Emmanuel Du Ché, analyste de fonds ISR

Emmanuel du Ché : « Quand tout devient ISR, rien n'est ISR »

Les discussions autour de la réforme du label ISR se poursuivent. Alors que certains professionnels militent pour la mise en œuvre d’exclusions normatives et sectorielles, Emmanuel du Ché, Analyste indépendant de fonds ISR et conseil en investissements éthiques et responsables chez Eligest, estime, quant à lui, qu’il est essentiel de conserver une approche inclusive, et ainsi accompagner les plus importants émetteurs de CO2 dans leur transition énergétique.

Scala Patrimoine. Comment expliquez-vous la très bonne performance des fonds ISR, par rapport aux fonds classiques, ces dernières années ?

Emmanuel du Ché. Je remarque que les fonds ISR thématiques se multiplient (article 9 du SFDR). Ils sont principalement investis sur des sociétés de croissance, dont le parcours boursier a été favorisé par le niveau très faible des taux d’intérêt. Ces entreprises appartiennent pour la plupart à des secteurs comme la santé, les nouvelles technologies, l’éducation, l’eau et l’alimentation saine. Même dans des fonds ISR plus généralistes, vous trouverez globalement plus de sociétés « cycliques », par exemple dans le secteur de la chimie, du BTP, de l’automobile.

Mais attention au retour de bâton, il y a des fonds ISR investis exclusivement sur des valeurs de croissance qui se payent cher et qui ont connu des baisses très sensibles depuis le début de la hausse des taux, il y a neuf mois. Le juge de paix sera donc la performance financière sur longue durée.

De mon point de vue les fonds ISR qui « surperformeront » les fonds classiques sur la durée devront répondre à au moins deux critères :

-Investir sur des sociétés qui apportent des solutions pérennes et qui ont une croissance régulière de leurs bénéfices ;

-Accompagner les sociétés en transition avec une gestion rigoureuse des controverses, Orpéa étant sur ce point un contre-exemple magistral qu’il faudra s’efforcer d’éviter.

Scala Patrimoine. En France, plus de 900 fonds sont aujourd’hui labélisés « ISR ». La facilité d’obtention de ce label ne cache-t-elle pas un manque de crédibilité pour celui-ci ?

La majorité des fonds cherche à obtenir le label Investissement socialement responsable (ISR). C’est devenu incontournable, ne serait-ce que pour pouvoir commercialiser ses fonds aux investisseurs institutionnels. De ce point de vue, vous avez raison : quand tout devient ISR, rien n’est ISR puisqu’on n’a plus de critères de comparaison clairs entre ce qui est ISR et ce qui ne l’est pas.

L’une des solutions serait que chaque label ISR, plutôt que de se lancer dans la compétition du label le plus rigoureux sur la base d’exclusions de secteurs, établisse deux ou trois niveaux d’engagement ISR. Le niveau le plus bas devant avoir des exigences de méthodologie suffisamment élevées pour rester attractives. Certains labels européens le font déjà. L’excellent rapport de l’Inspection Générale des Finances de décembre 2020 propose d’ailleurs que le label ISR français devienne un « label à niveaux » (proposition n°4 page 25).

 

« Le big data en ISR, ça ne marche pas »

 

Scala Patrimoine. De nombreux fonds ISR ont investi dans la société spécialisée dans la gestion de maisons de retraite médicalisées, ORPEA. Or, celle-ci est impliquée dans un scandale portant sur la maltraitance des personnes âgées. Quelles mesures vont devoir prendre les sociétés de gestion pour éviter d’investir au capital de sociétés impliquées dans de telles controverses ?

Le scandale sur Orpéa ne portait malheureusement pas que sur la maltraitance des personnes âgées. Dans le cadre de mes notations ESG de fonds ISR, j’avais classé Orpéa (et Korian), à partir de recherches personnelles sur internet, au niveau 3 de controverse (méthodologie propriétaire de 1 à 4), bien avant la parution du livre « Les fossoyeurs ». Il y avait de nombreuses controverses facilement accessibles depuis plusieurs années sur Orpéa, notamment un reportage de « Zone Interdite » en 2018. Il y avait même eu une enquête du parquet de Paris en janvier 2015 portant sur des faits présumés remontant à 2010.

Je pense que depuis le scandale Orpéa, les sociétés de gestion ne peuvent plus se contenter d’agréger des données ESG normées, issues de questionnaires envoyés aux sociétés par quelques providers américains. Le big data en ESG, cela ne marche pas.

Scala Patrimoine. Que voulez-vous dire par cela ?

Les Sociétés de gestion doivent aussi mener leurs propres recherches sur les controverses passées, présentes ou latentes et avoir un dialogue actionnarial actif avec les sociétés concernées. Et si les bonnes décisions ne sont pas prises, vendre ces sociétés (ou ne pas les acheter). Je connais quelques sociétés de gestion qui ont échappé au scandale Orpea précisément parce qu’elles appliquaient cette méthode.

Scala Patrimoine. Le règlement SFDR (Sustainable Finance Disclosure Regulation) est entré en vigueur dans le but d’orienter les flux de capitaux vers les activités durables. Quels sont ses principaux apports ?

D’avoir établi des critères de comparaison et d’évaluation homogènes d’un pays européen à l’autre, notamment les Principaux Indicateurs négatifs (Principle Adverse Impacts) avec évidemment le risque d’être réducteur. Mais il a vraiment posé les fondements d’une réglementation et d’une vision européennes en matière ESG.

 

« L'exclusion n’est pas plus vertueuse que l’inclusion »

 

Scala Patrimoine. Les épargnants qui souhaitent investir en faveur de la transition climatique doivent-ils concentrer leurs investissements sur des fonds « article 9 », c’est-à-dire poursuivant un objectif d'investissement durable, au détriment des fonds « articles 6 et 8 » ?

Je pense que ce serait une erreur. Dans le monde de la gestion d’actifs, il s’est établi une hiérarchie de fait selon laquelle l’article 9 est plus exigeant et vertueux que l’article 8, lui-même plus exigeant que l’article 6. Certes, l’article 6 a des critères de sélection ESG plus légers que les articles 8 et 9.

Mais l’article 9 n’est pas plus « vertueux » que l’article 8. Il demande effectivement des objectifs d’investissement durable (d’où la profusion de fonds ISR thématiques ou multithématiques article 9 qui apportent des solutions) tandis que l’article 8 demande des produits qui promeuvent « des caractéristiques environnementales ou sociales » avec « des pratiques de bonne gouvernance ». Mais un fonds ISR article 8 peut parfaitement mesurer les impacts ESG positifs et négatifs des sociétés ou pays en transition sans avoir fixé d’objectifs précis au préalable.

Scala Patrimoine. Cela relance le débat entre "inclusion" et "exclusion" ?

En résumé l'exclusion n’est pas plus vertueuse que l’inclusion. Inclure des sociétés en transition qui font « leurs meilleurs efforts » est, à mon sens, indispensable. Si l’on se penche sur le cas du réchauffement climatique, nous sommes tous d’accord pour dire qu’il est urgent d’agir. Or, les fonds ISR qui investissent uniquement sur des sociétés apportant des solutions ou faiblement émettrices de CO2, se positionnent sur des entreprises qui ont déjà un faible impact carbone. Nous passons ainsi à côté de 80% du problème.

Prenons l’exemple d’un cimentier comme Lafarge. Le groupe est un très grand émetteur de CO2, comme toutes les entreprises de son secteur. Ses émissions de CO2 ont toutefois significativement diminué depuis quelques années et la société compte accélérer le mouvement en cours. Il en est de même pour des groupes du BTP comme Bouygues et Eiffage. Des fonds ISR doivent pouvoir investir sur de telles sociétés et les accompagner sur la durée dans leur processus vertueux. L’impact est alors très important.


Les marchés financiers prouvent une nouvelle fois leur dépendance aux décisions des banques centrales. L'économie résiste, quant à elle, trés bien.

Le rendez-vous des marchés financiers - Mai 2022

Les points clés sur les marchés financiers :

  • Au fil des années, les investisseurs sont devenus dépendants aux injections de liquidité menées par les Banques centrales. Or, la Fed est en train de faire machine arrière et d’entamer le resserrement de sa politique monétaire (« Tapering »). Une phase qui s’annonce donc très épineuse et qui pourrait provoquer de fortes tensions sur les marchés financiers.
  • L’enlisement de la guerre en Ukraine se confirme. Les combats continuent de faire rage dans le sud du Pays, notamment autour de la ville de Marioupol.
  • Le gouvernement chinois n’entend pas dévier de sa trajectoire et continuer de mener une politique zéro covid, au risque de « casser » la dynamique de croissance du pays.

Les marchés boursiers marquent le pas

Les mois se suivent et se ressemblent sur les marchés financiers. Les principaux indices boursiers affichent ainsi une nouvelle baisse en avril. La guerre en Ukraine et le resserrement des politiques monétaires des banques centrales provoquant toujours de vives inquiétudes auprès des investisseurs.

Le MSCI World (l’indice monde) a notamment reculé de 8 %. Les valeurs de croissance ont été particulièrement affectées par ce contexte, en lâchant près de 12 %. Les marchés anglais, riche en matières premières, ont à l’inverse bien résisté, avec un gain de 0,3 % sur le mois. Les produits taux ont également été sous pression, les obligations mondiales reculant de 5,5 %.

L’Ukraine cristallise les tensions entre les superpuissances

Cela fait plus de 2 mois que les Russes ont envahi le territoire Ukrainien. Mais la guerre-éclair souhaitée par Vladimir Poutine n’a finalement pas eu lieu. Ses troupes se heurtent, en effet, à une résistance farouche des Ukrainiens, bien soutenus sur le plan matériel et logistique par les pays européens et les États-Unis.

À ce jour, les combats se concentrent principalement dans le sud du pays. La ville de Marioupol est le théâtre d’affrontement très durs. Les Russes souhaitant faire tomber les dernières poches de résistance dans l’aciérie d’Azovstal. Un peu plus au nord, à Izyum, les combats s’intensifient également, avec une concentration de forces russes et la poursuite de bombardements aériens.

Pour accroître le prix de la guerre et influer sur les choix du président russe, l’Europe a adopté de nombreuses sanctions contre Moscou. Hélas, la résolution pacifique du conflit ne semble pas encore être à l’ordre du jour. Pire, cette guerre cristallise la montée en puissance des tensions entre les superpuissances. Il ne fait d’ailleurs plus guère de doute que ces crispations géopolitiques participeront à une remise en cause (au moins partielle) de la mondialisation, au cours des prochaines années.

La croissance européenne s’essouffle

Un recul du rythme de la croissance

À plus court terme, ce conflit continue de semer le trouble sur le secteur de l’énergie et des matières premières, compte tenu des difficultés rencontrées par l'Europe pour réduire sa dépendance vis-à-vis de la Russie. Les prix du gaz en Europe sont en hausse de 42 % depuis le début de l'année. L’augmentation des prix du pétrole s'est toutefois interrompue grâce à la libération de réserves de pétrole et des anticipations d'une baisse de la demande de la Chine.

L’activité économique européenne subit de plein fouet ce conflit. La croissance montre déjà des signes d’essoufflement, quelques mois à peine après la levée des restrictions sanitaires. Au cours du premier trimestre 2022, le PIB de la zone euro est en hausse de seulement 0,2%, selon Eurostat, l’office statistique de l'Union européenne. Le Portugal (+2,6%) a enregistré la hausse la plus importante suivi de l’Autriche (+2,5%) et de la Lettonie (+2,1%). Des baisses ont été constatées en Suède (-0,4%) et en Italie (-0,2%). Mauvaise surprise, le PIB français a, quant à lui, stagné, alors même que l’activité progressait de 0,8% lors du dernier trimestre 2021. Un ralentissement qui s’explique principalement par un recul de la consommation des ménages (-1,3 %).

Une remontée des taux

Ce fléchissement de l’activité économique fait craindre un scénario de stagflation, autrement dit un cocktail détonnant entre une inflation élevée et une faible croissance économique. Intensifiée par l'augmentation des prix de l'énergie et des matières premières, l'inflation devrait, en effet, encore augmenter dans les mois à venir. En zone Euro, celle-ci a grimpé de 7,5% en mars 2022, contre 5,9% en février.

Autre mauvaise nouvelle, les marchés obligataires sont mis sous pression par le durcissement des politiques monétaires mené par les banques centrales. Les taux d'emprunt à 10 ans des principaux États ont d’ailleurs subitement grimpé. Le taux allemand a franchi la barre symbolique des 1 % tandis que la France emprunte désormais à un taux 1,5% et la Grande-Bretagne à 2 %.

France : les yeux rivés sur les élections législatives

Dans l’hexagone, les élections présidentielles ont rendu leur verdict. Emmanuel Macron a été réélu pour un deuxième mandat de cinq ans en tant que président des Français, battant Marine Le Pen, comme en 2017. Un résultat finalement conforme aux prévisions réalisées par les instituts de sondage.

Place désormais aux élections législatives qui se dérouleront en France métropolitaine les dimanches 12 et 19 juin 2022 pour la désignation des 577 députés. Trois blocs principaux devraient se faire face : Renaissance (ex-LREM), parti soutenant la politique d’Emmanuel Macron, la « Nouvelle union populaire écologique et sociales » (NUPES), fruit du rapprochement entre les Verts, La France insoumise et le Parti Socialiste, et le Rassemblement National (RN) de Marine Le Pen.

La FED durcit le ton

De l’autre côté de l’atlantique, après plusieurs mois de tergiversation, la réserve fédérale américaine (FED) a décidé d’accélérer sa politique de resserrement monétaire (« tapering »). Son objectif étant d’éteindre le plus rapidement possible l’incendie de l’inflation. Il faut dire que la hausse des prix aux USA a atteint 8,5 % sur un an, au plus haut depuis quarante ans. Une situation qui a amenée plusieurs membres du Conseil des gouverneurs de la Fed à tirer la sonnette d’alarme.

La réponse de l’institution américaine ne s’est donc pas fait attendre. Elle vient d’annoncer un relèvement de son taux directeur de 0,5 point. D'autres hausses de 0,5 point sont d’ores et déjà envisagées dans les prochains mois. Le bilan de la Fed qui a explosé depuis 2008 à 9 000 milliards de dollars, va également se réduire à partir du mois de juin de 47,5 milliards de dollars par mois pendant trois mois puis de 95 milliards de dollars en rythme mensuel.

Comme en Europe, les taux obligataires américains remontent fortement. Le rendement du Trésor américain à 10 ans a franchi le seuil des 3% ! Il s’agit d’un fait à ne pas négliger car il se rapproche de la croissance de long terme aux États-Unis (4 %).

Et le taux d’emprunt immobilier à 30 ans vient de passer 5,30%, au plus haut depuis plus de 10 ans. Il sera d’ailleurs intéressant d’en analyser les conséquences à moyen terme sur le marché immobilier américain.

La Chine s’entête

Les autorités chinoises continuent d’appliquer leur politique zéro Covid. Shanghai a ainsi passé tout le mois d'avril en confinement total. Malgré la politique volontariste des autorités monétaires chinoises, l'objectif de croissance de 5,5% pour 2022 semble désormais inatteignable.

La sanction des marchés financiers a été immédiate. L'indice MSCI Chine a reculé de -4,1% en avril. Les valorisations des actions chinoises par rapport aux marchés développés se situent désormais à des niveaux jamais vus depuis 2015.

Conclusion sur les marchés financiers

Malgré des marchés du travail robustes et un taux d'épargne record dans les grands pays développés, les risques continuent de peser sur la reprise, notamment en Europe. Les banquiers centraux marchent sur des œufs alors qu’ils doivent resserrer leur politique monétaire pour contenir l'inflation tout en veillant à ne pas basculer l'économie dans la récession.

Dans ce contexte, nous pensons que les marchés actions vont rester sous pression. Les entreprises qui peuvent maintenir leurs marges tout en imposant leurs prix aux consommateurs (pricing power) devraient mieux résister.

Les convictions de Scala Patrimoine

La diversification comme maître mot

Les crises géopolitiques ont souvent eu un impact brutal, mais relativement court sur les marchés et il est important de ne pas céder à la panique. Une approche constructive consiste à rester diversifié et à identifier des thèmes d'investissement crédibles à long terme, en évitant les comportements dictés par la peur. La croissance asiatique et les thèmes d'investissement ESG sont, selon nous, toujours intacts et pourraient offrir de plus grandes opportunités après la récente baisse des marchés.

Cibler les thématiques de long terme

Nous privilégions donc les thématiques puissantes de long terme, les fonds de performance absolue et les fonds flexibles dans notre allocation.

À cause de la crainte de l’inflation et de la hausse des taux, nous pensons que les produits de taux protégeront moins les portefeuilles.

Dans ce contexte, nous conservons une stratégie d’investissement très prudente sur les marchés actions. Notre priorité étant de protéger votre capital. C’est pourquoi l'allocation de notre fonds Monacia reste, en partie, protégée. Nous continuons à reprendre de l’exposition en particulier sur les secteurs et régions fortement touchés depuis le début de l’année, l’exposition cible pour le mois de mai est de 43 %.

Faire preuve de réactivité sur les marchés financiers

Enfin, nous conservons une allocation aux investissements alternatifs pour 30% du portefeuille, ce qui nous a permis de générer un peu de performance dans ce contexte incertain et d'accroître sa résilience. Nous sommes, à cet effet, positionnés sur des fonds Long/Short neutres aux marchés, sur des fonds de stratégies décorrélées des marchés (fusions/acquisitions, fonds de performance absolue) et sur l’inflation que nous renforçons progressivement.

Nous pensons continuer à prendre des expositions sur les marchés afin de profiter des points d’entrée. Après la forte baisse de ce début d’année, il sera nécessaire de sélectionner avec soins les régions et secteurs les mieux à même à rebondir. Nous avions anticipé un premier trimestre difficile, mais nous croyons toujours en un rattrapage au second. Afin de limiter les risques, nous augmenterons au fur et à mesure les expositions si nous jugeons que des opportunités existent.

Les Investissements alternatifs

Par ailleurs dans un souci de diversification, nous proposons des investissements alternatifs pour sécuriser vos portefeuilles et réduire les risques en cas de secousses des marchés. N’hésitez pas à nous contacter si vous souhaitez plus d’informations sur ces placements.

Assurance-vie luxembourgeoise : le Fonds d'Assurance Spécialisé (FAS)

L’utilisation du FAS présent en assurance-vie luxembourgeoise nous permet de travailler en architecture ouverte et ainsi sélectionner les meilleurs gérants mondiaux, sans aucune contrainte.

Sur ce véhicule, nous privilégions les thématiques de longs termes à impact, en particulier celles suivant les objectifs de développement durable (ODD), adoptés par les Nations Unies et qui participent à un développement économique soucieux de respecter les populations et la planète. Ce choix matérialise nos convictions en faveur d’un investissement plus responsable et durable.

Nous avons constitué le portefeuille sur la base des 17 ODD en sélectionnant les fonds les plus performants. La plus grande partie des Objectifs de Développement durable est d’ailleurs représentée.

En parallèle, Scala Patrimoine travaille sur des investissements alternatifs (cryptomonnaies, métavers, hydrogène …), qui ont vocation à représenter 10% du portefeuille.

Dette privée & produits structurés

Nous disposons ponctuellement d’investissement en dette privée sur des durées courtes et avec des taux attractifs. N’hésitez pas à nous solliciter pour en savoir plus.

Nous proposons aussi des produits structurés sur mesure avec des conditions très avantageuses pour les clients. En effet, nous optimisons les rendements en travaillant directement avec les salles de marchés et en ne prenant aucune commission sur les montants souscrits, en tant qu’indépendant, nous nous rémunérons en effet exclusivement aux honoraires.


Pourquoi les fonds en euros baissent ?

Assurance-vie : par quoi remplacer le fonds en euros ?

« Fonds en euros : le pire est-il à venir ? » (Mieux vivre votre argent), « Assurance-vie, les fonds en euros vont-ils sombrer ? » (Les Échos), « Par quoi remplacer le fonds en euros dans l’assurance-vie ? » (Le Monde). Ces derniers mois, la presse a fait ses choux gras de la fin imminente du fonds en euros. Sans aller jusqu’à pareille conclusion, il faut bien reconnaitre que l’environnement économique ne plaide pas en sa faveur. Depuis une quinzaine d’années, le rendement des fonds en euros est, en effet, en chute libre. Et les récentes tensions inflationnistes réduisent encore un peu plus leur attrait. Dans ces conditions, faut-il s’en détourner ? Quelles sont les alternatives possibles ? Scala Patrimoine vous fait part de ses convictions.

Fonds en euros : une place (trop) importante dans le patrimoine des Français

Les fonds en euros font, jusqu’ici, figure de placements incontournables dans le patrimoine des Français. Un chiffre témoigne de leur place prédominante : 75 % des 1 857 Md€ investis en assurance-vie le sont sur ce support !

Ce succès n’a toutefois rien d’étonnant. Les fonds en euros ont longtemps répondu aux besoins des épargnants les plus prudents, attirés par leur liquidité permanente, leur garantie en capital et des performances très honorables. Malheureusement, depuis quelques années, ce triptyque gagnant - sécurité, rentabilité et liquidité – est mis à rude épreuve.

Des performances dépendantes des marchés obligataires 

Pour bien comprendre le fonctionnement du fonds en euros et sa perte d’intérêt, il est nécessaire de revenir sur la manière dont ils sont gérés. Pour assurer la garantie en capital, l’assureur est tenu d’investir une majorité des sommes placées sur des actifs peu risqués et donc peu rémunérateurs. Autre épine dans le pied, les investissements réalisés sur les fonds en euros sont encadrés par la loi et ne laissent donc qu’une marge de manœuvre limitée au gestionnaire.

Selon le site Good Value For Money, les fonds en euros sont, en moyenne, composés de :

- Titres obligataires : 79 % (Obligations souveraines : 41 % / Obligations d'entreprises : 59 %)

- Actions : 9,1 %

- Immobilier : 6,7 %

- Monétaire : 1,4 %

- Autres : 3,8 %

Avec près de 80 % des investissements dirigés vers les titres obligataires, on perçoit très bien leur dépendance aux produits de taux. Or ces derniers ont vu leur rendement chuté, principalement sous l’effet des actions menées par les banques centrales pour stimuler l’économie.

Une baisse structurelle des rendements

Des taux d’intérêt historiquement bas

Depuis 2008, dans un contexte de faible croissance, les banques centrales ont injecté un maximum de liquidité dans l’économie. Leur but étant - entre autres - de permettre aux États de refinancer leur dette à des taux d’intérêt historiquement bas.

Conséquence directe, le taux moyen des emprunts d’État français à 10 ans est passé de 4,25 % en avril 2004 à - 0,3 % en janvier 2021. Cette chute entrainant avec elle l’ensemble des marchés obligataires (États, entreprises …). Placés au pied du mur, les assureurs sont contraints d’investir dans des titres dont la rémunération est proche de 0%, tirant vers le bas les rendements des fonds en euros.

Réglementation : des assureurs sous pression

L’environnement économique n’est pas la seule difficulté à laquelle doivent faire face les assureurs. Le législateur leur impose également des normes de solvabilité très contraignantes, les obligeant à faire preuve d’une plus grande prudence dans la gestion de leurs fonds en euros. Résultat, ils ont dû réduire leurs investissements dirigés vers des produits risqués (actions, immobiliers). Or, ce sont ces placements qui permettaient de « booster » les rendements.

En parallèle, le régulateur a incité les assureurs à augmenter leur réserve et notamment la provision pour participation aux bénéfices (PPB). Une partie de leurs bénéfices est ainsi « mise de côté ».

Cette réserve pourra cependant être utilisée ultérieurement afin de lisser les rendements des contrats. Selon les différentes analyses publiées sur la question, les assureurs disposeraient, en moyenne, de trois années pleines de revalorisation en réserve.

Autre mauvaise nouvelle, la loi Sapin II, autorise le Haut Conseil de Sécurité Financière (HSCF) à remettre en question le principe de liquidité du Fonds en Euros, en cas de grave crise financière. En effet, si la situation l’exige, notamment en cas de remontée trop brutale des taux, le HSCF peut décider de bloquer temporairement la possibilité d’effectuer des retraits.

Cet environnement réglementaire a donc amené une grande partie des assureurs à plafonner les versements vers les fonds en euros. Au cours des prochaines années, il faut s’attendre à ce que des quotas d’investissement encore plus restrictifs soient imposés.

Des rendements en chute libre

Dans de telles conditions, l’érosion des rendements des fonds en euros paraissait inéluctable. En 2005, le rendement moyen des fonds en euros était encore de 4,20%. Seize ans plus tard, celui-ci dépassait à peine 1,30%, selon la fédération France Assureurs.

Chute des fonds en euros

Malgré cette chute vertigineuse des rendements, investir sur des fonds en euros présentait encore de l’intérêt, dans un environnement où l’inflation était quasi nulle. Ces placements offraient toujours aux épargnants un rendement réel positif. Mais la reprise économique et le rebond de la consommation viennent bouleverser ce raisonnement.

Inflation : une nouvelle perte d’intérêt pour les fonds en euros

Les économistes l’appellent « l’effet ciseaux ». Ce terme désigne une situation dans laquelle deux phénomènes économiques vont évoluer de manière opposée et fragiliser l’équilibre d’un système. La dernière victime en date ? Les fonds en euros ! La première lame fut celle de la baisse des taux. La seconde, tout aussi importante, est provoquée par la remontée de l’inflation. Une hausse des prix qui s’explique notamment :

- à court terme, par le rebond économique qui suit la crise du Covid et qui provoque une hausse de la demande et une rupture des chaines d’approvisionnement ;

- à moyen terme, par la guerre en Ukraine et ses conséquences directes sur l’approvisionnement et le prix des matières premières (blé, pétrole, gaz …)

- sur le long terme, par la hausse des salaires générée par une tension sur le marché du travail, notamment aux États-Unis

L'inflation resurgit

Récemment, l’Insee a revu à la hausse ses prévisions d'inflation, à 4,5 % sur un an. Avec un rendement du fonds en euros qui devrait tourner autour de 1 % dans les années à venir, investir sur ce placement constituerait donc une perte de pouvoir d’achat de 3,5 points pour les épargnants.

Quelles alternatives aux fonds en euros ?

Les fonds en euros sont aujourd’hui investis sur des obligations de longs termes très faiblement rémunérés. Pour cette raison, nous n'anticipons pas une remontée des rendements à court et moyen terme.

Cette situation ne signifie cependant pas la mort du fonds en euros. Nous pensons tout simplement que ce placement sans risque ne peut plus être considéré comme la martingale pour les épargnants. Plusieurs alternatives existent, mais nécessitent toutefois de revoir en profondeur sa stratégie d’investissement, en diversifiant davantage son patrimoine.

Les fonds patrimoniaux et les mandats de gestion personnalisés

Les fonds patrimoniaux ont pour objectif de préserver le capital des investisseurs et générer une performance régulière sur le long terme. Principal avantage, ces fonds - diversifiés et/ou flexibles - sont conçus pour réagir rapidement aux évolutions des marchés financiers. Le gérant disposant pour cela d’une grande liberté dans ses choix d’investissements.

Afin de proposer une offre unique et personnalisée à nos clients, Scala Patrimoine a créé un fonds de fonds « patrimonial » dédié en partenariat avec Rothschild & Co. Ce fonds, appelé « Monacia » se positionne parmi les meilleurs de sa catégorie alors même qu’il s’agit d’une période baissière. Comme en 2020, nous avons réussi à préserver le capital de nos clients, malgré la baisse de l’ensemble des marchés.

Les thématiques de long terme

Dans le cadre d’une gestion équilibrée des portefeuilles financiers, il convient de cibler des thématiques d’avenir. Le cabinet apprécie notamment celles portant sur l’environnement (climat, biodiversité et forets), l’énergie (hydrogène), les technologies (Blockchain, Cloud, Cyber Sécurité), les infrastructures vertes, la consommation responsable, l’eau ou encore la santé.

Dans cet esprit, nous avons lancé, avec la société de gestion Ecofi, un fonds dédié sur la thématique de l’environnement. Celui-ci est investi sur une sélection de grandes entreprises mondiales responsables, contribuant à la transition énergétique et écologique. Sept thématiques de long terme sont mises en lumière parmi lesquelles les transports, la technologie de l’information et l'énergie.

Des stratégies alternatives

Dans un environnement économique incertain, nous mettons en avant des fonds qui appliquent des stratégies « alternatives », décorrélées des marchés financiers.

Voici quelques exemples :

- Les fonds indexés sur l’inflation. L’inflation nous apparait comme une couverture naturelle sur le long terme. Nous sommes donc positionnés sur un fonds d'obligations internationales cherchant à bénéficier de la hausse de l'inflation anticipée.

- Les fonds de performance absolue. Il peut être intéressant de se positionner sur des fonds de performance absolue dont l’objectif est de réaliser une performance positive, quelles que soient les conditions de marché.

- L’Or et les métaux précieux. Dans certaines conditions de marché, comme c’est le cas actuellement, l’investissement sur l’or et les métaux précieux peut faire sens.

- Les opérations de M&A. Nous apprécions certains fonds concentrés sur les opérations de fusions et acquisitions. La stratégie des gérants étant notamment de profiter des écarts de cours entre le prix de l’offre et le prix de l’action de l’entreprise cible.

Le private equity et les produits structurés

Par ailleurs, pour réduire les risques en cas de secousses des marchés, investir sur le non-côté présente un intérêt. C'est notamment le cas de la dette privée et du capital investissement. Les produits structurés peuvent également être utilisés comme une alternative à un investissement en actions, afin de réduire l’exposition au risque d’un portefeuille.

Ces placements alternatifs doivent cependant être souscrits dans une optique de très long terme. Les sommes investies seront, en effet, bloquées de nombreuses années. Au regard des risques associés et de leurs caractéristiques, ces investissements ne doivent pas représenter une part trop importante d’un patrimoine.

L’immobilier

La pierre, et notamment l’immobilier parisien, conserve son statut de valeur refuge. Sur ce marché, la « tension locative » reste forte. L’offre de biens de qualité est rare alors que la demande est toujours aussi élevée. Autre bonne nouvelle en cette période, l’immobilier est un investissement efficace pour se protéger de l'inflation.

Pour certains profils d’investisseurs, la pierre papier (SCPI, OPCI, fonds spécialisés) présente également un intérêt.

L’œil de Scala Patrimoine

Le rendement des fonds en euros est aujourd’hui quasiment identique à ceux des livrets défiscalisés. Depuis le 1er janvier, le livret A offre une rémunération de 1 %, contre 1,3 % pour les fonds en euros.

Économiquement, il devient de plus en plus difficile de défendre le fonds en euros. Dès à présent, les épargnants doivent, en respect de leur profil d’investisseur et de leur horizon de placement, trouver des solutions pour sortir partiellement du fonds en euros, tout en contrôlant la volatilité de leurs investissements.

Certains assureurs ont d'ailleurs lancé de « nouveaux » fonds en euros, investis de manière plus dynamique sur les marchés financiers ou l’immobilier. Au regard de leurs performances, nous sommes aujourd’hui très mesurés sur leur pertinence.

N’hésitez pas à nous contacter si vous souhaitez plus d’informations sur le sujet.


Spécialiste de la biodiversité, Marguerite Culot est directrice du développement de Finance for Tomorrow

Marguerite Culot (Finance For Tomorrow) : "Le climat et la biodiversité sont interdépendants"

Plusieurs fois repoussée en raison du contexte sanitaire, la quinzième réunion de la Conférence des Parties (COP 15) devrait se tenir cet été à Kumming, en Chine. Un rendez-vous très important qui doit permettre d’établir le cadre mondial de la biodiversité pour les années à venir. L'objectif étant d'enrayer la perte de plantes, d'animaux et d'écosystèmes sur la planète. Marguerite Culot-Horth, Directrice des Programmes, du développement et des relations institutionnelles de Finance For Tomorrow, se confie sur les enjeux liés à la biodiversité et les solutions existantes pour la restaurer.

Scala Patrimoine. Le secteur financier s’engage de plus en plus fortement en faveur de la transition climatique et de la décarbonisation de l’économie. Pourtant, les questions relatives à la biodiversité sont assez peu évoquées. Comment l’expliquez-vous ?

Marguerite Culot-Horth. Les enjeux de la biodiversité sont connus de longue date. La Convention sur la diversité biologique a été adoptée lors du sommet de la Terre à Rio de Janeiro en 1992, en même temps que la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques. Mais la communauté internationale a, au début des années 90, fait le choix de travailler en priorité sur les questions climatiques. Les sujets autour de la biodiversité étant considérés comme plus localisés, plus transversaux. Il n’existe pas non plus d’étalons comme le CO2, par exemple. C'est donc un thème qui peut être plus difficile à appréhender.

Scala Patrimoine. Il semble cependant difficile d'aborder le sujet de climat sans évoquer celui de la biodiversité.

Les problématiques autour du climat et de la biodiversité sont interdépendantes et forcément connexes. Le climat influence fortement le fonctionnement des écosystèmes et la biodiversité. Des écosystèmes équilibrés contribuent, de leur côté, à atténuer les effets du changement climatique et de ses impacts. Ces défis doivent être abordés en même temps. Les rapports présentés ces derniers mois par le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) vont d’ailleurs dans ce sens.

 

« Nous disposons de techniques de génie écologique suffisantes pour restaurer les écosystèmes dégradés »

 

Scala Patrimoine. Le GIEC a rappelé qu’il était vital d’œuvrer à la restauration de la biodiversité. Quelles sont les solutions à notre disposition pour y parvenir ?

Nous pouvons nous référer aux solutions fondées sur la nature, en mer ou sur terre. Elles s'appuient sur les écosystèmes et la biodiversité. Ces initiatives produisent des résultats tangibles. C’est notamment le cas du travail réalisé pour préserver et restaurer les barrières de corail ou encore la création d’espaces naturels protégés, comme celle située dans les Caraïbes. Les barrières de corail et les mangroves permettent d’amoindrir les chocs climatiques. Sur terre, la préservation des espèces passe notamment par une meilleure protection des prairies naturelles et des forêts. Celles-ci présentent, en effet, l’avantage de capter plus de CO2 qu'elles n'en émettent et de préserver la biodiversité.

Scala Patrimoine. Donc, techniquement et scientifiquement, c'est encore possible de restaurer des écosystèmes ?

Nous disposons aujourd’hui de techniques de génie écologique suffisantes pour restaurer les écosystèmes dégradés. Les résultats peuvent d’ailleurs se mesurer assez rapidement. Si le biotope n'est pas arrivé à un état d'effondrement total, il est possible de le reconquérir, le faire revivre et même de le faire grandir. Le projet de réhabilitation écologique mené par la CDC biodiversité sur le Site naturel de compensation de Cossure en est la parfaite illustration. Les différentes actions menées ont permis de recréer un espace naturel en transformant un verger intensif créé dans les années 80, en steppe semi-aride méditerranéenne. Les initiatives de reforestation en Thaïlande pour reforester ou les nurseries pour sauver les récifs coralliens fonctionnent aussi très bien, tout comme les travaux de restauration des sols.

 

« Je regrette que la comptabilité des entreprises ne prenne toujours pas en compte la préservation du capital naturel »

 

Scala Patrimoine. Finance for Tomorrow a présenté une étude « Finance & Biodiversité : l’écosystème français ». Quels sont les principaux enseignements ?

En 2018, nous avions publié une étude qui cartographiait les acteurs de la finance agissant sur la biodiversité. Cette année, nous sommes montés d’un cran en faisant un état des lieux des outils et des méthodologies visant à renforcer les capacités d’analyse sur la biodiversité (matérialité sectorielle, fiches par thématiques environnementales, tableau de comparaison des labels écologiques…). Nous avons également décrypté le cadre du marché en présentant l’état de la réglementation, des avancées méthodologiques, le rôle de la recherche et les attentes d’engagements. Finance For Tomorrow a, par ailleurs, recensé les initiatives les plus pertinentes réalisées en France, mais également à l’internationale. Au-delà des acteurs financiers français (assureurs, institutionnels, société de gestion, banques), nous remarquons que certaines entreprises de l’économie physique sont de véritables pionniers sur les sujets de financement de la biodiversité et du capital naturel.

Scala Patrimoine. Agir en faveur de la biodiversité nécessite des moyens très importants. Ces investissements peuvent-ils néanmoins être rentables sur le plan financier ?

Une analogie avec l’investissement à impact est possible. Une rentabilité financière est envisageable, mais celle-ci ne sera peut-être pas à la hauteur des attentes des investisseurs ayant pour unique objectif la performance économique. Le retour sur investissement espéré doit-il être uniquement financier ? Je ne le pense pas. Je regrette d’ailleurs que la comptabilité des entreprises ne prenne toujours pas en compte la préservation du capital naturel. Pour encourager davantage les acteurs à s’investir sur les sujets de biodiversité, il faudrait revoir les choses en profondeur. Certaines initiatives très intéressantes existent (Méthodes SeMA, de comptabilité universelle, LIFTS, Thésaurus triple empreinte et CARE).

 

« La COP 15 nous offre l’occasion d’enclencher une nouvelle dynamique »

 

Scala Patrimoine. La quinzième réunion de la Conférence des Parties (COP 15) à la Convention sur la diversité biologique se tiendra d’ici la fin de l’année, en Chine. Dans quel contexte va-t-elle se dérouler ?

La COP 15 se placera dans la continuité de la Convention sur la diversité biologique (CDB) de l'ONU qui s’est tenue à Aichi, au Japon, en 2010. À l’époque, un Plan stratégique avait été adopté pour la période 2011-2020, mettant en lumière 20 mesures pour stopper l'érosion de la biodiversité. Les objectifs d'Aichi répondaient alors à cinq grandes thématiques : « gérer les causes sous-jacentes de l'appauvrissement de la diversité biologique », « réduire les pressions directes sur la diversité biologique », « améliorer l'état de la diversité biologique », « renforcer les avantages retirés de la diversité biologique » et « renforcer la mise en œuvre de la protection de la nature ». Hélas, cette période s’achève sur un constat d’échec. La COP 15 nous offre donc l’occasion d’enclencher une nouvelle dynamique.

Scala Patrimoine. Quelles sont les principales avancées espérées ?

Le cadre qui pourrait/devrait être adopté, comprend 21 objectifs et 10 étapes proposées pour 2030, en vue de vivre en harmonie avec la nature d'ici 2050. Dans la lignée des objectifs d’Aichi, nous espérons pouvoir sanctuariser un alignement des acteurs financiers et ainsi veiller à ce que 30% des zones terrestres et maritimes dans le monde soient conservées grâce à des systèmes d'aires protégées efficaces, équitablement gérés, écologiquement représentatifs et bien connectés. La COP 15 doit également permettre de réduire le taux d’introduction et d’établissement d’espèces exotiques envahissantes de 50%, de réduire les nutriments perdus dans l’environnement d’au moins la moitié, les pesticides d’au moins deux tiers, mais aussi d’éliminer les rejets de déchets plastiques.

Scala Patrimoine. Quels seront les moyens financiers mis à disposition ?

Les différentes parties prenantes espèrent augmenter les ressources financières d’au moins 200 milliards de dollars par an, et 10 milliards par an à destination des pays en développement, mais aussi de rediriger, réformer, ou éliminer les subventions et incitations néfastes à hauteur de 500 milliards par an.


Funds magazine revient sur l'investissements dans les actifs naturels, tels que les vignes et les forets

Funds Magazine : les professionnels du patrimoine élargissent leur champ d’action

La gestion de patrimoine est un métier en perpétuel mouvement. La crise du covid-19 fut, à ce titre, un test grandeur nature pour la profession. Les cabinets de conseil en gestion de patrimoine en sont d'ailleurs sortis renforcés, en ayant pu démontrer leur proximité avec leurs clients. Mais au-delà des conseils délivrés en matière de gestion financière, certains cabinets, à l’instar de Scala Patrimoine, proposent un accompagnement plus complet.

Aurélie Fardeau, journaliste pour Option Finance, en a profité pour interroger Guillaume Lucchini. Celui-ci s'exprime notamment sur l'évolution du métier et la gamme de produits et de services proposés.

Ce qu'il faut en retenir sur l'évolution des offres des professionnels du patrimoine :

Dans le cadre de l’article « Les conseillers en gestion de patrimoine élargissent leur champ d'action » publié dans Funds Magazine, le président de Scala Patrimoine est revenu sur le modèle économique des acteurs de la profession et sur le développement des offres spécifiques. Une évolution qui touche principalement le segment du private equity et de l’épargne retraite.

Voici les principales citations de l’article :

- « Les conseillers sont sortis renforcés de la crise de la Covid-19. »

- « 78 % des ressources financières des CGP proviennent des rétrocessions. À partir du moment où l’Europe combat le modèle, où la loi Pacte a plafonné les frais du PEA et où l’on a une plus grande transparence des frais du PER et de l’assurance-vie, on va assister à une plus grande concurrence sur les prix. Ce constat est d’autant claire que tous les cabinets proposent les mêmes produits. Les clients vont chercher les produits avec les frais les plus faibles. »

- « Le private equity est dans tous les esprits. L’offre s’étoffe. »


Les marchés financiers prouvent une nouvelle fois leur dépendance aux décisions des banques centrales. L'économie résiste, quant à elle, trés bien.

Le rendez-vous des marchés financiers – avril 2022

L’actualité des marchés financiers est notamment marquée par l’enlisement du conflit armé opposant les Russes et les Ukrainiens.

Les points clés sur les marchés financiers :

  • Malgré la puissance de son armée, la Russie n’est pas encore parvenue à prendre les grandes villes ukrainiennes. Les troupes de Vladimir Poutine ont même perdu du terrain aux abords de Kiev.
  • L’Europe veut bâtir son chemin vers l’indépendance énergétique. Des investissements colossaux vont être réalisés pour atteindre cet objectif, devenu vital.
  • Les banques centrales sont prises entre le marteau et l’enclume. Doivent-elles continuer à lutter contre l’inflation ou soutenir coûte que coûte la croissance, dans un contexte de fortes tensions géopolitiques ? Pour l’instant, elles semblent en priorité vouloir limiter les tensions inflationnistes.

La guerre en Ukraine grippe les marchés financiers

Ukraine : Vladimir Poutine s’entête

La guerre entre la Russie et l’Ukraine continue de faire rage. Malgré les efforts diplomatiques de nombreux dirigeants politiques, Vladimir Poutine ne semble - malheureusement - pas prêt à changer ses plans. Jusqu’où le président russe peut-il aller ? Son armée est-elle préparée pour un conflit de longue durée ? Comment va-t-il réagir à la résistance homérique du peuple ukrainien ? Les interrogations sont aujourd’hui très nombreuses et les analystes peinent à dessiner un scénario de sortie de crise.

Quoi qu’il en soit cet évènement géopolitique majeur a déjà commencé à peser sur les évolutions macroéconomiques. La Russie est, il est vrai, un important producteur d’énergie. Sans surprises, l'escalade des tensions a des répercussions importantes sur les marchés des matières premières. Les cours du pétrole et du gaz font ainsi preuve d’une volatilité très élevée. Durant le premier trimestre 2022, ils sont en hausse respectivement de 33 % et 55 %.

Et les bourses mondiales dans tout cela ? Les marchés actions ont effacé une partie de leurs pertes pour terminer le mois de mars en hausse de 3 %. Les grands indices boursiers des pays développés sont cependant toujours en baisse de 5 % depuis le début de l'année. Les marchés émergents poursuivent, quant à eux, leur chute, avec une nouvelle baisse de 2 % le mois dernier. Ils reculent ainsi de près de 7 % sur le premier trimestre 2022.

Rebond des rendements obligataires

Comme elles l’avaient annoncé, les banques centrales ont mis en application leur nouvelle ligne politique : accélérer le rythme des hausses de taux d'intérêt pour lutter contre la hausse de l'inflation.

Les marchés obligataires n’ont d’ailleurs pas tardé à réagir. De nombreux rendements obligataires de la zone euro ont fortement bondi ces dernières semaines. Le taux allemand à 10 ans, la référence en zone euro, est passé de -0,18 % fin décembre à environ 0,57 %, soit un rebond de 75 points en l’espace de trois mois. En France, sur la même période, le taux OAT à 10 ans est passé de 0,20 % à 0,98 %.

La Banque centrale européenne a confirmé que la réduction progressive du programme d'achat d'urgence en cas de pandémie se terminera en juin et que le programme d'achat d'actifs prendra fin progressivement au cours du troisième trimestre 2022, si les conditions restent favorables. La présidente Christine Lagarde a ainsi laissé la porte ouverte à une première hausse des taux cette année.

Aux États-Unis, la Fed a relevé le taux cible de 0,25 %, comme prévu, indiquant clairement que de nouvelles hausses seront appropriées. Le consensus s'attend maintenant à sept hausses cette année et à quatre l'année prochaine.

Du côté de la Perfide Albion, après une première hausse en décembre, la Banque d'Angleterre a relevé son taux directeur de 0,25 % à deux reprises au premier trimestre, pour atteindre 0,75 %.

La tendance à la normalisation des politiques a également été poursuivie par certaines banques centrales des marchés émergents, le Brésil, Taïwan, la Corée et Hong Kong ayant tous annoncé des hausses de taux. La Banque du Japon joue, quant à elle, la carte du statu quo, maintenant sa position actuelle d'assouplissement.

Politique monétaire : limiter l’inflation ou soutenir la croissance ?

L’actualité géopolitique pourrait venir tout bousculer. La guerre opposant la Russie à l'Ukraine et le choc de l'offre de matières premières posent un dilemme aux banques centrales. Tenter de maîtriser l'inflation ou soutenir la croissance ? Leurs cœurs balancent. Tout en reconnaissant les incertitudes liées à la situation géopolitique et ses implications économiques, les banques centrales ont jusqu'à présent laissé entendre qu'elles considéraient l'inflation comme le problème le plus urgent à résoudre, à moins que les perspectives de croissance ne se détériorent nettement.

Dans sa dernière projection économique, la Banque de France demeure encore relativement confiante sur le rythme de croissance de l’hexagone. Elle souligne ainsi que « grâce au redressement qui s’est déjà opéré tout au long de l’année 2021, l’acquis de croissance pour 2022 est estimé à 2,9 % à la fin du premier trimestre ». Avant d’ajouter : « malgré le ralentissement attendu sur les trimestres à venir, la croissance du PIB en moyenne annuelle atteindrait 3,4 % en 2022 dans le scénario normal et 2,8 %, dans le scénario dégradé ».

En parallèle, l'inflation de la zone euro a été révisée à la hausse à 5,9 % en février dernier. Même constat au Royaume-Uni où elle s'est accélérée à 6,2 %. Aux États-Unis, l'inflation a même atteint un sommet en 40 ans à 7,9 %.

L’Europe veut réduire sa dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie

L'Europe est un énorme importateur de pétrole et de gaz naturel en provenance de Russie, ce qui rend la région très vulnérable au conflit. Les craintes d’un ralentissement économique sont désormais bien réelles. Une inquiétude qui peut cependant être atténuée par l'épargne excédentaire élevée accumulée pendant les périodes de confinement, mais aussi par la bonne dynamique du marché du travail. Les mesures de relance budgétaire organisées par les États constituent une autre soupape de sécurité. Entretemps un nouveau caillou s’est cependant glissé dans la chaussure de l’Union européenne : la confiance des consommateurs a fortement baissé en mars.

Pour autant, les institutions européennes ne restent pas sans rien faire. La Commission européenne a, en effet, présenté des plans ambitieux visant à réduire les importations de gaz russe de deux tiers avant la fin de l'année. Pour réussir ce tour de force, elle compte renforcer le mix énergétique et accélérer ses investissements dans les centrales éoliennes et solaires. Les dirigeants européens discutent actuellement du lancement d'un fonds pour l'énergie et la défense. Des projets qui pourraient être financés par une nouvelle émission obligataire. Certains pays, comme l'Allemagne, la France et l'Italie, approuvent également des mesures visant à absorber une partie des factures énergétiques plus élevées des ménages.

Malgré tout, les Européens vont devoir se confronter à la réalité. À court terme il sera très difficile de se passer de la Russie. Les échanges qui se sont tenus lors du dernier sommet européen en sont la parfaite illustration. À Versailles, les dirigeants européens ont reconnu qu’il existait, à ce jour, peu d'alternatives au gaz russe et que la réduction de la dépendance européenne demandera du temps.

Une faible dépendance du Royaume-Uni à la Russie

Le Royaume-Uni est, quant à lui, moins dépendant vis-à-vis de la Russie, mais demeure un important consommateur de gaz et de pétrole. Le pays est donc exposé aux risques liés à la hausse persistante des prix de l'énergie. Une aide budgétaire d'environ 0,4 % du PIB a été annoncée, pour la période 2022/2023, qui apportera un certain soutien aux revenus des ménages.

États-Unis : le risque d’une crise budgétaire s’éloigne

Aux États-Unis, la confiance des consommateurs s'est également détériorée au cours du dernier trimestre. Le marché du travail américain a heureusement prouvé sa robustesse. Le rapport sur l'emploi de février est bien meilleur que prévu. Le Congrès a adopté un projet de loi de dépenses pour financer le gouvernement fédéral jusqu'en septembre. Cette annonce, combinée à l'augmentation du plafond de la dette de 2,5 billions de dollars en décembre dernier, élimine le risque imminent d'une crise budgétaire.

La Chine toujours touchée par le covid

Lancée dans une politique visant à réduire les inégalités répondant au nom de « prospérité commune », la Chine doit faire face à une baisse du rythme de sa croissance. L’Empire du Milieu vient même d’annoncer un objectif de seulement 5,5 %, le plus faible depuis 30 ans. Pour enrayer cette mauvaise dynamique, les autorités du pays ont cependant officialisé la mise en œuvre de mesures de relance économique, lors de l'Assemblée populaire nationale.

Sur les marchés actions chinois, le premier trimestre 2022 a été particulièrement difficile. Surtout que le pays dirigé par Xi Jinping continue d’appliquer une politique « Zéro Covid ». De nombreux quartiers de grandes villes comme Shenzhen et Shanghai ont ainsi été bouclés. Les fermetures d'usines de fabrication alimentent également les contraintes d'approvisionnement mondiales dans certains secteurs.

De l’autre côté de la Mer de Chine, au Japon, le gouvernement de Fumio Kishida a introduit des subventions ciblées qui devraient aider à soutenir la consommation des ménages face au choc des prix de l'énergie. Hélas, comme en Chine, le secteur manufacturier continue de faire face à des contraintes d'approvisionnement en raison des fermetures d'usines provoquées par des pénuries persistantes de semi-conducteurs, en particulier dans certains domaines comme l'automobile.

La Russie paye le comportement de Vladimir Poutine

Des sanctions économiques et financières sévères ont été imposées à la Russie par les pays développés, notamment le retrait de certaines banques russes de SWIFT et l'imposition de restrictions sur les réserves internationales de la Banque centrale de Russie. En réponse, celle-ci a adopté des mesures extraordinaires, portant le taux directeur à 20 % et imposant des contrôles de capitaux pour limiter les sorties. Malgré cela, le rouble s'est effondré et la bourse a été fermée pendant deux semaines.

Ces mesures sévères infligeront des dommages importants à l'économie russe, qui devrait entrer dans une profonde récession. Les exportations de pétrole et de gaz naturel vont toutefois se poursuivre. En raison de sa forte dépendance au gaz russe, l'Europe a évité de mettre en place des sanctions susceptibles de mettre en péril les importations d'énergie et les paiements associés. Cependant, l'administration Biden, en raison de la faible dépendance des États-Unis vis-à-vis de l'approvisionnement russe, a pu interdire les importations de pétrole en provenance de Russie.

Conclusion

L'issue de la guerre en Ukraine reste très incertaine. Une escalade des tensions pourrait continuer à exercer une pression à la hausse sur les prix de l'énergie et des matières premières, exacerbant l'inflation et les contraintes de la chaîne d'approvisionnement qui sont déjà apparues après la pandémie.

La crise énergétique provoquée par cette guerre poussera de nombreux gouvernements à accélérer leurs plans pour réduire leur dépendance aux matières premières russes, créant une croissance significative chez les acteurs de la transition énergétique.

Les convictions de Scala Patrimoine

Une stratégie toujours très prudente

Les crises géopolitiques ont souvent eu un impact brutal, mais relativement court sur les marchés et il est important d'éviter de vendre ses positions sous l'effet de la panique. Une approche constructive consiste à rester diversifié et à identifier des thèmes d'investissement crédibles à long terme, en évitant les comportements dictés par la peur. La croissance asiatique et les thèmes d'investissement ESG sont selon nous toujours intacts. Ils pourraient, en effet, offrir de plus grandes opportunités après la récente baisse des marchés.

Nous privilégions donc les thématiques de longs termes, les fonds de performance absolue et les fonds flexibles dans notre allocation.

La volatilité que nous anticipions depuis le début de l’année s’est encore accentuée. À cause de la crainte de l’inflation et de la hausse des taux, nous pensons que les produits de taux protégeront moins les portefeuilles. La guerre en Ukraine est venue encore renforcer ces inquiétudes, et les marchés ont encore fortement dévissé malgré une reprise ces derniers jours.

Dans ce contexte, nous conservons une stratégie d’investissement très prudente sur les marchés actions. Notre priorité étant de protéger votre capital. C’est pourquoi l'allocation de notre fonds Monacia reste, en partie, protégée. Nous avons repris de l’exposition aux marchés actions en début de mois afin de prendre position sur un point bas de marchés. Notre portefeuille est actuellement exposé aux marchés actions à hauteur de 30%.

Prêt à saisir les opportunités

Enfin, nous conservons une allocation aux investissements alternatifs pour 30% du portefeuille. Des positions qui nous ont permis de générer un peu de performance dans ce contexte incertain. Pour accroitre la résilience de nos portefeuilles, nous nous sommes aussi positionnés sur des fonds Long/Short neutres aux marchés. D'autres investissements ont été réalisés sur des fonds de stratégies décorrélées des marchés et sur l’inflation.

Nous pensons continuer à prendre des expositions sur les marchés afin de profiter des points d’entrée. Après la forte baisse, il sera nécessaire de sélectionner avec soins les régions et secteurs en capacité de rebondir. Nous avions anticipé un premier trimestre difficile, mais nous croyons toujours en un rattrapage au second. Afin de limiter les risques, nous augmenterons au fur et à mesure les expositions. Nous restons également attentifs aux opportunités d'investissement qui se présenteront.

Notre exposition sur notre fonds patrimonial sera ajustée au cours des prochains mois afin de maintenir notre approche de gestion du risque.


Le Gouvernement poursuit son action en faveur des indépendants et déploie un plan articulé autour de 5 axes et 20 mesures

Plan Indépendants : ce qui change pour les entrepreneurs

La France a une longue tradition entrepreneuriale derrière elle ! Preuve en est : 3 millions d’indépendants dynamisent aujourd’hui notre tissu économique. Et la crise du Covid-19 n’a pas inversé cette tendance, bien au contraire. En 2021, 995 000 entreprises ont ainsi été créées, soit une hausse de 17,4% par rapport à 2020. Un record historique !

Pour leur offrir une meilleure protection, Emmanuel Macron a présenté une série de mesures, en septembre dernier, dans le cadre d’un plan en faveur de l’activité professionnelle indépendante.

L’Assemblée nationale et le Sénat ont, à l’unanimité, adopté le 8 février dernier, ce projet de loi. Plusieurs mesures concernent le patrimoine des indépendants, artisans, commerçants et professionnels libéraux, dont la plus emblématique porte sur la création du nouveau statut d’entrepreneur individuel.

Précision : certaines dispositions du projet de loi ont été intégrées dans la loi de finances et la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2022.

Protéger le patrimoine des indépendants

Un statut unique pour l’entrepreneur individuel

Le plan « Indépendants » élaboré par Alain Griset, l’ancien ministre délégué aux Petites et Moyennes Entreprises, a notamment pour ambition d’apporter une protection supplémentaire au patrimoine personnel de l’entrepreneur, et de le rendre insaisissable en cas de défaillance de son entreprise.

Suivant cette voie, le législateur a donc consacré un statut unique pour l’entrepreneur individuel. Grâce à cela, l’ensemble de son patrimoine individuel deviendra insaisissable par les créanciers professionnels, sauf s’il en décide autrement.

La loi précise, à cet effet, que seuls les éléments utiles à son activité professionnelle pourront être saisis en cas de défaillance professionnelle. Ces dispositions s’appliqueront à partir du 15 mai 2022.

Ce qu’il faut savoir :

- La loi distingue le patrimoine professionnel et le patrimoine personnel de l’entrepreneur ;

- Seuls les éléments nécessaires à l’activité professionnelle de l’entrepreneur pourront, en principe, être saisis en cas de défaillance ;

- Sauf exception, le patrimoine personnel ne pourra être saisi que par ses créanciers personnels ;

- Cette réforme concerne toutes les nouvelles créations d’entreprises, à partir du 15 mai 2022 ;

- Pour les entreprises créées avant la réforme, cette protection s’appliquera uniquement aux nouvelles créances  ;

- Rien ne change pour les créances en cours (notamment les prêts bancaires) ;

- Il ne se sera plus possible de créer une nouvelle entreprise sous le statut d’entreprise individuelle à responsabilité limitée (EIRL). Les EIRL en cours de vie demeureront toutefois.

Le passage en société facilité

Le législateur a pris des dispositions pour faciliter le passage d’une entreprise individuelle en société. Il est ainsi désormais possible de transmettre la totalité du patrimoine professionnel en une seule opération, simple à réaliser.

Favoriser la transmission des entreprises

La fiscalité sur les transmissions et les reprises d’entreprises allégée

Les plafonds d’exonération totale et partielle des plus-values lors de la cession d’une entreprise individuelle sont respectivement portés :

- De 300 000 € à 500 000 € ;

- De 500 000 € à 1 M€.

En parallèle, le plan « Indépendants » assouplit les dispositifs d’exonération des plus-values de cession dégagées à l’occasion d’un départ en retraite.

Auparavant, et sous certaines conditions, les entrepreneurs pouvaient bénéficier d’une exonération des plus-values lorsque la cession de leur entreprise intervenait 24 mois, après leur départ en retraite. Mais en raison de la crise sanitaire, le laps de temps nécessaire pour vendre une entreprise s’est allongé. En réponse, le législateur a donc porté ce délai à 36 mois.

Attention, cette mesure s’applique uniquement aux exploitants ayant fait valoir leurs droits à la retraite entre 2019 et 2021.

Autre assouplissement prévu par la loi : la cession à toute personne d’une activité en location-gérance sera autorisée, sous réserve que cette cession porte sur l’intégralité des éléments concourant à l’exploitation de l’activité.

Le rachat d’un fonds de commerce favorisé

La loi dédiée aux Indépendants comporte un volet visant à alléger la fiscalité applicable à l’acquisition d’un fonds de commerce. L’indépendant peut désormais déduire du résultat imposable les amortissements comptabilisés.

Cette mesure est cependant temporaire. Elle concerne, en effet, uniquement les fonds acquis entre le 1er janvier 2022 et le 31 décembre 2025.

Faciliter le rebond des indépendants

Un accès élargi à l’allocation des travailleurs indépendants (ATI)

Le législateur a souhaité élargir l’accès à l’allocation des travailleurs indépendants.

Pour y avoir droit, un entrepreneur devait auparavant exercer une activité non salariée sans interruption pendant au moins deux ans, dans la même entreprise, et faire l’objet d’une procédure de redressement ou de liquidation judiciaire.

La loi ouvre l'accès à ce dispositif aux indépendants dont l'activité économique n’est « pas viable ». Que faut-il cependant entendre par « non viable » ? Cela implique concrètement une baisse du revenu fiscal de 30 % d’une année sur l’autre.

Le montant de l’allocation reste stable, à environ 800 € par mois. Selon les premières estimations transmises par le gouvernement, cette réforme de l’ATI devrait permettre à 30 000 indépendants d’en bénéficier, contre à peine 1 000 aujourd’hui.

À noter : les indépendants auront également un accès simplifié au dispositif d’assurance volontaire contre le risque d’accident du travail et des maladies professionnelles. Sa tarification sera ainsi réduite d’environ 30 %, alors que les prestations versées resteront similaires.

La protection du gérant majoritaire d’une SARL

En cas de défaillance, les dettes contractées en tant que gérant majoritaire d’une SARL au titre de sa protection sociale ne pouvaient être appréhendées ni par une procédure collective, ni par celle du surendettement des particuliers. Il était ainsi susceptible d’être privé de toute solution de traitement de ses dettes de cotisations sociales. Désormais, les dettes peuvent être effacées dans le cadre d’une procédure de surendettement des particuliers.

Des mesures pour les indépendants face à la crise sanitaire

La crise sanitaire a fragilisé l'activité économique de nombreux indépendants. Pour les aider à passer cette épreuve, la loi neutralise l’impact de la crise dans le calcul des indemnités journalières des indépendants.

L’œil de Scala patrimoine

Les mesures présentées dans le plan consacré aux « Indépendants » nous semblent très pertinentes.

Si la création du statut juridique d’entrepreneur individuel représente une véritable innovation, il ne faut cependant pas en attendre des miracles.

La frontière entre les patrimoines personnels et professionnels des entrepreneurs risque d’être ténue. Leurs créanciers, notamment les banques, continueront très probablement d’exiger des garanties reposant sur leurs actifs personnels. Certains professionnels craignent même que ces changements rendent l’accès au crédit plus difficile pour les entrepreneurs.

Il conviendra également de préciser ce que le législateur entend par « éléments utiles à l’activité professionnelle », pour éviter une trop grande porosité entre les patrimoines personnels et professionnels.

LOI n° 2022-172 du 14 février 2022 en faveur de l'activité professionnelle indépendante.

Rapport du GIEC : les 10 chiffres clés du réchauffement climatique

Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a publié la deuxième partie de son 6e rapport d'évaluation sur le climat. Et malheureusement, les conclusions ne laissent plus de place au doute. Le changement climatique a d’ores et déjà provoqué des pertes et des dommages irréversibles sur la nature et l’homme.

Les missions du GIEC

Créé en 1988 par deux institutions des Nations unies, le GIEC a pour mission de fournir « des évaluations détaillées de l’état des connaissances scientifiques et économiques sur les changements climatiques, leurs causes, leurs répercussions et les solutions pour y remédier. ». Son rôle n’est donc pas de mener de nouvelles recherches. Il doit seulement dresser un état des lieux complet des publications existantes. Leurs évaluations étant ensuite transmises aux gouvernements pour les aider à bâtir une politique environnementale efficace.

Après la publication du premier volet de son sixième rapport d'évaluation sur le climat il y a quelques mois, le groupe d’expert a rendu public sa deuxième partie. Dans ce document, il aborde les conséquences déjà observables du changement climatique. Ce travail de longue haleine a mobilisé près de 270 auteurs durant 4 ans.

Le signal d’alarme

Pour la première fois, des experts ont reconnu publiquement l’irréversibilité des impacts négatifs du changement climatique. Ils attribuent également à l’homme l’intégralité de ces dommages. En ce sens, le GIEC a publié plusieurs chiffres qui nous permettent de mesurer l’ampleur des difficultés.

Agir et vite

Si certains impacts liés au réchauffement climatique sont inévitables, le GIEC nous rappelle cependant que leurs effets peuvent être modérés. Mais pour y parvenir, l’institution alerte les gouvernements sur la nécessité d’agir de façon immédiate et coordonnée, en mettant en œuvre des solutions « intégrées, multisectorielles, qui traitent aussi les inégalités sociales ».

La conservation et la restauration de la biodiversité et des écosystèmes devant être érigée en priorité. Les scientifiques ayant travaillé sur ce rapport appellent de leurs vœux à une protection efficace de 30% des terres, des cours d’eau et des océans d’ici 2030.  Le rapport souligne ainsi « qu’en restaurant les écosystèmes dégradés et en préservant efficacement et équitablement 30 à 50 % des habitats terrestres, océaniques et d’eau douce, la société profitera de la capacité qu’a la nature d’absorber et de stocker le carbone et nous accéderons plus vite à un développement durable, mais la volonté politique et un financement adéquat sont essentiels. »

Les États auront l'occasion de débattre de ces sujets rapidement. Des échanges sont, en effet, prévus dans le cadre de la COP27 qui se tiendra en novembre prochain en Égypte.


Les marchés financiers prouvent une nouvelle fois leur dépendance aux décisions des banques centrales. L'économie résiste, quant à elle, trés bien.

Le rendez-vous des marchés financiers - Mars 2022

L'actualité des marchés financiers est notamment marquée par la guerre en Ukraine et les politiques menées par les banques centrales.

Les points clés sur les marchés financiers :

  • L’Ukraine est ravagée par la Guerre. Les dernières nouvelles sont malheureusement loin d’être rassurantes. Vladimir Poutine ayant confirmé à Emmanuel Macron son désir d’aller au bout de sa démarche et de « prendre le contrôle de la totalité de l’Ukraine ». L’Élysée estime même que « le pire est à venir ».
  • Alimentée par les politiques monétaires très accommodantes des banques centrales, par les investissements massifs des États et un effet de rattrapage « post covid », l’inflation bat des records aux États-Unis, mais également en Europe.
  • Le conflit militaire en Ukraine pourrait contraindre les banquiers centraux à adapter leur calendrier de remontée des taux d’intérêt au cours des prochaines semaines.

Les yeux rivés sur l’Ukraine

La guerre est aujourd’hui aux portes de l’Europe. Le conflit militaire qui oppose les Russes et les Ukrainiens est total. Vladimir Poutine opposant une fin de non-recevoir à toutes les tentatives de négociations en faveur de la paix.

Ces incertitudes géopolitiques pèsent logiquement sur les marchés boursiers. Les principaux indices mondiaux ont sensiblement chuté au cours des dernières semaines. Depuis le début d’année, le CAC 40 abandonne ainsi près de 13 % tandis que le S&P 500 cède environ 9 %. L'indice obligataire Global Aggregate a également reculé de 1,2 %.

Dans ce contexte, l’or joue son rôle de valeur refuge et s’apprécie de 5,5 % depuis le 1er janvier. Les matières premières ont également gagné plus de 6 % avec la hausse des prix du pétrole et du gaz naturel.

Les banquiers centraux joueront ils encore une fois le rôle de « pompier de service » ? Ces derniers vont cette fois-ci devoir manœuvrer avec dextérité pour ne pas laisser l’inflation remontée trop rapidement, sans pour autant briser l’élan économique.

La Russie désormais isolée économiquement du reste du monde

En envahissant l’Ukraine, Vladimir Poutine a agi en totale impunité, faisant fi des appels à la paix des grands dirigeants de ce monde. Lancé tête baissée dans sa cavalcade meurtrière, il semble toutefois avoir sous-estimé la réponse économique et financière des pays occidentaux. Mené par les États-Unis et l’Europe, un cortège de grandes nations souhaite affamer financièrement la Russie. Même la Suisse s’est positionnée en ce sens.

Parmi les principales sanctions prises à l’égard de la Russie figurent :

- L’exclusion de certaines banques russes du système Swift, bloquant ainsi la réalisation de nombreuses transactions internationales ;

- Le gel des actifs de la Banque centrale russe, localisés en Europe et aux États-Unis ;

- Le blocage des fonds détenus par quelques oligarques ;

- L’interdiction de certains échanges commerciaux.

L’effondrement du Rouble est l’une des premières conséquences, et ce malgré l'augmentation des taux d'intérêt russes à 20%. L'espace aérien européen a également été fermé. Un groupe de pirates informatiques (Anonymous) tente, par ailleurs, de faire tomber d'importants sites web russes, par exemple le ministère de la Défense.

Vladimir Poutine a aussi sous-estimé la volonté de résistance des Ukrainiens. Les livraisons d'armes occidentales ont été intensifiées ces derniers jours. L'Allemagne fait, par exemple, acheminer du matériel de combat à l’Ukraine.

Alors que le conflit se durcit, quels sont les motifs d’espoir ? Une prise de conscience des soldats russes est-elle possible ? La Turquie d’Erdogan ou la Chine de Xi Jinping peuvent-elles jouer un rôle efficace de médiateur en faveur de la paix ? Un accord sur une division de l’Ukraine ? Il est aujourd’hui bien difficile de savoir comment la situation va évoluer.

Des conséquences économiques du conflit déjà visibles

Une chose est certaine. L'incursion de Vladimir Poutine en Ukraine va radicalement changer le paysage sécuritaire du monde occidental. Les États de l'Est chercheront refuge dans l'Union européenne (UE) et l'OTAN. C’est déjà le cas de la Géorgie et de la Moldavie qui ont demandé à intégrer l’UE. Les dépenses militaires seront massivement augmentées. Ce n’est pas un hasard si l’Allemagne a annoncé ces derniers jours une hausse sensible de son budget en matière de défense.

Et sur le plan économique ? À ce stade, l'impact le plus évident porte sur le prix des denrées alimentaires et de l'énergie. La Russie est un important exportateur de matières premières, représentant 13 % de la production mondiale de pétrole brut, 17 % de la production de gaz naturel et près d'un dixième de l'approvisionnement mondial en blé. Le pétrole Brent a terminé le mois à 100 $ le baril et les prix du gaz naturel européen ont augmenté de 15 % en février. La hausse des prix de l'énergie pourrait alimenter une inflation plus élevée ou du moins plus persistante, réduisant encore le pouvoir d’achat des ménages.

Les banques centrales dans l’expectative ?

Les banques centrales font face à un dilemme. Augmenter les taux d'intérêt, afin de lutter contre l'inflation, ou réduire leur rythme de resserrement pour soutenir l'économie. Leur stratégie n'est pas encore clairement arrêtée.

Si la hausse des prix de l'énergie freine la croissance, il est fort à parier que les banques centrales mettront un coup de frein à leur politique de resserrement monétaire.

A contrario, si la hausse de la facture énergétique alimente une augmentation des salaires et préserve le pouvoir d'achat des travailleurs, dans un marché du travail tendu, alors il parait très probable que les banquiers maintiennent leur calendrier initial de hausse des taux.

À ce stade, les marchés anticipent six hausses de taux d'ici la fin de l'année de la part de la Réserve fédérale des États-Unis (Fed). Autre élément de nature à favoriser leur augmentation : les bénéfices très élevés présentés par les entreprises lors du quatrième trimestre 2021.

Les États-Unis aspirés dans une spirale inflationniste ?

Aux États-Unis, les ventes au détail ont dépassé les attentes, après une publication décevante en décembre, suggérant que les consommateurs américains avaient retardé leurs dépenses en raison de l'émergence du variant Omicron, plutôt que de les réduire.

Le rebond des dépenses de consommation s'est traduit par une nouvelle hausse de l'inflation. Celle-ci était de 7,5 % en glissement annuel, largement en avance sur les attentes. Les chiffres de l’emploi sont également très bons, malgré les craintes de fermetures d'entreprises provoquées par la résurgence du Covid-19.

L’économie américaine semble donc solide, les inquiétudes viendront donc de la situation en Ukraine et du resserrement de la politique monétaire qui pourraient continuer à nuire aux marchés boursiers.

Europe : une crise énergétique en vue ?

En Europe, la crise ukrainienne pourrait avoir un impact significatif. Environ un quart de ses importations de pétrole brut et 40 % de ses importations de gaz naturel proviennent de Russie. L'indice MSCI Europe ex-UK a reculé de plus de 4% sur le mois. Les inquiétudes concernant la fiabilité des approvisionnements énergétiques russes exerceront une pression supplémentaire sur les gouvernements européens pour qu'ils abandonnent les combustibles fossiles importés et se tournent vers les énergies renouvelables produites localement à long terme. Sur la question de la transition climatique, le gel des relations économiques entre l’Europe et la Russie pourrait donc être un mal pour un bien.

Pour les investisseurs, l’inflation reste un sujet majeur. Et les chiffres récemment publiés vont dans ce sens. L'inflation globale de la zone euro a atteint 5,1 % en glissement annuel, son plus haut niveau jamais enregistré. Un chiffre dû cependant en grande partie à l’augmentation de la facture énergétique. Lors de sa réunion de février, la BCE n'a pas écarté la possibilité d'une hausse des taux cette année, mais a suggéré qu'une approche calme et graduelle serait adoptée.

Sur le marché du travail, le temps est au beau fixe. Le taux de chômage est tombé à 7%, un niveau inégalé depuis la création de l'euro. La croissance des salaires dans la zone euro devrait augmenter, mais reste à la traîne par rapport aux États-Unis et au Royaume-Uni.

Royaume-Uni : les marchés actions résistent bien

Le 3 février, la BoE a relevé ses taux de 0,25%. Après d'importantes fluctuations des prix au cours du mois, le marché a terminé le mois de février en s'attendant à ce que les taux d'intérêt dépassent 1,5 % d'ici la fin de l'année. L'inflation globale pour janvier s'est établie à 5,5 % en glissement annuel. La hausse des prix des matières premières a aidé le marché boursier britannique, compte tenu de la pondération importante des actions énergétiques et minières. Le FTSE All-Share n'a baissé que de 0,5% sur le mois.

Les convictions de Scala Patrimoine

La prudence mère de toutes les vertus

Nous maintenons le cap fixé depuis plusieurs mois. Nous appliquons une stratégie prudente sur les marchés actions, en privilégiant les thématiques à potentiel de long terme, les fonds de performance absolue et les fonds flexibles.

La volatilité que nous anticipions depuis le début de l’année s’est encore accentuée avec le conflit militaire en Ukraine. Cette phase de stress touche non seulement les marchés actions, mais aussi les marchés obligataires. À cause de la crainte de l’inflation et de la hausse des taux, nous pensons que les produits de taux protégeront moins les portefeuilles.

Dans cet environnement baigné d’incertitudes, notre priorité est de préserver votre capital. C’est pourquoi l'allocation de notre fonds patrimonial Monacia est, en grande partie, protégée. Nous prenons des positions « contre le marché » depuis le début de l’année. Ces investissements nous ont permis de contrebalancer les phases de baisse.

Enfin, 30% des investissements des portefeuilles sont positionnés sur des placements « alternatifs », contribuant ainsi à accroître la résilience du portefeuille. Nous avons, à cet effet, investi sur des fonds Long/Short neutres aux marchés, sur des fonds de stratégies décorrélées des marchés et sur l’inflation.

Prêt à saisir les opportunités

La correction des marchés actions pourrait, à terme, offrir des points d'entrée attractifs sur les marchés actions. En fonction des événements de marchés et de l’actualité géopolitique, nous nous tenons prêts à saisir toutes les opportunités d’investissement qui se présenteront.

Dans tous les cas de figure, il sera nécessaire de sélectionner avec soins les régions et secteurs les mieux à même à rebondir.

Nous anticipions un premier trimestre difficile, mais nous pensons toujours qu'un rattrapage dans la deuxième partie de l'année est possible, si le conflit en Ukraine trouve une issue favorable. Dans ce cas, afin de limiter les risques, nous augmenterons au fur et à mesure les expositions.

Par ailleurs, dans un souci de diversification, nous proposons des investissements sur des produits structurés, du private equity et de la dette privée. N’hésitez pas à nous contacter si vous souhaitez plus d’informations sur ces placements.


L'institut de l'économie positive, présidée par Audrey Tcherkoff

Audrey Tcherkoff (Institut de l'Économie Positive) : "Les entreprises ont poursuivi leur effort en matière environnementale"

L’institut de l’économie positive assiste les organisations publiques et privées dans le cadre de leur transition vers une croissance durable et positive. Audrey Tcherkoff, sa Présidente Exécutive et membre du Jury du Prix de la Finance Verte 2022, nous explique comment les entreprises conduisent leur transformation, dans un environnement sanitaire et économique incertain.

Scala Patrimoine. Quels sont les principaux fondements de l’économie positive ?

Audrey Tcherkoff. L’économie positive est constituée de deux piliers : faire passer le long terme avant le court terme et s’inscrire dans le cadre d’un capitalisme « patient ». Autrement dit, travailler sur des temps plus longs dans le but d’obtenir des résultats qui ne vont pas participer à la destruction de la planète ou fragiliser l’équilibre social. Notre humanité ne pourra pas survivre si les hommes politiques et les dirigeants d’entreprises ne pensent qu’à leur réélection ou au parcours boursier de leur société. Il convient de favoriser l’émergence de nouveaux modèles économiques et de rentabilité qui ne soient pas uniquement fondés sur le principe de moindre nocivité. Au contraire, les entreprises devront avoir un véritable impact positif sur notre société. Les dépenses réalisées par les sociétés pour accélérer leur transformation devront ainsi être considérées comme un investissement de long terme, et non plus un centre de coûts.

Scala Patrimoine. Qu’est-ce que l’Institut de l’Économie Positive ?

Audrey Tcherkoff. L’institut est une émanation de la fondation Positive Planet. Depuis près de 20 ans, la fondation est le témoin du dysfonctionnement de nos sociétés. En réponse, nous avons donc décidé de créer une organisation qui serait au carrefour des enjeux publics et privés, et ainsi rassembler l’ensemble des parties prenantes autour d’un mouvement ayant vocation à redonner espoir. Notre volonté est d’apporter des réponses très concrètes pour permettre aux acteurs de la société de se saisir des objectifs économiques, sociaux et environnementaux. Or, les éléments qui ne se mesurent pas n’existent pas. L’institut s’est donc fixé pour mission de mesurer la positivité des acteurs économiques, c’est-à-dire l’impact à long terme des nations, des entreprises et des territoires (ville, département, région). Nous guidons également ces acteurs dans leur transformation en leur apportant le conseil adéquat et en organisant des moments d’échanges dans le cadre de forums internationaux.

 

 « La transformation positive d’un groupe ne peut pas se faire au détriment de sa stabilité financière »

 

Scala Patrimoine. Quels sont les obstacles à la transformation positive des entreprises ?

Audrey Tcherkoff. Deux freins prédominent : la course à la profitabilité sans fin et le manque d’alignement entre nos valeurs et nos actes. L’Homme est capable de grandes prouesses techniques et technologiques. Mais à force de mobiliser ce génie sur la destruction des richesses de la planète, ses capacités se retournent contre lui. Les leviers de réussite sont pourtant très nombreux. Or, certains secteurs vont devoir s’adapter, au risque de s’affaiblir. Je pense notamment à ceux de la pétrochimie, du tourisme ou de l’aviation. Nous venons de réaliser une enquête auprès des salariés du secteur privé. Dans leur immense majorité, ils plébiscitent la mise en œuvre d’une dynamique de transformation positive, impulsée par leur entreprise. Au-delà de l’implication du top management, condition sine qua non de succès, cette transformation doit s’appuyer sur un véritable plan stratégique. Toute la chaine de valeur de l’entreprise doit être partie prenante de ce changement.

Scala Patrimoine. Lorsqu’il était à la direction Danone Emmanuel Faber, a souhaité accélérer l’engagement sociétal du groupe, en mettant en œuvre un plan appelé « Local first ». La crise du Covid-19 et des problèmes de gouvernance ont cependant poussé les actionnaires à l’évincer. Cet épisode ne montre-t-il pas les limites de l'économie positive, dans un contexte économique difficile ?

Audrey Tcherkoff. Dans des périodes de grandes incertitudes, la nature humaine a tendance à se recentrer sur un cadre de confiance. Pour une entreprise, le maintien des profits de court terme en est un. Nous sommes les premiers à souligner que la transformation positive d’un groupe ne peut pas se faire au détriment de sa stabilité financière. L’Institut de l’économie positive est cependant convaincu que ce sont les acteurs les plus audacieux qui réussiront à disrupter le marché. Malheureusement, nous sommes depuis trop longtemps enfermés dans la dictature du court terme. Mais ce schéma de pensée atteint aujourd’hui clairement ses limites.

 

« Les travaux en cours sur la taxonomie européenne constituent un pas de géant »

 

Scala Patrimoine. Chaque année, l’Institut de l’économie positive publie un baromètre de la positivité des entreprises du CAC 40. Vous y étudiez notamment leur empreinte environnementale. Quels en ont été les principaux enseignements ?

Audrey Tcherkoff. Notre baromètre propose une analyse de la performance durable des entreprises classées au premier rang de l’économie française. Cinq dimensions vitales sont passées au crible : les conditions de travail et l’engagement des collaborateurs, le partage équitable et inclusif de la valeur, l’empreinte environnementale, les investissements en matière de formation et de recherche ainsi que la vision stratégique de long terme. Tous les résultats sont pondérés en fonction de la transparence dont ces entreprises font preuve. En matière environnementale, en dépit du contexte, ces dernières ont réussi à poursuivre leur effort. Cette crise a accéléré la prise de conscience de la fragilité de nos écosystèmes. Restons toutefois réalistes : la marge de progression est considérable ! Cette année, la notation moyenne des entreprises demeure stable.

Scala Patrimoine. Faut-il durcir la réglementation applicable aux investisseurs (les institutionnels, les banques, voire les épargnants) ? Doit-on les contraindre à se positionner en faveur de la transition climatique, notamment en décarbonant leurs portefeuilles ?

Audrey Tcherkoff. Sans mesures coercitives, nous perdrons un temps précieux. Or, nous n’avons plus le luxe d’attendre. La maison brule ! Les travaux en cours sur la taxonomie européenne constituent, à cet égard, un pas de géant. L’instauration d’une taxe carbone en serait un autre. La contrainte est l’un des moyens, mais ne peut pas être l’unique réponse à nos problèmes. Il est nécessaire de proposer un projet de société qui emporte une profonde adhésion de l’ensemble des acteurs. C’est essentiel de réenchanter le débat, et de donner envie à tous les acteurs de s’engager pour cette cause.