Les marchés financiers prouvent une nouvelle fois leur dépendance aux décisions des banques centrales. L'économie résiste, quant à elle, trés bien.

Le rendez-vous des marchés financiers - Octobre 2023

Marchés financiers & économie : les points clés

  • Le troisième trimestre fut plus difficile sur les marchés financiers. Les marchés actions affichant une baisse supérieure à 3 % au cours des trois derniers mois ;
  • Selon les dernières communications des dirigeants des principales banques centrales, les politiques de resserrement monétaire ne sont pas loin de toucher à leur fin ;
  • Le gouvernement chinois semble écarter toute idée de grand plan de relance, préférant concentrer leur effort sur le désendettement du pays.

Marchés financiers : quelles performances ?

Coup d’arrêt pour les marchés financiers

Les marchés financiers marquent le pas.

Les marchés actions affichent une baisse supérieure à 3 % au cours des trois derniers mois, exception faite pour les valeurs nipponnes qui continuent de tirer leur épingle du jeu, grâce notamment à la faiblesse du yen.

Les valeurs de la tech ont souffert des discours des banquiers centraux martelant le « higher for longer ». L’indice Nasdaq 100 a chuté de 4% sur la période. Globalement les valeurs de croissance sont en net recul - 4,9 % face aux actions de style « value » (-1,9 %) mais le différentiel reste toujours en faveur de la croissance (+18 % de surperformance sur l’année).

Alors que les indicateurs avancés pointent un sentiment de plus en plus négatif, les défensives ont généré une performance positive, la santé en tête. Les secteurs les plus fortement endettés tels que les services aux collectivités ou les télécommunications ont, quant à eux, pâti de la hausse des taux d’intérêt.

Explosion des taux obligataires

La hausse des taux a aussi et surtout des conséquences sur les marchés obligataires. L’indice obligataire tous segments confondus a reculé de 3,6 % avec néanmoins une disparité en faveur du high yield, moins sensible à la hausse des taux.

Dans ce nouvel environnement, les états vont devoir refinancer leur dette dans des conditions beaucoup moins intéressantes que par le passé. Le taux américain à 10 ans atteint désormais 4,7 %. En Europe, la France emprunte à un taux supérieur à 3,5 % sur la même période tandis que le taux allemand s’établit autour de 2,92 %.

Détente des cours du pétrole

Malgré les tentatives de manipulation menées par l’Arabie Saoudite et la Russie, les cours du pétrole poursuivent leur baisse sur fond de craintes liées à la demande mondiale et à l'augmentation très importante des stocks d'essence aux États-Unis.

Le baril de Brent de la mer du Nord se négocie ainsi autour des 84 dollars, alors qu’il était encore supérieur à 90 dollars à la mi-septembre.

USA : L’inflation désormais sous contrôle ?

La Fed siffle la fin de la récré ?

Les politiques monétaires restrictives mises en œuvre par la Réserve fédérale américaine portent leur fruit. L’inflation semble aujourd’hui totalement sous contrôle. Ces derniers mois ont, en effet, été marqués par une décélération lente et continue de la hausse des prix aux États-Unis.

Une tendance confirmée par Alexandre Hezez, stratégiste du groupe Richelieu : « La hausse des prix des biens a connu une décélération assez marquée depuis plus d’un an, débutant avec celle des matières premières et des produits énergétiques. Une inflation persistante est largement attribuée au secteur des services et particulièrement à l’augmentation des loyers. »

Une dynamique qui nous amène donc à penser que le resserrement monétaire n’est pas loin de toucher à sa fin. Lors de sa dernière réunion mensuelle, la Fed a d’ailleurs annoncé un maintien de ses taux d'intérêt directeurs dans la fourchette de 5,25 % à 5,5 %. L’institution dirigée par Jerome Powell anticipe désormais une seule hausse supplémentaire de 25 points de base, d’ici la fin de l’année.

Les élections présidentielles en ligne de mire

Aurez élément qui pourrait jouer en faveur de la fin de la hausse des taux : la publication d’un rapport faisant état d'un nombre de créations d'emplois très inférieur aux attentes. Selon l’ADP (Non Farm Employment Change), le secteur privé américain n'a généré que 89 000 nouveaux emplois au mois de septembre, soit son plus faible rythme depuis janvier 2021.

Mais au-delà des questions économiques, les difficultés du pays pourraient être d’ordre politique. À un an des élections présidentielles, le camp des républicains s’écharpe au grand jour. Le républicain Kevin McCarthy a été récemment écarté du poste de speaker de la Chambre des représentants des États-Unis après le vote d'une motion de censure émanant de son parti, déposée par Matt Gaetz. Or ce dernier est un élu émanant de la droite dure américaine, très proche de l’ancien président Donald Trump. Le combat pour la maison blanche ne fait que commencer !

Europe : une croissance atone

La fin de la spirale inflationniste ?

Le 14 septembre dernier, la Banque Centrale européenne a relevé pour la dixième fois consécutive ses taux d’intérêt, à 4 %, soit une hausse de 25 points de base. Cette décision portant ce taux à un niveau qui n’avait jamais été atteint depuis le lancement de la monnaie unique.

Là aussi, les résultats de cette politique sont nettement visibles. La hausse des prix décroit sensiblement. Selon la dernière étude publiée par Eurostat, l'office statistique de l'Union européenne, le taux d'inflation annuel de la zone euro est estimé à 4,3 % en septembre 2023, contre 5,2% en août.

La Banque Centrale européenne a d’ailleurs pris acte de ce reflux. Selon ces dernières prévisions, l’inflation continuerait de ralentir au cours des deux prochaines années grâce à l’atténuation des tensions sur les coûts et à la transmission progressive des mesures de sa politique. L’inflation globale devrait revenir à 3,2 % en 2024 et 2,1 % en 2025.

Le cycle de hausse des taux d'intérêt de la Banque centrale européenne est-il donc arrivé à son terme ? Cela est très probable. Mario Centeno, membre du Conseil des gouverneurs de l'institution de Francfort, estime que « nous pouvons nous attendre à ce que le cycle de hausse des taux soit désormais achevé ».

Une croissance toujours décevante

Une bonne nouvelle alors que la croissance de l’Union européenne devrait rester atone en 2023, en raison notamment de la faiblesse de la demande extérieure. L’économie de la zone euro devrait augmenter de 0,7 % cette année, de 1,0 % en 2024 et de 1,5 % en 2025.

Heureusement, la zone euro peut s’appuyer sur la bonne santé du marché du travail. En août 2023, le taux de chômage était de 6,4 %, une nouvelle fois en baisse par rapport au taux de 6,5 % enregistré en juillet 2023. La zone euro compte tout de même près de 10,856 millions de personnes sans emploi.

Chine : le grand rebond n’aura pas lieu

La déception chinoise

L’espoir d’un formidable rebond de l’économie chinoise aura fait long feu. La fin des mesures de confinement instaurées dans le cadre de la lutte contre la propagation du Covid-19 n’aura pas provoqué le choc de la consommation espérée.

Citigroup anticipe une croissance de 5 % de la Chine en 2023. Et pour les prochaines années ? Selon les économistes, elle devrait se limiter à 4,5 % en 2024 et à 4,3 % en 2025.

Après vingt ans de croissance forte, la Chine doit apprendre à avancer dans un environnement économique « normalisé ». Comment expliquer un tel ralentissement ? Plusieurs raisons à cela.

L’un des moteurs les plus importants de la croissance chinoise est à la peine : les exportations reculent fortement depuis plusieurs mois. En août, elles ont enregistré une nouvelle baisse, de -8,8% sur un an. Même les chiffres liés aux importations font grise mine. Ils sont en baisse pour le dixième mois d'affilée (-7,3% sur un an), matérialisant ainsi la faible demande intérieure.

Autre signe de mauvaise santé de l’économie chinoise : l’inflation. Celle-ci s’établit à seulement 0,1 % en août, alors que l’ensemble des grands pays du monde doivent lutter contre une inflation souvent supérieure à 5 %. Une différence majeure qui s’explique notamment par la faiblesse de la consommation du ménage et par la crise traversée par son secteur immobilier.

Les espoirs d’un plan de relance s’amenuisent

Dans ce contexte, la quête de la chine pour devenir la première puissance mondiale semble veine.

Pour inverser la tendance, un grand nombre d’économistes anticipaient cependant le lancement d’un grand plan de relance. Mais tout porte à croire que celui-ci n’aura finalement pas lieu, ou en tout cas pas dans les proportions escomptées.

Xi Jinping, « le lider maximo » chinois, entend plutôt se concentrer sur l’effort de désendettement du pays initié depuis 2016. Il faut dire que l’Empire du Milieu paye encore le gigantesque plan de relance mis en œuvre à la fin des années 2000. La Chine avait alors investi 510 Md€ pour stimuler l'activité.

Or, les gouvernements locaux, responsables de près de 85 % des dépenses, sont aujourd’hui très fortement endettés. Et après trois ans de crise sanitaire, ils sont désormais sommés de se serrer la ceinture.

Surtout, le pays doit désormais apporter des solutions pour résoudre la crise dans laquelle le secteur immobilier est plongé. En août, les investissements immobiliers ont reculé de 19,1 % sur un an, pour le dix-huitième mois de baisse consécutif. Ce secteur est d’autant plus important, qu’avant la crise, il assurait près de 25 % de la croissance chinoise.

Les convictions de Scala Patrimoine

Une approche prudente

Nous maintenons une approche prudente sur les marchés financiers. Nous préférons adopter une position globalement sous-pondérée en actions et nous restons très sélectifs dans le choix des titres, en accordant une attention particulière aux valorisations.

Sur les marchés obligataires, nous privilégions les obligations de qualité, dites "investment grade", par rapport aux obligations à haut rendement ("high yield"). Nous recommandons également une allocation diversifiée entre les obligations souveraines et les obligations d'entreprises.

Retour à meilleure fortune des placements sans risque

La montée des taux d'intérêt a contribué à redonner de l'attrait aux placements sans risque. Cet intérêt se matérialise sur 3 segments :

1. Les comptes à terme qui vous permettent de garantir votre capital à un taux de rendement déterminé au moment de l'ouverture du contrat, qui évolue généralement autour 3,5% en fonction de la durée de placement choisie.

2. Les Fonds monétaires qui retrouvent de leur attrait grâce à des taux de rendement avoisinant les 3%.

3. Les produits structurés à capital garanti pour répondre à des besoins spécifiques, et leur rendement, assorti d'une garantie en capital, évolue en fonction des conditions du marché.

Focus sur le capital investissement

Une classe d’actifs qui performe

Au cours des deux dernières décennies, les fonds de Private Equity ont généré des rendements nettement supérieurs à ceux de l’indice S&P 500. Même si les volumes des deux marchés sont devenus beaucoup plus importants, l’écart de rendement entre les deux est évident et continuera probablement de se creuser à l’avenir.

Une démocratisation de l’investissement

Historiquement les investisseurs individuels ont été largement exclus des opportunités du marché privé en raison des exigences élevées en matière d’investissement minimum, il fallait effectivement plusieurs millions d’euros pour souscrire à un fonds privé. Pour cette raison, le Private Equity était historiquement l’apanage des investisseurs institutionnels et des Family Offices. Depuis quelques années nous assistons à un élargissement de l’offre et un accès aux investissements Private Equity aux particuliers grâce à un abaissement des tickets d’entrées à 100 K€.

Nos équipes sont à votre disposition si vous souhaitez réaliser un état des lieux complet de vos portefeuilles financiers ou échanger sur les différentes opportunités d'investissement identifiées sur les marchés financiers.

Les convictions d'investissement de Scala Patrimoine sur les différentes classes d'actifs
Les convictions d'investissement de Scala Patrimoine

Guillaume Lucchini sur le plateau de B Smart TV pour évoquer le marché de l'immobilier

Guillaume Lucchini décrypte le marché de l’immobilier pour B Smart TV

Hausse des taux des prêts, chute du nombre de transactions, baisse des prix … le secteur de l'immobilier est fragilisé. Faut-il pour autant se détourner de la pierre ? Nous ne le pensons pas. Guillaume Lucchini, président fondateur de Scala Patrimoine, s’en explique au Micro de Nicolas Pagniez sur B Smart TV.

Nicolas Pagniez. Quel regard portez-vous sur l’environnement économique et financier ? Quelles sont les conséquences de la hausse des taux sur le marché de l’immobilier ?

Guillaume Lucchini. L'immobilier est une classe d'actifs qui concerne un très grand nombre de Français, les propriétaires de leur résidence principale comme les investisseurs. Le momentum est un peu délicat pour une raison très simple : les prix de l'immobilier ont progressé de 30 % sur les dix dernières années. Or, aujourd’hui, le marché subit un très net recul.

Les chiffres sont là. D’après la dernière note de conjoncture des notaires de France, le nombre de transactions immobilières recensé en mai 2023, sur les 12 mois précédents, ne s’élève qu’à 1,029 million, contre 1,177 million en mai 2022. Soit une chute de plus de 12%

Même constat pour le marché tertiaire. Les analystes crédit de Natixis Corporate & Investment Banking évaluent même la baisse des volumes de transactions à 60 % sur un an au 1er trimestre 2023.

Vous imaginez l'effet que cela peut avoir ?

Cette mauvaise passe s’explique principalement par le contexte inflationniste. Pour lutter contre l’inflation, les banques centrales ont dû procéder à une augmentation des taux d’intérêt très rapide. En moins de 14 mois, la Banque Centrale européenne (BCE) a relevé ses taux à 10 reprises. Depuis juillet 2022, le taux de dépôt, qui fait référence, a ainsi été porté de 0 à 4 %.

Les conséquences sont d’ores et déjà visibles sur le crédit. Le taux moyen des prêts immobiliers sur 15 ans est ainsi passé de 1 % en décembre 2021 à 3,95 % en septembre 2023.

Les ménages subissent sans surprise une baisse de leur pouvoir d'achat. Les Français ont perdu, en moyenne, 5m2 de surface à l’achat depuis janvier 2023, dans les vingt plus grandes villes du pays.

« Dans une telle période, il faut s'en tenir aux fondamentaux »

Nicolas Pagniez. Faut-il rester à l'écart des SCPI dans le contexte actuel, ou faut-il chercher des opportunités sur le marché de l'immobilier ?

Guillaume Lucchini. Beaucoup d’analystes font un arrêt sur image sur les SCPI. Il reproche à tort aux gestionnaires de patrimoine d’avoir conseillé des SCPI. D'abord, ce véhicule est un investissement sur une classe d'actifs, l’immobilier, qui offre notamment l’avantage de la diversification. Cet actif étant pondéré sur différents secteurs, ceux des bureaux, du commerce ou encore de la logistique.

Or, depuis le début d’année, tous ces segments ne sont pas impactés de la même manière.

En moyenne, l’immobilier commercial prime enregistre une baisse de 17 % pour les bureaux et la logistique et de 12 % pour les centres commerciaux, avec des disparités importantes selon la localisation, par pays et au sein d’une même agglomération. Les commerces, qui ont un peu plus souffert lors de la crise du covid, se montrent aujourd’hui plus résilients.

Mais pourquoi ce questionnement ? Parce que très souvent, on fait un focus sur un segment unique. Mais on oublie que si le secteur tertiaire baisse, c'est que le résidentiel baisse également. Les prix à Paris reculent ainsi de 5 % depuis le début de l'année. Les arrondissements ne fonctionnent cependant pas tous de la même manière.

Si vous prenez également les chiffres des grandes villes comme Bordeaux, nous sommes à -8 % depuis le 1er janvier. Les propriétaires d'un appartement à Bordeaux doivent-ils pour autant vendre leur bien ? Nous ne le pensons pas. Ce serait peut-être même le pire moment.

En tant que conseil, il faut prendre beaucoup de recul. L’investissement immobilier doit s’appréhender sur un temps long. Très souvent, il se concrétise également avec un effet de levier. Or au cours des dernières années, les taux d’emprunt étaient historiquement bas ! Autre avantage de l’investissement immobilier, les loyers suivent en partie la courbe de l'inflation grâce à l’indexation des loyers.

Ce n’est d’ailleurs pas la première crise que traverse le secteur. Entre 2008 et 2011, les prix avaient chuté de près de 15 % avant de rapidement se redresser. Il convient donc de prendre du recul sur ces effets d'annonce.

Nicolas Pagniez. Plusieurs SCPI parmi les plus importantes du marché ont annoncé une baisse sensible de la valorisation du prix de leur part. Cette situation peut inquiéter les investisseurs.

Guillaume Lucchini. Ces ajustements étaient obligatoires. Concernant les SCPI, vous avez une autorité de régulation qui encadre le prix des parts. Les sociétés de gestion ne peuvent pas faire n'importe quoi.

Certaines SCPI sont peut-être allées au-delà de la correction nécessaire. Pourquoi ? Peut-être en anticipant déjà l'après. Il y a un contexte qui va rester difficile, sur ces prochains mois. Et plutôt que de revaloriser deux fois à la baisse, il était peut-être plus intéressant pour elles de le faire en une seule fois.

Quoiqu’il en soit, les investisseurs doivent reprendre leur contexte d'investissement. Pourquoi avoir fait ce choix ? Sur quelle durée ? Dans une telle période, il faut s'en tenir aux fondamentaux.

https://www.youtube.com/watch?v=Co0fXNUpKLU&list=PLdnwbeBT9R2FBwDnJJW_4fx6ZIBfaezox&index=3


Pierre-Olivier Desplanches revient sur l'actualité du private equity

Private equity : quelles opportunités ?

Incertitudes économiques, hausse massive des taux d’intérêt, baisse substantielle des levées de fond … les nuages s’amoncellent au-dessus du marché du private equity. Pourtant, les opportunités n’ont - semble-t-il - jamais été aussi nombreuses. Pierre-Olivier Desplanches, Directeur général chez Archinvest, se confie, sans langue de bois, sur l’état de santé du marché du capital-investissement.

Scala Patrimoine. Le second semestre 2022 témoignait d’un ralentissement du marché du capital investissement, tant sur les transactions que sur les levées de fonds. Qu’en est-il pour le premier semestre 2023 ?

Pierre-Olivier Desplanches. Nous anticipons une situation assez similaire à celle du deuxième semestre 2022. Le marché du capital investissement est, en effet, très impacté par la baisse des indices boursiers, notamment aux États-Unis. Les institutionnels subissent de ce fait une réduction très importante de leur dénominateur, et présentent une exposition au private equity trop élevée par rapport à leur allocation initiale. C’est pour cette raison que les levées de fonds ralentissent.

Sur le plan transactionnel, avec l'augmentation des taux d'intérêt, les acheteurs ne sont plus en capacité de payer les prix attendus par les vendeurs. Vendeurs et acquéreurs se regardent donc en chiens de faïence. Les vendeurs s'attendent à des prix en ligne avec ce qu'ils ont connu dans les années où les taux d'intérêt étaient extrêmement faibles. Or, nous sommes dans un nouveau paradigme. Ces prix ne peuvent plus être atteints. Ces problèmes se résorberont toutefois d’eux-mêmes, dans le courant de l'année 2024.

Scala Patrimoine. Les conditions macroéconomiques plus difficiles et l’augmentation du coût du capital peuvent-il fragiliser les fonds de private equity ?

C'est une très bonne question, mais je pense qu'il faut séparer plusieurs types de fonds.

Vous avez au cours des dernières années des fonds qui ont acheté des sociétés relativement moyennes à des valorisations très importantes, car il y avait beaucoup d'argent sur le marché. Les taux d'intérêt étaient aussi extrêmement bas et les banques prêtaient avec beaucoup de facilité. Ces fonds vont se retrouver dans une situation un peu plus compliquée parce que les conditions de sortie ne sont plus les mêmes. Ils vont en conséquence devoir attendre plusieurs années pour créer de la valeur et peut-être atteindre une valorisation satisfaisante.

C'est pour cela que l’on considère qu'il y a une fenêtre d'opportunité extrêmement intéressante pour des investisseurs qui se positionneraient sur des fonds en cours de levée. C'est une situation qui est très différente parce qu'ils n'ont pas encore acheté de sociétés. Et quand ils ont commencé à déployer cet argent, ils l'ont fait quand les marchés de LBO avaient déjà corrigé.

Ces investisseurs sont positionnés dans des portefeuilles à des valorisations beaucoup plus attractives. Ils vont ainsi pouvoir déployer leur liquidité dans des conditions intéressantes. Sur une très longue période, c'est toujours dans ces moments un peu plus compliqués, où la visibilité est moins bonne, que les fonds réalisent leur meilleur retour.

« C’est toujours dans les moments un peu plus compliqués, où la visibilité est moins bonne, que les fonds réalisent leur meilleur retour »

Scala Patrimoine. Quelles sont vos perspectives pour les prochains mois ? À quelles évolutions faut-il s'attendre ?

Le première stratégie qui nous semble pertinente concerne les grands fonds de LBO.

La deuxième stratégie vise la dette privée. Nous assistons à une remontée très fort des taux d'intérêt. Et ces acteurs-là se rémunèrent notamment sur un business model : marge + Euribor ou + Libor. Donc avec la remontée des taux d'intérêt, ces fonds de dettes privés vous permettent de bénéficier d'une rémunération beaucoup plus attractive qu'au cours des dix dernières années, quand les taux d'intérêt étaient négatifs, voire nuls.

Et la troisième stratégie à regarder de près est le secondaire. Comme je vous l’avais précisé en début d’entretien, certains investisseurs institutionnels pourraient avoir besoin de liquidité. Or, pour en trouver, ils vont devoir céder leur participation sur le marché secondaire, et pourraient même être prêts à accepter des décotes intéressantes. Un fonds de secondaire expérimenté et disposant de capitaux à déployer aura ainsi la possibilité d’acheter de très belles sociétés, à des conditions de marché extrêmement attractives.

Scala Patrimoine. Faut-il anticiper une baisse des performances au cours des prochaines années ?

De notre point de vue absolument pas. Les fonds qui déploient l'argent aujourd’hui le font dans un marché extrêmement attractif. Dès lors que l'économie offrira un peu plus de visibilité, les banques reviendront sur le marché, ce qui fera de facto remonter le niveau des valorisations. C’est à ce moment-là que les investisseurs seront prêts à prendre des positions sur des valorisations un peu plus élevées.

Pour toutes ces raisons, les fonds qui ont investi dans les périodes de troubles peuvent sortir dans de très bonnes conditions.

https://www.youtube.com/watch?v=giFb6lxUSsA

 


Préparer votre retraite et alléger votre feuille d'imposition avec le Plan d'épargne retraite (PER)

Les avantages du plan d’épargne retraite (PER)

En quelques années, le plan d’épargne retraite (PER) s’est fait une place dans le choix dans le patrimoine des Français. Au 31 décembre 2022, plus de 7 millions de personnes avaient déjà ouvert un contrat ! Les encours constitués sur ces PER sont désormais supérieurs à 80 milliards d’euros, dépassant largement l’objectif initial de 50 Md€ fixé par le gouvernement pour décembre 2022.

Comment expliquer un tel engouement ? À vrai dire la recette semble assez élémentaire. Ce contrat a juste tenu sa promesse initiale reposant sur la simplicité, la lisibilité et la flexibilité.

Simple, car le PER est une enveloppe financière ouverte à tous, sur laquelle vous pouvez réaliser des versements, tout au long de votre vie, dans le but de percevoir un capital ou une rente complémentaire durant votre retraite. Ces versements peuvent être libres ou programmés, et ne sont pas plafonnés.

Lisible, car le plan d’épargne retraite concentre l’ensemble des anciennes solutions d’épargne retraite (PERP, Madelin, Article 83) en un seul produit.

Et enfin flexible, car vous avez le choix entre une sortie ou en rente, en capital ou un mixte entre les deux lors de votre départ à la retraite.

Comment fonctionne le plan d’épargne retraite (PER) ?

Lancé en octobre 2019, le plan d’épargne retraite remplace progressivement les autres plans d'épargne retraite tels que le Perp, le Madelin ou le contrat « Article 83 ».

Le PER se décline aujourd’hui sous 3 formes :

- le compartiment individuel (PERin), intégrant les versements volontaires et le transfert des anciens contrats PERP, Loi Madelin, Préfon … ;

- la partie collective (PERE-collectif), alimentée notamment par les primes d’intéressement et de participation, l’abondement … ;

- le compartiment obligatoire (PERO), réceptacle des cotisations obligatoires du salarié et de l’employeur (ex-Article 83) …

Preuve de la flexibilité offerte par le PER, vous avez la possibilité de transférer l'épargne des anciens plans déjà ouverts sur votre nouveau contrat. Autre bonne nouvelle, l’épargne accumulée au sein d’un PER est intégralement portable d’un contrat à un autre.

Ne perdez cependant pas de vue que le PER demeure un « produit tunnel ». Autrement dit, vous ne pourrez pas récupérer l’argent versé sur ce contrat avant d’avoir cessé votre carrière professionnelle, à l’exception des cas de déblocage anticipé prévus par la loi.

Comment gérer l’épargne placée sur votre plan d'épargne retraite ?

Vous disposez d’une très grande liberté dans la gestion de votre plan d’épargne retraite. Avec ce contrat, vous avez en effet accès à un large choix de placements : de solutions totalement sécurisées comme le fonds en euros aux investissements les plus dynamiques (fonds actions, diversifiés, obligataires ou immobiliers …).

Et comme pour vos autres contrats (assurance-vie, contrat de capitalisation), vous avez la main pour réaliser des arbitrages à tout moment, et ainsi adapter votre allocation d’actifs au contexte économique et financier, à votre profil de risque ou à votre horizon d’investissement.

Rente ou capital ? Il faut choisir !

Avant la réforme initiée par la loi Pacte, les épargnants regrettaient qu’ils ne puissent disposer librement des sommes placées sur leur contrat lors de leur départ en retraite. Leur demande a été entendue par le gouvernement : il leur est désormais possible de choisir leur modalité de sortie.

Au moment de votre départ en retraite, vous avez ainsi la liberté de choisir entre :

- une sortie en rente, versée jusqu’à votre décès ;

- ou le versement d’un capital, en une fois ou de manière fractionnée ;

- ou un mix entre rente et capital.

Précision : une option de réversion peut être intégrée au contrat. En cas de décès, une rente serait alors versée au bénéficiaire que vous avez désigné.

La loi vous permet également de disposer de manière anticipée des sommes placées sur votre contrat, lorsque vous devez malheureusement faire face à certains événements ou accidents de la vie. Ces cas sont toutefois limitativement énumérés :

- décès du souscripteur ou de son conjoint ou partenaire pacsé ;

- invalidité du titulaire du plan, de ses enfants, de son conjoint ou de son partenaire pacsé ;

- situation de surendettement ;

- expiration des droits à chômage ;

- cessation d’activité non salariée à la suite d’un jugement de liquidation judiciaire ;

- révocation ou non-renouvellement d’un mandat d’un dirigeant ;

Le dernier cas de sortie « anticipée », celui-ci plus heureux, concerne l’acquisition de la résidence principale (sauf pour les droits issus de versements obligatoires).

Quelle est la fiscalité applicable ?

Le PER bénéficie d’un régime fiscal spécifique, à l’entrée, mais également à la sortie du contrat.

  • La fiscalité sur les versements sur le plan d'épargne retraite

Les versements « volontaires » peuvent être déduits de l’assiette de votre impôt sur le revenu, dans la limite d’un plafond global annuel. Un montant qui est indiqué sur votre avis d’impôt sur le revenu de l’année précédente.

Concrètement, plus votre taux d’imposition sera élevé, plus vos économies seront importantes.

Exemple : si vous versez 1 000 € sur un PER en 2023, votre économie d’impôt 2024 sera égale à :

450 € si votre taux marginal d’imposition est de 45 % ;

410 € si votre taux marginal d’imposition est de 41 % ;

300 € si votre taux marginal d’imposition est de 30 %.

Les plafonds varient, quant à eux, selon votre statut.

Fiscalité applicable sur les versements sur le plan d'épargne retraite (PER)
Tableau de la fiscalité du PER sur les versements
  • La fiscalité applicable à la sortie

La fiscalité applicable à la sortie du contrat dépend de multiples facteurs. Elle sera notamment très différente selon que vous optez pour une sortie en rente ou en capital ou le « compartiment » de votre contrat.

Fiscalité au dénouement du plan d'épargne retraite
Fiscalité au dénouement du plan d'épargne retraite

L’œil de Scala Patrimoine

Avec la loi Pacte, l’épargne retraite s’est offert une véritable cure de Jouvence. Plus attractive, mieux comprise des épargnants, le plan d’épargne retraite fait l’objet d’un intérêt grandissant des contribuables imposées dans les tranches les plus élevées du barème de l’impôt sur le revenu.

En souscrivant un PER, ces derniers peuvent, dès à présent, alléger leur feuille d’imposition.

Le plan d’épargne retraite n’est cependant pas adapté à tous les profils. Seule une étude patrimoniale sur mesure pouvant ainsi démontrer son intérêt.

Si vous avez le projet d’ouvrir un plan d’épargne retraite ou de transférer vos anciens contrats sur celui-ci, n’hésitez pas à nous en parler. Nos équipes se tiennent à votre disposition pour vous apporter le conseil le plus pertinent.


Les sofica permettent d'alléger sa feuille d'imposition, en contrepartie d'un risque élevé de perte en capital.

Défiscalisation : soutenir le cinéma français avec les Sofica

Créées dans les années 80, les Sociétés de financement de l’industrie cinématographique et de l’audiovisuel (Sofica) viennent soutenir la production audiovisuelle française.

Dans le passé, elles ont permis de financer des films à succès tels que « l’Arnacoeur » de Pascal Chaumeil, « Boîte Noire » de Yann Gozlan, « Camping 3 » de Fabien Onteniente ou encore « Eiffel » de Martin Bourboulon. Plus récemment, les Sofica ont investi dans plusieurs longs métrages salués par la critique comme « L’innocent » de Louis Garrel, « Pacifiction » de Albert Serra et « Un Petit frère » de Léonor Serraille.

Sofica : à la recherche d'un équilibre économique

Mais, il convient de ne pas céder à l’euphorie : investir dans l’industrie du cinéma se révèle très rarement rentable. Depuis leur lancement, en mettant de côté les avantages fiscaux adossés à leur investissement, seule une poignée de Sofica a trouvé le chemin de la rentabilité. La plupart de ces véhicules perdant entre 20 % et 40 % de leur valeur.

Pour motiver les épargnants à y placer leur argent, les pouvoirs publics ont donc décidé d’adjoindre à ces investissements un avantage fiscal substantiel ! Avec succès, puisque les enveloppes de souscription sont – chaque année – prises d’assaut.

Un soutien précieux à l'industrie audiovisuelle française 

Acquérir des sofica c’est d’abord, et avant tout, apporter son soutien à la création artistique française. Ces véhicules d’investissement n’ayant pas vocation à se positionner sur les blockbusters internationaux, comme Star Wars, James Bond ou Harry Potter. Les sommes collectées sont même prioritairement destinées aux œuvres hexagonales à petits budgets, inférieurs à 8 M€.

Le nombre de véhicules est, par ailleurs, limité par l’État. Cette année, seulement 13 Sofica bénéficient d’un agrément, les autorisant à collecter 73,07 M€ au total. Depuis leur création, elles ont investi près de 2 milliards d’euros et financé 2 900 œuvres.

De nouvelles sources de revenus pour les Sofica

Une fois la levée de fonds concrétisée, la Sofica dispose d’un an pour investir les sommes versées par les épargnants. Bonne nouvelle, leurs sources de revenus se sont largement diversifiées ces dernières années. En pratique, lorsqu’elle finance une œuvre, la société négocie la perception d’une partie des futures recettes. La Sofica reçoit alors des revenus issus des entrées en salle, des ventes internationales, des DVD ou encore de la vente des droits aux Chaines TV.

Et depuis quelques années, les plateformes de streaming (Netflix, Amazon Prime …) se placent parmi les principaux acheteurs de contenus audiovisuels. Surtout que depuis le 1er juillet 2021, elles sont dans l’obligation de financer le cinéma français. 20 à 25% de leur chiffre d’affaires réalisé en France doit être réinvesti dans cette économie. Un levier supplémentaire pour trouver la voie difficile vers la rentabilité.

Un dispositif pour réduire son impôt sur le revenu

Ayez bien en tête qu’acquérir des parts de Sofica présente un risque de perte en capital. Pour en masquer les effets, le législateur permet donc aux investisseurs de bénéficier d’un avantage fiscal très important. Ces derniers disposent, en effet, d’une réduction d’impôt à hauteur de 48% (1) du montant de leur souscription, en contrepartie d’un blocage des fonds pour une durée comprise entre 5 ans (2) et 10 ans. En pratique, la grande majorité des Sofica font cependant l’objet d’une liquidation anticipée au bout de 6 à 8 ans.

Point essentiel : si les contribuables décidaient de céder leur part avant 5 ans, l’avantage fiscal serait remis en cause.

Les contribuables étant, par ailleurs, dans l’obligation d’investir au moins 5 000 € pour bénéficier de l’avantage fiscal.

Si la réduction d’impôt est applicable dès la première année, l’avantage fiscal est cependant :

– limité au plus faible des deux montants suivants : 25 % du revenu net global et 18 000 €, soit une réduction maximale de 8 640 € ;

– intégré à un plafonnement global des niches fiscales spécifique de 18 000 €, commun avec le dispositif Girardin outre-mer (au lieu de 10 000 € pour les autres dispositifs de défiscalisation).

Gardez également à l’esprit que lorsque la somme des avantages fiscaux de l’année dépasse ces montants, l’excédent est perdu. Celui-ci ne pouvant pas être reporté sur les impôts des années suivantes.

Pour toutes ces raisons, ce dispositif de défiscalisation s’adresse exclusivement aux personnes les plus fortement imposées, dans une optique de diversification de leur patrimoine.

L’œil de Scala Patrimoine

Les Sofica présentent un risque de perte en capital important. Les espérances de gains sont aléatoires, car elles sont notamment liées au succès des œuvres financées. En conséquence, les gains qui seront éventuellement réalisés viendront très probablement de l’avantage fiscal acquis lors de la souscription.

Selon les cas, le souscripteur récupère entre 60 % et 70 % des sommes engagées. Le rendement de ce dispositif de défiscalisation étant limité à 4 % ou 5 % par an, avantage fiscal compris.

Il convient également de garder à l’esprit que cet investissement se concrétise dans un cadre limité. La fenêtre de souscription est très courte. Les contribuables intéressés devront donc aller vite.

N’hésitez pas à nous solliciter très rapidement, avant la fin du mois d’octobre, si vous souhaitez réserver votre investissement.

[1] Les souscriptions donnant lieu à la réduction d’impôt SOFICA ne peuvent pas figurer sur un PEA. Ni ouvrir droit à la réduction d’impôt au titre des souscriptions au capital de petites et moyennes entreprises. (article 199 terdecies-O A du CGI).
[2] Sont de même nature les titres mentionnés à l’article 150-O A du CGI et en particulier les valeurs mobilières et droits sociaux imposables dans les conditions de droit commun au barème progressif de l’IR.

Les marchés financiers prouvent une nouvelle fois leur dépendance aux décisions des banques centrales. L'économie résiste, quant à elle, trés bien.

Le rendez-vous des marchés financiers - Septembre 2023

Marchés financiers & économie : les points clés

  • Selon le FMI, l’économie allemande devrait être l'une des seules à connaître une récession en 2023.
  • L’économie chinoise est à la peine. Le pays vient d’enregistrer une croissance de seulement 0,8 % au second trimestre, par rapport aux 3 premiers mois de l’année. L’objectif de croissance de 5 % en 2023 parait désormais difficilement atteignable.
  • Réunis lors du symposium de Jackson Hole, dans le Wyoming aux États-Unis, les présidents de la FED et de la BCE ont présenté leur feuille de route pour les prochains mois, avec un objectif clair : continuer à œuvrer pour faire baisser l’inflation.
  • Les principaux pays émergents (les BRICS) se sont réunis en Afrique du Sud durant le mois d’août pour travailler sur des projets en commun, dans l’espoir de peser davantage dans les grandes organisations internationales.

Marchés financiers : quelles performances ?

Économie : des zones d'incertitudes 

Les marchés financiers se sont-ils enrhumés durant l’été ? Les principaux indices boursiers mondiaux viennent, en effet, d’enchainer plusieurs semaines moroses, affectant le moral des investisseurs.

Il faut dire que nous avons déjà connu des rentrées plus réjouissantes. Lors de son discours à Jackson Hole, le président de la FED a notamment prévenu qu’il pourrait continuer à remonter ses taux d’intérêt, si cela était nécessaire. Autre mauvaise nouvelle, le pétrole a vu son cours rebondir, tandis que la Chine demeure frileuse à l’idée de lancer un grand plan de relance pour soutenir son économie.

Heureusement, l'économie mondiale se porte un peu mieux. Le Fonds monétaire international (FMI), anticipe désormais une croissance mondiale à 3 % en 2023, contre 2,8 % lors de son estimation précédente.

Les marchés financiers toujours dans le vert

Depuis le début de l’année, les indices boursiers restent d’ailleurs largement haussiers.

Le S&P 500 grimpe de 16,5 %, tandis que le Nikkei 225 et l’Euro Stoxx 50 s’adjugent respectivement 29 % et 10 %. Le CAC 40 est aussi très bien orienté (+ 10 %). Même le Shanghai Stock Exchange est dans le vert, avec une hausse de 1,5 %.

Du côté des titres vifs, ce sont les valeurs de la tech américaine qui phagocytent le haut des classements. Le titre Apple est en hausse de 41 %, Google de 51 % et Meta (Facebook) de 139 % ! Mais la nouvelle coqueluche des investisseurs est sans conteste Nvidia. Portée notamment par ses puissants processeurs graphiques, son action monte de plus de 225 % depuis le début de l’année !

Les rendements obligataires remontent

Sur les marchés obligataires, le mouvement de « bear steepening » se poursuit. Les OAT 10 ans françaises atteignent désormais les 3,10 %, tandis que les Bunds allemands s’établissent à 2,64 %. De l’autre côté de l’atlantique, les taux des T-Bonds ont bondi à 4,26 %.

Ces mouvements de taux sont également visibles sur le marché de la dette d’entreprises, avec des spreads qui s’écartent de plus en plus sur l’Investment grade et le high yield. Noté BBB « investment grade » par Standard & Poor's, Worldline, le spécialiste des services de paiements, vient par exemple d’annoncer une émission obligataire de 600 millions d’euros à 5 ans, assortie d’un coupon de 4,125%.

Les principaux indices boursiers performent depuis le 1er janvier 2023
Les marchés financiers sont toujours bien orientés depuis le début d'année (Performances arrêtées au 7 septembre)

Jackson Hole : les banques centrales gardent le cap

Les taux de la FED au plus haut depuis 22 ans

Fin juillet, Jerome Powell, le président de la Banque centrale, a officialisé la onzième hausse de taux de la Fed depuis mars 2022. La nouvelle fourchette des taux s’établissant entre 5,25 % et 5,5 %, soit son plus haut niveau depuis près de 22 ans. Cette décision n’a toutefois surpris personne. Pour la FED l'économie américaine est encore bien trop robuste et l'inflation bien trop élevée pour stopper sa politique monétaire. En juillet, l'inflation s'est établie en juillet à 3,2 % sur un an, contre 3,0 % en juin.

C’est d’ailleurs ce qu’a rappelé Jerome Powell lors du symposium de Jackson Hole, dans le Wyoming aux États-Unis. Lors de cet événement annuel qui donne l’occasion aux grands argentiers de la planète d’échanger sur les grands mouvements économiques mondiaux, le président de la FED a mis en garde ceux qui espéraient une inflexion rapide de sa politique. « Nous sommes prêts à encore augmenter les taux d'intérêt si nécessaire et avons l'intention de maintenir une politique monétaire restrictive jusqu'à ce que nous ayons la certitude que l'inflation s'oriente durablement vers notre objectif ». Conséquence directe, la probabilité d’une nouvelle hausse des taux d’intérêt de la part de la banque centrale est passée de 36 % à 65 %, selon les analystes.

BCE : encore trop tôt pour crier victoire

Christine Lagarde a également profité de l’événement pour s’épancher un peu plus longuement sur sa politique monétaire et rappelé ses priorités : « clarté, flexibilité, humilité ». La présidente de la BCE estime, en effet, que « dans le contexte actuel, la BCE doit fixer les taux d’intérêt à des niveaux suffisamment restrictifs aussi longtemps que nécessaire pour parvenir à un retour rapide de l’inflation vers son objectif de 2 % à moyen terme. » Celle-ci soulignant également qu’à l’avenir « nous devons rester clairs sur nos objectifs, flexibles dans notre analyse et humbles dans la manière dont nous communiquons. Comme l’a dit John Maynard Keynes, « la difficulté n’est pas de comprendre les idées nouvelles, mais d’échapper aux idées anciennes. »

Une posture qui confirme les positions émises au mois de juillet, lorsque Christine Lagarde avait annoncé qu’elle « poursuivrait » ses hausses de taux, car il est encore trop tôt pour « crier victoire » dans le combat contre l'inflation en zone euro.

Pourtant, le taux d'inflation annuel de la zone euro continue de baisser mois après mois. Celui-ci est, en effet, estimé à 5,3% en juillet 2023, contre 5,5% en juin et 6,1 % en mai selon une estimation publiée par Eurostat, l'office statistique de l'Union européenne.

Début septembre, l’institution européenne a finalement décidé d'opérer une dixième hausse de ses taux directeurs en un an. Une décision matérialisée par une hausse de 0,25 point pour porter son taux de référence sur les dépôts à 4 %.

USA : la récession devrait être évitée

Fitch abaisse la note des États-Unis 

Au pays de l’Oncle Sam, le risque de récession est, à court terme, écarté. Le fonds monétaire international (FMI) anticipe même une croissance de 1,8 % pour les États-Unis en 2023.

Les éléments positifs sont, il est vrai, nombreux. La production a augmenté de 1 %, après la chute de 0,8 % enregistrée en juin. Les ventes au détail sont aussi en hausse de 0,7 % en juillet, après 0,3% le mois précédent. Et les ventes de base sont également bien orientées, à + 1,0 % après 0,5 % en juin.

Pourtant, de petits nuages s’amoncellent au-dessus de l’économie américaine. L'agence de notation Fitch a même retiré aux États-Unis son « AAA » et l'a abaissée d'un cran, à AA+, une première depuis 2011. Une décision justifiée par les conséquences des « impasses répétées sur le plafond de la dette et la perte de confiance des investisseurs dans la gestion budgétaire ».

Vers une période de stabilisation de l'Économie US ?

Les derniers indicateurs économiques laissent toutefois présager un atterrissage en douceur de l’économie américaine. Les PMI Manufacturier à 47.0 (-2 pts) et des Services à 51.0 (-1.7 pt) ont reculé durant le mois d'août. Autre signe de ralentissement, l’impulsion donnée par l’excès d’épargne accumulé par les Américains durant la pandémie s'estompe. Ce trésor de guerre est passé en moins de deux ans de 1800 Md$ à 250 Md$.

Même le marché de l’emploi se normalise. Le taux de postes disponibles par demandeur d’emploi est passé en quelques trimestres de 2 à 1,3. Si le taux de chômage américain est remonté en août à 3,8 %, contre 3,5 % le mois précédent, les créations d'emplois marquent le pas. 187 000 emplois seulement ont été créés, contre 200 000 attendues.

Enfin, concernant le secteur de l’immobilier, les permis de construire restent stables à 1,44 million en juillet. Hélas, la confiance des promoteurs immobiliers (NAHB) s’érode de 56 à 50 dans le même temps.

Zone Euro : l’Allemagne ne pourra pas éviter la récession

La croissance européenne revue à la baisse

Coup de froid sur la zone euro, la croissance du produit intérieur brut a été revue en baisse au deuxième trimestre et n'a atteint que 0,1%, contre 3 % attendue. La Commission européenne qui doit bientôt publier ses dernières prévisions économiques pour la zone euro pourrait être amenée à abaisser une nouvelle fois ses anticipations. Jusqu’ici, l’institution européenne estimait la croissance européenne à 1,1% pour 2023 et 1,6% pour 2024.

Quoiqu’il en soit, ce ralentissement économique est déjà visible sur plusieurs indicateurs clés. L'indice PMI composite de l'activité globale de la zone euro est passé de 48,6 en juillet à 46,7 en août. Dans le même temps, l’indice de confiance du consommateur reculait à -17 (-0,9 pt). Moteur historique de l’économie de la zone euro, l'Allemagne devrait entrer en récession en 2023. Le FMI pense que l’économie germanique reculera de 0,3 % cette année.

Économie Française : vers une croissance molle

Les autres grandes économies européennes devraient, quant à elles, échapper à la récession. En France, la croissance devrait être de 0,8 %. De l’autre côté des Alpes, la croissance italienne est estimée à 1,1% quand l'économie espagnole va dépasser la barre des 2 % (2,5 % attendus).

En Grande-Bretagne, les pressions inflationnistes semblent enfin s’essouffler. L'inflation a, en effet, ralenti fortement en juillet (6,8 %), grâce notamment à la baisse des prix de l'énergie et à la politique très restrictive menée par la Banque d'Angleterre. Cette dernière ayant de nouveau augmenté, début août, ses taux d'intérêt de 0,25 % à 5,25 %.

Chine : une croissance qui fait pschitt

Les exportations reculent de nouveau

L’économie chinoise ne cesse de décevoir. Si les mesures de blocage de son économie destinées à stopper la propagation de l’épidémie de Covid-19 ont bien été levées, les résultats tardent à se faire sentir. La deuxième économie mondiale vient d’ailleurs d’enregistrer une croissance de seulement 0,8 % au second trimestre, par rapport aux trois premiers mois de l'année. Les analystes ont désormais toutes les peines du monde à imager la Chine atteindre l'objectif de croissance de 5 % initialement fixée par le régime.

Les publications macroéconomiques sont d’ailleurs - pour la plupart - mal orientées. La consommation des ménages, principal moteur de l’économie chinoise, déçoit. Les ventes au détail ont seulement progressé de 2,5% sur un an. Les exportations de la Chine se sont encore contractées en août pour le quatrième mois consécutif (- 8,8 %). Pire, les investissements directs étrangers reculent de nouveau de 4 % en juillet.

Les difficultés du pays sont telles que les jeunes ne trouvent plus leur place dans le monde du travail. En juin dernier, le taux de chômage des 16-24 ans atteignait 21,3 %. Un chiffre tellement catastrophique que la Chine préfère désormais ne plus publier ces statistiques !

La passivité des dirigeants chinois

Le secteur immobilier rencontre lui aussi de graves difficultés. Les investissements dans la pierre ont reculé de 7,9 % au premier semestre. De son côté, Country Garden, l’un des géants de l'immobilier chinois, se retrouve en grande difficulté financière, en raison de près de 180 milliards de dollars de factures non payées !

Le moment serait-il venu pour le gouvernement chinois de mettre en œuvre un plan de relance XXL, comme réclamé par de nombreux acteurs économiques ? Jusqu’ici les autorités se sont simplement évertuées à baisser les taux de référence des emprunts à 1 an et 5 ans. Sans soutien étatique massif, les problèmes structurels du pays, liés notamment au vieillissement de sa population, à la baisse de la fécondité et de sa dépendance à la demande mondiale, rendent les espoirs de croissance très hypothétiques.

Et revoilà les Brics !

Durant l’été, les BRICS ont fait parler d’eux ! Comme chaque année, les pays émergents se sont réunis pour travailler sur des projets en commun dans l’espoir de peser davantage dans les grandes organisations internationales (Conseil de sécurité de l’ONU, Fonds monétaire international …). Pour cette édition, qui s’est déroulée du 23 au 25 août en Afrique du Sud, les 5 principaux membres (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) ont fait le choix de l’ouverture en invitant six nouveaux pays. L’Arabie saoudite, l’Argentine, l’Égypte, les Émirats arabes unis, l’Éthiopie et l’Iran ont ainsi été conviés à intégrer ce groupe alternatif au G7. L’ensemble de ces pays regroupent ainsi 46 % de la population mondiale et représentent près de 35 % du PIB mondial.

Et comme le souligne le discours très offensif du dirigeant chinois Xi Jinping, ces membres se montrent très ambitieux. Ils souhaitent notamment briser l’hégémonie du dollar américain dans les échanges commerciaux. Le Brésil ayant même lancé l’idée de lancer une monnaie commune aux BRICS. Sacré programme !

Les convictions de Scala patrimoine sur les marchés financiers

Prudence sur les marchés actions

Les derniers indicateurs économiques soulignent la résilience de l’économie américaine. Face à elle, l’Europe évolue dans un contexte plus morose. L’Allemagne, moteur de l’économie européenne, pourrait bien être le seul pays avancé en récession en 2023. La Chine continue de voir son activité ralentir et pèsera inévitablement sur l’économie mondiale. Le retour d’une certaine volatilité montre que l’environnement peine toujours à se normaliser. Bien que nous arrivons en fin de cycle de hausse de taux, les banques centrales restent « data dependent » et très réactives aux chiffres d’inflation.

Nous maintenons une approche prudente en raison des risques à la baisse qui subsistent.

Nous préférons adopter une position globalement sous-pondérée en actions et nous restons très sélectifs dans le choix des titres, en accordant une attention particulière aux valorisations.

À nouveau, peu de valeurs ont porté la hausse des marchés actions cette année. Les valeurs technologiques, portées par l’engouement pour l’intelligence artificielle, ont très largement mené cette hausse.

Avantage aux obligations de qualité, dites « investment grade »

Nous privilégions les obligations de qualité, dites « investment grade », par rapport aux obligations à haut rendement, (« high yield »). En dépit des rendements plus attrayants offerts par ces dernières, la solidité financière des émetteurs et leur capacité à rembourser leur dette demeurent plus faibles, ce qui les expose davantage à l'impact à la hausse substantielle des taux d'intérêt.

Nous recommandons une allocation diversifiée entre les obligations souveraines et les obligations d'entreprises. Les premières sont considérées comme des valeurs refuges, car elles tendent à performer en période d'incertitude économique et de ralentissement de la croissance.

Les obligations d'entreprises "investment grade" offrent des rendements plus élevés tout en maintenant une qualité de crédit solide. Dans le cadre de notre stratégie, nous envisageons progressivement d'allonger la durée de nos investissements en obligations, en tirant parti de l'avancement dans le cycle de hausse des taux d'intérêt. Cela nous permettra de nous positionner sur des maturités plus longues afin de bénéficier d'une réduction graduelle des taux.

Les placements sans risque retrouvent des couleurs

La montée des taux d'intérêt a contribué à redonner de l'attrait aux placements sans risque. En effet, la hausse des taux d’intérêt a augmenté la rentabilité de ces actifs, réduisant ainsi l'écart de rendement entre ce type de placement et les actions.

- Comptes à terme : Ces comptes vous permettent de garantir votre capital à un taux de rendement déterminé au moment de l'ouverture du contrat, qui évolue généralement autour de 3,5% en fonction de la durée de placement choisie. Ils peuvent être souscrits à différentes échéances en fonction de vos besoins de liquidité. Les comptes à terme sont conclus directement avec votre banque.

- Fonds monétaires : Les fonds monétaires retrouvent de leur attrait grâce à des taux de rendement avoisinant les 3%. Ces fonds ont enregistré une collecte nette de plus de 900 milliards de dollars depuis le début d’année, tandis que les classes d'actifs traditionnelles ont subi d'importantes sorties de capitaux.

- Produits structurés à capital garanti : Ces instruments financiers complexes combinent plusieurs produits financiers sous-jacents. Ils sont personnalisables pour répondre à des besoins spécifiques, et le rendement de ces produits, assorti d'une garantie en capital, évolue en fonction des conditions du marché.

Le private equity dans une optique de long terme

Certains segments du capital investissement et de la dette privée offrent des rendements particulièrement attractifs, pouvant atteindre entre 10% et 15% (dans un scénario conservateur). Il est recommandé d'investir dans ces segments par le biais de fonds d'investissement pour accroître la diversification de votre exposition à un large éventail de sociétés, ce qui permet de limiter les risques. Le marché secondaire, qui consiste à acquérir des parts de fonds ou des portefeuilles de participations existants, présente des décotes importantes, ce qui le rend particulièrement attractif cette année.


Emmanuel Du Ché, analyste de fonds ISR

Emmanuel du Ché (Eligest) : « Il faut sortir de la dictature de l'exclusion établie pour l'ISR »

Plusieurs visions de l’investissement socialement responsable (ISR) s’opposent. Faut-il exclure les entreprises œuvrant dans les secteurs les plus polluants, ou au contraire les accompagner dans leur transformation ? Emmanuel du Ché - Expert fonds ISR, conseil en investissements éthiques et responsables chez Eligest et membre du jury du Prix de la Finance Verte 2023 - nous livre quelques clés pour mieux en comprendre les enjeux

Scala Patrimoine. Comment accompagner les secteurs les plus polluants dans leur transformation ?

Emmanuel du Ché. C’est une vaste question. Dans le monde de l'ISR, un choix doit s’opérer entre l'inclusion ou l'exclusion. J’ai la conviction qu’il est aujourd’hui nécessaire de sortir de la dictature de l'exclusion de secteurs entiers de l'économie.

Deux exemples vont illustrer mes propos.

Il y a quelques années, le gaz de schiste et le pétrole de schiste étaient exclus des portefeuilles, ce que je comprends parfaitement.

Depuis, sous l'influence des labels, des lois, des règlements, nombreux sont ceux qui veulent exclure la totalité du secteur des énergies fossiles (gaz, pétrole) conventionnelles et non conventionnelles. Et ça, c'est terrible. Parce qu'il y a quelques années, on pouvait être actionnaire de Total et déposer des résolutions pour faire bouger les lignes.

Il ne faut donc pas exclure des secteurs entiers, mais seulement des sociétés, et ce n'est pas du tout la même chose. Ça permet de descendre dans la granularité, dans le profond de l'économie.

Deuxième exemple. Je suis tombé - en analysant un portefeuille - sur une société scandinave de production d'électricité, dont l’électricité produite est 100 % décarbonée.

Alors, vous allez me dire c'est normal, la société est scandinave. Or, il y a 20 ans, c'était l'inverse : elle produisait essentiellement de l’énergie carbonée. Donc qui est ISR ? Les actionnaires qui l'ont accompagné pendant 20 ans ? Ou ceux qui aujourd'hui font une espèce de tartufferie en disant « allons cachez moi ce sein que je ne veux pas voir » ?

Ces deux exemples montrent l’importance d’accompagner les sociétés en transition sur la durée et ne pas exclure des pans entiers de l'économie.

« Un investisseur ISR actif doit sélectionner des fonds ISR qui votent aux assemblées et qui mènent un véritable dialogue actionnarial »

Scala Patrimoine. Comment devenir un investisseur ISR « actif » ?

Emmanuel du Ché. Derrière cette question, il y a deux mots clés : l’engagement et le financement.

Le mot engagement. Un investisseur ISR actif doit sélectionner des fonds ISR qui votent aux assemblées et qui mènent un véritable dialogue actionnarial. Je n'ai rien contre les ETF passifs, mais il est important d'avoir à faire, soit en direct, soit à travers des fonds ISR, à des sociétés qui votent, qui déposent des résolutions. L’engagement actionnarial offre l’avantage de mettre une pression douce sur les entreprises, sur le long terme.

Le deuxième aspect, c'est le financement. Il faut quand même recoller à l'économie réelle. Quand est-ce que vous financez une société ?

Dans deux cas de figure. Soit en tant que créancier, quand vous souscrivez à une émission obligataire. Soit en tant qu'actionnaire et là vous financez la société lorsque vous souscrivez à l'augmentation de capital.

Le reste du temps, vous ne financez rien du tout. Ce qui implique que pour être un actionnaire ISR actif, il faut être dans des fonds ISR engagés sur le long terme.

https://www.youtube.com/watch?v=N0_xcB6Y5Bc&t=1s


Les SCPI vont-elles profiter de la hausse des taux d'intérêts ?

SCPI : un placement toujours intéressant ?

Depuis le début de la guerre en Ukraine, le paysage économique a considérablement évolué. L’activité s’est enlisée, l’inflation a brusquement augmenté tandis que les taux d’intérêt ont connu une remontée spectaculaire.

Cet environnement peut-il fragiliser le secteur de l’immobilier, et notamment les sociétés civiles de placement immobilier (SCPI) ?

Jusqu’à présent ces placements ont fait preuve d’une grande résilience. Mais, en ce premier trimestre, la collecte marque le pas, alors que l’on assiste à un premier réajustement des valorisations des actifs.

SCPI : un atterrissage en douceur ?

Un contexte économique plus difficile

  • L’impact de la hausse des taux d’intérêt déjà visible

Ces derniers mois, les grandes économies mondiales ont dû faire face à des poussées inflationnistes impressionnantes. En novembre dernier, l'indice des prix à la consommation augmentait même de plus de 6 % en France. Pour limiter cette hausse des prix, les principales banques centrales, comme la BCE, ont relevé à de nombreuses reprises leurs taux directeurs. Ces décisions n’ont bien évidemment pas été sans conséquences pour le marché de l’immobilier.

Les banques ont déjà répercuté ces différentes hausses sur leurs offres de prêts. En France, le taux moyen du crédit immobilier sur 20 ans est passé de 1,06 % en décembre 2021 à 3,63 % en juin 2023, avec un impact considérable sur le budget des acheteurs.

Autre conséquence, les prix de l’immobilier commencent à se tasser. Sur le marché résidentiel, les notaires anticipant, en juillet 2023, une baisse annuelle des prix de 5 % pour les appartements de la capitale. Cette tendance est également visible sur le marché immobilier tertiaire (Bureaux, commerces, entrepôts), dont le prix des actifs a reculé de 2,3 % au cours des trois premiers mois de l’année.

  • Les changements structurels provoqués par la crise sanitaire

À ces phénomènes conjoncturels, les SCPI doivent également faire face à des changements structurels, initiés par la crise du Covid-19. Les différentes mesures de confinement imposées par le gouvernement ont contraint les entreprises à instaurer le télétravail. Une expérience qui fut très appréciée des salariés et qui a donc eu un impact assez fort sur la manière de consommer le bureau. Un constat partagé par Guillaume Arnaud, le Président du Directoire Sofidy : « Si les équipes sont revenues au bureau, elles souhaitent cependant consommer autrement leur temps au travail. Les entreprises ne veulent plus s’excentrer des centres-villes et des transports en commun. Elles privilégient plus que jamais les grandes métropoles, quitte à avoir des bureaux plus petits et à payer un peu plus cher. » Sans surprise, les prix des bureaux situés dans les centres-villes de Bordeaux, de Paris ou encore de Lyon résistent donc - pour l’instant - mieux qu’ailleurs.

Enfin, la crise sanitaire a été un véritable électrochoc pour de nombreux investisseurs. Ces derniers ayant pris consciences de l’urgence climatique et de la nécessité de prendre soin de notre planète.

La finance durable est ainsi devenue un axe central des travaux pour les sociétés de gestion. Aujourd’hui, 30% des encours du marché des fonds immobiliers non cotés sont labellisés « ISR ».

Une collecte qui s’essouffle

En 2022, avec 10,2 milliards d’euros de versements nets réalisés, les SCPI auront réalisé la meilleure collecte annuelle de leur histoire. Cela représente une hausse de 37 % sur un an. L’immobilier étant un monde de flux. Les investissements massifs sur les SCPI ont bien évidemment participé à la montée des prix.

Pour autant, le marché semble marquer (légèrement le pas) sur le premier trimestre de l’année. La collecte nette des SCPI s’élève à 2,4 Md€, en repli de 10% par rapport au premier trimestre 2022. Pour Jean-Marc Coly, Président de l’Association française des sociétés de placement immobilier (ASPIM) : « La remontée des taux d'intérêt a redonné de l'attractivité aux placements monétaires, ce qui explique le léger tassement des souscriptions en ce début d'année. ».

Et qu’en est-il des questions de liquidités, très importantes sur ce type de marché ? Le président de l’Aspim se veut rassurant : « Si nous notons une augmentation du volume des parts échangées sur le marché secondaire depuis la fin de l’année dernière, le volume des souscriptions ainsi que les différents outils de gestion de la liquidité permettent une gestion normale des demandes de retraits. Nous n’observons pas de difficultés particulières sur le marché dans les données transmises par les gérants au premier trimestre 2023. »

Des valorisations qui commencent à baisser

Les différents marchés immobiliers (résidentiel, bureaux, commerce …) devraient reprendre leur souffle dans les moins à venir. Les transactions seront logiquement moins nombreuses. La remontée rapide des taux d’intérêt en 2022 a également eu un impact négatif sur l’évolution des valeurs d’expertises en fin d’année. Après une progression de 1,36 % en 2021, les valeurs de réalisation par part des SCPI ont diminué de 2,4 % en 2022. Le rendement global immobilier des SCPI s’établit à + 2,1 % en 2022. Ces baisses sont toutefois d’une ampleur très différente selon les zones géographiques et les classes d’actifs.

Les détenteurs de parts de SCPI devront donc veiller, au cours des prochains moins, à ce que le prix des parts actuel reste bien supérieur à la valeur de la SCPI, appelée valeur de reconstitution. Plus celle-ci est élevée, plus la SCPI sera à même de résister à d’éventuelles fluctuations.

Les facteurs de résistances pour le marché des SCPI

La France est le second marché européen des fonds non cotés en 2021, derrière l’Allemagne avec 220 milliards d’euros d’actifs nets gérés. L’hexagone profite donc d’un marché profond et d’acteurs peu endettés.

Les chiffres clés des SCPI
Le marché des SCPI en France en 2023

Des rendements qui se stabilisent

Les SCPI s’adressent principalement aux épargnants qui souhaitent se constituer des revenus complémentaires et disposant d’un horizon de placement très important (au moins 8 ans).

Ces véhicules démontrent jusqu’à présent une certaine résilience. Ceux-ci ayant, dans leur immense majorité, traversé la crise du covid-19 sans encombre.

Et pour l’instant, les SCPI jouent également leur rôle de « rempart contre l’inflation » grâce à l’indexation sur l’Indice des Loyers des Activités Tertiaires (ILAT) ou encore l’Indice des Loyers Commerciaux (ILC), eux-mêmes calculés selon l’évolution des indices représentatifs du niveau des prix à la consommation.

Tant et si bien que les rendements des SCPI demeurent stables, et même en très légèrement hausse l’année dernière. Les taux de distribution se sont établis à 4,53 % en moyenne l’an passé, contre 4,49 % en 2021. Et pour 2023, « Les gérants de SCPI anticipent, dans leur grande majorité, des niveaux comparables à ceux de 2022 » tient à préciser Jean-Marc Coly.

Selon le rapport trimestriel de l’Aspim, les acomptes distribués par les SCPI au cours du premier trimestre 2023 sont stables par rapport aux distributions du premier trimestre 2022. Rapporté au prix de référence au 1er janvier 2023, le taux de distribution moyen servi par les SCPI, toutes catégories confondues, s’établit à 1,06 % pour le premier trimestre 2023, dans la lignée des années précédentes.

Précision : Les SCPI « diversifiées » ont réalisé une très belle année 2022, avec un taux de distribution moyen de 5,63 %, suivi de près par les SCPI « Logistiques et locaux d’activités » (5,48 %). Les SCPI à prépondérance « hôtels, tourisme, loisirs » ont renoué avec des niveaux de distribution d’avant pandémie (5,09 % en 2022 contre 2,85 % en 2021). Les SCPI « santé et éducation » furent également à l’honneur (4,78 %).

Une offre diversifiée

Les SCPI françaises, notamment celles disposant d’un nombre important d’actifs sous gestion, proposent une meilleure gestion du risque. En effet, la SCPI détenant de nombreux immeubles, les risques liés aux sinistres ou aux loyers impayés sont mutualisés et donc fortement réduits.

Ce constat est d’autant plus vrai pour les SCPI « Diversifiées » qui investissent dans différents types d'actifs immobiliers tels que des bureaux, des commerces, des entrepôts ou encore des hôtels. Depuis plusieurs années, on note également le lancement de véhicules spécialisés dans le résidentiel, la santé, la logistique ou l’investissement en Europe (Allemagne, Espagne, Italie, Pays-Bas …), offrant ainsi la possibilité aux épargnants de panacher leurs investissements sur plusieurs types d’actifs.

Pour autant, les actifs « traditionnels » (bureaux, commerces, logistique et activité) phagocytent encore la majorité de la collecte. Ils ont concentré près de 75 % des investissements en 2002. L’investissement dans les actifs « alternatifs » a atteint 26 %, grâce à l’essor de la santé et de l’immobilier de services (résidences séniors, résidences étudiantes, cliniques, hôtels).

Autre bonne nouvelle pour les souscripteurs, le taux d’occupation financier des SCPI s’établit en moyenne à 93 % pour l’année 2022. Autrement dit, les immeubles détenus par ces véhicules répondent à une véritable demande et sont très largement occupés par des locataires.

Un faible taux d’endettement

Comme nous l’avons vu précédemment, le contexte macroéconomique est peu porteur pour 2023, freiné par les hausses de taux et la persistance des pressions inflationnistes. Ces incertitudes nous amènent à surveiller les véhicules qui se seraient fortement endettés pour financer leurs acquisitions. La réglementation prévoit, à ce titre, un endettement maximum de 40% de la valeur de l'actif. Mais, là aussi, les SCPI françaises ont fait preuve d’une certaine prudence. Jean-Marc Peter, le directeur général du groupe Sofidy : « les caractéristiques des SCPI sont assez protectrices. Elles sont peu endettées. Les plus agressives l’étant à hauteur de 20 % maximum. En outre, ces structures profitent de conditions de financement sécurisées à des taux fixes, avantageux (inférieurs à 2%), amortissables et sur des maturités longues. »

Nos conseils pour bien gérer votre portefeuille de SCPI

Comme pour une maison ou un appartement, les parts de SCPI peuvent voir leurs valeurs fluctuer au fil du temps. C'est pourquoi il convient d'être vigilant quant à la qualité et la liquidité du produit.

Pour réaliser le meilleur choix de SCPI dans un univers qui peut sembler parfois nébuleux, il convient de prendre quelques précautions et de s’assurer que certains critères clés sont remplis.

  • La capitalisation

La capitalisation d’une SCPI est un indicateur à prendre en compte. Une capitalisation élevée implique, en principe, une bonne diversification des actifs et par conséquent une exposition aux risques moindre.

  • La diversification

La diversification est à notre sens la règle d’or en matière de sélection de SCPI permettant une mutualisation des risques optimale. La diversification doit ainsi s’opérer à plusieurs niveaux, notamment sur les secteurs d’activité, les zones géographiques ainsi que sur le nombre d’immeuble et de baux.

  • La qualité des locataires

Pensez à vérifier la solidité et la taille des locataires. Tout en sachant qu’il est préférable que les loyers perçus par la SCPI ne reposent pas sur un nombre restreint de locataires.

  • L’emplacement des actifs

Sur l’immobilier tertiaire, comme le résidentiel, l’emplacement est un élément clé. Les emplacements au cœur des plus grandes métropoles permettent, plus que jamais, « d’avoir une forme de Pricing Power vis-à-vis des locataires et de pouvoir faire passer les indexations de loyer. »

  • La durée des baux restants

« La durée ferme des baux restant à courir » est critère peu évoqué, à tort. Une durée supérieure à 5/6 ans offre en général une bonne visibilité sur les revenus et donc sur les performances futures.

  • La trésorerie

Les SCPI peuvent se constituer « un matelas de sécurité » prenant la forme d’un « report à nouveau » (RAN) dans le bilan comptable. En cas de besoin, les sociétés de gestion peuvent ainsi piocher dans cette réserve pour préserver le dividende versé aux associés, et se prémunir contre les aléas locatifs (locaux inoccupés, défauts de paiement d’un locataire …).

  • L’endettement

Comme évoqué dans notre article, le changement de paysage économique doit vous amener à contrôler le niveau d’endettement des SCPI de votre portefeuille. Si dans la très grande majorité des cas, ces véhicules d’investissement ont gardé sous contrôle leur niveau d’endettement, certaines dépassent toutefois la barre des 30 %. Ce n’est bien évidemment pas « éliminatoire », mais dans le cadre d’une allocation équilibrée, mieux vaut en tenir compte.

Conclusion

Si l’immobilier est souvent considéré comme un rempart aux spirales inflationnistes, les loyers étant ajustés à ces indicateurs, la hausse des taux doit être prise très au sérieux. Le changement de politiques monétaires menées par les banques centrales a, sans surprise, mis le marché immobilier sous tension. Pour autant les SCPI montrent une belle résistance. Si la collecte s’essouffle et les valorisations baissent, les rendements se maintiennent à des niveaux attractifs.

Malgré tout, la hausse des taux d’intérêt offre davantage d’alternatifs aux investisseurs, par rapport à un monde à taux 0. Les produits structurés à capital garanti, fonds obligataires à échéances, voire même les placements monétaires peuvent proposer des taux attractifs pour une prise de risque modérée.

Dans ce contexte, les SCPI restent intéressantes, à condition toutefois de réaliser un travail de sélection pertinent et de bien en mesurer les risques. À cet égard, notre politique de sélection s’est toujours attachée à constituer un portefeuille diversifié portant sur des SCPI à même de garantir la sécurité de nos clients. La recherche d’un rendement élevé sans une prise en compte mesurée des différents risques ne peut pas, à notre sens, s’avérer payante sur la durée.


Olivia Blanchard, présidente des Acteurs de la Finance Responsable et membre du Jury du Prix de la Finance Verte

Olivia Blanchard (AFR) : « La Taxonomie Verte européenne n'est pas encore terminée »

Pierre angulaire du Pacte vert européen, la Taxonomie Verte Européenne désigne la classification des activités économiques ayant un impact favorable sur l'environnement. Des activités qui répondent à des critères d'examen technique très précis qui ont été décidés par des comités scientifiques. Olivia Blanchard, présidente de l’association des Acteurs de la Finance Responsable et membre du jury du Prix de la Finance Verte 2023, revient sur le fonctionnement de cette taxonomie et évoque son avenir.

Scala Patrimoine. Qu’est-ce que la taxonomie « verte » européenne ?

Olivia Blanchard. La taxonomie verte européenne est la pierre angulaire du Pacte vert européen de 2018. Ce texte fondateur est comparable à un dictionnaire de la durabilité qui va définir les activités éligibles à la taxonomie, c'est-à-dire « vertes ». Ces activités répondent à des critères d'examen technique très précis décidés par des comités scientifiques. L’idée étant d’arriver à une harmonisation de la définition de durabilité au niveau de l'Union européenne.

Scala Patrimoine. Comment la taxonomie s’intègre-t-elle dans l’ensemble de la réglementation sur la finance durable ?

Olivia Blanchard. La taxonomie européenne est une réglementation qui s'applique notamment aux émetteurs. Ces derniers vont devoir déclarer la part de leur activité éligible à la taxonomie européenne. Cet alignement, ce pourcentage, est fondamental pour les investisseurs et les financeurs qui, eux, se voient appliquer d'autres réglementations (SFDR …) qui demandent plus de transparence. Cette information va s'intégrer dans le nouveau reporting financier. Pour qu'un investisseur puisse comprendre la part de ces flux financiers fléchée vers des investissements dits « verts » ou durables.

« L'objectif est d'obtenir une harmonisation de la définition de durabilité au niveau de l'Union européenne »

Scala Patrimoine. Quelles sont les limites de ce règlement ? Quelles évolutions attendez-vous ?

Olivia Blanchard. Aujourd'hui, la taxonomie européenne est un texte très complexe. Cela fait plusieurs années qu’il y a des discussions autour de son contenu et de son périmètre. Plus les années passent et plus le champ s'élargit. On se souvient, par exemple, qu’en décembre 2022, in extremis, a été inclus le gaz et le nucléaire.

Et là, en mars 2023, de nouveaux éléments sont intervenus, notamment avec l'inclusion de l'aviation et du secteur maritime. Donc aujourd'hui, c'est un texte qui est constamment en évolution, qui n'est pas encore terminé. Alors que des réglementations s'appuient impérativement sur ces textes, celui-ci est encore bancal, ce qui crée une fragilité de tout le dispositif réglementaire de la finance durable.

Scala Patrimoine. Le degré d’alignement des fonds d’investissement à la taxonomie est très faible. Ces derniers ont-ils les moyens de progresser ?

Olivia Blanchard. Aujourd'hui, le problème majeur auquel des investisseurs et des financeurs est qu'ils font face à une taxonomie qui n'est pas terminée. Qu’est-ce qui est vert et qu'est-ce que je finance ? Qu’est-ce qui n'est pas vert ? Si on regarde les chiffres publiés par les financeurs et les investisseurs, on se rend compte qu'ils sont très faibles. Mais parce qu’aujourd’hui, cette donnée n'existe pas ou demeure encore insuffisante. Donc forcément, ça va progresser, si tant soit peu qu'on arrive à préserver l'intégrité de la taxonomie européenne.

https://www.youtube.com/watch?v=bo1GZD5vntE


Les marchés financiers prouvent une nouvelle fois leur dépendance aux décisions des banques centrales. L'économie résiste, quant à elle, trés bien.

Le rendez-vous des marchés financiers – Mai 2023

Marchés financiers & économie : les points clés

  • Les difficultés des établissements bancaires américains de taille moyenne favorisent la concentration du secteur. Dernière opération de M&A en date : le rachat de la First Republic Bank par JP Morgan Chase ;
  • La Banque centrale européenne (BCE) a une nouvelle fois augmenté ses taux directeurs pour contrer l'inflation, jugée encore trop élevée ;
  • Le Premier ministre chinoise Li Qiang a affirmé que la Chine « s'en tiendrait résolument à l'ouverture et que le pays serait une force de prospérité dans le monde au cours des prochaines années ». La Chine vient d’ailleurs d’enregistrer une croissance de 4,5 % au premier trimestre 2023 sur un an ;
  • Les marchés financiers poursuivent leur ascension.

Marchés financiers : le retour des valeurs de la Tech

Les turbulences du secteur bancaire sont-elles désormais un lointain souvenir ? C’est en tout cas ce que les récentes performances des marchés financiers pourraient nous laisser penser ! Depuis, le pic du mois de mars, la volatilité a sensiblement baissé. L’indice VIX, aussi appelé l’indice de la Peur, est en effet passé de 26 à 18.

Ce retour au calme a permis aux marchés financiers de poursuivre leur ascension. Porté notamment par le secteur du Luxe, le CAC 40 flirte aujourd’hui avec les 7 400 points. Aux États-Unis, les valeurs stars de la tech sont - elles aussi - de retour sur le devant de la scène, après une année 2022 particulièrement difficile.

Les bénéfices cumulés par les GAFAM au cours du 1er trimestre 2023 ont augmenté de 8 %, sur un an, tandis que l’émergence de l’IA leur offre de nouvelles perspectives. Dans ce contexte, le rebond de certains titres demeure tout de même spectaculaire ! Depuis le 1er janvier, Facebook s’envole de près de 94 %. Apple grimpe de 32 % tandis que Salesforce et Microsoft gagnent respectivement 52 % et 28 %. Ces performances cachent toutefois de grandes disparités entre les entreprises. 90 % de la performance du S&P 500 étant l’œuvre de seulement 10 valeurs !

Et devinez qui l’on retrouve dans le sillage de la tech US ? Les cryptomonnaies ! Après la pluie vient le beau temps.

À l’inverse, et c’est une bonne nouvelle, le marché des matières premières continue de se détendre. Le prix du pétrole brut (Brent) abandonne 11 % en 2023. Les cours du gaz naturel chutent également de près de 50 %. Une tendance qui touche de nombreuses matières premières agricoles, comme le blé (-18 %).

Marchés financiers : la performance des indices boursiers et des principaux actifs
La performance des marchés financiers depuis le 1er janvier 2023

États-Unis : la FED poursuit sa politique de hausse des taux

First Republic Bank racheté par JP Morgan

La chute de la Silicone Valley Bank a sapé la confiance des entreprises et des particuliers envers les banques régionales et les établissements de taille moyenne. On assiste depuis quelques semaines à un véritable exode vers les plus grands établissements bancaires US (JP Morgan, Citibank, Wells Fargo …). Hélas, ce « bank run » fragilise encore davantage les plus petits établissements, qui n’ont pas les reins assez solides pour subir un tel retrait de dépôts.

Dernière victime en date : la First Republic Bank dont les clients avaient retiré plus de 100 milliards de dollars de dépôts au cours des trois premiers mois de l’année. Pour sauver l’argent des déposants, les autorités américaines ont pris le contrôle de la banque régionale puis revendu la grande majorité des actifs à JP Morgan Chase. Une procédure qui acte la deuxième plus grosse faillite bancaire de l’histoire des États-Unis, après celle de Washington Mutual en 2008.

Pour rassurer les Américains, Joe Biden, le président des États-Unis, a tenu à rappeler qu’aucun déposant ne perdrait de l’argent lors d’une faillite d’un établissement bancaire : « Les dépôts de tous les clients sont protégés, les actionnaires perdent leur mise et surtout, les contribuables ne sont pas sollicités ».

L’économie américaine au ralenti

Malgré les péripéties de son secteur bancaire, l’économie US continue de bien résister, grâce notamment à la bonne tenue de la consommation des ménages. 253 000 emplois ont encore été créés en avril tandis que le salaire moyen a augmenté de 4,4% sur un an. Les dépenses de services restent aussi très solides, amenant une hausse de la consommation totale d’environ 4 % en rythme annualisé.

Pourtant, plusieurs indices témoignent d’un ralentissement de l’économie américaine. Au premier trimestre 2023, le produit intérieur brut (PIB) américain a augmenté de 1,1 % sur un an, alors que le taux de croissance était encore de 2,6% au quatrième trimestre 2022.

Autre élément qui plaide en faveur d’un coup de frein de l’économie US : le marché du travail américain montre de premiers signes d’essoufflement. Selon un rapport de l'agence pour l'emploi Challenger, près de 90 000 licenciements ont été annoncés en mars, soit 15% de plus qu'en février. La forte baisse des offres d’emplois et la tendance à la hausse des demandes d’allocations chômage traduisent également les inquiétudes des acteurs économiques.

Nouvelle baisse des taux de la FED

L’action de la banque centrale américaine commence, quant à elle, à porter ses fruits : l’inflation recule. L’indice global des prix à la consommation est ressorti en hausse de 4,9 % en glissement annuel en avril, contre 6 % en février et 5 % en mars. Seulement, l'inflation « core », l'inflation hors énergie et alimentaire, avait progressé de 5,6 % en mars, en raison notamment de la hausse des prix des services et des loyers.

Une situation qui « contraint » la Réserve fédérale américaine (FED) à poursuivre sa politique de remontée des taux d’intérêt. L’institution dirigée par Jerome Powell vient ainsi d’augmenter son taux directeur pour la dixième fois d'affilée, portant ce dernier de 5 % à 5,25 %.

Qu’en sera-t-il dans les mois à venir ? Le Comité fédéral de marché ouvert (FOMC) laisse la porte ouverte à un allégement de sa politique monétaire. Celui-ci ayant indiqué qu’il était désormais temps de « déterminer dans quelle mesure un resserrement supplémentaire pourrait être approprié ». Autrement dit, les responsables de la FED scruteront de près les prochaines publications économiques pour décider de la nécessité ou non de resserrer encore leur politique monétaire afin de ramener l'inflation à leur objectif de 2 %.

Zone Euro : le temps des incertitudes

Une croissance molle

Les dernières publications d’activité en zone euro laissent planer le doute sur la capacité de l’économie européenne à éviter la récession. Parmi les points négatifs figurent les ventes en détail en recul d’environ -0,3 % par trimestre. Mais, on constate également un fort rebond de la production industrielle (+1,4 % par trimestre).

Dans l'ensemble, la croissance annuelle moyenne du PIB en volume devrait marquer le pas pour s'établir à 1,0 % en 2023 (après 3,6 % en 2022), avant de rebondir à 1,6 % en 2024 et 2025.

Une inflation toujours importante ?

Après 4 mois consécutifs de baisse, l’inflation a légèrement rebondi en zone euro. Celle-ci est de 7 % en avril, en glissement annuel (contre 6,9 % en mars.). Si l’on met de côté les éléments volatils que sont les prix de l'énergie et les prix de l'alimentaire, l'inflation « core » est de 5,6 %.

Sans surprise, la Banque centrale européenne (BCE) a donc relevé une nouvelle fois ses taux directeurs pour contrer cette inflation, jugée encore trop élevée. Cette hausse d’un quart de point fait passer le taux de dépôt à 3,25 % et le taux de refinancement à 3,75 %. Et pour ceux qui anticipent déjà la fin de cette politique de hausse des taux, la partie semble mal engagée. Christine Lagarde, la présidente de la BCE, a réaffirmé sa volonté d’enrayer la spirale inflationniste : « nous sommes déterminés à juguler l’inflation et à la ramener au plutôt au niveau de notre objectif de 2 % à moyen terme. Pour ce faire, nous avons déjà pris des mesures de politique monétaire de grande ampleur, mais il reste du chemin à parcourir. »

La note de la France dégradée

C’était une décision attendue depuis plusieurs mois. L’agence de notation Fitch vient de dégrader la note de la France.  Alors que le pays disposait encore de la note maximale (AAA) en 2012, il est tombé à AA+ en 2013, puis AA en 2014 pour aujourd’hui chuter à AA-.

L’agence de notation pointe notamment du doigt l’aggravation de la situation des comptes publics. Cette année, le déficit public devrait encore s’établir à 4,9% de PIB en raison notamment du maintien des mesures de protection des ménages et des entreprises face aux effets de l'inflation. Quant à la dette publique, elle est désormais évaluée à 2 950 milliards d'euros, soit environ 115 % du PIB.

La dégradation de la note de la France est une mauvaise nouvelle, car cela pourrait notamment contraindre le pays à emprunter à des taux d’intérêt plus élevés, réduisant encore un peu plus ses latitudes financières.

La Chine : un partenariat profitable avec la Russie

L’empire du Milieu commence tout doucement à tirer profit de l’assouplissement de sa politique Covid. Cinq mois après la réouverture de son économie, tous les voyants semblent au vert.

Cap vers les 5,5 % de croissance

Selon les chiffres publiés par le Bureau national des statistiques (BNS), la Chine a enregistré une croissance de 4,5 % au premier trimestre 2023 sur un an. La reprise du pays est notamment stimulée par la demande intérieure. Les ventes au détail ont grimpé de 5,8 % sur la même période. D'autres indicateurs, comme le trafic aérien, montrent également des signes d’une forte reprise. Celui-ci s'est considérablement redressé depuis février 2020, passant d'environ 8 millions de personnes par mois à 43 millions en février dernier. Moteur traditionnel de l’économie du pays, la production manufacturière a, de son côté, augmenté de 4,2% en glissement annuel, grâce à un bond massif de 13,5% de la production automobile.

Autre bonne nouvelle, le secteur de l’immobilier retrouve des couleurs. Les volumes des transactions immobilières ont augmenté de 44% en glissement annuel en mars dans les 30 plus grandes villes.

La Banque populaire de Chine a, par ailleurs, maintenu le taux de facilité de prêt à moyen terme d'un an inchangé à 2,75%.

Tout porte donc à croire que la Chine sera capable d’atteindre les 5,5 % de croissance en 2023, son objectif initial.

Surtout que la Chine bénéficie de ses bonnes relations avec la Russie pour importer du pétrole à bas prix. Selon Reuters, elle rachèterait des barils de pétrole, provenant de la région Russe de l'Oural, à 14 dollars en dessous des prix du Brent, soit une « ristourne » de 17 %. Preuve du lien de plus en plus étroit qui mêle les deux économies, les importations chinoises en provenance de Russie ont augmenté d'environ 25% par rapport à 2022, et la Russie a remplacé l'Arabie saoudite en tant que premier fournisseur de pétrole brut de la Chine.

La Chine joue-t-elle avec le feu ?

La guerre en Ukraine a redistribué les cartes sur le plan diplomatique. Parmi les deux superpuissances mondiales, les États-Unis se sont rangés derrière les Ukrainiens, tandis que la Chine, sous couvert d’une certaine neutralité, a renforcé ses liens avec la Russie. Le point d’orgue de cette nouvelle amitié fut la visite d’état réalisée par le président chinois Xi Jinping en Russie, en mars dernier. En l’espace de quelques semaines, les tensions entre la Chine et les USA sont donc montées d’un cran. Et pour ne rien arranger à la situation, la Chine accentue la pression sur Taïwan avec des manœuvres militaires non dissimulées.

L’indice Geopolitical Risk Index, établi par la Réserve fédérale américaine, a atteint un sommet depuis l’invasion de l’Irak en 2003. Dans les mois à venir, la Chine devrait toutefois « temporiser », afin d’orchestrer dans les meilleures conditions sa reprise économique. Mais à plus long terme, une ère de tensions des plus périlleuses pourrait bien s’ouvrir.

Les convictions de Scala patrimoine sur les marchés financiers

Si l’on s’en fit à certains indicateurs économiques, une ambiance de fin de cycle économique semble régner aux États-Unis, en raison notamment de la fin à venir du cycle de hausse des taux et une inflation qui vient de passer sous la barre des 5% pour la première fois depuis 2 ans. En Europe, la machine se grippe également. Le Bank Lending Survey a montré que 46% des banques ont restreint leur offre de crédit et cette tendance devrait s’accentuer au cours de l’année.

Cet environnement impacte la demande qui montre des signes de ralentissement depuis plusieurs mois, mais ne s’est pas encore illustré dans la publication des résultats d’entreprises. Une résistance qui doit malheureusement être nuancée. D’une part, nous avons observé de fortes révisions à la baisse sur les perspectives de bénéfices pour ce premier trimestre. D’autre part, nous constatons que la réaction des marchés a été particulièrement sévère pour les entreprises qui ont généré ces résultats par la hausse des prix et non l’effet volume.  

La prudence reste donc de mise. Nous voyons un décalage entre la macroéconomie qui se dégrade et la microéconomie qui se maintient. Ce déséquilibre pourrait se résorber dans les prochains mois. 

Marchés financiers : se préparer à tous les scénarios

Nous avions adopté une vision très prudente sur les marchés financiers dès le mois de mars. Les faillites bancaires et autres banques régionales américaines en difficulté continuent d’être occultées par les marchés.  À nouveau, la diversification et la sélection des valeurs sont la clé de voute de nos investissements. Les valeurs à fort potentiel de croissance, faiblement endettées, bénéficiant de parts de marché conséquentes sur leur secteur d’activité avec des barrières à l’entrée importantes, sont les plus à même de voir leurs marges plus faiblement impactées dans un contexte économique qui se détériore.  

Sur le long terme, nos convictions thématiques restent inchangées. Investir en faveur des entreprises qui agissent pour l’accélération de la transition énergétique est stratégique pour les années à venir. Ces valeurs ont d’ailleurs fortement souffert l’année dernière, souvent due à leur biais "croissance". Il peut être judicieux de saisir les opportunités observées sur certaines valeurs.  

Marchés obligataires : de nombreuses opportunités sur les marchés financiers

Alors que nous arrivons en fin de course du cycle de hausse des taux directeurs, et que le risque de récession augmente, la classe obligataire offre sans nul doute des opportunités. Malgré la baisse des taux de rendement sur les trois derniers mois (50 pb en moyenne) le niveau reste toujours attrayant et est comparable à celui observé au début des années 2010.  

Nous privilégions les obligations de qualité, dites « investment grade ». En effet les spreads restent encore intéressants relativement au taux de défaut. Les obligations à haut rendement (« High Yield ») quant à elles offrent des rendements plus importants, mais la dégradation du contexte économique augmente les risques de défaut.  

La maitrise de la duration des portefeuilles reste toujours de mise. Dès lors que nous aurons confirmation d’un ralentissement durable de l‘inflation sous-jacente et d’une dynamique claire de baisse des taux longs, il pourra être judicieux d’augmenter la duration des portefeuilles. 

Les produits structurés : une alternative aux marchés financiers traditionnels

Les produits structurés peuvent être réalisés sur mesure selon les objectifs et le profil de l’investisseur, et constituer une alternative aux marchés financiers traditionnels. Ceux à capital garanti proposent d'ailleurs, sur des horizons d’investissement à moyen terme, des rendements bien plus attractifs que le fonds en euros. Globalement, le type de sous-jacent, ainsi que le niveau de protection du capital permet de répondre à des objectifs d'investissement variés. Cependant, il est important de comprendre les risques associés à ces produits et il est recommandé de bien se faire accompagner dans la structure de ces instruments financiers.

Le private equity : un Momentum intéressant ?

La classe d’actifs peut-elle bénéficier des incertitudes économiques ? C’est en général dans de telles périodes qu’investir sur des sociétés non cotées est le plus intéressant. Les prix se négociant à la baisse par rapport aux périodes économiques les plus fastes. À condition toutefois de choisir les meilleurs gestionnaires, capables de performer dans toutes les situations. Tous comme les valeurs cotées en bourse, la qualité de sélection des instruments reste donc primordiale au regard de l’écart de performance observé entre les fonds de private equity justifiant l’importance d’un accompagnement par un professionnel indépendant. 

Si vous souhaitez échanger avec nos équipes sur la gestion de vos portefeuilles, n'hésitez pas à nous contacter. Le cabinet est à votre disposition pour répondre à l'ensemble de vos questions.