Le rendez-vous des marchés financiers - Septembre 2023
Marchés financiers & économie : les points clés
- Selon le FMI, l’économie allemande devrait être l'une des seules à connaître une récession en 2023.
- L’économie chinoise est à la peine. Le pays vient d’enregistrer une croissance de seulement 0,8 % au second trimestre, par rapport aux 3 premiers mois de l’année. L’objectif de croissance de 5 % en 2023 parait désormais difficilement atteignable.
- Réunis lors du symposium de Jackson Hole, dans le Wyoming aux États-Unis, les présidents de la FED et de la BCE ont présenté leur feuille de route pour les prochains mois, avec un objectif clair : continuer à œuvrer pour faire baisser l’inflation.
- Les principaux pays émergents (les BRICS) se sont réunis en Afrique du Sud durant le mois d’août pour travailler sur des projets en commun, dans l’espoir de peser davantage dans les grandes organisations internationales.
Marchés financiers : quelles performances ?
Économie : des zones d'incertitudes
Les marchés financiers se sont-ils enrhumés durant l’été ? Les principaux indices boursiers mondiaux viennent, en effet, d’enchainer plusieurs semaines moroses, affectant le moral des investisseurs.
Il faut dire que nous avons déjà connu des rentrées plus réjouissantes. Lors de son discours à Jackson Hole, le président de la FED a notamment prévenu qu’il pourrait continuer à remonter ses taux d’intérêt, si cela était nécessaire. Autre mauvaise nouvelle, le pétrole a vu son cours rebondir, tandis que la Chine demeure frileuse à l’idée de lancer un grand plan de relance pour soutenir son économie.
Heureusement, l'économie mondiale se porte un peu mieux. Le Fonds monétaire international (FMI), anticipe désormais une croissance mondiale à 3 % en 2023, contre 2,8 % lors de son estimation précédente.
Les marchés financiers toujours dans le vert
Depuis le début de l’année, les indices boursiers restent d’ailleurs largement haussiers.
Le S&P 500 grimpe de 16,5 %, tandis que le Nikkei 225 et l’Euro Stoxx 50 s’adjugent respectivement 29 % et 10 %. Le CAC 40 est aussi très bien orienté (+ 10 %). Même le Shanghai Stock Exchange est dans le vert, avec une hausse de 1,5 %.
Du côté des titres vifs, ce sont les valeurs de la tech américaine qui phagocytent le haut des classements. Le titre Apple est en hausse de 41 %, Google de 51 % et Meta (Facebook) de 139 % ! Mais la nouvelle coqueluche des investisseurs est sans conteste Nvidia. Portée notamment par ses puissants processeurs graphiques, son action monte de plus de 225 % depuis le début de l’année !
Les rendements obligataires remontent
Sur les marchés obligataires, le mouvement de « bear steepening » se poursuit. Les OAT 10 ans françaises atteignent désormais les 3,10 %, tandis que les Bunds allemands s’établissent à 2,64 %. De l’autre côté de l’atlantique, les taux des T-Bonds ont bondi à 4,26 %.
Ces mouvements de taux sont également visibles sur le marché de la dette d’entreprises, avec des spreads qui s’écartent de plus en plus sur l’Investment grade et le high yield. Noté BBB « investment grade » par Standard & Poor's, Worldline, le spécialiste des services de paiements, vient par exemple d’annoncer une émission obligataire de 600 millions d’euros à 5 ans, assortie d’un coupon de 4,125%.

Jackson Hole : les banques centrales gardent le cap
Les taux de la FED au plus haut depuis 22 ans
Fin juillet, Jerome Powell, le président de la Banque centrale, a officialisé la onzième hausse de taux de la Fed depuis mars 2022. La nouvelle fourchette des taux s’établissant entre 5,25 % et 5,5 %, soit son plus haut niveau depuis près de 22 ans. Cette décision n’a toutefois surpris personne. Pour la FED l'économie américaine est encore bien trop robuste et l'inflation bien trop élevée pour stopper sa politique monétaire. En juillet, l'inflation s'est établie en juillet à 3,2 % sur un an, contre 3,0 % en juin.
C’est d’ailleurs ce qu’a rappelé Jerome Powell lors du symposium de Jackson Hole, dans le Wyoming aux États-Unis. Lors de cet événement annuel qui donne l’occasion aux grands argentiers de la planète d’échanger sur les grands mouvements économiques mondiaux, le président de la FED a mis en garde ceux qui espéraient une inflexion rapide de sa politique. « Nous sommes prêts à encore augmenter les taux d'intérêt si nécessaire et avons l'intention de maintenir une politique monétaire restrictive jusqu'à ce que nous ayons la certitude que l'inflation s'oriente durablement vers notre objectif ». Conséquence directe, la probabilité d’une nouvelle hausse des taux d’intérêt de la part de la banque centrale est passée de 36 % à 65 %, selon les analystes.
BCE : encore trop tôt pour crier victoire
Christine Lagarde a également profité de l’événement pour s’épancher un peu plus longuement sur sa politique monétaire et rappelé ses priorités : « clarté, flexibilité, humilité ». La présidente de la BCE estime, en effet, que « dans le contexte actuel, la BCE doit fixer les taux d’intérêt à des niveaux suffisamment restrictifs aussi longtemps que nécessaire pour parvenir à un retour rapide de l’inflation vers son objectif de 2 % à moyen terme. » Celle-ci soulignant également qu’à l’avenir « nous devons rester clairs sur nos objectifs, flexibles dans notre analyse et humbles dans la manière dont nous communiquons. Comme l’a dit John Maynard Keynes, « la difficulté n’est pas de comprendre les idées nouvelles, mais d’échapper aux idées anciennes. »
Une posture qui confirme les positions émises au mois de juillet, lorsque Christine Lagarde avait annoncé qu’elle « poursuivrait » ses hausses de taux, car il est encore trop tôt pour « crier victoire » dans le combat contre l'inflation en zone euro.
Pourtant, le taux d'inflation annuel de la zone euro continue de baisser mois après mois. Celui-ci est, en effet, estimé à 5,3% en juillet 2023, contre 5,5% en juin et 6,1 % en mai selon une estimation publiée par Eurostat, l'office statistique de l'Union européenne.
Début septembre, l’institution européenne a finalement décidé d'opérer une dixième hausse de ses taux directeurs en un an. Une décision matérialisée par une hausse de 0,25 point pour porter son taux de référence sur les dépôts à 4 %.
USA : la récession devrait être évitée
Fitch abaisse la note des États-Unis
Au pays de l’Oncle Sam, le risque de récession est, à court terme, écarté. Le fonds monétaire international (FMI) anticipe même une croissance de 1,8 % pour les États-Unis en 2023.
Les éléments positifs sont, il est vrai, nombreux. La production a augmenté de 1 %, après la chute de 0,8 % enregistrée en juin. Les ventes au détail sont aussi en hausse de 0,7 % en juillet, après 0,3% le mois précédent. Et les ventes de base sont également bien orientées, à + 1,0 % après 0,5 % en juin.
Pourtant, de petits nuages s’amoncellent au-dessus de l’économie américaine. L'agence de notation Fitch a même retiré aux États-Unis son « AAA » et l'a abaissée d'un cran, à AA+, une première depuis 2011. Une décision justifiée par les conséquences des « impasses répétées sur le plafond de la dette et la perte de confiance des investisseurs dans la gestion budgétaire ».
Vers une période de stabilisation de l'Économie US ?
Les derniers indicateurs économiques laissent toutefois présager un atterrissage en douceur de l’économie américaine. Les PMI Manufacturier à 47.0 (-2 pts) et des Services à 51.0 (-1.7 pt) ont reculé durant le mois d'août. Autre signe de ralentissement, l’impulsion donnée par l’excès d’épargne accumulé par les Américains durant la pandémie s'estompe. Ce trésor de guerre est passé en moins de deux ans de 1800 Md$ à 250 Md$.
Même le marché de l’emploi se normalise. Le taux de postes disponibles par demandeur d’emploi est passé en quelques trimestres de 2 à 1,3. Si le taux de chômage américain est remonté en août à 3,8 %, contre 3,5 % le mois précédent, les créations d'emplois marquent le pas. 187 000 emplois seulement ont été créés, contre 200 000 attendues.
Enfin, concernant le secteur de l’immobilier, les permis de construire restent stables à 1,44 million en juillet. Hélas, la confiance des promoteurs immobiliers (NAHB) s’érode de 56 à 50 dans le même temps.
Zone Euro : l’Allemagne ne pourra pas éviter la récession
La croissance européenne revue à la baisse
Coup de froid sur la zone euro, la croissance du produit intérieur brut a été revue en baisse au deuxième trimestre et n'a atteint que 0,1%, contre 3 % attendue. La Commission européenne qui doit bientôt publier ses dernières prévisions économiques pour la zone euro pourrait être amenée à abaisser une nouvelle fois ses anticipations. Jusqu’ici, l’institution européenne estimait la croissance européenne à 1,1% pour 2023 et 1,6% pour 2024.
Quoiqu’il en soit, ce ralentissement économique est déjà visible sur plusieurs indicateurs clés. L'indice PMI composite de l'activité globale de la zone euro est passé de 48,6 en juillet à 46,7 en août. Dans le même temps, l’indice de confiance du consommateur reculait à -17 (-0,9 pt). Moteur historique de l’économie de la zone euro, l'Allemagne devrait entrer en récession en 2023. Le FMI pense que l’économie germanique reculera de 0,3 % cette année.
Économie Française : vers une croissance molle
Les autres grandes économies européennes devraient, quant à elles, échapper à la récession. En France, la croissance devrait être de 0,8 %. De l’autre côté des Alpes, la croissance italienne est estimée à 1,1% quand l'économie espagnole va dépasser la barre des 2 % (2,5 % attendus).
En Grande-Bretagne, les pressions inflationnistes semblent enfin s’essouffler. L'inflation a, en effet, ralenti fortement en juillet (6,8 %), grâce notamment à la baisse des prix de l'énergie et à la politique très restrictive menée par la Banque d'Angleterre. Cette dernière ayant de nouveau augmenté, début août, ses taux d'intérêt de 0,25 % à 5,25 %.
Chine : une croissance qui fait pschitt
Les exportations reculent de nouveau
L’économie chinoise ne cesse de décevoir. Si les mesures de blocage de son économie destinées à stopper la propagation de l’épidémie de Covid-19 ont bien été levées, les résultats tardent à se faire sentir. La deuxième économie mondiale vient d’ailleurs d’enregistrer une croissance de seulement 0,8 % au second trimestre, par rapport aux trois premiers mois de l'année. Les analystes ont désormais toutes les peines du monde à imager la Chine atteindre l'objectif de croissance de 5 % initialement fixée par le régime.
Les publications macroéconomiques sont d’ailleurs - pour la plupart - mal orientées. La consommation des ménages, principal moteur de l’économie chinoise, déçoit. Les ventes au détail ont seulement progressé de 2,5% sur un an. Les exportations de la Chine se sont encore contractées en août pour le quatrième mois consécutif (- 8,8 %). Pire, les investissements directs étrangers reculent de nouveau de 4 % en juillet.
Les difficultés du pays sont telles que les jeunes ne trouvent plus leur place dans le monde du travail. En juin dernier, le taux de chômage des 16-24 ans atteignait 21,3 %. Un chiffre tellement catastrophique que la Chine préfère désormais ne plus publier ces statistiques !
La passivité des dirigeants chinois
Le secteur immobilier rencontre lui aussi de graves difficultés. Les investissements dans la pierre ont reculé de 7,9 % au premier semestre. De son côté, Country Garden, l’un des géants de l'immobilier chinois, se retrouve en grande difficulté financière, en raison de près de 180 milliards de dollars de factures non payées !
Le moment serait-il venu pour le gouvernement chinois de mettre en œuvre un plan de relance XXL, comme réclamé par de nombreux acteurs économiques ? Jusqu’ici les autorités se sont simplement évertuées à baisser les taux de référence des emprunts à 1 an et 5 ans. Sans soutien étatique massif, les problèmes structurels du pays, liés notamment au vieillissement de sa population, à la baisse de la fécondité et de sa dépendance à la demande mondiale, rendent les espoirs de croissance très hypothétiques.
Et revoilà les Brics !
Durant l’été, les BRICS ont fait parler d’eux ! Comme chaque année, les pays émergents se sont réunis pour travailler sur des projets en commun dans l’espoir de peser davantage dans les grandes organisations internationales (Conseil de sécurité de l’ONU, Fonds monétaire international …). Pour cette édition, qui s’est déroulée du 23 au 25 août en Afrique du Sud, les 5 principaux membres (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) ont fait le choix de l’ouverture en invitant six nouveaux pays. L’Arabie saoudite, l’Argentine, l’Égypte, les Émirats arabes unis, l’Éthiopie et l’Iran ont ainsi été conviés à intégrer ce groupe alternatif au G7. L’ensemble de ces pays regroupent ainsi 46 % de la population mondiale et représentent près de 35 % du PIB mondial.
Et comme le souligne le discours très offensif du dirigeant chinois Xi Jinping, ces membres se montrent très ambitieux. Ils souhaitent notamment briser l’hégémonie du dollar américain dans les échanges commerciaux. Le Brésil ayant même lancé l’idée de lancer une monnaie commune aux BRICS. Sacré programme !
Les convictions de Scala patrimoine sur les marchés financiers
Prudence sur les marchés actions
Les derniers indicateurs économiques soulignent la résilience de l’économie américaine. Face à elle, l’Europe évolue dans un contexte plus morose. L’Allemagne, moteur de l’économie européenne, pourrait bien être le seul pays avancé en récession en 2023. La Chine continue de voir son activité ralentir et pèsera inévitablement sur l’économie mondiale. Le retour d’une certaine volatilité montre que l’environnement peine toujours à se normaliser. Bien que nous arrivons en fin de cycle de hausse de taux, les banques centrales restent « data dependent » et très réactives aux chiffres d’inflation.
Nous maintenons une approche prudente en raison des risques à la baisse qui subsistent.
Nous préférons adopter une position globalement sous-pondérée en actions et nous restons très sélectifs dans le choix des titres, en accordant une attention particulière aux valorisations.
À nouveau, peu de valeurs ont porté la hausse des marchés actions cette année. Les valeurs technologiques, portées par l’engouement pour l’intelligence artificielle, ont très largement mené cette hausse.
Avantage aux obligations de qualité, dites « investment grade »
Nous privilégions les obligations de qualité, dites « investment grade », par rapport aux obligations à haut rendement, (« high yield »). En dépit des rendements plus attrayants offerts par ces dernières, la solidité financière des émetteurs et leur capacité à rembourser leur dette demeurent plus faibles, ce qui les expose davantage à l'impact à la hausse substantielle des taux d'intérêt.
Nous recommandons une allocation diversifiée entre les obligations souveraines et les obligations d'entreprises. Les premières sont considérées comme des valeurs refuges, car elles tendent à performer en période d'incertitude économique et de ralentissement de la croissance.
Les obligations d'entreprises "investment grade" offrent des rendements plus élevés tout en maintenant une qualité de crédit solide. Dans le cadre de notre stratégie, nous envisageons progressivement d'allonger la durée de nos investissements en obligations, en tirant parti de l'avancement dans le cycle de hausse des taux d'intérêt. Cela nous permettra de nous positionner sur des maturités plus longues afin de bénéficier d'une réduction graduelle des taux.
Les placements sans risque retrouvent des couleurs
La montée des taux d'intérêt a contribué à redonner de l'attrait aux placements sans risque. En effet, la hausse des taux d’intérêt a augmenté la rentabilité de ces actifs, réduisant ainsi l'écart de rendement entre ce type de placement et les actions.
- Comptes à terme : Ces comptes vous permettent de garantir votre capital à un taux de rendement déterminé au moment de l'ouverture du contrat, qui évolue généralement autour de 3,5% en fonction de la durée de placement choisie. Ils peuvent être souscrits à différentes échéances en fonction de vos besoins de liquidité. Les comptes à terme sont conclus directement avec votre banque.
- Fonds monétaires : Les fonds monétaires retrouvent de leur attrait grâce à des taux de rendement avoisinant les 3%. Ces fonds ont enregistré une collecte nette de plus de 900 milliards de dollars depuis le début d’année, tandis que les classes d'actifs traditionnelles ont subi d'importantes sorties de capitaux.
- Produits structurés à capital garanti : Ces instruments financiers complexes combinent plusieurs produits financiers sous-jacents. Ils sont personnalisables pour répondre à des besoins spécifiques, et le rendement de ces produits, assorti d'une garantie en capital, évolue en fonction des conditions du marché.
Le private equity dans une optique de long terme
Certains segments du capital investissement et de la dette privée offrent des rendements particulièrement attractifs, pouvant atteindre entre 10% et 15% (dans un scénario conservateur). Il est recommandé d'investir dans ces segments par le biais de fonds d'investissement pour accroître la diversification de votre exposition à un large éventail de sociétés, ce qui permet de limiter les risques. Le marché secondaire, qui consiste à acquérir des parts de fonds ou des portefeuilles de participations existants, présente des décotes importantes, ce qui le rend particulièrement attractif cette année.
Emmanuel du Ché (Eligest) : « Il faut sortir de la dictature de l'exclusion établie pour l'ISR »
Plusieurs visions de l’investissement socialement responsable (ISR) s’opposent. Faut-il exclure les entreprises œuvrant dans les secteurs les plus polluants, ou au contraire les accompagner dans leur transformation ? Emmanuel du Ché - Expert fonds ISR, conseil en investissements éthiques et responsables chez Eligest et membre du jury du Prix de la Finance Verte 2023 - nous livre quelques clés pour mieux en comprendre les enjeux
Scala Patrimoine. Comment accompagner les secteurs les plus polluants dans leur transformation ?
Emmanuel du Ché. C’est une vaste question. Dans le monde de l'ISR, un choix doit s’opérer entre l'inclusion ou l'exclusion. J’ai la conviction qu’il est aujourd’hui nécessaire de sortir de la dictature de l'exclusion de secteurs entiers de l'économie.
Deux exemples vont illustrer mes propos.
Il y a quelques années, le gaz de schiste et le pétrole de schiste étaient exclus des portefeuilles, ce que je comprends parfaitement.
Depuis, sous l'influence des labels, des lois, des règlements, nombreux sont ceux qui veulent exclure la totalité du secteur des énergies fossiles (gaz, pétrole) conventionnelles et non conventionnelles. Et ça, c'est terrible. Parce qu'il y a quelques années, on pouvait être actionnaire de Total et déposer des résolutions pour faire bouger les lignes.
Il ne faut donc pas exclure des secteurs entiers, mais seulement des sociétés, et ce n'est pas du tout la même chose. Ça permet de descendre dans la granularité, dans le profond de l'économie.
Deuxième exemple. Je suis tombé - en analysant un portefeuille - sur une société scandinave de production d'électricité, dont l’électricité produite est 100 % décarbonée.
Alors, vous allez me dire c'est normal, la société est scandinave. Or, il y a 20 ans, c'était l'inverse : elle produisait essentiellement de l’énergie carbonée. Donc qui est ISR ? Les actionnaires qui l'ont accompagné pendant 20 ans ? Ou ceux qui aujourd'hui font une espèce de tartufferie en disant « allons cachez moi ce sein que je ne veux pas voir » ?
Ces deux exemples montrent l’importance d’accompagner les sociétés en transition sur la durée et ne pas exclure des pans entiers de l'économie.
« Un investisseur ISR actif doit sélectionner des fonds ISR qui votent aux assemblées et qui mènent un véritable dialogue actionnarial »
Scala Patrimoine. Comment devenir un investisseur ISR « actif » ?
Emmanuel du Ché. Derrière cette question, il y a deux mots clés : l’engagement et le financement.
Le mot engagement. Un investisseur ISR actif doit sélectionner des fonds ISR qui votent aux assemblées et qui mènent un véritable dialogue actionnarial. Je n'ai rien contre les ETF passifs, mais il est important d'avoir à faire, soit en direct, soit à travers des fonds ISR, à des sociétés qui votent, qui déposent des résolutions. L’engagement actionnarial offre l’avantage de mettre une pression douce sur les entreprises, sur le long terme.
Le deuxième aspect, c'est le financement. Il faut quand même recoller à l'économie réelle. Quand est-ce que vous financez une société ?
Dans deux cas de figure. Soit en tant que créancier, quand vous souscrivez à une émission obligataire. Soit en tant qu'actionnaire et là vous financez la société lorsque vous souscrivez à l'augmentation de capital.
Le reste du temps, vous ne financez rien du tout. Ce qui implique que pour être un actionnaire ISR actif, il faut être dans des fonds ISR engagés sur le long terme.
https://www.youtube.com/watch?v=N0_xcB6Y5Bc&t=1s
SCPI : un placement toujours intéressant ?
Depuis le début de la guerre en Ukraine, le paysage économique a considérablement évolué. L’activité s’est enlisée, l’inflation a brusquement augmenté tandis que les taux d’intérêt ont connu une remontée spectaculaire.
Cet environnement peut-il fragiliser le secteur de l’immobilier, et notamment les sociétés civiles de placement immobilier (SCPI) ?
Jusqu’à présent ces placements ont fait preuve d’une grande résilience. Mais, en ce premier trimestre, la collecte marque le pas, alors que l’on assiste à un premier réajustement des valorisations des actifs.
SCPI : un atterrissage en douceur ?
Un contexte économique plus difficile
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L’impact de la hausse des taux d’intérêt déjà visible
Ces derniers mois, les grandes économies mondiales ont dû faire face à des poussées inflationnistes impressionnantes. En novembre dernier, l'indice des prix à la consommation augmentait même de plus de 6 % en France. Pour limiter cette hausse des prix, les principales banques centrales, comme la BCE, ont relevé à de nombreuses reprises leurs taux directeurs. Ces décisions n’ont bien évidemment pas été sans conséquences pour le marché de l’immobilier.
Les banques ont déjà répercuté ces différentes hausses sur leurs offres de prêts. En France, le taux moyen du crédit immobilier sur 20 ans est passé de 1,06 % en décembre 2021 à 3,63 % en juin 2023, avec un impact considérable sur le budget des acheteurs.
Autre conséquence, les prix de l’immobilier commencent à se tasser. Sur le marché résidentiel, les notaires anticipant, en juillet 2023, une baisse annuelle des prix de 5 % pour les appartements de la capitale. Cette tendance est également visible sur le marché immobilier tertiaire (Bureaux, commerces, entrepôts), dont le prix des actifs a reculé de 2,3 % au cours des trois premiers mois de l’année.
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Les changements structurels provoqués par la crise sanitaire
À ces phénomènes conjoncturels, les SCPI doivent également faire face à des changements structurels, initiés par la crise du Covid-19. Les différentes mesures de confinement imposées par le gouvernement ont contraint les entreprises à instaurer le télétravail. Une expérience qui fut très appréciée des salariés et qui a donc eu un impact assez fort sur la manière de consommer le bureau. Un constat partagé par Guillaume Arnaud, le Président du Directoire Sofidy : « Si les équipes sont revenues au bureau, elles souhaitent cependant consommer autrement leur temps au travail. Les entreprises ne veulent plus s’excentrer des centres-villes et des transports en commun. Elles privilégient plus que jamais les grandes métropoles, quitte à avoir des bureaux plus petits et à payer un peu plus cher. » Sans surprise, les prix des bureaux situés dans les centres-villes de Bordeaux, de Paris ou encore de Lyon résistent donc - pour l’instant - mieux qu’ailleurs.
Enfin, la crise sanitaire a été un véritable électrochoc pour de nombreux investisseurs. Ces derniers ayant pris consciences de l’urgence climatique et de la nécessité de prendre soin de notre planète.
La finance durable est ainsi devenue un axe central des travaux pour les sociétés de gestion. Aujourd’hui, 30% des encours du marché des fonds immobiliers non cotés sont labellisés « ISR ».
Une collecte qui s’essouffle
En 2022, avec 10,2 milliards d’euros de versements nets réalisés, les SCPI auront réalisé la meilleure collecte annuelle de leur histoire. Cela représente une hausse de 37 % sur un an. L’immobilier étant un monde de flux. Les investissements massifs sur les SCPI ont bien évidemment participé à la montée des prix.
Pour autant, le marché semble marquer (légèrement le pas) sur le premier trimestre de l’année. La collecte nette des SCPI s’élève à 2,4 Md€, en repli de 10% par rapport au premier trimestre 2022. Pour Jean-Marc Coly, Président de l’Association française des sociétés de placement immobilier (ASPIM) : « La remontée des taux d'intérêt a redonné de l'attractivité aux placements monétaires, ce qui explique le léger tassement des souscriptions en ce début d'année. ».
Et qu’en est-il des questions de liquidités, très importantes sur ce type de marché ? Le président de l’Aspim se veut rassurant : « Si nous notons une augmentation du volume des parts échangées sur le marché secondaire depuis la fin de l’année dernière, le volume des souscriptions ainsi que les différents outils de gestion de la liquidité permettent une gestion normale des demandes de retraits. Nous n’observons pas de difficultés particulières sur le marché dans les données transmises par les gérants au premier trimestre 2023. »
Des valorisations qui commencent à baisser
Les différents marchés immobiliers (résidentiel, bureaux, commerce …) devraient reprendre leur souffle dans les moins à venir. Les transactions seront logiquement moins nombreuses. La remontée rapide des taux d’intérêt en 2022 a également eu un impact négatif sur l’évolution des valeurs d’expertises en fin d’année. Après une progression de 1,36 % en 2021, les valeurs de réalisation par part des SCPI ont diminué de 2,4 % en 2022. Le rendement global immobilier des SCPI s’établit à + 2,1 % en 2022. Ces baisses sont toutefois d’une ampleur très différente selon les zones géographiques et les classes d’actifs.
Les détenteurs de parts de SCPI devront donc veiller, au cours des prochains moins, à ce que le prix des parts actuel reste bien supérieur à la valeur de la SCPI, appelée valeur de reconstitution. Plus celle-ci est élevée, plus la SCPI sera à même de résister à d’éventuelles fluctuations.
Les facteurs de résistances pour le marché des SCPI
La France est le second marché européen des fonds non cotés en 2021, derrière l’Allemagne avec 220 milliards d’euros d’actifs nets gérés. L’hexagone profite donc d’un marché profond et d’acteurs peu endettés.

Des rendements qui se stabilisent
Les SCPI s’adressent principalement aux épargnants qui souhaitent se constituer des revenus complémentaires et disposant d’un horizon de placement très important (au moins 8 ans).
Ces véhicules démontrent jusqu’à présent une certaine résilience. Ceux-ci ayant, dans leur immense majorité, traversé la crise du covid-19 sans encombre.
Et pour l’instant, les SCPI jouent également leur rôle de « rempart contre l’inflation » grâce à l’indexation sur l’Indice des Loyers des Activités Tertiaires (ILAT) ou encore l’Indice des Loyers Commerciaux (ILC), eux-mêmes calculés selon l’évolution des indices représentatifs du niveau des prix à la consommation.
Tant et si bien que les rendements des SCPI demeurent stables, et même en très légèrement hausse l’année dernière. Les taux de distribution se sont établis à 4,53 % en moyenne l’an passé, contre 4,49 % en 2021. Et pour 2023, « Les gérants de SCPI anticipent, dans leur grande majorité, des niveaux comparables à ceux de 2022 » tient à préciser Jean-Marc Coly.
Selon le rapport trimestriel de l’Aspim, les acomptes distribués par les SCPI au cours du premier trimestre 2023 sont stables par rapport aux distributions du premier trimestre 2022. Rapporté au prix de référence au 1er janvier 2023, le taux de distribution moyen servi par les SCPI, toutes catégories confondues, s’établit à 1,06 % pour le premier trimestre 2023, dans la lignée des années précédentes.
Précision : Les SCPI « diversifiées » ont réalisé une très belle année 2022, avec un taux de distribution moyen de 5,63 %, suivi de près par les SCPI « Logistiques et locaux d’activités » (5,48 %). Les SCPI à prépondérance « hôtels, tourisme, loisirs » ont renoué avec des niveaux de distribution d’avant pandémie (5,09 % en 2022 contre 2,85 % en 2021). Les SCPI « santé et éducation » furent également à l’honneur (4,78 %).
Une offre diversifiée
Les SCPI françaises, notamment celles disposant d’un nombre important d’actifs sous gestion, proposent une meilleure gestion du risque. En effet, la SCPI détenant de nombreux immeubles, les risques liés aux sinistres ou aux loyers impayés sont mutualisés et donc fortement réduits.
Ce constat est d’autant plus vrai pour les SCPI « Diversifiées » qui investissent dans différents types d'actifs immobiliers tels que des bureaux, des commerces, des entrepôts ou encore des hôtels. Depuis plusieurs années, on note également le lancement de véhicules spécialisés dans le résidentiel, la santé, la logistique ou l’investissement en Europe (Allemagne, Espagne, Italie, Pays-Bas …), offrant ainsi la possibilité aux épargnants de panacher leurs investissements sur plusieurs types d’actifs.
Pour autant, les actifs « traditionnels » (bureaux, commerces, logistique et activité) phagocytent encore la majorité de la collecte. Ils ont concentré près de 75 % des investissements en 2002. L’investissement dans les actifs « alternatifs » a atteint 26 %, grâce à l’essor de la santé et de l’immobilier de services (résidences séniors, résidences étudiantes, cliniques, hôtels).
Autre bonne nouvelle pour les souscripteurs, le taux d’occupation financier des SCPI s’établit en moyenne à 93 % pour l’année 2022. Autrement dit, les immeubles détenus par ces véhicules répondent à une véritable demande et sont très largement occupés par des locataires.
Un faible taux d’endettement
Comme nous l’avons vu précédemment, le contexte macroéconomique est peu porteur pour 2023, freiné par les hausses de taux et la persistance des pressions inflationnistes. Ces incertitudes nous amènent à surveiller les véhicules qui se seraient fortement endettés pour financer leurs acquisitions. La réglementation prévoit, à ce titre, un endettement maximum de 40% de la valeur de l'actif. Mais, là aussi, les SCPI françaises ont fait preuve d’une certaine prudence. Jean-Marc Peter, le directeur général du groupe Sofidy : « les caractéristiques des SCPI sont assez protectrices. Elles sont peu endettées. Les plus agressives l’étant à hauteur de 20 % maximum. En outre, ces structures profitent de conditions de financement sécurisées à des taux fixes, avantageux (inférieurs à 2%), amortissables et sur des maturités longues. »
Nos conseils pour bien gérer votre portefeuille de SCPI
Comme pour une maison ou un appartement, les parts de SCPI peuvent voir leurs valeurs fluctuer au fil du temps. C'est pourquoi il convient d'être vigilant quant à la qualité et la liquidité du produit.
Pour réaliser le meilleur choix de SCPI dans un univers qui peut sembler parfois nébuleux, il convient de prendre quelques précautions et de s’assurer que certains critères clés sont remplis.
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La capitalisation
La capitalisation d’une SCPI est un indicateur à prendre en compte. Une capitalisation élevée implique, en principe, une bonne diversification des actifs et par conséquent une exposition aux risques moindre.
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La diversification
La diversification est à notre sens la règle d’or en matière de sélection de SCPI permettant une mutualisation des risques optimale. La diversification doit ainsi s’opérer à plusieurs niveaux, notamment sur les secteurs d’activité, les zones géographiques ainsi que sur le nombre d’immeuble et de baux.
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La qualité des locataires
Pensez à vérifier la solidité et la taille des locataires. Tout en sachant qu’il est préférable que les loyers perçus par la SCPI ne reposent pas sur un nombre restreint de locataires.
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L’emplacement des actifs
Sur l’immobilier tertiaire, comme le résidentiel, l’emplacement est un élément clé. Les emplacements au cœur des plus grandes métropoles permettent, plus que jamais, « d’avoir une forme de Pricing Power vis-à-vis des locataires et de pouvoir faire passer les indexations de loyer. »
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La durée des baux restants
« La durée ferme des baux restant à courir » est critère peu évoqué, à tort. Une durée supérieure à 5/6 ans offre en général une bonne visibilité sur les revenus et donc sur les performances futures.
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La trésorerie
Les SCPI peuvent se constituer « un matelas de sécurité » prenant la forme d’un « report à nouveau » (RAN) dans le bilan comptable. En cas de besoin, les sociétés de gestion peuvent ainsi piocher dans cette réserve pour préserver le dividende versé aux associés, et se prémunir contre les aléas locatifs (locaux inoccupés, défauts de paiement d’un locataire …).
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L’endettement
Comme évoqué dans notre article, le changement de paysage économique doit vous amener à contrôler le niveau d’endettement des SCPI de votre portefeuille. Si dans la très grande majorité des cas, ces véhicules d’investissement ont gardé sous contrôle leur niveau d’endettement, certaines dépassent toutefois la barre des 30 %. Ce n’est bien évidemment pas « éliminatoire », mais dans le cadre d’une allocation équilibrée, mieux vaut en tenir compte.
Conclusion
Si l’immobilier est souvent considéré comme un rempart aux spirales inflationnistes, les loyers étant ajustés à ces indicateurs, la hausse des taux doit être prise très au sérieux. Le changement de politiques monétaires menées par les banques centrales a, sans surprise, mis le marché immobilier sous tension. Pour autant les SCPI montrent une belle résistance. Si la collecte s’essouffle et les valorisations baissent, les rendements se maintiennent à des niveaux attractifs.
Malgré tout, la hausse des taux d’intérêt offre davantage d’alternatifs aux investisseurs, par rapport à un monde à taux 0. Les produits structurés à capital garanti, fonds obligataires à échéances, voire même les placements monétaires peuvent proposer des taux attractifs pour une prise de risque modérée.
Dans ce contexte, les SCPI restent intéressantes, à condition toutefois de réaliser un travail de sélection pertinent et de bien en mesurer les risques. À cet égard, notre politique de sélection s’est toujours attachée à constituer un portefeuille diversifié portant sur des SCPI à même de garantir la sécurité de nos clients. La recherche d’un rendement élevé sans une prise en compte mesurée des différents risques ne peut pas, à notre sens, s’avérer payante sur la durée.
Olivia Blanchard (AFR) : « La Taxonomie Verte européenne n'est pas encore terminée »
Pierre angulaire du Pacte vert européen, la Taxonomie Verte Européenne désigne la classification des activités économiques ayant un impact favorable sur l'environnement. Des activités qui répondent à des critères d'examen technique très précis qui ont été décidés par des comités scientifiques. Olivia Blanchard, présidente de l’association des Acteurs de la Finance Responsable et membre du jury du Prix de la Finance Verte 2023, revient sur le fonctionnement de cette taxonomie et évoque son avenir.
Scala Patrimoine. Qu’est-ce que la taxonomie « verte » européenne ?
Olivia Blanchard. La taxonomie verte européenne est la pierre angulaire du Pacte vert européen de 2018. Ce texte fondateur est comparable à un dictionnaire de la durabilité qui va définir les activités éligibles à la taxonomie, c'est-à-dire « vertes ». Ces activités répondent à des critères d'examen technique très précis décidés par des comités scientifiques. L’idée étant d’arriver à une harmonisation de la définition de durabilité au niveau de l'Union européenne.
Scala Patrimoine. Comment la taxonomie s’intègre-t-elle dans l’ensemble de la réglementation sur la finance durable ?
Olivia Blanchard. La taxonomie européenne est une réglementation qui s'applique notamment aux émetteurs. Ces derniers vont devoir déclarer la part de leur activité éligible à la taxonomie européenne. Cet alignement, ce pourcentage, est fondamental pour les investisseurs et les financeurs qui, eux, se voient appliquer d'autres réglementations (SFDR …) qui demandent plus de transparence. Cette information va s'intégrer dans le nouveau reporting financier. Pour qu'un investisseur puisse comprendre la part de ces flux financiers fléchée vers des investissements dits « verts » ou durables.
« L'objectif est d'obtenir une harmonisation de la définition de durabilité au niveau de l'Union européenne »
Scala Patrimoine. Quelles sont les limites de ce règlement ? Quelles évolutions attendez-vous ?
Olivia Blanchard. Aujourd'hui, la taxonomie européenne est un texte très complexe. Cela fait plusieurs années qu’il y a des discussions autour de son contenu et de son périmètre. Plus les années passent et plus le champ s'élargit. On se souvient, par exemple, qu’en décembre 2022, in extremis, a été inclus le gaz et le nucléaire.
Et là, en mars 2023, de nouveaux éléments sont intervenus, notamment avec l'inclusion de l'aviation et du secteur maritime. Donc aujourd'hui, c'est un texte qui est constamment en évolution, qui n'est pas encore terminé. Alors que des réglementations s'appuient impérativement sur ces textes, celui-ci est encore bancal, ce qui crée une fragilité de tout le dispositif réglementaire de la finance durable.
Scala Patrimoine. Le degré d’alignement des fonds d’investissement à la taxonomie est très faible. Ces derniers ont-ils les moyens de progresser ?
Olivia Blanchard. Aujourd'hui, le problème majeur auquel des investisseurs et des financeurs est qu'ils font face à une taxonomie qui n'est pas terminée. Qu’est-ce qui est vert et qu'est-ce que je finance ? Qu’est-ce qui n'est pas vert ? Si on regarde les chiffres publiés par les financeurs et les investisseurs, on se rend compte qu'ils sont très faibles. Mais parce qu’aujourd’hui, cette donnée n'existe pas ou demeure encore insuffisante. Donc forcément, ça va progresser, si tant soit peu qu'on arrive à préserver l'intégrité de la taxonomie européenne.
https://www.youtube.com/watch?v=bo1GZD5vntE
Le rendez-vous des marchés financiers – Mai 2023
Marchés financiers & économie : les points clés
- Les difficultés des établissements bancaires américains de taille moyenne favorisent la concentration du secteur. Dernière opération de M&A en date : le rachat de la First Republic Bank par JP Morgan Chase ;
- La Banque centrale européenne (BCE) a une nouvelle fois augmenté ses taux directeurs pour contrer l'inflation, jugée encore trop élevée ;
- Le Premier ministre chinoise Li Qiang a affirmé que la Chine « s'en tiendrait résolument à l'ouverture et que le pays serait une force de prospérité dans le monde au cours des prochaines années ». La Chine vient d’ailleurs d’enregistrer une croissance de 4,5 % au premier trimestre 2023 sur un an ;
- Les marchés financiers poursuivent leur ascension.
Marchés financiers : le retour des valeurs de la Tech
Les turbulences du secteur bancaire sont-elles désormais un lointain souvenir ? C’est en tout cas ce que les récentes performances des marchés financiers pourraient nous laisser penser ! Depuis, le pic du mois de mars, la volatilité a sensiblement baissé. L’indice VIX, aussi appelé l’indice de la Peur, est en effet passé de 26 à 18.
Ce retour au calme a permis aux marchés financiers de poursuivre leur ascension. Porté notamment par le secteur du Luxe, le CAC 40 flirte aujourd’hui avec les 7 400 points. Aux États-Unis, les valeurs stars de la tech sont - elles aussi - de retour sur le devant de la scène, après une année 2022 particulièrement difficile.
Les bénéfices cumulés par les GAFAM au cours du 1er trimestre 2023 ont augmenté de 8 %, sur un an, tandis que l’émergence de l’IA leur offre de nouvelles perspectives. Dans ce contexte, le rebond de certains titres demeure tout de même spectaculaire ! Depuis le 1er janvier, Facebook s’envole de près de 94 %. Apple grimpe de 32 % tandis que Salesforce et Microsoft gagnent respectivement 52 % et 28 %. Ces performances cachent toutefois de grandes disparités entre les entreprises. 90 % de la performance du S&P 500 étant l’œuvre de seulement 10 valeurs !
Et devinez qui l’on retrouve dans le sillage de la tech US ? Les cryptomonnaies ! Après la pluie vient le beau temps.
À l’inverse, et c’est une bonne nouvelle, le marché des matières premières continue de se détendre. Le prix du pétrole brut (Brent) abandonne 11 % en 2023. Les cours du gaz naturel chutent également de près de 50 %. Une tendance qui touche de nombreuses matières premières agricoles, comme le blé (-18 %).

États-Unis : la FED poursuit sa politique de hausse des taux
First Republic Bank racheté par JP Morgan
La chute de la Silicone Valley Bank a sapé la confiance des entreprises et des particuliers envers les banques régionales et les établissements de taille moyenne. On assiste depuis quelques semaines à un véritable exode vers les plus grands établissements bancaires US (JP Morgan, Citibank, Wells Fargo …). Hélas, ce « bank run » fragilise encore davantage les plus petits établissements, qui n’ont pas les reins assez solides pour subir un tel retrait de dépôts.
Dernière victime en date : la First Republic Bank dont les clients avaient retiré plus de 100 milliards de dollars de dépôts au cours des trois premiers mois de l’année. Pour sauver l’argent des déposants, les autorités américaines ont pris le contrôle de la banque régionale puis revendu la grande majorité des actifs à JP Morgan Chase. Une procédure qui acte la deuxième plus grosse faillite bancaire de l’histoire des États-Unis, après celle de Washington Mutual en 2008.
Pour rassurer les Américains, Joe Biden, le président des États-Unis, a tenu à rappeler qu’aucun déposant ne perdrait de l’argent lors d’une faillite d’un établissement bancaire : « Les dépôts de tous les clients sont protégés, les actionnaires perdent leur mise et surtout, les contribuables ne sont pas sollicités ».
L’économie américaine au ralenti
Malgré les péripéties de son secteur bancaire, l’économie US continue de bien résister, grâce notamment à la bonne tenue de la consommation des ménages. 253 000 emplois ont encore été créés en avril tandis que le salaire moyen a augmenté de 4,4% sur un an. Les dépenses de services restent aussi très solides, amenant une hausse de la consommation totale d’environ 4 % en rythme annualisé.
Pourtant, plusieurs indices témoignent d’un ralentissement de l’économie américaine. Au premier trimestre 2023, le produit intérieur brut (PIB) américain a augmenté de 1,1 % sur un an, alors que le taux de croissance était encore de 2,6% au quatrième trimestre 2022.
Autre élément qui plaide en faveur d’un coup de frein de l’économie US : le marché du travail américain montre de premiers signes d’essoufflement. Selon un rapport de l'agence pour l'emploi Challenger, près de 90 000 licenciements ont été annoncés en mars, soit 15% de plus qu'en février. La forte baisse des offres d’emplois et la tendance à la hausse des demandes d’allocations chômage traduisent également les inquiétudes des acteurs économiques.
Nouvelle baisse des taux de la FED
L’action de la banque centrale américaine commence, quant à elle, à porter ses fruits : l’inflation recule. L’indice global des prix à la consommation est ressorti en hausse de 4,9 % en glissement annuel en avril, contre 6 % en février et 5 % en mars. Seulement, l'inflation « core », l'inflation hors énergie et alimentaire, avait progressé de 5,6 % en mars, en raison notamment de la hausse des prix des services et des loyers.
Une situation qui « contraint » la Réserve fédérale américaine (FED) à poursuivre sa politique de remontée des taux d’intérêt. L’institution dirigée par Jerome Powell vient ainsi d’augmenter son taux directeur pour la dixième fois d'affilée, portant ce dernier de 5 % à 5,25 %.
Qu’en sera-t-il dans les mois à venir ? Le Comité fédéral de marché ouvert (FOMC) laisse la porte ouverte à un allégement de sa politique monétaire. Celui-ci ayant indiqué qu’il était désormais temps de « déterminer dans quelle mesure un resserrement supplémentaire pourrait être approprié ». Autrement dit, les responsables de la FED scruteront de près les prochaines publications économiques pour décider de la nécessité ou non de resserrer encore leur politique monétaire afin de ramener l'inflation à leur objectif de 2 %.
Zone Euro : le temps des incertitudes
Une croissance molle
Les dernières publications d’activité en zone euro laissent planer le doute sur la capacité de l’économie européenne à éviter la récession. Parmi les points négatifs figurent les ventes en détail en recul d’environ -0,3 % par trimestre. Mais, on constate également un fort rebond de la production industrielle (+1,4 % par trimestre).
Dans l'ensemble, la croissance annuelle moyenne du PIB en volume devrait marquer le pas pour s'établir à 1,0 % en 2023 (après 3,6 % en 2022), avant de rebondir à 1,6 % en 2024 et 2025.
Une inflation toujours importante ?
Après 4 mois consécutifs de baisse, l’inflation a légèrement rebondi en zone euro. Celle-ci est de 7 % en avril, en glissement annuel (contre 6,9 % en mars.). Si l’on met de côté les éléments volatils que sont les prix de l'énergie et les prix de l'alimentaire, l'inflation « core » est de 5,6 %.
Sans surprise, la Banque centrale européenne (BCE) a donc relevé une nouvelle fois ses taux directeurs pour contrer cette inflation, jugée encore trop élevée. Cette hausse d’un quart de point fait passer le taux de dépôt à 3,25 % et le taux de refinancement à 3,75 %. Et pour ceux qui anticipent déjà la fin de cette politique de hausse des taux, la partie semble mal engagée. Christine Lagarde, la présidente de la BCE, a réaffirmé sa volonté d’enrayer la spirale inflationniste : « nous sommes déterminés à juguler l’inflation et à la ramener au plutôt au niveau de notre objectif de 2 % à moyen terme. Pour ce faire, nous avons déjà pris des mesures de politique monétaire de grande ampleur, mais il reste du chemin à parcourir. »
La note de la France dégradée
C’était une décision attendue depuis plusieurs mois. L’agence de notation Fitch vient de dégrader la note de la France. Alors que le pays disposait encore de la note maximale (AAA) en 2012, il est tombé à AA+ en 2013, puis AA en 2014 pour aujourd’hui chuter à AA-.
L’agence de notation pointe notamment du doigt l’aggravation de la situation des comptes publics. Cette année, le déficit public devrait encore s’établir à 4,9% de PIB en raison notamment du maintien des mesures de protection des ménages et des entreprises face aux effets de l'inflation. Quant à la dette publique, elle est désormais évaluée à 2 950 milliards d'euros, soit environ 115 % du PIB.
La dégradation de la note de la France est une mauvaise nouvelle, car cela pourrait notamment contraindre le pays à emprunter à des taux d’intérêt plus élevés, réduisant encore un peu plus ses latitudes financières.
La Chine : un partenariat profitable avec la Russie
L’empire du Milieu commence tout doucement à tirer profit de l’assouplissement de sa politique Covid. Cinq mois après la réouverture de son économie, tous les voyants semblent au vert.
Cap vers les 5,5 % de croissance
Selon les chiffres publiés par le Bureau national des statistiques (BNS), la Chine a enregistré une croissance de 4,5 % au premier trimestre 2023 sur un an. La reprise du pays est notamment stimulée par la demande intérieure. Les ventes au détail ont grimpé de 5,8 % sur la même période. D'autres indicateurs, comme le trafic aérien, montrent également des signes d’une forte reprise. Celui-ci s'est considérablement redressé depuis février 2020, passant d'environ 8 millions de personnes par mois à 43 millions en février dernier. Moteur traditionnel de l’économie du pays, la production manufacturière a, de son côté, augmenté de 4,2% en glissement annuel, grâce à un bond massif de 13,5% de la production automobile.
Autre bonne nouvelle, le secteur de l’immobilier retrouve des couleurs. Les volumes des transactions immobilières ont augmenté de 44% en glissement annuel en mars dans les 30 plus grandes villes.
La Banque populaire de Chine a, par ailleurs, maintenu le taux de facilité de prêt à moyen terme d'un an inchangé à 2,75%.
Tout porte donc à croire que la Chine sera capable d’atteindre les 5,5 % de croissance en 2023, son objectif initial.
Surtout que la Chine bénéficie de ses bonnes relations avec la Russie pour importer du pétrole à bas prix. Selon Reuters, elle rachèterait des barils de pétrole, provenant de la région Russe de l'Oural, à 14 dollars en dessous des prix du Brent, soit une « ristourne » de 17 %. Preuve du lien de plus en plus étroit qui mêle les deux économies, les importations chinoises en provenance de Russie ont augmenté d'environ 25% par rapport à 2022, et la Russie a remplacé l'Arabie saoudite en tant que premier fournisseur de pétrole brut de la Chine.
La Chine joue-t-elle avec le feu ?
La guerre en Ukraine a redistribué les cartes sur le plan diplomatique. Parmi les deux superpuissances mondiales, les États-Unis se sont rangés derrière les Ukrainiens, tandis que la Chine, sous couvert d’une certaine neutralité, a renforcé ses liens avec la Russie. Le point d’orgue de cette nouvelle amitié fut la visite d’état réalisée par le président chinois Xi Jinping en Russie, en mars dernier. En l’espace de quelques semaines, les tensions entre la Chine et les USA sont donc montées d’un cran. Et pour ne rien arranger à la situation, la Chine accentue la pression sur Taïwan avec des manœuvres militaires non dissimulées.
L’indice Geopolitical Risk Index, établi par la Réserve fédérale américaine, a atteint un sommet depuis l’invasion de l’Irak en 2003. Dans les mois à venir, la Chine devrait toutefois « temporiser », afin d’orchestrer dans les meilleures conditions sa reprise économique. Mais à plus long terme, une ère de tensions des plus périlleuses pourrait bien s’ouvrir.
Les convictions de Scala patrimoine sur les marchés financiers
Si l’on s’en fit à certains indicateurs économiques, une ambiance de fin de cycle économique semble régner aux États-Unis, en raison notamment de la fin à venir du cycle de hausse des taux et une inflation qui vient de passer sous la barre des 5% pour la première fois depuis 2 ans. En Europe, la machine se grippe également. Le Bank Lending Survey a montré que 46% des banques ont restreint leur offre de crédit et cette tendance devrait s’accentuer au cours de l’année.
Cet environnement impacte la demande qui montre des signes de ralentissement depuis plusieurs mois, mais ne s’est pas encore illustré dans la publication des résultats d’entreprises. Une résistance qui doit malheureusement être nuancée. D’une part, nous avons observé de fortes révisions à la baisse sur les perspectives de bénéfices pour ce premier trimestre. D’autre part, nous constatons que la réaction des marchés a été particulièrement sévère pour les entreprises qui ont généré ces résultats par la hausse des prix et non l’effet volume.
La prudence reste donc de mise. Nous voyons un décalage entre la macroéconomie qui se dégrade et la microéconomie qui se maintient. Ce déséquilibre pourrait se résorber dans les prochains mois.
Marchés financiers : se préparer à tous les scénarios
Nous avions adopté une vision très prudente sur les marchés financiers dès le mois de mars. Les faillites bancaires et autres banques régionales américaines en difficulté continuent d’être occultées par les marchés. À nouveau, la diversification et la sélection des valeurs sont la clé de voute de nos investissements. Les valeurs à fort potentiel de croissance, faiblement endettées, bénéficiant de parts de marché conséquentes sur leur secteur d’activité avec des barrières à l’entrée importantes, sont les plus à même de voir leurs marges plus faiblement impactées dans un contexte économique qui se détériore.
Sur le long terme, nos convictions thématiques restent inchangées. Investir en faveur des entreprises qui agissent pour l’accélération de la transition énergétique est stratégique pour les années à venir. Ces valeurs ont d’ailleurs fortement souffert l’année dernière, souvent due à leur biais "croissance". Il peut être judicieux de saisir les opportunités observées sur certaines valeurs.
Marchés obligataires : de nombreuses opportunités sur les marchés financiers
Alors que nous arrivons en fin de course du cycle de hausse des taux directeurs, et que le risque de récession augmente, la classe obligataire offre sans nul doute des opportunités. Malgré la baisse des taux de rendement sur les trois derniers mois (50 pb en moyenne) le niveau reste toujours attrayant et est comparable à celui observé au début des années 2010.
Nous privilégions les obligations de qualité, dites « investment grade ». En effet les spreads restent encore intéressants relativement au taux de défaut. Les obligations à haut rendement (« High Yield ») quant à elles offrent des rendements plus importants, mais la dégradation du contexte économique augmente les risques de défaut.
La maitrise de la duration des portefeuilles reste toujours de mise. Dès lors que nous aurons confirmation d’un ralentissement durable de l‘inflation sous-jacente et d’une dynamique claire de baisse des taux longs, il pourra être judicieux d’augmenter la duration des portefeuilles.
Les produits structurés : une alternative aux marchés financiers traditionnels
Les produits structurés peuvent être réalisés sur mesure selon les objectifs et le profil de l’investisseur, et constituer une alternative aux marchés financiers traditionnels. Ceux à capital garanti proposent d'ailleurs, sur des horizons d’investissement à moyen terme, des rendements bien plus attractifs que le fonds en euros. Globalement, le type de sous-jacent, ainsi que le niveau de protection du capital permet de répondre à des objectifs d'investissement variés. Cependant, il est important de comprendre les risques associés à ces produits et il est recommandé de bien se faire accompagner dans la structure de ces instruments financiers.
Le private equity : un Momentum intéressant ?
La classe d’actifs peut-elle bénéficier des incertitudes économiques ? C’est en général dans de telles périodes qu’investir sur des sociétés non cotées est le plus intéressant. Les prix se négociant à la baisse par rapport aux périodes économiques les plus fastes. À condition toutefois de choisir les meilleurs gestionnaires, capables de performer dans toutes les situations. Tous comme les valeurs cotées en bourse, la qualité de sélection des instruments reste donc primordiale au regard de l’écart de performance observé entre les fonds de private equity justifiant l’importance d’un accompagnement par un professionnel indépendant.
Le nouveau visage du label ISR
Depuis plusieurs mois, le Label ISR cristallise les critiques. La présence de sociétés pétrolières dans les portefeuilles labélisés, le manque de contraintes pesant sur les gérants ou, plus récemment, le scandale Orpea ont – il est vrai - exposé ses manques au grand jour. Pour redonner de la crédibilité à ce label, Bercy a donc demandé au comité du label ISR de mener à bien une réforme d’envergure.
Après plusieurs mois de travail, le comité dirigé par Michèle Pappalardo, vient de dévoiler ses recommandations, avec en toile de fond la volonté de proposer : « un label plus exigeant, plus lisible et plus efficace pour accompagner les progrès de la finance vers une économie plus durable. ».
Pour atteindre cet objectif, le travail du comité s’appuie sur trois axes majeurs :
- Le renforcement des exigences de sélectivité ;
- L’exigence de double matérialité ;
- L’intégration systématique de la dimension climat.
Parmi les mesures les plus emblématiques de la réforme, on notera l’application d’exclusions sectorielles (tabac, charbon).
Une plus grande sélectivité
Le label ISR va conserver son caractère généraliste, intégrant les bonnes pratiques en matière environnementale, sociale et de gouvernance. Les gérants devront ainsi obligatoirement prendre en compte chacune de ces dimensions dans leur notation ESG globale. Mais le comité du label veut également aller plus loin, en renforçant l’exigence de leur approche.
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L’approche en sélectivité
Cette stratégie a pour but de réduire l’univers d’investissement des fonds en excluant les sociétés ayant une note ESG insuffisante. La réforme prévoit un durcissement des conditions d’entrées en faisant passer la sélectivité de 20% à 30%. Les gérants ne pouvant ainsi plus investir dans les 30% plus mauvaises entreprises de leur univers d’investissement.
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L’approche en amélioration de note
Avec cette approche, la note ESG moyenne du fonds doit être significativement supérieure à celle de son univers d’investissement. Le comité du label ISR propose que les fonds choisissant cette approche doivent calculer la note moyenne de leur univers d’investissement en retirant les 30% plus mauvaises notes du calcul, contre 20% à ce jour.
Une exclusion de certains des secteurs les plus controversés
Le label ISR français était un des seuls labels européens qui n’excluait pas les financements dans les énergies fossiles. Un état de fait qui concentrait de vives tensions de la part des associations œuvrant en faveur d’une finance plus durable. Le comité du label ISR a donc saisi l’occasion de cette réforme pour intégrer plusieurs exclusions sectorielles.
En matière environnementale, le projet fermera la porte aux entreprises œuvrant dans le secteur du charbon ou des énergies fossiles non conventionnelles (gaz de schiste par exemple). Par ailleurs, le comité propose d’exclure les producteurs d’électricité dont les émissions de gaz à effet de serre sont trop élevées par rapport aux objectifs de l’Accord de Paris.
Sur le plan social, le projet prévoit l’exclusion des émetteurs soupçonnés de violation des droits humains fondamentaux, exposés à l’armement controversé ou encore au tabac.
Enfin, concernant la gouvernance, les gérants devront écarter les États présentant des lacunes en matière de lutte anti blanchiment et contre le financement du terrorisme. Ces critères s’appliqueraient également aux entreprises domiciliées dans les États concernés.
Précision : le projet institutionnaliserait certaines pratiques pour mieux gérer les controverses (comme des outils d’alerte) et renforcer les exigences en matière d’engagement actionnarial. Les fonds seront ainsi tenus de faire valoir leur droit de vote dans plus de 90% des assemblées générales.
L’exigence de « double matérialité » du label ISR
La nouvelle mouture du Label ISR devrait introduire la notion de « double matérialité ». Un concept qui vise à étudier conjointement l’impact de l’environnement, des aspects sociaux et de gouvernance sur les entreprises et l’impact de l’entreprise sur ces mêmes aspects "ESG".
Une réforme qui va demander aux gérants d’analyser « tous les potentiels effets négatifs de chaque entreprise sur l’ensemble des thématiques de durabilité (par exemple la contribution au changement climatique, l’atteinte à la biodiversité, la pollution de l’eau, la discrimination des genres). »
Un accompagnement pour la transition écologique des entreprises
Le comité du label ISR souhaite accompagner la transition des entreprises, en particulier dans les secteurs ayant les plus fortes émissions de gaz à effet de serre. L’idée étant de valoriser les fonds investissant dans les entreprises qui s’engagent à atteindre la neutralité carbone en 2050 et à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre d’au moins 55 % d’ici à 2030.
Le projet prévoit la mise en place, pour ces entreprises, d’un suivi progressif, plus strict, avec des cibles de réduction carbone à court, moyen et long terme. « Si la trajectoire initiale, les moyens et la gouvernance ne sont pas cohérents avec l’Accord de Paris, l’entreprise ne peut pas être intégrée dans le fonds. Si, dans un second temps, elle ne respecte pas sa trajectoire, le fonds devra utiliser sa politique d’engagement pour corriger l’écart et, en cas d’échec, devra sortir l’entreprise de son portefeuille » précise les membres du comité.
Le Calendrier de la réforme du label ISR
Une consultation s'est ouvert jusqu'au 31 mai 2023 pour recueillir les propositions des professionnels de la gestion d’actifs. Le projet sera ensuite dans les mains du ministre de l’Économie et des finances qui validera ou non le projet.
Comité du label ISR, 18 avril 2023
Le rendez-vous des marchés financiers - Avril 2023
Marchés financiers & économie : les points clés
- La volatilité est retombée sur les marchés financiers, après les turbulences provoquées par les craintes sur le secteur bancaire ;
- Plusieurs indicateurs économiques indiquent un ralentissement de l’économie américaine ;
- Les banques centrales pourraient bientôt annoncer la fin de la hausse de leurs taux directeurs ;
- La Commission européenne a présenté son projet « Net-Zero Industry Act », pour soutenir la transition climatique de l’industrie européenne.
Retour au calme sur les marchés financiers ?
Après la pluie vient le beau temps sur les marchés financiers. La tempête enclenchée par la chute de plusieurs banques régionales aux États-Unis laisse aujourd’hui place à une période d’accalmie bienvenue. Les investisseurs semblent avoir été rassurés par les décisions prises par les États et les Banques Centrales pour préserver le système bancaire.
Les marchés actions renouent ainsi avec leur plus haut historique. C’est notamment le cas du CAC 40 qui a atteint, en cours de séance, les 7401 points.
Cette confiance retrouvée des investisseurs se matérialise également par la détente des principaux indicateurs de stress. L’indice de la peur, l’indice Vix, qui mesure la volatilité des marchés actions, est ainsi retombé à 18,7, contre 26,52 au plus fort de la crise bancaire, le 13 mars 2023.
Sur les marchés obligataires, les pressions s’atténuent également un peu. L'indice de CDS (« Credit Default Swaps ») iTraxx Crossover, mesurant le coût de l'assurance du risque de défaut d'une entreprise ou d'un État sur sa dette, s’est resserré de près de 70 points de base et s’échange de nouveau sous les 450 points de base. Même topo sur les obligations d’État. Le Bund allemand à 10 ans retombe à 2,28 % et le T-note américain à 10 ans est à 3,35 %.
Pour autant, les inquiétudes ne sont pas toutes levées, notamment du côté des banques régionales américaines. Les marchés financiers préfèrent toutefois voir le verra à moitié plein et se concentrer sur les bonnes nouvelles : le recul de l’inflation et la résistance des principales économies mondiales.

Partie de Monopoly dans le secteur bancaire
Les États et les Banques Centrales sont à la manœuvre pour endiguer toutes les craintes qui agitent le secteur bancaire. L’idée étant de sauver les déposants des banques en difficulté et d’injecter toutes les liquidités nécessaires pour permettre aux établissements financiers de se refinancer.
Credit Suisse : l’interventionnisme des autorités
Sur le sauvetage du Credit Suisse, UBS n’a pas vraiment eu son mot à dire. L’État fédéral suisse ayant poussé la banque helvétique numéro a racheté son concurrent, dans le cadre d'une opération évaluée à trois milliards de francs suisses (3,04 milliards d'euros). Ce rapprochement va tout de même donner naissance à la quatrième plus grande banque du monde, avec 5 000 milliards de francs suisses d’actifs sous gestion et 120 000 employés.
Les autorités suisses n’avaient, il est vrai, pas d’autres choix que d’intervenir. Une faillite du Credit Suisse aurait créé un effet domino dévastateur, emportant surement d’autres banques au passage et fragilisant une économie très dépendante de son secteur financier.
Pour mener à bien cette fusion, UBS a rappelé son ancien dirigeant, Sergio Ermotti. Parti en 2020, il avait contribué au retour sur le devant de la scène du groupe, dont l’image avait été, à l’époque, entachée par plusieurs scandales.
Deutsche Bank, victime de l’avidité de fonds spéculatifs ?
Il y a quelques semaines, Deutsche Bank annonçait un bénéfice net de 1,8 Md€ au cours du dernier trimestre 2022, dépassant largement les attentes des analystes. Et pourtant la banque allemande se retrouve mise en difficulté sur les marchés financiers. Son titre boursier a chuté, attaqué par des fonds spéculatifs ayant investi massivement sur la baisse de l’action de la Deutsche Bank via des CDS (contrats d’échange sur défaut).
Pour éteindre l’incendie, la banque allemande n’a pas eu d’autre choix que d’annoncer le rachat prématuré d'une obligation subordonnée « Tier 2 », ce qui a eu pour effet de rassurer les investisseurs sur sa solidité. Un épisode malheureusement, symptomatique de la tension qui règne autour du secteur bancaire.
Les coco bonds voient rouge
Sur le papier, les subordonnées bancaires (obligations Additional Tier 1), communément appelées Coco bonds, avaient tout pour plaire. Les investisseurs ne cachaient d’ailleurs pas leur appétit pour ce produit. Les titres offrent un rendement très attractif, alors que la qualité du bilan des établissements bancaires était en nette amélioration depuis la crise de 2008.
Hélas, les difficultés rencontrées par le Credit Suisse ont fait voler en éclat ces certitudes. L’établissement suisse ayant ramené à zéro ses titres dans le cadre de son rachat par UBS, ce qui a logiquement provoqué l’ire des investisseurs obligataires. Cette décision menace aujourd’hui clairement l’avenir de ces instruments et pourrait entrainer une augmentation des coûts de financement pour les banques, impactant ainsi le marché du crédit.
USA : Flight to quality ?
Si la Silicon Valley Bank a finalement trouvé son repreneur avec la banque First Citizens, la faillite de cet établissement pourrait bien remodeler le paysage bancaire américain. Une partie des clients des banques régionales douteraient, en effet, de la solidité de ces établissements.
Certains ont même déjà commencé à transférer leurs dépôts vers les grandes banques nationales américaines (Bank of America, Citigroup, JPMorgan Chase …). La banque californienne PacWest, 53e établissement bancaire américain par la taille de ses actifs, a ainsi vu ses dépôts fondre de 20 % depuis le début d’année.
Les États-Unis marquent le pas
Le resserrement drastique de la politique monétaire de la Fed commence à produire ses effets. L’inflation recule légèrement tandis que les données économiques se dégradent.
La FED monte une nouvelle fois ses taux
Si l’inflation a baissé à 6 %, en février, elle demeure toujours le sujet d’inquiétude numéro 1 des banquiers centraux. Le 22 mars dernier, Jerome Powell a donc relevé une nouvelle fois le taux de référence de la banque centrale américaine, de 25 points de base, pour le porter à 4,75% - 5%. En parallèle de cette annonce, le président de la FED a tenu à annoncer que la fin des hausses de taux était proche.
Cette nouvelle augmentation a cependant surpris quelques investisseurs, alors que les banques régionales américaines traversent une crise majeure. Surtout que ces banques financent 80 % de l’immobilier commercial, soit 1 800 Md$ de prêts. D’ailleurs, en l’espace d’un mois, 4 sociétés immobilières ont fait défaut sur leur dette. Les regards sont donc désormais tournés vers l’immobilier résidentiel, qui pourrait être une nouvelle victime collatérale de cette « crise ».
L’économie américaine s’enrhume
L’environnement économique s’annonce plus délicat en 2023 pour le pays de l’Oncle Sam. Plusieurs indicateurs font état d’un ralentissement assez net :
- Le ralentissement prononcé du crédit et la baisse des prix de l’immobilier ;
- La baisse des commandes de l’industrie de 0,7 % en février ;
- La baisse du moral des consommateurs (indice du Michigan) à 62 en mars contre 63,4 en février ;
- La diminution d’ouvertures de postes en février à 9,931 millions, contre 10,563 millions en janvier.
Ces différentes statistiques alimentent les inquiétudes autour d’une possible récession aux États-Unis. Et face à la persistance de l'inflation, Lisa Cook, l’une des gouverneures de la Réserve fédérale américaine, vient d’annoncer que l’institution ne « sera pas en mesure de répondre à son double mandat » et devra donc faire un choix : tendre vers des prix autour de 2% ou bien privilégier le plein emploi. Les investisseurs sont donc prévenus.
Europe : Économie in / Inflation out ?
En Europe, l’économie avance au ralenti mais devrait - selon toute vraisemblance - éviter la sortie de route. Le scénario d’une récession étant pour l’instant écarté.
Une baisse très nette de l’inflation
C’est la bonne nouvelle de cette première partie d’année : l’inflation globale recule fortement en mars à 6,9 % en rythme annualisé contre 8,5 % le mois précédent. Une baisse qui s’explique principalement par le reflux du prix de l’énergie, qui avait explosé en 2022, lors des premiers mois de la guerre en Ukraine.
Mais ce chiffre cache toutefois de très fortes disparités entre les pays de la Zone Euro. C’est en Espagne que la baisse est la plus spectaculaire (3.1% en mars contre 6% en février). En France, le niveau d’inflation est descendu à 5,6% en France, après 6,3% en février. A contrario, les tensions inflationnistes demeurent très élevées en Allemagne (7,4 %).
La BCE poursuit sa politique de hausse des taux
Malgré ce reflux de l’inflation, Christine Lagarde demeure fidèle à la ligne de conduite qu’elle avait présentée en début d’année. Elle a remonté de nouveau ses taux directeurs de 50 points de base pour porter le taux de dépôt à 3 % et le taux de refinancement à 3,5 %.
En sera-t-il de même au cours des prochains mois ? Une pause dans le resserrement de la politique monétaire de la BCE est possible. La présidente de l’institution européenne étant bien consciente que des secousses provoquées par l’inclinaison des politiques monétaires sont encore à prévoir : « On ne passe pas d'un monde de taux nuls ou négatifs à un monde de taux beaucoup plus élevés sans qu'il n'y ait des tensions et des problèmes ».
L’économie européenne résiste
En France, les tensions politiques et sociales, provoquées entre autres par la réforme des retraites, ont entamé le moral des ménages. Malgré tout, les dépenses de consommation n’ont baissé que de 0,8 %. Outre Rhin, l’Allemagne a enregistré un excédent commercial de 16 Md€ en février, contre un excédent de 10,7 Md€, un an auparavant. L’IFO, l’indicateur de climat des affaires allemand, est aussi très bien orienté. Une dynamique qui s’explique notamment par la réouverture de l’économie chinoise, l’un des partenaires économiques principaux de l’Allemagne.
En Grande-Bretagne, l’ambiance est très différente. L’inflation est toujours aussi importante. Elle a meme grimpé à 10,4 % en février contre 10,1 % en janvier. Une pression sur les prix qui a une nouvelle fois contraint la Bank of England à relever ses taux d'intérêt de 0,25 %.
Un accord sur un Mix énergétique
Les États-Unis ont « l'Inflation Reduction Act » (IRA). L’Europe aura bientôt le « Net-Zero Industry Act ». En réponse aux milliards de dollars déversés par l’État américain pour soutenir les entreprises du pays dans leur transition climatique, la Commission européenne a dévoilé son plan de bataille pour accélérer la transition verte du vieux continent.
L’objectif étant de contribuer au développement des industries européennes et de faire fabriquer sur le continent davantage de technologies propres, dans le but de couvrir 40 % des besoins d'ici à 2030.
Parmi les principales mesures annoncées figurent :
- Une simplification et une accélération des procédures et des octrois de permis pour les implantations industrielles ;
- L’ajout de critères environnementaux aux appels d'offres publics ;
- L’accélération sur le stockage du CO2 ;
- La création d’une banque de l'hydrogène pour mettre en relation les producteurs d'hydrogène et les clients ;
- La sécurisation des approvisionnements en matières premières indispensables à l'industrie européenne (lithium, cobalt, nickel …).
Toutes ces dispositions sont encore au stade de projet. Celles-ci pourront donc être profondément remaniées par les États membres au cours des prochains mois.
Les convictions de Scala patrimoine sur les marchés financiers
Les marchés financiers : les actions
La crise bancaire n’a pas empêché les marchés financiers de clôturer le mois de mars en territoire positif : des deux côtés de l’Atlantique, les indices "actions" ont performé autour de +1%. Les titres obligataires de bonne qualité (« investment grade ») ont réalisé une performance globale (toutes régions confondues) de plus de 3%. Les obligations souveraines ont profité d’une fuite en avant vers les valeurs refuges.
La communication des banques centrales a rassuré les investisseurs. Lors de leurs derniers meetings, elles ont réaffirmé leur volonté de ramener l’inflation au niveau cible et ont maintenu leur politique de hausse de taux, alors même que nous pouvions nous attendre à un assouplissement de leur rhétorique face au besoin de liquidité des banques.
Cependant, le resserrement des conditions de financement est inévitable. Pour faire face aux retraits des dépôts, les banques restreignent l’octroi de crédit. Bien que l’impact ne soit pas encore visible sur les données de consommation, cette situation devrait évoluer. Les marchés anticipent déjà une baisse des taux directeurs aux États-Unis dès le second semestre, signe que les préoccupations autour d’un risque de récession sont à nouveau sur le devant de la scène.
La diversification sur les marchés financiers comme maitre mot
Les actions des marchés développés ont rebondi de près de 8% sur le premier trimestre. Suite à ce rallye, et au regard des risques énoncés, nous sommes favorables à un positionnement défensif à court terme. Nous préférons limiter l’exposition aux actions et rester sur une allocation géographique diversifiée pour limiter le risque de concentration. À nouveau, la qualité de la sélection des titres en portefeuille est capitale. Les valeurs bien implantées au sein de leur secteur, bénéficiant d’avantages compétitifs, capables de capter une part prépondérante du marché et délivrant de solides cash flows sont celles qui devraient se montrer les plus résilientes en période de turbulences.
À court terme, nous sommes convaincus que la diversification sectorielle est la meilleure réponse face à des marchés très réactifs au flux d’information. Dans ces périodes de fortes incertitudes, les mouvements sont soudains, guidés par des anticipations qui ne reposent plus sur les fondamentaux. Dans un tel environnement, les rotations sectorielles sont très rapides et les prises de position marquées sont souvent peu rémunératrices.
L’investissement responsable
Nos convictions thématiques de long terme restent elles inchangées sur les marchés financiers. Investir en faveur des entreprises qui agissent pour l’accélération de la transition énergétique est crucial. D’une part, les gouvernements participent activement aux financements des industries vertes à travers des programmes de relance de grande envergure en vue de respecter les accords de Paris. Ces investissements à grandes échelles promettent des retombées importantes. D’autre part, depuis les deux dernières années, la réglementation européenne a fortement évolué en faveur de la réorientation des capitaux vers des activités durables. Cette tendance ne cessera de s’accroitre dans les années à venir.
Les marchés financiers : les obligations
Les fortes perturbations induites par le secteur bancaire ont provoqué d’importantes fluctuations sur les courbes des taux américaine et européenne.
Les titres de qualité
En somme, les taux ont nettement baissé, entre 50 et 120 points de base selon les maturités, permettant aux titres obligataires de rebondir en mars, et ce malgré de nouvelles hausses des taux directeurs en Europe et aux États-Unis, respectivement 50 et 25 points de base. Les investisseurs semblent donc plus soucieux à l’égard des risques de récession que des politiques monétaires agressives des banques centrales. Les marchés anticipent désormais que la Fed baisserait ses taux de plus de 50 points base d’ici la fin d’année. Dans cet environnement, les obligations souveraines, actifs sûrs, ont bénéficié de ce mouvement « risk-off ». Plus largement, le crédit de qualité a repris des couleurs en mars et termine le trimestre en territoire positif (+3%).
Une alternative crédible
Les actifs obligataires souverains sont aujourd’hui une alternative attractive au cash. Bien que les taux puissent encore fluctuer à court terme, le cycle de hausse de taux démarré un an auparavant aux États-Unis pourrait arriver à son terme dans un avenir proche. Dès lors que nous aurons des signes de ralentissements clairs du secteur des services, une remontée du chômage et une baisse pérenne de l’inflation, nous devrions observer un pivot net des taux longs qui bénéficiera aux obligations d’Etat. Réduire le risque de son portefeuille obligataire avec une allocation prépondérante en obligations souveraines semble opportun. Cependant nous conservons une duration toujours limitée (inférieure à 5 ans) compte tenu de l’inversion de la courbe des taux.
Les marchés financiers : les produits structurés
Ces produits ont retrouvé de l’attrait concomitamment à la hausse des taux de rendement. La flexibilité de ce type de produit, tant sur le type de sous-jacent auquel il est adossé, son échéance ou encore le niveau de protection apporté au capital permet de répondre à différents objectifs d’investissement. Nous recommandons d’investir sur un panier de plusieurs produits afin de s’exposer à différents marchés permettant de limiter la concentration sur un même sous-jacents et d’augmenter le coupon moyen de l’allocation.
Le private equity
À nouveau, la diversification est capitale. Multiplier le type d’actifs sur lesquels vous investissez accroit la décorrélation de votre portefeuille et minimise la sensibilité aux fluctuations des marchés financiers. Le capital-investissement reste incontournable pour tous les investisseurs à la recherche de performances attractives et désireux de s’exposer au marché non coté. Tous comme les valeurs cotées en bourse, la qualité de sélection des instruments reste primordiale au regard de l’écart de performance observé entre les fonds de private equity justifiant l’importance d’un accompagnement par un professionnel indépendant.
L’apport cession : bonne ou mauvaise idée ?
Depuis quelques années, les entrepreneurs français bénéficient d’un environnement juridique et fiscal bien plus propice au réinvestissement des fruits de la cession de leur entreprise. Dans ce cadre, le mécanisme de l’apport-cession rencontre un vif succès. Cet engouement est-il justifié ? S’adapte-t-il à tous les schémas patrimoniaux ? Il convient, à notre sens, de l’utiliser avec précaution. Comme nous allons le voir dans cet article, son intérêt ne peut être démontré qu’au cas par cas.
Qu’est-ce que le dispositif de l’apport cession ?
Pour éviter la qualification d’abus de droit des opérations d’apport cession, le législateur a encadré en 2012 l’utilisation de ce dispositif dans le Code général des impôts (CGI), à l’article 150-0 B ter.
Cette nouvelle mouture ayant pour objectif d’inciter les entrepreneurs à se redéployer professionnellement, en réinvestissant tout ou partie des fruits de la cession de leur société dans de nouvelles activités économiques. Pour cela, le législateur leur permet de bénéficier d’un report d’imposition sur la plus-value générée par la vente de leur outil professionnel. Ainsi, au moment de l'apport, l’entrepreneur n'aura aucun impôt ni prélèvements sociaux à payer sur la plus-value constatée.
Précision : attention à ne pas confondre le report d’imposition et le sursis d’imposition. Contrairement au report d’imposition, le sursis d’imposition concerne l’apport de titres à une holding qu’on ne contrôle pas. Autre différence notable, le sursis d’imposition ne fige pas la plus-value.
Pour mettre en œuvre le dispositif d’apport cession, les associés de la société devront suivre 5 grandes étapes :
- apporter à une holding à l’IS en France ou à l’étranger les titres de la société à vendre ;
- la holding doit être contrôlée par l’apporteur des titres ;
- déclarer fiscalement le report d’imposition de la plus-value d’apport ;
- céder les titres apportés à un repreneur (la holding devient cédante) ;
- remployer le prix de cession sur une activité éligible sous 24 mois.

Les questions à se poser avant de mettre en œuvre le dispositif de l’apport cession
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L’apport cession est-il un outil adapté au chef d’entreprise ?
Oui et non. Le mécanisme de l’apport cession n’est pas la panacée. Lorsque les équipes de Scala Patrimoine accompagnent des entrepreneurs dans leur opération, elles s’intéressent avant tout aux objectifs poursuivis. Quels sont leurs profils ? Leurs âges ? Ont-ils besoin de revenus complémentaires ? Pour schématiser, un start-uppeur trentenaire ne sera pas dans la même position qu’un entrepreneur souhaitant monétiser son capital au moment de son départ à la retraite. Autant d’éléments qui ont leur importance et qui feront évoluer la stratégie mise en œuvre.
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L’apport-cession peut-il permettre de transmettre son patrimoine ?
Oui et non. Le principe de l’opération repose, avant tout, sur le redéploiement de l’entrepreneur. L’objectif premier de l’opération ne doit pas porter sur la transmission de son patrimoine. Pour autant, une donation des titres de la société opérationnelle (avant l’apport) ou de la holding est possible.
Les entrepreneurs vont notamment pouvoir réaliser la donation des titres de la holding après l’apport des titres. Une stratégie très utilisée qui permet de purger la plus-value en report d’imposition.
L’application du mécanisme de l’apport-cession impose toutefois de nombreuses contraintes aux donataires, le plus souvent les enfants des entrepreneurs. En cas de donation des titres de la holding, les enfants doivent, en effet, conserver les titres pendant 5 ans ou 10 ans dans certains cas (lorsque le remploi se concrétise sur des fonds de private equity par exemple). Et attention, si ce délai n’est pas respecté, le report d’imposition tombe, entraînant l’imposition immédiate des plus-values.
Sachez également qu’en cas de décès et de transmission des titres de la holding par succession, la plus-value en report est définitivement non imposable.
Point d’attention : Il peut être plus intéressant de donner aux enfants les titres de la société opérationnelle avant l’apport, afin de purger la plus-value. À charge ensuite pour eux, d’apporter les titres à une Holding. Cette stratégie les exonère ainsi de toutes contraintes de remploi. La décision déprendra, le plus souvent, de la valeur des titres donnés et de la capacité pour le donateur ou les donataires à pouvoir payer les droits de donation avant la cession.
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Le Pacte Dutreil et l’apport cession sont-ils compatibles ?
Oui. Dans un certain nombre de cas, le dispositif d'apport-cession pourra être associé avec la mise en place d'un « pacte Dutreil ». Pour rappel, ce dispositif permet, lorsque l'ensemble des conditions d'application sont remplies, de bénéficier d'une exonération de droits de mutation à titre gratuit à hauteur de 75 % de la valeur des titres faisant l’objet de la donation.
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Le mécanisme est-il pertinent pour se créer des revenus complémentaires ?
Oui et non. En tout cas pas dans l’immédiat. Il faut bien avoir conscience que l’apport cession est avant tout un outil de capitalisation et d’investissement. Les sommes étant bloquées durant un certain nombre d’années (notamment sur des opérations de private equity), l’entrepreneur ne pourra pas profiter des montants issus de la cession de l’entreprise, à court et moyen terme. De même, l’opération n’est absolument pas adaptée à ceux qui souhaitent monétiser tout de suite leur patrimoine.
Sur le long terme, l’entrepreneur aura toutefois la possibilité de percevoir des dividendes. Une stratégie pouvant ainsi faire de la holding un véritable outil de distribution, comparable à une « rente ».
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L’apport cession est-il un dispositif adapté pour sécuriser son patrimoine ?
Non. C’est un outil permettant de diversifier son patrimoine. L’essence du mécanisme est de favoriser le redéploiement des capitaux des entrepreneurs dans l’économie réelle. Ces derniers devant réinvestir au moins 60 % des sommes générées par la vente. Le législateur dresse d’ailleurs une liste précise des activités éligibles au réemploi. Des projets qui présentent par nature un risque en capital. C’est pour cette raison que l’entrepreneur doit les analyser en amont, avec une grande rigueur, et vérifier leur éligibilité. Une étape indispensable, car l’intérêt de l’opération repose en très grande partie sur la rentabilité des projets sur lesquels la holding va investir.
Précision : les entrepreneurs ont la possibilité de panacher leurs investissements sur des opérations en direct dans des PME et via des fonds, pour offrir une plus grande diversification à son portefeuille d’investissement et atténuer le risque.
En parallèle, l’entrepreneur devra veiller à mettre en œuvre une stratégie patrimoniale équilibrée, en veillant à sécuriser une partie des sommes issues de la cession. La part de ces sommes investies librement (40 % de la cession) pourrait notamment être utilisée pour se constituer un patrimoine immobilier ou financier (assurance-vie …).
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Les coûts d’une telle opération sont-ils rédhibitoires ?
Oui et non. Les coûts de l’apport cession ne sont en principe pas rédhibitoires, mais doivent tout de même être pris en considération, notamment lorsque les montants en jeu sont faibles. Créer une holding, contrôlée par l’entrepreneur, induit de nombreux frais, notamment lors de la constitution de la structure. Outre les coûts relatifs à la tenue d’une comptabilité, une assemblée générale devra également se tenir chaque année.
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Comment calibrer au mieux le schéma d’apport cession ?
Avant de vous lancer à corps perdu dans un schéma d’apport cession, il convient de bien définir ses objectifs patrimoniaux en amont. Quelles sont les priorités des entrepreneurs : transmettre leur patrimoine ? Garder le contrôle de leurs actifs professionnels ? Percevoir des revenus complémentaires ? Sécuriser leur patrimoine ? Redéployer leurs capitaux ? Autant de questions qui auront leur importance dans le choix de la stratégie à appliquer et de la pertinence ou non du dispositif de l’apport cession. Il en sera de même, au moment de l’éventuelle mise en œuvre de l’apport cession, avec les projets d’investissement.
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L’opération fige-t-elle les règles fiscales applicables ?
Oui et non. L’opération d’apport-cession permet de figer les conditions fiscales de la plus-value au jour de l'apport des titres au holding et non au jour de leur vente par le holding. Autrement dit, les entrepreneurs verrouillent, dès à présent, le taux auquel sera imposée leur plus-value. Même si, entre temps, le législateur venait à alourdir la fiscalité applicable, l’entrepreneur est assuré que la plus-value mise en report ne pourra pas être imposée à un taux supérieur à 30 % (flat tax : 12,8 % et 17,2 % de prélèvements sociaux), auquel il peut être ajouté 4 % au titre de la contribution exceptionnelle sur les hauts revenus.
Si le taux d’imposition est gelé, le montant de la plus-value imposable dépendra bien evidemment du prix de vente de l’actif, lors de la cession.
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Les entrepreneurs sont-ils limités à la création d’une seule holding ?
Non. Plusieurs holdings peuvent être créées. Sur le plan fiscal, le report d’imposition permet uniquement de différer l’imposition à une date ultérieure (cession des titres de la Holding). Or, ce report d’imposition ne résout pas le problème de la transmission, si une donation des titres de la société opérationnelle ou de la holding créée après l’apport n’est pas effectuée. Il peut dès lors être intéressant d’apporter les titres à plusieurs holdings. Vous éviterez ainsi de faire « sauter » le dispositif sur l’ensemble de la plus-value en report, si jamais la contrainte de réinvestissement n’est pas respectée pour partie.
Nous attirons ainsi votre attention sur le fait que le choix de réaliser un apport cession ne doit pas être guidé par le volet fiscal uniquement, mais par l’opération économique dans sa globalité !
Conclusion
Avec le dispositif de l’apport cession, l’entrepreneur peut organiser sa cession avec une certaine souplesse. Pour autant, cette stratégie n’est pas adaptée à tous les cas de figure. Pour en tirer tous les bénéfices, il conviendra de faire une étude préalable complète. Mais aussi de bien préparer l’ensemble des étapes, particulièrement celles relatives aux réinvestissements.
Gardez également à l’esprit que l’apport cession est un dispositif très complexe à appréhender et à mettre en œuvre. De nombreuses opérations sont d’ailleurs remises en cause chaque année par l’administration fiscale. Avant de vous lancer sur cette typologie d’opération, il convient de faire appel à un conseiller patrimonial indépendant, habitué à travailler sur le sujet. Pour toutes les raisons que nous avons pu évoquer précédemment, le projet doit être analysé dans sa globalité, en tenant compte des éléments économiques, fiscaux, professionnels et patrimoniaux.
Lancement de la troisième édition du Prix de la Finance Verte
Scala Patrimoine est heureux de vous annoncer le lancement de la troisième édition du « Prix de la Finance Verte », coorganisé avec Décideurs Magazine. Un prix qui se tiendra dans le cadre du Sommet du Patrimoine & de la Performance, le mercredi 12 juillet prochain, au Pavillon d’Armenonville de Paris.
Ce trophée viendra récompenser la société de gestion la plus engagée sur la voie de la transition climatique et énergétique. Lors de la première édition, Sycomore AM avait remporté le Prix. En 2022, Pictet AM s'était illustré en remportant le trophée d'or.
La désignation des lauréats du Prix de la Finance Verte
Pour concourir au prix de la finance verte, la société de gestion devra notamment :
- Avoir été présélectionnée selon des éléments quantitatifs (encours sous gestion, référencement au sein des assurances-vie les plus importantes…). Mais aussi des éléments qualitatifs (verdissement de la gamme de fonds ...)
- Remplir le dossier confidentiel, qui sera ensuite remis aux membres du jury.
- Venir soutenir son dossier à l’oral, lors d’un échange interactif avec le jury.
Le profil des membres du Jury
Le lauréat sera désigné par un jury composé de professionnels, dont les personnalités viennent d’horizons très variés. Sélectionneurs de fonds, membres d'associations, acteurs du monde économiques viendront ainsi partager leurs points de vue et leurs passions pour la question de la transition climatique.
Pour les deux premières éditions, Jacques Attali, le président de Positive Planet, et Brune Poirson, directrice développement durable du groupe Accor, nous avait fait l’honneur de prendre la présidence du Jury.
Les critères d'évaluation
Sur la base du dossier de candidature, le jury portera son choix sur l’entreprise répondant à l’ensemble des critères suivants :
- Le verdissement de la gamme de fonds ;
- La philosophie d’investissement et intégration des enjeux environnementaux ;
- La politique actionnariale : engagement et vote aux assemblées générales ;
- Le reporting & les Initiatives pédagogiques à destination des professionnels de la gestion de patrimoine ;
- L’Engagement de la société de gestion en faveur de l'environnement.
À l’issue du grand Oral, le jury remettra un trophée d’or et un trophée d’argent aux deux premières sociétés de gestion. Le jury pourra également remettre un Prix spécial à une société de gestion qui se sera démarquée sur un projet particulièrement innovant ou pertinent. Cela peut, par exemple, concerné un nouveau fonds ou une nouvelle stratégie.
https://www.youtube.com/watch?v=U12RLQt3quQ&t=6s
Le rendez-vous des marchés financiers - Mars 2023
Marchés financiers & économie : les points clés
- Les marchés actions baissent sensiblement ;
- Silicon Valley Bank, la 16e plus grande banque des États-Unis, est en grande difficulté ;
- Abandonné par l’un de ses actionnaires qui ne voulait plus « renflouer » la banque, le Crédit Suisse va être racheté par UBS .
- La FED a annoncé plusieurs mesures pour rassurer les investisseurs sur la solidité du système bancaire américain ;
- Le PIB des pays de la zone euro est en hausse de 0,1 % ;
- Le gouvernement chinois a pris une série de mesures pour éviter une crise immobilière.
USA : le secteur bancaire fait trembler les marchés financiers
Chute de la Silicon Valley Bank
Pourquoi la Silicon Valley Bank se retrouve-t-elle en difficulté ?
Ravivant les souvenirs douloureux de la chute de Lehman Brothers et de la chute des marchés financiers qu'elle a provoquée, les difficultés rencontrées par la Silicon Valley Bank, la 16e plus grande banque des États-Unis, a poussé la FED et le gouvernement américain à agir vite et fort !
Comme son nom l’indique, la Silicon Valley Bank est avant tout une banque dédiée aux start-ups et aux fonds de capital-risque. Un acteur de la tech US sur 2 y détient d’ailleurs un compte, représentant 35 000 clients et 200 milliards de dollars de dépôts. Des dépôts qui ont longtemps été très mal rémunérés, en raison de taux d’intérêt extrêmement bas.
Et c’est bien là que tout se complique. Les dirigeants de la banque, pour offrir un surcroit de rendement, ont fait le choix de placer cet argent sur des emprunts à moyen et long terme, un peu mieux rémunérés.
Mais avec la hausse extrêmement rapide des taux d'intérêt, les marchés obligataires ont fortement chuté. Tant et si bien que la valeur de leurs titres de dette a baissé de plus de 20 %. Or, les difficultés de financement de la tech US ont poussé les entreprises et les fonds à retirer leur argent plus vite que prévu … obligeant la banque à vendre une partie de son portefeuille d'emprunts à perte pour assurer la liquidité. L’information s’est alors très vite propagée. La banque tente en urgence une augmentation de capital, mais c’est un échec. Se créait ensuite un « bank run », autrement dit tous les clients veulent retirer leur agent en même temps. La banque est étranglée et ne peut plus répondre aux demandes des dépositaires. C’est la banqueroute.
La FED éteint l’incendie
Dans le même temps, deux autres établissements, Signature Bank et Silvergate Bank, très active dans le secteur des cryptomonnaies, sont également dans la tourmente. Pour éviter une propagation du risque sur l’ensemble du secteur bancaire, la FED et le gouvernement américain n’ont pas tardé à réagir, en sortant l’artillerie lourde.
Avec l’appui du gouvernement américain, la FED vient d’annoncer plusieurs mesures pour rassurer l’ensemble des acteurs économiques sur la solidité du système bancaire américain. Parmi celles-ci figurent :
- la garantie que tous les clients de l’établissement californien pourront retrouver la totalité de leurs fonds, assurant ainsi à chaque dépositaire une protection au-delà du seuil légal de 250 000 dollars.
- Une ligne de crédit de 25 milliards de dollars pour permettre de financer les établissements qui pourraient faire l’objet d’une vague de retrait très importante de la part de leurs clients, dans un contexte très anxiogène.
Janet Yellen a cependant écarté un sauvetage de la Banque via une injection d'argent public. Elle compte sur de potentiels futurs repreneurs privés pour venir au soutien de l’établissement. Cela n’a d’ailleurs pas trop tardé, puisque la branche britannique de la Silicon Valley Bank a déjà été vendue à HSBC pour 1 livre symbolique.
Baisse des valeurs bancaires
Malgré ces annonces, les investisseurs boursiers n’ont pas masqué leurs inquiétudes. Ces derniers craignant un effet domino sur l’ensemble du secteur bancaire. Les marchés actions sont orientés à la baisse. Au lendemain de l’intervention de la FED, le CAC 40 a chuté de 2,9 %. Sans surprise, ce sont les établissements bancaires qui ont le plus souffert. La Société Générale et BNP Paribas abandonnent respectivement 6,8 % et 6,2 %. Même constat dans les autres pays européens. Commerzbank a devisé de 12,7 % et Santander de 7,3 %. Aux États-Unis, le vendredi précédent, l'action Bank of America perdait plus de 6% tandis que Citigroup et Morgan Stanley ont lâché plus de 3 %.

UBS met la main sur Crédit Suisse
Pire, l’action du Crédit Suisse s’est totalement écroulée, en baisse de plus de 30 %. Une débâcle renforcée par les propos du président de la Saudi National Bank, le principal actionnaire de Credit Suisse, précisant « qu’il ne comptait pas renflouer à nouveau la banque, pour de nombreuses raisons, au-delà de la plus simple, qui est réglementaire et statutaire ». Heureusement, UBS, l’autre grand établissement bancaire suisse, a annoncé être en passe de racheter le Crédit Suisse pour 3 milliards d'euros !
Le nouvel ensemble pèserait plus de 5 000 milliards de dollars d’actifs investis. Et bonne nouvelle, ce rapprochement a également le soutien des instances réglementaires. La banque nationale suisse mettant en œuvrant un plan de 25 milliards de francs suisses dans le cadre de la transaction, pour soutenir notamment d’éventuelles dépréciations d’actifs supplémentaires.
Des banques plus solides qu’en 2008
Cet épisode soulève la question de la gestion, par les banques, de deux événements concomitants : la remontée extrêmement rapide des taux d’intérêt et la baisse très sensible du bilan de la Fed et des injections de liquidité, dont ont largement profité les banques. Ce difficile exercice d’équilibriste ne pourra clairement pas se faire sans heurt. Un grand nombre d’établissements vont ainsi devoir matérialiser quelques dépréciations d’actifs.
Nous pensons toutefois que la réactivité de la Banque centrale américaine, les mesures annoncées par le gouvernement pour renforcer le système bancaire américain ainsi que le caractère non systémique de SVB, écarte le risque de propagation comme nous l’avons connu en 2008. De plus, les banques américaines d’une envergure nationale ainsi que les banques européennes présentent des modèles d’affaires très diversifiés et des gestions de leurs risques financiers beaucoup plus contrôlés. Particulièrement exigeante, la réglementation européenne a également poussé les banques à renforcer leurs fonds propres depuis la crise des « subprimes ». Leurs niveaux de capital et de liquidités rassurent les analystes sur leur capacité à gérer la montée des taux d’intérêt.
L’inflation persiste
La demande des ménages au plus haut
Malgré les tensions autour de quelques établissements bancaires, les principaux indicateurs économiques américains sont toujours très bien orientés. L’indice ISM des services a enregistré une activité robuste en février, dépassant les attentes à 55,1. Autre bonne nouvelle, les dépenses de consommation, qui représentent plus des deux tiers de l'activité économique américaine, ont bondi de 1,8% le mois dernier, alors que le niveau du chômage américain se maintient à un niveau extrêmement bas.
Dans ce contexte peut-on parler d’une économie américaine en surchauffe ? Le mot serait mal choisi, mais cet environnement économique amène les banquiers centraux à s’interroger sur le niveau de l’inflation. En rythme annualisé, les prix ont progressé de 6%. Un chiffre estimait à 5,5 % si l’on écarte les prix de l’énergie et de l’alimentaire de l’étude. Ces tensions inflationnistes seraient, selon de nombreux économistes, le fruit d’une demande des ménages toujours plus importante.
Pourtant, un secteur inquiète les analystes : l’immobilier. Celui-ci pourrait, en effet, être la principale victime de la hausse des taux. Dans le pays de l’Oncle Sam, les taux d'intérêt des prêts hypothécaires à 30 ans dépassent désormais les 7 %. Et avec la hausse des matières premières et l’augmentation du prix de la main-d’œuvre, la construction immobilière est devenue plus chère et de nombreux projets ne sont désormais plus rentables. Première conséquence, les investissements privés dans la construction de logements ont chuté de 20 % l'année dernière. Du jamais vu depuis 2015 !
La FED resserre une nouvelle fois la vis
Lors de son intervention devant la commission bancaire du Sénat américain, le Président de la FED a tenu à avertir les investisseurs en annonçant que des hausses de taux plus importantes pourraient intervenir : « les données économiques les plus récentes sont plus fortes que prévu, ce qui suggère que le niveau final des taux d'intérêt sera susceptible d'être plus élevé que prévu » a ainsi averti Jérôme Powell.
Jusqu’où iront donc les taux directeurs ? Les investisseurs anticipent désormais à une hausse prolongée. Les marchés à terme tablent actuellement sur un pic du taux des fonds fédéraux à 5,44% en octobre, contre 4,8% début février.
Sur les marchés obligataires, le rendement des bons du Trésor américain à deux ans a atteint 4,94%, son plus haut niveau depuis 2007. Il en est de même pour les obligations à 10 ans et à 30 ans, qui ont tous deux dépassé la barre symbolique des 4% pour la première fois depuis novembre.
L’économie européenne se stabilise
La France évite la récession
L'économie de la zone euro est comme le roseau : elle plie, mais ne rompt pas. Selon les chiffres publiés par Eurostat, le produit intérieur brut (PIB) des pays partageant la monnaie unique est en hausse de 0,1%, après une progression de 0,4% au troisième trimestre. Une résistance qui s’explique notamment par un marché du travail relativement dynamique. Le Taux de chômage européen étant de seulement 6,6 %.
Concernant les deux principaux moteurs de l’économie européenne : l’Allemagne et la France, la situation est un peu différente.
Le pays dirigé par Olaf Scholz doit faire face à une inflation plus importante. Pourtant, l’Allemagne devrait échapper à la récession, grâce notamment à la puissance de son tissu industriel.
Sa production industrielle a rebondi en janvier. L'indicateur clé pour le secteur manufacturier a, en effet, progressé de 3,5%.
En France, l'économie devrait enregistrer une croissance de 0,1 % au premier trimestre par rapport aux trois mois précédents, selon l'enquête mensuelle de conjoncture de la Banque de France. François Villeroy de Galhau, le gouverneur de la Banque de France, se montre à ce titre très confiant. Celui-ci estime en effet que « le risque de récession qui planait sur nos économies en 2023 peut aujourd'hui être écarté, sauf évènement mondial majeur ». Le Fonds monétaire international table pour la France sur une croissance de 0,7 % en 2023.
L’Hexagone pourra compter, pour cela, sur les résultats florissants de ses plus grandes entreprises. Les sociétés du CAC 40 ayant réalisé une année 2022 record, avec un chiffre d'affaires supérieur à 1700 Md€ et des profits supérieurs à 140 Md€. Parmi les très bons élèves figurent notamment Dassault Systèmes et STMicroelectronics.
L’Inflation, priorité de Christine Lagarde
En France et plus largement en Europe, l’inflation continue d’inquiéter les décideurs économiques et politiques. Dans l’Union Européenne, le taux d'inflation annuel a connu une nouvelle baisse en janvier 2023, après celle de décembre 2022. Selon Eurostat, le taux d'inflation annuel de la zone euro est estimé à 8,5% en février 2023, contre 8,6% en janvier. Des chiffres qui traduisent les tensions autour des prix dans le secteur de l’alimentation. Au cours des 12 derniers mois, les prix des produits alimentaires ont ainsi augmenté de 14.5%.
Pour juguler l’inflation, la Banque centrale européenne va-t-elle poursuivre sa remontée des taux d’intérêt ? La dernière intervention de sa présidente, Christine Lagarde, laisse peu de place aux doutes : « Mon travail est limité, mais d'une importance capitale : c'est la stabilité des prix, c'est-à-dire la lutte contre l'inflation générée par la crise énergétique, provoquée par la terrible guerre contre l'Ukraine. Nous allons restaurer la stabilité des prix et nous ferons tout ce qu'il faut ».
La BCE monte encore ses taux
Des paroles aux actes, il n’y avait d’ailleurs qu’un pas, que la présidente de la Banque centrale européenne a franchi aisément le 16 mars dernier. Celle-ci ayant fait le choix de relever les taux directeurs de la BCE de 50 points de base. Le taux des dépôts passe à 3% tandis que le taux de refinancement s’élève désormais à 3,5%.
Pour autant, des doutes subsistent encore sur le calendrier de mise en œuvre des hausses de taux et de leurs ampleurs d’ici l’été. La BCE ayant écarté tout scénario de hausse continue des taux directeurs, adoptant désormais l’approche « meeting by meeting » rendant les décisions monétaires dépendantes des données macroéconomiques à venir.
La Chine veut éviter une crise immobilière
Au-delà des relations diplomatiques très tendues avec Washington, dont nous avions fait l’écho lors de notre article de février 2023, l’exécutif chinois va devoir gérer, avec une grande dextérité, les difficultés rencontrées sur le secteur de l’immobilier, sous peine de voir les espoirs d’une croissance à 5 % s’envoler. Un chiffre permet de bien mesurer les enjeux autour de l’immobilier : ce dernier représente avec la construction plus du quart du PIB de la Chine !
Et pour l’instant, le doute est permis. Malgré plusieurs plans de relance, la levée des restrictions encadrant les prêts immobiliers et des instructions données aux établissements bancaires pour soutenir les acteurs de l’immobilier, le secteur peine à redémarrer. Début février, le stock de biens immobiliers disponibles à la vente atteignait ainsi 16 mois d’activité, soit le chiffre le plus haut depuis 2012. L’investissement dans l’immobilier est, quant à lui, en baisse, à - 5,7% au cours des deux premiers mois de cette année par rapport à la même période de l’année précédente.
Le marché de l’emploi éprouve lui aussi de grandes difficultés. Le nombre d’emplois disponibles sur les principales plateformes de recrutement en Chine a chuté de 23 % en l’espace d’un an. Et le taux de chômage chez les jeunes de moins de 24 ans demeure très élevé, à 18,1%. Une nouvelle épine dans le pied de Xi Jinping dont il se serait probablement bien passé.
Les convictions de Scala patrimoine sur les marchés financiers
Les marchés actions
Des portefeuilles plus prudents ?
La faillite de la SVB ainsi que de Signature Bank quelques jours plus tard a soufflé un vent de panique sur le secteur bancaire américain qui s’est très vite propagé en Europe. Le 14 mars, la Saudi National Bank, principale actionnaire de Crédit Suisse, a écarté l’hypothèse d’apporter davantage de capitaux à la banque suisse, et plongea le cours de la banque à un niveau historiquement bas, entrainant dans son sillage de grandes banques européennes. La réactivité des autorités monétaires montre que le risque de contagion est pris au sérieux.
La prudence est donc à l’ordre du jour. Nous recommandons une exposition aux actifs risqués plus limitée, notamment les marchés actions. D’autre part, la sélection des titres requiert une attention toujours plus importante. Les valeurs bien implantées au sein de leur secteur, bénéficiant d’avantages compétitifs, capables de capter une part prépondérante du marché et délivrant de solides cash-flow sont celles qui devraient se montrer les plus résilientes en période de turbulences.
Par ce positionnement, l’objectif est double :
- Protéger le portefeuille en réduisant son exposition aux marchés dans une période de forte incertitude
- Constituer une réserve de liquidités afin de saisir les opportunités qui pourront se présenter dans un environnement avec une plus grande visibilité
Quelles thématiques ?
Les grands thèmes de la transition énergétique restent incontournables dans une gestion à horizon moyen/long terme. Les différents plans de relance tels que l’IRA (Inflation Reduction Act) aux États-Unis qui vise entre autres à soutenir l’industrie verte ou le Pacte Vert lancé plus récemment par l’Union Européenne pour relancer la compétitivité de l’industrie neutre en carbone montrent déjà leurs effets, notamment sur les investissements en énergies renouvelables. La relocalisation des investissements vers les infrastructures vertes accélérée par ces plans de relance offre de belles perspectives de rendements dans les années à venir.
Nous restons prudents sur la tech US qui a bénéficié de phases de rebond très récemment en raison des révisions à la baisse des hausses de taux directeurs. Le resserrement des conditions de financement dans un contexte de taux déjà très hauts reste à risque pour le secteur.
Les marchés actions chinois restent un facteur de soutien à long terme. Après la décote spectaculaire subie par les valeurs chinoises, des opportunités se créent sur les marchés actions qui ne représentent que 4% du marché mondial alors que son PIB compte pour 20% de l’économie globale. Il ne faut cependant pas écarter les risques de fluctuation à court terme, illustrés par le retracement observé ces dernières semaines. Le rebond de la demande domestique pourrait être plus long qu’anticipé, après une politique zéro covid qui a contenu la consommation durant les 3 dernières années. Le manque de données sur la situation sanitaire en Chine demeure une source d’incertitude à court terme.
Les marchés obligataires
La hausse des taux de rendement a permis aux obligations de redevenir un produit attractif. Plus récemment, les inquiétudes suscitées par le secteur bancaire ont provoqué une baisse importante des anticipations de hausses de taux directeurs avec un repricing des taux finaux et une ruée vers les valeurs refuges tels que les obligations souveraines. Considérant cet environnement incertain, où l’on observe un retour de la volatilité, nous préconisons de conserver une exposition conséquente aux obligations souveraines qui surperforment les sous segments obligataires dans les phases de sentiment averse au risque.
Globalement, nous continuons de privilégier les maturités relativement courtes (</= 4 ans) compte tenu de l’inversion de la courbe des taux et d’une sensibilité plus limitée aux taux d’intérêt.
Les fonds obligataires à échéance de maturité courte permettant de sécuriser un taux de rendement restent un instrument approprié à des objectifs de revenus réguliers.
Le Private equity
Dans les périodes de fortes turbulences, la protection d’un portefeuille passe par la diversification. Celle-ci se matérialise aussi bien par la classe d’actif investie, l’exposition géographique et sectorielle, mais aussi par l’horizon d’investissement. À ce titre, le private equity reste un incontournable pour tous investisseurs à la recherche de performances attractives prêt à renoncer à ses liquidités sur un horizon de 10 ans et plus en moyenne. La décorrélation de ces actifs non-cotés aux marchés boursiers est un atout de taille.
Tous comme les valeurs cotées en bourse, la qualité de sélection des instruments reste primordiale au regard de l’écart de performance observé entre les fonds de private equity justifiant l’importance d’un accompagnement par un professionnel indépendant.
Si vous souhaitez plus d’informations sur le sujet, n’hésitez pas à nous contacter.