois, exprimant des craintes concernant le marché du travail et leur pouvoir d'achat », analyse Dana Peterson, cheffe économiste du Conference Board.
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Le chômage repart à la hausse
Les données relatives au marché du travail offrent un tableau contrasté. En septembre, 119 000 emplois ont été créés, un chiffre largement supérieur aux attentes (52 000). Parallèlement, le taux de chômage a progressé, mais l’absence de données pour octobre — conséquence directe de la paralysie administrative — limite la visibilité sur la tendance réelle de l’économie.
Le taux de chômage s’élève désormais à 4,4 %, soit une hausse de 0,1 point sur un mois et de 0,3 point sur un an. Il atteint ainsi son plus haut niveau depuis quatre ans.
Selon Chris Williamson, économiste en chef chez S&P Global Market Intelligence, « bien que la création d’emplois se soit poursuivie en novembre, le rythme des embauches reste freiné par les inquiétudes liées aux coûts, eux-mêmes alourdis par les droits de douane. Les coûts des intrants comme les prix de vente ont progressé à un rythme plus soutenu, ce qui alimente les préoccupations des partisans d’une politique monétaire restrictive ».
Jeff Schulze abonde en ce sens : « Le marché du travail semble avoir amorcé une stabilisation à l’approche de l’automne, ce qui tend à conforter les membres de la Fed favorables à une position hawkish, qui plaident pour attendre davantage de données avant d’envisager de nouvelles baisses de taux. »
Si les annonces de suppressions de postes se multiplient, les licenciements effectifs demeurent relativement contenus. Les nouvelles demandes d’allocations chômage ont même reculé, se rapprochant de leurs plus bas récents.
En l’absence de rapport officiel sur l’emploi, l’enquête ADP d’octobre fait état de 42 000 créations de postes (contre une destruction de 29 000 en septembre et 30 000 attendus). À l’inverse, l’indice Challenger signale une envolée de 175 % des annonces de licenciements sur un an, révélant un marché du travail en perte de vitesse malgré une résilience encore perceptible.
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Une croissance américaine portée quasi exclusivement par l’intelligence artificielle
Selon une note récente d’UBS, la croissance de l’économie américaine repose sur des bases de plus en plus fragiles. Les analystes Jonathan Pingle et Alan Detmeister soulignent que l’expansion actuelle est « inhabituellement étroite », alimentée presque exclusivement par l’essor de l’intelligence artificielle et la flambée des marchés financiers qu’elle engendre.
« Les perspectives américaines ressemblent à un pari massif sur l’IA », résument les stratégistes. Cette richesse concentrée dans la sphère technologique soutient principalement la consommation des ménages aisés, tandis que les foyers à revenus moyens et modestes subissent une pression croissante. « En dehors des secteurs technologiques — logiciels, semi-conducteurs, équipements informatiques — une part significative de l’économie se trouve déjà en récession », avertissent-ils.
Les économistes d’UBS mettent également en garde contre l’impact des droits de douane massifs qui pourraient réduire le PIB réel de 0,8 point, dont plus de la moitié dès 2026, tout en alimentant l’inflation. À l’inverse, le plan budgétaire « One Big Beautiful Bill Act » pourrait fournir un soutien temporaire à la croissance, à hauteur de 0,45 point de PIB.
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Vers une croissance annualisée de 2,5 % au dernier trimestre ?
Pourtant, des données récentes montrent un certain dynamisme. Les indicateurs PMI flash pour novembre suggèrent une croissance annualisée d’environ 2,5 % pour le quatrième trimestre. Cependant, les ventes au détail restent décevantes : elles se contractent pour la cinquième fois de l’année et affichent +0,2 % en septembre, contre +0,4 % attendu par le consensus.
Du côté des indices PMI, le composite, qui couvre les secteurs manufacturiers et des services, s’élève à 54,8, contre 54,6 en octobre, tandis que l’ISM manufacturier recule de 0,4 point en octobre, alors que l’ISM des services progresse de 2,4 points.
Ces chiffres traduisent une économie encore résiliente mais dont la croissance semble reposer sur un noyau étroit et concentré.
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La Fed entre prudence et pressions économiques
La combinaison de politiques fiscales expansionnistes et de barrières commerciales place la Réserve fédérale américaine dans une position délicate, tiraillée entre le soutien à l’emploi et la lutte contre l’inflation.
La réaccélération de l’indice des prix à la production (PPI) en septembre ne contribue pas à apaiser les inquiétudes des décideurs : l’indice a progressé de 0,3 % sur le mois, soit une hausse annuelle de 2,7 %.
À cela s’ajoute un déficit fédéral encore très élevé, estimé à 5,9 % du PIB pour 2025, contre 6,3 % en 2024, accentuant la complexité de la tâche de la Fed.
Dans ce contexte, les responsables de la Réserve fédérale adoptent une posture prudente. Beth Hammack, de la Fed de Cleveland, a rappelé que l’inflation « durablement élevée » limitait toute marge de manœuvre. Alberto Musalem, votant cette année, a également souligné la nécessité de « prudence » avant toute décision sur les taux.
Malgré cette prudence, les analystes continuent de spéculer sur de nouvelles baisses de taux. Une posture renforcée par la baisse de l'indice ISM manufacturier à 48,2 en novembre, contre 48,7 en octobre.
UBS anticipe encore trois réductions d’ici la fin 2026, tout en soulignant l’extrême incertitude qui plane sur la trajectoire monétaire. Selon l’outil CME FedWatch, la probabilité d’une baisse de 25 points de base en décembre atteint désormais 87 %. Le verdict sur les décisions de la Fed ne devrait donc plus tarder.
Zone euro : les signaux d’un redressement économique se multiplient
Après plusieurs trimestres d’hésitation, l’économie de la zone euro semble enfin sortir de l’ornière. Les indicateurs publiés ces dernières semaines ont, dans l’ensemble, surpris par leur résilience, dépassant les attentes du consensus. Les performances de la France et de l’Espagne, en particulier, sont venues soutenir un redressement plus marqué qu’anticipé.
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Une activité qui reprend de la vigueur
Au troisième trimestre, le PIB de la zone euro a progressé de 0,2 % en rythme trimestriel et de 1,4 % sur un an. Un rebond modeste, mais tiré par deux moteurs inattendus : la France, avec une croissance solide de 0,5 %, et l’Espagne, qui confirme son dynamisme (+0,6 %).
Les données conjoncturelles publiées pour la fin du troisième trimestre renforcent cette impression de reprise. La production industrielle a légèrement progressé en septembre (+0,2 %), tandis que les immatriculations automobiles témoignent d’un renforcement de la demande.
Selon l’enquête trimestrielle de la Commission européenne, le taux d’utilisation des capacités de production s’est hissé à 78,2 %, un plus haut depuis 18 mois. Les carnets de commandes atteignent eux aussi un sommet inégalé depuis trois ans et demi, signe d’un environnement industriel moins contraint.
Côté climat des affaires, l’indice de confiance des consommateurs progresse pour le deuxième mois consécutif, à -14,2 points, lorsque les indicateurs PMI indiquent une accélération de la production pour un cinquième mois d’affilée en octobre. Le PMI composite de novembre (52,4) confirme une expansion modérée mais désormais bien ancrée.
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Le commerce extérieur en soutien
Le commerce extérieur a également apporté une contribution positive au redressement. En septembre 2025, la zone euro a enregistré un excédent commercial de 19,4 milliards d'euros, un niveau nettement supérieur aux 12,9 milliards enregistrés un an plus tôt. Les exportations ont progressé de 7,7 % sur un an, portées notamment par un bond du secteur des produits chimiques, dont l’excédent s’est nettement élargi.
Seule ombre au tableau : l’activité dans la construction, qui s’est contractée de 0,5 % en septembre par rapport à août, rappelant que la reprise reste encore inégale selon les secteurs.
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Politique monétaire : un statu quo assumé
Sur le front des prix, les signaux sont également rassurants. Les prix à la production avaient reculé de 0,1 % en rythme mensuel, tandis que l’inflation annuelle était revenue à 2,1 % en octobre, contre 2,2 % en septembre. Un niveau très proche de la cible de la Banque centrale européenne. Mais pour le mois de novembre, l’inflation annuelle a cependant grimpé de 2,2 % en novembre.
Dans ce contexte, la BCE devrait maintenir son taux directeur à 2 % lors de sa réunion de décembre. Les minutes récentes témoignent d’une institution confiante dans le calibrage actuel de sa politique : le niveau des taux est jugé suffisamment restrictif pour absorber de futurs chocs, et seul un écart marqué et durable par rapport à la trajectoire d’inflation pourrait justifier un ajustement monétaire
Chine : la croissance s’essouffle
La Chine a annoncé un nouveau ralentissement de son activité au troisième trimestre, avec une croissance limitée à +4,8 % sur un an, son plus faible niveau depuis douze mois. Un résultat qui confirme l'essoufflement persistant de la deuxième économie mondiale, malgré l’accalmie sur le front commercial avec les États-Unis.
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Une économie en perte de vitesse
Longtemps portée par ses performances à l’export, l’économie chinoise voit aujourd’hui le modèle vaciller. Les ventes à l’étranger, stimulées depuis des années par des coûts salariaux manufacturiers nettement inférieurs à ceux de l’Europe — près de 70 % de moins — ont subi en octobre une contraction inattendue : – 1,1 %, contre une hausse de + 3,5 % anticipée.
Les indicateurs conjoncturels confirment la morosité industrielle. L’indice des directeurs d’achat (PMI) remonte timidement de 49 à 49,2 points, mais reste sous le seuil critique des 50, synonyme de contraction. La production industrielle, quant à elle, n’a progressé que de 4,9 % sur un an, en retrait par rapport aux 5,5 % attendus par les analystes de Bloomberg.
La consommation intérieure, pourtant considérée comme un pilier de substitution aux exportations, peine, elle aussi, à prendre le relais. Les ventes au détail n’ont augmenté que de 2,9 % en octobre, un léger fléchissement après +3 % en septembre, enregistrant un cinquième mois consécutif de ralentissement. Le secteur immobilier continue d’amplifier cette fragilité : les prix du neuf reculent dans 61 des 70 grandes villes, signe que la crise immobilière continue d'éroder la richesse des ménages et leur confiance.
Les investissements en capital fixe accusent également un repli. Entre janvier et octobre, ils ont diminué de 1,7 % par rapport à l'année précédente. Selon Zhiwei Zhang, économiste chez Pinpoint Asset Management, ce recul illustre « la faiblesse persistante du secteur immobilier et l'insuffisant dynamisme des infrastructures », deux piliers historiquement stratégiques pour Pékin.
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Un nouveau plan quinquennal axé sur l’autonomie technologique
Réunis à Pékin du 20 au 23 octobre, les dirigeants du Parti communiste chinois ont esquissé les contours du prochain plan quinquennal 2026-2030.
Au cœur de cette nouvelle stratégie : l’autosuffisance technologique. Alors que la Chine fait face aux restrictions américaines sur les semi-conducteurs et les technologies sensibles, Pékin veut réduire drastiquement sa dépendance envers les fournisseurs étrangers. Le pays entend ainsi accélérer le rattrapage dans les microprocesseurs de nouvelle génération, un domaine clé pour les industries militaires, aérospatiales et numériques.
Le gouvernement prévoit une modernisation massive des usines traditionnelles, une généralisation de l’automatisation et une transition écologique de l’industrie lourde. Des investissements colossaux devraient être injectés dans les entreprises nationales, notamment celles spécialisées dans les semi-conducteurs, les machines-outils de haute précision, la biotechnologie et l’informatique quantique.
En parallèle, Pékin promet de « stimuler vigoureusement la consommation » et de renforcer son marché intérieur, avec des investissements accrus dans l’éducation, la santé et la protection sociale.
Reste à savoir si ces ambitions permettront au pays de restaurer une croissance plus robuste.
Les convictions de Scala Patrimoine sur les marchés financiers
Le mois de novembre a signé le retour d’une volatilité marquée sur les marchés actions. Les grandes places ont, dans l’ensemble, oscillé autour de l’équilibre, tandis que les marchés émergents ont été davantage chahutés, pénalisés par des prises de bénéfices concentrées sur les actifs chinois.
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Marchés actions : retour du “risk off”
Dans cette atmosphère de prudence, les métaux précieux ont poursuivi leur ascension – l’or et l’argent en tête – alors qu’à l’inverse, le bitcoin a brutalement corrigé après avoir glissé sous le seuil symbolique des 100 000 $, illustrant la puissance des rotations intra-classes d’actifs.
- Un horizon économique brouillé
Les secteurs défensifs, tels que la santé ou la consommation de base, ont retrouvé les faveurs des investisseurs après plusieurs mois dominés par la surperformance des valeurs de croissance. Ce regain d’intérêt traduit un climat d’incertitude alimenté par un déficit de visibilité macroéconomique.
Malgré l’accord budgétaire américain et la reprise du fonctionnement administratif, les marchés sont restés en suspens, tributaires de la publication d’indicateurs majeurs – inflation, emploi, activité – dont la diffusion a été perturbée.
Cette opacité est d’autant plus paradoxale qu’elle survient dans un trimestre où 81 % des entreprises du S&P 500 ont dépassé les attentes, y compris dans la tech, pourtant secouée par de fortes prises de profits. Les craintes de survalorisation et les interrogations autour d’une éventuelle « bulle IA » ont alimenté la correction, avant que les anticipations d’une baisse des taux en décembre n’amorcent un rebond technique.
L’enjeu central de décembre sera, sans surprise, la décision de la Réserve fédérale. L’institution devra trancher sur la base de données incomplètes, faute de statistiques gouvernementales actualisées. Les investisseurs suivront de près toute indication concernant la poursuite du cycle de baisse des taux.
Certains vents contraires demeurent : une inflation toujours supérieure à l’objectif (3 % en septembre), un marché de l’emploi plus solide que prévu, ainsi que des divergences croissantes au sein du FOMC quant au rythme de l’assouplissement monétaire. Ce cocktail crée un terrain fertile pour une volatilité de fin d’année, où chaque publication d’inflation ou d’emploi est susceptible de réorienter profondément les anticipations.
- Marchés américains : un attrait intact
Après un mois de novembre marqué par une pause technique, nous maintenons une vision constructive sur les actions. Si la Fed confirme l’amorce d’un cycle de baisse des taux, les marchés américains devraient rester bien orientés.
À l’approche des élections de mi-mandat, l’exécutif aura tout intérêt à préserver un climat de confiance économique, soutenant ainsi la consommation – moteur principal du PIB. Par ailleurs, la forte exposition de la base électorale de Donald Trump aux marchés actions pourrait inciter à maintenir un environnement boursier porteur.
La décision prochaine de la Cour suprême concernant la légalité des droits de douane instaurés durant son mandat pourrait provoquer des soubresauts, mais son impact économique devrait rester limité.
Aux États-Unis, le secteur technologique demeure une source structurelle de croissance, en dépit de sa volatilité récente. Les « Magnificent 7 » affichent des prévisions de croissance bénéficiaire de 22 % en 2026, nettement supérieures à celles du reste du marché américain (11 %) ou européen (12 %).
Toutefois, l’extrême concentration des performances et la sensibilité du secteur aux annonces de la Fed renforcent la nécessité de diversifier vers des segments plus défensifs (santé, utilities) ou vers des secteurs endettés qui profiteront directement de la détente monétaire. Les minières, dont les performances exceptionnelles cette année traduisent une réévaluation après une décennie de sous-performance, bénéficient également d’une demande structurellement robuste en métaux stratégiques.
- Europe : une croissance moins élevée qu’aux États-Unis
Le Vieux Continent reste traversé par des incertitudes budgétaires (France, Royaume-Uni) et par une Allemagne dont le stimulus peine encore à se refléter dans les chiffres d’activité. Les valorisations y demeurent attractives relativement aux États-Unis, et la région se montre moins vulnérable aux corrections des mégacaps technologiques.
Néanmoins, la dynamique économique reste en retrait par rapport à celle outre-Atlantique.
Une nouvelle baisse de taux de la BCE pourrait apporter un soutien supplémentaire, mais le marché semble privilégier pour l’instant un statu quo. Dans ce contexte, notre préférence se porte sur des secteurs résilients aux perspectives bénéficiaires solides : finance, défense et santé.
- Marchés Financiers Émergents : un terrain toujours porteur ?
Après une consolidation bienvenue en novembre, suite à une année 2025 particulièrement faste, nous conservons un biais positif sur les marchés émergents. Ceux-ci devraient profiter :
- du cycle de baisse des taux américains,
- d’un dollar orienté à la baisse,
- des mesures de soutien attendues dans le cadre du 15ᵉ plan quinquennal chinois.
Comme le mois dernier, nous préconisons une allocation diversifiée sur :
- les marchés chinois, toujours volatiles, qui demeurent un pivot stratégique ;
- l’Inde qui poursuit son momentum structurel ;
- la Corée du Sud, Taïwan et le Vietnam qui offrent des opportunités portées par l’essor de l’IA et l’intensification des échanges intra-asiatiques.
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Les marchés obligataires : un positionnement stratégique
Les marchés souverains ont évolué dans un climat d’incertitude, nourri par l’absence de données macroéconomiques américaines et par les interrogations persistantes quant à la trajectoire future de la Réserve fédérale.
- Des performances contrastées sur les marchés obligataires
Malgré un marché du travail américain à double visage – hausse du chômage et des demandes d’allocations, mais créations d’emplois toujours robustes – les anticipations de baisse des taux en décembre ont provoqué un repli des rendements. Dans ce contexte, les Treasuries ont signé la meilleure performance du mois (+0,6 %).
À l’inverse, les obligations d’État japonaises ont reculé (-1,3 %), pénalisées par la remontée des rendements et par des doutes croissants quant à la soutenabilité d’un couple budgétaire et monétaire particulièrement accommodant, dans un environnement de yen faible et d’inflation élevée.
Au Royaume-Uni, les Gilts sont demeurés quasi inchangés (+0,1 %), l’annonce d’un budget finalement peu modifié n’offrant qu’un répit limité.
En zone euro, les Bunds ont sous-performé, affectés par un endettement net supérieur aux attentes, tandis que les obligations indexées ont enregistré une progression modeste (+0,2 %), dans un environnement de duration toujours défavorable hors États-Unis.
- La compression généralisée des spreads
Nous demeurons globalement positifs sur le marché obligataire, dans un contexte où les anticipations de croissance pour 2025 restent orientées à la hausse, tant aux États-Unis qu’en Europe.
Cette résilience apparente, conjuguée à un fort appétit des investisseurs pour l’obligataire – en témoignent des taux de couverture historiquement élevés –, a favorisé une compression des spreads sur l’ensemble des segments : Investment Grade, subordonnés, crédit américain, dettes périphériques européennes.
Les niveaux actuels, souvent proches de planchers historiques, envoient toutefois un signal ambivalent : ils témoignent certes d’une confiance renforcée dans la solidité des émetteurs, mais laissent également entrevoir un risque d'élargissement, notamment en cas de surprise sur la trajectoire des taux ou de fragilisation de la croissance.
Le portage, moteur essentiel de performance
Dans ce contexte, le portage demeure la principale source de performance, les rendements encore élevés constituant un véritable coussin face aux phases de volatilité.
Notre conviction reste solidement ancrée en faveur du crédit Investment Grade européen, soutenu par :
- des fondamentaux exceptionnellement robustes, avec un taux de défaut proche de ses plus bas historiques (≈0,15 %),
- une demande soutenue, comme en attestent les adjudications récentes et les émissions primaires sursouscrites,
- des niveaux de rendement attractifs sur les marchés.
Les stratégies de type buy & hold se révèlent particulièrement pertinentes, le portage constituant le cœur de la performance attendue et la visibilité sur les cash-flows des entreprises européennes restant élevée.
- États-Unis : vers une nouvelle détente monétaire ?
Sur les marchés américains, le crédit apparaît également bien orienté, porté par la perspective d’une nouvelle baisse des taux directeurs et d’un cycle potentiellement prolongé en 2026. La réduction attendue des coûts de financement soutiendrait directement les entreprises les plus capitalistiques ou les plus émettrices – notamment dans la technologie.
Toutefois, pour un investisseur européen, l’intérêt du crédit américain est fortement amoindri : le risque de baisse du dollar domine, et le coût de couverture efface en grande partie l’avantage de rendement.
Cette divergence nous conduit à maintenir une exposition limitée, privilégiant des positions tactiques plutôt que stratégiques.
- Gilts britanniques : une combinaison favorable
S’agissant des dettes souveraines, nous privilégions les Gilts britanniques, dont les rendements élevés s’accompagnent d’une trajectoire budgétaire 2026 orientée vers une consolidation crédible des comptes publics.
Cette combinaison – primes de rendement attractives et rigueur fiscale accrue – offre un profil plus séduisant que celui des États-Unis ou de l’Allemagne, où les besoins massifs de financement risquent de maintenir une pression haussière sur les rendements longs.
Dans ce cadre, nous conservons une duration courte, la partie longue de la courbe étant particulièrement vulnérable à une remontée des anticipations d’inflation ou à une réévaluation des risques budgétaires.
Nous continuons également d’apprécier les obligations financières subordonnées européennes : un segment robuste, soutenu par un cadre réglementaire strict, des niveaux de capitalisation élevés et une demande solide de la part des investisseurs institutionnels en quête de rendement. Malgré le resserrement des spreads par rapport au crédit corporate, ce segment offre toujours un rendement supérieur sans dégradation notable du profil de risque.
- High Yield : une approche sélective et prudente
Sur le segment du High Yield, notre posture demeure très prudente. La forte compression récente des spreads, conjuguée à des valorisations déjà exigeantes, impose une sélectivité accrue. Nous privilégions les maturités courtes et les signatures les plus solides.
L’année 2026 devrait être marquée par une hausse significative des besoins de refinancement, notamment chez les entreprises technologiques américaines susceptibles de solliciter plus fréquemment le marché européen. Cette dynamique pourrait créer des opportunités de rendement additionnel, à condition que la demande demeure soutenue.
- Taux longs : un risque de duration accru
Nous adoptons par ailleurs une prudence renforcée sur les taux longs.
Les besoins de financement massifs en Europe comme aux États-Unis pourraient exercer une pression haussière durable sur les rendements des maturités longues.
À cela s’ajoute un risque de remontée des anticipations d’inflation, particulièrement pénalisant pour cette partie de la courbe.
Les taux courts européens nous paraissent ainsi une alternative pertinente aux placements monétaires, compte tenu de la meilleure visibilité offerte par la politique de taux de la BCE.
Enfin, pour les investisseurs en euros, nous considérons qu’il est peu opportun de s’exposer au risque de change sur les obligations libellées en dollars : les moteurs de la parité EUR/USD demeurent défavorables au billet vert et le coût de couverture excède largement le surplus de rendement offert par le marché américain.
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Les marchés financiers alternatifs : une préférence pour le long/short
Sur le segment des stratégies alternatives, nous maintenons une allocation globalement prudente, en conservant une exposition négative à l’ensemble de ces actifs.
Néanmoins, nous exprimons une nette préférence pour les stratégies actions Long/Short, particulièrement pertinentes pour couvrir partiellement une allocation longue sur actions.
Dans un contexte marqué par de fortes dispersions, ces stratégies exploitent à la fois la sous-évaluation (positions longues) et la surévaluation (positions courtes) des titres. Le Long/Short offre ainsi une double vertu : protection contre le risque directionnel et potentiel de surperformance même en période d’incertitude.
Sa flexibilité permet de saisir des opportunités dans toutes les conjonctures, tout en assurant une décorrélation précieuse par rapport aux indices boursiers traditionnels, offrant ainsi aux portefeuilles un instrument d’optimisation et de résilience.
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L’or : un actif résilient face aux incertitudes des marchés
Le bond spectaculaire de l’or en septembre, avec l’once frôlant les 3 900 $, illustre une fois de plus la résilience du métal jaune. Malgré des performances déjà historiques cette année, nous maintenons une opinion positive sur ce placement stratégique.
Plusieurs facteurs structurels continuent de soutenir l’or : la baisse des taux réels consécutive à l’assouplissement des taux directeurs, la faiblesse persistante du dollar américain, l’escalade des tensions géopolitiques, ainsi qu’un recul de confiance parmi les acteurs économiques. À cela s’ajoute une demande soutenue, tant institutionnelle que privée, provenant notamment des banques centrales et des ménages, particulièrement en Asie et dans les économies émergentes.
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Les produits structurés : flexibilité et personnalisation au service du rendement
Nous maintenons une conviction solide en faveur des produits structurés. Bien plus qu’un simple instrument d’exposition, ils constituent une solution sophistiquée de personnalisation, permettant d’ajuster avec précision l’accès aux marchés ainsi que le couple rendement-risque selon les objectifs de l’investisseur.
Ces instruments se révèlent particulièrement pertinents pour ceux qui souhaitent s’exposer à des marchés ou secteurs offrant un fort potentiel de croissance à moyen terme, tout en bénéficiant de mécanismes de protection contre les risques de correction. Cette caractéristique prend d’autant plus de valeur dans des périodes de valorisation élevée des marchés.
La diversification reste essentielle, tant au niveau des sous-jacents que des structures employées. Grâce à leur flexibilité, les produits structurés offrent aux investisseurs un levier pour optimiser leur portefeuille dans l’environnement actuel, tout en s’adaptant aux besoins de distribution. Ils constituent ainsi un pilier clé dans toute stratégie de rente personnalisée, conciliant performance et gestion des risques.
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Private Equity : une classe d’actifs incontournable
L’intérêt des investisseurs institutionnels pour les actifs non cotés continue de croître, malgré un contexte économique marqué par des incertitudes. Cette dynamique, soutenue par la baisse progressive des taux d’intérêt en 2025, oriente également les flux vers des fonds plus accessibles au grand public.
- Des incertitudes perceptibles
Le marché reste prudent, influencé par les incertitudes politiques et économiques. Néanmoins, nous restons confiants quant au potentiel du private equity.
Les stratégies secondaires se révèlent particulièrement attractives grâce à leurs perspectives de valorisation prometteuses. Les fonds de co-investissement demeurent au cœur de nos priorités, combinant optimisation des rendements et maîtrise des coûts.
Parallèlement, les stratégies de dette privée – mezzanine ou growth buyout – gagnent en popularité pour accompagner les entreprises en pleine croissance. Le capital-risque, notamment dans les secteurs technologiques et liés à la transition énergétique, retrouve également un fort attrait, offrant des opportunités séduisantes pour les startups innovantes.
- Une allocation diversifiée et réfléchie
Pour exploiter pleinement le potentiel des investissements non cotés tout en limitant les risques, nous recommandons une approche diversifiée et de long terme, comprenant :
- Les stratégies secondaires, pour leur stabilité et la robustesse de leurs rendements ;
- L’exposition au capital-risque, visant des opportunités à haut potentiel dans les secteurs innovants ;
- Les LBO (Leveraged Buyout), permettant de tirer parti de l’effet de levier ;
- Le growth equity, pour bénéficier de la croissance d’entreprises matures et prometteuses ;
- La dette mezzanine, avec ses taux attractifs, comme outil clé de diversification.
Face à un environnement économique en constante évolution, cette allocation vise à conjuguer performance et gestion proactive des risques. Nous restons attentifs à l’évolution du marché, tout en capitalisant sur les opportunités offertes, notamment dans des secteurs stratégiques tels que la santé et la transition énergétique.
Dons manuels et des dons d’argent : la déclaration devra se faire en ligne dès 2026
À compter du 1er janvier 2026, toute déclaration de dons manuels ou de dons d’une somme d’argent devra obligatoirement être effectuée en ligne via le portail impots.gouv.fr. Le formulaire papier n°2735, encore utilisé aujourd’hui, ne sera plus la norme. Cette réforme s’inscrit dans le cadre de la digitalisation croissante des procédures fiscales et vise à simplifier les démarches tout en fiabilisant les données déclaratives.
Quels dons sont concernés ?
Le décret n°2025-1082 du 17 novembre 2025 fixe le cadre de cette nouvelle obligation. Il précise que la déclaration devra s’accompagner du paiement électronique des droits de donation éventuellement dus.
Seules quelques exceptions subsisteront : les personnes dont la résidence principale n’est pas équipée d’un accès à internet ou qui ne peuvent pas télédéclarer pourront continuer à utiliser le formulaire papier.
Cette disposition concerne :
- Tous les dons manuels, qu’il s’agisse d’argent liquide, de chèques, d’actions, de biens meubles ou d’objets d’art.
- Les dons familiaux de sommes d’argent, anciennement appelés « dons Sarkozy ».
En revanche, certaines donations restent exclues de cette obligation de déclaration en ligne. Il s’agit notamment :
- des dons faits au profit d’un descendant ou d’un petit-neveu en représentation de son parent prédécédé ;
- des dons réalisés en faveur d’un mineur ou d’un majeur protégé lorsque son représentant n’est pas le donateur.
Dans ces situations, les intéressés pourront continuer à utiliser les formulaires papier n°2735 ou n°2734 (révélation de don manuel d’une valeur supérieure à 15 000 €).
Un calendrier initialement avancé
La télédéclaration obligatoire devait initialement entrer en vigueur au plus tard le 1er juillet 2025, selon un texte de 2020. Cette échéance avait été abrogée au printemps 2025, laissant présager un report durable.
Cependant, la DGFiP a confirmé que ce délai supplémentaire visait uniquement à moderniser le parcours en ligne et à proposer un service plus fluide et entièrement centralisé. Le téléservice existant depuis 2021 sera ainsi rénové pour devenir le seul canal officiel de déclaration. Sa mise en service est donc prévue le 1er janvier 2026.
Paiement des droits de donation
Rappelons que si le bénéficiaire est redevable de l’impôt, les droits peuvent être acquittés par le donateur. Un geste qui n'est d'ailleurs pas considéré comme un complément de donation.
Cette réforme marque donc une étape majeure vers la dématérialisation complète des formalités fiscales, tout en garantissant une meilleure sécurité et fiabilité des déclarations.
Décret n°2025-1082 du 17 novembre 2025
Scala Patrimoine éclaire les Échos sur les frais des produits structurés
L’essor spectaculaire des produits structurés ne se dément pas. Leurs encours ont plus que doublé entre 2021 et 2024, pour atteindre 146 milliards d’euros. Une progression fulgurante qui masque toutefois une réalité moins reluisante : l’opacité persistante de leur tarification. Réputés pour être fortement chargés en frais, ces placements sophistiqués souffrent d’un manque de transparence que déplore une partie de la profession.
Laurence Boccara, journaliste aux Échos, a enquêté sur le sujet et a interrogé notamment Guillaume Lucchini, associé fondateur du multi-family office Scala Patrimoine.
Une tarification souvent opaque pour les produits structurés
Les frais représentent un enjeu majeur. « Les produits structurés sont tous chargés en frais. Non seulement cette tarification est multiple, mais elle demeure en grande partie opaque », avertit d’emblée Guillaume Lucchini.
La structure de coûts s’avère en effet complexe. À ceux du structureur s’ajoutent les ponctions de la banque émettrice, puis bien souvent celles de l’intermédiaire financier – conseillers en gestion de patrimoine ou établissements bancaires. Au total, ces charges successives peuvent atteindre entre 0,5 % et 1 % par an.
Contrairement aux frais clairement affichés d’un OPCVM traditionnel ou d’un ETF, les coûts liés aux produits structurés restent rarement mis en avant. «L’épargnant ne mesure pas réellement ce qu’il paie, ni ce qui vient amputer in fine le coupon. Ce sont des produits très rémunérateurs pour certains intermédiaires», souligne Guillaume Lucchini.
Le fondateur de Scala Patrimoine nuance toutefois son propos : « Dans certains contextes bien définis, ces produits peuvent être pertinents. Mais leur structure de frais est parfois illisible. Certains acteurs n’hésitent pas à en gonfler le niveau. C’est pourquoi nous privilégions une approche directe avec les salles de marché. Ainsi qu’une facturation fondée uniquement sur des honoraires explicites et transparents. »
Des outils financiers qui répondent à de véritables besoins
Malgré ces zones d’ombre, les produits structurés n’en demeurent pas moins des instruments patrimoniaux intéressants lorsque leurs frais sont clairs, transparents et raisonnables. Romane Azzopardi, responsable des investissements chez Scala Patrimoine, réaffirme d’ailleurs la conviction de la maison : « Nous conservons une vision très positive des produits structurés. Bien plus qu’un simple outil d’exposition, ils constituent une solution sophistiquée de personnalisation, permettant d’ajuster précisément l’accès aux marchés et le couple rendement-risque selon les objectifs de l’investisseur. »
Ces solutions bénéficient tout particulièrement aux épargnants souhaitant capter le potentiel de croissance de certains marchés ou secteurs à moyen terme, tout en intégrant des mécanismes de protection face aux risques de correction. « Cette approche se révèle d’autant plus stratégique dans des périodes où les valorisations sont élevées », ajoute Romane Azzopardi.
La diversification demeure un principe central – tant en ce qui concerne les sous-jacents que les structures utilisées. Grâce à leur souplesse, les produits structurés offrent un levier d’optimisation de la performance dans l’environnement actuel, tout en répondant à des besoins spécifiques en matière de distribution.
Ils constituent ainsi un pilier pertinent dans toute stratégie de rente personnalisée, combinant rendement, protection et adaptabilité. À condition que leurs performances ne soient pas englouties par des frais excessifs !
« L’épargne française prend la fuite » : Guillaume Lucchini tire la sonnette d’alarme pour Le Figaro
Face à l’incertitude politique et fiscale, de nombreux foyers fortunés et entrepreneurs cherchent à protéger leur patrimoine. Guillaume Lucchini, associé fondateur de Scala Patrimoine, a accordé un entretien au journaliste Jean Kedroff pour Le Figaro sur le sujet. Il y analyse la montée d’une inquiétude diffuse mais profonde chez les épargnants français, nourrie par cette instabilité croissante.
L’année 2024 a marqué une rupture nette dans l’esprit des grandes fortunes. Instabilité politique, incertitudes fiscales : la combinaison inquiète et pousse à la prudence. Un réflexe s’installe : protéger son épargne, organiser son avenir, et parfois même envisager l’exil. Mais avant toute décision d’exil fiscal, un exil financier est déjà à l’œuvre. Le Luxembourg, avec son célèbre contrat d’assurance-vie, et la Suisse s’imposent comme destinations privilégiées.
Une nouvelle génération passe à l’action
Les nouvelles générations bousculent les codes de la gestion patrimoniale. Mieux informés que leurs aînés, scrutant marchés et opportunités, et n’hésitant pas à se former en continu, ils prennent des décisions plus rapides et audacieuses. Face aux incertitudes juridiques et fiscales, un nombre croissant de jeunes actifs envisagent désormais de transférer leurs avoirs à l’étranger.
Guillaume Lucchini le confirme dans les colonnes du Figaro. « Nous sommes désormais sollicités par des particuliers qui ont hérité d’un appartement et disposent de 800 000 à 1 million d’euros d’épargne. Jusqu’à présent, c’était inhabituel pour nous. »
Longtemps centrée sur les grands chefs d’entreprise, héritiers ou sportifs de haut niveau, la clientèle de Scala Patrimoine s’élargit désormais aux jeunes cadres et entrepreneurs, souvent mieux formés financièrement que leurs aînés. « Nous voyons arriver des trentenaires, cadres supérieurs ou jeunes entrepreneurs, qui s’informent beaucoup sur Internet et s’interrogent sur l’avenir politique et économique du pays », précise le gestionnaire de fortune.
« Une très mauvaise nouvelle pour le tissu productif français »
L’économie française sous tension
Les discussions autour du projet de loi de finances pour 2026 cristallisent les inquiétudes des entrepreneurs. Entre les incertitudes entourant le pacte Dutreil, la nouvelle taxe sur les « holdings patrimoniales » et l’impôt sur la fortune improductive, nombre d’entre eux révisent leur stratégie d’investissement.
« Pas un jour ne passe sans qu’un entrepreneur ne me contacte pour restructurer son patrimoine », confie Guillaume Lucchini pour le Figaro. Le schéma est souvent identique : des entrepreneurs âgés de 40 à 50 ans, possédant entre 5 et 20 millions d’euros en actions, choisissent de « cash out », c’est-à-dire de revendre leurs parts, pour sécuriser leurs capitaux en Suisse ou ailleurs. « C’est autant de fonds perdus pour le tissu productif français », déplore le gestionnaire parisien.
Selon lui, la menace pesant sur l’avenir du pacte Dutreil – dispositif fiscal exonérant la transmission des entreprises familiales – ainsi que la future taxe sur les « holdings patrimoniales » prévue dans le projet de budget 2026, poussent de nombreux entrepreneurs à « récupérer leur chèque » plutôt qu’à poursuivre l’aventure familiale dans un pays où l’instabilité fiscale rend toute projection à long terme incertaine.
Adcytherix : 105 M€ pour révolutionner la lutte contre le cancer
Alors que le marché de la biotech traverse une période de financement morose, certaines jeunes pousses parviennent encore à se distinguer. C’est le cas d’Adcytherix, société marseillaise fondée il y a à peine dix-huit mois, qui vient de réaliser un véritable tour de force : lever plus de 105 millions d’euros pour accélérer le développement de traitements anticancéreux de nouvelle génération.

Une start-up d’à peine 18 mois
Créée en mars 2024 par Jack Elands, docteur en neuropharmacologie, aux côtés de Xavier Prévile et Carsten Dehning, Adcytherix s’est donnée pour mission de concevoir des thérapies ciblées capables d’éradiquer les cellules tumorales sans affecter les tissus sains.
Jack Elands n’en est d’ailleurs pas à son premier succès dans le domaine : il fut le cofondateur et directeur général d’Emergence Therapeutics, société hambourgeoise rachetée depuis par le géant américain Eli Lilly.
Avec Adcytherix, il entend franchir une nouvelle étape en misant sur les anticorps conjugués — ou ADC (Antibody-Drug Conjugates) —, une technologie à la croisée de l’immunologie et de la chimie thérapeutique.
Aujourd’hui, une équipe d’une vingtaine de chercheurs œuvre au développement de ces nouveaux anticorps propriétaires.
Des traitements de rupture
Les médicaments mis au point par Adcytherix s'illustrent par leur capacité à cibler les cellules tumorales sans détruire les cellules saines, réduisant ainsi drastiquement les effets secondaires souvent observés lors des chimiothérapies classiques.
« Adcytherix se distingue par une expertise approfondie des ADC, un premier programme différencié et une stratégie centrée sur de nouvelles classes de payloads susceptibles d’élargir le champ d’action des ADC à des tumeurs jusqu’ici peu réactives, tout en contournant les mécanismes de résistance connus », souligne Sofia Ioannidou, PhD, associée au sein d’Andera Partners.
Grâce à un premier tour de table de 30 millions d’euros réalisé en 2024, la start-up a déjà mené à bien les tests précliniques de son candidat-médicament phare, ADCX-020. Ce financement initial, structuré en deux volets, fut mené par Pontifax Venture Capital (Israël), Wuxi Biologics via le fonds suisse Pureos Bioventures, ainsi que les fonds américains KKR et RA Capital Management.
Une levée de fonds record en série A
Un an plus tard, la jeune biotech a frappé encore plus fort. Elle vient de boucler une série A record de 105 millions d’euros, la plus importante en Europe dans le domaine des ADC en 2025.
Bpifrance, aux côtés de Kurma Partners, Andera Partners et Angelini Ventures, a mené l’opération, avec la participation d’un consortium international d’investisseurs comprenant Surveyor Capital (groupe Citadel, États-Unis) et le fonds israélien aMoon. Fait notable : tous les fondateurs et investisseurs historiques ont également remis la main au portefeuille.
« Clôturer la plus importante série A européenne dans les ADC valide notre science, notre vision et le travail exceptionnel accompli par notre équipe depuis seulement dix-huit mois », se félicite Jack Elands. « Nous sommes fiers d’avoir réuni un consortium d’investisseurs de classe mondiale partageant notre ambition : développer des ADC de rupture pour les patients réfractaires aux traitements actuels. »
Accélérer pour rester dans la course
Grâce à cette levée, Adcytherix prévoit de lancer ses premiers essais cliniques sur l’humain dès le premier trimestre 2026, avec les demandes d’autorisation réglementaires (IND, CTA) attendues aux États-Unis, en Europe, au Royaume-Uni et au Canada.
« Cet argent est indispensable pour aller vite. La compétition est féroce et, si nous ne mettons pas la vitesse maximale, nous serons dépassés », explique le dirigeant.
Au-delà des espoirs médicaux, le potentiel économique du secteur est colossal. Selon Les Échos, près de 200 candidats-médicaments sont déjà en phase clinique, et un millier d’autres en développement. D’après le cabinet Spherical Insights & Consulting, le marché mondial des ADC pourrait dépasser les 30 milliards de dollars d’ici 2032.
Souhaitons à cette jeune équipe marseillaise de transformer l’essai et de redonner espoir aux millions de patients en attente de traitements plus ciblés et plus humains.
Guillaume Lucchini évoque dans L’essentiel un « exil financier » des épargnants français vers le Luxembourg
Alors que le climat politique et fiscal français continue de susciter interrogations et inquiétudes, le Luxembourg s’impose plus que jamais comme un havre de stabilité pour les investisseurs hexagonaux.
Dans un entretien accordé au journaliste du média luxembourgeois L’essentiel, Thomas Holzer, Guillaume Lucchini, fondateur de Scala Patrimoine, dresse ainsi le constat d’un mouvement croissant d’épargnants vers la place financière du Grand-Duché.
Un phénomène croissant depuis la dissolution de 2024
Depuis la dissolution de l’Assemblée nationale en juin 2024, ce phénomène aurait pris une ampleur inédite. « Un exil financier », résume ainsi le fondateur du multi family office Scala Patrimoine, rappelant que la souscription d’assurances-vie luxembourgeoises — longtemps réservée aux grandes fortunes — séduit désormais une clientèle plus diversifiée. « Le Luxembourg est une sorte de pays couteau suisse, qui permet à un investisseur amené à s'établir ailleurs en Europe ou dans le monde de conserver les bénéfices du contrat, ce qui n'est pas le cas pour un produit français », observe-t-il, soulignant « la souplesse et la portabilité de ces contrats, avantages que ne garantit pas la réglementation française. »
Un ticket d’entrée à 250 000 €
Si le ticket d’entrée demeure fixé à 250 000 euros, ce seuil ouvre la porte à de nouveaux profils : entrepreneurs, professions libérales ou héritiers désireux de protéger leur patrimoine dans un environnement plus prévisible. Guillaume Lucchini précise toutefois que l’intérêt véritable de ces contrats se manifeste surtout à partir de 2,5 millions d’euros d’encours, seuil à partir duquel les opportunités d’investissement se déploient pleinement.
Mais que personne ne se méprenne, tout cela est parfaitement légal, puisqu'il ne s'agit pas d'exil fiscal. « La seule obligation est de déclarer ses comptes à l'étranger », conclut Guillaume Lucchini.
Au-delà des chiffres, cette tendance traduit surtout une défiance croissante envers la fiscalité nationale, perçue par certains comme potentiellement « confiscatoire ». En filigrane, c’est bien la recherche de sécurité, de liberté et de cohérence patrimoniale qui pousse ces investisseurs à franchir la frontière.
Guillaume Lucchini sur BFM Business : « L’assurance-vie luxembourgeoise séduit les Français en quête de stabilité »
Invité de l’émission Good Morning Business sur BFM Business, présentée par Laure Closier, Guillaume Lucchini, associé fondateur du multi family office Scala Patrimoine, est revenu sur l’essor spectaculaire de l’assurance-vie luxembourgeoise, dont les souscriptions ont bondi de 54 % depuis la dissolution de 2024.
Laure Closier. Pourquoi les Français montrent-ils un tel engouement pour l’assurance-vie luxembourgeoise depuis la dissolution de 2024 ?
Guillaume Lucchini. La principale raison tient à l’instabilité politique et fiscale qui règne en France. Depuis juin 2024, beaucoup de Français doutent de la direction que prendra la politique nationale dans les prochaines années. La dette publique, déjà à un niveau préoccupant, continue de croître, tandis que les pouvoirs publics peinent à endiguer le déficit budgétaire.
Certains propos tenus récemment par des responsables politiques ont également inquiété les épargnants, notamment l’idée, évoquée par quelques députés, de mobiliser l’épargne privée pour résoudre une équation financière jugée “intenable”. Cette perspective, bien que marginale, a marqué les esprits.
L’instabilité fiscale, elle, reste omniprésente : les débats houleux autour du budget 2026 en sont une illustration. De plus en plus de familles et d’entrepreneurs envisagent aujourd’hui de transférer une partie de leur patrimoine vers des juridictions plus stables, comme le Luxembourg ou la Suisse, reconnues pour leur sécurité politique et financière.
« Oui, il existe une forme d’exode financier »
Laure Closier. Peut-on parler d’un exode financier ?
Guillaume Lucchini. Oui, je le crois. Les flux de capitaux transférés à l’étranger sont significatifs. Les épargnants ont peur de mesures de rétorsion sur leur épargne, comme cela avait été envisagé lors du vote de la loi Sapin II.
La dette publique constitue une autre source majeure d’inquiétude, tout comme l’éventualité d’un changement de majorité politique susceptible de bouleverser le cadre fiscal.
Chez Scala Patrimoine, nous le constatons clairement : avec nos bureaux à Paris et Genève, nous voyons de plus en plus d’entrepreneurs s’interroger sur la protection de leur patrimoine.
Jusqu’à récemment, ce sujet demeurait tabou. Aujourd’hui, il s’exprime ouvertement, signe d’un “ras-le-bol fiscal” grandissant. Les discussions récentes sur une hausse des droits de succession ou un réaménagement du pacte Dutreil, pourtant essentiel à la préservation des entreprises familiales, nourrissent un sentiment d’injustice.
Beaucoup s’interrogent : la France veut-elle encore valoriser ses entrepreneurs ou cherche-t-elle à les faire payer pour combler les déséquilibres budgétaires ?
« L’assurance-vie luxembourgeoise reste soumise à la fiscalité française »
Laure Closier. Les détenteurs d’une assurance-vie luxembourgeoise bénéficient-ils d’un régime fiscal différent ?
Guillaume Lucchini. Non, bien sûr. Une assurance-vie luxembourgeoise reste soumise au droit fiscal français. Autrement dit, la fiscalité applicable est identique à celle d’un contrat détenu en France. La différence réside ailleurs : les capitaux sont déposés dans un État mieux noté sur le plan de la solvabilité, comme le Luxembourg, et bénéficient d’un environnement réglementaire plus protecteur. Cela permet aux épargnants de sécuriser leurs avoirs tout en conservant une transparence totale vis-à-vis de l’administration fiscale française.
Il ne s’agit donc pas d’une pratique “offshore”. Tout résident français peut ouvrir une assurance-vie au Luxembourg, à condition de la déclarer correctement. Ce type de placement ne concerne d’ailleurs pas uniquement les très grands patrimoines, contrairement à l’idée reçue. Même les investisseurs disposant d’un capital plus modeste y voient aujourd’hui une solution de stabilité et de diversification.










